Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

VIENS ET VOIS

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MÉDITATION

Assurance et perplexité


«Faites toutes choses sans murmures ni hésitations.»(Philippiens II,14)

«Vous ne devez rien faire avec précipitation.» (Actes XIX, 36)

L’assurance résulte d'une ferme persuasion acquise sur un sujet quelconque qui permet de considérer comme certaine une éventualité agréable ou redoutable.

La perplexité, de son côté, consiste dans un sentiment d'incertitude causé par l'indécision. Ce mot est de racine grecque: péri plexo, c’est-à-dire «lier autour» ou «embarrasser». La perplexité est l'attitude résultant d’un état d'hésitation, spécialement dans une décision à prendre.

Le mot rendu par «hésitations» dans notre premier texte signifie à proprement parler: «doutes» ou «raisonnements» (gr. dialogismos), lesquels risquent d’entraver l’activité spirituelle de l’enfant de Dieu et, de même que les «murmures» procèdent d’un manque de confiance dans la grâce miséricordieuse de Dieu.

La recommandation de notre premier texte s’adresse à des chrétiens et la seconde à des inconvertis; mais l’enfant de Dieu est appelé à faire son profit des deux.

Si d’une part, il est dangereux de se précipiter vers tout ce qui se présente à nous, d’autre part, il est préjudiciable à la vie spirituelle de rester dans un état d'hésitations et d'atermoiements interminables.

Souvent (mais pas toujours) il est préférable de «ne pas remettre au lendemain ce qu’on peut faire le jour même», car à différer le temps se passe et l’occasion disparaît, qui ne se présentera, peut-être, plus jamais.

Souvent, aussi, il est bon de prendre le temps de la réflexion avant d’agir.

Ces deux extrêmes: précipitation et atermoiements semblent se toucher et conduisent aux mêmes désillusions, aux mêmes catastrophes! Évitons de tomber dans les extrêmes et conservons l’équilibre spirituel, par la grâce de Dieu.



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Le mot perplexité n’existe pas dans le texte biblique, mais si le mot en est absent, il est facile d’y trouver la chose. Par exemple, dans la parabole de Luc XIV 28, le Seigneur ne nous invite-t-il pas à nous «asseoir premièrement pour calculer» avant de mettre à exécution un projet de quelque importance?

Le conseil, donné ici, de s’asseoir pour calculer indique clairement qu’il ne s'agit pas d'un calcul mental qu’on expédie rapidement avec plus ou moins de précipitation, mais bien plutôt d’un calcul qu’il faut faire «à tête reposée».

Si les mathématiques sont, en général, l’équilibre des valeurs numériques, la réflexion qui doit précéder l’exécution ou l'abandon d’un plan devra nous amener à l’équilibre des valeurs morales et spirituelles en jeu.

Que de bévues, d'aberrations et de malheurs n’ont-ils pas été, souvent, les fruits amers – de décisions prises «à la légère»!

Que de catastrophes auraient été évitées dans le domaine personnel, familial, ou dans l’Œuvre du Seigneur, si un peu de bonne «perplexité» était entrée en jeu!

Un peu de cette bienfaisante «hésitation» qui donne le temps de la «réflexion». Mais, trop souvent, le croyant animé d’un zèle charnel agit avec «précipitation»!


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Naturellement, chaque chrétien doit compter avec sa nature et son caractère; il y a les pusillanimes et les entreprenants, et, entre ces deux natures, toute une gamme de caractères différents.

S'il y a danger de tomber dans les extrêmes, il y a peut-être, moindre danger dans l'hésitation que dans la précipitation.

Dans son sermon des béatitudes, Jésus n’a pas dit! «Heureux les perplexes.» Cependant il y a une bienfaisante perplexité qui fait défaut au chrétien; il est souvent trop sûr de lui-même et agit sans réflexion suffisante, prenant sa volonté pour celle de Dieu.

Il n'est pas superflu de remarquer que ce sont les gens les plus ignorants qui sont, généralement, les moins timides, les plus assurés à formuler des opinions, à prendre des décisions, car ils ne se rendent pas compte de leur ignorance et de leur incompétence dans les matières qui font l'objet de leur examen ou appel à leurs décisions. C’est:


L’ASSURANCE DE L’IGNORANCE.


Une assurance qui repose sur l’ignorance est toujours dangereuse; ce n’est qu’une persuasion humaine qui répond à un autre «slogan» très moderne:

LA CONFIANCE EN SOI.

principe prétendant assurer la réussite dans le monde!


Il nous faut, frères et sœurs, une véritable assurance avant d'agir, laquelle doit reposer sur la connaissance de la volonté de Dieu et ne doit pas être le fruit de l'ignorance en quelque matière que ce soit.

Il ne doit pas s'agir de la confiance en soi-même et de l'appui humain, mais plutôt DE LA CONFIANCE EN DIEU, DE SON APPUI ET DE SON CONSEIL.

Comme la foi n’est pas indépendante de son objet, l’assurance et la confiance ne sont pas indépendantes de leur objet.

Manquer de perplexité, c'est manquer de réflexion et c'est risquer de se lancer dans des «aventures» fâcheuses, préjudiciables à l’âme du croyant et à l’Œuvre du Seigneur. «Esprit de force, d’amour et de sagesse», dit Paul à Timothée (II Tim. I, 7) et non pas timidité, égoïsme et précipitation en quoi que ce soit.

Un grand psychologue, Dale Carnegie, a écrit: «Quand vous vous adressez à un homme, souvenez-vous que vous ne parlez pas à un être logique, mais à un être rempli d'émotion, à une créature toute hérissée de préventions, mue par son orgueil ainsi que par son amour-propre.»

Voilà donc ce qu'on risque de découvrir (à un moindre degré peut-être) dans un cœur chrétien;

émotions psychiques,

préventions humaines,

amour-propre

et orgueil.

Tels sont les quatre angles de la vie charnelle!

Et il est bien rare que l’une ou plusieurs de ces quatre redoutables choses n’interviennent, défavorablement, dans une décision à prendre.

Que le Seigneur nous accorde un peu de bonne perplexité spirituelle: ce bon sens qui nous manque si souvent car «les enfants de ce siècle sont plus prudents que ne le sont les enfants de lumière» (Luc XVl, 8).

Cette vérité ne se constate, hélas! que trop souvent. L’orgueil et l'égoïsme marchent de pair et l’égoïsme joue un rôle prépondérant dans la vie humaine. Racine 1 a fort bien peint en ces quelques lignes:

«Je n’estime que moi; tout autre que moi-même

Si je semble l’aimer, c’est pour moi que je l’aime.»


Attendons donc le conseil de Dieu, avant d’agir, en prenant le temps de prier; en réfléchissant sous le regard de Dieu aux résultats probables et possibles de nos entreprises futures.

Entourons-nous, aussi, de bons conseillers. Agir seul, par soi-même, sans faire aucun cas de ses frères en la foi, c'est faire une œuvre personnelle où l’amour propre, l’orgueil, les préventions et les émotions risqueront de se donner libre cours sans aucun frein.

«Le salut est dans le grand nombre des conseillers», dit le Livre des Proverbes (XI, 14). Puis il ajoute:

«Les projets échouent faute d’une Assemblée qui délibère; mais ils réussissent quand il y a de nombreux conseillers.» (Prov. XV, 22)

Arrivons à la conclusion de ces considérations présentées au fil de mes pensées; voici le conseil de la véritable sagesse: évitons la précipitation, toujours dangereuse (surtout quand nous sommes pris au dépourvu); mais ne rejetons pas la bonne perplexité, qui permettra de prendre le temps de la réflexion et de la prière.

Heureux les perplexes, qui prennent le temps de s’asseoir pour calculer la dépense. (voir Luc XIV, 28.)

«Malheureux celui qui a confiance dans son propre cœur, car c’est un insensé.» (Proverbes XXVIII, 26.)

P. Nicolle

Source: https://pentecostalarchives.org/

Viens et Vois 1949 - 03


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