VIENS ET VOIS

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LE CHEMIN DU SALUT

Un brandon retiré du feu 

Mabulutyi était un païen de la pire espèce. Ce n'était pas seulement un de ces êtres qui, nés et élevés dans la sorcellerie et le paganisme, ont, des hommes blancs, une crainte respectueuse mêlée de superstition. Non, Mabulutyi appartenait à ce type violent et brutal, qui, après avoir sondé les profondeurs du paganisme sauvage, s’est imprégné de tous les vices de l'homme blanc dans ces avant-postes de la civilisation où blancs et noirs se rencontrent dans la promiscuité la plus corrompue pour se livrer au péché et aux excès de toute sorte.

Ce fut dans une de ces antichambres de l'enfer, dans un de ces milieux impies et de débauche perverse que Mabulutyi, qui imitait alors le plus dépravé de tous ses compagnons, perdit sa crainte et son respect des hommes blancs.

Il rejeta ainsi un démon du paganisme primitif, démon qui revint bientôt dans son ancienne résidence, renforcé par sept autres démons plus méchants que lui. Aussi, lorsque Mabulutyi, devenu relativement riche, retourna à son vieux village, était-il un homme insolent et vantard, un païen perverti, qui ne craignait ni Dieu, ni homme.

En homme de haute importance, il s'établit dans son pays, afin de jouir pleinement des richesses acquises. Bientôt après, il ajoutait encore à son prestige en épousant trois femmes des villages avoisinants.

Dans ce laps de temps, le message de Dieu et un de ses envoyés étaient parvenus à ce petit village perdu sur la colline dominant le Congo. La réponse à l’Évangile du Salut fut telle que bientôt les nouveaux convertis apportèrent des faisceaux de fibres d'écorce et du chaume pour bâtir eux-mêmes une église. Dans cette Église, beaucoup de pauvres âmes païennes furent touchées par le saint message «de vie, du salut» et parmi elles, la plus jeune femme de Mabulutyi.

Quand elle entendit l'appel de Christ, elle se donna joyeusement à lui et devint une humble et heureuse disciple de Son Seigneur Jésus. Elle entraîna bientôt les deux autres femmes avec elle. À leur tour, celles-ci trouvèrent joie et salut dans la foi. Deux fois par jour, en réponse à l'appel du tambour, remplies du nouvel amour né dans leurs cœurs régénérés, les trois heureuses femmes prenaient le chemin de la petite église en torchis.

Lorsqu'il s'aperçut du nouveau et incompréhensible bonheur de ses trois femmes, Mabulutyi devint d'une jalousie féroce. Il donna la plus vile interprétation à leur nouvelle joie et à leur désir de fréquenter l'église. Il les accusa d'y aller dans l'unique but de rencontrer d'autres hommes. Sa bouche devint un véritable volcan qui vomissait les plus grossières insultes et une haine implacable contre Dieu.

Quand il vit que ses injures les plus grossières n'empêchaient pas ses femmes de se rendre furtivement à l'église de temps en temps, son amertume se fit brutale. Il prit sa jeune femme à partie, la battit et l'insulta à tel point qu’elle n'osa même plus aller du côté de l'église. Encouragé par son succès, il s’attaqua à sa seconde femme, qu’il battit et tortura jusqu'à complète soumission à sa méprisable volonté. Puis, se fut sa troisième femme qui devint l'objet de son attention et de toute sa cruauté. Il la fit souffrir jusqu'à ce que, épuisée, elle retomba, elle aussi, sous le joug païen.

Chaque fois qu'il entendait l'appel du tambour de l'église et voyait ses femmes rester assises dans un douloureux silence. Mabulutyi célébrait sa victoire par des moqueries et des blasphèmes contre Dieu.

Or, Dieu est fidèle dans Sa promesse. Aussi le succès de Mabulutyi fut-il de courte durée. La maladie s’appesantit lourdement sur lui. Il fut réduit à garder le lit, un lit de douleur, de gémissements et de plaintes enfantines.

Les médecins sorciers durent être appelés l'un après l'autre; l'état du malade empirant au lieu de s’améliorer, chacun d’eux prit sa part des richesses du patient et laissa en échange une hutte et un amas de charmes, de fioles, de cornes, d’idoles... etc.

Sa richesse envolée, et tous les médecins indigènes ayant prouvé leur incapacité, Mabulutyi, devenu l'ombre de lui-même, résolut de descendre le fleuve en canoë avec ses femmes pour se rendre à l’hôpital le plus proche, ce qui représentait trois journées de navigation.

Malgré tous les efforts du Docteur blanc, l’état du pauvre Mabulutyi demeura aussi lamentable et désespéré que jamais. Le malheureux songea alors à rentrer chez lui pour mourir. Le voyage, pour remonter le fleuve, fut long et pénible. Sa fidèle jeune femme pagayait le jour et le soignait la nuit, pleurant sur lui quand elle le voyait retomber dans ses bras, épuisé par la toux et les vomissements. Chaque nuit, il lui jurait que si jamais il rentrait chez lui il ferait amende honorable, accepterait le salut de Dieu et mourrait en Jésus-Christ.

Mabulutyi rentra chez lui et tint sa promesse. Il rassembla tout ce qui composait sa chaumière pleine de charmes, de remèdes païens et de saletés de tout genre. Il porta tout cela à l'église pour être brûlé. Là, en présence de toute l'Assemblée, il fit une courageuse confession de tous ses péchés, notamment de sa violence et de sa haine. Il accepta immédiatement Jésus-Christ comme son Sauveur, et se déclara prêt à mourir.

Mais Dieu qui nous exauce bien au-delà de nos demandes ou de nos pensées, non seulement sauva l'âme du pauvre homme et la remplit de joie, mais II guérit son corps malade et douloureux. Il le remplit d’une vie nouvelle.

Sauvé et régénéré, Mabulutyi compte désormais sur Dieu pour le diriger. L'ancien païen a bâti sa demeure à côté de la petite église qu'il méprisait tant autrefois. Et l’appel du tambour, qui le remplissait auparavant d'une fureur toute diabolique, fait maintenant sa joie.

Soir et matin, vous pouvez voir Mabulutyi dans la petite église de torches et d’acacia avec les autres enfants de Dieu. Là, dans un sentiment d’adoration et de reconnaissance, il élève vers Dieu des mains pures.

Ce pécheur intraitable a obtenu miséricorde. ET VOUS?

E. Hodgson

Source: https://pentecostalarchives.org/

Viens et Vois 1938 - 06