VIENS ET VOIS

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PERTURBATEURS DE DIEU

«À peine Achab aperçut-il Élie qu’il lui dit: Est-ce toi qui jettes le trouble en Israël?» (I Rois 18, 17).

Comme Élie qui s’opposait énergiquement au culte des idoles introduit par la maison royale et accepté par le peuple, celui qui ne se conforme pas à l’opinion courante et aux circonstances s’attire le reproche d'Achab: créer des difficultés, du trouble et du malheur.

Beaucoup de chrétiens n'ont vis-à-vis de leur pasteur que ce désir: «Qu’il laisse faire».

Lorsque le serviteur de Dieu, fidèle à sa mission, secoue ceux qui sont dans l'indifférence et le péché, lorsqu'il a peut-être pu en appeler quelques-uns au réveil et à la vie, il est sidéré par d'aucuns comme un perturbateur de l'église qui trouble les âmes et détruit l'unité.

Quoique l'Évangile soit la «bonne nouvelle», il apporte d'abord, s'il est annoncé dans toute sa puissance, le trouble, un trouble nécessaire, salutaire.

Une crise se déclenche chez l'individu: LA REPENTANCE – et chez la collectivité. Car, lorsque Dieu s'approche de l'homme, il ne peut lui frapper avec satisfaction sur l'épaule: Très bien, continue!

Dieu doit redresser, corriger, juger – Chose insupportable pour les rassasiés et les satisfaits d'eux-mêmes qui sont attaqués dans leur vie égocentrique et opposée à Dieu. Ils haïssent cette menace et ceux qui les menacent, «Jérusalem, Jérusalem, toi qui tues les prophètes...» (Matth. XXIII, 37).

Il en est de même dans la vie publique. Qui accepte des situations fausses sans réagir, qui se tait devant l'injustice et supporte le mal dans ses différentes formes, celui-là est bien vu.

Celui qui, saisi par Dieu et VOYANT LES CHOSES DU POINT DE VUE DE DIEU, appelle le mal, mal, découvre le mensonge et essaie de combattre ce qui est contre Dieu (et par là aussi contre l'homme) apparaît comme un trouble-fête, un perturbateur d'Israël.

Comme si ce n'était pas un crime de laisser dormir les habitants d'une maison que l'on voit brûler!

Et quelle faute plus grande encore que de repousser avec colère celui qui donne l'alarme.

C'est hélas ce qui arrive continuellement!

L'Église de Christ devrait toujours compter des prophètes dans ses rangs. Il n'y a probablement pas de châtiment plus grave pour la chrétienté, malgré des temps extérieurement favorables, que lorsqu'aucun prophète n'est en Israël (II Rois V, 8), et que «la parole de l'Éternel est rare» (I Sam. 3,1) parce que Dieu ne peut plus parler à Son peuple.

Plus l'Église de Christ aura dans son sein des prophètes qu'elle écoutera, plus elle pourra envoyer dans le monde des prophètes, et pourra être elle-même la voix prophétique de Dieu.

– Notre époque a besoin de prophètes dont le regard plonge dans la volonté de Dieu qui nous est si facilement cachée par notre propre chair, l'atmosphère de ce monde et les puissances du mal.

– Elle a besoin d'hommes et de femmes de Dieu résolument décidés à réaliser cette volonté de Dieu, en eux et autour d'eux. Et cela au risque de recevoir les reproches de ceux qu'ils dérangent, ou même de devenir leur victime.

Pour les perturbateurs de Dieu on a toujours eu des destitutions, des prisons, des camps de concentration, des bûchers. L'amour pour Dieu et Sa vérité, la foi en la puissance de Dieu qui peut du sacrifice faire sortir du fruit, rendent de tels sacrifices possibles.

Seul celui qui combat, poussé par la foi en Dieu, non pas par son seul tempérament et pour son propre intérêt, seul celui qui lutte puisqu'il ne peut résister à la contrainte divine, tiendra bon.

Dieu cherche sans cesse des militants, mais nous lui résistons et essayons d'échapper à son appel. Nous craignons les hommes (souvent les hommes «pieux») plus que Dieu...

Nous aimons notre propre vie plus que Lui, nous avons peur de la souffrance, c'est là le mal.

Peut-être aussi n'écoutons-nous pas suffisamment Dieu dans le silence, attendant qu'il nous parle et nous fasse connaître Sa volonté. Plus il y aura de ces hommes qui osent troubler Israël. Plus il y aura d'espoir pour cet Israël – Église, peuple et monde.

Paul BERRON.

(Le Levant, avril-mai 1939).

Source: https://pentecostalarchives.org/

Viens et Vois 1951- 01