Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

VIENS ET VOIS

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DANS LES CHAMPS DU SEIGNEUR

LES MARTYRS DE MADAGASCAR.


Pour la première fois en l’an 1818, la Société des Missions de Londres envoya des missionnaires à Madagascar. Au début, les indigènes les reçurent avec hostilité, pensant qu’ils venaient dans le but de faire le commerce des esclaves. Certains croyaient que les écoles religieuses devaient servir à instruire les enfants noirs, afin de donner à ceux-ci une plus grande valeur marchande comme esclaves; d’autres s’imaginaient que les blancs leur prendraient leurs enfants pour s’en nourrir.

La Bible entière fut traduite dans la langue du pays et imprimée dans la capitale de l’île dans les 15 premières années.

Le Roi de Madagascar encouragea les efforts des missionnaires. Il fit construire des écoles essaya d’instruire son peuple, mais à sa mort, une de ses femmes s’empara du trône, après avoir tué l’héritier et tous les concurrents.

Elle persécuta tous les chrétiens avec une cruauté qui peut être comparée à celle des persécutions du temps de Néron.

Elle chassa les missionnaires de l’île et défendit aux chrétiens de se réunir pour leur culte

Elle fut appelée «la Sanglante Marie» de Madagascar et l’on a dit que de 20 à 80.000 hommes furent victimes de sa cruauté, en une année.

Un jeune homme converti, visita un jour des personnes de sa famille restées païennes et qui habitaient dans un autre village où il y avait une grande idole. En voyant celle-ci le jeune homme exprima son étonnement de voir l'ignorance des gens qui pouvaient croire et se confier à un morceau de bois sans aucune vie. Ce crime s’aggravait du fait que ce jeune homme n'aimait pas jurer ni travailler le dimanche, mais qu’il préférait assembler les gens pour la prière.

Les faits furent rapportés à la Reine qui ordonna qu’on lui fit boire de l’eau empoisonnée, traitement que le jeune homme dut subir sans toutefois être incommodé par le poison. Les chrétiens traduisirent alors leur joie de la merveilleuse délivrance par une procession à travers les rues du village, ce qui augmenta encore la colère de la reine.

Ayant appris que les chrétiens s’assemblaient en secret dans les maisons ou sur les hautes collines d’où ils pouvaient facilement observer l’approche de l’ennemi, elle eut recours à des mesures encore plus sévères.

Une accusation fut déposée contre 10 chrétiens qui furent saisis sur-le-champ et condamnés à l’esclavage perpétuel. Parmi eux il y avait une femme de la haute société, elle fut condamnée à mort et liée par des grosses chaînes. L’exécution était fixée pour le lendemain, mais un grand incendie éclata cette nuit dans la capitale, cela éveilla la superstition de la reine qui changea la condamnation. Cette décision sauva la vie de la chrétienne.

Parmi ces mêmes 10 prisonniers se trouvait une autre femme du nom de Pasalama. Étant en prison, elle dit à haute voix son étonnement de ce que les chrétiens étaient traités si sévèrement et elle ajouta:

«Je ne fus nullement effrayée quand on est venu se saisir de moi, mais je me suis plutôt réjouie.»

Ces paroles furent rapportées aux juges qui ordonnèrent qu’elle fut enchaînée et battue de plusieurs coups. Sa fermeté et son courage rendait ses bourreaux perplexes et étonnaient tout le monde.

La veille de l’exécution on remplaça ses chaînes par d’autres beaucoup plus lourdes. On lui enchaîna ainsi les pieds, les genoux, le cou, afin que son corps, plié sous ce poids exagéré, souffrit atrocement. Cette femme accepta la mort comme une délivrance de ses souffrances.


Un jeune homme touché par son courage se fit un chemin à travers la foule et lui cria:

«Ma sœur, je t’accompagnerai jusqu’au bout.»

Arrivée au lieu d’exécution, elle se mit à genoux et pria. Transpercée par les lances des bourreaux, son corps fut jeté hors de la ville et mangé par les chiens.

Ce premier crime fut bien vite suivi de beaucoup d’autres. Ceux qui étaient condamnés à mort subissaient des supplices ignominieux. Parfois on les entortillait dans des tapis déchirés et on leur enfonçait des vieux chiffons dans la bouche.

Dix-sept personnes furent pendues au bout de perches et portés sur les épaules des hommes. Quatre nobles étaient condamnés à être brûlés. On leur proposa la liberté s’ils voulaient renier leur foi et embrasser la foi païenne; à la suite de leur refus on les coucha entre deux couches de bois et on les brûla vifs.

On tua aussi des chrétiens en les jetant dans un abîme. On commençait toujours par les suspendre dans le vide en leur demandant de renier leur foi. Parmi ces condamnés se trouvait une jeune femme qu’on espérait ramener au paganisme. Dans ce but on la laissa la dernière en l’obligeant à regarder ses compagnons précipités dans le gouffre. Non seulement elle ne fut pas effrayée, mais elle pria qu’on lui permit de suivre bien vite ses amis dans la terrible mort. Le prêtre de l’idole la gifla et dit:

«Laissez-la, c’est une insensée, elle ne sait pas ce qu’elle dit»

La jeune femme ne fut pas exécutée et on l’envoya dans une partie lointaine de l’île.

Quelques chrétiens réussirent à échapper et errèrent dans les déserts et les forêts. L’un d'eux raconta leur fuite:

«Entrés dans un fourré de bambous, nous allions dans l’eau jusqu’aux genoux. Toute cette contrée étant marécageuse, nous ne pouvions nous reposer que lorsque nous trouvions un endroit relativement élève et sec. Les crocodiles abondaient, quelquefois nous marchions sur eux et la nuit nous les sentions peu éloignés de nous. Nous n’avions plus aucune espérance de retourner un jour parmi les hommes, et nous pensions bien mourir dans ces marécages.

Après 9 jours d’une vie si périlleuse, nous arrivions à la limite de cette contrée pleine de dangers et nous trouvions de l’eau propre pour nous désaltérer et des feuilles d’une certaine plante qui nous servirent de nourriture.

Après nous être reposés 5 jours employés à confectionner une sorte de radeau avec de l’herbe, pour pouvoir transporter le petit enfant qui était avec nous, et les quelques vêtements que nous possédions, je traversai la rivière à la nage en tirant le radeau au moyen d’une corde faite des mêmes herbes, tandis que ma femme et la sœur qui nous accompagnait nageaient de chaque côté du radeau pour le maintenir en équilibre, et c’est ainsi que nous avons traversé, avec succès la rivière, malgré le fort courant et les crocodiles qui ne manquaient pas.»

Cependant une chose avait un peu calmé la reine, c’était la conversion de son fils unique au Christianisme. Malgré son jeune âge, à peine 17 ans, il usa de toute son influence auprès de sa mère en faveur des chrétiens persécutés, et réussit à en sauver quelques-uns.

Le ministre président se plaignit à la reine:

«Votre fils, dit-il, est chrétien et il encourage les gens à suivre cette nouvelle doctrine. Nous sommes perdus si votre Majesté ne détourne pas son fils de cette voie.»

«Il est mon fils unique, répondit la reine, qu’il fasse ce qu’il désire, s’il veut être chrétien, qu’il le soit.»

Malgré cela, tant que vécut la reine, les lois draconiennes contre les chrétiens ne furent pas abolies. Peu de temps avant sa mort, il y eut une dernière persécution sauvage des chrétiens. Dix personnes furent condamnées à mort et leur exécution fut précédée d’atroces supplices.


Aussitôt monté sur le trône, en 1861, l’héritier promulgua la liberté de culte. Il fit mettre en liberté tous les chrétiens détenus et enchaînés et ordonna que ceux qui étaient exilés dans les parties éloignées de l’île soient ramenés dans leurs villages respectifs.

Un grand nombre de ces derniers étaient morts de maladie ou d’épuisement causé par les lourdes chaînes qui les attachaient les uns aux autres. Ceux qui avaient survécu se hâtèrent de rentrer dans leur foyer et l’on vit ces hommes et ces femmes épuisés par la souffrance réapparaître dans leur village, au grand étonnement de leurs voisins qui les croyaient morts, et à la grande joie de leurs parents et amis.


Le développement du christianisme à Madagascar est unique en son genre dans l’histoire chrétienne. Il n’y a eu dans ce mouvement, aucune personnalité dirigeante, comme Adoniram Judson ou Livingstone par exemple, mais toute une pléiade de martyrs inconnus.

En 1836, lorsque tous les missionnaires furent obligés de quitter l’île, il n’y avait là que peu de chrétiens, mais à partir de cette même année, jusqu’en 1861, malgré le manque de tout secours du dehors, qui les laissait livrés à eux-mêmes, leur nombre s’accrut et s’éleva à environ 7000.

La fermeté de leur foi et leur zèle à la propager étaient certainement dus à leur soif de la Parole de Dieu. Ils ne demandaient ni aide financière malgré leur extrême pauvreté, ni l’envoi de missionnaires, sachant bien que cela était impossible, mais chaque appel qu’ils adressaient à l’Angleterre était toujours pour recevoir davantage de bibles... Des commerçants, des bureaucrates suppliaient qu’on leur donnât un Nouveau Testament.

Quand on savait qu'un bateau devait arriver, apportant quelques exemplaires de ce précieux livre, des hommes voyageaient jusqu’à 12 jours, de la capitale à la côte, et attendaient sur la rive des journées entières pour apercevoir le navire tant attendu, lequel leur apportait ce qu’ils estimaient plus que leur nourriture quotidienne.

Il n’y a peut-être jamais eu de preuve plus éclatante de la véracité de cette parole:


«L’homme ne vivra pas seulement de pain,

mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu.»


D’après ce qui précède, nous voyons que pendant les 18 premières années de l’histoire chrétienne à Madagascar, quelques personnes seulement furent amenées à l’Évangile, et c’est pendant les 25 années qui suivirent, au milieu des persécutions les plus cruelles et sans aucune direction ou aide du dehors, que l’église augmenta à raison d’une moyenne de 280 convertis annuellement, si bien qu’en 1861 on comptait 7000 chrétiens dans l'île.

De 1861 à l’année 1929, la moyenne annuelle s’élevait à 5170 convertis ce qui, à cette dernière date portait le nombre de chrétiens Malgaches à 358.700.

Les dernières statistiques que nous possédons nous apprennent qu'il existe actuellement à Madagascar 2631 églises établies, 289 sociétés et 2430 écoles du Dimanche.

Petdeseini Vesti.

Source: https://pentecostalarchives.org/

Viens et Vois 1936 - 01


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