VIENS ET VOIS

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LES SPECTACLES

Par Tertulien (qui vécut de l’an 160 à l’an 240)

La foi de quelques-uns réclame l’autorité des Écritures pour renoncer aux spectacles, hésitant à s’abstenir de plaisirs que des textes formels n’interdisent pas aux serviteurs de Dieu Ô ignorance humaine! Que tu es habile raisonneuse, surtout quand tu crains de perdre quelque joie ou quelque avantage du monde.

Sans doute, nous ne trouvons nulle part cette défense: «Tu n’iras pas au théâtre ou au cirque», textuellement énoncée. Mais n’est-il pas écrit: «Heureux l’homme qui n’est pas entré dans l’assemblée des impies et qui ne s’est pas assis dans la compagnie des pécheurs». (Ps 1, 1)

Ne nous est-il pas également ordonné d’éviter l'impudicité?

Or, le théâtre en est le principal foyer, et on y voit mis en estime ce que partout on réprouve. Nous savons que Dieu interdit «toute plaisanterie et toute parole inutile», or, la tragédie et la comédie sont UNE ÉCOLE DE CRIMES, DE DISSOLUTION ET DE DÉBAUCHE.

Comment donc nous serait-il permis de regarder ou d’entendre

ce que Dieu nous défend de faire?

On en trouve un grand nombre que Ia crainte de renoncer aux plaisirs éloigne plus de notre religion que la crainte du martyre. Mais nous, qui avons fait profession de la foi chrétienne, nous avons déclaré de notre propre bouche que nous renoncions au démon, à ses pompes et à ses œuvres. Or, les spectacles sont la vraie pompe du diable, à laquelle nous, les chrétiens, avons renoncé.

La principale marque aux yeux des païens qu’un homme a adopté la foi chrétienne, c’est précisément qu’il cesse de paraître aux spectacles.

– Comment un chrétien pourrait-il penser à son Créateur, en fréquentant des lieux où rien ne parle de Lui?

– Comment aurait-il la paix du cœur en se passionnant pour un athlète?

– Comment apprendrait-il la pudeur en contemplant les excitations de la scène?

– Les cris d’un acteur lui rappelleront-ils les exclamations des prophètes?

– Les chants efféminés d’un histrion (comédien) lui rappelleront-ils celui des psaumes?

– Ne serait il pas monstrueux d’aller de l'église de Dieu dans celle du Diable?

– Du ciel dans la fange?

– De lever les mains vers Dieu et de les fatiguer ensuite à applaudir un acteur?

– De louer un gladiateur avec les mêmes lèvres qui ont dit: «amen» dans le sanctuaire? – De crier: qu'il vive à jamais! à tout autre qu’à Dieu et à son Christ?

* * *

(Puis Tertullien invite les chrétiens à comparer aux joies spirituelles et profondes de la foi, le vide des plaisirs du monde.)

«Eh bien! je vous l’accorde, il faut à l’homme des délassements. Pourquoi donc êtes-vous assez ingrats pour fermer les yeux aux plaisirs si nombreux et si variés que Dieu a mis sous votre main?

– Est-il un bonheur plus parfait que de jouir de la révélation de la vérité, que de confesser ses fautes et d’en obtenir le pardon?

– Quel plus grand plaisir peut-il y avoir que de mépriser le plaisir lui-même?

– Qu’y a-t-il de plus doux que la vraie liberté des enfants de Dieu, qu’une conscience pure, – qu’une vie paisible, que l’affranchissement des terreurs de la mort?

Voilà leurs spectacles: spectacles innocents, perpétuels, gratuits.

Voilà les plaisirs chrétiens.

Voulez-vous des combats et des luttes?

Le christianisme vous en offre en grand nombre.

– Ici, l’impureté est renversée par la chasteté;

– là, la perfidie est immolée par la foi;

– ailleurs, la cruauté est comme meurtrie par la miséricorde.

Tels sont nos combats et nos couronnes.

Enfin, vous faut-il du sang?

Celui de Jésus Christ coule sous vos yeux.

Mais surtout quel admirable et prochain spectacle que l’avènement du Seigneur, alors enfin reconnut pour ce qu’il est: superbe et triomphant.

Source: https://pentecostalarchives.org/

Viens et Vois 1935 - 11