Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

DISCOURS FAMILIERS

D'UN PASTEUR DE CAMPAGNE

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LA FERVEUR DANS LE SERVICE DE DIEU.

Pour le premier dimanche après le jeune


Soyez fervents d’esprit. Servez le Seigneur. (Rom. XII, 11.)

Mes Frères, quel était le but de la solennité que nous avons célébrée jeudi dernier?

C’était de fléchir le courroux du Ciel,

de ramener sur nous sa bénédiction,

de faire cesser au milieu de nous tout ce qui l’irrite,

d’arracher le pécheur à sa léthargie,

de réveiller les consciences,

de tirer l’âme du grand nombre de cette langueur funeste qui la perd,

d’y ranimer les sentiments,

d’y rallumer les flammes de la piété,

de nous engager tous à revenir à Dieu, à revenir à lui de tout notre cœur.

C’est à remplir ce grand devoir que l’Apôtre nous exhorte encore aujourd’hui par ces belles paroles: soyez fervents d’esprit. Servez le Seigneur.

On ne saurait trop nous le répéter:

Le Souverain, le Seigneur, le Père de l’homme, NE SE CONTENTE POINT DE QUELQUES HOMMAGES FROIDS ET PARTAGÉS, D’UNE OBÉISSANCE OÙ LE CŒUR N’A POINT DE PART.

Non; ce n’est pas assez que la religion soit quelque chose pour nous; sa suprême excellence exige le premier rang, la première place dans notre cœur. Comme elle est la seule chose nécessaire, (Luc X, 42) il faut aussi qu’elle soit:

notre grand intérêt,

notre grande affaire,

le grand mobile de nos actions,

le grand but de notre vie;

il faut qu’elle soit notre tout.

Une religion qui ne l’est pas, la religion de l’homme tiède, loin de plaire à Dieu, loin de nous réunir à lui, n’est faite que pour exciter son mépris et sa colère.

Mes Frères, je dois le croire; vous êtes revenus dans ce temple pour vous affermir dans vos bonnes résolutions. Écoutez donc ce que nous avons à vous dire sur les moyens de devenir fervents dans le service de Dieu, d’avoir enfin une religion qui fasse du bien à votre âme, qui la sauve d’une éternité malheureuse, qui plaise au Seigneur au lieu de l’offenser.

Écouter avec attention, avec docilité, les conseils que nous allons vous adresser sur cet important sujet, et Dieu veuille les accompagner de sa grâce dans vos cœurs! Ainsi soit-il.

Pour vous garantir ou vous tirer de la tiédeur, pour devenir fervents en servant le Seigneur, votre Dieu, vous devez employer deux moyens principaux.



* * *


I.


Commencez par VOUS FORMER UNE JUSTE IDÉE de ce qu’exige de vous le service de Dieu, la grande affaire du salut.

Les efforts qu’on déploie pour parvenir à un but dépendent de l’opinion qu’on s’en est faite; et le RELÂCHEMENT DU ZÈLE DANS L’ÉGLISE tient sans doute beaucoup au RELÂCHEMENT DES PRINCIPES.


Il semble aujourd’hui que rien n’est plus aisé que de plaire à Dieu, de le servir, d’obtenir la vie éternelle.

On se fait de la bonté de Dieu je ne sais quelle idée vague, irréfléchie; on se persuade qu’il ouvrira les portes du ciel à quiconque en formera le désir,

sans examiner s’il est animé de son Esprit,

s’il est renouvelé à son image,

s’il a vécu comme citoyen du ciel,

en un mot, s’il a les dispositions nécessaires pour recevoir cette grande récompense, et sans lesquelles il serait même incapable d’en jouir.


Le cœur adopte avidement un système qui flatte sa corruption, sa paresse naturelle, qui semble si bien d’accord avec tous ses vœux, mais qui de tous est le plus fatal dans ses conséquences.

Ainsi, prévenu qu’on n’a presque rien à faire pour gagner le ciel, est-il étonnant qu’on fasse si peu?

Est-il étonnant que dans l’éducation de leurs enfants, tant de pères s’occupent avant tout du soin de les former pour le monde, de les avancer dans le monde?

Ils ne négligent rien à cet égard, parce qu’ils savent bien que pour réussir, il faut en effet ne rien négliger.

Mais, hélas! la grande affaire du salut, l’unique affaire de l’homme, ils l’abandonnent au hasard.

Un catéchisme appris à la hâte,

quelques leçons que rien n’a préparées et que rien n’appuiera,

quelques leçons interrompues sous le moindre prétexte et que rien ne rappellera,

voilà ce qui leur semble plus que suffisant.

Munis de si faibles secours contre les ennemis de leur âme est-il étonnant que ces enfants devenus hommes, que ces prétendus chrétiens, dont l’esprit n’a conçu qu’imparfaitement les vérités saintes, dont la mémoire peut-être n’en a rien retenu, dont le cœur est à peine ouvert aux sentiments de la piété, est-il étonnant qu’ils chancellent et succombent?

Est-il étonnant qu’ils règlent leur vie sur les maximes du monde et non sur la loi de Dieu, qu’ils consacrent leurs forces, leurs facultés au monde, et qu’ils vivent dans l’apathie pour tout ce qui tient à Dieu?

N’est-ce pas une suite naturelle de leur éducation et des préjugés régnants?


Désabusons-nous, mes chers Frères; pénétrons-nous de cette idée, que pour servir le Seigneur nous avons une grande tâche à remplir et peu de temps pour la remplir.

Pénétrons-nous de cette idée que, dans la carrière du salut, il est des travaux à soutenir et des sacrifices à faire, que les plaisirs promis au fidèle sont ceux du triomphe et non ceux de la mollesse.

Pénétrons-nous de cette idée qu'il n’y a que les violents, c'est-à-dire, les âmes pleines de ferveur et de vie, qui parviennent au royaume des cieux. (Matth. XI, 12)

La vie du chrétien est un combat; elle est appelée le bon combat. (2 Tim. IV, 7)

C’EST UN COMBAT DE TOUS LES JOURS, DE TOUS LES INSTANTS; l’Évangile nous en prévient avec une noble franchise. S’il nous dit que le joug du Seigneur est doux, (Matth. XI, 30) ce n’est que pour le fidèle qui le porte avec courage, avec foi, et qui n’en porte aucun autre.

Si l’Esprit-Saint nous promet d’habiter en nous, d’agir en nous, ce n’est pas pour nous dispenser d’agir à notre tour; c’est à condition que nous travaillerons nous-mêmes à notre salut avec crainte et tremblement, (Philipp. II, 12) que nous ne négligerons rien pour disposer nos cœurs à le recevoir, que nous serons dociles à ses salutaires influences.

Songeons encore qu’en qualité de chrétiens NOUS DEVONS TENDRE À LA PERFECTION. Oui, sur le frontispice du palais de gloire sont écrites ces paroles:


SANS LA SANCTIFICATION, PERSONNE NE VERRA LE SEIGNEUR.

(Héb. XII, 14)


Que cette idée nous soit toujours présente; si nous n'atteignons pas le but, il faut du moins nous en approcher; il faut que la sincérité de nos efforts, l’ardeur de nos désirs et de nos prières, suppléent à notre faiblesse et nous obtiennent la force dont nous avons besoin.

Celui qui ne désire, pas de devenir meilleur, de se dévouer plus entièrement à son Dieu, n’est pas citoyen de cette patrie céleste où l’on ira de gloire en gloire et de vertus en vertus.

CELUI QUI FIXE LE DEGRÉ D’OBÉISSANCE QUI LUI CONVIENT,

CELUI qui se borne à ce qu’il juge indispensable pour n’être pas rejeté,

CELUI dont la bassesse se contente, si je puis parler ainsi, de la dernière place dans le royaume du Seigneur, n’aura pas même cette dernière place à laquelle il se réduit.


LE CHRÉTIEN DOIT TENDRE À LA PERFECTION.


D’après ce principe, quelles que soient vos œuvres de piété et de charité, ne tournez point vos regards sur ce que vous avez fait. Rien de plus opposé à l’esprit du christianisme; ce serait vous arrêter dans la carrière; fixez vos yeux sur l’espace qu’il vous reste à parcourir; plus on avance dans la voie de la sainteté, plus la perspective s’agrandit: ceux qui ne l’aperçoivent pas ce champ vaste et sans limite, sont encore à l’entrée du chemin.

Quels pénibles et glorieux combats saint Paul avait soutenus! quelle course il avait fournie! que de travaux, de souffrances, de vertus, de sacrifices! Écoutez-le cependant:

Je ne me persuade point d'être encore parvenu à la perfection, mais je fais des efforts continuels pour y parvenir; je laisse les choses qui sont derrière moi, et m'efforçant d’aller vers celles qui sont devant moi, je poursuis ma course vers le bout de la carrière pour remporter le prix auquel Dieu m'appelle par Jésus-Christ. (Philip. III, 13)

Que penser après cela du mortel présomptueux et insensé qui demeure languissamment à la même place et se juge assez avancé?


LE CHRÉTIEN DOIT TENDRE À LA PERFECTION.


Gardez-vous donc de vous comparer à ceux qui vous semblent plus coupables ou moins vertueux que vous. Leurs imperfections feront-elles votre mérite, et leur condamnation pourra-t-elle vous justifier?

Comparez-vous au contraire avec ceux qui vous surpassent;

Comparez-vous avec ces illustres serviteurs de Dieu dont nos Livres Saints nous ont conservé la mémoire.

Songez que ces hommes si grands qui nous paraissent si loin de nous, seront pourtant placés à côté de nous au jour solennel du jugement, et que si leur exemple ne sert pas à nous sanctifier, il doit servir à nous confondre.

Comparez-vous à ceux de vos frères qui vous devancent à quelque égard, qui ont plus de ferveur, de courage, de patience, de charité.

Voilà, voilà le grand secret pour nous avancer vers la perfection, pour entretenir en nous les deux principaux caractères du Chrétien: LE ZÈLE ET L’HUMILITÉ.


Mes Frères, n’est-ce pas ainsi que nous en usons quand il s’agit des objets de la terre? vous le savez; chacun regarde au-dessus de soi.

Cet homme a réussi dans cette entreprise; il a fait un établissement avantageux; pourquoi n’oserais-je pas espérer le même succès? Pourquoi n’aurais-je pas le même bonheur?

L’exemple, unique peut-être, d’une fortune due à des circonstances extraordinaires, suffit pour exalter notre ambition, pour nous porter à mille témérités, pour nous faire courir en insensés dans une route incertaine et périlleuse.

Et quand il s’agit du ciel, seul prix digne de tous nos efforts, toute cette ardeur s’éteint; je ne vois que des hommes sans courage et sans énergie, qui regardent lâchement en arrière, qui sont satisfaits de n’être pas les derniers, et qui craindraient, ce semble, d’être trop avancés!

Chrétiens, qu’il n’en soit pas ainsi parmi nous! Fortifions-nous, encourageons-nous en voyant l’ardeur dont furent animés les saints. Puisque nous sommes environnés d'une si grande nuée de témoins, nous dit l’Écriture, défaisons-nous de tout ce qui nous charge et du péché qui nous enveloppe si facilement et courons avec constance dans la carrière qui nous est ouverte, ayant les yeux sur Jésus, le Chef et le Consommateur de la foi. (Héb. XII, 1-2)

Hélas! Seigneur, que cette exhortation m'est nécessaire! quand je pense à la fidélité, à la ferveur que tant de saints ont montrées dans ton service, je rougis, je suis confus de me trouver tiède, sans dévotion, sans amour; je n’ose me présenter devant toi et te prier de te communiquer à moi.

Ô Dieu, prends ce cœur que je ne sais pas te donner; allumes-y les flammes de ton amour. Ta miséricorde est toute puissante pour m’accorder la grâce après laquelle je soupire. Oui, Seigneur, tu sais toutes choses; tu sais que je désire sincèrement de m'unir à toi, de vivre pour toi, quoique je n’aie point encore le zèle de ces âmes ferventes qui t’aimaient de tout leur cœur, de toute leur pensée.

Seigneur, mon Dieu, agis en moi par ton Esprit comme tu agissais en elles; alors je mettrai tout mon plaisir à m’occuper de la seule chose nécessaire; alors je serai ton enfant et le disciple fidèle de ce Jésus qui n’est venu sur la terré que pour régénérer l’homme, rétablir en lui ton image, et lui rouvrir ainsi le royaume des Cieux.


* * *


II.


Un autre moyen, inséparable du premier, et plus efficace encore pour nous arracher à la tiédeur, pour nous rendre fervents dans le service de Dieu, c’est de RANIMER NOTRE FOI.

Oui, quand vous croirez fermement au Dieu que l’Évangile nous révèle, à cet Être infini, tout parfait, de qui nous sommes l’ouvrage et qui tient notre sort en ses mains,

à ce Dieu Saint dont les yeux sont trop purs pour voir le mal, (Hab. I, 13)

à ce Dieu tout bon qui a tant aimé le monde que de donner son Fils unique au monde, afin que quiconque croirait en lui ne périt point, mais quil eût la vie éternelle; (Jean III, 16)

quand vous croirez fermement à ce Sauveur adorable

qui est venu chercher et sauver ce qui était perdu , (Luc XIX, 10)

qui est monté pour nous sur la croix,

qui nous a rachetés à grand prix, (1 Corinth. VI, 19-20)

qui est allé dans le ciel intercéder en notre faveur et nous préparer une place, (Jean XIV, 2)

qui doit en revenir pour nous juger et décider de notre sort éternel;

quand vous croirez fermement ces grandes vérités, vous serez bien forcés de sortir de votre langueur; vous ne sauriez penser avec indifférence à ce Dieu Créateur, Conservateur, Rédempteur, Père et Juge de l’homme: vous sentirez que c’est lui qu’il faut craindre, lui qu’il faut aimer, lui qu’il faut servir. Votre âme se portera vers lui comme vers le souverain bien;


MAIS LE ZÈLE ET LES VERTUS LANGUISSENT DANS L’ÉGLISE,

PARCE QUE LA FOI S’AFFAIBLIT ET S’ÉTEINT.


Les uns ne croient pas; les autres croient faiblement, d’une manière incertaine ou toute superficielle.

Comme leur foi ne repose ni sur une instruction solide, ni sur un sentiment profond, leurs opinions varient au gré de ceux qu’ils fréquentent; ILS FLOTTENT À TOUT VENT DE DOCTRINE; (Eph. IV, 14) les passions, les affaires, les distractions terrestres, se mettent sans cesse entre eux et les vérités saintes; leur foi est un flambeau vacillant exposé au souffle de tous les orages.

La plupart n’ont pas une foi éclairée; ils ne sentent ni la grandeur de leur misère et de leur indignité, ni l’impossibilité oh est l’homme de satisfaire par lui-même à la justice divine, ni le besoin qu’il a d’être lavé par le sang du Fils de Dieu et sanctifié par son Esprit. (1 Corinth. VI, 11)

Ils ne sentent pas tout ce que Jésus a été pour nous, tout ce que nous devons être pour lui, tout ce que nous pourrions être avec son secours.

Les hommes, je le répète, sont moins inconséquents qu’on ne l’imagine;

s’ils n’avaient pas une secrète confiance en leur propre justice,

s’ils attendaient tout des mérites du Sauveur,

s’ils attribuaient à Dieu toute la gloire de leur salut,

s’ils avaient en un mot la foi qui justifie,

ils éprouveraient qu’elle échauffe le cœur et le purifie, qu'elle donne la victoire sur le monde et que la parole de Dieu agit avec efficace en ceux qui croient. (Act. XV, 9; 1 Jean V, 4; 1Thess. II, 13)

Oh! que la religion me paraît divine; qu’elle me paraît avoir bien connu le cœur de l’homme, quand elle lui demande la foi! c’est cette espérance vive, cette confiance, cette persuasion ferme, animée, qui est le grand ressort de l’âme; c’est ce sentiment qui fait toute sa puissance; sans lui il n’y a rien de grand.

Appliqué même aux objets de la terre, c’est lui qui produit les grandes entreprises, les grands travaux, les grands succès.

C’est une espérance vive, une confiance animée, qui mène le guerrier à la victoire sur les pas du chef qui sait l’inspirrer.

C’est elle qui fait traverser les mers à l’ambitieux et l’enhardit à poursuivre la fortune à travers les orages.

C’est par elle que le plus illustre des navigateurs découvrit un monde nouveau.

Le chrétien est aussi conduit par cette espérance vive, par cette persuasion animée; mais il ramène ce sentiment à son véritable objet, aux biens éternels, au Dieu qui ne trompe point, au Dieu qui nous a donné son Fils et qui nous donnera toutes choses avec lui; (Rom. VIII, 32) et:


DÈS QUE LA FOI L’ANIME, IL EST CAPABLE DE TOUT.


Il se dévoue, il s’unit à son Sauveur, et il porte beaucoup de bons fruits. Ce n'est plus lui qui vit, C’EST CHRIST QUI VIT EN LUI. (Jean XV, 5; Gal. II, 20)

Ranimez donc votre foi, mes chers Frères!

Pour cela, instruisez-vous avec soin des vérités de la religion, de sa divine autorité, de sa parfaite convenance avec nos désirs et nos besoins.

AUJOURD’HUI QUE L'INCRÉDULITÉ A FAIT CIRCULER SES POISONS jusque dans les dernières classes de la société, il faut aussi que le chrétien le plus obscur, l’artisan, l’habitant des campagnes, se mette en état de répondre à ceux qui attaquent son espérance ou qui lui en demandent raison. (1 Pierre III, 15)

II faut qu’il ne soit pas entièrement étranger aux écrits des défenseurs de la foi, à ceux d’entre eux qui ont été mis à sa portée, et avec ce sens droit qui généralement le distingue dans notre heureuse patrie, il ne peut que les lire avec fruit.

Oui, Chrétiens, étudiez ces objets, étudiez-les avec l’intérêt qu’ils méritent, avec l’intérêt que vous mettriez à examiner les titres d’un riche héritage.

Surtout nourrissez votre âme des sentiments de la piété.


SI LA FOI PRODUIT NATURELLEMENT LA PIÉTÉ,

CELLE-CI À SON TOUR NOURRIT, ANIME LA FOI


C’est pour cela qu’il est dît: que la foi d'Abraham agissait avec ses œuvres, et que par ses œuvres sa foi parvint à la perfection. (Jacq. II, 22)

Je l’ai déjà fait entendre, C’EST PAR LE CŒUR QUE L’ON CROIT.

Ce qui appartient à l’esprit, c’est de reconnaître que l’Évangile a le degré de certitude que peut désirer un homme raisonnable; mais que cela est froid en comparaison de cette persuasion vive et profonde, sensible et animée, que je voudrais vous faire connaître à tous, et qui fait que le chrétien douterait de son existence plutôt que des vérités révélées!

Ce précieux sentiment, cette foi du cœur, naît de l’habitude de s’occuper des grands objets de la religion, de s’en occuper beaucoup, de les saisir, de mettre son âme en rapport avec eux.

Entretenez-vous donc souvent avec votre Dieu-Sauveur;

Retracez-vous souvent les droits qu’il a sur vous, ce qu’il a souffert pour vous, ce que vous seriez sans lui.

Retracez-vous les soins qu’il prend de votre âme, le support dont il use, les bénédictions spirituelles dont il ne cesse de vous combler.

Que nos Saintes Écritures soient l’objet principal de vos méditations, puisqu’elles rendent témoignage de Jésus et que par elles vous espérez avoir la vie; (Jean V, 39)

qu’elles occupent vos pensées,

qu’elles règlent vos projets;

qu’elles soient une lampe à vos pieds, une lumière à vos sentiers; (Ps. CXIX, 105)

que l’avenir éternel se présente souvent à votre imagination;

que la sentence du Juge Souverain retentisse quelquefois à vos oreilles.

Surtout, surtout, puisque par vous-mêmes vous ne vous décideriez pas à mettre fidèlement en œuvre tous ces moyens, ou que vous ne pourriez pas les rendre efficaces; puisque la foi est un don de Dieu, (Eph. II, 8) le plus précieux de ses dons, demandez-la sans cesse au Père des lumières, à l'Auteur de toute, grâce excellente, (Jacq. I, 17) à ce Dieu qui ne repousse jamais ceux qui le cherchent. Dites-lui avec le Roi-Prophète:

Daigne, Seigneur, daigne créer en moi

Un esprit pur, un cœur brûlant de zèle.

Pour ranimer et raffermir ma foi,

Que ton Esprit en moi se renouvelle!

Il accueillera, n’en doutez pas, une telle requête; il vous donnera de croire en lui, de l’aimer de tout votre cœur, de le servir avec un esprit fervent. La religion deviendra une partie de vous-mêmes; vous sentirez qu’elle est le tout de l'homme; vous trouverez son joug doux et léger; (Matt. XI, 30.) vous éprouverez que tout ce que Dieu veut de vous est bon, agréable et parfait. (Rom. XII, 2)

Les voilà, mes chers Frères, les conseils que m’inspire l’intérêt pressant de votre salut. Essayez, je vous en conjure, de LES METTRE EN PRATIQUE; j’ose vous répondre que ce ne sera point en vain.


C’est à vous surtout qu’ils s’adressent, Fidèles, qui faites le principal sujet de nos soins, de notre amour, de nos espérances! Petit troupeau que je vois réuni dans ce temple, vous dont nos fêtes précédentes sont loin d’avoir épuisé la dévotion, ATTACHEZ-VOUS PLUS QUE JAMAIS À DONNER L’EXEMPLE, à sauver vos frères en vous sauvant vous-mêmes.

Que votre lumière luise devant les hommes afin que voyant vos bonnes œuvres, ils glorifient votre Père qui est au ciel. (Matt. V. 16)

Venez ainsi à mon secours; venez, réunissons-nous, soutenons-nous, animons-nous mutuellement à servir notre Dieu.

Que mon âme puise dans la vôtre une chaleur nouvelle; qu’elle y puise les consolations, la force, le courage dont elle a besoin pour se défendre de l’abattement dans lequel souvent elle est près de tomber.

Qu’en vous voyant accourir avec empressement dans le sanctuaire, écouter la parole avec joie; qu’en entrant dans vos demeures, en y voyant régner la foi, la piété, et les vertus qu’elle inspire, je puisse bénir le Seigneur et me dire avec attendrissement.

Non, il n’est pas entièrement inutile le ministère qu’il a daigné me confier; sa grâce l’a couronné de quelques fruits. Oui, ô mon Dieu, que ceux qui te craignent et qui connaissent tes témoignages, se tournent vers moi, se joignent à moi. (Ps. CXIX, 79)

Faisons plus encore, mes chers Frères; car comment exclurais-je quelqu’un de vous de cette sainte association? Lions-nous tous ensemble de nouveau par ce serment solennel:


NOUS ET NOS MAISONS, NOUS SERVIRONS L'ÉTERNEL.

(Jos. XXIV, 15)


Nous le servirons avec zèle, avec courage, avec persévérance; nous le servirons comme il mérite d’être servi.

Puissent ces sentiments heureux passer dans l’âme de tous ceux qui m’écoutent et devenir efficaces en toute sorte de bonnes œuvres par Jésus-Christ! Amen.



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