Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

DISCOURS FAMILIERS

D'UN PASTEUR DE CAMPAGNE

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L’HOMME DOCILE AUX APPELS DE DIEU.

Pour un jour de communion – (de sainte Cène)

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Voici, je me tiens à la porte et je frappe: si quelqu’un entend ma voix, et m’ouvre la porte, j’entrerai chez lui; je souperai avec lui, et lui avec moi. (Apoc. III, 20.)

Dans notre précédent discours, mes Frères, nous avons développé cette partie de notre texte: Je me tiens à la porte et je frappe. Nous avons montré comment Dieu nous parle, et COMBIEN IL EST TERRIBLE DE NE PAS LUI RÉPONDRE; car telle est la corruption du cœur de l’homme, qu’en l’entretenant des grâces du ciel, il faut lui faire craindre d’en abuser.

Aujourd’hui, pour vous engager à vous rendre à ses invitations, nous presserons des motifs plus doux: je les trouve aussi dans mon texte: Si quelqu'un entend ma voix et M’OUVRE LA PORTE, j'entrerai chez lui; je souperai avec lui et lui avec moi.

Cette promesse est magnifique sans doute, mais observez qu’elle est conditionnelle. Il faut ENTENDRE la voix de Celui qui frappe; il faut LUI OUVRIR la porte de notre cœur......

Mes chers Frères, c'est aujourd’hui que le Seigneur nous rappelle d’une voix plus forte et plus tendre;

aujourd’hui qu’il nous presse de revenir à lui, au nom du plus grand de ses bienfaits, au nom du sang de son Fils;

aujourd'hui que les symboles augustes du sacrifice du Rédempteur sont mis sous nos yeux;

aujourd’hui qu’il faut répondre dignement à tant d’amour, ou profaner ce qu’il y a de plus saint dans la religion,

c’est le moment sans doute, plus que jamais, d’apprécier le bonheur de nous unir à notre Dieu, et de penser à ce que nous avons à faire pour en jouir. C’est le moment, plus que jamais, de NOUS PÉNÉTRER DES DEVOIRS ET DES PRIVILÈGES DU CHRÉTIEN. Veuille l’Auteur de toute grâce ajouter à nos paroles l’onction puissante de son Esprit!


I.


Le premier devoir de l’homme à qui Dieu parle, c’est de l’entendre.

Mais, direz-vous peut-être, n’est-ce pas à lui de rendre sa voix sensible à notre âme?

Dépend-il de nous d’ouïr ou de ne pas ouïr?

Oui, mes Frères, cela dépend de nous, du moins en partie. Pour que la parole de Dieu soit l’instrument de notre salut, il faut sans doute que sa grâce toute puissante l’accompagne dans nos cœurs, et qu’elle agisse en nous avec efficace, (Col. I, 29) mais il n’en est pas moins vrai qu’à cet égard comme à tout autre, NOUS DEVONS ÊTRE OUVRIERS AVEC DIEU. (1 Corinth. III, 9)

Aussi l’Écriture réunit sans cesse ces deux choses.

Elle nous commande comme un devoir indispensable ce qu’elle nous déclare,

en même temps, être un don de Dieu, un acte de sa miséricorde:

Travaillez à votre salut avec crainte et tremblement, nous dit-elle, car c'est Dieu qui vous fait vouloir et exécuter. (Philip. II, 12)

Écoute-moi attentivement, ô mon peuple! car je mettrai mes lois dans vos esprits; je les graverai dans vos cœurs. (Jér. XXXI, 33; Héb. VIII, 10)


Il ne suffit donc pas que Dieu parle;

il faut que l’homme ne ferme pas son esprit et son cœur;

il faut qu’il se recueille et prête l’oreille.


En effet, mes Frères, les objets les plus propres à nous frapper, ne font sur nous d’impression que celle que nous leur laissons faire. Il faut leur donner quelque attention: il faut surtout qu’ils trouvent en nous un esprit libre de passions et de préjugés, car l’homme n’entend que ce qui lui plaît.

Le monde est plein de sourds volontaires, et vous pouvez en voir de tous côtés. – Considérez cet homme préoccupé par une méditation à laquelle il aime à se livrer; il n’aperçoit rien de ce qui se passe autour de lui.

Voyez ce jeune homme emporté par la fougue de ses passions; il n’entend point les sages conseils destinés à le calmer, à l’arrêter. Cet autre qu’égare la prévention, entend-il mieux les raisonnements, les preuves qu’on oppose à ses préjugés?

Ainsi Dieu parle, et un grand nombre d’hommes ne l’entendent point, parce que les doutes de l’esprit, les passions du cœur, les objets terrestres qui les possèdent, les empêchent d’écouter.

En vain la nature leur étale ses beautés et ses richesses; leur cœur est fermé à ce concert harmonieux des créatures qui célèbrent les perfections de leur Auteur: ils ne voient dans le monde que l’assemblage confus des êtres divers; dans la succession bienfaisante des saisons ils ne voient que l’ordre périodique auquel ils sont accoutumés, et dans les présents de la terre que le fruit de leurs travaux.

En vain la Providence frappe autour d'eux des coups éclatants;

en vain elle leur laisse voir son action comme à l’œil, en mille occasions secrètes;

en vain elle imprime aux grands événements ce caractère d’une force entraînante et irrésistible auquel il semble qu’on ne peut la méconnaître, ils n’y voient que les effets du hasard ou le choc des passions humaines.

Ils ne considèrent point les hauts faits de l’Éternel ni les œuvres de ses mains. (Ps. XXVIII, 5)

En vain leur conscience élève la voix; ils en étouffent les accents; ils la forcent à se taire.

En vain la loi de Dieu les condamne; comme ils l'entendent sans y faire attention, elle n’est pour eux que la semence qui tombe le long du chemin, qui est bientôt foulée aux pieds par les passants et dévorée par les oiseaux. (Matth. XIII, 3-4, 19)

Ou bien ILS ENTENDENT AUTRE CHOSE QUE CE QU’ELLE DIT: ils la tordent en mille manières; ils en forcent le sens, et viennent à bout de voir dans cette parole sainte non ce qui s’y trouve en effet, mais ce qu’ils veulent y trouver.

En vain le culte, les sacrements les rappellent; en vain l’Esprit de Dieu lui-même leur fait sentir quelques heureux mouvements, toujours inattentifs, ou plutôt toujours attentifs à s’en distraire, ils paraissent n’avoir d’intelligence que pour les choses de la terre, que pour leurs intérêts temporels.

On peut leur appliquer ce que disait notre Seigneur aux Juifs de son temps: Lorsque vous voyez un nuage se former du côté du couchant, vous ne manquez pas de dire qu'il va pleuvoir, et cela arrive ainsi. Et quand le vent du midi souffle, vous dites qu’il fera chaud, et cela arrive. Hypocrites, vous savez bien remarquer ce qui paraît au ciel et sur la terre; comment donc ne reconnaissez-vous pas le temps où vous êtes? (Luc XII, 54-56)

Comment ne savez-vous point discerner les signes du salut?


D’autres paraissent écouter la voix du Seigneur: ils ne sont point étrangers aux impressions qu’elle produit, mais ILS NE FONT RIEN POUR LES CONSERVER, pour les faire pénétrer dans leur cœur, pour les rendre plus profondes et véritablement salutaires.

Aucune méditation, aucune prière, aucune action de grâces, ne les accompagne; aucune résolution ferme et décidée, aucun sacrifice, aucun changement réel dans la vie n’en est le fruit.

Capables du bien et du mal, accessibles pour le Seigneur et pour le monde, ils sont tour à tour, et presque à la fois:

touchés du spectacle de la création, et distraits, éblouis par les fantômes de la terre;

frappés des dispensations de la Providence, et pressés des inquiétudes de la vie;

ébranlés par la voix de la conscience, et séduits par celle des passions;

émus par la loi de Dieu, le culte, les sacrements, mais émus aussi par des spectacles, des lectures, des conversations profanes.

Leurs bons mouvements n’ont point de suite; leur cœur paraît s’entr’ouvrir, mais il se referme au bout de peu d’instants. Ils écoutent la parole et la reçoivent d'abord avec joie, mais n'ayant point de racine, ils ne se soutiennent que peu de temps, et lorsqu’il survient quelque affliction ou quelque persécution à cause de la parole. Ils tombent aussitôt, comme la semence dans une terre qui a peu de profondeur lève promptement, mais sèche et se brûle aux premières ardeurs du soleil. (Matth. XIII, 5-6, 20-21)

Ce que Dieu demande de nous, ce n’est donc pas seulement d'écouter sa voix;

c’est d’y céder;

c’est d'imposer silence à tout ce qui peut en affaiblir l’impression, en effacer le souvenir;

c’est de serrer précieusement dans notre cœur toutes les leçons qu’il nous donne, et de les repasser comme Marie, (Luc II, 19) afin d'en acquérir le goût et l’intelligence;

c’est de retenir ce que sa loi nous enseigne, et de faire avec docilité ce qu’elle nous prescrit;

c’est d’examiner en chaque circonstance, dans tout ce qui nous arrive, quelles sont les vues de sa Providence sur nous, et d’y entrer fidèlement;

c’est de lui dire: Seigneur, que faut-il que je fasse? (Actes XVI, 30) et le faire en effet.

C’est en un mot de NOUS DONNER À LUI SANS RÉSERVE, avec abandon, de lui ouvrir ainsi la porte de notre cœur, de le laisser en prendre possession, y rétablir sa demeure, y régner avec empire.


II.


Voilà ce que l’homme doit faire; voici ce que Dieu lui promet: Si quelqu'un entend ma voix et m'ouvre la porte, j'entrerai chez lui; je souperai avec lui, et lui avec moi.

C’est ce que le Sauveur avait promis à ses apôtres en d’autres termes:

Si quelqu'un m’aime, il gardera ma parole; mon Père l’aimera; nous viendrons chez lui, et nous y établirons notre demeure. (Jean XIV, 23)

Cette figure marque évidemment que dans l’âme qui s’ouvre pour le recevoir, le Seigneur signalera sa présence par la communication de tous les biens dont il est la source, et par l’union étroite, inaltérable, qu’il daignera former avec cette âme reconnaissante et fidèle.

Il ne s’agit donc point ici de cette présence générale par laquelle il assiste à tout ce qui se passe dans l’univers, mais de CETTE PRÉSENCE DE FAVEUR ET DE PROTECTION dont il honore les lieux où il se plaît, où il est adoré.

Il ne s’agit pas de cette union générale qui existe entre le Créateur et ses œuvres, mais de CETTE UNION DE CHOIX, et, si je l’ose dire, de sympathie qui l’attache à ceux qui l’aiment, qui s’appliquent à l’imiter, à se revêtir de son Esprit, en sorte qu’on puisse dire: C'est Jésus-Christ qui vit en eux. (Gal. II, 20)

Or, mes Frères, qui peut décrire la gloire et le bonheur d’une telle union avec le Seigneur, avec l’Éternel; avec Celui dont la bonté, l’amour, la clémence, égalent la grandeur, la sagesse, le pouvoir; avec Celui que notre âme ne peut envisager sans ravissement quand elle le voit tel qu’il est!

Vous vous trouveriez heureux de former d’intimes relations avec les puissants de la terre. Si un grand du monde, un monarque temporel, vous approchait de sa personne, vous donnait le nom de fils, de frère, d’ami, vous en seriez éblouis, transportés.

Est-ce peu de chose, disait David, d’être appelé gendre du roi? (1 Sam. XVIII, 22)

Que sont-elles cependant, ces chétives grandeurs de la terre, qui ne sauraient déguiser la misère et la faiblesse de ceux qui en sont revêtus?

Que sont ces relations mêlées d’épines et de crainte, qu’ils permettent à quelques hommes de former avec eux;

que sont-elles auprès de cette union si douce, si familière et si tendre, à laquelle notre Sauveur nous invite!

Pour en mieux comprendre la félicité, voyons quels en sont les heureux fruits; voyons quels effets le Seigneur produit dans l’âme qui s’ouvre à lui. Ici les idées s’offrent en foule; essayons de les ranger sous deux chefs principaux:

1° il la purifie;

2° il y porte la joie, la paix, la consolation.


1° Il purifie cette âme.

Comme dans les jours de sa vie mortelle, Jésus chassa du temple de Jérusalem, les vendeurs et les changeurs qui le profanaient par leur trafic et leurs larcins; comme il chassa du corps de plusieurs malheureux les démons qui les tourmentaient, de même il chasse du cœur qu’il possède les vices et les passions terrestres.


Qu’est-ce que notre âme,

quand Dieu en est absent?


C’est une contrée obscure que désolent les brigands, qu’habitent les bêtes féroces et les oiseaux de ténèbres. Jésus fait luire sa lumière dans ce triste séjour, et tous ces monstres s’enfuient et disparaissent.

C’est une terre malheureuse où croissent des fruits amers et malfaisants, où des broussailles aiguës embarrassent nos pieds et les déchirent. Jésus cultive ce terrain infecté; il en arrache les épines et les plantes vénéneuses; il en fait une terre fertile qui porte de bons fruits, où l’on voit un grain en rendre cent; un autre soixante; un autre trente. (Matth. XIII, 8)

Et, pour parler sans figure, NOTRE ÂME SÉPARÉE DE DIEU EST UN ÊTRE DÉCHU, défiguré, avili par un esclavage cruel, souillé de mille pensées basses et injustes, plein de frivolités et de misères.

Cette âme est déjà morte en vivant, dit l’Écriture. (1 Tim V: 6) Jésus la fait renaître à la véritable vie; il lui rend sa liberté, sa dignité, sa première beauté: il la renouvelle dans son entendement; il la revêt du nouvel homme créé à l'image de Dieu, dans une justice et dans une sainteté véritables. (Eph. IV, 23-24)

C’est à des hommes ainsi relevés et affranchis que saint Paul disait: Vous étiez coupables de ces vices qui excluent du royaume des cieux, mais vous avez été lavés; vous avez été sanctifiés, vous avez été justifiés au nom du Seigneur Jésus et par l'Esprit de notre Dieu. (1 Corinth. VI, 11)

Aussi Dieu vous affermira jusqu’à la fin, pour être irrépréhensibles au jour de notre Seigneur Jésus-Christ, car Dieu est fidèle, lui qui vous a appelés à la communion de son fils Jésus-Christ notre Seigneur. (1 Corinth. I, 8-9)


2° En purifiant ainsi notre cœur, Jésus par là même y porte la paix et la joie.

Les créatures possédaient ce cœur, car il ne peut demeurer sans maître. Cependant l’homme ne peut être heureux, il ne peut jouir du repos qu’en revenant à son Maître légitime, en se réconciliant avec son Dieu, en recevant Jésus dans son cœur.

Jusqu’alors agité de mille mouvements désordonnés, tourmenté par l’anxiété qui naît du vide des créatures, en proie à toute sorte de passions, à leurs désirs sans fin, à leur soif insatiable; consumé par cet ennui de la vie qu’on éprouve trop souvent sans en démêler la véritable cause, il ressemble au voyageur égaré dans un désert aride, qui cherche une source où il puisse se désaltérer, et qui ne trouve que des eaux bourbeuses et des citernes crevassées.

Mais Jésus vient à lui.

Il lui fait connaître les vrais biens et les trésors impérissables;

il épure ses goûts,

il élève ses désirs et ses pensées;

il lui présente le pain descendu du ciel qui donne la vie au monde, l’eau jaillissante en vie éternelle, dont il est dit que celui qui en boit n’aura, plus soif. (Jean VI, 33; IV, 14)

Le fidèle en fait l’heureuse expérience:


....Il n’a plus l’âme altérée

Ni d’honneurs vains et de courte durée,

Ni de trompeurs et criminels plaisirs.

Il sait en Dieu borner tous ses désirs.



Il goûte la joie du convalescent, qui s’étonne et se félicite de n’être plus en proie aux ardeurs et au délire de la fièvre. Il sent que le Sauveur lui a donné sa paix, et qu’il ne la lui a pas donnée comme le monde la donne. (Jean XIV, 27)

En le délivrant du trouble attaché aux passions, des contrariétés, des mécomptes des revers qu’elles amènent et provoquent, JÉSUS LE DÉLIVRE ENCORE DE CES INQUIÉTUDES POUR LES CHOSES DE LA TERRE, qui tiennent une si grande place dans notre existence et en corrompent toute la douceur. Infortunés que nous sommes!

La vie est déjà si courte, et toujours inquiets, toujours dans l’attente sur quelque événement, nous l’abrégeons par nos vœux; nous désirons que l’intervalle qui nous sépare de l’objet désiré s’écoule rapidement.

Sommes-nous parvenus au terme où devaient cesser nos inquiétudes, elles renaissent pour quelque autre objet. Voilà l’état habituel de l’homme chez qui l’amour-propre ou l’amour du monde est encore dominant.

MAIS CHEZ CELUI QUI AIME DIEU, chez celui qui prend son essor au-dessus du monde et de ses vanités, qui n’aspire plus avec ardeur qu’à ce qui est éternel, qu’à ce qui peut remplir l’immensité de son cœur, une douce résignation à la volonté de ce Dieu qui dirige tout, prend la place des inquiétudes, supplice de l’homme charnel.

Oui; le chrétien s’abandonne sans réserve et à tous égards aux soins de son Père qui est aux cieux:

il s’en remet à lui de son sort;

il se dit qu’il est entre ses mains;

il se fonde sur cette promesse qu’il est en droit de s’appliquer:


Cherchez PREMIÈREMENT le royaume de Dieu et sa justice,

et toutes les autres choses, toutes celles dont vous avez besoin,

vous seront données par dessus. (Matth. VI, 33)


Voilà ce qu’il n’oublie jamais, et voilà ce qui le rend tranquille.

Jésus le délivre enfin du remords de ses fautes passées et des craintes de l’avenir.

Je sais que ces craintes ne troublent pas toujours le coupable, et qu’il vient à bout de les émousser en affaiblissant, quel remède, grand Dieu! en affaiblissant la foi qui en est le principe; mais je sais aussi qu’il ne le peut pas toujours: je sais que tôt ou tard, au moment où il y songera le moins, elles s’élèveront comme un ouragan pour le terrasser; et alors, oh! alors, il n’y aura aucun pouvoir sous le ciel, aucun objet sur la terre qui puisse le calmer.

IL N’EN EST POINT AINSI DE L’ÂME QUI REVIENT AU DIEU-SAUVEUR, et qui s’ouvre à lui. Elle n’écarte plus comme autrefois, le souvenir de ses fautes, mais elle n’en est plus effrayée: elle trouve de la douceur à les pleurer: elle trouve de la douceur dans le sentiment même de son indignité qui relève les miséricordes divines, et l’amour de son Rédempteur.

Quelque grands, quelque nombreux que soient ses crimes, elle se fonde sur cette parole:


Quand vos péchés seraient rouges comme le vermillon,

ils seront blanchis comme la neige.

(Ésaïe I, 18)


Elle sent que c’est pour elle que le Fils de Dieu répandit son sang, car elle sent qu’elle embrasse avec une pleine certitude de foi, le grand sacrifice offert sur la croix; et dès lors, elle peut aspirer à tous les privilèges des enfants de Dieu.

Elle songe avec ravissement à ce monde à venir, que Jésus est venu rouvrir à ceux qui croiront en lui, où il leur prépare une place, où il les attend, où elle verra face à face le Dieu qu’elle adore. Elle goûte ce charme auquel nul autre ne peut être comparé, d’aimer le plus grand le plus parfait des êtres, Celui que rien ne peut nous ravir, et avec qui la mort elle-même ne fera que nous unir plus parfaitement.

Elle se dit avec transport: Je suis assurée que ni la mort, ni la vie, ni les anges, ni les principautés, ni les puissances, ni les choses présentes, ni les choses à venir, ni ce qu'il y a de plus élevé, ni ce qu’il y a de plus bas, ni aucune autre chose, ne pourra nous séparer de l'amour que Dieu nous a témoigné par notre Seigneur Jésus-Christ.(Rom. VIII, 38-39)

Si cette joie divine n’est pas toujours au même degré chez le fidèle, toujours du moins il en porte le principe dans son cœur; et c'est là un riche fond de courage, d’espoir, qui le soutient dans les épreuves, dans les travaux, et qui le rend plus que vainqueur par Celui qui nous a aimés. (Rom. VIII, 37)


Maintenant, Chrétiens, je vous le demande; je le demande au plus terrestre d’entre vous: connaissez-vous, concevez-vous un sort plus désirable que celui du chrétien qu’unissent à Dieu la foi, l’obéissance et l’amour; qui réglant ses actions et ses désirs sur la volonté du Très-Haut, ne connaît plus ni les inquiétudes des passions, ni celles du remords, goûte la paix du cœur et de la conscience, ne désire rien, ne regrette rien, ne craint rien, travaille avec confiance sous les yeux de son Père céleste, soutenu, dans les situations les plus pénibles, par le sentiment de son approbation, de son amour, par la foi en ses promesses, par les grandes espérances de l’avenir?

Comment se fait-il, mes Frères, que nous refusions ce bonheur auquel Dieu nous invite?

Insensés!

Avec quel empressement nous ouvririons, si la fortune ou les honneurs frappaient à notre porte!

Avec quel ravissement nous accepterions des biens passagers et trompeurs!

Nous cherchons de tout côté le repos, le bonheur. C’est l’instinct de notre nature; mais, aveugles que nous sommes! NOUS CHERCHONS CES BIENS OÙ ILS NE SONT POINT, où ils ne sauraient être; nous attachons l’idée du repos de l'âme à telle époque de notre vie qui ne viendra jamais, à telle situation que nous ne pouvons atteindre; qui même, y fussions-nous parvenus, ne nous rendrait pas plus heureux, parce que nous y retrouverions notre cœur plein de passions et de misères.

Chrétiens, aujourd’hui, si vous le voulez, aujourd’hui même, avant de sortir de ce temple, vous pouvez obtenir la guérison de votre âme, la réconciliation avec Dieu, cette paix que vous cherchez.

Oui, vous la recevrez à la table sainte,

SI vous y venez avec un sentiment profond de vos misères, AVEC UNE PLEINE CONFIANCE AU SACRIFICE OFFERT POUR NOUS SUR LA CROIX;

si, comme l’aveugle de Jéricho, vous criez de toutes les puissances de votre âme Seigneur, Fils de David, ayez pitié de moi! (Marc X, 48) et pour tout dire en un mot, si vous ouvrez votre cœur au Dieu qui vous appelle et vous attend pour vous faire grâce. (Esaïe. XXX, 18)


Ouvrez-lui ce cœur, jeune catéchumène, vous à qui sa voix se fait entendre avec plus de charme et de puissance!

Ouvrez-lui ce cœur que les passions n'ont pas encore dépravé, que le monde n’a pas encore flétri. C’est à vous qu’il appartient de goûter dans sa plénitude le bonheur que j’ai dépeint.

Ah! sans doute, il y a pour celui qui se rend aux premières invitations de son Dieu, qui se donne à lui dans sa première saison, dès les premières heures du jour, il y a un sentiment de sa protection, de sa grâce, de son amour, qui s’imprime profondément dans l’âme, qui console dans toutes les peines et embellit toute la vie.


Ouvrez aussi votre âme au Seigneur, vous, pécheur, qui jusqu’ici avez fermé l’oreille à sa voix, mais qui dans cet instant sentez votre conscience travaillée et chargée! C’est lui qui excite en vous ce mouvement salutaire Prenez courage; levez-vous, il vous appelle. (Marc X, 49) C’est un Dieu clément qui ne refuse point son salaire même à l’ouvrier qui vient à la dernière heure. Revenez: Il y aura de la joie au ciel comme sur la terre, parmi les anges de Dieu comme parmi les hommes. (Luc XV, 10)

Vous serez reçu avec ces tendres mouvements que fit éclater le père de la parabole au retour du fils prodigue. Il est aussi pour vous une félicité qui vous est propre, c’est de comparer le passé au présent; c’est d’admirer les miséricordes et l’amour de votre Dieu, et:


de l'aimer beaucoup

parce qu’il vous a beaucoup pardonné

(Luc VII, 47)


Et vous qui avez souvent entendu la voix de Dieu, et qui formant toujours le projet de vous rendre aux invitations de sa grâce ne l’avez pas encore exécuté, sortez, sortez enfin de cet état de fluctuation et de langueur.

Si vous tardez encore, vous tarderez toujours; vous tarderez jusqu’à ce que la mort vous surprenne. Et qu’avez-vous de plus que le pécheur endurci, que d’avoir abusé de plus de faveurs?

Ah! ne laisse point échapper CE TEMPS FAVORABLE. Ne laisse point passer en vain cette heure de SALUT.


Ô mon Sauveur! viens toi-même prendre possession de ce cœur que nous ne savons pas te donner! Forces-en l’entrée! Que cette faiblesse qui nous retient engagés dans les voies du péché excite tes compassions au lieu d’allumer ta colère!

Oh! oui, sois touché de nos misères, de notre impuissance, du besoin que nous avons de ton secours!

Viens, viens régner dans nos cœurs, et bannis-en pour toujours tout ce qui s’oppose à ton empire!

Ainsi soit-il.



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