Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

DISCOURS FAMILIERS

D'UN PASTEUR DE CAMPAGNE

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LES APPELS DE DIEU.

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Voici, je me tiens à la porte et je frappe: si quelqu'un entend ma voix et m’ouvre, j’entrerai chez, lui; je mangerai avec lui, et lui avec moi. (Apoc. III, 20.)

Quel langage, mes Frères! Est-ce un Dieu qui parle? Est-ce à l’homme qu’il s’adresse? Je me tiens à la porte!

N’est-ce pas le discours d’un humble suppliant qui vient solliciter des grâces, plutôt que celui du Maître Souverain de l’univers, Auteur de toute grâce, et qui fait à l’homme une faveur inappréciable en daignant s’approcher de lui?

Ces paroles d’ailleurs ne sont-elles pas en contradiction avec la nature de l’Être infini que nos yeux ne sauraient voir et nos demeures renfermer?

Si les païens pensèrent que leurs dieux étaient venus quelquefois loger sous le toit des mortels, ces divinités dégradées par de honteuses faiblesses, bornées dans leur pouvoir, et presque semblables aux êtres de chair et de sang, n’avaient rien de la grandeur du Dieu de l’Évangile. Quel est donc le sens de ce passage?

Ô mes chers Frères! c’est une figure également vive et belle, qui peint l’aveuglement, la misère de l’homme et la charité immense du Seigneur.


LE PÉCHÉ NOUS SÉPARE DE DIEU.


En donnant nos affections aux créatures, nous nous éloignons du Créateur; Dieu sort de notre cœur: ce n’est plus alors son Esprit qui nous anime, c’est l’esprit du monde et des passions. Hélas! que deviendrions-nous si ce Grand Être, ce Dieu Fort qui n’a pas besoin de nos hommages, et à qui l'homme mortel ne saurait apporter aucun profit, (Job XXII, 2) s’il nous abandonnait à notre égarement?

Mais sa miséricorde n'est pas moins incompréhensible que sa grandeur.

Ce Dieu négligé, offensé, daigne rechercher les ingrats qui le fuient. C’est lui qui fait les avances de la réconciliation avec ses misérables créatures. Il disait à Israël: Enfants rebelles, convertissez-vous et je remédierai à vos rébellions. (Jér. III, 22) Il était en Christ, réconciliant le monde avec soi-même, (2 Corinth. V, 19) et C’EST CHRIST, C’EST LE SAUVEUR, QUI NOUS PARLE EN SON NOM; c’est le Fils unique de Dieu qui nous dit aujourd’hui:

Voici, je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et m’ouvre, j’entrerai chez lui; je mangerai avec lui et lui avec moi.

Méditons ces vérités augustes et touchantes.

Dieu veuille qu’elles réveillent en nous tout ce qu’il y a de reconnaissance et de sensibilité!

Dieu veuille qu’elles nous préparent à faire une bonne et sainte communion! Ainsi soit-il.


Je me tiens à la porte et je frappe. Cette partie du texte, la seule dont je m’occuperai dans ce discours, me paraît renfermer deux idées;

1° Dieu rappelle l'homme,

2° il l’attend.

Deux traits de son amour, deux grâces signalées dont il faut craindre d’abuser.


I.


Dieu rappelle l’homme coupable; il frappe à la porte de son cœur. Et combien de voix diverses n’emprunte-t-il pas pour se faire entendre!

La nature, les événements dont il nous rend témoins, la conscience, l’Évangile, son culte, ses sacrements, son Esprit, voilà tout autant de moyens qu’il met en œuvre pour nous rappeler à lui.


1° Dieu nous parle par la nature.

En effet, Chrétiens, le grand spectacle de la création élève naturellement nos cœurs et nos pensées à l’Auteur de toutes choses. C’est là un moyen d’instruction et de salut que saint Paul juge les païens inexcusables de n’avoir pas mis à profit. (Rom. I, 20.) Les cieux, suivant l’expression du Psalmiste, les cieux racontent la gloire de Dieu.... Il n’est point en eux de parole et cependant leur voix se fait entendre. (Ps. XIX, 1, 4)

Et comment porter nos regards vers ce firmament d’azur semé de feux étincelants sans éprouver un sentiment d’admiration et d’amour pour Celui qui le forma, sans avoir besoin de le glorifier et de lui rendre grâces, (Rom. I, 21) sans aspirer à ce royaume de gloire placé au-dessus de nos têtes qu’il anime de sa présence?

Le soleil resplendissant de lumière, le soleil «père de la vie», ne nous prêche-t-il pas ce Dieu dont il est le plus bel emblème, ce Dieu soleil de notre âme, sans lequel elle ne fait que languir et ne peut rien produire, ce Sauveur que l’Écriture appelle l’orient d’en haut, (Luc I, 78), le soleil de justice qui porte la santé dans ses rayons. (Mal. IV, 2)

Les fleurs dans leur douce parure, les insectes dans leur bourdonnement confus, les oiseaux dans leurs concerts, célèbrent sa bonté. Toutes les créatures, quand nous savons les ouïr, nous parlent de Celui qui les a faites: elles nous disent qu’il est la source de toute grâce, de toute beauté, de toute impression délicieuse. Le calme touchant de la nature nous invite à sortir de l’atmosphère agitée des passions, pour nous élever au Créateur et nous reposer dans son sein.


2° Il nous parle encore dans la société, ce Dieu tout bon.

Il nous parle par les dispensations de sa providence, toutes destinées à notre salut. Ouvre ses yeux, ô Éternel! disait un prophète, afin qu’il voie ce que tu fais en notre faveur. (2 Rois VI, 17) Les yeux du serviteur d’Élisée furent ouverts, et il vit les armées célestes rangées autour d’eux pour les défendre.

Si je pouvais lever le voile qui couvre les vôtres, mes chers Frères, ils seraient frappés d’un plus grand spectacle. Vous verriez le Moteur Suprême de l’univers, CELUI QUI TIENT DANS SA MAIN tous les ressorts des événements, les diriger tous à nous instruire.

Il n’en est aucun, si nous voulons l’envisager sous son vrai jour, qui ne nous donne une leçon salutaire, qui ne nous rappelle quelque imposante déclaration de la parole de Dieu. Ici c’est le malheur d’un peuple coupable.

L’éternel règne, semble-t-il nous dire. Il punit jusqu’à la troisième et quatrième génération de ceux qui le haïssent. Jérusalem, reçois instruction. Si vous ne vous convertissez, vous périrez tous aussi bien qu’eux. (Ps. XCVII, 1; Exode XX, 5; Jér. VI, 8; Luc XIII, 3)

C’est le trouble de l’impie au milieu de ses apparentes prospérités. Point de paix pour le méchant, a dit l'Éternel. (Ésaïe XLVIII, 22)

C’est la délivrance de l’homme de bien, ou les consolations célestes qu’il goûte dans l’adversité. Les yeux de l’Éternel sont sur les justes et ses oreilles sont attentives à leur cri. (Ps. XXXIV, 15/16)

Lorsque la Providence paraît tarder ou se dérober à nos regards, c’est alors que de son silence même sort cette voix énergique: Dieu a arrêté un jour auquel il jugera le monde selon la justice. (Actes XVII, 31)

Une mort imprévue transporte tout à coup un de nos frères devant le tribunal suprême. Prenez donc garde que vos cœurs ne s'appesantissent.... et que ce jour ne vous surprenne. (Luc XXI, 34)

Les saisons fertiles nous crient: l'Éternel ouvre sa main et toutes ses créatures sont rassasiées. (Ps. CIV, 28)

Un revers de fortune: Ne vous amassez point des trésors sur la terre, où les vers et la rouille consument, où les voleurs percent et dérobent. (Matth. VI, 19)

La perte plus cruelle des objets qui nous sont chers, nous donne cet avertissement solennel: Ne vous appuyez point sur un roseau qui se brise et qui perce la main de l’homme imprudent, mais confiez-vous en l’Éternel qui est le rocher des siècles. (Ésaïe XXXVI, 6; XXVI, 4)


3° Indépendamment de ce langage indirect, de ces voix générales, Dieu nous en adresse une autre plus particulière. Il nous parle de plus près par la conscience.

Oui, mes Frères; c’est de sa part que la conscience nous montre la route, qu’elle nous presse de la suivre, qu'elle nous approuve ou nous condamne, qu'elle fait sentir son aiguillon si nous osons lui résister, et prononce notre sentence quand nous avons mérité le châtiment.

Le flambeau qu’elle nous présente est une émanation de la lumière éternelle. Dans sa miséricorde infinie, Dieu n’a pas voulu abandonner la victoire à nos penchants corrompus. Il s'est ménagé, si je puis ainsi parler, un parti, un représentant, un réclamant, au dedans de nous. Oui, pécheur; il a placé dans la partie la plus intime de toi-même, un censeur invisible.

CE CENSEUR QUE TU NE PEUX FUIR, te suit jusque dans tes désordres, jusqu’au fond de l’abîme: il crie; il tonne au milieu même des excès où tu te plonges; il empoisonne pour toi les joies coupables du crime quand il n’a pu les prévenir,

Avouons-le cependant: si l’homme ne peut étouffer la voix de la conscience, il peut l’affaiblir; il peut la suspendre.

Les passions, par le bruit qu’elles causent, peuvent l’empêcher d’être entendue, ou, ce qui est plus fatal encore, elles peuvent séduire cette conscience, la corrompre par leurs sophismes, lui ôter sa vie et son intégrité.


4° Aussi Dieu ne s’en tient pas là. Il nous parle encore par la révélation.

Déposée dans nos Saints Livres, cette parole de Dieu ne saurait être effacée ni obscurcie.

Elle est toujours là, brillante d’un éclat divin.

Elle ne cesse point de nous avertir de notre corruption naturelle, des misères de notre âme, et de nous adresser à Celui qui peut nous en tirer.

Elle ne cesse point de nous annoncer la bonne nouvelle du salut par la foi en Jésus-Christ.

Elle ne cesse point de nous prêcher l’amendement et de nous dire que Dieu pardonne afin qu’il soit craint, (Ps. CXXX, 4) qu’il parle de paix à son peuple, à ses bien-aimés, afin qu’ils ne retournent plus à leurs folies. (Ps LXXXV, 8/9) Et quels accents divers, tour à tour graves et tendres, consolants ou terribles, elle nous fait ouïr!

Elle en appelle tantôt à nos facultés les plus nobles, à nos sentiments les plus généreux, tantôt à nos instincts les plus naturels, à tout ce qui peut exciter en nous le désir, l’espérance ou la crainte. Préceptes sublimes, doctrines sanctifiantes, douces invitations, exemples frappants, promesses magnifiques, menaces formidables, NOUS Y TROUVONS TOUT ce qui peut convaincre la raison, remuer l’âme, subjuguer et captiver le cœur.

Ah! sans doute, pour ceux qui l’étudient avec humilité, qui se soumettent à sa céleste influence avec la simplicité d’un enfant, l’Évangile est une lampe qui dirige leurs pas, qui éclaire leurs sentiers (Ps. CXIX, 105) qui leur fait découvrir sans peine la voie qui seule conduit à Dieu.

Pleins de confiance en ses promesses, ils s’approchent du trône de grâce; ils prient au nom de Jésus; et, avec le pardon, ils obtiennent la force, la paix, la joie: ils obtiennent la foi et la repentance pour avoir la vie. (Actes XI, 18)

Mais comme le coupable peut fermer l’oreille aux vérités les plus salutaires et les plus saintes; comme il aime mieux les ténèbres que la lumière, parce que ses œuvres sont mauvaises (Jean III, 19) il était à craindre qu’on ne vît les hommes entraînés par leurs penchants déréglés, négliger le salut qui leur est offert, oublier même cette loi qu’ils méconnaissent ou qu’ils craignent de consulter. 


5° Aussi Jésus a chargé ses ministres de la rappeler aux membres de son Église, de l’enseigner de bonne heure aux enfants, de l’expliquer aux hommes faits, de l’appliquer à leurs situations diverses, à tous les détails de leur vie, de la mettre sans cesse devant leurs yeux, comme une glace dans laquelle ils doivent se considérer, se juger.

Il a voulu que cette parole fût en quelque sorte toujours animée et vivante dans notre bouche.

Pensez-y donc, mes chers Frères; quelque peu dignes que nous soyons d’un ministère si auguste, DÈS QUE NOUS RÉPÉTONS SES PRÉCEPTES, ce n’est plus l’homme, ce n’est plus un homme faible et pécheur que vous devez voir en nous, c’est L’ENVOYÉ DU TRÈS-HAUT. Nous faisons les fonctions d'ambassadeurs de Christ; c'est comme si Dieu exhortait par nous. (2 Corinth. V, 20) Ainsi a dit l’Éternel; tel est notre langage du haut de ces chaires. Voilà nos droits; voilà notre titre pour parler avec autorité.

Qu’elle est salutaire, qu’elle est belle, mes Frères, cette institution du culte, de la prédication évangélique, qui nous autorise à vous répéter ces touchants appels du Sauveur des hommes: Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous soulagerai. Que celui qui a soif vienne, et que celui qui voudra de l'eau vive en prenne gratuitement; (Matth. XI, 28. Apoc. XXII, 17) qui nous autorise aussi:

à montrer le pécheur au pécheur lui-même;

à le forcer de se voir sous ses véritables traits;

à lui dire, tandis qu’autour de lui tout se tait, tout respecte ses illusions,

à lui dire: Tu es cet homme-là , (2 Sam. XII, 7) sans qu’il ait droit de se plaindre; sans qu’il puisse même nous soupçonner avec justice de vouloir nous élever au-dessus de lui, car nous nous humilions les premiers devant le Saint des saints dont la voix résonne dans ces temples; nous nous appliquons les premiers la règle éternelle qu’il nous commande de présenter à nos frères!


6° Et que dirais-je de ces fêtes religieuses où le Seigneur nous adresse des sommations plus pressantes, de ces sacrements où, par des signes aussi simples que frappants?

Il nous rappelle à la fois son amour, sa sainteté, sa justice, ses gratuités passées, présentes et futures, tout ce qu’il y a de plus inouï dans ses bienfaits, de plus grand dans ses promesses, de plus redoutable dans ses jugements!

Il me semble voir un père qui, dans certaines époques plus propres à faire impression, rappelle à lui des enfants coupables ou négligeants, mais toujours chers, leur parle avec une force imposante, étonne et remue leur âme en déployant devant eux toufte la majesté de l’autorité paternelle, toute l’énergie de son indignation ou tous les trésors de sa tendresse.... Mais que toutes ces comparaisons empruntées de la terre sont faibles pour peindre de pareils objets!

Quelque touchants que soient ces divers langages, la froideur, la légèreté du cœur de l’homme, sa corruption naturelle, les rendraient insuffisants, si le Dieu même qui nous les adresse n’en favorisait l’impression par le secours de sa grâce, mais:


7° Il nous parle enfin par son Esprit: il frappe lui-même à la porte de nos cœurs.

Cet Esprit Saint cache son action d'ordinaire sous celle des causes secondes, et ne la laisse point discerner clairement.

Il veut que nous respections le voile dont il s’enveloppe, car, hélas! de quoi n’abusent pas les hommes?

Il veut que nous ne nous permettions jamais de dire avec témérité: Il est ici ou il est là. Mais l’Écriture nous enseigne que c’est lui qui donne de vouloir et d’exécuter, (Philip. II, 13) qui ouvre le cœur à la parole céleste; (Luc XXIV, 45) qui nous fait naître de nouveau pour que nous puissions entrer dans le royaume des cieux; (Jean III, 3-5) en un mot que C’EST LUI QUI PRODUIT EN NOUS TOUS LES MOUVEMENTS SALUTAIRES, et que sans lui, comme on l’a dit, l’homme déchu ne peut ni connaître la voie du salut, ni même désirer d’y marcher.

Et qui pourrait dire en combien d’occasions, de combien de manières le Saint-Esprit dispose notre âme à revenir à Dieu!

Tantôt c'est un dégoût des plaisirs frivoles ou criminels qui nous rappelle au bonheur que procurent l’ordre et la vertu: c’est je ne sais quel attrait, quel charme, sous lequel s’offre à nous l’image d’une vie paisible et véritablement chrétienne.

Tantôt c’est un vide, un abattement, qui nous fait sentir que rien d’humain ne peut nous contenter, qu'il n’y a pour l’homme de paix et de bonheur qu’en revenant, qu’en se réunissant à l’Éternel, au Dieu bienheureux. (1 Tim. VI, 15)

C’est une réflexion qui nous fut souvent présentée, mais qui nous frappe tout à coup comme une vive lumière.

C’est une émotion extraordinaire dont nous nous sentons saisis en écoutant un discours de piété, une prière qui résonna mille fois à nos oreilles et toujours en vain.

C’est un sentiment de nos fautes plus profond et plus poignant.

C’est une conviction plus entière de notre état de condamnation, et de l’impossibilité où nous sommes de nous relever par nous-mêmes, qui nous fait regarder enfin à l’Auteur du salut, au Prince de la vie, qui nous fait tomber au pied de sa croix.

C’est un mouvement plus tendre de piété, de reconnaissance, qui nous fait répandre en abondance des larmes de repentir et d’amour....

Mais que fais-je? Ô mon Dieu, Père des esprits! compterais-je ici tes grâces? Dirai-je combien de fois tu daignes parler à notre cœur? Le pourrais-je? Ô que les âmes qui sont à toi, Seigneur, trouvent de consolation à méditer, sans pouvoir jamais les approfondir, CES MERVEILLES SECRÈTES DE TA PUISSANCE ET DE TES MISÉRICORDES!


II.


Je n’ajouterai qu’un mot, mais un mot qui me semble bien propre à vous faire adorer la bonté divine, c’est qu’elle emploie, sans se lasser, ces moyens divers que je viens de développer, qu’elle les emploie tour à tour et souvent tous à la fois; c’est que, pendant un long espace de temps, elle en attend le succès. Deuxième considération que présente notre texte, mais que je ne puis qu’indiquer.

Sans doute, mes Frères, nous avons besoin que Dieu nous prévienne et frappe à la porte de notre cœur. Eh! que deviendrions-nous s’il se contentait de nous donner du temps pour revenir à lui? Hélas! nous ne reviendrions jamais.

Semblables à cet arbre qui fût toujours demeuré stérile, si le vigneron ne l’eût cultivé avec un nouveau soin:


Nous ne porterions point les fruits de la repentance,

Si la grâce de Dieu ne nous prévenait, n’agissait sur notre âme.


Il en est du pécheur pénitent comme de l’infidèle qui sort de ses ténèbres et qui parvient à connaître Dieu.

C’EST DIEU QUI LE PREMIER LES A AIMÉS L’UN ET L’AUTRE.

L’un ne cherche Dieu que parce que Dieu l’a cherché.

L’autre ne revient à Dieu que parce que Dieu l’a rappelé.

Lorsque, comme l’enfant prodigue, il commence à tenir le langage de la pénitence, lorsqu’il dit: Je me lèverai, j’irai à mon père, (Luc XV, 18) cela même n’est que l’expression du cœur nouveau que la grâce lui a donné.

Mais je vais plus loin, et je dis:

Que deviendrions-nous si le Seigneur se retirait d’abord après avoir inutilement frappé?

Ah! qu’ils sont rares ces cœurs qui cèdent toujours à la première impression de la grâce!

Qu’ils sont rares les David qui répondent à la voix du Prophète en avouant leur péché et en le pleurant; les saint Pierre qu’un coup d’œil, qu'un regard du Dieu-Sauveur fait fondre en larmes!

D’ordinaire, aux invitations les plus tendres, le pécheur ne répond que par une résistance plus ou moins opiniâtre.

Que deviendrait-il si Dieu l’abandonnait à ses propres fureurs?

Ne le craignez point, mes Frères: IL USE DE PATIENCE, dit l’Écriture, ne voulant point qu’aucun périsse, mais que tous se convertissent. (2 Pierre III, 9)

Oui, ô mon Dieu! c’est peu de prévenir les coupables mortels, TU LES ATTENDS. Tu attends l’homme enfant de la poussière, l’homme ingrat qui t’oublie ou te résiste!

Sentez-vous, Chrétiens, de quel prix est cette patience adorable du Très-Haut?

Il daigne attendre le pécheur et continue à le rappeler!

Il pouvait l’écraser de sa foudre;

il pouvait, du milieu de ses désordres, le transporter tout à coup devant son tribunal, mais..., il l’attend!

Misérables vers de terre que nous sommes! Nous croyons notre honneur intéressé à ne pas différer de punir. Après avoir usé de quelque délai, d’un peu de patience envers ceux de qui nous croyons avoir à nous plaindre; après avoir fait quelques avances pour les ramener à nous, nous penserions nous dégrader en les supportant davantage; nous nous élevons, nous nous armons contre eux, et si nous ne nous vengeons pas, c’est à notre impuissance, à des ménagements forcés, imposés à notre faiblesse, qu’il faut s’en prendre.

Mais le Dieu Souverain, le Dieu Tout Puissant attend l’homme; il le laisse encore en liberté de l’offenser; il s’expose encore à de nouveaux outrages! Et non seulement il diffère le dernier châtiment, mais il permet que le coupable jouisse ici-bas de ses bienfaits, vive à l'ombre de sa protection. Toutes les créatures devraient s’armer contre un rebelle, et le soleil continue à l’éclairer, la terre à lui offrir ses richesses, les animaux à reconnaître son empire.... et:


DIEU SE TIENT ENCORE À LA PORTE;

IL FRAPPE,

ET IL ATTEND QU’ON LUI OUVRE!


Maintenant, Chrétiens, je vous demande quelle impression ces réflexions ont faite sur votre âme. Avez-vous pu vous défendre d’un vif sentiment d’admiration et d’amour?

Un des plus beaux sujets qui puissent occuper nos pensées, c’est la bonté paternelle avec laquelle la Providence dirige le monde visible et l’ordre admirable qu’elle y fait régner. Cette Providence qui donne aux plantes leur accroissement et nourrit tous les êtres, nous offre un vaste champ de méditation: l’âme s’y plonge avec ravissement; le génie le plus élevé, le plus sublime, est celui qui sait le mieux en jouir.

Un seul des phénomènes qu’elle présente, suffit pour absorber l’attention du savant et remplir sa vie.

Mais que sont-ils encore, mes Frères, que sont-ils ces soins terrestres de notre Dieu pour les créatures inanimées et les êtres privés d’intelligence, EN COMPARAISON DE CE QU’IL FAIT POUR NOTRE ÂME?

Avec quels soins plus vigilants et plus tendres il s’occupe d’elle! Et quelle analogie j’aperçois ici entre le monde moral et le monde physique! Il agit dans le premier comme dans le second.

C’est sa vertu secrète qui développe les semences qu’il a mises en nous: c’est son amour qui nous fait porter d’heureux fruits. Il fait servir les jours, de crise, les orages, les secousses, les vents brûlants de l’adversité, à féconder, à purifier notre obéissance...

Ô Dieu! mon âme s’étonne; elle est accablée sous le poids de tes bienfaits. Ainsi donc toujours une tendre sollicitude t'anime pour notre salut. Ah! si tu nous ordonnais de le croire, nous n’oserions l’imaginer.

Mais parmi ces mouvements d’admiration, quelle pensée vient me confondre!

Quelle honte vient me saisir!

Quoi! Seigneur, après tant d’invitations, il est encore des hommes, il en est beaucoup qui s’y refusent, qui n’écoutent pas ta voix!


TU TE TIENS À LA PORTE;

TU FRAPPES DEPUIS SI LONGTEMPS,

ET ILS N’OUVRENT POINT!


Hélas! doit se dire ici chaque membre de l’Église, chacun de nous, mes Frères, hélas! moi-même ne suis-je point du nombre de ces hommes ingrats, insensés?

Et si ces grâces prévenantes, ces grâces accumulées, ne fondent pas aujourd’hui la glace de mon cœur, ne seront-elles pas sur ma tête autant de charbons ardents qui me consumeront un jour?

Mes Frères, nous sommes trop accoutumés à ces bontés, à cette patience de notre Dieu: nous sommes accoutumés à le voir faire avec nous toutes les avances, tous les frais, si je puis ainsi parler, et à ne rien faire de notre côté.


Nous oublions ce qu’il est et ce que nous sommes.

Mais ne nous y trompons pas; sans parler de ces châtiments par lesquels Dieu punit quelquefois dès ici-bas l'ingratitude qui ferme notre oreille à sa voix, de ces châtiments qu’il dénonçait dans ces paroles effrayantes:

J’ai appelé et vous avez refusé de répondre: je vous ai tendu la main et personne n’y a pris garde: vous n’avez tenu aucun compte de mes conseils et vous avez dédaigné mes remontrances.

Aussi je vous laisserai en proie à la terreur, lorsque les malheurs fondront sur vous comme un orage, lorsque votre ruine s’approchera comme une tempête, lorsque l’affliction et l’angoisse vous accableront. (Prov. I, 24-27)

Sans parler de ces châtiments qui pourraient éveiller le repentir, et qui seraient encore une grâce, il est, il est un jugement bien plus terrible que Dieu exerce souvent dès ici-bas. Après avoir longtemps frappé, attendu, il se retire enfin:


OUI, L’ESPRIT DE DIEU SE RETIRE QUAND IL A ÉTÉ LONGTEMPS CONTRISTÉ.


Alors tout semble encore tranquille autour du pécheur; tout semble demeurer dans le même état, et cependant tout est changé.

Toutes les voix par lesquelles Dieu s’adressait à lui, ne disent plus rien à son cœur; il a perdu la faculté de les entendre. Vainement voudrait-il s’occuper de Dieu et réveiller en lui-même quelque désir de vertu: Il n'y prend plus de plaisir. (Eccl. XII, 1/3)

Mais que dis je? Il ne saurait même le vouloir: l’âme est fermée à toute pensée de salut:

plus de résolution vertueuse,

plus de lumière,

plus de regrets,

plus de remords: Toutes les choses qui appartiennent à sa paix, sont cachées à ses yeux, parce qu’il n'a pas connu le temps où Dieu l'a visité. (Luc XIX, 41/42-44)

Mes Frères, concevez-vous le malheur de cette impuissance morale, de cette mort spirituelle où le pécheur peut tomber, dans laquelle il peut être surpris à l’avènement du Seigneur, lorsqu’il faudra comparaître devant son tribunal, et rencontrer un Juge qui sera D’AUTANT PLUS SÉVÈRE QUE NOUS AURONS ÉTÉ PLUS FAVORISÉS?

Ah! sans doute, il n’est point d’homme assez furieux pour vouloir se perdre: on ne néglige le salut que parce qu’en secret on se flatte qu’il sera toujours temps d’y travailler, toujours temps de revenir à Dieu.

Hélas! on oublie que, par un châtiment épouvantable:


l’homme qui laisse endurcir son cœur peut vivre encore,

et cependant n’avoir plus de temps pour la conversion;


Il peut lui rester encore des jours, mais que ce ne sont plus des jours de salut; (2 Corinth. VI, 2)

qu’il peut passer dans l’éternité sans que rien ne se manifeste au dedans de lui, comme la pierre que son propre poids entraîne dans l’abîme.

Ô mon Dieu! que cette horrible situation ne soit jamais la nôtre!

Ô mon Dieu! que nous sachions enfin entendre ta voix!


Mes Frères, mes chers Frères, n’oubliez jamais qu’il peut venir un jour où il ne sera plus temps.

N’oubliez jamais que c’est peut-être la dernière fois que Dieu nous appelle. Aujourd’hui que vous l’entendez cette voix bienfaisante, n’endurcissez point vos cœurs. (Hébr. III, 15)

Ô mon Sauveur! c’est dans le sacrement auguste auquel nous allons participer que se vérifie surtout cette parole: Je me tiens à la porte et je frappe.

C’est ici que tu sembles nous dire:

Pauvre pécheur, vois ce qu’il m’en a coûté pour sauver ton âme.

Comment échapperais-tu si tu négligeais un si grand salut? (Hébr. II, 3)

Ne veux-tu pas enfin que je te guérisse?

Viens à moi avec le sentiment de tes besoins et le désir de ma grâce.

Ce pain et ce vin, premiers aliments de l’homme, symboles de mon corps et de mon sang, représentent aussi la nourriture, les forces, la vie que je veux rendre à ton âme.

Ah! Seigneur, que ces âmes pour lesquelles tu as fait de si grandes choses, que tu daignes encore rechercher, s’ouvrent enfin pour toi; qu’elles s’ouvrent au sentiment de ton amour!

Ô Jésus! Ô Dieu-Sauveur! que ces chrétiens rachetés au prix de ton sang, viennent à l’autel s’unir à toi dans la sincérité de leur cœur, et qu’ils te soient à jamais fidèles!

Amen. Amen.



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