Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

DISCOURS FAMILIERS

D'UN PASTEUR DE CAMPAGNE

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LE CHRÉTIEN RESSUSCITÉ AVEC SON SAUVEUR.

(Pour le jour de Pâques 1802)

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Si vous êtes ressuscités avec Christ, cherchez les choses du ciel. (Coloss. III, 1.)

Il me semble, mes chers Frères, que je lis sur vos visages la joie et l'émotion dont vous êtes pénétrés. Il a retenti au fond de vos cœurs le son de l’airain Sacré qui vous appelait dans ces parvis. Vous êtes accourus avec empressement, en louant et bénissant le Seigneur. Vous avez rempli le sanctuaire; vous avez dit, comme le Roi-Prophète:


C'est ici la journée que l'Éternel a faite, réjouissons-nous en elle.

(Ps. CXVIII, 24.)


Qu’elle est mémorable en effet, l’époque où nous nous rencontrons! Quel spectacle que celui qui nous est offert! Au sortir de ces jours d’horreur et de ténèbres, de ce déluge d’immoralité qui nous glaçait de crainte, nous voyons les autels de notre Dieu se relever, les peuples fléchir le genou devant son Oint, les chefs des nations rendre hommage à la loi de Jésus, reconnaître sa liaison intime avec le bonheur et l’existence des sociétés, proclamer nos jours de fête, rendre à l’Église sa liberté, ses principes, et au culte ses formes antiques et sa solennité.

Ah! sans doute, il est beau, il est doux pour des chrétiens d’assister au triomphe de la religion du Christ, d’être témoins de l’accomplissement de cette prophétie: Les portes de l'enfer ne prévaudront point contre elle. (Matt. XVI, 18.)

Il est beau, il est doux de voir le jour du Seigneur se relever, de voir tomber devant lui ce jour rival qu’un génie ennemi avait inventé pour le détruire.

Il est beau, il est doux de recevoir du Ciel ces grâces précieuses à l’époque même de nos solennités les plus saintes, et de célébrer le rétablissement de la religion le jour même où nous célébrons la résurrection de Jésus.


Mais, vous le sentez, Chrétiens; pour entrer dans la joie de l’Église, IL FAUT LUI APPARTENIR.

Il ne sied qu’à ses enfants, à ceux qui n’ont point aggravé ses douleurs, de se réjouir de sa restauration. Il ne convient de célébrer les triomphes du Seigneur qu’à ceux qui vivent sous son empire.

Il n’appartient de bénir Dieu de ce que nos jours saints ne seront plus impunément profanés qu’à ceux qui les ont toujours respectés ou qui veulent les respecter désormais; autrement notre joie ne serait qu’inconséquence, esprit de parti, hypocrisie ou superstition.

Ainsi, mes Frères, pour rendre notre culte agréable à Dieu, il faut célébrer cette journée par un redoublement de zèle et de ferveur pour son service. Voilà l’engagement que nous devons prendre dans ce jour solennel, où les actions de grâces, l’encens, les vœux, les larmes d’un grand peuple qui revient à Lui, s’élèvent à son trône.

De même pour célébrer dignement la Pâque, il ne suffit pas d’une joie vaine, de quelques apparences extérieures de dévotion; il faut revêtir les sentiments des premiers chrétiens. Il faut célébrer à la fois en cet heureux jour, et la fête de la résurrection de Jésus-Christ, et la fête de notre propre résurrection.

Or l’Apôtre nous indique un moyen infaillible de nous éclairer à cet égard: Si vous êtes ressuscités avec Christ, cherchez les choses du ciel.

Sondons notre cœur d’après cette règle, dans ce moment auguste où nous allons nous approcher de la table sacrée pour y recevoir la vie ou la mort; dans ce moment où il nous importe si fort de nous connaître nous-mêmes. Et veuille l’Esprit Saint dont nous implorons le secours déployer en nous son efficace, nous donner les dispositions nécessaires pour nous unir au Seigneur!

Ainsi soit-il.


I.


Le fidèle est ressuscité avec Jésus-Christ.

Tel est le principe d’où part l’Apôtre pour nous exhorter à chercher les choses du ciel. Mais que signifie cet étonnant langage?

Comment le disciple de Jésus est-il ressuscité avec son Maître?

Il l'est, mes Frères,

1° par l’amour, la sympathie qui l’unit à son Sauveur;

2° par l’espérance vive et certaine de ressusciter un jour comme lui;

3° par le changement surnaturel qui s’opère en son âme dès ici-bas.


Je dis:

1° par l’amour et la sympathie.

Rien n’est plus vrai. Le caractère distinctif, le propre d’un sentiment vif et dominant, est de nous identifier avec l’objet que nous aimons. Notre cœur, nos pensées se tournent VERS LUI, comme l’aimant se dirige vers le pôle; nous partageons tout ce qu’il éprouve, comme si nous l’éprouvions; notre âme revêt, même sans s’en apercevoir, une disposition semblable à la sienne. Ce n'est plus moi qui vis, s’écriait saint Paul, c’est Christ qui vit en moi. (Gal. II, 20)

Belle, énergique expression, qui peint d’une manière vive et frappante ce que sentait ce grand Apôtre, et ce qui se passe encore dans l’âme du fidèle! En lisant l’histoire du Rédempteur des hommes:

il s’unit à lui dans les diverses circonstances de sa vie;

Il s'indigne avec lui contre le pharisien superbe;

il pleure avec lui sur Jérusalem;

il prie avec lui sur le Tabor;

il souffre avec lui en Gethsémané;

il meurt avec lui sur le Calvaire;

il ressuscite avec lui;

il s’élève avec lui jusqu’aux demeures célestes.

Mais, quelque réels que soient ces effets de l’amour et de la sympathie qui attachent le fidèle à son Maître adorable, hélas! je crains de parler un langage étranger.

Qu’il est peu de cœurs assez nobles, assez vraiment sensibles, pour éprouver ou même pour concevoir ce que je viens de dire! Aussi j’ajoute, qu’outre cette manière de ressusciter avec Jésus, il en est une autre plus directe et plus sensible, parce qu’elle est prise du sentiment le plus actif de l'homme, l’intérêt personnel.


2° Oui, le chrétien a un intérêt personnel, et de la plus haute importance, dans la résurrection du Sauveur, un intérêt égal à celui de Jésus lui-même, puisqu’il voit dans cette résurrection le gage de toutes les grâces qui lui sont promises, la certitude de ses espérances, et comme une jouissance anticipée.

Quelle est cette étonnante histoire de l’incarnation du Fils de Dieu?

Pourquoi Celui que tous les anges adorent (Héb. I, 6) revêt-il une chair mortelle?

Pourquoi répand-il son sang?

Pourquoi, brisant les liens de la mort, s’élève-t-il dans les cieux?

Quel est le but de tant de merveilles?

Est-ce de donner à l’univers un spectacle inouï?

Non, mes Frères; C’EST POUR GLORIFIER DIEU, pour rétablir son règne sur la terre et sauver ce qui était perdu. (Luc XIX, 10)

Jésus a pris notre nature pour vivre et converser avec les enfants d’Adam; pour les instruire et marcher à leur tête dans la route qu’ils doivent suivre.


Il a voulu nous montrer dans sa mort

la peine que nos péchés avaient méritée.


Il nous donne dans sa résurrection le gage de la propitiation, du traité de paix qu’il a fait entre le ciel et la terre, le gage du bonheur qui nous attend, le gage, la démonstration sensible, les prémices de notre propre résurrection.

Il est mort pour nos offenses, dit l’Écriture, et ressuscité pour notre justification. Comme tous meurent par Adam, tous aussi revivront par Jésus-Christ. (Rom. IV, 25; 1 Cor. XV, 20-22.)

Plein de confiance en ses promesses, se glorifiant dans l'espérance de la gloire de Dieu;(Rom. V, 2.) certain que rien ne peut le séparer de l'amour que Dieu lui a témoigné, (Rom. VIII, 39) le fidèle est déjà ressuscité, déjà assis dans les lieux célestes en Jésus-Christ. (Eph. II, 6)


3° Disons enfin qu’il est ressuscité avec son Sauveur dans un sens plus formel encore et plus précis, par le renouvellement de son esprit, par le changement entier qui s’opère en lui dès icî-bas. (Rom. XII, 2)

Ne croyez pas en effet, mes Frères, que cette félicité immense, éternelle, qui nous est acquise par la mort et la résurrection de Jésus-Christ, nous soit tellement assurée, que nous n’ayons aucune précaution à prendre contre le danger d’en être frustrés.

Non; cette immortalité, cette gloire, cette conformité parfaite avec notre divin Chef, n’est pas indifféremment promise aux méchants et aux justes, aux cœurs souillés et aux âmes purifiées, à ceux qui se préparent, qui se forment dès ici-bas à cette glorieuse destinée, et à ceux qui demeurant PLONGÉS DANS LE MAL (sous la puissance du malin) (1 Jean V, 19) ensevelis dans la corruption du péché, se mettent hors d’état de participer à un sort plus heureux.

Aussi le Sauveur, en nous ouvrant les voies à ce glorieux avenir, nous présente sa résurrection comme ce qu’il y a de plus propre à nous enflammer d’un nouveau zèle ou à faire naître en nous un VRAI désir de revenir à Dieu. Il veut aussi qu’elle soit l'image de cette nouvelle vie à laquelle il nous appelle:

Comme Christ est ressuscité par la gloire du Père, il faut que nous marchions en nouveauté de vie. (Rom. VI, 4)

C’est-à-dire que, comme Jésus-Christ est réellement passé de la mort à la vie, il faut aussi QUE NOUS PASSIONS DU PÉCHÉ À LA JUSTICE; qu’il se fasse en nous une réforme véritable, entière; que nous ne vivions plus selon la chair, mais selon l’esprit; en un mot:


Que nous ne soyons plus animés de l’esprit du monde,

mais de l’esprit de Dieu.


C’est là surtout ce que l'Apôtre voulait nous faire entendre, et c’est ce qui lui faisait dire aux fidèles de son temps:

Autrefois vous étiez morts dans vos fautes et dans vos péchés, dans lesquels vous marchiez alors, suivant les maximes de ce monde et celles du prince des puissances de l'air qui agit maintenant dans les rebelles, du nombre desquels nous avons tous été, lorsque nous vivions selon les inclinations de notre chair, nous abandonnant à ses volontés et à ses pensées, et ainsi nous étions naturellement des enfants de colère comme les autres.

Mais Dieu qui est riche en miséricorde, par le grand amour qu’il a eu pour nous lorsque nous étions morts dans nos fautes, nous a donné la vie EN Jésus-Christ, la vie de l'âme, la vie d’une âme régénérée, sanctifiée par l'Esprit pour obéir au Sauveur et pour être arrosée de son sang; et c’est ainsi qu'il nous a rendus capables d’avoir part à l'héritage des saints qui sont dans la lumière, qu'il nous a délivrés de la puissance des ténèbres, et nous a fait passer dans le royaume de son Fils bien-aimé: c’est ainsi qu’il nous a véritablement ressuscités et fait asseoir dans les cieux en Jésus-Christ. (Eph. II, 1-6; 1 Pierre I, 2; Col. I, 12-13)


II.


Maintenant, mes Frères, si tel est le caractère du vrai chrétien, si c’est ainsi qu’il est ressuscité avec Jésus-Christ, ne sentez-vous pas la force du raisonnement de l’Apôtre?


Ne sentez-vous pas que si nous sommes ressuscités avec Christ,

nous devons chercher les choses qui sont du ciel?


Oui, telle est la conséquence qu’il faut tirer du grand principe que nous venons d’établir.

Si nous sommes ressuscités, c’est-à-dire:

si nous sommes justifiés, réconciliés avec notre Juge;

si nous sommes absous de la condamnation, remis en possession des privilèges que nous avions perdus;

si nous croyons cette résurrection du Sauveur qui nous assure tous ces biens;

si nous la croyons, je ne dis pas de cette foi languissante, inanimée, par laquelle l’esprit reçoit avec indifférence des vérités dont il ne s’occupe pas, car, mes Frères, L’INDIFFÉRENCE EST L’INCRÉDULITÉ DU CŒUR; elle rend nuls, elle anéantit par rapport à nous, les objets qui ne peuvent pas nous émouvoir, mais je dis,

si nous croyons d’une foi vive, animée, profonde, de cette foi qui est la représentation des choses qu’on espère et la démonstration de celles qu’on ne voit pas, (Héb. XI, 1) une telle persuasion n’élèvera-elle pas nos vues et nos désirs?

Ne vivrons-nous pas dès ici-bas en êtres immortels?

Ne nous efforcerons-nous pas de devenir ce que nous désirerons avec tant d’ardeur avoir été, lorsque nous aurons atteint cette grande période?

Ne frémirons-nous pas à la pensée du désespoir qui saisirait notre cœur, si, comme celles des vierges folles, nos lampes se trouvaient sans huile à l’arrivée de l’Époux?


Que l’incrédule n’espère qu’en cette vie, qu’il n’agisse que pour cette vie, je le conçois sans peine; sa conduite est en accord avec ses principes, mais:

croire une éternité auprès de laquelle cette vie n’est qu’un instant, et n’agir que pour cet instant, et NE RIEN FAIRE POUR CETTE ÉTERNITÉ;

croire un héritage céleste auprès duquel les biens de ce monde ne sont qu’un amas de boue, et ne désirer, ne rechercher que cette boue, et NÉGLIGER CET HÉRITAGE;

croire cette vie cachée en Dieu avec Jésus-Christ, (Col. III, 3) qui seule mérite le nom de vie, auprès de laquelle notre existence actuelle n’est que mort, et SE PLAIRE DANS CETTE MORT, et NE POINT TRAVAILLER POUR CETTE VIE;

croire à un Sauveur glorifié qui nous attend, qui nous appelle, qui nous montre la couronne, et FERMER L’OREILLE À SA VOIX, DÉTOURNER SES REGARDS DE CETTE COURONNE,

on sent assez qu’un tel égarement n’est pas possible, qu’une si monstrueuse inconséquence ne saurait se concilier avec une véritable foi.


Mais encore, si nous sommes ressuscités avec Jésus-Christ, c’est à dire:

si nous sommes sortis du tombeau de nos vices, arrachés à cette mort de l’âme où le péché nous retenait;

si le Saint-Esprit a fait mourir en nous le vieil homme, dont le principal caractère est d’oublier les biens invisibles, éternels, d’aimer avec passion les choses présentes quoique passagères, notre cœur, reprenant sa première direction, ne cherchera-t-il pas les choses du ciel?

Si nous sommes unis à Christ par l’amour et la sympathie, notre cœur ne se portera-t-il pas de lui-même vers le séjour heureux qu’habite Celui qui nous a aimés, qui s’est donné pour nous, qui désire que là où il est nous soyons avec lui, et qui est allé nous y préparer une place? (Gal. II, 20; Jean XVII, 24; XIV, 2)

Ne souhaiterons-nous pas de lui être enfin réunis?

Ne chercherons-nous pas de préférence les choses du ciel, où Jésus est assis à la droite de Dieu?


Ainsi donc préférer les biens du ciel à ceux de la terre, c’est pour le chrétien une suite naturelle de sa régénération et de sa foi en Jésus ressuscité.

Cette préférence insensée aux yeux du monde, étrange à ceux de la chair, étonnante et difficile en apparence chez un être tel que l’homme, qui ne reçoit d’impression que par les sens, elle est pour le chrétien une conséquence nécessaire des principes qu’il professe et des sentiments qui l’animent.

Oui, dès qu’elle vit de la foi au Fils de Dieu (Gal. II, 20), l’âme la plus faible et la plus commune s’élève sans effort, et comme d’elle-même, au désintéressement le plus héroïque, aux plus grands sacrifices, aux plus hautes vertus. Tel est l’effet nécessaire de l’union admirable des préceptes de notre religion sainte avec les dogmes qui les sanctionnent, qui leur donnent force et autorité. En séparant les uns des autres, comme on se plaît souvent à le faire, vous verrez disparaître ces grands effets.

J’admire la morale de l’Évangile; j’en fais la règle de ma conduite; voilà le langage de beaucoup de gens. Mais l’occasion survient, la tentation se présente, et leur vertu faiblit, elle succombe:


l’intérêt l’emporte sur la loi, le penchant sur le devoir;

ils ne trouvent point en eux-mêmes de force pour résister.


D’où vient cela?

C’est que cette fidélité dont ils se parent est un arbre sans racine, un édifice sans fondement.

C'est qu’ils n’ont POINT OPPOSÉ À L’ENNEMI LE BOUCLIER DE LA FOI.

C’est qu’ils ne croient pas fermement à Jésus mort pour leurs offenses et ressuscité pour leur justification. (Rom. IV, 25)

C'est qu’ils ne l'aiment pas.

C’est qu’ils ne sont pas fondés et enracinés en lui. (Col. II, 7)

C’est que LEUR CŒUR N’EST PAS ENCORE CHANGÉ.

Ah! donnez-nous des hommes animés d’une véritable foi, et nous trouverons en eux des âmes lavées, sanctifiées, (1 Corinth. VI, 11) des chrétiens qui se conduiront comme étant bourgeois du ciel. (Philip III, 20)

Aussi, mes Frères, pour élever les premiers disciples au-dessus de toutes les tentations, au-dessus des objets de la terre, saint Paul pense n'avoir besoin que d’en appeler aux sentiments de leur cœur et aux vérités dont ils se nourrissent: il ne dit qu’un mot, et ce mot lui paraît suffisant: 


Si vous êtes ressuscités avec Christ, cherchez les choses du ciel.


Mais, dans les siècles malheureux où la foi languit et chancelle, où elle n’est point agissante et accompagnée du renouvellement de l’esprit, il semble que les ministres de la parole n’aient plus de prise sur ceux auxquels ils s’adressent.

En vain pressent-ils tous les motifs;

en vain font-ils agir tous les ressorts;

en vain, dans l’agitation, dans l’angoisse de leur âme, font-ils retentir les voûtes de ces temples de leurs supplications, des accents de leur douleur, de leur tendresse.

Si on ne leur fait pas l’insulte d’écouter leurs instances, de contempler leur émotion comme un spectacle dont la curiosité s’amuse, et qu’elle paie tout au plus d’applaudissements et d’éloges, du moins ils n’ébranlent que les sens; ils n’excitent qu’une émotion machinale, qui se dissipe au sortir du sanctuaire; ils sont impuissants pour arracher à la passion le sacrifice le plus léger.

Écartons cette idée pénible, ou plutôt qu'elle nous conduise à FAIRE UN SÉRIEUX RETOUR SUR NOUS-MÊMES.

Si vous êtes ressuscités avec Christ, disait l’Apôtre aux chrétiens de son temps, cherchez les choses du ciel


Si vous êtes ressuscités!

Eh que le doute serait affreux sur un pareil sujet! Que nous serions à plaindre, mes Frères, s’il en était autrement! Oh! qu’il est digne de compassion l’homme qui n’est pas ressuscité avec Jésus, l'homme qui ne cherche que les choses de la terre!

Je ne dis pas seulement qu’il est malheureux parce qu’il est en proie à toutes les agitations, à toutes les craintes, à tous les mécomptes de la vie; parce qu’il est sans cesse ballotté par les événements comme par les vagues d'une mer orageuse; parce que cherchant dans les objets de la terre un bonheur qu’ils ne peuvent donner, il s'épuise, il se tourmente pour néant; il se creuse des citernes crevassées qui ne contiennent point d’eau; (Jér. II, 13), mais je dis qu’il est malheureux:

parce que le Fils de Dieu est ressuscité en vain pour lui;

parce qu’il empoisonne par son endurcissement les bienfaits du Ciel;

parce qu’il se les rend non seulement inutiles mais funestes;

parce qu’il fait tourner à sa perte toutes les inventions, tous les prodiges de la miséricorde divine pour le sauver.

Heureux au contraire, heureux le fidèle qui MARCHE PAR LA FOI, le fidèle ressuscité avec Jésus! Il n’a plus l’esprit de servitude pour être encore dans la crainte; il a reçu un Esprit d’adoption par lequel il s’écrie: Abba, c’est à dire Père. C’est ce même Esprit qui lui rend témoignage qu’il est enfant de Dieu. Et s’il est enfant y il est aussi héritier; héritier, dis-je, de Dieu et cohéritier de Jésus-Christ. (Rom. VIII, 15-17)

Dès lors sa route est tracée: il suit un système fixe dont il ne se départ jamais:


IL CHERCHE LES CHOSES DU CIEL.


Jésus assis dans les demeures éternelles, voilà le grand objet qui fixe ses regards et ses pensées; il dépend de lui de l’atteindre: il peut tout en Christ qui le fortifie. (Philip. IV, 13) L’espérance remplit son cœur: l’espérance! le plus délicieux sentiment de l’homme! une espérance divine! une espérance qui n’est point trompeuse, parce que l’amour de Dieu est répandu dans son cœur par le Saint-Esprit qui lui a été donné! (Rom. V, 5)

Ah! mes Frères, si l’attente de quelque plaisir passager, de quelque frivole avantage, forme les plus doux moments de notre vie, quel n’est pas le charme, quelle n’est pas la puissance de cette espérance vive et céleste, de l’espérance des biens éternels, de cet héritage qui ne peut ni se souiller ni se flétrir, et qui nous est réservé dans le ciel ! (1 Pierre I, 4)

Je le demande donc enfin, et je le demande avec toute la sollicitude que doit inspirer une question si décisive pour notre bonheur, SOMMES-NOUS RESSUSCITÉS AVEC JÉSUS- CHRIST? Ou ce qui revient précisément au même, CHERCHONS-NOUS LES CHOSES DU CIEL?

Si les réflexions que j’ai déjà présentées ne nous suffisent pas pour résoudre cette question, faisons une supposition propre à répandre un nouveau jour dans notre conscience. Supposons que notre Dieu-Sauveur remît dans nos mains notre destinée, et nous donnât le choix entre deux partis opposés.

Supposons qu’il dît à chacun de nous:

«Cet établissement, ce poste, cette fortune, objet de tes désirs, JE VAIS TE L’ACCORDER; mais voici la condition que j'y mets: c’est que TU NE ME VERRAS JAMAIS. Ce sera là ton paradis; tu n’en auras point d’autre!

Ou bien, si tu le préfères, je vais mettre fin pour toi à la scène du monde: je vais te séparer des objets de la terre, et te transporter auprès de moi dans le séjour céleste... CHOISIS; DÉCIDE DE TON SORT

Ah! mes Frères, si notre cœur hésite, s’il a balancé, nous ne sommes pas, je frémis de le dire, nous ne sommes pas encore ressuscités avec Christ.

O vous qui dans cette épreuve avez senti les chaînes qui lient votre âme à ce monde, ranimez, ranimez votre foi. Ranimez-Ia dans ces jours solennels:

en sondant avec un nouveau soin le fondement de votre espérance;

en méditant sur les bienfaits dont vous célébrez la mémoire;

en examinant si vous pouvez vous les approprier;

en vous demandant à vous-mêmes:


SUIS-JE RESSUSCITÉ AVEC MON SAUVEUR?

EST-CE QUE JE VIS DANS LA FOI AU FILS DE DIEU?


Frappés alors de tout ce que vous trouverez encore en vous de terrestre et de charnel, appelez à votre aide le Dieu des miséricordes, ce Dieu, père de la chaleur et de la lumière, soleil de notre âme.

Priez-le d’ouvrir les yeux de votre entendement, afin que vous compreniez quelle est l’espérance à laquelle il vous appelle, et quelles sont les richesses glorieuses de l’héritage qu’il destine aux saints.

Priez-le de déployer en vous l'infinie grandeur de son pouvoir, par l'efficace de la vertu toute puissante qu’il a déployée en Christ quand il l’a ressuscité. (Eph. I, 18-20)

Priez-le de réchauffer votre cœur, de l’embraser de son amour; car la foi tient plus encore aux habitudes, aux dispositions du cœur qu’à celles de l’esprit.


Réveillons-nous, Chrétiens! Sortons de notre léthargie.

Le temps fuit et se précipite. CES OBJETS DE LA TERRE AUXQUELS NOUS NOUS ATTACHONS, VONT S’ÉCHAPPER DE NOS MAINS.

Nous sommes tous entraînés vers cette éternité à laquelle nous ne pensons pas. Ah! pendant qu’il en est encore temps, cherchons, cherchons ces biens du ciel dont nous déplorerions la perte, mais trop tard.

Voici encore LE TEMPS FAVORABLE; voici le jour du salut. (2 Corinth. VI, 2) Jésus nous appelle, il nous aime, il veut partager avec nous la gloire dont il jouit.

Que la reconnaissance ranime notre piété. Eh! que pourrions-nous refuser à Celui qui a tant fait pour nous?

Trouvons-nous heureux de lui donner des preuves d’amour et de dévouement.

Portons ces sentiments à la table sacrée. Commençons ainsi à nous rapprocher de notre Dieu.


Et toi, Dieu des miséricordes, jette sur nous un regard de compassion! Hélas! nous n'avons à t’offrir que le sentiment de notre misère, les larmes de la repentance, les désirs d’un cœur humilié qui s’élève à toi, qui voudrait n’appartenir qu'à toi. Subviens à notre faiblesse.

Seigneur Jésus, qui, dans un jour semblable à celui-ci, brisas les liens de la mort, aide-nous à rompre ces chaînes qui nous retiennent, qui nous empêchent de nous unir à toi! Que désormais ressuscités avec toi, nous cherchions les choses du ciel, et que là où est notre trésor, là soit aussi notre cœur. (Matth. VI, 21)

Ainsi soit-il.



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