Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !


DISCOURS FAMILIERS

D'UN PASTEUR DE CAMPAGNE

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LE SOUVENIR

DE LA RÉSURRECTION DU SAUVEUR.

(Pour le jour de Pâques)

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Souvenez-vous que Jésus-Christ est ressuscité.
 (2 Tim. II, 8.)

Souvenez-vous que Jésus-Christ est ressuscité! Pourrions-nous donc l’oublier cet événement si mémorable, si intéressant pour nous, mes chers Frères?

Dès notre enfance nous en fûmes instruits; dès notre enfance on nous apprit à dire: JE CROIS QUE JÉSUS-CHRIST EST RESSUSCITÉ DES MORTS.

En nous enseignant cette vérité capitale, on nous en donna les preuves; on porta la lumière et la persuasion dans notre esprit; on nous mit en état de rendre raison de notre foi. (1 Pierre III, 15) Et combien de monuments élevés par l'Église pour conserver ce glorieux souvenir!

Le premier jour de la semaine, le jour de la résurrection du Sauveur, substitué au sabbat des Juifs, nommé le dimanche ou le jour du Seigneur, l’institution de la Pâque chrétienne, le récit des écrivains sacrés qu’on lit dans ces temples, nos cantiques, nos prières, tout nous rappelle, TOUT NOUS ASSURE QUE JÉSUS EST SORTI VAINQUEUR DU TOMBEAU; aussi j’ose croire qu’il n’est parmi nous personne qui conserve un doute sur ce grand événement.

Mais en rendant de bouche cet hommage à la religion, ouvrons-nous nos âmes aux sentiments qu'y doit exciter la résurrection du Sauveur?

C’est à chacun de nous à s’interroger sur ce point; et c’est pour vous faciliter cet examen, qu’entrant dans l’esprit de l’Apôtre, nous venons vous dire aujourd’hui:


Souvenez-vous que Jésus-Christ est ressuscité.


Que votre cœur s’en souvienne. Que cette idée si consolante, si puissante, fasse sur vous l’impression profonde qu’elle fit sur les apôtres et les premiers chrétiens.

Souvenez-vous que Jésus-Christ est ressuscité, POUR BÉNIR LE SEIGNEUR avec une joie sainte; pour lui rendre les actions de grâces les plus vives et les plus solennelles.

Souvenez-vous que Jésus-Christ est ressuscité, POUR EN FAIRE LE SUJET DE VOTRE CONSOLATION dans les peines de la vie; pour conserver dans les alarmes, dans les dangers, dans les perplexités, l’espérance; le courage qui sied à des chrétiens.

Souvenez-vous que Jésus-Christ est ressuscité, POUR SOUTENIR ET PERFECTIONNER VOTRE OBÉISSANCE aux lois de Celui que Dieu lui-même nous donne pour Seigneur, qu’il proclame son Fils à la face des cieux et de la terre.

Tel est le souvenir que l’Apôtre exige de nous; un souvenir qui produise en nous la joie, la reconnaissance, la consolation, la sanctification.

Telles sont les dispositions que nous devons revêtir pour montrer la sincérité de notre foi, pour célébrer dignement la fête, pour avoir part aux grâces qui nous sont offertes.

Dieu veuille que sa parole serve maintenant à faire naître ou à fortifier en nous ces heureuses dispositions!

Ainsi soit-il.


I.


Je dis d’abord que le souvenir de la résurrection de Christ doit enflammer notre reconnaissance et nous remplir de joie.

Cette résurrection est en effet le centre où viennent aboutir toutes les grâces du Sauveur. – C’est par elle qu’il confirme ses promesses, qu’il y met le sceau de la Divinité.

C’est par elle que nos espérances se changent en certitude et deviennent une jouissance anticipée.

Si Jésus-Christ n’est pas ressuscité, disait saint Paul, c’est en vain que nous prêchons, et c’est en vain que vous croyez; votre foi est sans fondement, et vous êtes encore dans vos péchés. (1 Corinth. XV, 14, 17)

Hélas! nous serions réduits à dire avec les disciples qui allaient à Emmaüs: Jésus de Nazareth fut un prophète puissant en œuvres et en paroles: tous ses discours, toutes ses actions portaient l’empreinte du Très-Haut; nous espérions qu'il délivrerait Israël, et cependant il demeure enseveli dans son tombeau! (Luc XXIV, 19, 21) ou plutôt nous serions forcés de garder le silence tandis que ses ennemis élèveraient la voix pour insulter notre croyance.

Ce Jésus en qui vous espériez, nous diraient-ils, n’a point tenu ce qu’il vous avait promis, il vous a trompés; et qu’aurions-nous à répondre?

Mais voici le bouclier de notre foi: voici le fondement de nos espérances. JÉSUS-CHRIST EST RESSUSCITÉ; dès lors sa mission divine est prouvée: Il est déclaré Fils de Dieu d'une manière puissante. (Rom. I, 4)

Nous ne serons plus flottants à tout vent de doctrine. (Eph. IV, 14)

Il nous trace le chemin qui conduit au Père; il est lui-même ce chemin; on ne peut s’égarer en le suivant. Nous ne chercherons plus avec anxiété les moyens de fléchir la justice divine. Il n’y a plus de condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ.

Qui accusera les élus de Dieu? C’est Dieu qui les justifie. Qui les condamnera? Christ est mort, et de plus il est ressuscité. (Rom. VIII, 33-34) Il était mort pour nos offenses, et il est ressuscité pour notre justification. (Rom. IV, 25)

Au sortir de la vie, nous ne craindrons plus ce que l’avenir nous prépare. Nous savons, oui, nous savons que le temps viendra où ceux qui sont dans les sépulcres entendront la voix du Fils de l’homme, et que ceux qui auront fait de bonnes œuvres ressusciteront pour jouir de la vie, (Jean V, 28-29) pour voir Dieu, comme face à face (1 Corinth, XIII, 12) pour régner avec lui aux siècles des siècles.

Que faudrait-il de plus pour émouvoir notre cœur, pour nous faire prendre la coupe des délivrances et bénir le nom de l'Éternel? (Ps. CXVI, 13)

La reconnaissance des peuples éternise les actions bienfaisantes des bons rois.

Un homme délivré d’un danger imminent s’empresse de rendre grâces à son libérateur.

Le pilote arraché, contre toute espérance, aux horreurs de la tempête et du naufrage, élève vers le ciel, avec gratitude, des mains suppliantes et un cœur attendri.

Échappés à la servitude et aux flots par la protection du Seigneur, les Hébreux, malgré la dureté de leur cœur, chantent avec transport un cantique de louanges et de bénédictions.

Nous-mêmes, lorsque nous voyons s’éloigner les calamités sous lesquelles nous gémissions, les dangers dont nous étions menacés, nous célébrons avec ravissement les gratuités du Seigneur, nous adorons les voies de sa Providence.

Et dans une circonstance bien plus merveilleuse et plus touchante, lorsqu’il s’agit non de ce bonheur imparfait, de CE BONHEUR de quatre jours que nous pouvons goûter sur la terre, mais de CELUI QUI NOUS EST RÉSERVÉ DANS LES CIEUX, d’un bonheur sans mesure et sans fin, nous demeurerions insensibles!

Lorsque Jésus-Christ sortant du tombeau nous présente notre grâce, notre rançon, notre adoption consommée, nous mépriserions un si grand salut!

Nos cœurs appesantis ne sauraient l’apprécier!

Nous refuserions à Celui qui nous a rachetés au prix de son sang, un tribut de reconnaissance et de sensibilité!

Tous les prodiges de son amour ne pourraient briser la dureté de nos cœurs!

A Dieu ne plaise, mes Frères, que nous soyons capables d’une telle ingratitude et endurcis à ce point! Ouvrons, ouvrons nos cœurs aux émotions que ce jour doit exciter. Disons avec le Roi-prophète: C'est ici la journée que le Seigneur a faite; réjouissons-nous en elle; (Ps CXVIII, 24) disons avec saint Pierre:

Béni soit Dieu qui nous a fait renaître, en nous donnant par la résurrection de Jésus-Christ une espérance vive d'obtenir l'héritage qui ne peut ni se souiller, ni se flétrir, et qui nous est réservé dans le ciel! (1 Pierre I, 3-4)


II.


Mais si de telles pensées sont la source de la joie la plus pure et la mieux fondée, voyez aussi quelle ressource on y trouve contre les maux de la vie.

Job, naguère le plus fortuné des hommes, est dépouillé de ses biens; sa jeune et nombreuse famille n’est plus; tous les objets de sa tendresse lui sont ravis; il est couvert de plaies, étendu dans la poussière.

Dans cette situation terrible, écoutons ce qu’il va dire: Plut à Dieu, s’écrie-t-il, que mes discours fussent écrits dans un livre et gravés sur du plomb avec un burin de fer, qu’ils fussent gravés sur une pierre de roche à perpétuité! (Job XIX, 23-24)

Quel début, mes Frères! Qu’a-t-il donc de si important à transmettre aux générations futures?

Est-ce l’histoire de ses malheurs, l’excès de son désespoir?

Non; c’est, ô merveilleux pouvoir de la foi! ô délicieuse paix d’une âme qui se repose sur les promesses de l’Éternel! C’EST SON ESPÉRANCE, CE SONT SES CONSOLATIONS: JE SAIS QUE MON RÉDEMPTEUR EST VIVANT. Je sais qu'après ma mort, lorsque ce corps aura servi de pâture aux vers, je verrai mon Dieu, je le verrai moi-même, et mes yeux le verront. (Job XIX, 25-27)

Les biens que je possédais m’ont été enlevés, il est vrai; j’offre à l’univers une image effrayante des maux que l’homme peut souffrir, mais je verrai mon Dieu; je verrai ce Dieu Sauveur; CE BIEN, LE PREMIER DE TOUS, NE PEUT M’ÊTRE ENLEVÉ. Divine espérance! elle verse sur mes plaies un baume salutaire; elle fait la joie de mon cœur.

Tel, et bien plus éclairé que Job, qui ne pouvait entrevoir que de loin son Rédempteur et la félicité céleste qu’il a mise en évidence, tel le chrétien puise dans le souvenir de la résurrection de Jésus-Christ les consolations les plus efficaces.

Animés par ce souvenir, les apôtres et les martyrs oublient la terre; ils bravent la mort. Nous sommes comblés de joie au milieu de nos afflictions, s’écrie saint Paul: Nous attendons du ciel le Seigneur Jésus-Christ, notre Sauveur, qui transformera notre corps vil et abject, pour le rendre semblable à son corps glorieux. C'est pourquoi nous ne perdons point courage: nous portons dans notre corps la mort du Seigneur Jésus, afin que sa vie soit aussi manifestée en nous. (2 Corinth. VII, 4; Philip. III, 20-21; 2 Corinth. IV, 10, 16.)

Lapidé par les Juifs furieux, saint Étienne, comme s'il ne sentait pas cette grêle de pierres dont on l'accable, ne songe qu’à Jésus, ne voit que Jésus. Il le voit assis sur son trône, dans l’éclat de sa majesté. Il prie et lui dit: Seigneur Jésus, reçois mon esprit. (Actes VII, 59)

Ô faiblesse de tous les secours de la raison! Ô triomphe de la foi chrétienne! Et quelle autre vertu que celle du Très-Haut peut inspirer de si nobles sentiments, et transformer ainsi un pauvre mortel! Combien il s’élève ce vermisseau chétif, cet enfant de la poussière, cet être si craintif et si faible! Qu’il devient grand lorsque l’Esprit de Dieu l’anime et le fortifie!

Mais, sans insister sur les exemples des Job, des saint Paul, des Étienne, de nos jours encore ne suffit-il pas de jeter les yeux sur un simple fidèle, sur un enfant de Dieu aux prises avec l’adversité, pour apprendre tout ce qu’il y a de puissance et de consolation dans le souvenir de la résurrection de Jésus-Christ!

Voit-il des ennemis, des envieux s’acharner contre lui et conjurer sa perte: Je sais, dit-il, que mon Rédempteur est vivant; j’attends de lui ma délivrance: il ne me laissera pas toujours dans l’oppression.

Est-il exposé aux rigueurs de l’indigence: Je sais que mon Rédempteur est vivant. Si les richesses étaient nécessaires à mon bonheur, il ne me les aurait pas refusées. Et ne me dédommage-t-il pas de cette privation par la douce assurance de son amour, par la perspective ravissante des biens dont il couronnera ma patience et ma soumission?

Est-il couché sur un lit de douleurs: Je sais que mon Rédempteur est vivant. Si nous souffrons avec lui, nous régnerons avec lui. (2 Tim. II, 12) Plein de cette idée, il montre une douce résignation; il se regarde comme une victime que le feu des souffrances purifie; et plus l'homme extérieur déchoit, plus son corps s’affaiblit, plus son âme semble devenir indépendante des sens, plus l'homme intérieur se renouvelle en lui. (2 Corinth. IV, 16)

La mort arrive-t-elle enfin, sa vue n’a rien qui puisse l’effrayer. Elle ne vient pas lui dire: Insensé! quitte tes idoles; quitte ces vains objets de la terre, qui remplissaient ton cœur. Mais elle vient lui faire entendre cette parole de paix: Serviteur fidèle! le temps des larmes est fini. Celui que tu as aimé sans l'avoir vu, en qui tu crois, quoique tu ne le voies pas encore, (1 Pierre I, 8) ton Sauveur t’appelle.

Viens dans la salle du festin: viens jouir de la vie qu’il t’a méritée par son sang. Faibles débris d’un corps qui s’écroule, ne retenez plus cette âme immortelle; il lui tarde de sentir tomber ses liens; elle voudrait s’élancer dans le sein du Seigneur, se voir transportée dans ces chœurs innombrables d’esprits glorifiés qui sont devant le trône de Dieu: elle voudrait entonner avec eux cet hymne de la reconnaissance:


À Celui qui nous a aimés, qui nous a lavés de nos péchés dans SON sang, qui nous a faits rois et sacrificateurs, à lui soient la louange, l'empire et l’adoration aux siècles des siècles! (Apoc. I, 5-6)

Ainsi, dans quelque situation que la Providence le place, à quelque épreuve qu’il soit appelé:


LE FIDÈLE QUI CROIT EN JÉSUS-CHRIST MORT ET RESSUSCITÉ,

EST SOUTENU PAR LA PERSPECTIVE DU BONHEUR

DONT CETTE RÉSURRECTION EST LE GAGE.


Il en goûte les prémices, et tant que cette grande espérance demeure dans son cœur, il peut tout souffrir et tout supporter; que dis-je! il est déjà assis dans les lieux célestes en Jésus-Christ.


III.


Mais pour qu’une âme éprouve de tels sentiments et forme de tels vœux, il ne suffirait pas qu’elle crût que l’Évangile est la parole de Dieu, le fondement de nos espérances;

il faut de plus qu’elle ait cette foi qui donne le droit de s’en appliquer les promesses.

Il faut qu’elle se sente délivrée de la puissance et de l'empire du péché, et qu’elle puisse mettre dans le Seigneur TOUTE sa confiance.

Voilà précisément le dernier, le grand effet que doit produire en nous le souvenir de sa résurrection.

Quoi de plus propre à fléchir notre volonté, à amener toutes nos pensées captives à l’obéissance de Christ, (2 Corinth. X, 5) qu’un événement qui met le sceau de Dieu à toutes les leçons de l’Évangile, à toutes ses promesses, à toutes ses menaces?

Lorsque la résurrection du Sauveur ne nous permet plus de douter que nous ne devions ressusciter aussi nous-mêmes pour la vie OU pour la condamnation, pouvons-nous nous étourdir sur cette alternative?

Pouvons-nous oublier un si grand intérêt dans ces courts instants que nous passons sur la terre?

Lorsqu’une éternité de gloire, de magnificence, de félicité, s’offre à notre espérance, doit-il tant nous en coûter de renoncer à quelques jouissances grossières, à quelques plaisirs vains et fugitifs, aux habitudes vicieuses qui nous en rendraient indignes?

Doit-il tant nous en coûter de nous former aux dispositions, aux vertus qui donnent le droit d’y prétendre et qui rendent capable d’en jouir?

Si nous gémissons encore sous le joug du péché et de notre impuissance naturelle; si nous sentons que notre force n’est pas plus réelle que notre justice, la résurrection du Sauveur ne nous apprend-elle pas où nous devons chercher, où nous pouvons trouver le secours et la vie?

Ne savons-nous pas maintenant que Jésus a recu la toute puissance dans le ciel et sur la terre, (Matth. XXVIII, 18) et qu’il peut sauver parfaitement ceux, qui s’approchent de Dieu par lui, étant toujours vivant pour intercéder pour eux. (Héb. VII, 25)

Allons donc avec confiance au trône de la grâce pour être secourus dans nos besoins. (Héb. IV, 16)

Allons à Celui qui nous appelle avec une tendresse et une patience infinies.

Demandons-lui la sagesse avec foi.

Disons-Iui: Ô mon Sauveur! sans toi je ne puis rien, mais je puis tout avec ta grâce. Ne me la refuse pas. Change mon cœur; attire-le à toi; apprends-lui à t’aimer, à mettre en toi tout son plaisir.

Tel est le vrai caractère du souvenir religieux que nous devons avoir de la résurrection de Jésus-Christ.


Pour les fidèles, pour les âmes converties, c’est un redoublement d’amour pour le Seigneur, UN DÉSIR ENCORE PLUS VIF DE TRAVAILLER À SON ŒUVRE et d’avancer son règne sur la terre.

Pour les pécheurs, c’est un désir sincère d’être régénérés, un recours ardent à sa grâce; c’est le renouvellement de leur esprit, le changement de leurs inclinations, leur conversion.


Il faut, dit saint Paul, que, comme Jésus-Christ est ressuscité des morts, ils marchent aussi dans une vie nouvelle.

Il faut qu’ils se mettent bien dans l’esprit qu’ils sont morts au péché, mais qu’ils vivent pour Dieu en Jésus-Christ.

II faut que ceux qui ont été témoins de leurs désordres passés le soient aussi de leur retour au Dieu vivant et saint; il faut qu’on puisse dire de chacun d’eux, comme de l’enfant prodigue: il était mort et il est ressuscité; il était perdu et IL EST RETROUVÉ. (Luc XV, 32)

Cet homme s’était fait connaître par sa paresse, son ivrognerie, son libertinage; mais il n’est plus le même. Il a cessé de mal faire, il a appris à faire le bien; (Ésaïe I, 16-17) il se distingue à présent par sa retenue, sa tempérance, son activité et la pureté de ses mœurs.

Cet autre s’éloignait de nos assemblées religieuses; il profanait le jour du Seigneur et tournait en dérision les choses saintes; mais il n’est plus le même; ses yeux se sont ouverts; il a senti combien il était MALHEUREUX DE VIVRE SANS DIEU ET SANS ESPÉRANCE; combien il était insensé d'oublier, de négliger ses intérêts les plus chers.

Maintenant il met son plaisir à s’approcher de Dieu; il recherche tout ce qui peut contribuer à son propre salut, à l’avancement de la religion, à l’édification de ses frères.

Cette personne avait pris l’habitude de s’ingérer sans raison dans les affaires d’autrui; de répandre au loin ses médisances et ses jugements téméraires; mais elle n’est plus la même. Elle ne parle plus du prochain que pour l’excuser ou le défendre; et, loin de porter sur la maison d’autrui un regard indiscret, elle suit à la lettre ce précepte de l’Apôtre: Ayons l’œil les uns sur les autres pour nous exciter à la charité et aux bonnes œuvres. (Héb. X, 24)

Celui-ci vivait dans une affreuse sécurité. Quand on lui parlait de repentance, il disait qu’on ne peut pas être parfait; quand on voulait lui faire craindre les jugements de Dieu, il répondait que Dieu est bon, et il se flattait qu’il serait toujours temps de revenir à lui; mais il n’est plus le même. Il voit aujourd’hui, il reconnaît, il sent la vérité de ce qu’on lui a répété tant de fois et qu’il ne voulait pas croire. La crainte de Dieu, sa grâce, son amour, la paix de l’âme, l’attente du jour de Christ, voilà ce qui lui paraît préférable à tous les plaisirs, à tous les trésors de la terre.

Celui-là se traînait dans le chemin du ciel; il faisait quelques pas et revenait en arrière; il reprenait sa route et s'arrêtait de nouveau; mais il n’est plus le même. Il marche aujourd’hui avec courage; chacun de ses jours est marqué par quelque progrès.

Mais hélas! tandis que je me livre au plaisir de vous dépeindre ces merveilleux effets que doit opérer dans les âmes le souvenir dont je parle, quelle triste pensée vient oppresser mon cœur!

Est-ce que de nos jours l’Église offre beaucoup de pareils exemples?

Où sont-ils ceux qui sentent leur cœur transporté de joie, embrasé de reconnaissance à l’idée des biens que leur offre Jésus sortant du tombeau?

Où sont ceux que cette grande idée soutient, console au milieu de l’épreuve, qu’elle retire des voies de l’iniquité, qu’elle arrache du bourbier du vice pour les faire entrer, avancer dans les sentiers de la piété?


À quoi tient-il donc, mes Frères, que la résurrection du Sauveur ne produise en nous tous les mêmes fruits qu’elle produisit chez les premiers Chrétiens, et qu’elle produit encore quelquefois de nos jours?

Ne sont-ils pas la suite naturelle et nécessaire de la persuasion de cette vérité?

Ah! c’est que, pour la plupart, NOUS NE PENSONS QU’AVEC FROIDEUR À CES GRANDS OBJETS: c’est que nous négligeons de nous en occuper; nous négligeons de nourrir, de ranimer, de vivifier notre foi par la lecture et la méditation de la parole de Dieu, par des prières ardentes, par un recours continuel à Celui qui peut seul changer notre cœur, qui peut l’ouvrir, le rendre sensible, et lui donner de ne pas recevoir sa grâce en vain. (2 Corinth. VI, 1)

Placés entre le présent et l’avenir, entre le présent qui s’enfuit et le redoutable avenir qui s’approche, et en comparaison duquel le présent est moins qu’un songe, pour la plupart, il est trop vrai, nous vivons, à l’égard de cet avenir, dans une insouciance, dans une insensibilité qui tient du délire; NOUS VIVONS COMME SI L’AVENIR ÉTERNEL NE DEVAIT JAMAIS ARRIVER POUR NOUS.

Tout entiers à la terre, les hommes dont je parle n’ont ni le loisir, ni la volonté de penser sérieusement, de penser souvent à ce que Dieu a fait pour nous, à ce qu’il en exige, à ce qu’il nous réserve.

Ses offres, ses promesses, ses menaces, le ciel, l’enfer, ne fixent pas leur attention; ils croient faire assez, ils croient faire beaucoup en accordant à Dieu quelques formalités, quelques hommages extérieurs, quelques signes équivoques de respect et de foi!

Insensés! de quel prix peuvent être aux yeux du Seigneur ces vaines apparences?

Que servirait même de vous humilier quelques moments, d’éprouver quelques sentiments de dévotion au retour de nos solennités?

À quoi sert que le souvenir de Jésus mort et ressuscité, que les sacrements, que la solennité de la fête, que tous ces objets excitent votre sensibilité,

si cette sensibilité est comme la rosée du matin qui s’en va; (Osée VI, 4)

si votre piété n’en est pas plus constante;

si vous n’en avez pas plus de courage et de résignation dans l’adversité;

si vous n’en êtes pas plus en état de triompher des tentations et de surmonter vos inclinations vicieuses;

en un mot, si malgré les promesses que vous faites au Seigneur, malgré les signes de vie que vous donnez, vous demeurez toujours les mêmes, toujours dominés par vos passions et liés par vos habitudes criminelles, toujours morts dans vos péchés? (Eph. II, 1)


S’IL EN EST AINSI,

ce n’est point pour vous que Jésus est ressuscité!


Ce grand événement dont nous célébrons la mémoire, cet événement qui, pour les âmes CONVERTIES, est un sujet toujours nouveau de joie, de consolations, d’espérances...

il n’est pour vous qu’un vain spectacle; que dis-je, hélas!


Il n’est pour vous qu’un terrible sujet de condamnation!


Grand Dieu, quelle pensée! De quelle amertume elle m’abreuve! De quel effroi elle remplit mon cœur!

Toujours participer au sacrement, et ne jamais s’unir au Seigneur!

Toujours faire profession de croire, de penser à Jésus ressuscité, et TOUJOURS VIVRE COMME SI L’ON N’Y SONGEAIT POINT!


Mes Frères, mes chers Frères, craignons d’abuser plus longtemps de la patience du Seigneur.

Souvenons-nous véritablement que Jésus est ressuscité.

Adressons-nous à ce Dieu qui peut rendre ce souvenir efficace.

Demandons-lui de nous en pénétrer tellement, qu’il nous occupe désormais et nous accompagne partout; qu’il élève nos esprits et les détache de la terre, qu’il échauffe nos cœurs et les purifie, de manière que toutes nos pensées, tous nos désirs, tous nos projets, toutes nos actions, soient la preuve, la preuve incontestable que nous croyons en un Sauveur ressuscité, que nous sentons enfin quelle est l’efficace de sa résurrection.

Que je serais heureux, mes chers Frères, si, après vous avoir reçus avec attendrissement à la table sacrée, je voyais au milieu de vous la foi s’affermir, les bonnes œuvres se multiplier et les mauvaises habitudes s’affaiblir et se détruire, les pécheurs se convertir, et les justes devenir encore plus justes.  (Apoc. XII, 11)

Ô mon Sauveur! c’est là ce que j’implore, ce que j’attends de tes miséricordes infinies!

Ô Jésus ressuscité! RÉPANDS SUR NOUS CET ESPRIT QUI PEUT NOUS DONNER UNE NOUVELLE VIE!

Fais-nous partager tes triomphes! Tire nos âmes de leur léthargie, de leur corruption, comme tu tireras un jour nos corps de la poussière du tombeau!

Ainsi soit-il.


 

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