Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !


DISCOURS FAMILIERS

D'UN PASTEUR DE CAMPAGNE

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LA MORT DE CHRIST,

ACCOMPLISSEMENT DE SON ŒUVRE.

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Tout est accompli. (Jean XIX, 30.)

Telle est la dernière parole que prononça le Sauveur sur la croix. Parole bien remarquable, mes Frères! Je veux, aujourd’hui la méditer avec vous.

Elle renferme un GRAND sens.

Elle nous annonce une GRANDE délivrance.

Elle nous impose de GRANDS devoirs.

Venez donc, Chrétiens; montons sur le Calvaire. Je ne fixerai point vos regards sur le soleil qui s’éclipse, sur la terre qui se couvre de ténèbres, sur les rochers qui se brisent, sur les sépulcres qui s’ouvrent, sur la nature qui se bouleverse et semble rentrer dans son premier chaos.

Au milieu de tous ces prodiges, Jésus-Christ, que son amour immole POUR NOUS, et qui, de sa voix mourante nous donne une dernière instruction,


JÉSUS-CHRIST EST LE SEUL PRODIGE QUI DOIVE NOUS OCCUPER.


Passions, projets de la terre, fuyez! Laissez-nous nous livrer sans mélange au sentiment qui doit remplir nos cœurs! Qu'ils s’ouvrent du moins à présent ces cœurs aux leçons de notre divin Maître! Qu’ils les recueillent avec docilité, avec amour, et que désormais ils se laissent diriger par elles!

Voilà ce qu’il attend de nous pour célébrer dignement la mémoire de sa mort. Voilà ce qui l’honorera plus encore que le tribut de nos soupirs et de nos larmes.

Ô mon Dieu! que ce soit là le fruit de ce discours, de cette fête, de ta grâce puissante, qui peut seule rendre nos actes de dévotion efficaces et salutaires!

Ainsi soit-il.


Tout est accompli.

Quel est donc le sens de ce mot du Sauveur?

Est-ce un cri de découragement, de souffrance?

Veut-il dire que c’en est fait; qu'il succombe; que la malice de ses ennemis l’emporte, et que sa mort ignominieuse va devenir le tombeau de sa doctrine?

Non, sans doute: il veut dire au contraire que LE BUT DE SON MINISTÈRE EST REMPLI, qu’il ne saurait donner aux hommes une plus grande marque d’amour; et pour tout dire en un mot, que SA MORT EST L’ACCOMPLISSEMENT DE SON ŒUVRE.


Vous le savez, mes Frères; il était venu dans le monde:

pour sauver les hommes, c’est-à-dire pour les ramener à Dieu,

pour les réconcilier avec Dieu,

pour leur rouvrir le ciel,

et comme il le dit lui-même, pour que ses brebis eussent la vie. (Jean X, 10)

Or s’il a travaillé à ce grand ouvrage pendant tout son ministère, c’est en mourant pour nous qu’il l’achève et le consomme. Oui, nous pouvons dire que pour nous sauver IL FALLAIT QUE LE CHRIST SOUFFRÎT. (Luc XXIV, 26)

II le fallait, non pas précisément pour nous donner une preuve incontestable de sa sincérité, pour ne nous laisser aucun doute sur la certitude de sa mission et de ses promesses, ou pour mettre le dernier trait au modèle qu’il voulait nous offrir, et nous enseigner à bien mourir comme il nous avait enseigné à bien vivre.

Ce sont là, j’en conviens, quelques-uns des heureux effets de la mort du Sauveur; mais ils n’en prouvent point l’absolue nécessité; ils ne sauraient en expliquer le mystère.

Non, rien de tout cela n’eût exigé un sacrifice si grand, si extraordinaire.


S'IL A FALLU QUE LE CHRIST SOUFFRÎT,

C’EST POUR ABATTRE LE MUR DE SÉPARATION

QUE LE PÉCHÉ ÉLEVAIT ENTRE DIEU ET NOUS.


Occupons-nous, mes Frères, de cette grande idée. Considérons la mort du Fils de Dieu comme la parfaite expiation de nos péchés, et comme le plus solide fondement de notre sanctification. Il n’en faudra pas davantage pour sentir que cette mort ne nous laisse en effet rien à désirer, et qu’en expirant le Sauveur a pu dire: Tout est accompli.


I.


Dieu ne serait ni sage, ni saint, ni juste, ni même bon, si le péché pouvait demeurer impuni.

Il doit à sa majesté souveraine de venger l’outrage que la créature, que l’enfant de la poussière lui fait par sa révolte.

Il doit à sa sagesse de rétablir l’ordre que le pécheur trouble par ses transgressions.

Il doit à sa bonté de prévenir les crimes que le pécheur impuni autoriserait par son exemple.

Il doit à sa sainteté d’éloigner de lui une créature souillée et qui n’a plus de rapport avec lui.

Il doit à sa fidélité de maintenir la sanction de ses lois, et de donner un plein effet à ses menaces comme à ses promesses.

Il doit à toutes ses perfections la punition du péché.

C’est là une vérité certaine, que l’homme retrouve au fond de sa conscience, et dont l’Écriture ne nous permet pas de douter. La nier, ce serait, nous dit-elle, se tromper soi-même et se jouer (se moquer) de Dieu. (Gal. VI, 7)

Mais hélas! le péché couvre la terre: il n’y a point de juste, non pas même un seul. (Rom. III, 10)

Dieu perdra-t-il un monde de rebelles?

N'écoutera-t-il point la voix de sa clémence?

À cette question, le pécheur abandonné à lui-même ne pourrait répondre que par ses doutes et ses angoisses; il s'écrierait comme dans les temps anciens:

Avec quoi préviendrai-je l'Éternel et me prosternerai-je devant le Dieu souverain? L’Éternel prendra-t-il plaisir à des milliers de moutons ou à dix mille torrents d’huile? Donnerai-je mon premier-né pour mon crime, le fruit de mes entrailles pour le péché de mon âme? (Michée VI, 6)

Mais béni soit le Seigneur, qui ne nous a pas laissés en proie à cette horrible détresse! Il a parlé; il nous a révélé ses desseins de miséricorde.

À la vue des maux que s’étaient préparés les mortels, ses entrailles paternelles s’émurent; il voulut concilier sa justice avec sa charité, et la terre ne pouvant lui offrir aucune victime capable de satisfaire pour l'homme,

il fallut que les cieux enfantassent le Juste pour expier nos offenses;

il fallut qu’une Personne divine, seule capable de glorifier le ciel par ses humiliations, plus encore que l’homme ne l’avait outragé par sa révolte, vînt SE PLACER ENTRE DIEU ET NOUS, vînt arrêter sur elle seule tous les traits qui devaient tomber sur nous, et, pour parler avec l’Apôtre, vînt porter NOS péchés en son corps sur le bois. (1 Pierre II, 24)

Tel est le dessein de la sagesse et de la bonté de Dieu, dans le sacrifice que son Fils a offert; Dieu, dit l’Écriture, a envoyé son Fils né d’une femme et soumis à la loi, afin que par lui nous ayons la rédemption dans son sang, savoir le pardon des péchés. (Gal. IV, 4-5)


Dans le paradis terrestre, l’homme reçut la promesse d’un Libérateur qui détruirait l’empire du démon. Sous la loi, les merveilles que Dieu fit en faveur du peuple juif, étaient pour la plupart l’emblème des grâces spirituelles que la mort de Jésus-Christ devait procurer à l’Église.

L’agneau dont le sang fut répandu sur les portes des Israélites pour en éloigner l’ange exterminateur, était l’image de l’Agneau sans tache QUI ÔTE LE PÉCHÉ DU MONDE. (Jean I, 29)

Ce rocher qui étant frappé fournissait de quoi abreuver un grand peuple, était l’image de Celui qui nous offre des eaux jaillissantes en vie éternelle. (Jean IV, 14)

Ce serpent élevé dont la vue guérissait les plaies des Israélites était l’image de ce Jésus élevé sur la croix, afin qu’aucun de ceux qui croient en lui ne périsse, mais qu’ils aient la vie éternelle. (Jean III, 15)

Que signifie encore tout cet appareil de victimes qu’on offrait sans cesse pour les coupables?

Si Dieu les permit, c’est qu’il voulait nous faire voir en elles quelques traits éloignés et figuratifs du sacrifice de son Fils. C’est ce sacrifice que dépeignait si fidèlement Ésaïe, lorsque, plusieurs siècles à l’avance, il prédisait un Sauveur navré pour nos forfaits, et froissé pour nos iniquités. (Esaïe LIII, 5)

Sous l’Évangile la grâce salutaire a été manifestée (Tite II, 11):


ON NE PEUT CROIRE EN JÉSUS-CHRIST SANS RECONNAÎTRE,

QUE CONFORMÉMENT AUX ÉCRITURES,

IL EST MORT POUR EXPIER NOS OFFENSES.


Écoutez seulement ce qu’il dit lui-même en entrant au monde: Ô Dieu! tu n'as pas voulu, tu n'as point agréé de sacrifice ni d’holocaustes, car il est impossible que le sang des taureaux et des boucs ôte les péchés. Me voici donc, je viens pour faire ta volonté, (Héb. X, 4, 8) cette volonté qui demande le salut des coupables et la punition du crime. Me voici; je donne ma vie pour les hommes; il le faut pour expier leurs péchés.

Je comprends dès lors tout ce qui s’est passé dans les dernières scènes de la vie du Sauveur. Lui qui s’était chargé VOLONTAIREMENT de l’œuvre que son Père lui avait donné à faire; Lui qui était certain de sa résurrection et d’une éternité de gloire et de bonheur, il frémit; son âme est dans une tristesse mortelle; (Matth, XXVI, 38) quand il voit approcher le moment fatal.

Ah! c’est que nos péchés le rendaient affreux.


C’est que Dieu cessant d’imputer aux hommes leurs iniquités,

en faisait porter la peine à Celui qui répondait pour eux.


Je l’entends s’écrier sur la croix: Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné! et ces paroles ne m’offrent plus rien d’obscur; elles deviennent le fondement de ma confiance.

Hélas! il n’en fallait pas moins pour rassurer l’homme coupable et lui faire trouver grâce devant Dieu.

«Oui, je l'avoue, dira sans doute ici le pécheur qui se réveille et qui commence à se connaître, quand du milieu des feux, des éclairs et des tonnerres, l’Éternel parle sur le mont Sinaï, quand il dit:

Tu n'auras point d'autre Dieu que moi.

Tu ne prendras pas mon nom en vain.

Souviens-toi du jour du repos pour le sanctifier.

Honore ton père et ta mère...

Tu ne déroberas point.

Tu ne diras point de faux témoignage.

Tu ne convoiteras point.

Je suis l’Éternel, ton Dieu, un Dieu fort et jaloux.

Maudit est celui qui n’observe pas toutes les paroles de cette loi.

Oui, je l’avoue; mes péchés se soulèvent contre moi et m’accusent; la terreur saisit mon âme.

Tu n’auras point d’autre Dieu devant moi! Et mon cœur adore autant de divinités qu’il a de vices et de passions!

Et j’ai placé mon repos, mon bonheur dans les créatures, dans les biens frivoles et passagers de la terre! J’ai été mon Dieu à moi-même; j’ai rapporté à moi seul tous mes succès; j'ai cherché dans mes talents, dans mon industrie, dans mon crédit, la cause d’une prospérité que je tenais de mon Créateur!

Tu ne prendras point mon nom en vain! Tant de fois je l’ai prononcé sans respect ce nom adorable! Tant de fois je m’en suis servi pour faire des imprécations contre mon prochain ou contre moi-même!

Souviens-toi du jour du repos pour le sanctifier! Je l’ai si souvent profané ce jour saint, ou par des plaisirs criminels, ou en abandonnant nos saintes assemblées, ou en n’y apportant qu’un cœur plein de dissipation, de froideur, de dégoût!

Et comment compter tous les péchés contre le prochain dont je me suis rendu coupable!... Ainsi c’est contre moi que le tonnerre gronde sur Sinaï! Ainsi, malheureux HÉRITIER D’UNE NATURE DÉGRADÉE, corrompue, né dans la corruption, enclin au mal, j’ai laissé développer en moi tous les germes du péché; je me suis perdu par mes propres transgressions!


Où chercher, où trouver un asile? Où, mes Frères?

En Golgotha: au pied de la croix où notre Rédempteur expira.


Maudit est quiconque n'observe pas toutes les paroles de la loi! C’est l’arrêt de la Sainteté infinie. MAIS NOTRE RÉDEMPTEUR CRIE ENCORE PLUS HAUT: TOUT EST ACCOMPLI.

La loi doit être observée, la justice rendue, et la malédiction accomplie. Seul j’en préserve les infortunés mortels; je la porte à leur place; je m’offre pour eux en sacrifice, et mon Père est satisfait.

Je ne dirai donc pas, comme les Juifs aveugles: Qu’il descende de la croix et nous croirons en lui. (Matth. XXVII, 42)

Ô mon Sauveur! c’est parce que tu es monté sur la croix, parce que tu y expires aujourd’hui pour moi, c’est pour cela même que le calme et l’espérance renaissent au dedans de moi.

Va maintenant en paix, ô mon âme!

Purifie-toi dans le sang qui coule de la croix.

Dépose au pied de cette croix tes péchés et tes craintes.

N’oublie jamais que la mort du Fils de Dieu, que cette mort seule peut t’assurer le salut et la vie.


II.


Jusqu’ici, mes Frères, je me suis plu à vous montrer l’efficace du sacrifice de Jésus-Christ; mais n’ai-je point à craindre que quelqu’un ne soit tenté de tirer de cette doctrine une conséquence funeste, et qu’il ne fasse servir à sa perte ce que Jésus a fait pour notre salut?

Malheur à nous si, sous prétexte que le Fils de Dieu fait aujourd’hui l’expiation de nos péchés, nous croyons pouvoir y persévérer!

Non, non; Jésus n’a pas été l'homme de douleur (Ésaïe LIII, 3) pour nous autoriser à être des hommes mondains et sensuels: ses souffrances ne sont point le désaveu de ses leçons, ni sa mort l’adoucissement de ses préceptes. Cette mort au contraire est pour nous:


1° le motif le plus pressant à la sainteté.

Où peut-on mieux apprendre qu’auprès de la croix du Sauveur, combien c’est une chose terrible de tomber entre les mains du juste Juge, du Dieu vivant. (Hébr. X, 31) Oh! que sa justice y paraît redoutable!

Elle va chercher sa victime jusque dans le ciel!

Elle n’épargne pas même le Fils unique, le Bien-aimé du Père!

Où peut-on mieux apprendre qu’auprès de la croix du Sauveur, combien c’est une chose mauvaise et pleine d’amertume d’abandonner l'Éternel. (Jér. II, 19)

Que l’homme qui offense Dieu avec tant de sécurité; qui du moins est si prêt à trouver son péché léger, excusable, qu’il vienne l’envisager sous son vrai point de vue!

Qu’il n’y pense jamais sans se retracer LE SACRIFICE QUI SEUL A PU L’EXPIER ET NOUS AFFRANCHIR DE LA CONDAMNATION!

Qu’il vienne apprendre combien DIEU DÉTESTE LE PÉCHÉ, et combien lui-même doit l’avoir en horreur!

Où peut-on mieux sentir quelle a été la charité du Sauveur qu’au pied de sa croix?

C’est là qu’il semble nous dire:

Il n’y a point, parmi les hommes, de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. (Jean XV, 13)

À peine trouverait-on quelqu’un qui voulût mourir pour un homme juste; peut-être se résoudrait-on à mourir pour un bienfaiteur. Mais Dieu a fait éclater son amour en ce que lorsque vous étiez des pécheurs, Christ a donné sa vie pour vous. (Rom. V, 7)

À ce spectacle si touchant, à l’ouïe de si douces paroles, le cœur le moins sensible ne sera-t-il pas ému, subjugué? Et toi, âme pénitente, ne gémiras-tu pas d’avoir connu si tard combien le Seigneur t’aime, et combien peu tu l’as aimé?


Après cela, mes Frères, comment est-il possible que les souffrances et la mort du Fils de Dieu servent encore de prétexte à l’impénitence?

Comment peut-il y avoir des hommes qui semblent croire qu’il ne reste aujourd’hui qu’à s’appliquer les mérites de cette mort, comme si elle avait fermé les yeux de notre Juge sur tous les péchés que nous pourrons commettre, ou qu’elle les eût expiés d’avance?

Déplorable illusion!


JÉSUS-CHRIST EST MORT POUR NOUS,

il est vrai, mais encore une fois,

CE N’EST POINT POUR NOUS DISPENSER DE TRAVAILLER À NOTRE SALUT.


Par nous-même, nous ne pouvons ni mériter ni obtenir notre pardon; en offrant sa propre vie, il a disposé le Juge suprême à oublier nos fautes passées et à recevoir favorablement nos œuvres de reconnaissance et de repentir. Voilà le but de sa mort; et il serait d’autant plus insensé de se flatter qu’elle nous tînt lieu de sanctification, que c’est elle qui nous somme le plus énergiquement de mener une vie nouvelle et qui nous rend notre repentance utile.

Ainsi le pensaient les premiers disciples du Seigneur. Quoi donc! s’écriait saint Paul, après avoir prouvé que nous sommes justifiés gratuitement par le sang de Christ:

Quoi donc! demeurerons-nous dans le péché afin que la grâce soit plus abondante?

A Dieu ne plaise! Nous qui sommes morts au péché, comment vivrions-nous encore dans le péché?

Ne savez-vous pas que nous tous qui avons été baptisés pour appartenir à Christ, nous avons reçu le baptême comme une image de sa mort! Nous avons donc été ensevelis avec lui dans les eaux du baptême afin que comme il est ressuscité.... nous marchions aussi dans une vie nouvelle.... sachant que notre vieil homme a été crucifié avec lui, afin que le corps du péché soit détruit et que nous n’en soyons plus esclaves.... Que le péché ne règne donc plus dans votre corps mortel pour lui obéir en suivant ses désirs déréglés.... Donnez-vous à Dieu comme étant devenus vivants de morts que vous étiez. (Rom. VI, 1-13)

L’amour de Christ nous presse, dit ailleurs le même Apôtre, persuadés que puisqu’un seul est mort pour tous, tous aussi sont morts, et qu’il est mort pour tous afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour Celui qui est mort et ressuscité pour eux. (2 Corinth. V, 14-15)

J’ai été crucifié avec Christ, et si je vis, ce n’est plus moi qui vis; c’est Jésus-Christ qui vit en moi.... AINSI JE NE RENDS PAS INUTILE LA GRÂCE DE DIEU. (Gal. II, 20-21)


2° Mais il y a plus.

Non seulement la mort du Sauveur nous met dans l’absolue nécessité de mourir au péché si nous voulons être par elle justifiés, réconciliés avec Dieu; elle est encore pour nous le gage certain du secours dont nous avons besoin pour triompher de nos mauvais penchants, pour être changés, régénérés.

C'est sous ce point de vue que l’Écriture nous apprend aussi à l’envisager: Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous? Lui qui na point épargné son propre Fils, mais qui l’a livré pour nous, ne nous donnera-t-il pas aussi toutes choses avec lui? (Rom. VIII, 31-32)

Ne nous donnera-t-il pas son Esprit de vie et de sainteté avec lequel nous pouvons tout, mais sans lequel nous ferions de vains efforts pour nous convertir à lui, sans lequel nous demeurerions dans nos péchés, sans lequel l’œuvre de la rédemption deviendrait inutile?

Si lorsque nous étions ennemis de Dieu, dit encore saint Paul, nous avons été réconciliés avec lui par la mort de son Fils, à plus forte raison serons-nous sauvés par sa vie, soutenus, fortifiés par lui, à présent que nous sommes réconciliés. (Rom. V, 10)

Non; nous ne sommes point abandonnés à nous-mêmes, à notre faiblesse, à notre impuissance naturelle: Le Sauveur nous a promis, comme à ses apôtres, le Consolateur, l’Esprit de vérité qui nous enseignera toutes choses et nous fera ressouvenir de tout ce qu’il nous a dit. (Jean XIV, 16-17, 26)

En faisant annoncer par ses prophètes une alliance de grâce, Dieu lui-même avait dit expressément: Quand ce temps-là sera venu, je mettrai mes lois dans leurs esprits; je les graverai dans leurs cœurs. (Héb. VIII, 10)


Ainsi, mes Frères, nous trouvons dans la mort du Sauveur:

et l’offre gratuite du pardon,

et l’obligation de mourir au péché,

et la promesse des secours de l’Esprit de Dieu pour pouvoir mener une vie nouvelle.


AINSI NOUS TROUVONS TOUT DANS CETTE MORT.

Ainsi tout est consommé de la part de Jésus-Christ; mais ne l’oublions jamais, tout n’est pas consommé de la nôtre.

Le salut éternel est sans doute l’ouvrage de la grâce que Jésus nous a méritée; mais, de notre côté:

IL FAUT SENTIR LE BESOIN QUE NOUS EN AVONS:

il faut la saisir par une foi vive et par d’ardentes prières;

il faut, par des œuvres de repentance, par des fruits de vie,

il faut montrer que nous appartenons véritablement à Jésus, que c’est lui qui vit en nous, que c’est l’Esprit de Dieu qui nous anime et non l’Esprit du monde.

La sanctification de notre âme est un édifice spirituel dont le Sauveur a posé le fondement; mais il faut bâtir sur ce fondement, sans quoi le corps de Christ ne serait point formé, ou nous n’en ferions point partie.

Nous sommes le champ que Dieu cultive, nous sommes l'édifice qu’il bâtit, MAIS IL FAUT TRAVAILLER AVEC LUI: il faut cultiver, arroser, pour qu’il donne l’accroissement, et chacun sera récompensé selon son travail. (1 Corinth. III, 7-9)


Concluons.

La Divinité n’a rien omis de ce qu’elle pouvait faire pour notre salut.

Jésus-Christ y a mis la dernière main en souffrant et MOURANT POUR NOUS.

Il n’y a plus maintenant que nous-mêmes qui puissions nous perdre.

Il n’y a plus que le mépris de cette grâce qui puisse nous en priver.

Mais autant que la grâce est précieuse, autant le mépris que nous en ferions serait criminel.


COMMENT ÉCHAPPERIONS-NOUS

SI NOUS NÉGLIGIONS UN SI GRAND SALUT?

(Héb. II, 3)


Oui; comment échapper désormais au courroux du Ciel, si nous bravons sa miséricorde, si nous rejetons l’unique moyen de salut qu’il nous offre?

Le premier homme qui viola les lois de Dieu fut coupable sans doute, mais le pécheur qui par son obstination rend la mort de Jésus-Christ inutile, et prive le Sauveur de son plus beau triomphe, ah! c’est un furieux qui demeure SANS RESSOURCE ET SANS EXCUSE.

Cette parole du Fils de Dieu mourant, qui fait aujourd’hui notre consolation et notre joie, CETTE MÊME PAROLE DEVIENT L’ARRÊT DE SA CONDAMNATION: elle doit porter le désespoir dans son âme.

Tout est accompli pour ce malheureux, c’est-à-dire, TOUS LES TRÉSORS DE LA MISÉRICORDE DIVINE ONT ÉTÉ ÉPUISÉS, il n’y a plus de victime pour son péché:


DIEU NE PEUT PLUS RIEN FAIRE POUR LE SAUVER.


Il ne lui reste plus qu'à attendre qu'un jugement terrible et le feu dévorant qui doit consumer les rebelles. (Héb. X, 26)

Mes Frères, êtes-vous pénétrés de ces réflexions?

Viendrez-vous à la table sacrée dans un vif sentiment de vos péchés et de vos besoins?

Viendrez-vous avec foi, avec amour, supplier le Sauveur de guérir votre âme, et d’achever en vous son œuvre?

En un mot lui offrirez-vous des cœurs altérés de ses dons, des cœurs sincères et profondément humiliés?

J’aime à le croire. L’image de Jésus-Christ présente à nos yeux; les promesses et les menaces de l’Évangile qui nous ont été solennellement retracées; l’Esprit de Dieu qui frappe à la porte de nos cœurs; tout, TOUT DOIT RÉVEILLER NOTRE CONSCIENCE et ranimer notre dévotion.

Eh bien, mes chers Frères, allons avec confiance au trône de la grâce, afin d’obtenir miséricorde et d’être secourus dans nos besoins. (Héb. IV, 16)

Allons promettre au Sauveur que s’il daigne aujourd’hui nous laver dans son sang, nous sanctifier par son esprit, nous ne recevrons pas sa grâce en vain; (2 Corinth. VI, 1) nous le glorifierons dans nos corps et dans nos esprits, qui lui appartiennent. (1 Corinth. VI, 20)

Dieu veuille que nos promesses, nos résolutions, nos serments, ne s’effacent jamais de notre mémoire! Et pour réunir tous nos vœux en un seul, Dieu veuille que DÉSORMAIS NOUS NOUS CONDUISIONS COMME SES RACHETÉS, SES ÉLUS, et que, parvenus à notre dernière heure, nous puissions dire avec Celui qui nous appelle à marcher sur ses traces: TOUT EST ACCOMPLI.

Ô mon Dieu! je t'ai glorifié sur la terre; j’ai achevé la tâche que tu m’avais donné à faire Mon Père, je remets mon esprit entre tes mains. (Jean XVII, 4. Luc XXIII, 46.)

Ainsi soit-il.



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