Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

NOUVEAUX DISCOURS FAMILIERS

D’UN PASTEUR DE CAMPAGNE.

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DISCOURS II

LA SAGESSE DE L’HOMME SIMPLE.


La loi de l'Éternel donne la sagesse aux plus simples.
(Ps. XIX, 8.)

C'est une chose bien remarquable, mes Frères, que les hommes qui, dans tous les temps, ont vanté la sagesse comme un des biens les plus précieux, soient si peu d’accord sur ce qui mérite ce nom, et le donnent si souvent à la légère.

Il n'est pas de science qui ne s’en empare et qui ne prétende avoir pour but de former des sages. Les soins de la terre, les entreprises des passions, on les décore assez communément de ce titre. C’est ainsi qu’on relève, et les intrigues de l’ambition, et les mouvements qui font y parvenir, et l’art d’élever une brillante fortune sur un patrimoine obscur.


Tous les hommes, il est vrai, ne prostituent pas ainsi le beau nom de sagesse à ce qui n’est qu’une prudence, qu’une habileté toute mondaine; mais il en est peu qui ne renferment dans l'idée qu’ils se font de la sagesse, cette étendue de connaissances, cette supériorité de talents qui est le fruit de l’étude et du génie, et qui ne saurait se trouver chez la plupart des hommes.

De là cette habitude de ne chercher ce qu'ils appellent un sage que dans certaines classes de la société, ou dans les individus que l’éducation en rapproche; comme si la multitude était, par état, étrangère à la sagesse, ainsi qu’elle l’est à la science et à la fortune.

Mes Frères, rien n’est moins conforme à l’esprit de la «religion» que cette façon de penser.


L’Évangile nous apprend que la sagesse est un don du ciel; que le Seigneur la distribue avec moins d’inégalité que l’esprit ou les richesses; qu’il l’accorde sans distinction de rang, sans acception de personnes, à tous ceux qui en sentent le prix et qui la lui demandent;(Jacq. 1, 5) que sa loi est le moyen dont il se sert pour en enrichir, dans les conditions même les plus obscures, les cœurs simples et droits: La loi de l’Éternel donne la sagesse aux plus simples.


Méditons, Chrétiens, cette intéressante vérité; et fasse le Ciel qu’elle nous ramène ou nous attache de plus en plus à la loi du Seigneur! Ainsi soit-il.

La loi de l'Éternel donne... Comment cela, mes Frères?

1° Par les lumières dont elle éclaire leur esprit.

2° Par les vertus dont elle les rend capables.

3° Par le jugement sain qu’elle leur fait porter sur les biens et les maux de la vie.



I.


Je dis d’abord par les lumières...

C’est elle en effet qui enseigne à tous les hommes les vérités les plus importantes et les plus sublimes. C’est elle qui nous explique la raison, qui nous donne la clef de tout ce que nous voyons en nous et hors de nous, où sans elle nous ne trouverions qu’obscurité et ténèbres.

Quelle est l’origine de cet univers?

D’où viens-je, qui suis-je?

Pourquoi suis-je?

Que deviendrai-je?

Que dois-je faire pour obtenir la vie éternelle?

À ces questions si dignes de nos recherches, si décisives pour notre bonheur, la «religion» répond avec autant de clarté que de certitude, et le plus simple des hommes, instruit par elle, n’ignore rien de ce qu’il doit savoir et faire pour être heureux.

Or, mes Frères, que sont auprès de cette science toutes les sciences humaines?

Celles dont l’objet n’a rien qui soit capable d’attacher le cœur, rien qui l’intéresse, celles de l'homme simple qui servent tout au plus à causer à l'esprit une froide admiration, à satisfaire une vaine curiosité, quel rapport ont-elles avec la sagesse?

Il en est d’autres sans doute plus attrayantes et plus utiles; mais celles-là même remplissent-elles toute l’étendue de nos désirs?

Font-elles beaucoup pour notre bonheur?

Hélas! c’est un vaste champ où l’imagination s'égare, où les plus longues, les plus profondes recherches, n’aboutissent guère qu’à des conjectures hardies, rarement heureuses, et où l'esprit trouve, comme dans toutes les choses de la terre, un vide qui étonne, qui attriste, et qui faisait dire à Salomon: Cela même est vanité et tourment d'esprit. (Eccl. 2, 26)

Aussi, lorsque je lis dans l’Évangile l'histoire de ces païens qui, après avoir longtemps erré dans les sentiers de l’erreur, se convertirent enfin à la prédication de saint Paul, je ne suis point surpris que, charmés du nouveau qui les éclaire, ils brûlent tous ces livres qui les avoient occupés jusqu’alors, (Actes 19, 19) et où ils avaient inutilement cherché la vérité: je ne m’étonne pas que saint Paul lui-même, élevé à l’école des Pharisiens orgueilleux, une fois qu’il connaît le Sauveur, ne veuille plus connaître que lui, et nous dise: Je n’ai pas jugé que je dusse savoir autre chose parmi vous que Jésus-Christ et Jésus-Christ crucifié. (1 Cor. 2, 2)


Qu’ils vantent donc moins leurs découvertes, ceux qu’on appelle les philosophes, les savants du siècle. S’ils bornent leur étude aux phénomènes de la nature, aux sciences humaines; s’ils s’arrêtent aux créatures, j’admirerai peut-être la sagacité de leur esprit, la force de leur génie, mais je les plaindrai de n’en pas faire un usage plus noble encore et bien plus utile; je leur dirai toujours: il vous manque une chose, le premier, le principal point de la sagesse, (Ps. 11, 10) la connaissance de Dieu et de ses desseins sur l'homme, la science de nos devoirs et de nos espérances, la science du salut, la science qui tend à nous rendre meilleurs et plus heureux.


Direz-vous que la loi de l’Éternel n’est pas le seul moyen d’acquérir cette connaissance, et que les sciences naturelles peuvent nous conduire au même but?

Mais nous y mènent-elles aussi sûrement, aussi facilement?

Suffiraient-elles pour y mener tous les hommes, ceux même à qui l’indigence ou des occupations multipliées, ôtent le temps d’étudier, quelquefois même celui de réfléchir?

Eh! que saurions-nous, à quoi pourrions-nous nous arrêter invariablement, si nous n’étions pas guidés, éclairés par l’Évangile?

Tous ceux qui pour s’instruire, je ne dis pas seulement sur les objets évidemment au-dessus de notre intelligence, mais aussi sur ceux qui semblaient plus à notre portée:

SUR L’EXISTENCE DE DIEU ET DE SES PERFECTIONS,

sur la manière dont il gouverne le monde,

sur le but pour lequel il nous a créés,

sur le culte que nous lui devons,

sur la nature de notre âme

ET SUR NOTRE SORT À VENIR, aussi bien que sur l’introduction du péché dans le monde, la chute de l’homme, sa réconciliation avec Dieu, sa régénération, tous ceux, dis-je, qui, pour s’instruire sur ces objets d’où dépend tout notre bonheur, n’ont pu ou n’ont voulu interroger que la raison, on les a vus se perdre dans mille conjectures diverses, se plonger dans un abîme de doutes, d’incertitudes, et tomber enfin dans les plus grossières, dans les plus fatales erreurs.


Dieu n'a-t-il pas fait voir, dit saint Paul, que la sagesse de ce monde n'était que folie? Car puisque par cette sagesse le monde n’a point connu Dieu, il a plu à Dieu de sauver par la folie de la prédication ceux qui croiraient. (1 Cor. 1, 20-21)

En effet, mes Frères, dès que le flambeau de l’Évangile nous est présenté, dès que nous ouvrons les yeux à sa lumière, et qu’admettant sans résistance les vérités qu’il a plu à Dieu de nous révéler, notre esprit s’y fixe comme à des principes certains d’où il part pour raisonner sur tout ce qui l'embarrasse, dès lors, les difficultés s’éclaircissent; les doutes s’évanouissent; les vues de la Providence se développent à tous les yeux, et l’on voit avec admiration les plus simples des hommes parler de Dieu et de ses perfections, du Sauveur et de ses bienfaits, de la nature de l’homme, de ses devoirs et de sa destinée, avec plus de vérité et même de noblesse que les philosophes les plus instruits et les plus célèbres.

Ainsi se vérifie dans tous les temps cette déclaration du Sauveur:

Je te loue, mon Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce qu’ayant caché ces choses aux sages et aux savants, tu les as révélées aux enfants, aux cœurs humbles, aux esprits dociles et soumis. Oui, ô mon Père, cela est ainsi, car tu l'as trouvé bon. (Matth. 11, 25-26)



II.


Mais que sont les lumières sans les vertus? La véritable sagesse est celle qui rend l'homme juste et bon. Or à cet égard encore, disons que la loi de l'Éternel donne la sagesse aux plus simples.

Ses préceptes clairs et précis sont à la portée de l’intelligence la plus commune. Les motifs dont elle les appuie, ses promesses magnifiques, ses redoutablesmenaces , sont propres à frapper tous les esprits.

C'est en nous faisant aspirer à la faveur de l’Éternel, du Tout-Puissant;

c’est en nous donnant ce grand Être pour témoin de nos actions les plus secrètes;

c’est en le plaçant à notre droite, qu’elle nous rend supérieurs à toutes les créatures et qu’elle leur ôte le pouvoir de nous ébranler;

c’est en nous faisant apercevoir dans ses mains immortelles le fil des évènements;

c’est en nous assurant qu’il prend soin de chacun de nous et qu’elle nous apprend à nous décharger sur lui de tout ce qui pourrait nous inquiéter ;(1 Pierre 5, 7)

c’est en nous découvrant notre faiblesse, notre corruption naturelle;

c’est en nous faisant recourir sans cesse à l'Auteur de toute grâce excellente, pour qu’il nous arme de sa force et nous revête de son Esprit, qu’elle fait en nous un changement entier par le renouvellement de notre esprit (Rom. 12, 2) qu’elle nous donne cette vertu pure et constante, cette vertu de détails si rare, et d’autant plus admirable qu’elle est moins connue;–

c’est en nous révélant ces prodiges de miséricorde opérés pour notre salut,

c’est en nous montrant un Dieu qui a tant aimé le monde que de donner son Fils unique au monde, afin que quiconque croirait en lui ne périt point mais qu’il eut la vie éternelle, (Jean 3, 16) un Sauveur qui pour nous s'est rendu obéissant jusqu’à la mort de la croix; (Phil. 2, 8)

c’est ainsi qu’elle enflamme notre cœur d’amour et de reconnaissance;

c’est ainsi qu’elle nous fait sentir que rachetés à grand prix, nous ne sommes plus à nous-mêmes, nous devons glorifier Dieu dans nos corps et dans nos esprits qui lui appartiennent, (1 Cor. 6, 19-20) nous ne devons plus vivre que dans la foi au Fils de Dieu qui nous a aimés et qui s'est livré lui-même pour nous. (Gal. 2, 20)

Combien le simple fidèle s’élève alors au-dessus de ces héros de l’orgueil, au-dessus de ces sages si vantés! voilà ce que la «religion» peut faire, voilà ce qu'elle fit dans les premiers âges de l’Église; et j’ose le dire, voilà ce qu’elle opère encore de nos jours.


Lorsque vous voyez un homme au sein de la grandeur et de l'opulence, modérer ses désirs avec tous les moyens de les satisfaire, donner l’exemple de l’humilité au milieu de tout ce qui inspire l’orgueil, s’abaisser, s'anéantir devant le Dieu qui le créa, devant le Sauveur qui le racheta, tandis que les infortunés que ranime sa bienfaisance, seraient tentés de le regarder lui-même comme un Dieu sur la terre; alors sans doute vous vous livrez à une juste admiration; vous reconnaissez l’influence de la «religion» sur les mœurs; vous avouez que l’Évangile est la puissance de Dieu pour le salut de ceux qui croient. (Rom. 1, 16)

Mais, d’un autre côté, n’avez-vous jamais suivi les actions de ce fidèle qui, placé dans l'obscurité, coule une vie pure et ignorée, semblable à ces fleurs cachées sous l’herbe, qui ne répandent pas au loin leurs parfums, et ne sont admirées que de ceux qui les observent de près?

D’où viennent les vertus de cet homme simple?

Mes Frères, il n’a peut-être jamais réfléchi sur la beauté de la vertu, sur l’amour de l’ordre; il ignore ce que c’est que le désir de la gloire; la «religion» est toute sa science, toute son éducation, toute sa philosophie; c’est elle seule qui peut lui donner la sagesse, et voyez quelle douce teinte son âme en a reçue.


Accoutumé à voir le Seigneur partout, il le bénit en quelque état qu’il se trouve; chaque jour il se met sous sa protection, chaque jour il parle de lui à ses enfants; il leur apprend à le voir et à le bénir dans la nature et dans l’Évangile; il échauffe leurs jeunes cœurs en leur racontant les grâces dont il nous a comblés en Jésus-Christ.

C’est sous ses yeux qu'il travaille avec courage à l’œuvre de sa vocation; c’est entre ses mains qu’il remet le succès de ses entreprises:

Son grand secret pour les faire prospérer, c’est de rechercher avant tout le royaume de Dieu et sa justice; (Matth. 6, 33)

C’est de travailler en paix, avec activité, mais sans inquiétude et sans avarice, sans employer aucun moyen qui puisse déplaire au Souverain Arbitre des évènements.

Il a donc en horreur la fraude et l’injustice; fût-il même dans la pauvreté, sa probité n’en serait que plus délicate. Il craint moins l’indigence que les remords; il veut rendre honorable cette pauvreté qui lui donne un trait particulier de ressemblance avec son Sauveur.

Mais ce n’est pas assez pour lui d’être juste, la charité remplit son cœur.

S’il n'a rien à donner, il s’intéressera du moins au sort de ses frères; il jouira de leurs succès, il s’affligera de leurs revers, dût cet intérêt être impuissant, la charité lui en fait un besoin. Mais non, il ne sera point impuissant. Celui qui désire de se rendre utile aux hommes ne peut manquer de l’être.

Tantôt il sert un malade qui sans lui languirait abandonné;

tantôt il aide un voisin qui ne peut suffire à son travail;

tantôt il intercède pour le malheureux auprès de l’homme bienfaisant qu’il n’implora jamais pour lui-même;

tantôt il console l’affligé par sa compagnie ou par son pieux entretien;

ici, il prie avec ardeur pour Celui qu’il n’a pu soulager;

là, il supporte, il pardonne, et par son inépuisable douceur il désarme la haine, il ramène la concorde et la paix.

C’est ainsi qu’il marche sur les traces de son divin Maître, de Celui qui allait de lieu en lieu pour faire du bien. (Actes 10: 38)



III.


Que dirai-je enfin, mes Frères? s’il est quelque autre vertu que vous désiriez encore dans cet élève de la «religion»; si, pour lui donner le nom de sage, vous cherchez en lui ces qualités qui supposent une âme forte, la Modération dans le bonheur, la fermeté dans l'infortune, le courage dans les dangers; la «religion» lui rend ces vertus faciles, naturelles, parce qu’elle lui fait APPRÉCIER AVEC JUSTESSE LES BIENS ET LES MAUX DE LA VIE; parce qu’elle le pénètre de cette idée: le monde passe, mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement. (1 Jean 2, 17)


Si le tentateur veut le séduire, il le repousse sans effort, parce qu’à l'exemple de son divin Maître, il lui oppose ce qui est écrit dans la loi de Dieu, dans cette loi qu’il chérit et qu’il veut suivre.

Si la fortune lui sourit, il jouit de ses faveurs sans ivresse; il ne compte pas sur les biens fragiles qu’elle distribue, et comme ils sont insuffisants à son cœur, il n’y met pas ses affections.

S’ils lui sont retirés, ne croyez pas qu’il les regrette avec amertume; ils ne furent point l’objet de ses désirs; il s’attendait à les perdre.

D’autant plus philosophe qu’il ne pense y point à l’être, c’est chez lui qu’on peut trouver cette raison pratique, ce bon esprit, ce contentement, qui fait rencontrer partout le bonheur.

Souffre-t-il des douleurs cruelles? Le vrai courage, c’est-à-dire, la résignation du chrétien, pare encore son front d’une sérénité non feinte. S’il donne des plaintes à la nature, c’est sans aucune marque d’impatience; au milieu des angoisses, son âme se réfugie auprès de son Sauveur, dans le sein de son Dieu.

Faut-il enfin attendre la mort s’approche? Comme il n’a point été subjugué, troublé par ces passions qui attachent tant d’hommes à la terre et les éloignent du Seigneur; comme il lui a été donné de vivre dans l'amour de Dieu et dans l'attente de Christ (2 Thes. 3, 5) comme il a conservé la foi la bonne conscience, (1 Tim. 1, 19) il meurt en paix, éclairé, fortifié par l’Évangile; il ne voit dans la mort qu’un passage à une vie meilleure que Jésus nous a méritée par son sang; il sait qu’il lui sera plus avantageux de quitter ce monde pour être avec Christ, (Phil. 1, 23) et les derniers accents de sa voix mourante expriment encore l’espérance et le bonheur.


Parlez à présent vous-mêmes, mes Frères; analysez la sagesse; dites si nous avons omis quelqu’un de ses traits, ou plutôt reconnaissez qu’il n’en est aucun que la loi de Dieu ne puisse donner au plus simple des hommes.

Elle ne lui expliquera pas, il est vrai, la nature et les propriétés des corps, l’ordre et le mouvement des astres:


MAIS ELLE LUI FERA CONNAÎTRE CELUI QUI DU NÉANT A TIRÉ CET UNIVERS ET QUI LE MEUT PAR SA VOLONTÉ.

Elle ne lui enseignera point comment se forment ces orages, ces fléaux, qui bouleversent quelquefois la nature, et comment on peut s’en préserver,

MAIS ELLE LUI RÉVÈLE COMMENT LE PLUS GRAND DE TOUS LES MAUX, LE PÉCHÉ, est entré dans le monde; comment il a perdu la race humaine, et comment nous pouvons en être affranchis.

Elle ne lui apprendra pas à immortaliser son nom par ses découvertes dans les arts ou dans les sciences, MAIS ELLE LUI APPRENDRA À S’ASSURER UNE ÉTERNITÉ PLUS RÉELLE EN ALLANT À CHRIST, au Prince de la vie, en le contemplant par la foi, en domptant ses passions, en régnant sur son cœur, en pratiquant ces œuvres qui s’écrivent dans le Livre de vie et qui survivront à la ruine dé l’univers.

Elle ne l’échauffera pas de l’amour, des lettres et du feu de la poésie, MAIS ELLE L’ANIMERA D’UN PLUS BEAU FEU, D’UN PLUS NOBLE S’ENTHOUSIASME, DE CELUI DE LA PIÉTÉ ET DE LA CHARITÉ, DE L’AMOUR DE DIEU ET DES HOMMES.

Inondée de la lumière divine, délicieusement occupée de la «religieuse» adoration des perfections suprêmes et du soin de les imiter, autant qu’il est en elle; pressée et possédée par la charité de Christ, (2 Cor. 5, 14) c’est là qu’avec la sagesse son âme trouve le repos et le bonheur; mais, finissons par un sérieux retour sur nous-mêmes.


Je m’adresse d’abord à ceux à qui ce discours est particulièrement destiné, à ceux qui n’ayant rien qui les distingue selon le monde, sont naturellement appelés à mener une vie obscure, et je leur dis:

Mes très chers Frères, sentez-vous tout ce que la «religion» a fait pour vous, tout ce que vous pouvez être avec la «religion»?

Que vous seriez heureux, si chacun de vous pouvait se reconnaître dans le portrait que nous avons fait du cultivateur, de l’artisan, dont la piété éclaire l’esprit et règle le cœur!


RENDEZ DU MOINS HOMMAGE À LA VÉRITÉ. Avouez, à l’honneur de la «religion», que si vous vouliez la consulter, si vous saviez écouter sa voix, il ne vous manquerait rien pour parvenir à la sagesse.

Mais quoi! vous y refuseriez-vous?

Je vous vois vous agiter, vous travailler pour franchir l’intervalle qui vous sépare de ceux que la fortune a plus favorisés que vous.

Négligeriez-vous donc cela seul en quoi vous pourriez certainement les égaler et peut-être les surpasser?

Négligeriez-vous ce qui vous honorerait le plus, ce qui rétablirait en vous toute la dignité de l’homme?

Pouvant puiser à la source de la sagesse qui vient d’en haut, croupiriez-vous volontairement à cet égard dans une honteuse ignorance et dans tous les vices qui en sont la suite inévitable?

Ah! connaissez mieux vos vrais intérêts; ouvrez votre cœur à l’Évangile, il vous communiquera la sagesse.

Cette sagesse sera pour vous un soulagement dans vos pénibles travaux, un dédommagement dans vos privations; elle sera votre consolation dans les malheurs qui fatiguent souvent votre existence, ou plutôt vous aurez tout avec elle; avec elle vous serez assez riches, assez grands, assez heureux. Vous pourrez vous réjouir en espérance; vous pourrez vous réjouir au Seigneur.

Que ceux à qui la Providence a départi plus libéralement ses faveurs temporelles retirent aussi de ce discours une leçon salutaire.

Pour eux, comme pour les plus petits des hommes, il n’est point de gloire véritable, il n’est point de bonheur réel sinon dans cette sagesse que donne la loi de l'Éternel.

Devant Dieu s’anéantissent toutes ces distinctions de talents, de rang, de fortune, inévitables sur la terre, et qu’il faut respecter pour le bien de la société.


Le Tout-Puissant, l’Éternel, ne voit dans les hommes que le titre de bon ou de méchant, de fidèle, d’enfant de Dieu, ou d’incrédule et de mondain.

Il ne les distingue que par leur foi et par leurs œuvres; les plus grands à ses yeux sont les plus humbles et les plus soumis.

Que ceux qu’il a élevés ici-bas entrent donc avec soin dans ses vues paternelles. Qu’ils n’oublient jamais qu’ils n’ont été mis plus en vue, que comme on place un flambeau sur une hauteur pour répandre plus loin sa lumière.

Loin de se laisser devancer dans le chemin du salut par ceux à qui il a été moins donné, qu’ils soient toujours leurs modèles. Qu’ils profitent de l’ascendant qu’ils ont sur eux pour les porter à étudier la «religion», pour la leur faire aimer, pour les amener et les attacher à leur Sauveur. Qu’ils se plaisent à rendre justice à ceux qui se distinguent dans cette belle carrière; qu’ils reconnaissent, qu’ils honorent en eux les bons chrétiens et les vrais visages.


Les uns et les autres, mes chers Frères, ÉTUDIONS, MÉDITONS, AIMONS CETTE LOI DU SEIGNEUR QUI DONNE LA SAGESSE.

C’est elle qu’on a mise sous vos yeux dès vos plus tendres années à peine avez-vous su bégayer le nom du Sauveur, qu’on vous a fait entendre sa parole; elle a été, cette divine parole, comme un lait précieux dont on a nourri votre âme pour la faire croître en sagesse et en grâce.

Nous ne cessons point de vous la présenter comme une nourriture; salutaire que nous préparons de mille manières, suivant vos goûts et vos besoins.

Qu’elle soit donc à jamais, cette sainte loi, la lumière de votre conscience, la règle de votre vie; et pour qu’elle produise cet heureux effet, veuille l’Auteur de tout bien la graver lui-même dans vos cœurs, vous en donner l’amour et l’intelligence, lorsque vous la lisez dans vos maisons!

Qu’il daigne aussi, lorsque vous venez en entendre l’explication dans ce sanctuaire, qu'il daigne joindre l’onction intérieure de son Esprit aux paroles qu’il met dans notre bouche!

Ainsi soit-il.


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