Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

MÉDITATION

SUR L’AMOUR DE DIEU (2)

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Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme et de tonte ta pensée. Matth. XXII, 37.


Bien que je sois assez avancé dans la connaissance de la religion, pour savoir qu’elle ne consiste pas en violentes sensations qui n’affectent que le corps, non plus qu’en ravissements sublimes et en extases, je sais aussi que, puisqu’il est dans ma nature d’éprouver les émotions de la crainte et de l’espérance, de la douleur et de l’amour, elles doivent, sans aucun doute, se manifester jusqu’à un certain point dans le service de Dieu.


Que ferai-je, ô mon Dieu, pour t’aimer davantage?

Je médite sur les merveilles de la nature, sur l’étendue de ta bonté, et sur les richesses de ta miséricorde; ET POURTANT JE T’AIME SI PEU!

Je repasse dans mon esprit tous les biens si variés et si précieux que j’ai reçus de toi dans cette vie, et le don si merveilleux de la grâce qui se rapporte à la vie à venir; ET CEPENDANT JE T’AIME SI PEU!

Je vois Jésus quitter le sein de son père pour revêtir la chair et le sang, et habiter parmi les pécheurs, Jésus, ton fils premier-né, envoyé sur la terre pour s'offrir en sacrifice pour de misérables pécheurs tels que moi; et en présence de cette preuve adorable de ton amour, JE M’ÉTONNE DE T’AIMER SI PEU!

Ma méditation me transporte au milieu des scènes variées de la nature et de la grâce, et partout je vois mon Dieu prodiguant les richesses infinies de sa sagesse et de son amour. Je m’efforce d’exciter mes plus vives affections, lorsque je contemple ces miracles de ta puissance et de ta miséricorde; et cependant, ô mon Dieu, JE ME VOIS ENCORE FORCÉ D’AVOUER QUE JE T’AIME BIEN PEU!


Seigneur, toi seul tu peux m’ôter ce cœur de pierre pour me donner un cœur de chair, me rendre susceptible d’admiration et de reconnaissance, et allumer en moi le feu sacré de la vie et de l’amour.

Descends du ciel, maître souverain de la nature, VIENS PRENDRE POSSESSION DE MON CŒUR, qu’il soupire après toi, qu’il brûle pour toi, qu’il fasse monter devant toi un encens perpétuel de vœux et d’amour.

Séduisantes et trompeuses idoles, vains plaisirs de la terre, désormais je vous ferme mon coeur, je l’ai consacré à Dieu pour qu’il y habite; éloignez-vous des portes de ce temple ou il doit régner à jamais.

Je chercherai mon Dieu dans les assemblées de ses enfants,

je le chercherai sans cesse dans le secret et dans la solitude,

je me livrerai à mes pieuses émotions lorsque les yeux des hommes ne pourront me voir, lorsque leurs oreilles ne pourront m’entendre; mon amour se nourrit et s’augmente dans ces heures de retraite.

C’est alors que je puis répandre mon cœur devant Dieu, soupirer et me réjouir en sa présence; IL COMPRENDRA LE LANGAGE DE MES SOUPIRS, il saura quelles sont mes inquiétudes et mes peines.

Je mènerai deuil en sa présence sur mes péchés secrets, je gémirai dans l’amertume de mon cœur sur la profonde corruption de ma nature, sur la vanité de mes pensées, sur le nombre et la violence des tentations auxquelles je suis exposé.

Je me prosternerai à ses pieds; je lui dirai, avec confusion:

Seigneur, combien de grâces j’ai reçues de toi! combien de péchés j’ai commis contre toi, et COMBIEN PEU JE T’AI AIMÉ.

Je sais qu’un des moyens les plus efficaces d’exciter en moi un plus ardent amour pour mon Dieu, est de méditer souvent sur ce que la religion a de plus beau et de plus touchant; je l’ai fait, Seigneur, et MES AFFECTIONS SONT ENCORE SI FROIDES; mais je ne me lasserai pas de revenir sur ces adorables vérités, c’est mon devoir, et ce devraient être mes délices.

Je m’occuperai de tes bienfaits, jusqu’à ce que je sente que la flamme céleste est allumée en moi.

Je parcourrai sans cesse ce champ de merveilles,

je contemplerai ta majesté et ta gloire, ton pouvoir, ta sagesse, ta bonté, toutes tes perfections infinies, jusqu’à ce que, perdu dans cet océan sans bornes, je sente mon cœur pénétré d’admiration et d’amour.

Je rappellerai ensuite les jours de ma vie passée, je retrouverai dans mon souvenir les années qui ne sont plus; je repasserai, avec une pieuse solennité, la multitude de mes transgressions et la multitude de tes miséricordes, jusqu’à ce que mon âme se fonde de repentir et de reconnaissance.


Il y a un secret plaisir dans les larmes d’un pieux amour et d’une sainte douleur.

Je lirai la merveilleuse histoire de l’amour du Christ, je le verrai quitter le sein de son père pour un état de faiblesse et d’enfance, échanger la gloire du ciel contre l’étable et la crèche de Bethléem.

Je le suivrai sur ce sentier d’amour, à travers les infirmités, les fatigues et les douleurs d’une vie de pauvreté et d’outrages.

Je le verrai prier pendant la nuit sur la montagne, et résister à la tentation dans le désert.

Je suivrai la trace de son inépuisable charité, depuis le jardin où il souffrit des angoisses que nous ne saurions ni exprimer, ni comprendre, jusqu’au bois maudit sur lequel il fut cloué.


Je l’y vois gémir et expirer, accablé SOUS LE POIDS DE MES PÉCHÉS.

Cet étonnant spectacle de souffrances divines pourrait-il ne pas exciter mon amour!

J'imiterai les sublimes modèles de piété que David nous a laissés et je mêlerai le nom de Jésus aux cantiques de Sion; ce nom si cher s’unira aux chants les plus doux pour former une céleste harmonie.


Oh! si je me sentais animé de cet esprit qui inspirait à David de si nobles accords!

Lorsque l'influence de la grâce fait naître de saintes émotions dans mon cœur, je voudrais pouvoir fixer ce céleste rayon, et sentir tout mon être dilaté par sa douce chaleur.

Pourquoi faut-il que les intérêts ou les soucis de la terre viennent si vite éteindre cette étincelle allumée par le feu du ciel.

Je voudrais porter la saveur des choses divines dans les occupations ordinaires de la vie; les travaux et les douleurs de cette vie seraient sanctifiés et adoucis, par ce sentiment de la présence de Dieu, qui fait descendre le ciel sur la terre.

Ne permets pas, Ô mon Dieu, que je renferme toute ma piété au-dedans de moi?

Donne-moi d’être toujours prêt à raconter quelques-unes des merveilles de ta miséricorde, toujours prêt à chanter tes louanges?

Donne-moi le courage et la sagesse nécessaires pour discerner ou pour saisir les occasions ou je puis combattre les vains discours des mondains, où je dois oser parler de mon Dieu.

Quand viendra-t-il le temps où ceux qui craignent le Seigneur réchaufferont souvent leurs cœurs par de célestes entretiens, unissons nos prières et nos efforts pour obtenir l’esprit qui vivifie.

Oh! si je pouvais méditer souvent sur les choses éternelles, et me placer par la pensée sur le bord de la tombe!

Lève le voile, divin Jésus, afin que je puisse contempler le monde invisible, ou fortifie ma foi, afin qu’elle puisse pénétrer à travers le voile et voir mon Dieu et mon Sauveur.

Que cette vue fasse une vive impression sur toutes mes facultés, qu’elle ranime mes affections, que mon espérance soit ferme et mes désirs toujours dirigés vers mon Sauveur.

Si j’étais toujours enflammé de cet ardent amour, je serais prêt à obéir à Dieu lorsqu’il m’appellera à quitter cette vie; je recevrais le message de la mort, avec le sourire sur les lèvres, et je suivrais avec joie l’ange qui doit me conduire d’un monde de péché, de ténèbres et de douleur aux régions de la vie et de la félicité.

Là, plus de larmes, plus de soucis, plus de froideur et de nuages, plus de jours de tiédeur et d’éloignement de Dieu.

Je m’approcherai toujours davantage de Dieu, le centre de mon âme, je m’unirai toujours plus étroitement à lui; aucune éclipse ne me cachera plus le divin soleil de justice, et ses rayons porteront sans cesse jusqu’à mon cœur la lumière et l’amour.

Viens, ô mon âme, réveille-toi de ta léthargie, secoue la poudre qui pèse sur tes plus nobles facultés. N’es-tu pas lasse de cette dévotion si froide de la terre?

N’as-tu pas gémi assez longtemps d’aimer si peu ton Dieu, et de jouir si peu de son amour?

Viens, élève-toi au-dessus de la chair et du sang, au-dessus de tout ce qui n’est pas immortel. Porte tes regards impatients au-delà de la sombre vallée, et salue l’aurore d’un jour éternel.

Que l'ardeur de tes désirs te transporte au-delà de la tombe, et que tout ton être s’élance avec joie au-devant de l’immortalité!

Amen.

FIN.



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