Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

MÉDITATION

SUR LA MORT (2)

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Toutes choses sont à vous, soit la vie, soit la mort. I Corinthiens. III, 22.


Oui, mon âme, quelque affligeante que soit la pensée de la mort, elle peut fournir au fidèle d’utiles leçons de piété et de sainteté.

Soit que la mort se montre dans toute la pompe de son ténébreux empire, renversant tous les hommes dans la poudre;

soit qu’elle attaque un pécheur impénitent, et qu’elle remplisse son âme de trouble et d’angoisses;

soit qu’elle lutte avec un saint et qu’elle soit vaincue par la foi;

soit qu’elle exerce ses ravages dans le cercle de nos connaissances, ou qu’elle s’introduise dans notre famille et nous enlève nos parents les plus chers:

Le chrétien peut toujours retirer les plus précieux avantages des réflexions que feront naître des scènes si tristes et si imposantes, et des émotions déchirantes que de si douloureuses séparations lui feront éprouver.


Mais notre propre mort peut-elle aussi devenir un bien?

Ah! qu’une telle leçon semble pénible à la nature!

Peut-elle être un bien cette mort qui change un corps actif et vigoureux en une vile poussière, qui condamne nos yeux à une longue obscurité, et qui nous enlève l’usage de tous nos sens?

Peut-elle être un bien, cette mort qui nous cache ce soleil et tous ces astres et cette riche variété d’objets sensibles qui nous offrent un spectacle si magnifique, cette mort qui sépare deux amis aussi intimement unis que l’âme et le corps, pour précipiter, l’un dans la sombre prison du tombeau et lancer l’autre dans des régions inconnues?


Oui, l’Évangile de Christ a la puissance de dépouiller la mort de tout ce triste entourage, et de répandre une vive lumière sur ses plus affreuses ténèbres.

Ainsi, le soleil réfléchit ses plus brillantes couleurs sur les nuages les plus sombres, et la pluie n’a pas encore cessé qu’il réjouit nos yeux par le beau spectacle de l’arc-en-ciel, juste et glorieuse image de l’alliance de grâce, qui donne à la mort même un aspect consolant et doux et qui répand la lumière et la joie sur l'obscurité du tombeau.

Si, par la grâce de l’Évangile, la mort elle-même est à nous, apprenons donc à rougir de notre faiblesse et de nos vaines terreurs; disons-nous dans le langage de la foi:

Pourquoi craindrai-je de voir «cette tente se détruire?»

N’ai-je pas dans le ciel «un édifice qui vient de Dieu, une maison éternelle?»

N’ai-je pas supporté assez de travaux et assez d’épreuves?–

M’affligerais-je de les voir finir?

N’ai-je pas été assez tenté?

N’ai-je pas assez combattu?


Lorsque je pense à toutes les plaies de ma conscience, à toutes les angoisses de mon âme, à toutes mes souillures, à la perte de mon innocence et de ma paix, pourrais-je supporter une répétition constante des mêmes maux?

Ne faut-il pas que cette lutte se termine?

Craindrais-je la victoire et le triomphe?

N’ai-je pas couru pour obtenir le prix?

N’ai-je pas combattu pour recevoir la couronne? et n’aurais-je pas assez de courage pour traverser le sombre passage, pour entrer en possession de cette couronne et de ce prix?


Pense, ô mon esprit, à ta déplorable ignorance, tant que tu habites ce pays des apparences et des ombres.

La science n’est-elle pas pour toi un aliment naturel et délicieux?

N’as-tu pas assez longtemps vécu dans les ténèbres et dans l’erreur?

Craindrais-tu de t'avancer sur les limites de ce royaume où croît l'arbre de la science et de la vie, et où la vérité se montre sans voile?

N'as-tu pas souvent gémi de ce que ton Dieu, le plus grand et le meilleur des êtres, t’est encore si peu connu? De ce que le Fils de Dieu, la splendeur de la gloire du Père, est encore, à tant d’égards, un étranger pour toi?

Et toi, mon âme, n’as-tu pas amassé assez d’iniquités et de misères, que tu sois si effrayée d’un état de sainteté parfaite?

Qu’est-ce qui te fait éprouver une si vive douleur intérieure, si ce n’est le péché qui habite en toi?

Les tentations ne te laisseront en repos que lorsque tu auras dépouillé la chair et le sang. – Pourrais-tu donc craindre de voir approcher la fin de tes maux?

Détourneras-tu ton visage à l’aspect de ton libérateur?

N’as-tu pas souvent contemplé, par la foi, les esprits des justes parvenus à la perfection? Revêtus de sainteté parfaite de Christ, comme d’un vêtement, ils se tiennent devant le trône, ils se réjouissent en présence de Dieu et l’adorent.

Leur bonheur n’a-t-il excité en toi aucun désir?

N’as tu jamais dit: ô que ne suis-je avec eux!

Pourquoi donc éprouves-tu une si grande répugnance à quitter ce corps de péché, à sortir de cette triste et sombre prison pour entrer dans ce royaume de gloire, dans cette heureuse assemblée, et pour y adorer Dieu sans imperfection et sans lassitude?

Souviens-toi encore que, tant que tu demeures sur la terre, et que tu te laisses aller au mal, la Parole de Dieu contient plusieurs menaces qui peuvent s’adresser à toi; ses flèches entrent quelquefois dans ta chair, et pénètrent jusqu’à ton âme.

J’avoue que ce n’est point le châtiment d’un juge, mais celui d’un père qui veut nous corriger; mais ne vaut-il pas mieux demeurer dans ce royaume où tu n’auras plus besoin de châtiments, où le Seigneur ton Dieu ne se courroucera plus contre toi, où il ne jettera plus sur toi que des regards d’amour?


Maintenant, ton plus grand bien est de vivre des promesses de l’Évangile; mais l’accomplissement n’est-il pas préférable aux promesses, et la possession à l’espérance?

N’est-il pas plus doux d’habiter la maison de Dieu à jamais que d’y pénétrer de temps en temps?

Que peut-il y avoir de meilleur que d’être fixé dans un état de félicité parfaite et d’être une colonne dans le temple de Dieu! Tu t’es plaint si souvent de ce que le corps était un obstacle à tes bons mouvements, et tu serais fâché de voir briser tes fers!

N’y a-t-il pas assez longtemps que tu es éloigné de Dieu et de ton vrai bonheur?

Il est vrai que le besoin du repos ne doit pas être ton principal motif pour désirer la mort, et tu ne dois pas soupirer après elle avec un sentiment d’impatience. Ton devoir est de te soumettre aux maux et aux chagrins de cette vie avec une sainte résignation; tu dois, COMME UN FIDÈLE SOLDAT DE CHRIST, rester à ton poste tant qu’il le jugera convenable, consacrer tes jours à son service, et supporter les fatigues et les douleurs de cette vie mortelle pour glorifier Dieu ton Sauveur.

Mais il n’exige pas que tu aimes un état de souillure et de misères, de tentations et de péché, et IL TE PERMET DE SOUPIRER APRÈS L'HEURE DU REPOS ET DE LA DÉLIVRANCE.


Dans le royaume céleste, tous nos compagnons seront des amis.

Ces parents pieux et chéris, qui nous ont précédés, ont dépouillé ces imperfections qui étaient si pénibles pour eux-mêmes et pour nous; combien leur société sera plus douce qu’elle ne pouvait l’être ici-bas!

Comment ne désirerais-tu pas de les voir revêtus de gloire et de t’unir à eux par les liens de l’amour le plus pur?


Mais le ciel a des attraits encore plus touchants pour une âme fidèle.

Dieu, TON Dieu lui-même, habite au milieu de ses saints, dans toute sa gloire et dans toute sa charité. Jésus, TON Sauveur, que tu as connu et aimé, bien que tu ne l’aies point vu, Jésus est le roi de cette heureuse contrée, il t’y attend; Dieu qui y est comme la source de toute félicité ne te cachera plus sa face, tu ne te plaindras plus de ce que sa grâce ne t’apparaît que de loin en loin; tu ne seras plus isolé dans ce ciel que tu espères; tu seras TOUJOURS avec le Seigneur, tu le verras tel qu’il est, et tu seras semblable à lui.

Souviens-toi, ô mon âme, que la mort est à toi; lève-toi, ne te tiens pas attaché à la poudre. Que ta foi te transporte au-delà des limites du temps!

Contemple le monde invisible, et que la pensée des joies qui te sont préparée bannisse toute crainte!

Vois arriver sans peine l’heure de ton départ, réjouis-toi et triomphe lorsque le message divin te parviendra!

Tant que tu restes sur la terre, la vie est à toi; quand tu la quitteras, la mort sera à toi; les choses présentes et les choses à venir sont à toi;

le monde invisible vers lequel tu t’avances a des joies éternelles en réserve pour toi;

le ciel lui-même est à toi; LE CIEL EST L’HÉRITAGE DE TOUS LES SAINTS.

Va, mon âme, au-devant de ton Dieu et de ton père; lorsque les signes précurseurs de la mort te diront: «Écoute, il t’appelle,» que ta foi et ton amour répondent avec joie; «Seigneur, je viens

Va, mon âme, réponds à l’invitation de ton Rédempteur, à la voix de ton Bien-aimé! Voici, il vient, avance-toi à sa rencontre, laisse tomber ce vêtement charnel, et revêts-toi de magnificence, car la gloire de l’Éternel est sur toi; va briller au milieu des esprits des justes parvenus à la perfection.

Ô heureux adieu à la vie et au temps!

Ô glorieuse entrée dans l'immortalité!

Amen.


Ah! pardonne, Seigneur! ce lamentable usage

D’un temps qui t’appartient; de jours qui sont à toi.

Nous les avons perdus en oubliant ta loi:

Donne-nous donc un cœur et plus simple et plus sage.

Viens donc, viens mon Sauveur! vers le ciel et sa gloire

Par ton Esprit en nous, diriger tous nos pas.

Donne-nous de haïr le monde et ses appas,

Et sur ses vanités de remporter victoire.




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