Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

DECEMBRE

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(note de la bibliothèque «Regard»: nous avons modifié certaines constructions de phrase et certains mots afin de rendre le texte plus facile à comprendre; le texte original fut publié en 1759)


1er décembre

Sur l'oubli des péchés dans la Confession.


1er Point.

On manque quelquefois de s’en accuser dans la confession, parce qu'on en a perdu le souvenir, mais cet oubli nous rend coupables, quand il est volontaire dans son principe.

Quoique nous ne soyons pas responsables devant Dieu des infidélités de notre mémoire, il arrive cependant qu’elle nous soit INFIDÈLE PAR NOTRE FAUTE:

1. Quand on s’examine, trop rarement; trop superficiellement;

2. Quand on se contente de jeter un simple coup d’œil distrait sur les péchés innombrables que peut produire une vie mondaine et dissipée.


2e Point.

On ne doit pas, pour éviter cet oubli, porter à l'excès la recherche de ses actions.

Dieu est trop juste pour faire un crime d’un oubli absolument involontaire, et qui viendrait UNIQUEMENT de la faiblesse et de la fragilité de notre mémoire.

Il veut sans doute que nous examinions notre conscience avec tout le soin et toute l’attention dont nous sommes capables; mais il n'exige rien au-delà du possible et de la mesure juste et raisonnable de cette attention.

Ne sois pas juste à l’excès, et ne te montre pas trop sage: pourquoi te détruirais-tu? (Eccl. VII. 16.)


Qui connaît ses égarements?

Pardonne-moi ceux que j’ignore.

(Ps. XIX. 12.)


* * *

2 décembre

Sur la vraie et la fausse piété.


1er Point.

La vraie piété est humble, et la fausse est orgueilleuse.

L’une redoute le bruit et l’éclat de la renommée, et l’autre le cherche;

L’une fuit la lumière, elle aime à être oubliée et inconnue; l’autre au contraire veut que l'on parle d’elle, elle aime à se montrer au grand jour, elle redoute l’obscurité et l‘oubli;

L’une se contente de ces regards du Père céleste, qui voit dans le secret; et l’autre veut attirer sur elle les regards des hommes dont elle est plus flattée et plus satisfaite, que de ceux du souverain maître.


2e Point.

La vraie piété est désintéressée, et la fausse est toujours occupée de ses intérêts.

L’une est fondée sur la charité qui renonce à ses propres avantages; et l’autre est encore sous l’esclavage de l’amour-propre qui ne peut jamais se résoudre à les sacrifier;

L’une est la même partout; l’autre change pour prendre les vices qui dominent dans les lieux où elle se trouve.

La Cour et tous les lieux de commandements étant, par exemple, le séjour de l’ambition, de la politique, de la dissimulation et de l’intrigue:

La dévotion y devient souvent ambitieuse, adroite, insinuante, politique, intrigante, artificieuse et dissimulée.


* * *

3 décembre

Sur la piété solide.


1er Point.

C'est celle qui est fondée sur la pratique exacte et fidèle de tous ses devoirs, c’est-à-dire, des devoirs du Christianisme et des devoirs de son état.

Les hommes la font consister quelquefois dans des pratiques extérieures de dévotion multipliées à l’infini et qui les distinguent du commun des Fidèles.

C'est une erreur!

Voulez-vous avoir une piété solide?

- Commencez d’abord par être un VRAI Chrétien;

- Commencez par aimer Dieu par-dessus tout, et le prochain comme vous-même;

- Commencez par employer votre temps et vos talents à remplir, avec la plus exacte fidélité, tous les devoirs de votre état.

Vouloir être dévot sans être Chrétien, c'est bâtir sur le sable, c’est élever un édifice qui ne peut avoir ni consistance ni solidité.


2e Point.

Cette piété solide ne se trouve pas toujours dans ceux-là mêmes qui font profession de piété.

Combien n’en voit-on pas:

- Qui gardent les conseils de l’Évangile, et qui n’en gardent pas les préceptes;

- Qui renoncent aux délices et aux commodités de la vie, et qui ne renoncent pas à leurs mauvaises passions;

- Qui honorent Jésus-Christ dans ses temples, et qui le persécutent dans ses membres;

- Qui font de prétendus actes d’amour de Dieu, et qui méprisent le prochain manifestant envers eux parfois de la haine et de la vengeance;

- Qui sont zélés pour le culte du Seigneur, et rebelles à ses volontés.


* * *

4 décembre

Sur les différentes manières de prier.


1er Point.

On distingue quatre sortes de prières:

1. La prière de l’esprit,

2. Celle du coeur,

3. Celle de la parole,

4. Celle des œuvres.

La première se fait par la réflexion, ou ce qui revient au même, par la méditation des vérités du salut: c’est déjà prier que d'incliner son esprit vers Dieu et à tout ce qui se rapporte à son service et à sa gloire.

La seconde se fait par l’affection et par le sentiment de son coeur: c’est aussi prier que d’attacher son coeur à Dieu par des actes de foi, d’espérance et de charité; par des actes de confiance en sa miséricorde, et de soumission à sa volonté.

La troisième se fait par des discours articulés; c’est ce qu’on appelle la prière vocale: on ne doit l’employer que pour soutenir l’attention de l’esprit et les sentiments du coeur; si cette attention manque, on parle sans prier.

La quatrième enfin, se fait par les œuvres, quand elles sont faites POUR PLAIRE À DIEU.


2e Point.

Excellence de la prière au travers des œuvres que Dieu a préparées d'avance.

Nous sommes SON ouvrage, ayant été créés en Jésus-Christ pour de bonnes oeuvres, que DIEU A PRÉPARÉES D’AVANCE, afin que nous les pratiquions. (Eph. II. 10.)

On peut dire que quiconque saura bien vivre selon Dieu, saura bien prier puisque ces occupations extérieures que Dieu nous prescrit, loin d’être des obstacles au saint exercice de la prière, sont plutôt elles-mêmes de véritables prières qui sollicitent en notre faveur la miséricorde de Dieu, et qui l'engagent à nous être propice.

Le Royaume de Dieu ne consiste pas uniquement dans les paroles; mais aussi dans les effets! (1 Corinth. IV. 20.)


* * *

5 décembre

Sur le succès de nos prières.


1er Point.

Quand nous demandons à Dieu quelques grâces particulières qui nous paraissent justes, il arrive souvent que nous ne soyons point exaucés.

Dans ce cas, il faut examiner alors si ce malheur ne vient pas, ou des vices de celui qui prie, ou des défauts de sa prière.

1. Des vices de celui qui prie: Nous savons, disait l’aveugle-né, guéri par Jésus-Christ, que Dieu n'exauce point les pécheurs: voyez donc, si ce n’est pas votre attache à quelque péché, ou votre imperfection naturelle qui arrête l’effet de votre prière.


Nous savons que Dieu n’exauce point les pécheurs;

mais, si quelqu’un l’honore et fait sa volonté, c’est celui-là qu’il exauce.

(Jean IX. 31.)


2. Des défauts dans sa prière parce qu’on ne prie pas avec assez de ferveur, assez d’humilité, assez de persévérance et de soumission.


Persévérez dans la prière, veillez-y avec actions de grâces.

(Col. IV. 2.)


2e Point.

Si ce malheur ne vient ni des vices de celui qui prie, ni des défauts de sa prière...

... Il doit penser que le Seigneur sait ce qui nous convient beaucoup mieux que nous ne le savons nous-mêmes.

C’est à nous de demander; à lui de RECTIFIER NOS DEMANDES en y répondant, NON SELON NOS DÉSIRS, qui sont ordinairement très aveugles, mais selon les vues supérieures et toujours adorables de sa sagesse.

Vous demandez, et vous ne recevez pas, parce que vous demandez mal, dans le but de satisfaire vos passions. (Jacques IV. 3.)


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6 décembre

Sur l'Orgueil.


1er Point.

Aveuglement de l'orgueil: Je ne suis pas comme le reste des hommes.

Voilà le premier cri de l’orgueil!

Désabusez-vous: votre orgueil vous trompe et vous aveugle; vous êtes en TOUT semblables au reste des hommes:


VOUS ÊTES SORTI DE LA MÊME POUSSIÈRE,

ET VOUS Y RENTREREZ COMME EUX!


Vous avez les mêmes faiblesses; et si quelque distinction vous élève au-dessus d’eux, elle ne vous est pas propre et personnelle puisqu’elle est fondée, ou sur l’opinion de la multitude, ou sur ce que nous appelions les caprices du hasard et de la fortune.


2e Point.

Injustice de l'orgueil.

Qu’est-ce qui rend les hommes orgueilleux?

Une naissance qui ne suppose aucun mérite dans les descendants, et à laquelle c’est souvent faire grâce que de dire qu’elle a été illustrée par LE MÉRITE DES ANCÊTRES; un esprit qui ne paraît grand qu’à celui qui l’a, tandis qu’il paraît faux, léger ou insipide à ceux qui s'en prévalent!

Une vaine fumée de gloire que l’amour-propre grossit, que la flatterie exagère, qu’un vent populaire amène, et qu’un autre dissipe.

Voilà ce qui nourrit les hauteurs et les prétentions de l’orgueil!

C'est sur de si faibles fondements qu’il croit pouvoir appuyer cette grandeur fausse et imaginaire dont il est devenu idolâtre!


* * *

7 décembre

Sur les effets de l'orgueil.


1er Point.

C'est le seul de tous les vices qui soit opposé à lui-même, et qui ruine le fondement sur lequel il prétend s'appuyer.

Il se nourrit de l’estime, du respect, des louanges et des complaisances des hommes; et il finira par les perdre, car une grandeur orgueilleuse, devient, par elle-même, une grandeur odieuse et méprisable.

Une grandeur dont on désire l’abaissement et jamais le contraire!

Le mérite et la grandeur nous paraissent plus dignes d’estime, de respect et de vénération quand ceux qui jouissent de ces avantages en paraissent moins éblouis, et sont plus bien loin de s’en prévaloir.


2e Point.

Il ne réussit presque jamais dans ce qu’il entreprend.

La témérité, la présomption, le mépris des conseils d’autrui, la confiance aveugle et mal fondée dans ses propres idées, l’entêtement, l’opiniâtreté, la résistance à la vérité, que d’autres nous montrent et qu’ils ont trouvés avant nous, sont les suites ordinaires de l’orgueil.

Or, quoi de plus propre à précipiter un homme dans un abîme de malheurs et d’égarements, que des vices qui sont si opposés à la raison, aux règles de la prudence et aux lumières de la sagesse?


* * *

8 décembre

Sur les dispositions des hommes à l’égard de l'humilité.


1er Point.

Ils l'aiment, ils l'approuvent, ils l'estiment.... DANS LES AUTRES!

- Elle leur plaît dans les grands qui ne paraissent ni enivrés ni occupés de leur grandeur;

- Elle leur plaît dans des inférieurs qui reconnaissent leur dépendance et leur soumission;

- Elle leur plaît enfin dans des égaux qui leur cèdent tout, et qui évitent d’entrer en concurrence avec eux.

Ils sentent alors tout le prix et tout le mérite de l'humilité; ils n’ont aucune peine à lui rendre justice; et à les entendre, on croirait qu’ils sont tous épris des charmes de cette vertu.


2e Point.

Mais en l'aimant et en l'approuvant dans les autres, ils ne sont nullement disposés à la pratiquer eux-mêmes.

Pourquoi?

C’est que l’humilité des autres flatte extrêmement notre orgueil, et que la nôtre ne serait propre qu’à le mortifier et à le détruire.

L’humilité des autres fait qu’ils s’abaissent devant nous, VOILÀ CE QUE NOUS AIMONS!

La nôtre nous obligerait à nous abaisser devant eux, VOILÀ CE QUE NOTRE ORGUEIL NE PEUT SOUFFRIR.

Avant la ruine, le coeur de l’homme s’élève; Mais l’humilité précède la gloire. (Prov. XVIII. 12.)

Soyez tous animés des mêmes pensées et des mêmes sentiments, pleins d’amour fraternel, de compassion, d’humilité. (1 Pierre III. 8.)


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9 décembre

Sur les avantages de l'humilité Chrétienne.


1er Point.

Humilions-nous sincèrement et profondément; et notre humilité nous sera plus avantageuse que les plus grands talents, les plus grands succès, et les miracles mêmes que Dieu pourrait opérer par nous.

Notre humilité sera pour nous une voie de salut beaucoup plus sûre que tous les succès et tous les talents qui ne servent le plus souvent qu’à exciter et à nourrir notre orgueil.

Plusieurs se sont perdus par l’éclat dangereux de leurs talents et de leurs succès; mais:


Personne ne s’est jamais perdu à cause d'une vraie et solide humilité!

Personne ne s’est égaré en suivant les traces de celui qui a dit:

Apprenez de moi, car je suis doux et humble de coeur.

(Matth. XI.29.)


2e Point.

On peut suppléer par l'humilité aux œuvres extérieures de la piété quand on se trouve dans une impossibilité réelle de les pratiquer.

Vous n’êtes pas en état de soulager tous les pauvres qui ont recours à vous; humiliez-vous de votre indigence, qui à cet égard vous rend presque semblable à eux.

La faiblesse de votre santé ne vous permet pas de soutenir un long travail; humiliez-vous de votre inaction, et votre humilité vous servira devant Dieu de supplément aux œuvres qui vous manquent.

L’Éternel est élevé: il voit les humbles, Et il reconnaît de loin les orgueilleux. (Psa. CXXXVIII. 6.)


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10 décembre

Sur l'objet de la Charité Chrétienne.


1er Point.

Un Chrétien doit aimer tous les hommes en Dieu.

C’est-à-dire, comme étant:

1. L’ouvrage de Dieu qui les a créés par sa toute-puissance;

2. L’image vivante de Dieu qui les a formés à sa ressemblance;

3. La conquête et le prix des mérites d’un Dieu qui les a rachetés par son sang;

4. L’objet de la charité d'un Dieu qui les conserve pour sa gloire et qui les appelle à son Royaume.

Il n’y a aucun homme sur la terre qui n’ait, à ces différents titres, des droits incontestables à notre amour: et c’est sur ces grands et solides principes qu’est fondé le précepte de la charité chrétienne.

.... Et quand je distribuerais tous mes biens pour la nourriture des pauvres, quand je livrerais même mon corps pour être brûlé, si je n’ai pas la charité (l'amour) cela ne me sert de rien. (1 Corinth. XIII. 3.)


2e Point.

Un Chrétien regarde tout le genre humain comme une seule famille dont Dieu est le Père.

C’est donc sous les yeux de ce Père si tendre et si charitable; c’est, pour ainsi dire, presque dans son sein, que les hommes, au lieu de vivre entre eux comme des frères, se déchirent mutuellement, et se font une guerre cruelle et opiniâtre qui ne finit qu’avec leur vie.

La charité n’est pour eux qu’un vain mot; ils n’en ont pas les sentiments et souvent ils ne cherchent pas même à en avoir les apparences.


* * *

11 décembre

Sur le motif de la Charité Chrétienne.


1er Point.

Un Chrétien doit aimer son prochain pour Dieu; c’est-à-dire, pour plaire à Dieu, qui met – en quelque sorte – au même rang l’amour que nous devons au prochain, et celui qu’il exige pour lui-même, quand il nous dit, que le second précepte de la Loi est semblable au premier:

Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton coeur, de toute ton âme, et de toute ta pensée.

C’est le PREMIER et le plus grand commandement.

Et voici le SECOND, qui lui est semblable: Tu aimeras ton prochain comme toi-même. (Matth. XXII. 37-39.)

L’amour du prochain est donc renfermé dans l’amour de Dieu comme dans son principe; et l’amour de Dieu se retrouve dans l’amour que nous portons au prochain comme dans son effet, l’un devrait donc suivre de l’autre.


2e Point.

Ce motif rend notre charité (amour) surnaturelle et divine.

Il la rend universelle, et lui donne une étendue qui embrasse les grands et les petits, les riches et les pauvres, les égaux et les inférieurs, les amis et les ennemis.

Sans ce motif il y a de nombreuses circonstances où le précepte de la charité (l'amour) serait impraticable.

Il est rare que l’on puisse chérir les hommes pour eux-mêmes que SI ON NE LES AIMAIT PAS POUR DIEU, on n'arriverait jamais à accomplir le précepte qui nous oblige de les aimer comme nous-mêmes.


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12 décembre

Sur les prétextes que l'on présente pour violer le précepte de la Charité.


1er Point.

On trouve ces prétextes dont les défauts innombrables du prochain.

L’un est d'une humeur fâcheuse et difficile qui le rend insupportable à ses propres amis;

L’autre a un coeur faux, ingrat, jamais reconnaissant, une âme basse et perfide;

Celui-ci a une malignité naturelle qui saisit le mal avec avidité et qui le publie avec complaisance;

Celui-là est un ennemi cruel et irréconciliable, etc.

Comment pourrait-on se résoudre à les aimer?


2e Point.

Il n'y a aucun de ces prétextes qui ne doivent empêcher la charité chrétienne de se montrer.

On ne vous dit pas d’aimer le prochain pour lui-même et pour les qualités qui le rendent personnellement aimable.

Ce serait un motif humain et profane, et par conséquent sans mérite devant Dieu; un motif sujet à de nombreux changements et d’exceptions selon les individus.


On vous dit d’aimer le prochain pour Dieu:

tout doit céder à ce seul motif:

Dieu le veut; Dieu vous le demande.


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13 décembre

Sur la règle de la Charité Chrétienne.


1er Point.

Un chrétien aime le prochain comme Dieu nous aime.

Dieu n'est donc pas seulement l’objet et le motif de la charité chrétienne, il en est encore LE MODÈLE:

Je vous donne un commandement nouveau, qui est de vous aimer les uns les autres COMME je vous ai aimé.

Je vous donne un commandement nouveau: Aimez-vous les uns les autres; COMME je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres. (Jean XIII. 34. V. S.)

Or, quel amour fut jamais plus solide, plus confiant, plus sincère et plus généreux que celui que Jésus-Christ a eu pour nous! Est-ce ainsi que nous aimons nos frères?


2e Point.

On pèche contre cette règle, non seulement par la haine, le mépris et la dureté qu’on a pour eux; mais aussi par la seule indifférence.

Dieu ne nous défend pas seulement de les haïr, IL NOUS ORDONNE DE LES AIMER:


Je vous donne un COMMANDEMENT nouveau...


Il n’est donc pas permis à un Chrétien de n’être bon et utile que pour soi et pour ses amis, il doit l’être pour tout le monde seIon l’étendue de son pouvoir et de ses forces.

La charité est active; elle ne se contente pas de soulager le prochain dans ses besoins par des paroles de douceur et de compassion, ou par des souhaits obligeants, mais stériles:

Elle travaille, autant qu’il est possible, à lui donner des marques de son affection par des secours réels et effectifs.

Mes chers enfants, disait l’Apôtre Saint Jean, n'aimons pas seulement par paroles, mais par œuvres et en vérité.

Petits enfants, n’aimons pas en paroles et avec la langue, mais en actions et avec vérité. (1 Jean III. 18. V. S.)


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14 décembre

Sur les amitiés humaines.


1er Point.

Certaines d'entre elles sont fausses.

On trouve aisément dans le monde des amis de nom, d’apparence; des amis en discours; des amis d’intérêt, calculateurs, des amis d’intrigue et de politique; des amis de plaisirs et d’amusement; mais qu’il est rare d'y trouver un ami solide et véritable!

À la première épreuve, ces faux amis nous manquent; à la première disgrâce, ils nous abandonnent, ils nous regardent et ils agissent envers nous comme s’ils ne nous avaient jamais connus; ils changent avec la fortune, ils se règlent sur leurs caprices.

Heureux le Chrétien fidèle qui sait éviter la fausseté des amitiés humaines, pour ne s’attacher qu’à Dieu!


2e Point.

Les amitiés du monde qui paraissent les plus vraies sont toujours fragiles.

Il a fallu des années pour les former, et il ne faut quelquefois qu’un moment pour les rompre!

On s’efforce en vain de les renouer, mais si un moment a suffi pour les détruire, des années entières ne suffiraient pas pour les rétablir.

Tout ce qui dépend de l’humeur et du caprice des hommes; tout ce qui est soumis à l’empire de leurs passions, reçoit la preuve de l'instabilité.

La charité chrétienne a des sentiments plus solides et plus durables; elle est fondée sur la «Religion», qui est toujours la même: elle a pour principe et pour objet:


UN DIEU QUI NE CHANGE JAMAIS.


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15 décembre

Sur la Sainte Cène.


1er Point.

Son importance: ce qu'en dit la Bible.

Car j’ai reçu du Seigneur ce que je vous ai enseigné; c’est que le Seigneur Jésus, dans la nuit où il fut livré, PRIT DU PAIN, et, après avoir rendu grâces, le rompit, et dit: Ceci est mon corps, qui est rompu pour vous; faites ceci en mémoire de moi.

De même, après avoir soupé, IL PRIT LA COUPE, et dit: Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang; faites ceci en mémoire de moi toutes les fois que vous en boirez.

Car toutes les fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, VOUS ANNONCEZ LA MORT DU SEIGNEUR, JUSQU’À CE QU’IL VIENNE. (1 Corinth. XI. 23-26. V. S.)


2e Point.

Les conséquences en cas de prise à la légère de la Sainte Cène:

C’est pourquoi celui qui mangera le pain ou boira la coupe du Seigneur indignement, sera coupable envers le corps et le sang du Seigneur.
Que chacun donc s’éprouve soi-même, et qu’ainsi il mange du pain et boive de la coupe...
car celui qui mange et boit SANS DISCERNER le corps du Seigneur, MANGE ET BOIT UN JUGEMENT CONTRE LUI-MÊME.

C’est pour cela qu’il y a parmi vous beaucoup d’infirmes et de malades, et qu’un grand nombre sont morts. (1 Corinth. XI. 27-30. V. S.)

Fruits de ces réflexions.

- La première vous inspirera un désir ardent de rendre votre coeur une demeure digne de Dieu, et par conséquent de le purifier, de toute espèce d'attache au péché.

- La seconde vous inspirera une humilité profonde.

- La troisième un amour tendre et une vive reconnaissance pour un Dieu, qui veut être l’auteur et le protecteur de votre salut.

Ce sont autant de dispositions nécessaires pour vous mettre en état de recevoir dignement le pain et la coupe.


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16 décembre

Sur l'ingratitude envers Dieu.


1er Point.

Il n'y a rien de plus juste que la reconnaissance envers Dieu,

- Qu’avons-nous que nous n’ayons reçu de lui?

- Qui est-ce qui nous a rendus riches et aisés, si nous le sommes?

- Qui est-ce qui nous a donné la santé et la force, si nous en jouissons?

- Qui est-ce qui nous a préservés de mille maux inconnus, dont Dieu seul a pu savoir que nous étions menacés, et dont il a bien voulu nous garantir par une grâce que son amour généreux dérobe à notre connaissance en nous la laissant ignorer?


2e Point.

Rien de plus rare que la reconnaissance envers Dieu.

- Qui est-ce qui songe à ses bienfaits?

- Qui est-ce qui s’en occupe?

On se pique de reconnaissance envers les hommes; on rougirait de passer pour ingrat envers eux!

Par contre, notre ingratitude pour Dieu ne nous gène pas, c'est-à-dire pour celui à qui nous devons le plus de reconnaissance, ou plutôt, à qui seul nous la devons toute entière puisque LES GRÂCES QUE NOUS RECEVONS DES HOMMES SONT ENCORE DES EFFETS DE SA BONTÉ.

On fait plus encore, on tourne ses bienfaits contre lui-même, on ne s’en sert que pour l’offenser.

TOUTE grâce excellente et TOUT don parfait descendent d’en haut, du Père des lumières, chez lequel il n’y a ni changement ni ombre de variation. (Jacques I. 17.)


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17 décembre

Sur la soumission de l'esprit aux vérités 
de la Foi.


1er Point.

Cette soumission est absolument nécessaire.

La raison est la lumière de l'homme et la Foi dans la Parole de Dieu est la lumière du Chrétien.


La crainte de l’Éternel est le commencement de la sagesse;

Tous ceux qui l’observent ont une raison saine.

(Ps. CXI. 10.)


DIEU VEUT QUE NOUS L'HONORIONS par l'hommage de notre esprit et par celui de notre coeur.

Nous lui rendons le premier par notre foi, et le second par notre amour.

Cette foi élève et consacre notre esprit en l'unifiant à la sagesse de Dieu.

SANS LA FOI il est impossible de lui être agréable; car il faut que celui qui s’approche de Dieu croie que Dieu existe, et qu’il est le rémunérateur de ceux qui le cherchent. (Héb. XI. 6.)


2e Point.

Cette soumission doit paraître dans notre conduite.

Le Philosophe se nourrit des vaines spéculations de la raison humaine; mais le Juste vit de la Foi, c’est-à-dire, qu’il juge de tout par les principes de la foi, et qu’il agit toujours par la direction de la foi appuyée sur les saintes Écritures.

- Or que nous dit cette foi des plaisirs, des richesses et des grandeurs du monde?

- Quelle idée nous donne-t-elle des biens passagers de la vie présente, du malheur de ceux qui s’égarent dans la voie large et spacieuse qui conduit à l’enfer?

C'est sur ces principes et non sur ceux du monde et de l’amour-propre qu’un vrai Chrétien règle sa conduite et ses sentiments.


Je n’ai pas abandonné les commandements de ses lèvres;

J’ai fait plier ma volonté aux paroles de sa bouche.

(Job. XXIII. 12.)


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18 décembre

Sur la tristesse.


1er Point.

N'abandonnez point votre âme à la tristesse.

Il vient des moments dans la vie où le coeur est, pour ainsi dire, noyé dans l’amertume et dans la tristesse. Le remède à un si grand mal, c’est d'abord d'en examiner la cause.

Votre tristesse ne vient-elle pas:

1. De ce que vous êtes esclave d’une ou de plusieurs passions que vous ne pouvez satisfaire?

2. De l’impatience ou de la multiplicité de vos désirs?

3. De quelque événement fâcheux qui trouble la sérénité de vos jours?

Si vous n’aimiez rien d'autre que Dieu, rien ne serait capable de vous attrister. On ne s'afflige que de la privation ou de la perte d’un bien qui nous est cher,

Celui qui aime Dieu ne le perd jamais, s’il ne veut pas le perdre!

Il n’en est jamais éloigné, s'il ne l’abandonne pas!


2e Point.

Le second moyen de bannir la tristesse est de recourir à Dieu.

Quelqu'un de vous est-il dans la tristesse? Qu'il prie. (Version Lemaître de Sacy 1701)

Quelqu’un parmi vous est-il dans la souffrance? Qu’il prie. Quelqu’un est-il dans la joie? Qu’il chante des cantiques. (Jacques V. 13. V. S.)

Ce n’est donc pas dans la dissipation des objets extérieurs et dans les vains amusements du siècle qu’il faut chercher un remède à la tristesse, mais bien plutôt dans le recueillement, dans la méditation en sondant sérieusement son coeur dans la prière.


Sonde-moi, ô Dieu, et connais mon coeur!

Éprouve-moi, et connais mes pensées!

Regarde si je suis sur une mauvaise voie,

Et conduis-moi sur la voie de l’éternité!

(Ps. CXXXIX. 23-24.)


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19 décembre

Sur deux sortes de tristesse.


1er Point.

Il y a, dit l'apôtre Paul , une tristesse qui vient de l'esprit de Dieu, et une tristesse qui vient de l'esprit du monde.

La tristesse selon Dieu produit une repentance à salut dont on ne se repent jamais, tandis que la tristesse du monde produit la mort. (2 Corinth. VII. 10)

La première, à laquelle les vrais Chrétiens sont plus sensibles qu’à tout autre, procède:

- Des chutes occasionnelles;

- Du nombre considérable de «crimes» et d’abominations qui se commettent tous les jours dans le monde;

- De l'endurcissement des coeurs:

- Du désir de la céleste patrie qui semble se faire attendre: Assis sur les bords du fleuve de Babylone, disaient les Israélites, nous pleurons, au souvenir de Sion.

Sur les bords des fleuves de Babylone, Nous étions assis et nous pleurions, en nous souvenant de Sion. (Ps. CXXXVII. 1. V. S.)


2e Point.

La tristesse qui vient de l'esprit du monde est impatiente et chagrine.

Elle nous jette dans le désespoir; elle nous laisse sans ressource et sans appui; elle regrette la perte des biens de ce monde sans pouvoir espérer d’en être dédommagé dans l’autre; elle nous rend incapables de ces doux entretiens avec Dieu qui sont la consolation des âmes fidèles.

Si vous vous attristez de la perte de vos richesses, CETTE TRISTESSE NE REMÉDIE À RIEN;

Si vous vous affligez de la maladie, CETTE AFFLICTION L'AUGMENTE AU LIEU DE LA DIMINUER.

«De quoi m'ont servi mes chagrins, je n'ai recouvré ni mon bien, ni ma santé!» (Chrysostôme).


* * *


20 décembre

Sur notre union avec Dieu.


1er Point.

Dieu est en nous et il fait éprouver aux justes la douceur de sa présence.

Jésus lui répondit: Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera; nous viendrons à lui, et nous ferons notre demeure chez lui. (Jean XIV. 23.)

Sa présence est une grâce sanctifiante qui nous unit à lui et nous rend agréables à ses yeux.

C’est cette lumière céleste qui éclaire notre esprit et qui conduit les mouvements de notre coeur;

C'est aussi une protection et un moyen sûr d'être conduit.

Le Seigneur est dans moi, disait le Prophète, il est ma vie, ma lumière, ma force et mon salut. Qu'ai-je à craindre?

Oui, c’est lui qui est mon rocher et mon salut; Ma haute retraite: je ne chancellerai pas.

Sur Dieu reposent mon salut et ma gloire; Le rocher de ma force, mon refuge, est en Dieu. (Ps. LXII. 6-7. V. S.)

C’est cette présence divine qui adoucit l’amertume de nos larmes, et qui nous rend heureux dans nos afflictions.


2e Point.

Rien de plus nécessaire et de plus précieux que cette union de notre âme avec Dieu.

Elle est le gage de notre salut:


TOUT EST PERDU QUAND ON LA PERD!

ON A TOUT QUAND ON LA POSSÈDE.


Nous ne pouvons la perdre QUE par le péché, qui nous ôte:

La communion sanctifiante et habituelle;

La direction constante de la grâce actuelle;

La protection du Seigneur;

Le goût et la douceur des consolations de la grâce dont il nous rend indignes,


* * *

21 décembre

Sur la paix du coeur.


1er Point.

Cette paix ne se trouve que dans le coeur des Justes (de ceux qu'il a justifiés).

Étant donc justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ... (Rom. V. 1.)

IL N’Y A POINT DE PAIX POUR LES IMPIES, dit l'Écriture (Ésaïe XLVIII. 22.)

Leur coeur est semblable à une mer agitée.

Ils ne jouissent, tout au plus, que d’une fausse paix, qui ne sert qu’à les endormir dans leurs vices.

C'est un sommeil ou un assoupissement léthargique que l’on doit regarder COMME L'AVANT COUREUR DE LA MORT.

La grâce, la justice et la paix règnent, au contraire, dans l’âme des Justes.

Mais remarquez bien que le coeur n’est le séjour de la paix, qu'autant qu'il est soumis à l’empire de la justice et de la grâce.


2e Point.

Moyens d'acquérir la paix du coeur.

Le premier, c’est de CONFORMER TOUJOURS VOTRE VOLONTÉ À CELLE DE DIEU.

Le second, c’est de METTRE EN LUI SEUL TOUTE VOTRE CONFIANCE.

Un corps demeure ferme et sans mouvement lorsqu’il est appuyé sur un fond immobile.

Quiconque ne s’appuie que sur un bras de chair, c’est-à-dire, sur les créatures, ne jouit pas des douceurs du repos, puisqu'il éprouve perpétuellement les effets de leur inconstance.

Le Juste, au contraire, qui s'appuie sur le bras de Dieu, demeure ferme et inébranlable parce qu'il n'y a en Dieu, ni changement, ni ténèbres, ni ombre de vicissitude.

Toute grâce excellente et tout don parfait descendent d’en haut, du Père des lumières, chez lequel il n’y a ni changement ni ombre de variation. (Jacques I. 17.)


* * *

22 décembre

Sur la mort dans le péché.


1er Point.

On meurt comme on a vécu! C'est une vérité qui se confirme tous les jours par l’expérience.

- Ceux qui ont vécu dans l'impiété ne prennent tout au plus, au moment de la mort, que les apparences de la «Religion» et de la Foi; et on en voit plusieurs qui ne daignent pas même prendre les apparences de la «Religion».

- Ceux qui ont vécu dans l’esclavage de la volupté portent jusqu'au tombeau le feu qui les dévore.

- Ceux qui ont vécu dans l’oubli de Dieu et dans l'indifférence pour leur salut meurent sans componction. (Tristesse profonde éprouvée à l'idée d'avoir offensé Dieu – Lexilogos)

C’est ainsi que s’accomplit; tous les jours la menace de Jésus-Christ: VOUS MOURREZ DANS VOTRE PÉCHÉ! (Jean VIII. 21.)

Vous mourrez dans ce péché qui vous a toujours dominé, et qui vous domine encore, dans ce péché qui vous plaît plus que les autres et dont une vie entière n’a pu vous détacher.


2e Point.

Pour éviter un si grand malheur, il faut vivre dans la grâce de Dieu.

Il faut chercher le Seigneur pendant qu'on le trouve.

Cherchez l’Éternel pendant qu’il se trouve; Invoquez-le, tandis qu’il est près. (Ésaïe LV. 6.)

Il faut l'invoquer pendant qu'il est encore près de nous et ne pas attendre pour retourner à lui qu’il s'éloigne de nous sans retour.

Il viendra un temps où on le cherchera sans le trouver, c’est le moment de la mort parce que souvent on a tout au plus qu'un simple désir de repentance ou de regrets alors qu'il faudrait avoir les fruits d'une repentance sincère qui touche le coeur de Dieu.

Dieu parle cependant, tantôt d’une manière, Tantôt d’une autre, et l’on n’y prend point garde. (Job XXXIII. 14.)


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23 décembre

Sur l'inconstance dans les voies du salut.


1er Point.

Rien de plus ordinaire que cette inconstance chez certains.

- On est tantôt à Dieu, et tantôt au monde; tantôt pécheur, et tantôt repentant.

- On flotte perpétuellement entre Jésus-Christ et Bélial, entre la lumière et les ténèbres, entre le vice et la vertu.

- On donne mille fois son coeur à Dieu, et on le rend autant de fois aux plaisirs et aux vanités du siècle.

- On prend le joug du Seigneur pour un temps, et, selon les circonstances, on s’en dégoûte.


2e Point.

Rien de plus opposé à l'esprit de Dieu que cette inconstance.

Ce Dieu est IMMUABLE; et il veut que les vertus de ses serviteurs participent en quelque sorte à son immutabilité.

Il dédaigne l'hommage d’une âme inconstante et légère qui, à peine a fait un pas vers le salut, qu’elle retourne à ses premières erreurs.

Il ne chérit que ces âmes fermes et solides, qui s’attachent à lui pour toujours indépendamment des circonstances.


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24 décembre

Sur la résistance aux vérités de 
la Foi.


1er Point.

Cette résistance vient plutôt du coeur que de l'esprit.

On rejette les vérités de la Foi, on admet volontiers les doutes qui l'affaiblissent et les difficultés qui la combattent, SIMPLEMENT PARCE QUE LES PASSIONS ET LES INTÉRÊTS DU COEUR S’OPPOSENT À LA SOUMISSION DE L'ESPRIT.

Les raisonnements qui attaquent la «Religion», ne furent jamais les fruits des spéculations épurées d’un homme chaste et vertueux: l'impie dit dans son coeur: Il n'y a point de Dieu.

L’insensé dit en son coeur: Il n’y a point de Dieu!

(Ps. XIV. 1. V. S.)


Cet horrible blasphème n’est point venu de son esprit; sa raison était trop éclairée pour le produire.

Il n’est donc sorti que de son coeur, dont les passions ont aveuglé son esprit.


Ôtez les passions du coeur, et vous n’aurez plus de peine à soumettre l’esprit.


2e Point.

Moyens de vaincre cette résistance.

Le premier, est de corriger les vices du coeur.

L’ouvrage de la foi commence par l'esprit, il s’achève par le coeur qui la rend entière et parfaite.

IL NE SUFFIT PAS DE CROIRE les vérités qu’elle nous propose;

IL FAUT LES AIMER; et quand on les aime, la foi demeure ferme et assurée.

Le second, c’est de demander à Dieu la grâce de la foi.

Vous vous plaignez de ce que vous avez peu de foi; il n'y a que Dieu SEUL qui puisse vous la donner: demandez-la-lui avec humilité, avec instance, avec ferveur:

Seigneur, augmente ma foi: Je crois, Seigneur; mais il reste encore dans mon âme un fond d’incrédulité; aidez-moi à le détruire.

Aussitôt le père de l’enfant s’écria: Je crois! viens au secours de mon incrédulité! (Marc IX. 24.)


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25 décembre

Sur les obstacles que l'on oppose 
à la grâce de la Foi.


1er Point.

La Foi est un don de Dieu; mais les obstacles que l'on y oppose nous empêchent de la recevoir.

Je voudrais, dit l’un, avoir cette foi vive, ces lumières sensibles et pénétrantes qui ont éclairé les Saints, et j'attends que Dieu me les accorde.

Pouvez-vous croire qu'un don si précieux puisse jamais être accordé à votre paresse, et que cette grâce viendra vous chercher quand vous ne ferez rien pour l’obtenir ou la chercher?

Je la cherche, dites-vous; mais la trouverez-vous dans les conversations impies et licencieuses du monde, dans la lecture de ces livres dangereux qui nourrissent les passions et qui empoisonnent le coeur, dans les fréquentations douteuses où même le nom de Dieu est pris en vain (et dans les jeux vidéos, les films que le monde propose dans ce 21e siècle?)

Je lis, dit un autre, je discute, j’examine pour éclaircir mes doutes; mais, en réalité il ne lit, il n'examine, que pour les augmenter.


2e Point.

Ces obstacles ne sont point insurmontables pour des cœurs DROITS, pour les âmes PURES et SINCÈRES, qui cherchent la vérité sans préjugé, sans passion et sans intérêt.

J’aurais bientôt rompu, disent quelquefois les mondains, tous les liens qui m'attachent au «crime» si j’avais la Foi.

On pourrait leur répondre: Vous auriez bientôt la Foi, SI vous aviez rompu ces liens!

Un certain nombre de ceux qui avaient exercé les arts magiques, ayant apporté leurs livres, les brûlèrent devant tout le monde: on en estima la valeur à cinquante mille pièces d’argent.

C’est ainsi que la parole du Seigneur croissait en puissance et en force. (Actes XIX. 19-20.)


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26 décembre

Sur la Providence.


1er Point.

C'est Dieu qui règle, par sa Providence, tout ce qui arrive dans le monde.

Il ne règle pas seulement ces grands événements dont dépend le BONHEUR OU LA RUINE des Royaumes et des Empires; il ordonne ou il permet jusqu'aux plus petits accidents qui intéressent le dernier des hommes.

Un cheveu ne tombera pas de votre tête, disait le Sauveur, sans l’ordre ou le consentement de cette Providence.

Ne vend-on pas deux passereaux pour un sou? Cependant, il n’en tombe pas un à terre sans la volonté de votre Père.

Et même les cheveux de votre tête sont tous comptés. (Matth. X. 29-30. V. S.)


LE HASARD N’EST RIEN; C’EST UN TERME VIDE DE SENS.


On se sert du hasard pour exprimer une cause qui n’existe point, une cause inconnue aux yeux des hommes; et cependant, la première et principale cause de tous les événements, existe: cette cause nous est clairement connue, c’est la Providence de Dieu.


2e Point.

Usage qu'un Chrétien doit faire de cette vérité.

Arrêtons-nous à cette cause supérieure que TOUT vient de Dieu, et nous n’aurons plus les mêmes idées de ce qui se passe dans le monde.

Qu’est-ce qu’un meurtre aux yeux de celui qui rapporte tout à la Providence?

C’est un arrêt de mort permis et connu et dans le Ciel, mais injustement exécuté sur la terre.

Qu’est-ce qu'un ingrat?

C'est un homme dont Dieu emploie la noirceur pour nous apprendre à faire le bien sans en attendre la récompense sinon de celui dont il est dit:

La justice et l’équité sont la base de ton trône.

La bonté et la fidélité sont devant ta face. (Ps. LXXXIX. 14.)


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27 décembre

Sur l’état du péché.

1er Point.

Tout le bien que l'on fait en vivant DANS le péché n'est d'aucun mérite devant Dieu.

On peut encore, dans cet état, faire beaucoup de prières, beaucoup de mortifications et de bonnes oeuvres, mais ELLES SERONT STÉRILES POUR LE SALUT parce que:

- Le péché est un état de mort: on ne peut donc pas y faire des actions de vie.

- Le péché nous sépare de Jésus-Christ:

Je suis le cep de la vigne, disait-il, et vous en êtes les branches; et de même que la branche séparée du cep, ne porte plus de fruits ainsi vous n'en pouvez porter aucun si vous ne demeurez en moi.

Je suis le cep, vous êtes les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure porte beaucoup de fruits, car sans moi vous ne pouvez rien faire. (Jean XV. 5. V. S.)


2e Point.

Ce serait abuser de cette vérité que de renoncer à la prière et aux bonnes œuvres, parce que l'on est en état de péché.

Je suis dans la disgrâce de Dieu, dit le pécheur, pourquoi prier, pourquoi m'acquitter des devoirs de «Religion», puisque tout ce que j’entreprendrais serait d’aucune valeur pour mon salut?

Raisonnement pernicieux et mal fondé!

Celui qui cache ses transgressions ne prospère point,

MAIS CELUI QUI LES AVOUE ET LES DÉLAISSE OBTIENT MISÉRICORDE. (Prov. XXVIII. 13.)

Si nous confessons nos péchés,

IL EST FIDÈLE ET JUSTE POUR NOUS LES PARDONNER, et pour nous purifier de toute iniquité. (1 Jean I. 9)


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28 décembre

Sur la Loi parfaite.


1er Point.

La Loi évangélique est cette Loi parfaite dont parle l’Apôtre Saint Jacques.

Celui qui aura plongé les regards dans la loi parfaite, la loi de la liberté, et qui aura persévéré, n’étant pas un auditeur oublieux, mais se mettant à l’oeuvre, celui-là sera heureux dans son activité. (Jacques I. 25.)

Elle est appelée parfaite parce qu’elle n'a rien d'exagéré dans sa perfection; par exemple:

Si elle proscrit l’avarice et l'attachement aux biens de ce monde, elle ne défend pas de s’enrichir par des voies honnêtes et légitimes;

Si elle condamne le luxe et les folles dépenses, elle approuve tout ce que les bienséances que la condition exigent.

NE VOUS LIVREZ PAS À L’AMOUR DE L’ARGENT; contentez-vous de ce que vous avez; car Dieu lui-même a dit: Je ne te délaisserai point, et je ne t’abandonnerai point. (Hébr. XIII. 5.)

Elle est donc parfaite en elle-même; mais d'un genre de perfection qui règle tous les états et qui corrige tous les désordres.


2e Point.

Elle n'a rien de lâche dans sa modération.

Si elle distingue les préceptes des conseils, elle nous déclare en même temps que:


LE MÉPRIS DES CONSEILS DISPOSE À LA TRANSGRESSION DES PRÉCEPTES


Si elle inspire aux pécheurs une salutaire confiance en leur ôtant le désespoir, elle leur offre assez de motifs pour les éloigner de la présomption;

Si elle ne porte pas à l’excès la mortification extérieure du corps (le mépris du corps), par contre, elle ne met point de limites à celle des passions.

Puisque vous rejetez tous mes conseils, Et que vous n’aimez pas mes réprimandes,

Moi aussi, je rirai quand vous serez dans le malheur,

Je me moquerai quand la terreur vous saisira, Quand la terreur vous saisira comme une tempête, Et que le malheur vous enveloppera comme un tourbillon, Quand la détresse et l’angoisse fondront sur vous. (Prov. I. 25-27.)


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29 décembre

Sur l'obéissance imparfaite à la Loi
 de Dieu.


1er Point.

Le principe universel de l'imperfection de notre obéissance, c'est une passion que l'on voudrait satisfaire sans préjudice au salut de notre âme.

On a encore assez de crainte des jugements de Dieu, pour ne pas violer sa Loi dans les points que l’on juge essentiels.

On veut lui obéir assez, pour se mettre à couvert de la damnation éternelle; mais on veut aussi ménager les intérêts de sa passion, pour ne pas la sacrifier sans réserve.

De là cette obéissance restreinte, limitée QUI SE GÊNE sur ce qui lui semble d'intérêt mineur,

mais qui se permet UNE ENTIÈRE LIBERTÉ sur tout ce qui ne va pas jusqu'au «crime».

Ce n’est qu’un petit attachement et on évitera, dit-on, tout ce qui pourrait le rendre «criminel»!

Ce n’est qu’une marque légère d’aversion qui, dit-on, n’ira pas jusqu'à la vengeance. Du moins..., on le croit!


2e Point.

Danger de cette obéissance imparfaite à la Loi de Dieu.

Selon plusieurs, ce n’est pas connaître les passions que de se flatter, qu’en en usant avec modération on pourra les retenir dans de justes bornes.

Néanmoins, elles sont toujours dangereuses dans leurs désirs; et, comprenons:


qu'il leur est aussi naturel de se porter à des excès,

QU'IL L’EST À LA RAISON DE LES ÉVITER ET DE LES VAINCRE.

CEUX QUI SONT À JÉSUS-CHRIST ONT CRUCIFIÉ LA CHAIR AVEC SES PASSIONS ET SES DÉSIRS.

(Galates V. 4.)

Celui qui est FIDÈLE dans les moindres choses l’est aussi dans les grandes,

et celui qui est INJUSTE dans les moindres choses l’est aussi dans les grandes.

(Luc XVI. 10.)


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30 décembre

Sur la Loi du jeûne.

1er Point.

La fin générale de cette Loi est la mortification de la chair pour implorer Dieu.

Là, près du fleuve d’Ahava, je publiai un jeûne d’humiliation devant notre Dieu... (Esdras VIII. 21.)

Cette mortification a plusieurs effets qui rendent cette Loi infiniment salutaire.

«Jeûnez, dit Chrysostôme, parce que vous avez péché.

C'est une précaution qu’il faut prendre pour vous soustraire à l'empire des sens, et pour vous accoutumer à vaincre les désirs de la chair.»

Jésus-Christ nous apprend aussi que le jeûne accompagne la prière pour connaître certaines délivrances:

Cette sorte de démon ne sort que par la prière et par le jeûne. (Matth. XVII. 21.)


2e Point.

On se dispense trop facilement de la Loi du jeûne.

Il est vrai que l’on peut en être dispensé; mais combien ne faut-il pas que la nécessité soit réelle pour que la dispense soit valable?

Il ne dépend pas des hommes de changer sur la terre ce que le Seigneur a ordonné dans le Ciel.

Songez que cette nécessité ou cette dispense du jeûne, vraie ou fausse, sera un jour pesée dans la balance de sa justice! De quel poids se chargerait votre conscience si elle n'était fondée que sur une vaine délicatesse ou sur des frayeurs imaginaires?


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31 décembre

Sur le véritable jeûne.


1er Point.

C'est celui qui se rapporte à Dieu.

On se soumet, non par coutume et par habitude; mais par un désir sincère de plaire à Dieu, de fléchir sa miséricorde, d’apaiser sa justice ou d’obtenir ses faveurs et ses grâces.

Avez-vous jeûné par rapport à moi et pour l'amour de moi, disait-il à son peuple par son Prophète?

Ne vous êtes-vous pas contenté d’une simple dévotion extérieure où votre coeur n’avait aucune part?

Est-ce là le jeûne auquel je prends plaisir, Un jour où l’homme humilie son âme? Courber la tête comme un jonc, Et se coucher sur le sac et la cendre,

Est-ce là ce que tu appelleras un jeûne, Un jour agréable à l’Éternel? (Ésaïe LVIII. 5.)


2e Point.

Le véritable jeûne est celui qui est accompagné de la prière et des œuvres de miséricorde.

Seigneur, disaient autrefois les Israélites, nous avons jeûné, et tu n'as pas daigné nous regarder.

Que nous sert de jeûner, si tu ne le vois pas?

De mortifier notre âme, si tu n’y as point égard?

Voici, le jour de votre jeûne, vous vous livrez à vos penchants, Et vous traitez durement tous vos mercenaires.

Voici, vous jeûnez pour disputer et vous quereller, Pour frapper méchamment du poing;

Vous ne jeûnez pas comme le veut ce jour, Pour que votre voix soit entendue en haut. (Ésaïe LVIII. 3-4.)


Complément (v. 6 à 9):

Voici le jeûne auquel je prends plaisir:

Détache les chaînes de la méchanceté,

Dénoue les liens de la servitude,

Renvoie libres les opprimés, Et que l’on rompe toute espèce de joug;

Partage ton pain avec celui qui a faim,
Et fais entrer dans ta maison les malheureux sans asile;
Si tu vois un homme nu, couvre-le,
Et ne te détourne pas de ton semblable.

ALORS ta lumière poindra comme l’aurore,
Et ta guérison germera promptement;
Ta justice marchera devant toi, Et la gloire de l’Éternel t’accompagnera.
ALORS tu appelleras, et l’Éternel répondra; TU CRIERAS, ET IL DIRA: ME VOICI!

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