Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

OCTOBRE

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(note de la bibliothèque «Regard»: nous avons modifié certaines constructions de phrase et certains mots afin de rendre le texte plus facile à comprendre; le texte original fut publié en 1759)


1er octobre

Sur l'efficacité de la Prière.


1er Point.

Elle tire sa principale force de la médiation de Jésus-Christ.

Si vous demandez quelque chose à mon Père en mon nom, il vous l'accordera. (Jean XIV. 14.)

C’est ce nom adorable de notre Rédempteur que l'Église invoque à la fin de ses prières.

Mais qu’est-ce que demander au nom de Jésus-Christ?

C’est demander avec une foi ardente et une ferme confiance dans les mérites de Jésus-Christ.

C'est aussi demander ce que lui-même pourrait demander.

Quand je prie au nom de Jésus-Christ avec cette foi et cette ferme confiance, c’est Jésus-Christ qui prie en moi et avec moi, et le Seigneur l'exauce à cause du respect et des égards qui lui sont dus en raison de son oeuvre sur la Croix accomplie en notre faveur selon la volonté du Père.

Ma prière, unie aux mérites de Jésus-Christ, est la prière d’un enfant de Dieu.

Séparée des mérites de Jésus-Christ, c'est la prière d'un homme pécheur.

Si Jésus-Christ ne prie pas AVEC moi ou n'approuve pas mes demandes, quelle force auront mes prières?

Ne tomberont-elles pas d’elles-mêmes par leur propre faiblesse?


2e Point.

Demander au nom de Jésus-Christ, c’est aussi demander en imitant ses vertus dans notre vie.

Nous voulons bien interposer son nom dans nos prières; nous voulons bien appeler ses mérites à notre secours; mais VOULONS-NOUS NOUS SANCTIFIER par l'imitation de ses vertus?

Ce divin Sauveur ne nous communiquera pas la force et la vertu de ses mérites, s’il ne trouve pas en nous son humilité, sa douceur, sa mortification, sa patience et sa charité, ou AU MOINS LE DÉSIR D'AVOIR DE CES VERTUS.

Pour rappel:

Vous demandez, et vous ne recevez pas, parce que vous demandez mal,

DANS LE BUT DE SATISFAIRE VOS PASSIONS. (Jacques IV. 3.)

Si vous portez beaucoup de fruits, c’est ainsi que mon Père sera glorifié, et que vous serez mes disciples. (Jean XV. 8)


* * *

2 octobre.

Sur l’abandon de la Prière.


1er Point.

Le plus grand désordre et le plus grand malheur qui puisse faire  tomber l'homme chrétien, c'est d'abandonner la prière.

Il renonce dès lors à tous les moyens pour travailler à son salut!

Il renonce à toutes les vertus, et il se livre à toutes les passions, puisqu'il ne peut pratiquer les unes, ni vaincre les autres que par le secours de la grâce, et que CE SECOURS NE PEUT S’OBTENIR QUE PAR LA PRIÈRE.

Si c’est la paresse qui lui fait abandonner la prière, n'y a-t-il jamais eu une attitude plus inexcusable que celle d’un homme qui renonce à son salut faute de dire à Dieu: SAUVE-MOI!

Invoque-moi au jour de la détresse; Je te délivrerai, et tu me glorifieras. (Ps. L. 15.)

Si c’est l’endurcissement, qu'y-a-t-il de plus affreux qu'un homme couvert de plaies mortelles et qui refuse de dire à Dieu, GUÉRIS-MOI?

Aujourd’hui, si vous entendez sa voix, N’endurcissez pas vos coeurs, comme lors de la révolte. (Héb. III. 15.)

2e Point.

L'excès du désordre et le comble du malheur pour un Chrétien, c'est de perdre absolument toute idée et toute estime de la prière.

Il reste encore quelque ressource à celui qui sent encore le prix de l’utilité de la prière, quoiqu’il ne la pratique pas.

Mais s'il en vient jusqu'à perdre toute idée et toute estime de la prière,

s’il ne reste pas au fond de son coeur une disposition -  même éloignée -  d’y avoir recours, que peut-on attendre de lui?

Un endurcissement consommé, un abandon total de la «Religion», une impénitence fixe et persévérante, une réprobation anticipée, un aveuglement éternel.

Et pourtant:

Tout ce que vous demanderez avec foi par la prière, vous le recevrez. (Matth. XXI. 22.)

Demandez, et l’on vous donnera; cherchez, et vous trouverez; frappez, et l’on vous ouvrira. (Matth. VII. 7.)


* * *

3 octobre

Sur l’inefficacité de nos prières.


1er Point.

Elle vient de ce que nous demandons à Dieu, des faveurs préjudiciables à notre salut.

L’un lui demande la santé du corps pour vivre dans la mollesse et dans le désordre! L’autre, le succès d’une entreprise formée par avarice ou par ambition!


ET ON OSE LUI FAIRE DE PAREILLES DEMANDES

AU NOM DE JÉSUS-CHRIST!


C’est-à-dire, qu’on veut que ce divin Sauveur se rende le médiateur de nos passions et de nos «crimes»!

2e Point.

Elle vient encore de ce que nous demandons à Dieu des faveurs inutiles à notre salut:

C’est-à-dire des faveurs qui n'ont aucun rapport à notre salut!


La règle est que nous devons d'abord...

CHERCHER AVANT TOUT LE ROYAUME DE DIEU ET SA JUSTICE.


Hélas! C’est toujours ce que nous demandons avec le plus de froideur et de négligence.

Les biens temporels tiennent le premier rang dans nos prières; nous imitons la folie d’un homme qui viendrait importuner le plus grand Roi du monde pour des bagatelles, des riens, des objets tout à fait indignes d’un monarque puissant et magnifique.

Ce que vous me demandez, disait autrefois un grand Prince, est assez pour vous; mais ce n’est pas assez pour moi.

L’objet répond à la petitesse du sujet qui prie, mais il ne répond pas à la grandeur du maître qui donne.


* * *

4 octobre

Sur les Prières de Jésus-Christ.


1er Point.

Elles doivent être le modèle des nôtres puisque nous prions au nom de Jésus-Christ.

Nos prières seront infructueuses, s’il ne peut pas s'associer avec nous.

Voyons donc ce que Jésus-Christ demande pour nous à son Père. Nous le trouvons dans la prière qu’il fit autrefois pour ses Disciples.

Il demande:

que l'amour de Dieu fût gravé dans leur âme;

qu’ils fussent toujours unis entre eux par l’unité de la foi et par celle de la charité;

qu’ils fussent saints en esprit et en vérité;

qu’ils vécussent au milieu du monde sans prendre part à ses iniquités.


2e Point.

Vous devez donc demander à Dieu:

La grâce de l’aimer préférablement à tout;

La grâce d’aimer le prochain comme vous-même, ce sont les deux grands préceptes de la loi;

La grâce de parvenir à cette sainteté pure et sans tache, qui résulte de l’accomplissement plein et entier de ces deux préceptes;

Enfin, la grâce de suivre toujours, au milieu des écueils et des dangers du monde, les droits sentiers de la justice.


* * *

5 octobre

Sur l'attention que l'on doit à Dieu 
dans la Prière.


1er Point.

Cette attention particulière est l'âme et l'essence de la prière.

La différence de la prière vocale et de la prière mentale, ne vient pas de ce que l’une n’est produite que par le son des paroles, et que l’autre demande toute l’attention de l’esprit.

Cette attention doit être égale dans l’une et dans l’autre!

Elles diffèrent seulement en ce que dans la prière vocale c’est l’esprit qui anime et qui conduit la parole; alors que dans la prière intérieure, l’esprit agit seul sans le secours de la parole.

Le Seigneur n’est touché que par la parole INTÉRIEURE de l'âme; IL REGARDE AU COEUR!

On a beau chanter ses louanges; on a beau implorer sa miséricorde par les discours les plus tendres et les plus affectueux, ON EST MUET SI LE COEUR NE PARLE PAS...!


2e Point.

Cette attention manque trop souvent à nos prières.

On participe à de longs offices remplis des plus purs sentiments de l’amour divin; et après y avoir employé des heures entières, on n’a pas fait un seul acte de foi, pas un seul acte d’obéissance et de soumission; les lèvres se remuent, la voix se fait entendre, MAIS LE COEUR NE DIT RIEN:


on a donc prononcé beaucoup de paroles;

mais on n’a vraiment pas fait de prière qui touche le coeur de Dieu.


Reçois favorablement LES PAROLES DE MA BOUCHE

ET LES SENTIMENTS DE MON COEUR, Ô Éternel, mon rocher et mon libérateur! (Ps. XIX. 14.)


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6 octobre

Sur les distractions volontaires en présence de Dieu.


1er Point.

Elles sont «criminelles» en elles-mêmes, car:

elles outragent la majesté du Très-Haut pendant un exercice qui doit être uniquement consacré à sa gloire;

elles renferment un désaveu formel de l’hommage extérieur que nous lui rendons, une contradiction sensible avec le langage que nous tenons dans la prière.

Nous le conjurons de nous écouter, de prêter l'oreille à notre voix, et nous ne nous écoutons pas nous-mêmes, nous ne sommes pas attentifs à notre propre comportement en laissant vagabonder nos pensées loin du sujet principal.

S'il n'est pas toujours en notre pouvoir de suivre exactement le sens des paroles que l'on emploie dans les prières publiques, nous pouvons au moins élever notre esprit et notre coeur à Dieu, pour lui présenter nos misères et nos besoins.


2e Point.

Elles sont «criminelles» dans leur principe, puisqu’elles viennent uniquement de ce que nous avons:

peu de foi;

peu d’amour pour Dieu;

peu de reconnaissance de ses bienfaits;

peu de crainte de ses jugements;

peu de respect pour la majesté de sa présence;

peu de douleur de nos péchés;

peu de désirs des biens futurs; et beaucoup d’ardeur d’attachement pour les biens frivoles que nous offre la figure du monde.

C’est ici la nation qui n’écoute pas la voix de l’Éternel, son Dieu, Et qui ne veut pas recevoir instruction; La vérité a disparu, elle s’est retirée de leur bouche. (Jér. VII. 28.)


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7 octobre

Sur les distractions involontaires en présence de Dieu.


1er Point.

Nous devons les regarder comme des marques humiliantes de notre faiblesse.

L’homme charnel et terrestre qui est en nous a souvent le pouvoir d’interrompre, par des distractions importunes, les prières de l’homme spirituel lorsqu’il veut s’entretenir avec Dieu;

de là ces pensées terrestres, ces images frivoles qui se présentent à nous malgré nous pour partager une attention que nous devons toute entière à Dieu.

C’est une tentation et un malheur attaché à notre faiblesse que Dieu permet pour nous tenir humiliés sous sa main toute puissante pour nous faire sentir le besoin que nous avons du secours de sa grâce et pour éprouver notre vertu.


2e Point.

Nous devons les rejeter avec promptitude.

À partir du moment où nous nous y arrêtons AVEC RÉFLEXION, elles deviennent VOLONTAIRES par notre consentement.

Nous devons toujours craindre d'attirer sur nous par le vice et le dérèglement de nos pensées, la malédiction dont le Prophète menaçait autrefois le pécheur dans le transport de son zèle, quand il disait:

Que sa prière même devienne un péché pour lui!

Quand on le jugera, qu’il soit déclaré coupable, Et que sa prière passe pour un péché! (Ps. CIX. 7. V. S.)


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8 octobre

Sur l'intempérance.


1er Point.

C'est un vice très commun, surtout dans le grand monde où l'on est tous les jours assis à des tables qui, par l’abondance, la délicatesse et la profusion peuvent être comparés à celle du mauvais Riche.

On s’accoutume facilement à suivre les mouvements déréglés de cette cupidité insatiable qui ne se nourrit que d’excès.


LA SIMPLE NATURE SAIT SE CONTENTER DU NÉCESSAIRE.


Mais cette cupidité que l’on doit regarder comme le dérèglement de la nature, demande le superflu; elle recherche le plaisir comme la fin qui lui est propre; elle ne connaît ni borne, ni mesure dans ce qui flatte les sens; elle ne se refuse rien.


2e Point.

C'est un vice très pernicieux

La «Religion» nous oblige de soumettre la chair à l'esprit; mais L’INTEMPÉRANCE DONNE DES FORCES À LA CHAIR POUR SE RÉVOLTER CONTRE L’ESPRIT.

Ce vice quoique grossier, n’alarme pas beaucoup la conscience; il est cependant proscrit par la Loi de Dieu, et très opposé à l’esprit du Christianisme.

J’ai triomphé, disait Saint Augustin au commencement de sa convertion, de tous les vices qui m’avaient éloigné de Dieu;

j’ai rompu mes engagements «criminels»;

j’ai dompté l’orgueil et la préemption de mon esprit, en le soumettant au joug de la foi:

mais il me reste encore une victoire à remporter sur moi-même: C’EST DE ME RÉDUIRE À UNE SOBRIÉTÉ RAISONNABLE.


La chair a des désirs contraires à ceux de l’Esprit,

et l’Esprit en a de contraires à ceux de la chair...

(Galates V. 17.)


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9 octobre

Sur le respect que l'on doit à Dieu
 dans ses Temples.


1er Point.

Nous lui devons un respect extérieur qui consiste dans l'hommage d'un corps humilié.

Ne vous imaginez pas que l’attitude humble et respectueuse du corps n’ait aucune liaison avec la disposition intérieure de l’esprit et du coeur.

Notre âme, unie à ce corps par des nœuds incompréhensibles, a une disposition naturelle à s’humilier quand il s'humilie.

Jésus-Christ se prosterna devant son Père au jardin des Oliviers, afin que sa prière fût accompagnée de tout l’anéantissement extérieur qui pouvait la rendre plus humble et plus respectueuse.

Il alla, selon sa coutume, à la montagne des oliviers. Ses disciples le suivirent. Lorsqu’il fut arrivé dans ce lieu, il leur dit: Priez, afin que vous ne tombiez pas en tentation.

Puis il s’éloigna d’eux à la distance d’environ un jet de pierre, et, S’ÉTANT MIS À GENOUX, IL PRIA... (Luc XXII. 39-41.)

2e Point.

Nous lui devons un respect intérieur.

Le Seigneur habite corporellement dans son temple et nous-mêmes nous sommes SON temple!

Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint-Esprit qui est en vous, que vous avez reçu de Dieu, et que vous ne vous appartenez point à vous-mêmes? (1 Corinth. VI. 19.)

Quels sentiments de crainte et de respect ne doit pas inspirer à un Chrétien, la majesté de sa présence!

Il y demeure pour écouter nos prières et pour recevoir nos hommages; ce sont ceux de l’esprit et du coeur dont il est le plus jaloux. Peut-on les lui refuser sans pécher!

Mon esprit et mon coeur seront-là tous les jours, disait-il, en parlant du Temple de Jérusalem.

Il est donc juste que nos comportements l'honorent par la modestie de notre conduite ainsi que de notre tenue, et que notre coeur l'honore par ses sentiments.


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10 octobre

Sur l'usage des Psaumes dans l'Église.


1er Point.

Les Psaumes sont, pour chacun d'entre nous, très riches d'enseignements.

Cherchez à en comprendre le sens et vous verrez que ce n’est point pour un homme seul que le Saint-Esprit les a dictés!

Ils n’expriment pas seulement les sentiments de David, mais ils expriment aussi ceux de Jésus-Christ, ceux du corps de Christ et ceux de chaque Fidèle en particulier.

Il n’y a point de ville qui ne soit une Jérusalem INFIDÈLE et PERFIDE;

Il n’y a point de pécheur qui ne puisse être un David repentant;

point d’enfant qui ne puisse devenir, si Dieu l’abandonne, un Absalon rebelle et dénaturé.


2e Point.

Appliquez-vous le sens des Psaumes à vous-mêmes.

Si celui que l’on récite (ou que vous lisez), dit Saint Augustin, vous présente la triste peinture d'une âme affligée, s’il contient une invitation aux larmes et au repentir, laissez-vous attendrir par une salutaire douleur.

Si c’est un cantique d’actions de grâces, livrez-vous à tous les transports de la reconnaissance.

S’il est rempli des motifs de l’espérance, donnez un libre essor à la vôtre.


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11 octobre

Pensées diverses

(auteur inconnu)

1er Point.

L’orgueil spirituel et l'amour des louanges des hommes

L'orgueil spirituel est le piège dans lequel Satan fait tomber le plus aisément de fidèles serviteurs de Dieu.

Un ministre de l'Évangile, plein de zèle, de charité et d'amour, est envisagé par son troupeau comme un oracle. Il lui sacrifierait volontiers, comme le peuple de Lystre voulait le faire aux apôtres.


2e Point.

Tout Chrétien, même le plus avancé, doit plutôt S'ATTACHER À LA RECHERCHE DE SES PROPRES MISÈRES, qu'à prêter l'oreille aux éloges qu'on peut lui donner.

Chrétien, si tu aperçois que l'on met devant toi de la poudre à canon, tu dois désirer d'être entouré d'amis qui tiennent le feu à distance.


L'AMOUR-PROPRE EST LE CARACTÈRE PARTICULIER

DE CETTE SOIF DE LOUANGES.


- Nous désirons d'être remarqués plutôt que d'être utiles

- Nous souhaitons être seuls applaudis et loués.

- Nous ne pouvons supporter aucun objet qui nous éclipse.


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12 octobre

Pensées diverses

(auteur inconnu)

1er Point.

La piété personnelle.

Ceux qui veulent convertir les autres doivent être eux-mêmes véritablement convertis.

C'est ainsi que l'apôtre Jean reçut l'ordre de manger le livre avant de prophétiser.

Celui qui prêche Christ et sa grâce, SANS LES AVOIR DANS SON CŒUR, parle contre sa conviction, ou annonce un Dieu inconnu et une sainteté qui lui est complètement étrangère.

Nul ne peut être véritablement éloquent sur un sujet qu'il ne connaît pas; et l'on peut rarement s'attendre à ce qu'une vérité étrangère et peu sentie produise un effet permanent.

Nous devons entretenir nos auditeurs, non seulement des choses que nous avons vues de nos yeux, et touchées de nos mains, concernant la Parole de vie;

mais il faut aussi arrêter leur regard sur le Sauveur, et LEUR FAIRE PARTAGER LE SENTIMENT QUE NOUS AVONS DE SON AMOUR ET DE SA GLOIRE, qui s'élève bien au-delà des bornes de notre faible conception.


2e Point.

Celui qui entreprend de blâmer le monde, doit être lui-même en quelque sorte irrépréhensible.

Nous devons être une lumière qui réchauffe, aussi bien qu'elle éclaire, qui ne jette pas seulement de temps en temps une flamme passagère, mais qui brûle continuellement.

Il est nécessaire que le ministre de Christ ait un caractère soutenu et permanent. Il faut que sa vie soit un exposé de sa doctrine, que cette copie de sa doctrine soit non seulement mise devant les yeux des paroissiens pour les engager à l'imiter, mais que le pasteur lui-même, tel qu'un maître d'écriture, leur montre à former chacune des lettres qui la composent.


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13 octobre

Pensées diverses

(auteur inconnu)


1er Point.

L'importance de la foi.

Le manque de réflexion nous empêche d'observer combien la foi est plus importante chez un ministre que chez un simple fidèle. Toutes choses sont possibles à la foi, donc il est en droit d'espérer de grandes choses de son ministère.

... mon juste vivra par la foi; mais, s’il se retire, mon âme ne prend pas plaisir en lui. (Héb. X. 38)

Nous nous fions plutôt à ce qui paraît flatter nos espérances, qu'aux promesses divines.

Cependant, CE SONT LES PROMESSES DE DIEU QUI DEVRAIENT ÊTRE LE FONDEMENT DE NOS ESPÉRANCES, et ce qui nous flatte, un simple encouragement; alors:

Nous serions soutenus par une foi solide contre les vicissitudes de la vie,

nous nous réjouirions dans l'espérance, et même contre toute espérance.

Mais si nous nous fions à l'apparence, nous courrons fréquemment le risque de tomber dans le découragement; car elle est semblable à la rosée du matin qui s'en va.


2e Point.

Nous devons apprendre non seulement à nous courber sous le poids de nos misères, mais à élever nos regards en haut, afin d'exercer ainsi notre foi.

Il y a un chaînon dans la chaîne de toutes les causes morales par le moyen duquel la faiblesse de la créature est unie à la toute-puissance de Dieu; en sorte que SA FORCE S'ACCOMPLIT DANS NOTRE INFIRMITÉ.

... Quand je suis faible, c’est alors que je suis fort. (2 Corinth. XII. 10.)

Ce n'est pas à la foi seulement, mais à L'ÉPREUVE DE LA FOI, que sont réservées pour le jour de l'avènement de Christ, la louange, l'honneur et la gloire.

Où avons-nous vu que Dieu ait couronné la foi qui n'a pas été d'abord éprouvée?


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14 octobre

Pensées diverses

(auteur inconnu)

1er Point.

La propre justice.

Ce qui nous afflige particulièrement dans l'état d'un homme plein de sa propre justice, c'est que nous n'avons point de Bonne Nouvelle à lui apporter. Notre Maître n'est pas venu pour appeler des justes à la repentance, mais des pécheurs.

Allez, et apprenez ce que signifie: Je prends plaisir à la miséricorde, et non aux sacrifices. Car je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs. (Matth. IX. 13.)


2e Point.

C'est une tâche laborieuse, que de poursuivre dans toutes ses ruses l'homme qui se croit juste, et de les dévoiler les unes après les autres à ses propres yeux.

Mais quand on parvient à le vaincre jusque dans ses derniers retranchements, c'est alors qu'il a recours à la repentance, à l'humiliation, et à la grâce de Dieu.

NOUS DEVONS FAIRE UNE GRANDE DIFFÉRENCE


Entre celui qui est entraîné par la force de la tentation

et

celui qui demeure volontairement dans le péché.

- -  - -

Entre une chute occasionnelle

et

des rechutes habituelles.


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15 octobre

Sur le zèle.


1er Point.

On doit avoir du zèle pour le salut et pour la perfection du prochain; mais ce zèle, pour être bien réglé, doit COMMENCER par nous régler nous-mêmes.

C’est l’ordre essentiel de la charité qui veut, qu’à l’égard de notre propre perfection, nous nous aimions nous-mêmes préférablement à tout autre. Car cette charité n’a proprement que trois objets:

- Le premier, c’est Dieu;

- Le second, c’est nous-mêmes

- Le troisième, c’est notre prochain.

1. Dieu que nous devons aimer par-dessus tout,

2. Nous-mêmes que nous devons aimer après Dieu et par rapport à Dieu:

3. Le prochain que nous devons aimer comme nous-mêmes.

Vous renversez donc l’ordre essentiel et immuable de la charité quand votre zèle met au second rang un objet qui ne doit être mis qu’au troisième DANS CE QUI A RAPPORT À DIEU ET AU SALUT.


2e Point.

Le zèle est sans force et sans effet, s'il ne commence pas par nous régler nous-mêmes.

La plus grossière de toutes les erreurs est de penser que l’on vous croira lorsqu’il paraît, par votre conduite, que vous ne vivez pas vous-même ce que vous dites.

Qui suivra vos avis lorsque vous êtes le premier dans la pratique à les désavouer?

Si l'on peut être travaillé par vos discours, on risque de se rassurer par vos mauvais exemples.


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16 Octobre

Sur les qualités du vrai zèle.


1er Point.

Il doit être selon la science, c’est-à-dire, éclairé et conduit par la Sagesse.

Il faut être conduit par la Sagesse d'en haut:

- Pour agir selon les conditions des personnes selon: leur état, leur caractère leur talent.

- Pour savoir ménager à propos leur délicatesse et même leurs fantaisies lorsqu'on le peut..., sans que le devoir en souffre.

- Pour ne pas confondre la condescendance (la bienveillance) avec la mollesse, ni la rigueur avec la fermeté:.

- Pour discerner à propos le bien d’avec le mieux, le point d’obligation d’avec le point de perfection; afin de se contenter du bien lorsque le mieux serait impraticable ou peut-être dangereux.

- Pour attaquer les abus de front et avec force quand les circonstances l’exigent, ou pour les miner insensiblement, quand on ne peut les abolir tout à coup sans en occasionner de plus grands.

J’ai été faible avec les faibles, afin de gagner les faibles. Je me suis fait tout à tous, afin d’en sauver de toute manière quelques-uns. (1 Corinth. IX. 22.)


2e Point.

Le zèle doit être selon la charité (l'amour).

C'est à elle seule qu'il appartient de retenir le zèle dans ces limites de modération, de sagesse et de circonspection qui le rendent agréable à Dieu et utile au prochain; parce qu’elle seule sait retrancher les abus et les excès du faux zèle.

Ces abus sont l’impatience, la précipitation, l’emportement, l’aigreur et la cruauté.

La charité les retranche, parce qu’elle est douce, humble, patiente, sans ambition, sans intérêt, sans aigreur, se réjouissant du bien, s’opposant au mal par le seul amour de la vertu sans chercher à faire triompher ses propres vices.

La charité est patiente, elle est pleine de bonté; la charité n’est point envieuse; la charité ne se vante point, elle ne s’enfle point d’orgueil, elle ne fait rien de malhonnête, elle ne cherche point son intérêt, elle ne s’irrite point, elle ne soupçonne point le mal, elle ne se réjouit point de l’injustice, mais elle se réjouit de la vérité; elle excuse tout, elle croit tout, elle espère tout, elle supporte tout.

La charité ne périt jamais. (1 Corinth. XIII. 4-8.)


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17 octobre

Sur les défauts du zèle qui ne commence pas par nous régler nous-mêmes.


1er Point.

Ce genre de zèle est mauvais dans son principe.

Le moins qu’on en puisse dire, c’est qu’il vient d’un fond de vanité et d’orgueil.

On veut paraître zélé pour faire croire que l'on hait le vice, et que l’on aime la vertu, pourtant on veut s’élever au-dessus des autres en exerçant le droit que l’on a (ou que l’on croit avoir) de les reprendre.

Là où il y a un zèle amer et un esprit de dispute, il y a du désordre et toutes sortes de mauvaises actions. (Jacques III. 16.)


2e Point.

Ce genre de zèle est toujours stérile et infructueux.

- Que vous servira-t-il de montrer aux autres le chemin de la vertu si vous ne le suivez pas?

- Que vous servira-t-il de réformer des abus moins dangereux que ceux dont vous donnez l’exemple?

- Que vous servira-t-il de procurer le bien si vous faites le mal et d’être sévère à l’égard de ceux qui s'écartent de leur devoir, si vous négligez les vôtres?

Faites donc et observez tout ce qu’ils vous disent; mais n’agissez pas selon leurs oeuvres. Car ils disent, et ne font pas. (Matth. XXIII. 3.)


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18 octobre

Sur le zèle passionné.


1er Point.

Il a souvent toutes les apparences du vrai zèle et il est facile de s’y méprendre.

On prendra pour zèle:

Ce qui n'est qu’un mouvement d'humeur ou une inquiétude de caractère incompatible avec la paix que Jésus-Christ donne.

Ce qui n’est qu’envie, une ambition personnelle ou intérêt.

- L’envie déplore dans le prochain, les défauts qu’elle se plaît à y remarquer;

- L’ambition affecte de paraître zèlée pour dominer:

- L'esprit d’intrigue et d’intérêt trouve par là mille moyens de se produire.


2e Point.

Les moyens de distinguer le vrai zèle, du zèle «criminel» et passionné.

C'est ici qu’il faut rentrer en soi-même, sonder son coeur pour apprendre à connaître et à discerner les plus secrets mouvements de ce coeur tortueux par-dessus tout (Jér. XVII. 9.).

Êtes-vous accoutumé à dompter votre humeur, à vaincre vos antipathies, à étouffer vos ressentiments et vos jalousies?

Si vous avez acquis cette heureuse habitude, vous pourrez répondre de la pureté de votre zèle.

Mais si vous êtes encore soumis habituellement à l’empire des passions, rendez-vous justice à vous-même, avec droiture et vous apercevrez au travers des belles couleurs dont se pare le faux zèle:

- Les artifices de l’ambition,

- les prétentions de l'intérêt,

- la malignité de l'envie,

- les défauts de l’humeur,

- les vices du caractère.


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19 octobre

Sur le zèle impatient.


1er Point.

Quand bien même il serait louable par son motif, il devient mauvais par ses effets.

On voudrait qu’au moment où on a parlé tout le monde changeât de face; que tous les abus soient réformés, toutes les fautes réparées, tous les désordres réprimés, toutes les passions soumises à l'empire de la raison et du devoir.

Et comme il est difficile que le zèle puisse avoir un succès aussi prompt et aussi complet qu'on le désire, on s’aigrit, on s’irrite contre les coupables.

C'est ainsi qu'on se met en danger de leur faire le mal qu'on croit qu’ils méritent;

qu'on se met en danger de leur en souhaiter encore plus qu'on serait en état de leur en faire.

... Ton coeur a senti bien des fois que tu as toi-même maudit les autres. (Eccl. VII. 22.)


2e Point.

L'impatience détruit le mérite du zèle, parce qu'elle est contraire à l'esprit de Dieu.

C’est ce que Jésus-Christ fit entendre à ces deux Disciples qui demandaient que le feu du Ciel vînt embraser la Ville des Samaritains:

Vous ne savez pas, leur dit-il, quel est l’esprit qui vous fait parler.

Jésus se tourna vers eux, et les réprimanda, disant: Vous ne savez de quel esprit vous êtes animés. (Luc IX. 55.)

Vous croyez être animés de l’esprit de Dieu; mais vous vous trompez.

C’est votre propre esprit; c’est un esprit d’aigreur et de vengeance qui vous inspire un dessein si barbare: je n’y aperçois que le zèle de l’homme, je n’y reconnais point le zèle de Dieu.


* * *

20 octobre

Sur l'étude de la Loi de Dieu.


1er Point.

Étudiez la Loi de Dieu, c’est la règle de votre conduite, et ne vous contentez pas d’en avoir une connaissance vague de superficielle.

Étudiez-la pour savoir au juste jusqu'où s'étend l'engagement que vous avez pris devant Dieu.

Étudiez-la pour régler vos occupations, pour fixer le temps que vous pouvez donner aux exercices publics de la «Religion» ou des dévotions particulières, et celui que vous pouvez donner au monde, et à la société; les dépenses que la bienséance exige de vous, et celles que vous devez à la charité et à l’aumône.

En un mot, étudiez-la toujours POUR VOTRE SANCTIFICATION PERSONNELLE; comme si cette Loi divine n’avait été faite et publiée que pour vous.


2e Point.

Étudiez-la pour la pratiquer.

Plus vous serez instruit, plus vous aurez de comptes à rendre à Dieu si vous violez ses commandements.


Si l'on est coupable quand on néglige de connaître ses devoirs,

on l'est encore plus

QUAND ON S’EN ÉCARTE APRÈS LES AVOIR CONNUS.


Celui qui connaît la Loi de Dieu sans la pratiquer, dit l'Apôtre Saint Jacques, est semblable à un homme qui s'étant regardé dans un miroir, y verrait son visage couvert de taches, et qui négligerait de se laver.

Si quelqu’un écoute la parole et ne la met pas en pratique, il est semblable à un homme qui regarde dans un miroir son visage naturel, et qui, après s’être regardé, s’en va, et oublie aussitôt quel il était. (Jacques I. 23-24. V. S.)

La Loi de Dieu est un miroir fidèle qui nous montre:

- ce que nous sommes;

- ce que nous ne sommes pas;

- ce que devons être.


* * *

21 octobre

Sur le trésor du coeur.


1er Point.

Ce trésor se trouve dans tous les objets où notre coeur est attaché.

Quelque obscures que soient les ténèbres dont il s’enveloppe, quelque variable qu’il soit dans ses mouvements, on découvre aisément ses inclinations dominantes.

Il n’y a qu’à voir où il a mis son trésor, à quoi il est véritablement attaché:

Car où est votre trésor, disait Jésus-Christ à ses Disciples, là est aussi votre coeur. (Luc XII. 34.)

Chacun a son trésor sur la terre.

- L’un le met dans sa grandeur et dans son opulence;

- L’autre dans son crédit ou dans ses plaisirs;

- L’autre dans sa réputation ou dans sa science: c’est là que son coeur est attaché;

C’est là ce qui occupe toutes les pensées et ce qui absorbe tous les sentiments.


2e Point.

Dieu seul est le trésor d'un vrai Chrétien.

Celui qui met son trésor dans les biens de ce monde, ne le cherche pas en Dieu.

C’est cependant ce Dieu qui doit être l’unique trésor de notre coeur; c’est en lui seul qu’un vrai Chrétien cherche son repos, sa joie et son bonheur: il compte pour rien des biens que le temps consume, que la mort nous ravit, dont l’habitude nous dégoûte:

Le seul véritable bien qu’il connaît et qu’il désire, c’est ce Dieu qui doit être sur la terre l’objet de son amour, et sa récompense dans le Ciel.

Faites-vous des bourses qui ne s’usent point, un trésor inépuisable dans les cieux, où le voleur n’approche point, et où la teigne ne détruit point. (Luc XII. 33.)


* * *

22 octobre

Sur la vraie liberté.


1er Point.

Les mondains ne jouissent que d'une liberté apparente.

Qu’est-ce en effet que la liberté du monde?

N’est-ce pas un esclavage honteux où l’on s’aveugle, où l’on s’étourdit continuellement, pour ne pas sentir le poids de ses chaînes?

Un esclavage pour se mentir à soi-même touchant sa propre misère; n'osant jamais penser à ce que l’on est, à ce que l’on doit devenir!

Un esclavage où l’on cherche, dans le bruit et le tumulte du monde, des secours impuissants, pour oublier qu’on est mortel!

Un esclavage où l’on ne vit point pour soi, mais pour les autres?


2e Point.

La vraie liberté ne se trouve que dans la vertu qui discipline notre vieille nature.

Celui qui n’est attaché qu’à Dieu, est affranchi de la tyrannie des passions et de l’esclavage du monde.

Il ne craint ni les adversités, ni la mort: il ne dépend que de Dieu, qui lui fait éprouver que son joug est doux, et son fardeau léger:

Prenez mon joug sur vous et recevez mes instructions, car je suis doux et humble de coeur; et vous trouverez du repos pour vos âmes. (Matth. XI. 29.)

- C'est par la grâce, de Dieu qu'on ne trouve rien d’impossible;

- C'est son amour, qui rend tout facile et même agréable;

- C'est l’espérance de ce bonheur éternel, qui nous dédommage de tout.


* * *

23 octobre

Sur la ferveur de nos sentiments.


1er Point.

Il y a une ferveur de raison et une ferveur de sentiment:

Par l'une on s’attache aux devoirs de la «Religion», PARCE QU'ON EN CONNAÎT L’IMPORTANCE;

Par l’autre on s’y attache, PARCE QU’ON EN GOÛTE LA PRATIQUE.

Cette différence est sensible dans deux des principaux exercices de la piété:

Dans la prière:

Celui qui prie par raison, ne s’adonne à ce saint exercice, simplement parce qu'il se persuade que la prière est d’une obligation indispensable.

Celui qui prie avec une ferveur de sentiment se sent en quelque sorte transporté de la terre au Ciel: il aime la prière et il s’y attache avec goût, parce qu’elle l’enlève à tous les objets qui l’empêchent de penser à son Dieu. 


2e Point.

Dans la sainte Cène.

Celui qui n'y est conduit que par une ferveur de raison, s'approche de la table sainte pour obéir simplement au Commandement de Jésus-Christ, qui a dit: Si vous ne mangez la chair du Fils de l'homme, vous n'aurez point la vie en vous.

Je suis le pain vivant qui est descendu du ciel. Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement; et le pain que je donnerai, c’est ma chair, que je donnerai pour la vie du monde. (Jean VI. 51.)

L’autre porte à ce festin mystérieux une âme affamée et altérée de la justice. Il s’y prépare bien à l'avance et se réjouit de connaître les délices ineffables de ce sacrifice qui lui rappelle ce que Christ à fait pour son salut.

... toutes les fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne. (1 Corinth. XI. 26.)


* * *

24 octobre

Sur la Dévotion de préférence et de 
sacrifice.


1er Point.

C'est cette dévotion de sacrifice qui consiste dans une pratique entière, généreuse et habituelle de la Loi de Dieu.

Cette dévotion active peut suppléer à la ferveur de sentiment.

Vous ne trouvez pas toujours le même goût et le même plaisir dans l'exercice de la prière ou dans une oeuvre de piété, que dans les lectures profanes ou dans quelque autre amusement.

Mais vous préférez quand même ces exercices de piété à des occupations plus agréables; et vous serez toujours disposé à SACRIFIER POUR DIEU CE QUI VOUS PLAÎT LE PLUS à ce qui vous plaît le moins.

Quand bien même vous ne trouveriez ni goût ni satisfaction sensible dans ce que vous faites pour lui, il vous en tiendra compte en raison du choix que vous avez fait.


2e Point.

La ferveur de sentiment NE PEUT PAS remplacer la ferveur de préférence de sacrifice.

Si vous n’êtes pas humble, patient, charitable, désintéressé, mortifié, la ferveur que vous croyez sentir n’est qu’une pure illusion; et c’est ce que Jésus-Christ voulait nous faire entendre quand il disait:

Tous ceux qui me disent; Seigneur! Seigneur! n'entreront pas tous dans le Royaume des Cieux; mais celui-là seul y entrera qui aura fait la volonté de mon père. (Matth. VII. 21.)

La dévotion fausse et trompeuse ne consiste qu’en paroles affectueuses, mais stériles.

La seule véritable, solide et nécessaire, c’est d’étudier et d’accomplir fidèlement la Loi du Seigneur, en un mot: DE MARCHER DANS L'OBÉISSANCE À SA PAROLE.


* * *

25 octobre

Sur le désir de la ferveur de 
sentiment.


1er Point.

Cette ferveur est une grâce que nous devons toujours désirer.

Ne ferons-nous aucun effort pour l’acquérir sous prétexte qu’elle n’est pas absolument nécessaire pour être sauvé?

Donnerons-nous aux objets sensibles tout ce qui s’appelle goût, inclination et sentiment?

Nous contenterons-nous d’avoir seulement le courage de préférer nos devoirs à nos plaisirs?

Combien ne doit-on pas être affligé et humilié de:


n’en sentir que le joug et la peine,

sans y trouver aucun attrait!


2e Point.

Moyen d'acquérir la ferveur de sentiment.

Cette ferveur est une grâce.

Il faut donc la demander à l'auteur de toute grâce excellente, et de tout don parfait;

Il faut effacer, autant qu’il est possible, par le détachement des biens sensibles et terrestres, cette impression vive et funeste, qui nous fait méconnaître le prix des biens de la grâce;

Il faut éviter les plus petites infidélités dans le service de Dieu.


Une grâce si précieuse n’est accordée

qu’à la fidélité la plus constante et la plus exacte.


* * *

26 octobre

Sur la privation de la ferveur de sentiment.


1er Point.

Cette privation est quelquefois une épreuve.

Les plus grands Saints, ceux qui ont le mieux connu les attraits de la piété, n’ont pas toujours eu cette ferveur de sentiment.

Le Seigneur, pour les humilier et pour éprouver leur vertu, leur ôtait quelquefois cette onction céleste qui les animait, en cessant de jeter sur eux ces regards propices qui avaient porté la joie dans leur âme.

Ils soutenaient cette épreuve avec confiance, sans se relâcher dans la pratique de leurs devoirs qu’ils observaient toujours avec la même fidélité, quoiqu’ils n’y trouvaient plus les mêmes délices.


2e Point.

Cette privation est souvent l'effet de nos infidélités.

Surtout quand elle est générale:

- quand il nous faut faire un effort pénible et continuel pour nous exciter aux exercices de la piété;

- quand nous ne prenons aucun des moyens nécessaires pour sortir d’un si triste état; quand nous n’en sommes ni peinés, ni affligés.

Souviens-toi donc d’où tu es tombé, repens-toi, et pratique tes premières oeuvres... (Apoc. II. 5.)


* * *

27 octobre

Sur la parfaite observation de la Loi


1er Point.

Quiconque ayant gardé toute la Loi, dit l'Apôtre Saint Jacques, la viole en un seul point, est coupable comme s'il l'avait violée en tout.

Quiconque observe toute la loi, mais pèche contre un seul commandement, devient coupable de tous. (Jacques II. 10. V. S.)

Coupable parce qu'il serait réellement dans la disposition de violer TOUS les articles de la Loi, s’il avait le même penchant pour les péchés qu'il ne commet pas, que pour ceux qu'il commet.

Se sent-il porté à l’avarice?

Il dit à Dieu: laissez-moi mon attachement aux richesses, et je vous sacrifierai ma vengeance.

Se sent-il porté à la volupté?

Il dit à Dieu: laissez-moi l’objet de mes désirs, et je vous sacrifierai mon envie et mon ambition.

S’il venait à changer d’inclination, il changerait de sacrifices.

- L’avare renoncerait aux richesses, pour être vindicatif;

- et le voluptueux aux plaisirs, pour devenir avare.


2e Point.

Parce qu'il renverse le fondement même de l'obéissance que l'on doit à la Loi.

Cette obéissance est fondée sur l’amour de la préférence que nous devons à Dieu! C'est ce grand précepte qui nous oblige à LUI DONNER LA PREMIÈRE PLACE DANS NOTRE COEUR.

Tous les sacrifices que nous voulons lui offrir, pour acheter le droit de retenir une passion dans notre coeur, sont des preuves de l’empire (emprise) qu'elle a sur nous; et par conséquent une usurpation visible sur les droits de Dieu à qui nous devons:


UN AMOUR QUI NE SOUFFRE NI PARTAGE, NI EXCEPTION.


* * *

28 octobre

Sur la rechute dans le péché.


1er Point.

Va, disait le Sauveur, et ne pèche plus.

Voici, tu as été guéri; ne pèche plus, de peur qu’il ne t’arrive quelque chose de pire. (Jean V: 14.)

Et Jésus lui dit: Je ne te condamne pas non plus: va, et ne pèche plus. (Jean VIII. 11.)

La rechute dans le péché est souvent la marque d'une fausse repentance.

Elle l’est surtout, quand elle est:

- prompte, et que l’on passe presque sans intervalle de la repentance au péché;

- quand elle n’est suivie d’aucun remède d’aucune précaution pour s’en garantir;

- quand elle est si fréquente qu’on n’aperçoit aucune diminution dans le nombre de ses fautes;

- quand elle n’est suivie d’aucun remords, et que l’on est aussi tranquille dans son péché que si on n’avait pas promis à Dieu d’y renoncer pour toujours.


2e Point.

Si vous êtes retombé dans votre péché, ne tardez pas à vous repentir; parce que ce retard vous conduirait infailliblement à un endurcissement.

Une rechute en produit une autre; un péché facilite un autre péché; toute la vie n’est plus qu’un enchaînement de «crimes» et de désordres.

Chaque jour voit naître de nouvelles transgressions, de nouveaux excès de libertinage et d’impiété.

Toujours en guerre avec Dieu, toujours rebelle à ses Commandements, on accumule dette sur dette, péché sur péché sans rien acquitter.

On se perd, on s’abîme sans chercher à refaire surface alors que Dieu nous offre toujours la délivrance!

Si quelqu’un a péché, nous avons un avocat auprès du Père, Jésus-Christ le juste. (1 Jean II: 1.)


SEPT FOIS LE JUSTE TOMBE, ET IL SE RELÈVE.

(Prov. XXIV. 16.)


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29 octobre

Sur les engagements du Baptême.


1er Point.

En quoi consiste ces engagements?

Nous avons tous promis en recevant le Baptême:

- de renoncer à Satan, à l’ennemi de Dieu et des hommes, au père de l’idolâtrie et du mensonge, au chef des Démons et de ceux qui leur ressemblent;

- de renoncer à ses œuvres, qui sont des œuvres de ténèbres, c’est-à-dire, à toute espèce de péché;

- de renoncer au monde et à ses pompes, c’est-à-dire, à ses vanités, à ses mauvais exemples et à ses pernicieuses maximes qui nous portent au péché.

Voilà nos promesses, voilà ce que nous avons promis d’observer tous les jours de notre vie.


2e Point.

Ces engagements sont irrévocables!

Nous pouvons les trahir et les désavouer par notre conduite; MAIS LES OBLIGATIONS QU’ILS NOUS IMPOSENT SUBSISTENT TOUJOURS.

Les Rois même n’en sont pas dispensés sur le trône, puisque:

Nul homme ne peut être sauvé sans être Chrétien, c'est-à-dire sans avoir accepté Jésus-Christ comme Sauveur et Seigneur:

Si tu confesses de ta bouche le Seigneur Jésus, et si tu crois dans ton coeur que Dieu l’a ressuscité des morts, tu seras sauvé. (Rom. X. 9)

Nul homme ne peut être sauvé sans recevoir ou désirer le Baptême:

Celui qui CROIRA et qui sera BAPTISÉ sera SAUVÉ, mais celui qui ne croira pas sera condamné. (Marc XVI. 16.)


* * *

30 octobre

Sur l'alliance que tout Chrétien a contractée avec Dieu

par les engagements de son Baptême.


1er Point.

Ces engagements ont formé entre Dieu et nous une alliance indissoluble.

Mais est-il vraiment nécessaire que nous les ayons pris nous-mêmes?

Laissons parler la Bible à notre place.

En ces jours-là, on ne dira plus: Les pères ont mangé des raisins verts, Et les dents des enfants en ont été agacées. Mais chacun mourra pour sa propre iniquité (Jér. XXXI. 29-30)

Pierre leur dit: REPENTEZ-VOUS, et que CHACUN DE VOUS soit baptisé au nom de Jésus-Christ, pour le pardon de vos péchés; et vous recevrez le don du Saint-Esprit. (Actes II. 38)

(La repentance est un acte PERSONNEL)

2e Point.

Les mondains ou les chrétiens rétrogrades ne comptent pour rien les engagements de leur Baptême.

Ils s’imaginent que pour être engagé à Dieu par des promesses irrévocables, il faut embrasser l’état Religieux, entrer dans le ministère.

Mais ils se trompent et toutes les fois qu’il leur arrive de renoncer au culte et au service de Dieu pour satisfaire leurs passions, on est en droit de leur dire:

Vous violez votre serment, vous n’êtes pas fidèle à vos engagements et aux promesses que vous avez faites devant Dieu et devant les hommes.


* * *

31 octobre

Sur la Consécration du Chrétien 
par le Baptême.


1er Point.

Le Baptême nous consacre:

Comme fils de Dieu:

vous êtes tous fils de Dieu par la foi en Jésus-Christ. (Gal. III. 26.)

Comme temples de Dieu:

Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu, et que l’Esprit de Dieu habite en vous? (1 Corinth. III. 16.)

Comme membres de Jésus-Christ:

Vous êtes le corps de Christ, et vous êtes ses membres, chacun pour sa part. (1Corinth. XII. 27.)


2e Point.

Obligations que cette consécration nous impose.

Par quelle pureté des mœurs, par quelle ferveur de charité ne sommes-nous pas obligés de soutenir des titres si glorieux!

Ne serait-ce pas profaner, avilir et déshonorer ce baptême de régénération (Tite III. 5.) que d’oublier les nobles sentiments qui nous avaient inspirés pour ensuite nous précipiter dans les abîmes de l’iniquité et dans les bassesses infinies de l'esprit du monde?

Souvenons-nous que nous sommes la Nation sainte, le peuple choisi, les frères et les cohéritiers de Jésus-Christ; et qu’étant une fois VOUÉS ET CONSACRÉS À DIEU, nous ne pouvons plus en violer les engagements sans commettre une espèce de sacrilège.


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