Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

MÉDITATIONS POUR TOUS LES JOURS DE L’ANNÉE

SEPTEMBRE

***

(note de la bibliothèque «Regard»: nous avons modifié certaines constructions de phrase et certains mots afin de rendre le texte plus facile à comprendre; le texte original fut publié en 1759)


1er septembre

Sur les jugements téméraires, par le 
défaut de connaissance.


1er Point.

Vous jugez sans examen, sur des apparences, sur des suppositions et des vraisemblances, sur des bruits communs qui courent par toutes les langues et qui n’ont aucun auteur certain.

Vous jugez sur des rapports de gens qui sont souvent intéressés à vous tromper; des gens qui ne cherchent qu’à dérober votre estime et à l’enlever à ceux qui en sont les plus dignes.

Mais des suppositions et des vraisemblances ne suffisent pas pour autoriser un jugement: il faut ici de la CERTITUDE et de l’ASSURANCE, et vous ne l’avez pas et qui sait si vous voudriez prendre la peine de la chercher!


2e Point.

Vous faites plus: non content de juger des actions, vous jugez encore des intentions.

Quoi de plus téméraire?


DIEU SEUL À LA CLEF DU COEUR!


Il s’en est réservé la connaissance; et rien n’irrite plus un juge contre un pécheur, que de voir cet individu porter atteinte à ses droits les plus inviolables en usurpant le pouvoir de prononcer des jugements alors qu’il n'a pas la connaissance requise.

Qui peut donc vous avoir appris ce qui se passe dans les replis secrets du coeur humain?


À peine connaissez-vous votre propre coeur.

Comment pourriez-vous donc juger de celui des autres?


* * *

2 septembre

Sur les jugements téméraires par 
le manque d'équité (de droiture).


1er Point.

On juge les autres par rapport à soi-même.

C'est une règle fausse!

De là vient que les méchants voient le mal partout: leur imagination en est remplie et ils l’appliquent à tous les objets qu’ils ont sous les yeux.

- Un homme faux et trompeur croit toujours qu’on cherche à le tromper;

- Le voluptueux croit retrouver partout l’image de ses faiblesses.

... rien n’est pur pour ceux qui sont souillés et incrédules, leur intelligence et leur conscience sont souillées. (Tite I. 15.)


2e Point.

On les juge par passion, par haine, par jalousie, par vengeance: on ne reconnaît aucun talent, aucune vertu dans ses ennemis ou dans ses rivaux.

On interprète en mal toutes leurs actions et toutes leurs paroles: c’est ce qui fait que l’on forme tous les jours, sur la même personne, des jugements si opposés à celui de ses connaissances.

Entendez parler ses amis! C’est un homme de bien accompli.

Si vous écoutez ses ennemis, c’est un monstre.


* * *

3 septembre

Sur les prétextes qu’on emploie pour justifier le jugement téméraire.


1er Point.

On croit pouvoir justifier le jugement téméraire, en disant qu’il demeure secret; qu’on ne le répand pas au-dehors et que si par malheur il était injuste, le prochain ne pourrait pas s’offenser d’une injustice qu’il ignore.

Mais remarquez, que la «Religion» ne défend pas seulement l'action EXTÉRIEURE du péché, mais qu'elle défend encore le SENTIMENT INTÉRIEUR qui nous y conduit.

C’est ainsi qu’elle condamne les pensées et les désirs impurs; parce qu’ils sont le principe des péchés contraires à la chasteté.

Mais moi, je vous dis que quiconque regarde une femme pour la convoiter a déjà commis un adultère avec elle dans son coeur. (Matth. V. 28.)

Pour la même raison, elle défend le jugement téméraire; parce qu’il est le principe de la calomnie qui n’est autre chose que l’expression des jugements téméraires que l’esprit a formé.

C’est du coeur que viennent les mauvaises pensées, les meurtres, les adultères, les impudicités, les vols, les faux témoignages, les calomnies. (Matth. XV. 19.)

2e Point.

Il est vrai qu'il peut arriver que le jugement n'ait que la conscience pour unique témoin; mais il aura toujours Dieu pour juger équitablement.

Et comment ce Dieu, qui est la JUSTICE et la CHARITÉ même, ne s'offenserait-il pas d’un jugement aveugle et précipité, qui n’est appuyé que sur le doute et l’incertitude; OÙ CELUI QUE L’ON JUGE INTÉRIEUREMENT EST CONDAMNÉ SANS AVOIR AUCUN MOYEN DE LE JUSTIFIER!

Il est condamné sans savoir même qu'on le juge et si on a pris la peine de peser exactement les raisons que l’on peut avoir pour le condamner ou l’absoudre!

Le coeur est tortueux par-dessus tout, et il est méchant: Qui peut le connaître?

Moi, l’Éternel, j’éprouve le coeur, je sonde les reins, Pour rendre à chacun selon ses voies, Selon le fruit de ses oeuvres. (Jér. XVII. 9-10.)


* * *

4 septembre

Sur la fausseté des jugements téméraires.


1er Point.

Ne jugez point selon l'apparence, dit le Sauveur, mais selon la justice.

Ne jugez pas selon l’apparence, mais jugez selon la justice. (Jean VII. 24.)

N’imitez pas ce Pharisien superbe qui voyant le Publicain prosterné dans le temple, juge aussitôt qu’il ne peut être qu’un voleur et un infidèle (Luc XVIII. 10-14).

Il est chargé, pense-t-il, de la levée des deniers publics; il exige donc du peuple au-delà de ses droits; il se sert donc du nom et de l’autorité de César pour commettre mille injustices.

Ce jugement ne fut connu que de Dieu seul, mais cela n'empêcha pas le Pharisien de perdre tout le fruit et tout le mérite de ses aumônes et de ses jeûnes.

Gardez-vous donc de juger d’un homme par la profession qu’il exerce, et de condamner tout un groupe de personnes sur les désordres de quelques-uns.


2e Point.

Qui est-ce qui porte le Pharisien à juger ainsi sur de simples apparences?

C’est son orgueil et sa présomption; c’est la vanité que lui inspire l’éclat de ses bonnes oeuvres qui lui cachent ses fausses vertus.

- On juge mal les autres, parce que l’on ne se connaît pas assez soi-même.

- Un vrai Chrétien n’est attentif qu’à ses propres misères; et plus il en aperçoit dans les autres, plus il en craint pour lui-même.

À juger SELON L’APPARENCE, qui est-ce qui n'eut pas préféré l’état du Pharisien à celui du Publicain?

Mais ce Dieu qui sonde les coeurs en jugeait différemment, et SON JUGEMENT EST TOUJOURS JUSTE, parce qu’il est éclairé.


* * *

5 septembre

Sur les moyens d'éviter les jugements
 téméraires.


1er Point.

Excuser l’intention même quand l’action paraît inexcusable.

Au lieu de juger et de condamner avec précipitation et avec rigueur, dites-vous plutôt que:

- Peut-être cet homme a-t-il été plus malheureux que coupable!

- Peut-être n'a-t-il pas cru mal faire, ou du moins faire un aussi grand mal que celui qu’il a commis!

- Peut-être a-t-il été trompé ou se sera-t-il trompé lui-même ou a-t-il été trompé par d'autres!

... ne jugez de rien avant le temps, jusqu’à ce que vienne le Seigneur, qui mettra en lumière ce qui est caché dans les ténèbres, et qui manifestera les desseins des coeurs.

Alors chacun recevra de Dieu la louange qui lui sera due. (1 Corinth. IV. 5.)


2e Point.

Prenons le temps de réfléchir sur notre propre faiblesse quand, ni l'action, ni l'intention ne peuvent être excusées.

C’est donc pouvoir se dire à soi-même:

Peut-être aurais-je encore plus mal fait que lui si je m’étais trouvé dans les mêmes circonstances?

Rentrez en vous-mêmes et mesurez aussi la compassion que vous devez avoir pour les faiblesses du prochain, SUR CELLE QUE VOUS VOUDRIEZ QU’ON EÛT POUR LES VÔTRES.


Ne jugez point, afin que vous ne soyez point jugés.

(Matth. VII. 1)


* * *

6 septembre

Sur la Curiosité.


1er Point.

Il y a une curiosité louable et nécessaire que l'on doit avoir.

Si vous avez des inférieurs à placer, à encadrer ou à conduire, des enfants à élever, des pauvres à soulager:

- Veillez sur ces inférieurs;

- Connaissez les mœurs, le caractère et les inclinations de ces enfants;

- Examinez les vrais et les faux besoins de ces pauvres.

C’est une curiosité louable et nécessaire.


2e Point.

Il y a une curiosité dangereuse et malsaine qu'on doit réprimer.

S’informer curieusement des mœurs et de la conduite des autres, sans avoir ni le désir, ni la volonté, ni le pouvoir de tirer d’autre utilité de cette connaissance, que le plaisir malin de le critiquer et d’en médire:

C’est là une curiosité dangereuse et malsaine, puisqu'elle devient le germe et le principe de nos jugements téméraires et l’aliment de nos médisances et de nos calomnies.

Voulez-vous éviter ces faux jugements, ces calomnies et ces médisances?

Arrêtez-les à la source!

Suivez le conseil de Saint Bernard:


Ne vous informez pas si curieusement de ce que les autres font:

DEMANDEZ PLUTÔT À DIEU LA GRÂCE DE VOUS CONNAÎTRE VOUS-MÊME.


* * *

7 septembre

Sur les péchés de la langue.


1er Point.

Ces péchés sont innombrables!

La langue, dit l'Apotre Saint Jacques, n'est qu'une petite partie du corps, et cependant quel mal ne fait-elle pas? Par elle nous bénissons Dieu dans nos prières tandis que nous maudissons dans nos conversations les hommes qui sont créés à l'image de Dieu; on le loue, on le bénit en vain quand on le déshonore dans cette conduite.

De même, la langue est un petit membre, et elle se vante de grandes choses. Voici, comme un petit feu peut embraser une grande forêt!

La langue aussi est un feu; c’est le monde de l’iniquité. La langue est placée parmi nos membres, souillant tout le corps, et enflammant le cours de la vie, étant elle-même enflammée par la géhenne. (Jacques III. 5-6. V. S.)

La langue est un mal qui est toujours en mouvement, et qui ne se remue, le plus souvent, que pour nuire. C’est un monde et un assemblage d’iniquités par la multitude innombrable des passions qui la conduisent, et des iniquités qu’elle produit.


2e Point.

Ces péchés en produisent une quantité d'autres.

La langue est un feu dévorant qui brille quelquefois et qui plaît avant de nuire; mais qui flétrit tout ce qu’il touche et qui noircit tout ce qu’il ne peut consumer.

- Il ne faut qu’une étincelle pour produire un grand embrasement;

- Il ne faut souvent qu'une parole pour causer mille désordres, qui renaissent, et qui se reproduisent avec une fécondité prodigieuse et presque toujours irrémédiables.


La mort et la vie sont au pouvoir de la langue;

Quiconque l’aime en mangera les fruits.

(Prov. XVIII. 21.)


* * *

8 septembre

Sur la Médisance.

Médisance: Tenir sur quelqu'un des propos malveillants, mais fondés ou que l'on croit fondés.

Calomnie: Accusation mensongère portée sciemment contre quelqu'un pour jeter sur lui le discrédit.

(https://www.lexilogos.com/francais_dictionnaire.htm)


1er Point.

Nos médisances sont ordinairement fausses et exagérées.

Examinez toutes celles qui se débitent dans le monde et que vous avez cru ou débité vous-même sur un ton le plus assuré possible et vous trouverez qu’elles sont presque toujours fondées:

- sur des apparences équivoques,

- sur des opinions frivoles,

- sur des soupçons mal pris,

- sur des bruits vagues et incertains,

- sur de vains raisonnements et des jugements très téméraires.


2e Point.

Quand même nos médisances seraient exactement vraies, elles ne les empêchent pas d'être «criminelles»:


CE SONT TOUJOURS DES MÉDISANCES,

ET PAR CONSÉQUENT DES PÉCHÉS!


Dieu hait les médisants!

Le venin de l'aspic est caché sous leurs lèvres et leur bouche est semblable à un sépulcre ouvert, qui n’exhale qu’une odeur de mort!

Une parole mauvaise, dit Saint Bernard, est vite prononcée; mais elle laisse une cruelle blessure: à peine est-elle formée qu’elle s’évanouit et disparaît pour toujours;

MAIS le tort qu’elle fait à la réputation du prochain ne s’évanouit pas avec elle, et il est souvent impossible de le réparer.

Les paroles agréables sont un rayon de miel, Douces pour l’âme et salutaires pour le corps. (Prov. XVI. 24.)


* * *

9 septembre

Sur la légèreté prétendue de nos médisances.


1er Point.

On les croit légères, quand on se contente de faire entendre le mal sans le dire ouvertement.

On ne voudrait pas perdre un homme de réputation, ni ruiner sa fortune en le déshonorant dans le monde.

On ne voudrait pas décrier ouvertement une femme sur des points essentiels;

MAIS on jette dans l’esprit de ceux qui nous écoutent mille soupçons qui laissent entrevoir ce que l'on n'oserait pas dire en face.


ON TROUVE LE SECRET DE MÉDIRE SANS PARLER:


- C’est un geste,

- c’est un coup d’œil,

- un sourire malin,

- une réticence affectée,

Tout ce qui fait entendre et comprendre ce qu’on ne dit pas.

Mais qu’importe que l’on médit par signe ou par paroles, N'EST-CE PAS TOUJOURS MÉDIRE?

Peut-on douter que Dieu n’en soit également offensé par ce péché!


2e Point.

On les croit légères, quand elles ne roulent que sur des défauts naturels, sans attaquer les mœurs.

On regarde ces sortes de défauts comme une pâture abandonnée à la médisance. Mais est-il donc indifférent à un homme que ses défauts naturels soient connus de tous, ou qu’ils ne le soient pas?


LA CHARITÉ NE VOUS OBLIGE-T-ELLE PAS DE LE MÉNAGER?


Si vous exigez des autres tant d’égards et de ménagements pour votre personne, pourquoi en avez-vous si peu pour eux?

Les aimez-vous comme vous-mêmes?


* * *


10 septembre

Sur les motifs de nos médisances.


1er Point.

La médisance, dites-vous, n'est pour moi qu’une simple babiole dont on peut s'amuser sans aucun dessein de nuire.

Ce motif ne vous justifie pas.

S’il nous faudra rendre compte au jugement de Dieu d'une parole oiseuse (Matth. XII. 36.);

si l'on est digne d'une punition éternelle, pour avoir dit à son frère une parole de mépris (Matth. V. 22.):


COMMENT LE SEIGNEUR NE PUNIRA-T-IL PAS DES CONVERSATIONS ENTIÈRES,

QUI N’AURONT ÉTÉ QU’UN TISSU DE MÉDISANCES?


Est-il donc permis d’exposer un homme au mépris devant toute une assemblée?

La charité se réjouit-elle du mal?

Saint Paul ne dit-il pas en termes formels: Que les médisants n'auront point de part au Royaume de Dieu (Rom. I. 28-32.)?

Et ne semble-t-il pas les mettre au même rang que les idolâtres et les adultères?


2e Point.

Il est rare que le seul désir de «s'amuser» soit le motif de nos médisances.

Ne remarque-t-on pas qu’il y a toujours quelques personnes sur lesquelles votre esprit s’amuse plus volontiers, et se délasse plus agréablement que sur d’autres?

D’où vient cette différence, si ce n’est qu’il entre dans vos médisances un sentiment de méchanceté ou de jalousie qui les inspire et qui les anime?

Ces personnes ne seraient pas le sujet ordinaire de vos médisances, si leurs talents, leur réputation et leur mérite ne vous blessaient pas encore plus que leurs défauts.

Vous n’auriez pas tant de plaisir à critiquer leurs points faibles surtout si tout le monde s'accorde à leur en trouver de très estimables.


* * *

11 septembre

Sur les médisances qui nous échappent sans 
réflexion.


1er Point.

On se fait quelquefois une telle habitude de médire que l'on n'y réfléchit pas parce que l'on ne s'en rend plus compte.

Cette excuse ne nous justifie pas!

La légéreté et l’indiscrétion sont des vices si contraires à la sagesse Chrétienne, que loin de nous servir d’excuse, ils ne sont propres qu’à nous rendre coupables.

Un trait empoisonné fait-il une blessure moins dangereuse pour avoir été lancé au hasard et sans dessein?

Celui qui ne sait pas conduire et retenir sa langue, dit l'Apôtre Saint Jacques, est indigne de porter le nom de Chrétien; il n’a qu’une ombre et un fantôme de «Religion»!

Si quelqu’un croit être religieux, sans tenir sa langue en bride, mais en trompant son coeur, la religion de cet homme est vaine. (Jacques I. 26.)


2e Point.

Nous ne sommes sages, discrets et réservés que sur nos propres intérêts.

Avec quelle attention et quelle retenue ne gardons-nous pas les secrets qui seraient capables de nous nuire, s’ils venaient à être divulgués?

Nos paroles et notre silence – concernant nos défauts – sont toujours réglés et mesurés par notre amour-propre.


AIMONS DONC LE PROCHAIN COMME NOUS-MÊMES,

nous deviendrons alors incapables d’indiscrétion sur tout ce qui l’intéresse.


* * *

12 septembre

Sur l'état des personnes attaquées par 
nos médisances.


1er Point.

On doit y faire attention pour juger de leur gravité.

Si vous décriez une femme sur la fidélité qu'elle a vouée à son époux; un sujet sur celle qu'il doit à son souverain; un guerrier sur sa valeur; un juge sur sa capacité:


NE PENSEZ PAS QUE CE SOIENT-LÀ DES MÉDISANCES LÉGÈRES.


Ce sont, n'en doutez pas, de graves péchés, des médisances atroces!

Elles donnent une atteinte mortelle à la réputation du prochain dans des points essentiels, sur lesquels:

- le seul soupçon devient un déshonneur;

- la raillerie, un outrage;

- le bruit et l'éclat, une diffamation publique.


2e Point.

Le monde, lui, en juge différemment.

Il est tellement familiarisé avec le «crime» (le péché), qu'à force de le voir répandu dans tous les états, il n’en est presque plus frappé.

C'est ainsi qu’il traite de péchés légers les médisances, qui roulent sur les vices les plus «criminels», et les plus honteux; il ne croit faire aucun tort à ceux qu'il en accuse parce qu’il ne leur reproche que des vices devenus trop communs pour être remarqués.


MAIS LES JUGEMENTS DE DIEU SONT DIFFÉRENTS DE CEUX DU MONDE;

c’est sur ceux de Dieu que vous devez régler votre conscience.


Ne reçois point d’accusation contre un ancien, si ce n’est sur la déposition de deux ou trois témoins. (1 Tim. V. 19.)


* * *

13 septembre

Sur les médisances qui attaquent les Ministres de la «Religion»

et les personnes consacrées à Dieu.


1er Point.

Ce sont celles qui flattent le plus la malignité, ou pour mieux dire, l'impiété des mondains.

Comme ils sont ennemis de la «Religion» et de la Foi, ils se plaisent surtout à médire de ceux qui font profession de la pratiquer, ou qui sont chargés, par leur état, de l’enseigner et de la défendre.

On aime à les trouver coupables des mêmes désordres qu’ils sont obligés de condamner dans les autres.

Plus leurs mœurs doivent être pures, exemplaires, irréprochables, plus on s’empresse de publier sur les toits, leur honte et leur déshonneur à cause d'une légère faute.


2e Point.

Quel est le but de ces sortes de médisances l

N’est-ce pas déshonorer la «Religion» elle-même dans la personne de ses Ministres; et rendre suspects d’hypocrisie tous ceux qui marchent sous les étendards de la piété?

De dégoûter tous les hommes de la vertu, en les persuadant qu’il n’y en a plus de véritable sur la terre; que tous ceux qui la prêchent ne font qu’en prendre le masque et qu’aucun d’eux n’a le courage de la pratiquer?

De confirmer enfin les impies dans leurs préjugés et d’accréditer leurs discours et leurs raisonnements contre l’Évangile?


* * *

14 septembre

Sur les suites de la médisance.


1er Point.

Elle se répand avec une extrême facilité.

Peut-être avez-vous exigé, demandé, qu’elle demeurât secrète; mais elle ne tarde pas à devenir publique.

Et comment pourrait-on retenir longtemps dans le secret ce que tout le monde aime, ce qui plaît à tout le monde?

- Si la charité régnait dans tous les cœurs, la médisance ferait moins de progrès; mais hélas!

- Où est-elle, cette charité divine, qui s’afflige sincèrement du mal, et qui voudrait en abolir la mémoire!

Ce même principe de méchanceté qui vous porte à le dire, ne porte-t-il pas ceux qui vous écoutent, à le croire et à le répandre?

Chacun y ajoute ce que sa passion ou ce que son intérêt lui suggère.

Bientôt votre médisance se change en calomnie, et VOUS DEVENEZ COUPABLE et du mal que vous avez dit ainsi que des faussetés que d’autres y ajoutent pour l’exagérer.


2e Point.

La médisance est irréparable dans ses suites.

Que feriez-vous, que diriez-vous pour les réparer?

Vous opposerez-vous au déchaînement public que vous avez excité vous-même?

Rétracterez-vous ce que vous avez dit?

Affecterez-vous de louer celui que vous avez déshonoré?

Mais, qui vous croira? Qui vous écoutera?

Vos louanges, venues trop tard, ne serviront qu’à lui attirer de nouvelles moqueries; on verra que vous voulez réparer le mal que vous avez fait; mais vous n’en avez pas le pouvoir!

Vous l’avez perdu par votre médisance; et la charité du repentant que vous croyez être trouvera toujours moins de crédibilité dans le monde que la méchanceté du pécheur.


* * *

15 septembre

Sur les discours impies.


1er Point.

Ils font souvent partie des conversations du monde.

La médisance ne les remplit pas assez, que l’on y ajoute encore le secret d’y semer, à tous propos, des traits «d’irréligion»

Vous êtes, dites-vous, fort éloigné d’approuver de pareils discours; mais vous n’avez pas le courage d’imposer le silence à ceux qui les tiennent en votre présence!

- Vous les détestez au fond de votre âme, vous les avez en horreur; mais vous cachez vos sentiments dans la crainte de passer pour un esprit faible.

- Vous redoutez la censure des impies, et vous voulez conserver l'estime et l'affection de ceux mêmes que vous méprisez le plus à cause de leurs paroles.

Hélas! Qui sait si vous n'avez pas quelquefois la faiblesse de les approuver, de les applaudir, du moins tacitement, par des signes de complaisance et d’approbation.


2e Point.

Il n'est pas permis à un Chrétien d'écouter tranquillement des discours qui attaquent les vérités de la Foi.

C’est dans ces occasions qu’il faut:

qu’il défende ces vérités par ses paroles;

que sa «Religion» éclate en imposant silence à ceux qui l’attaquent s’il en a le pouvoir. S'il ne l’a pas, il faut du moins que sa peine et son mécontentement paraissent sur son visage.

Il faut qu'on lise, en quelque sorte, dans ses yeux, les grandes vérités dont son âme est remplie et qu’on aperçoive une horreur religieuse, une douleur amère et profonde qui dise à ces impies:


JE SUIS CHRÉTIEN; ET JE NE ROUGIS PAS DE L'ÉVANGILE!


* * *

16 septembre

Sur les discours immodestes. 

(Indécents, obscènes, impudiques)


1er Point.

Il y en a de deux sortes:

Les uns qui blessent ouvertement la pudeur, et que Saint Paul défendait aux Fidèles de ne jamais prononcer, quand il disait:

Que la fornication, ni aucune sorte d'impureté ne soit pas même nommée parmi vous, comme il est convenable aux Saints.

Que l’impudicité, qu’aucune espèce d’impureté, et que la cupidité, ne soient pas même nommées parmi vous, ainsi qu’il convient à des saints. (Eph. V. 3.)

PUISQUE LA BOUCHE PARLE TOUJOURS DE L'ABONDANCE DU COEUR, de telles paroles ne peuvent partir que d’un coeur corrompu. (Matth. XII. 34.)

Le vôtre doit être pur et sanctifié par la grâce.

Braver dans ses discours les lois de la modestie:

- C’est profaner une langue et des oreilles qui ont été consacrées à Dieu par l'engagement pris lors du Baptême:

- C’est commettre un péché scandaleux;

- C’est contribuer à la perte des âmes que Jésus-Christ a rachetées de son sang, puisque celui qui prend plaisir à entendre des discours licencieux se rend aussi coupable que celui qui les prononce.


2e Point.

Il y en a d'autres qui blessent la pudeur avec plus de ménagement et qui n’en sont que plus dangereux, parce que:

1. On s'en fait moins de scrupule;

2. Ils sont souvent plus propres à faire bonne impression.

On enveloppe les plus grossières images d’un voile assez épais pour qu’elles ne se montrent pas à découvert, mais assez délié pour qu’on puisse les apercevoir (par exemple, par de mauvais jeux de mots).

Gardez-vous de pratiquer jamais cet art funeste; et, par une sage retenue, sachez réprimer la licence, la débauche, le libertinage, l'indécence de ceux qui voudraient en faire usage pour vous familiariser avec le vice et vous dégoûter de la vertu.


* * *


17 septembre

Sur la colère.


1er Point.

Que votre colère soit sans péché, dit l’Apôtre.

Si vous vous mettez en colère, ne péchez point; que le soleil ne se couche pas sur votre colère, et ne donnez pas accès au diable. (Eph. IV. 26-27.)

Il y a donc une colère juste et permise, et une colère injuste et déréglée:

- une colère de zèle,

- une colère de passion:

L'une diffère essentiellement de l’autre:

1. Dans son principe;

2. Dans ses effets;

3. Dans sa durée.

Le principe de la colère de zèle est un désir juste et sincère de détruire le péché.

Ces effets ont des moyens légitimes et efficaces d’en arrêter le cours.

Sa durée est courte, parce qu’étant un mouvement extraordinaire, le Juste craint toujours qu’elle ne dégénère en passion. Il ne perd jamais de vue le précepte de l’Apôtre:


Que le Soleil ne se couche point sur votre colère.


2e Point.

Le principe de la colère déréglée; c’est l’orgueil, la vanité, l’amour-propre, l’aigreur et l'impatience.

Ses effets sont marqués par la dureté, les emportements, les violences, les injures, parfois par les jurements, les imprécations et les blasphèmes.

- Elle est opiniâtre dans sa durée;

- Elle ne cesse point que les passions qui l’ont fait naître, ne soient entièrement satisfaites.

Les Anciens appelaient cette colère déréglée et impétueuse, une folie passagère.

On fuit un homme sujet à ce vice comme une bête farouche dont on redoute les approches, même lorsqu’elle paraît apprivoisée et tranquille.


* * *

18 septembre

Sur les caractères de la colère exercée avec zèle.


1er Point.

Elle consiste dans cette noble indignation, ce dépit vertueux que l'âme conçoit contre les actions injustes et «criminelles».

Cette sainte colère est un don de Dieu: elle est bien moins un vice que la marque et l’effet d’une sublime vertu.


ELLE N’EN VEUT JAMAIS QU’AU PÉCHÉ.


Même lorsqu’elle attaque vivement le pécheur; elle est toujours guidée par la charité (l'amour) et par la justice; elle est L'IMAGE DE LA COLÈRE DE DIEU qui a ordonné en même temps la joie des Anges et le supplice des Démons sans qu’aucun sentiment de haine et de passion ait troublé sa volonté divine, le centre éternel et immuable de la tranquillité et de la paix.


2e Point.

Gardez-vous donc de confondre la juste colère des Saints, avec les honteux dérèglements d'une colère passionnée.

Celle des Saints ne s’allume que pour les intérêts de Dieu!

Ils sont sourds et insensibles quand il s’agit de leur intérêt propre.

NOUS FAISONS TOUT LE CONTRAIRE, dit Saint Chrysostôme:

sensibles et emportés sur ce qui nous touche personnellement;

quand il s’agit de la gloire et des intérêts de notre maître; quand il s’agit de la perte des âmes qu’il a rachetées de son sang, nous n’avons plus ni ressentiment ni colère.


* * *

19 septembre

Sur les caractères de la colère passionnée.


1er Point.

C’est un vice contraire à toutes les lois de l'humanité.

L’homme est né pour être guidé dans toutes ses actions par les vues d’une raison éclairée; la colère passionnée en est l’obscurcissement.

L’homme est né pour la société; et la colère passionnée en est le supplice.

L’homme est né pour se faire aimer; et la colère passionnée n’est propre qu’à le faire haïr.

L’homme est né pour faire du bien à ses semblables, des liens mutuels nous attachent les uns aux autres; la colère passionnée rompt ces doux liens, ces liens nécessaires.


LA COLÈRE NE PORTE QU’À FAIRE LE MAL OU À LE SOUHAITER;

et souvent elle nous rend indignes, et même incapables de recevoir le bien.


2e Point.

C'est un vice qui nous fait violer toutes les règles de la prudence.

Vous voulez vous faire craindre par les bruits et les emportements de votre colère; vous vous faites mépriser?

Vous voulez ensuite vous faire aimer; mais vous n’y pouvez réussir, car LA HAINE A PRIS LES DEVANT!

On connaît votre humeur: on sait qu’à la première occasion vous vous livrerez encore aux mêmes transports de colère; on ne vous fait plus aucun gré de vos bienfaits; vous les vendez trop cher!

Cette passion inquiète et turbulente rend, à la vérité, ceux qui dépendent de vous plus soigneux de cacher leurs fautes et plus timides à les découvrir; mais elle ne les rend pas plus retenus a les commettre car:

La crainte des hommes tend un piège, Mais celui qui se confie en l’Éternel est protégé. (Prov. XXIX. 25.)


* * *

20 septembre

Sur la sainteté de Dieu.


1er Point.

Elle doit être le modèle de la nôtre.

Soyez parfaits, disait le Sauveur, comme votre Père céleste est parfait. (Matth. V. 48.)

Soyez mes imitateurs , disait l’Apôtre aux premiers Fidèles, comme je le suis de Jésus-Christ. (Philip. III. 17.)

Ce n’est pas qu’un homme faible et fragile puisse jamais atteindre à la sublime et incommunicable perfection du souverain Être. Mais il doit s’efforcer de s'en approcher autant que l’infirmité humaine peut le permettre.

C’est en ce sens que les Saints sont appelés des «dieux» dans l’Écriture;

C’est en ce sens qu’il est dit, qu’ils sont enfants de Dieu; parce qu’ils se conduisent par l’Esprit de Dieu.


EXAMINEZ DONC AVEC SOIN QUEL EST L’ESPRIT QUI VOUS FAIT AGIR!


Si c’est l'Esprit de Dieu, toutes vos actions seront saintes et divines, par contre, elles seront «criminelles» et déréglées, si c’est l'esprit du démon.


2e Point.

Cette seule règle suffit pour faire le discernement des vertus et des vices.

Si vous agissez dans un esprit d’injustice, vous sortez de la règle; puisque votre action est contraire à l’Esprit d’équité qui est en Dieu, et qu’elle est conforme à l’esprit du démon, qui est le père de l'iniquité.

Si vous agissez par un esprit de fraude et de duplicité, vous sortez de la règle parce que votre action est contraire à l’Esprit de vérité qui est en Dieu, et qu’elle est conforme à l’esprit du démon qui est le père du mensonge.


* * *


21 septembre

Sur le mensonge.


1er Point.

Le mensonge a été introduit dans le monde par le démon, par Satan.

La nature avait été créée simple, innocente de tout mal; et le premier mensonge qui ait été commis sur la terre fut celui qu’employa cet Ange de ténèbres pour tromper nos premiers parents, en leur promettant des biens et des avantages qu’il n’avait ni le désir ni le pouvoir de leur procurer.


CE PREMIER MENSONGE A ÉTÉ LA SOURCE ET L’ORIGINE DE TOUS LES AUTRES.


Si quelque chose était capable de nous donner de l’horreur de ce vice, ce serait sans doute de considérer quel en fut le premier auteur: nous le verrions sortir immédiatement du démon, à qui nous reconnaissons aussi et à juste raison le titre odieux de père du mensonge.

Lorsqu’il profère le mensonge, il parle de son propre fonds; car il est menteur et le père du mensonge. (Jean VIII. 44.)


2e Point.

TOUT mensonge est défendu par la Loi de Dieu.

Quelques-uns pensent que cette défense est comprise dans celle du faux témoignage; puisque, par le mensonge, on rend témoignage contre sa propre pensée, en disant ce que l’on sait être faux, dans le dessein de tromper ceux qui nous écoutent.

Afin qu’on ne prétende pas éluder la défense en faisant la distinction entre le mensonge et le faux témoignage, l’Apôtre Saint Paul, en exhortant les Fidèles à se dépouiller du vieil homme, c’est-à-dire, de l'homme de péché MET D’ABORD LE MENSONGE À LA TÊTE DES ACTIONS QUI LE CARACTÉRISENT:

C’est pourquoi, renoncez au mensonge, et que chacun de vous parle selon la vérité à son prochain; car nous sommes membres les uns des autres. (Eph. IV. 25.)


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22 septembre

Sur les mensonges dits légers.


1er Point.

C'est à peine si nous les regardons comme des péchés.

Il est vrai, dit-on, que je tords un peu la vérité dans mes discours, mais c’est sans offenser personne.

Si pour m’épargner des reproches dont je suis menacé, je nie des faits que je sais être véritables; et si pour me rendre agréable en conversation j’en invente d'autres qui ne le sont pas qui est-ce qui en souffre, qui est-ce qui y est intéressé?


2e Point.

On est obligé de s'en abstenir et de marcher dans la vérité.

Ce ne sont pas, si vous voulez, de grandes fautes, dit Saint Augustin, mais ce sont TOUJOURS des fautes!

Gardez-vous de les compter pour rien ces mensonges dits légers!

Si vous n’en êtes pas alarmé, c'est parce que vous ne faites attention qu’à leur légèreté, mais vous devriez au moins TREMBLER QUAND VOUS CONSIDÉREZ LEUR NOMBRE!

Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les impudiques, les enchanteurs, les idolâtres,

ET TOUS LES MENTEURS,

LEUR PART SERA DANS L’ÉTANG ARDENT DE FEU ET DE SOUFRE, CE QUI EST LA SECONDE MORT. (Apoc. XXI. 8)


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23 septembre

Sur les mensonges officieux.

(complaisants)


1er Point.

Ils ne semblent pas contraires à la charité que l'on doit au prochain.

Loin de vouloir lui faire aucun tort par ces sortes de mensonges, on ne cherche au contraire à le tromper que pour son avantage; soit en le délivrant par un faux récit, d’une inquiétude qui le dévore, soit en lui déguisant un événement capable de lui causer un chagrin mortel.

J’avoue, dit Saint Augustin, qu’il y a des circonstances où la vérité est si dure et si fâcheuse, où elle peut être si néfaste au repos et à la vie même du prochain, qu’il en coûterait beaucoup à mon coeur pour la dire;


je tâcherais alors de sauver les droits de la charité (l'amour) par le silence;


mais s’il fallait parler:


J’AIMERAIS MIEUX ENCORE DIRE LA VÉRITÉ,

QUE DE ME TIRER D’EMBARRAS PAR LE MENSONGE.


2e Point.

Le mensonge, même officieux est toujours condamnable, en ce qu'il est contraire à la vérité.

TENEZ POUR CERTAIN ET INCONTESTABLE, dit encore Saint Augustin, QU’IL N'EST JAMAIS PERMIS À UN CHRÉTIEN DE MENTIR, dans quelque occasion que ce puisse être.

Je dois tout à mon prochain quand je puis être charitable sans violer la Loi de Dieu; mais s’il m'est impossible de le servir, sans blesser la vérité et par conséquent ma conscience, je ne lui dois plus rien.


* * *

24 septembre

Sur le soin qu'un Chrétien doit avoir
 de la réputation du prochain.


1er Point.

Ayez soin de votre réputation et par conséquent de celle de vos frères, puisque vous devez les aimer comme vous-même.

On pèche contre ce devoir de charité par rapport au mal qu'on en peut dire, en quatre manières différentes:


- La première et la plus criante, est d'imputer faussement au prochain, le mal qui n'est pas; c’est ce qui s’appelle proprement LA CALOMNIE:

- La seconde, c'est de révéler le mal qui est, à ceux qui ne le connaissent pas, et qui n’ont aucun droit de le connaître; c’est ce qui s’appelle proprement LA MÉDISANCE;

- La troisième, c'est de grossir et d’exagérer le mal connu et public; c’est UNE AUTRE ESPÈCE DE MÉDISANCE;

- La quatrième, c'est d'en augmenter la publicité en affectant de le répéter et de l’inculquer dans l’esprit des autres; c’est une troisième ESPÈCE DE MÉDISANCE.


2e Point.

On pèche contre ce devoir de charité, par rapport au bien que l'on en peut dire.

Ceci en cinq manières différentes.

- La première, c'est d’interpréter le bien en mal;

- La seconde, c'est de nier le bien, et d’ôter la connaissance du mérite d'un homme à ceux qui doivent l’avoir;

- La troisième, c'est d’y mettre des restrictions malignes, et affectées, et de ne rendre à ses bonnes qualités qu’un témoignage imparfait, et par là peu fidèle à la vérité;

- La quatrième, c'est de taire et de dissimuler le bien lorsqu’il convient de le dire;

- La cinquième, c'est de le dire avec une froideur et une indifférence qui en diminue le prix.


* * *

25 septembre

Sur la présence de Dieu.


1er Point.

Nous ne pouvons éviter la présence de Dieu.

Partout où je suis, le Seigneur est avec moi: c’est en lui que nous vivons, que nous marchons, que nous existons. Je ne l’apperçois point, ce Dieu invisible (mais LUI me voit!). Je sais par la Loi, qu'il est partout, et que je suis comme enveloppé dans l’immensité de sa présence.

Où irais-je, Seigneur, disait le Prophète, pour me cacher à vous! J’aurais beau m'ensevelir dans les ténèbres; quand vous voudrez me découvrir la nuit la plus sombre deviendra lumineuse: vous êtes prêtent à tous mes pas; et avant que ma parole soit formée sur ma langue, vous avez déjà pénétré ma pensée.

Éternel! tu me sondes et tu me connais,

Tu sais quand je m’assieds et quand je me lève, Tu pénètres de loin ma pensée;

Tu sais quand je marche et quand je me couche, Et tu pénètres toutes mes voies.

Car la parole n’est pas sur ma langue, Que déjà, ô Éternel! tu la connais entièrement.

Tu m’entoures par derrière et par devant, Et tu mets ta main sur moi.

Une science aussi merveilleuse est au-dessus de ma portée, Elle est trop élevée pour que je puisse la saisir.

Où irais-je loin de ton esprit, Et où fuirais-je loin de ta face? (Ps. CXXXIX . 1-7. V. S.)

Ô Souverain Juge! qui oserait, qui pourrait même se résoudre à commettre le péché, pour peu qu’il voulût faire la moindre attention à ta présence terrible!


2e Point.

Nous ne pouvons rien dérober à la connaissance de Dieu.

Le Seigneur, dit le Prophète, a regardé du haut des Cieux sur la terre, et d’un seul regard il a vu tous les enfants des hommes: il éclaire toutes leurs démarches, et il compte tous leurs pas.

Il n’y a pour lui ni obscurités, ni ténèbres, ni éloignement, ni distance.

Partout où je suis, Dieu me voit, Dieu m’écoute.

Sa vue n'est pas limitée, comme celle des créatures, à ce qui paraît au-dehors:


IL lit dans mon coeur;

IL en sonde tous les replis;

IL en découvre tous les sentiments.


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26 septembre

Sur l'oubli de la présence de Dieu.


1er Point.

Cet oubli est une des principales causes de nos égarements.

D’où viennent les iniquités d’Israël, demande le Prophète?

C’est qu’il a oublié la présence de son Dieu

Ils ont perverti leur voie, Ils ont oublié l’Éternel, leur Dieu. (Jérémie III. 21.)

On se perd, on s’égare, on se plonge sans honte et sans remords dans l’abîme du péché, parce que:


ON VIT

COMME s’il n'y avait point de Dieu qui fût le Juge et le témoin de nos actions

COMME si l'on était loin de ses regards.



2e Point.

Cet oubli volontaire qui a pour principe un manque d'amour pour Dieu, est une disposition très dangereuse.

Si je t'aimais sincèrement, ô mon Dieu, si ton amour, profondément gravé dans mon coeur, y dominait sur tout autre sentiment, ne penserais-je pas continuellement à toi?

Oublierais-je si aisément que je suis en ta présence?

Cet oubli n’est-il pas une marque du peu de respect et du peu d’attachement que j'ai pour toi?

- TU es au-dessus de moi, et je ne t'adore pas!

- TU es autour de moi, et je ne t'aperçois pas!

- TU es au dedans de moi, et je ne te sens pas!


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27 septembre

Sur l'attention continuelle à la présence 
de Dieu.


1er Point.

Cette attention est le vrai moyen de sanctifier toutes nos actions.

Osera-t-on pécher en présence de son maître et de son juge, d’un maître et d’un juge tout puissant?

Le Seigneur était sans cesse présent à mes yeux, disait le Prophète, parce que je sais qu'il est toujours à ma droite pour me soutenir.

J’ai constamment l’Eternel sous mes yeux; Quand il est à ma droite, je ne chancelle pas. (Ps. XVI. 8. V. S.)

Quel respect, quelle soumission, quelle retenue n’inspire pas la vue d’un monarque redouté de ses sujets!

Quelle impression ne doit donc pas faire sur un coeur chrétien la présence de Dieu!


2e Point.

Cette attention est le vrai moyen de prier toujours.

Jésus-Christ et ses Apôtres nous ordonnent de prier sans cesse, sans relâche, sans interruption.

Or, qui s’acquittera mieux de ce devoir, que celui qui sera continuellement attentif à la présence de Dieu?

Un Chrétien prie sans cesse, lorsque, par des œuvres agréables à Dieu, toujours faites pour sa gloire, et sanctifiées par sa présence, toute sa vie devient une suite perpétuelle de louanges, de bénédictions, de prières et d’actions de grâces.

Tout ce que la «Religion» et le devoir lui prescrivent, il le fait sous les yeux de Dieu et il le fait pour Dieu; il le fait avec le secours et la protection de Dieu; et par là, il est toujours en prière et en union avec Dieu. (Saint Hilaire)


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28 septembre

Sur la nécessité de la Prière.


1er Point.

Cette nécessité est fondée, sur le besoin de la grâce.

Point de salut à espérer sans la prière.


DIEU NE NOUS DOIT RIEN.


Par justice, n'est-il pas convenable que nous lui adressions nos prières, pour attirer sur nous ses bienfaits?

La grâce et la prière sont deux choses indivisibles.

Ôter ou établir la nécessité de la grâce, c’est ôter ou établir celle de la prière.

Trouvez-moi un homme qui n’ait pas besoin de la grâce, et je vous avouerai qu'il n'a pas besoin de prière.


2e Point.

Sur l'hommage que nous devons rendre à la grandeur, à la puissance et à la bonté de Dieu.

Nous honorons:

- sa divinité par le sacrifice de nos vies;

- sa justice, par notre repentance;

- sa souveraineté, par notre obéissance;

- sa providence, par notre résignation;

- sa grandeur; sa puissance et sa bonté par nos prières.

Prier Dieu, c’est reconnaître qu'il est grand, puissant, bon, miséricordieux, généreux et magnifique:


C’EST LUI DIRE QU'ON ATTEND TOUT DE LUI, QU'ON NE PEUT RIEN SANS LUI!


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29 septembre

Sur l'obligation de prier toujours.


1er Point.

Nous devons toujours prier parce qu'il n'y a point de temps, point de lieu, point de circonstance, point d'état et de condition où nous n'ayons besoin du secours de Dieu.

Si nous sommes en état de péché, nous avons besoin de grâce pour en sortir; et si nous sommes en état de justice et de sainteté, nous avons besoin de grâce pour y persévérer.

Non, dit Saint Chrysostôme, rien ne peut vous empêcher de prier toujours; ce ne sont pas des génuflexions, des prosternations et de longs discours étudiés que Dieu vous demande; ce n’est pas même, une application pénible et continuelle de votre esprit;

ce qu’il vous demande, c'est que vous soyez toujours attentif à lui plaire, et

disposé à lui obéir,

d'être toujours souple et docile aux mouvements de sa grâce et aux moindres marques de sa volonté.


2e Point.

Dieu est toujours prêt à nous écouter et à nous secourir.

La prière n’est pas attachée comme un sacrifice à une heure fixe et déterminée, ni à un lieu consacré par une bénédiction particulière.


TOUS LES TEMPS ET TOUS LES LIEUX

PEUVENT ÊTRE DES TEMPS, DES LIEUX DE PRIÈRE.


L'accès est toujours facile auprès de Dieu, et le moment toujours favorable. Il n’y a ni espace, ni barrière à franchir, pour arriver jusqu'à lui:


nous nous lassons aisément de le prier;

MAIS il ne se lasse jamais de nous entendre.


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30 septembre.


Sur les Prières des pécheurs.


1er Point.

Ils désavouent par leur conduite ce qu'ils disent à Dieu dans leurs prières.

Lorsque vous priez Dieu, dit Saint Chrysostôme, sans renoncer au péché:

- vous appelez votre père un Dieu que vous n’aimez pas;

- vous lui demandez la sanctification de son nom que vous déshonorez;

- l’accomplissement de la volonté sainte, que vous combattez;

- le pardon de vos péchés, que vous songez plutôt à augmenter qu’à expier;

- l’affranchissement des tentations que vous recherchez;

- l’éloignement du mal, que vous désirez.


2e Point.

Ils veulent que le Seigneur exauce leurs prières, mais ils lui refusent tous ce qu'il demande d'eux.

Ils le prient en quelque sorte les armes à la main; ils se prosternent devant ses autels et leur coeur est au démon.

Dieu leur demande de la fidélité et de l’amour, ils ne daignent pas l'écouter.

Les demandes de Dieu sont impérieuses et justes; celles des pécheurs sont toujours dépendantes et souvent déraisonnables.


Quand Dieu demande, il parle en maître;

quand l’homme le prie, il parle en suppliant.


Peut-il espérer que Dieu lui accorde ses demandes, quand il s'obstine à rejeter celles de Dieu?


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