Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

MÉDITATIONS POUR TOUS LES JOURS DE L’ANNÉE

JANVIER

***

SUR LES PRINCIPAUX DEVOIRS

DU CHRISTIANISME.

(note de la bibliothèque «Regard»: nous avons modifié certaines constructions de phrase et certains mots afin de rendre le texte plus facile à comprendre; le texte original fut publié en 1759)


1er janvier

Réflexions sur: Sur l'emploi du temps.


1er point.

Rien de plus précieux que le temps.

Le temps nous est donné pour servir Dieu, pour le glorifier... : CE N'EST DONC PAS UN BIEN QUI NOUS APPARTIENNE EN PROPRE et dont nous puissions disposer comme il nous plaît.

C'est un talent qui nous est confié pour le mettre en valeur et dont il faudra un jour rendre compte au souverain Juge.

Il est d'autant plus précieux que sa durée est également rapide et incertaine. Il passe comme un éclair, il s'évanouit comme un songe.

- Déjà le passé n'est plus,

- le présent nous échappe,

- et l'avenir est incertain.

Tous les moments de notre vie sont comptés, et il n'en est aucun qui n'augmente le trésor de nos mérites ou le nombre de nos péchés.

- Le vrai Fidèle est avare de son temps,

- il craint de le perdre,

- il le partage tout entier entre les devoirs de la «Religion» et les devoirs de son état;

c'est ce que l'Écriture appelle des jours pleins, des jours de salut!


2e point.

Rien n'est plus mal employé que le temps.

Quel usage en fait-on dans le monde?

À quoi la plupart des hommes passent-ils leur vie?

Des visites inutiles, des conversations frivoles, dangereuses ou criminelles.

Un jeu sans fin, des amusements éternels en absorbent la plus grande partie; la dissipation, l'oisiveté, l'inutilité et la paresse emportent tout.


Les occupations sérieuses et utiles sont toujours les plus courtes et les plus négligées.

On se plaint et on abrège le temps qu'on est obligé de leur donner.


Ne permets pas, Seigneur, que j'abuse plus longtemps pour ma perte, de ces moments précieux qui ne doivent être employés que pour mon salut.


Enseigne-nous à bien compter nos jours,

Afin que nous appliquions notre coeur à la sagesse.

(Ps. XC. 12)


* * *


2 janvier

Sur l'amour de Dieu.


1er. Point.

Aimer Dieu.

C'est notre premier devoir.

Dieu mérite notre amour et il l’exige; il le mérite, aussi bien par lui-même: que par les bienfaits qu'il nous accorde.

1° Par lui-même.

Il est le plus parfait et par conséquent le plus aimable de tous les Êtres; il est l’auteur et le principe de tout ce qui plaît, de tout ce qui touche et ravit notre coeur; le charme même et la douceur du sentiment sont un effet de sa puissance.

2° Par ses bienfaits.

Qu’avons-nous que nous n’ayons reçu de Dieu?

N’est-ce pas lui qui nous a créés et qui nous conserve la vie?

Tout ce que nous voyons et tout ce que nous sommes, n’est-il pas un don de sa magnificence et de sa bonté?

Nous n'avons qu'à jeter les yeux sur nous-mêmes et sur tout ce qui nous environne, pour trouver un motif de l’aimer: non seulement il mérite notre amour, mais il l'exige.

Vous aimerez le Seigneur votre Dieu. Voilà le premier et le plus grand des Commandements; celui qui renferme la Loi et les Prophètes.


2e Point.

L'accomplissement de ce devoir est d'une grande étendue.

Il consiste:

- à donner habituellement et perpétuellement à Dieu une préférence entière et absolue sur tout autre objet;

- à le préférer à nous-mêmes,

- à tout ce qui nous est cher,

- à toutes les créatures.

Il suffit d’aimer son prochain COMME soi-même.

Il n’y a que Dieu seul qu’on doit aimer PLUS QUE SOI-MÊME.

Méditez bien cette parole de Jésus-Christ:

Celui qui aime son père et sa mère plût que moi, n'est pas digne de moi.

C’est un infidèle qui ne me rend pas la mesure d’amour que j’exige, et que j’ai droit d’exiger de toutes les âmes que j’ai créées pour ma gloire.


Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu,

de tout ton coeur, de toute ton âme, et de toute ta pensée.

C’est le premier et le plus grand commandement.

Et voici le second, qui lui est semblable:

Tu aimeras ton prochain comme toi-même.

(Math. XXII. 37-39)


* * *


3 janvier

Sur l'observation des lois de Dieu.


1er point.

Celui qui aime Dieu observe les Lois de Dieu avec fidélité.

Il est attentif à lui plaire, il craint toujours de l’offenser.

Le véritable amour produit infailliblement la conformité des sentiments et des volontés. Il n'a donc plus d’autre volonté que celle de Dieu;

- tout ce que Dieu réprouve il le condamne aussi,

- et tout ce qu’il ordonne, il l'embrasse avec soumission; il le cherche même avec empressement.

Quand Dieu parle il ne fait plus qu’obéir à la voix de ce maître suprême; son amour-propre se tait, ses passions demeurent dans le silence, les plus chères inclinations de la nature sont comptées pour rien.


2e Point.

Il les observe avec facilité.

La Loi de Dieu paraît souvent rude et sévère à la nature.

- Elle la retient toujours dans les limites du devoir;

- Elle ne tolère pas la moindre faiblesse;

- Elle ne fait grâce à aucune affection déréglée;

- Elle assujettit à mille contraintes;

- Elle exige quelquefois de grands sacrifices.

Mais rien ne coûte à une âme vivement pénétrée de l'amour de son Dieu: les sacrifices lui plaisent, les peines et les contraintes lui deviennent agréables; cette âme ne croit pas pouvoir donner à Dieu trop de preuves de son amour!

Le Juste observe sans effort et sans répugnance des lois que l’amour a gravé dans son coeur.

PUIS-JE ME RECONNAÎTRE À CE PORTRAIT?

Puis-je croire que je t'aime ô mon Dieu lorsque je sens tant de répugnance à obéir, lorsque je mêle tant de réserves et d'infidélités volontaires dans mon obéissance!



* *


4 janvier

Sur la crainte de Dieu


1er Point.

L'OBLIGATION d'aimer Dieu, n'exclut pas l'obligation de le craindre.

L'amour et la crainte ne sont pas deux sentiments incompatibles:

- On aime son père et on le craint.

- Le serviteur fidèle aime son maître et il le redoute.

Ces différents sentiments naissent de la différence des rapports qu’on envisage dans un même objet.

Quand je considère le Dieu qui m'a créé, ce qu’il représente en lui-même, et les grâces que j’ai reçue de sa bonté, JE SENS QUE JE LUI DOIS TOUT et que je dois l'aimer plus que moi-même.

Lorsque je pense aux effets terribles de sa puissance et de sa justice, une crainte respectueuse s'empare de mon âme; je m’abîme, je m’anéantis devant ce Maître tout-puissant, ce Juge inexorable.


2e Point.

Cette crainte seule ne suffit pas pour remplir nos obligations dans toute leur étendue.

Elle n’est que le commencement de la sagesse, elle doit nous conduire à la pratique de tous les préceptes; et le premier est celui de l’amour.

Vous qui craignez le Seigneur, dit le Sage, n’en demeurez pas là, songez à l’aimer: Jamais Dieu n’a dit précisément: Craignez-moi de tout votre coeur; mais il a dit cent fois: Aimez-moi de tout votre coeur.

L’amour doit occuper tout le coeur, la crainte n’y doit entrer que pour y introduire l’amour pour se perdre et s’abîmer dans l’amour.

Craignez Dieu et observez ses commandements, en commençant par le premier qui renferme tous les autres.


C'est là ce que tout homme doit faire.

C’est en cela que consiste le salut, le bonheur et la perfection de l’homme.


* * *


5 janvier

Sur le rapport de nos actions envers Dieu.

1er Point.

Toute action morale qui ne peut pas être rapportée à Dieu, est vicieuse (corrompues) en elle-même.

On rapporte une action à Dieu quand on se propose, d'en faire une fin louable, utile et digne de Dieu; quand on la lui offre, quand on agit pour sa gloire et pour se conformer à sa volonté.

Si l’action est telle qu’on ne puisse absolument pas la conduire à une pareille fin, il faut nécessairement qu’elle soit vicieuse (corrompue) en elle-même, et par conséquent indigne des regards de Dieu.

Quel vaste champ n’ouvre-t-il pas à nos réflexions ce seul principe médité et approfondi?

Oserais-je offrir cette action à Dieu?

Oserais-je dire et pourrais-je penser qu’elle n’a rien de contraire à sa volonté, qu’elle peut même contribuer à sa gloire?

Non sans doute.

Je dois donc m’en abstenir:

Dieu ne peut être glorifié que par ce qui porte un caractère de sagesse, de justice et de sainteté, et je ne puis me sanctifier moi-même que par des actions qui le glorifient.


2e Point.

Toute action qu'une âme chrétienne ne rapporte pas à Dieu est défectueuse par son motif.

En effet, si elle ne cherche pas à lui plaire, elle cherche donc à se satisfaire elle-même; elle agit pour contenter son amour propre, son ambition, sa cupidité, sa mollesse, sa vanité, son intempérance.

Or qui penserait que de pareils motifs ne rendent pas une action défectueuse?

Soit que vous mangiez, sois que vous buviez, dit Saint Paul, faites tout pour la gloire de Dieu. (1 Cor. X. 31)

Est-ce un conseil? Est-ce un précepte?

Il paraît évident que c’est un précepte.

Tout ce qui se fait de bon, de louable et d’utile dans le monde, ne se fait que par l’influence et le concours de la puissance et de la volonté divine. On doit donc le rapporter à Dieu: il en est le premier principe. Il est donc juste qu’il en soit le terme et la dernière fin.


Nous sommes son ouvrage,

ayant été créés en Jésus-Christ pour de bonnes oeuvres,

que Dieu a préparées d’avance, afin que nous les pratiquions.

(Eph. II. 10)


* * *


6 janvier

Sur les scrupules.


1er Point.

Il y a des scrupules raisonnables qu'il faut avoir.

Faites-vous un scrupule de violer les lois de Dieu et de l’Église; d’appuyer ou d’autoriser le mépris de la «Religion» et des vérités de la Foi; de combattre par vos discours ou par vos actions, les maximes de l’Évangile.

Ce scrupule est juste et légitime. Il est raisonnable et bien fondé.


ÉCOUTEZ LA VOIX DE VOTRE CONSCIENCE;

C’EST LA VOIX DE DIEU.


2e Point.

Il y a des scrupules pernicieux qu'il faut éviter.

Si le scrupule raisonnable est une vertu, le scrupule porté à l’excès devient un défaut très considérable et très pernicieux.

- On s’inquiète et on se tourmente;

- On se juge soi-même avec trop de rigueur;

- On se fait un crime de tout;

- On met au même rang le principal et l’accessoire; l’essentiel et les minuties.

Prions le Seigneur de nous éclairer sur la règle et sur l’étendue de nos devoirs.

Ne le servons point comme les Juifs grossiers et charnels, dans un esprit de frayeur et de servitude.

Allons à lui avec la même confiance que des enfants qui ont un père dont ils sont tendrement aimés.

- Que la paix et la joie du Saint-Esprit soient toujours dans nos cœurs:

- tout ce qui n’y apporte que le trouble et le découragement vient de l’Esprit de ténèbres.


Ne sois pas juste à l’excès, et ne te montre pas trop sage:

pourquoi te détruirais-tu?

(Eccl. VII. 16)


* * *


7 janvier

Sur l'amour du prochain.


1er Point.

Ne point faire à autrui ce que nous ne voudrions pas que l'on nous fît à nous-mêmes. Vous aimerez le prochain comme vous-même.

Voilà le principe d’où découlent tous nos devoirs à l’égard du prochain: NOUS DEVONS L’AIMER COMME NOUS-MÊME.

Notre amour-propre, ce guide si trompeur et si pernicieux pour nous, est donc le plus excellent maître que nous puissions consulter sur l’amour du prochain.

ÉCOUTEZ-LE, et il vous dira qu'il se sent blessé:

- quand on le contrarie,

- quand on le mortifie,

- quand on l'humilie par des reproches amers, des railleries piquantes, des airs de mépris, des paroles fâcheuses et désagréables, des médisances atroces ou de noires calomnies.

Épargnez donc à votre prochain des désagréments qui vous sont si sensibles et que vous avez tant de peine à souffrir: ménagez son amour-propre, comme le vôtre veut être ménagé, et vous serez dans la règle.


2e Point.

Faire pour le prochain tout ce que nous voudrions que l'on fît pour nous-mêmes.

Nous sommes donc obligés de le secourir quand il est opprimé, de le soutenir quand il est faible, de le soulager quand il est misérable.

Un Chrétien pourrait-il être moins charitable que cet Empereur Romain, qui disait à ses Courtisans lorsqu'il avait passé un seul jour sans faire du bien:

Mes amis, voilà un jour que j'ai perdu.

Il ne comptait pas, pour lui, au nombre des jours de sa vie, ceux qui n'étaient point marqués par des bienfaits.


Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous,

faites-le de même pour eux, car c’est la loi et les prophètes.

(Math. VII. 12)


* * *


8 janvier

Sur l'étendue du précepte de l'amour
 du prochain.


1er Point.

Il est immense dans son étendue.

Il s'étend à TOUS les hommes SANS EXCEPTION!

Tout homme est créé à l'image de Dieu;


SI NOUS AIMONS DIEU:

NOUS DEVONS CHÉRIR ET RESPECTER SON IMAGE

PARTOUT OÙ ELLE SE TROUVE.


Tout cela sans aucun égard:

Ni à la différence des états ou des conditions; les grands et le peuple, les riches et les pauvres sont tous frères en Jésus-Christ, et doivent être unis par les mêmes liens de charité et d'amour:

Ni à la différence des Nations;

Il n'y a en Jésus-Christ, ni Juif, ni Gentil, ni Grec, ni Barbare; tout le genre humain ne compose qu’une seule famille dont Dieu est le père, le chef et le souverain:

Ni à la différence des Religions; le Samaritain charitable a compassion d’un malheureux Juif couvert de blessures, quoiqu’il professe une «Religion» différente; ce Samaritain nous est proposé pour modèle.


2e Point.

L'amour du prochain doit être réglé dans ses effets.

Nul homme n'est exclu de notre charité; mais il en est certains à qui nous devons des préférences dans l’exercice de cette vertu.

- Ceux qui nous sont attachés par les liens du sang;

- Ceux qui nous servent et qui travaillent pour nous;

- Ceux dont les besoins sont plus extrêmes et les maux plus pressants

- ONT DES DROITS PLUS PARTICULIERS sur les effets de cet amour universel.

Il faut de l’ordre et de la règle dans tout.

Heureux qui peut dire: C’est le Seigneur qui me règle et qui me conduit jusque dans mes œuvres de miséricorde et de charité.



* * *


9 janvier

Sur les défauts d'autrui.


1er Point.

Les défauts d’autrui doivent servir à nous éclairer sur les nôtres.

Nous vivons nécessairement avec des hommes pleins de défauts.

Qui est-ce qui n'en a pas?

- Défauts dans le coeur et dans l'esprit;

- Défauts dans le caractère et dans l'humeur;

- Défauts dans la conduite et dans les manières.

On a beau vouloir se fermer les yeux pour ne pas les apercevoir, ils se rendent visibles par leurs effets.

Or le premier usage qu’un Chrétien doit faire de cette connaissance, c’est de se dire à lui-même:

Si cet homme a tel ou tel défaut, n’en ai-je pas moi-même de semblables ou de plus grands?

Dessillez, ô mon Dieu! les yeux de mon amour-propre. Hélas! j’ignore mes défauts, et je ne suis que trop clairvoyant pour ceux des autres.


2e Point.

Ils doivent servir à exercer notre patience.

Celui qui commande est obligé sans doute de reprendre et de corriger les défauts de ceux qui lui sont soumis. Mais quoi qu’il fasse, il leur en restera toujours assez pour exercer sa patience.

C’est une vertu nécessaire.

Il faut souffrir pour la pratiquer et les grandes souffrances ne sont pas communes. Celles qui nous viennent par les défauts d’autrui, sont une épreuve constante et journalière qui nous fournit des occasions plus fréquentes de travailler pour le ciel.

Imitons à cet égard la tranquillité inaltérable de CE DIEU TOUT-PUISSANT QUI SUPPORTE SI PATIEMMENT LES VICES DE SES CRÉATURES.


La charité est patiente, dit l’Apôtre, elle souffre tout, elle tolère tout.

(1 Cor. XIII. 4-8)


* * *


10 janvier

Sur le renoncement à soi-même.


1er Point.

Qu'est-ce que renoncer à soi-même?

C'est être disposé à TOUT quitter, à TOUT perdre, à TOUT sacrifier, et à TOUT souffrir plutôt que de commettre le moindre péché.

Renoncer à soi-même, c’est soumettre toutes ses passions à l'influence de la «Religion» et du devoir.

On renonce à soi-même quand on se gène, quand on mortifie son amour-propre et ses inclinations naturelles pour observer les lois de Dieu.

Ce renoncement se rapporte à tout ce qui peut offenser Dieu;

- Il influe dans tout ce que nous faisons pour lui plaire;

- Il renferme ce sacrifice entier de nous-mêmes, cette préférence absolue que nous devons à notre Créateur;

C’EST L’ABRÉGÉ DE L’ÉVANGILE; c’est le principe et le fondement de toute la morale de Jésus-Christ.


2e Point.

Tout Chrétien est-il obligé de renoncer à lui-même?

Oui sans aucun doute!

Jésus-Christ le dit en termes exprès:


Si quelqu'un veut venir après moi, qu'il renonce à lui-même.

(Luc chap. 9)


Et afin qu’on ne crût pas que ce précepte rigoureux ne s’adressait qu’à des âmes privilégiées que la sainteté de leur état oblige de s'élever à une perfection extraordinaire, St. Luc a soin de nous faire observer qu’il le disait à tous sans exception!

Soyez riche ou pauvre, sur le trône ou dans la poussière, il faut que vous renonciez à vous-même, si vous voulez être un véritable Chrétien.

Sans ce renoncement vous préférerez toujours votre propre gloire, votre propre volonté, votre propre satisfaction à celle du souverain Maître.

Dispenser un seul homme de cette obligation, ce serait le dispenser d’aimer Dieu; ce serait le dispenser d’être Chrétien.


* * *


11 janvier

Sur l'obligation de porter sa croix.


1er Point.

Tout Chrétien est obligé de porter sa croix.

Si quelqu'un veut venir après moi, disait le Sauveur en parlant à tous, qu'il porte sa croix.

Et quelle est cette croix que nous sommes obligés de porter?

Il y en a de plusieurs sortes; parce que dans le langage de l’Écriture, le terme de croix équivaut à celui de peine et de souffrance.

Nous devons donc porter:

1. les croix de notre état; il n’en est aucun qui en soit exempt;

2. les croix que Dieu nous envoie; les maladies, les douleurs, les pertes sensibles et affligeantes;

3. les croix qui nous viennent de la part des hommes, leurs contradictions, leur malice, leur noirceur, leur perfidie;

4. enfin les croix que nous nous imposons nous-mêmes par la mortification de nos sens.

Toutes ces croix, quand nous les portons avec soumission, nous unissent à ce Dieu crucifié qui seul peut les rendre, par sa grâce, d’un prix et d’un mérite infini.


2e Point.

Il est obligé de porter sa croix tous les jours.

Parce qu’il n’y a point de jour où il ne doive se contraindre, se mortifier pour observer la loi de Dieu; point de jour où il ne soit obligé de faire mille sacrifices pénibles à la nature et à l’amour-propre, qui le rendent semblables à Jésus crucifié.

Que penses-tu, ô mon Dieu! de ces jours de plaisir et d’amusements où l’on n’est occupé qu’à satisfaire ses passions ou ses caprices!

- Que sera-ce qu’une vie abandonnée à l’oisiveté ou aux joies profanes du siècle!

- Peut-on espérer de remplir par une telle vie, l’obligation de porter sa croix?

- Peut-elle nous donner le moindre trait de ressemblance avec Jésus-Christ?


* * *


12 janvier

Sur deux manières différentes de 
porter sa croix.


1er Point.

On peut porter sa croix dans son corps.

Les maladies et les douleurs qui nous accompagnent sont des croix involontaires qui ne dépendent pas de nous et que nous sommes obligés de souffrir malgré nous par la mortification des sens, par l’éloignement des délices et des commodités de la vie, par le jeûne ou par d'autres exercices nous conduisant à être humbles....


2e Point.

On peut porter sa croix dans son coeur.

Cette seconde manière de porter sa croix, n’a point de bornes.

Les forces du coeur sont toujours plus grandes et plus étendues que celles du corps; elles sont infinies et inépuisables.

Le coeur embrasse, quand il veut, par ses désirs, tout ce que le corps ne saurait supporter.

Celui-ci succombe et s’abat aisément sous le poids de ses maux, tandis que l’autre peut toujours agir et toujours désirer.

Sans sortir de mon état, sans déranger mes occupations, sans attirer sur moi les regards des hommes, je puis aspirer aux tourments des Martyrs et aux austérités des Solitaires; je puis être disposé à les souffrir: c’est là ce qui s’appelle porter la croix de Jésus-Christ dans son coeur et dans l’intérieur de son âme....


* * *


13 janvier

Sur les sentiments qu'un Chrétien 
doit avoir en portant sa croix.


1er Point.

Un Chrétien qui considère ses souffrances par rapport à Dieu, doit souffrir avec résignation.


DIEU EST LE MAÎTRE,

ET IL N’ARRIVE RIEN EN CE MONDE QU’IL N’AIT PERMIS OU ORDONNÉ

DANS LES CONSEILS DE SA SAGESSE.


Nous devons donc nous soumettre humblement à sa volonté sainte: elle s’exécutera malgré nous et nous entraînera même si nous refusons de la suivre.

Il n'y a ni force, ni prudence, ni conseil qui puisse prévaloir contre le Seigneur.

Nos vues sont trop courtes et nos mesures trop faibles pour arrêter le cours de ses desseins éternels.

Que nous reste-t-il donc, si ce n’est de baisser la tête et de fléchir les genoux sous sa main toute puissante, en répétant cette parole mémorable du plus infortuné et du plus patient de tous les hommes:


Le Seigneur m'avait donné ces biens, il me les a ôtés: il a fait ce qu'il a voulu, que son nom soit béni. (Job chap. 1)

L’Éternel a donné, et l’Éternel a ôté; que le nom de l’Éternel soit béni! En tout cela, Job ne pécha point et n’attribua rien d’injuste à Dieu. (Job I. 21-22. V. S.)


2e Point.

Un Chrétien qui considère les souffrances par rapport à lui-même, doit souffrir avec joie.

En effet, ses souffrances le rendent semblable à Jésus-Christ; ressemblance qui est le signe du salut et la marque du prédestiné:

Elles augmentent le trésor de ses mérites parce qu'un moment d'une légère tribulation opère en nous un poids immense de gloire!

C’est ce qui faisait dire à l’Apôtre Saint Paul:

Je me plais dans mes afflictions, et je nage dans la joie au milieu des tribulations qui m'accablent.

Je suis rempli de consolation, je suis comblé de joie au milieu de toutes nos tribulations. (2 Cor. VII. 4. V. S)

C’est pourquoi je me plais dans les faiblesses, dans les outrages, dans les calamités, dans les persécutions, dans les détresses, pour Christ; car, quand je suis faible, c’est alors que je suis fort. (2 Cor. XII. 10. V. S.)


* * *


14 janvier

Sur l’impatience.


1er Point.

L'impatience est pernicieuse par les fautes qu'elle nous fait commettre.

Il ne s’agit point ici de ces premiers mouvements que la vivacité du sang fait naître malgré nous; ce sont des restes malheureux du péché de notre origine, que nous ne pouvons pas détruire, et que nous sommes obligés de combattre et de réprimer.

Il s’agit de cette impatience libre et consentie qui trouble la sérénité de notre âme, et qui produit les paroles dures, les menaces, les emportements et quelquefois les jurements et les blasphèmes.

Considérez la multitude innombrable de fautes contre la charité et contre l’humanité que vous fait commettre tous les jours un vice qui paraît léger; un vice auquel on se livre sans remords, que l'on avoue sans douleur, et vous en serez effrayé.


2e Point.

L'impatience est pernicieuse par les avantages qu'elle nous fait perdre.

Le salut n’est pas toujours attaché à de grands sacrifices: les occasions en sont rares.

Il dépend de notre fidélité à remplir nos devoirs, à souffrir avec patience, et s’il se peut, avec joie les contrariétés et les peines journalières qui se rencontrent dans tous les états, les fautes, les négligences de ceux qui nous servent, les lenteurs et les retardements qui affligent la nature dans ce qu’elle désire avec le plus d'ardeur.

Voilà ce qui doit remplir ce trésor de mérites que Jésus-Christ nous exhorte à nous faire dans l’éternité; et voilà ce que l’impatience nous fait perdre!


* * *


15 janvier

Sur les murmures.


1er Point.

MURMURER au sujet des afflictions que Dieu nous envoie, c'est attaquer sa providence.

C’est lui qui les veut et qui les ordonne ces afflictions: c’est donc s’élever contre lui, c’est se révolter contre ses ordres que de murmurer et de s’en plaindre.

De plus, en contredisant ainsi les volontés de Dieu on tombe nécessairement en contradiction avec soi-même; car, après lui avoir dit dans la prière; Seigneur, que ta volonté soit faite sur la terre comme au Ciel, on murmure ensuite parce que cette volonté s'accomplit.

On se soumet en apparence quand on prononce ces paroles, et on se rétracte:


ON DÉSAVOUE CET ACTE DE SOUMISSION

QUAND ON MURMURE.


2e Point.

Murmurer au sujet des afflictions qui nous viennent de la part des hommes, c'est aussi méconnaître la toute-puissance de Dieu.


Il est vrai qu’il n'ordonne pas les effets de la malice ou de la malignité des hommes, PARCE QU'IL N’EST NI NE PEUT ÊTRE L’AUTEUR DU PÉCHÉ; mais il les permet; s'il ne les permettait pas, il ne serait pas au pouvoir des hommes de nous offenser.

CE N’EST DONC PAS DIEU QUI INSPIRE À CET ENNEMI LA VOLONTÉ QU'IL A DE VOUS NUIRE; mais c'est Dieu qui lui en donne le pouvoir.

C’est Dieu, qui en l’armant de ce funeste pouvoir, permet qu’il l’exerce contre vous.

Quand un homme vous frappe, dit Saint Augustin, vous devez penser que la main du Seigneur est toujours cachée sous celle de l'homme:

- l’une agit, et l'autre permet;

- l’une porte le coup, et l’autre le laisse tomber.

Ne vous arrêtez donc pas à la première. Reconnaissez la puissance supérieure de l’autre, et soumettez-vous!


* * *


16 janvier

Sur l'ambition.


1er Point.

L'ambition rend les hommes artificieux et hypocrites.

On veut s’élever à quelque prix que ce soit: on EMPRUNTE les dehors de toutes les vertus que l’on ne possède pas, ceci afin de parvenir aux honneurs et aux dignités qu'on désire.


TOUT EST FAUX DANS LES DISCOURS ET DANS LES DÉMARCHES

D'UN AMBITIEUX.


Il affiche un grand désintéressement,

quoiqu’il soit possédé de l’esprit d'intérêt;

Une modestie qui va jusqu'à l'humilité,

quoiqu'il soit rempli de l'esprit d'orgueil;

Un respect sincère pour la «Religion»,

quoiqu'il soit toujours prêt à l'abandonner pour faire sa fortune:


FAUX AMI, FAUX CHRÉTIEN, FAUX DÉVOT,


il n'a de zèle et d'attachement que pour sa propre grandeur.

Cette passion basse et intéressée corrompt et anéantit toute vérité dans son coeur; elle ne laisse pas subsister la moindre trace, la plus petite étincelle de la véritable vertu.


2e Point.

L'ambition rend les hommes cruels et inhumains.

Elle sacrifie tout, elle ne ménage rien pour se satisfaire.

- Que de fleuves de sang!

- Que de torrents de larmes n’a pas fait couler dans l’Univers l’ambition avide et insatiable des Conquérants!

- Que d'animosités! que de haines! que de fureurs! que de cruelles vengeances!

- Que de noirceurs et de perfidies ne produit-elle pas tous les jours entre des Concurrents qui travaillent mutuellement à se supplanter!

À quel excès d’injustice et de cruauté ne se portent-ils pas!

Ô mon Dieu! qu’est-ce que l’homme quand il t'abandonne, pour admettre et pour établir dans son coeur une idole qu’il adore et qu'il préfère à tes saints commandements?


* * *


17 janvier

Sur la flatterie.


1er Point.

Un Chrétien ne doit jamais flatter personne.

La flatterie suppose un désir intéressé de plaire aux dépens de la vérité.

Quoi de plus contraire à l'esprit du Christianisme qu’un pareil dessein?

Un véritable Chrétien CHERCHERA TOUJOURS À PLAIRE À SON DIEU qui est la vérité même;

Il aimerait mieux déplaire aux hommes que de l’offenser.

S’il évite de leur dire des vérités dures, quand il est obligé de ménager leur délicatesse, il évite encore avec plus de soin de nourrir leur orgueil et leur amour-propre en approuvant leurs travers par des mensonges flatteurs.


2e Point.

Un Chrétien ne veut jamais être flatté; Il cherche plutôt à connaître ses défauts pour s’en corriger.

Il redoute les flatteurs comme les plus dangereux ennemis de la vertu et il préfère les reproches utiles d’un censeur âpre et sévère qui ne pardonne rien; il les préfère aux discours insidieux d'un flatteur qui applaudit à tout.

Il sait que son amour-propre n’est déjà que trop porté, trop habile à le séduire, sans que des hommes complaisants et artificieux viennent encore, par des louanges préparées avec art, prêter de nouvelles couleurs à ses illusions.

- Il ne prétend pas établir son mérite sur leurs vains applaudissements;

- Il dédaigne, il méprise toute la gloire humaine:


IL N’EST SENSIBLE QU’À CELLE DE DIEU.


* * *


18 janvier

Sur les richesses.


1er Point.

On peut se sanctifier au milieu de l’opulence par le détachement des richesses.

On n’est pas obligé de s’en dépouiller réellement pour travailler à son salut. Ce renoncement extérieur, est un conseil de perfection; mais le renoncement intérieur est un précepte.

Oui, tout Chrétien est étroitement obligé d’être disposé à PERDRE et à SACRIFIER tous ses biens PLUTÔT QUE DE VIOLER LA LOI DE DIEU.

C’est dans cette disposition vraie, sincère, habituelle et persévérante que consiste le détachement des richesses sans lequel on ne peut être sauvé.

Il ne vous est pas permis de partager votre coeur et vos sentiments entre Dieu et les richesses:


vous ne pouvez, dit le Seigneur, servir deux Maîtres à la fois. (Matth. VI. 24.)


Il faut opter entre l'un et l’autre; être tout à Dieu, ou tout aux richesses:


À QUI DONNEZ-VOUS LA PRÉFÉRENCE?


2e Point.

Le bon usage des richesses.

Vous n’en êtes que le dépositaire et l’économe; vous n’êtes pas maître de les employer à tous les usages inutiles ou déréglés que le caprice est capable de vous suggérer.

L’usage que vous en faites doit toujours être conforme aux règles de la justice, de la charité et de la tempérance chrétienne.

1° De la justice, pour rendre à chacun ce qui lui est dût.

2° De la charité, pour soulager les pauvres.

3° De la tempérance chrétienne, pour se borner au pur nécessaire, sans ajouter des dépenses au-delà des bienséances indispensables à son état.

Que de réflexions à faire sur ces maximes! Que de raisons de craindre et de trembler pour le salut des riches!


* * *


19 janvier

Sur la douceur.


1er Point.

Quel doit être le principe de la douceur qui nous est recommandée dans l'Évangile?

On voit des âmes douces; mais leur douceur n’est qu’une vertu naturelle, une vertu de tempérament qui ne demande aucun effort, et qui par conséquent ne peut être d’aucun mérite.

On en voit d’autres qui ne sont doux que parce qu’ils sont insensibles, rien ne les trouble, parce que rien ne les affecte.

D’autres enfin n’ont qu’une douceur artificieuse et hypocrite qui paraît sur leur visage et dans leurs discours, et qui ne sert qu'à masquer les noirs sentiments qu’ils ont dans l'âme.

La douceur évangélique n’est point un don de la nature, elle est susceptible de sensibilité, elle est exempte de dissimulation et d'artifice. C’est un don de la grâce; elle a son principe dans cette charité divine qui supporte tout.


2e Point.

Quels en sont les effets?

1° Elle nous rend agréables à Dieu qui chérit singulièrement les âmes douces et indulgentes. David en était si persuadé, qu’il ne voyait point de qualité plus propre pour lui attirer les grâces de Dieu....

2° Elle nous rend agréable aux hommes que les emportements et les hauteurs d'une âme dure, fâcheuse et difficile, éloignent de nous.

3° Elle nous rend propres à corriger les défauts de ceux qui nous sont soumis.

4° Elle est d’une étendue presque infinie et par conséquent d’un grand mérite par le nombre et par la continuité de ses sacrifices.


* * *


20 janvier

Sur l'état de perfection.


1er Point.

Tout Chrétien n'est pas obligé d'embrasser un même état de perfection.

Un état qui consiste à se retirer du monde, à quitter ses biens et à s’obliger, par des engagements particuliers, à la pratique des conseils évangéliques; c’est l’état des parfaits.

Jésus-Christ ne nous oblige pas à embrasser cet état-là.

Si vous voulez être parfait, disait-il à ce jeune homme qui le priait de lui enseigner la voie du salut,

vendez vos biens, donnez-les aux pauvres et suivez-moi.

Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel. Puis viens, et suis-moi. (Matth. XIX. 21. V. S.)

SI VOUS VOULEZ: Il était donc libre de le vouloir ou de s'en abstenir; ce n'était pas un précepte qu’il lui donnait, c'était un conseil dont il laissait la pratique à son choix.

Il arrive quelquefois que le dégoût du monde, joint à un grand désir de notre salut, nous porterait à le quitter pour toujours. C’est une illusion, surtout quand on est attaché au monde par des liens indissolubles.

Sanctifiez-vous dans votre état, c’est ce que Dieu demande de vous, c’est le vrai moyen de lui plaire.....


2e Point

Tout Chrétien est obligé d’aspirer à la perfection de son état.

Soyez parfait dit le Sauveur, comme votre Père céleste est parfait. (Matth. V. 48.)

Parole qui ne peut être entendue que de la perfection propre de chaque état, puisque Jésus-Christ ne prétendait pas déranger par ses préceptes l’ordre de la société.

C’est donc à la perfection propre de votre état que vous devez aspirer; c’est à quoi vous devez travailler sans interruption et sans relâche tous les jours de votre vie.

Soutiens-moi, Seigneur, dans un travail si long et si difficile. Je suis la faiblesse même: ma force et ma persévérance ne peuvent venir que de toi.


* * *


21 janvier

Sur la voie étroite.


1er Point.

C’est la SEULE qui conduit au Ciel!

Parce que c'est la seule:

- où l'homme est uniquement occupé de ses devoirs;

- où il s’éloigne autant qu’il est possible, de tout ce qui n’est que plaisir et amusement;

- où il travaille sans cesse à mortifier ses sens et à dompter ses passions.

Elle est appelée ÉTROITE, parce qu'elle gêne la nature et l'amour-propre et que l’on y est continuellement attentif à retenir leurs mouvements et à réprimer la licence effrénée de leurs désirs.


C'EST LA VOIE DE LA SAINTETÉ ET DE LA JUSTICE;

C’EST LA VOIE DES ÉLUS.


- On s’en éloigne par le péché.

- On y rentre par la repentance.

- Le Juste même y tombe quelquefois, mais il se relève: ses chutes sont rares et il est toujours prompt et attentif à les réparer.


2e Point.

Ceux qui mènent la vie ordinaire du monde, ne marchent pas dans la voie étroite.

Leur vie n’est qu’un tissu de jours sacrifiés à l’ambition, à l’avarice ou à la volupté.

- Une telle vie est la voie de la perdition:

- La cupidité y triomphe,

- La «Religion» y est oubliée ou méconnue.

À quel degré, grand Dieu, les mondains ne sont-ils pas enfoncés dans la voie étroite?

Hélas! tous se perdent et s’égarent dans cette voie large et spacieuse qui conduit à l’Enfer!


DANS LAQUELLE DE CES DEUX VOIES AVEZ-VOUS MARCHÉ JUSQU'ICI?


* * *

22 janvier

Sur la nécessité des progrès dans 
la vertu.


1er point.

On doit toujours faire de nouveau progrès dans la vertu.

Des progrès pour remplir l'obligation où nous sommes de tendre sans cesse à la perfection de notre état.

Cette perfection n'est pas l'ouvrage d'un jour!

La justice et la sainteté sont une carrière où il y a TOUJOURS quelque chose à faire, à améliorer.

Faites tous vos efforts pour joindre à votre foi la vertu, à la vertu la science, à la science la tempérance, à la tempérance la patience, à la patience la piété, à la piété l’amour fraternel, à l’amour fraternel la charité. (2 Pierre I. 5-7. V. S.)


2e Point.

On doit toujours faire des progrès pour résister au mauvais penchant de notre nature.

Ce penchant désordonné est un ennemi que nous portons en nous-mêmes et qui ne cherche qu'à nous égarer. Il est toujours prêt à nous attaquer par force ou par surprise.

Si vous cessez un moment de le combattre, il est sûr de remporter la victoire.

Appliquez-vous donc sans cesse à dompter l'orgueil, la vanité, la paresse, l’amour du plaisir qui dispute à la vertu, la possession de votre coeur.

Chaque effort que vous ferez pour le vaincre, sera un pas qui vous approchera de la perfection.

Le vrai Fidèle est semblable à un habile Négociant qui ne veut rien perdre, qui met tout à profit.

Vous serait-il permis d’avoir moins d’ardeur et d’avidité pour les biens du Ciel, que les mondains n’en ont pour ceux de la terre?


* * *

23 janvier

Sur le discernement des bons et des 
mauvais exemples.


1er Point.

Un Chrétien doit être en garde contre la contagion des mauvais exemples.

Le monde est rempli de mauvais exemples; on en rencontre partout:

- des pécheurs qui ne se font aucun scrupule de violer les Lois de Dieu,

- des hypocrites qui se jouent de la «Religion»,

- des impies qui cherchent à la rendre odieuse ou méprisable.

Gémissez à la vue de ces désordres et craignez de les imiter: mettez-vous sous la protection du Dieu des vertus; priez-le de vous couvrir de ses ailes et d’empêcher que les relations dangereuses et continuelles que vous êtes obligé d’avoir avec les pécheurs, ne souille la pureté de votre âme.

Implorez sans cesse le secours de sa grâce, et pour eux, et pour vous:

- pour eux, afin qu’il les touche et les convertisse;

- pour vous, afin qu’il vous préserve de la contagion de leurs mauvais exemples.


2e Point.

Un Chrétien doit être attentif à profiter des bons exemples.

Toute sainteté, toute lumière, n'est pas éteinte en Israël! On trouve dans le monde même des exemples de vertu et des Chrétiens pieux et fidèles, en petit nombre à la vérité, mais ce petit nombre est celui des Élus.

Il faut profiter de leurs exemples, et se dire à soi-même:

Pourquoi ne vivrais-je pas aussi saintement que telles et telles personnes qui sont du même état que moi?

Rien de plus facile au reste que de faire le discernement des bons et des mauvais exemples; prenez l’Évangile et comparez l’exemple à la règle que l'on vous présente; s’il y est conforme, vous devez le suivre et en profiter. Pour peu qu’il s’en écarte, c'est un mauvais exemple.


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24 janvier

Sur l'exemple de la multitude.


1er Point.

On se rassure facilement sur l'exemple de la multitude.

C’est un torrent qui nous entraîne.

On se croit autorisé à suivre la marche du grand nombre. On craint de paraître singulier, original.

On regarde la conduite ordinaire des hommes, comme un exemple qui nous justifie.

On oublie cette maxime si vraie et si raisonnable: Que pour se bien conduire, il ne faut pas suivre la route la plus fréquentée, mais la plus sûre:


Large est la porte, spacieux est le chemin qui mènent à la perdition,

et il y en a beaucoup qui entrent par là.

(Matth. VII. 13.)


2e Point.

Cet exemple de la multitude qui vous rassure devrait plutôt vous alarmer.

Puisque Jésus-Christ nous donne la conduite de cette multitude comme une marque infaillible de réprobation.

Puisqu’il nous avertit que le plus grand nombre marche dans la voie large et spacieuse qui conduit à l’enfer:

il s’ensuit qu’il faut avoir une vertu singulière et MENER UNE VIE ENTIÈREMENT DIFFÉRENTE DE CELLE DU MONDE POUR ÊTRE SAUVÉ.


* * *


25 janvier

Sur la singularité.

(l'originalité, le trait distinctif qui nous différencie)


1er Point.

Il y a une singularité vicieuse qu'on doit éviter.

Les pratiques extérieures de la «Religion» varient selon les différents états où nous pouvons être placés par la Providence.

La piété chrétienne n’a ni les mêmes effets, ni les mêmes dehors dans le monde et dans le cloître, dans le secret de la solitude et dans nos relations avec la société.

Telle action, telle pratique extérieure de piété est sainte, généreuse, héroïque; mais elle ne convient pas à votre état.

Vous devez donc vous en abstenir: demeurez toujours dans les limites d’une sage discrétion, et contentez-vous d’observer la Loi de Dieu simplement, uniquement, sans éclat, sans pompe....


2e Point.

Il y a une singularité nécessaire dont on ne doit point rougir.

C’EST CELLE QUI DISTINGUE NOTRE VIE ET NOTRE CONDUITE, DE CELLE DES PÉCHEURS.

Le monde est si déréglé que la piété la plus simple et qui devrait être la plus commune, lui paraît singulière, étrange.

Mais c’est ici une singularité, une différence NÉCESSAIRE et INDISPENSABLE; une singularité dont il n’est pas permis à un Chrétien de rougir.

La Loi de Dieu y assujettit tous les hommes; et quand on demeure dans les termes de cette Loi divine sans y rien ajouter, ni en retrancher, si le monde y trouve à redire, on ne doit pas l’écouter:

- ce serait rougir de l’Évangile;

- ce serait sacrifier sa «Religion» à une lâche complaisance pour ce monde réprouvé et maudit de Dieu qui condamne indistinctement tout ce qui est contraire à SA parole.


* * *


26 janvier

«Pardon du péché», «pardon des péchés»

Note de la bibliothèque «Regard»: nous avons remplacer le texte original qui traitait de la distinction entre le péché «mortel» et le péché «véniel», une distinction que ne fait pas la Bible.

La Bible ne parle jamais de «pardon du péché», mais de «pardons des péchés».

Pas plus qu’elle ne parle d’être «libéré des péchés».

Je veux vous garantir que la Bible ne dit jamais cela.

Elle dit au contraire que nous sommes «libéré du péché», et non des péchés. La seule chose à laquelle nous avons besoin d’échapper et dont nous devons être libérés, c’est ce qui nous entraîne et nous pousse à commettre des péchés. La Bible établie très clairement cette distinction.

  Voici comment nous pourrions comparer ces deux réalités:

Le péché, selon les Écritures, est dans la chair,

alors que les péchés sont dans notre comportement.

Le péché est un principe en nous; c’est un principe inhérent à notre vie.

Les péchés sont des actes que nous commettons au jour le jour.

Le péché est une loi dans nos membres.

Les péchés sont les transgressions dont nous nous rendons coupables; ce sont des actes réels.

Le péché concerne notre être;

Les péchés sont dans le domaine du faire.

Le péché est ce que nous sommes;

Les péchés sont ce que nous faisons.

Le péché est du domaine de la vie;

Les péchés sont de celui de la conscience.

Le péché est lié à la puissance de la vie qui est en nous;

Les péchés sont liés à la puissance de la conscience. Un homme est gouverné par le péché dans sa vie naturelle, mais il est condamné dans sa conscience par les péchés qu’il commet extérieurement.

Le péché est considéré dans son ensemble;

Les péchés sont considérés un à un.

Le péché est en l’homme, à l’intérieur de lui;

Les péchés sont devant Dieu.

Le péché exige que nous soyons libérés;

Les péchés ont besoin de pardon.

Le péché va de pair avec la sanctification;

Les péchés vont de pair avec la justification.

Le péché est une question de vaincre;

Les péchés sont une question de sentir la paix dans son coeur.

Le péché est dans la nature de l’homme;

Les péchés sont dans ses voies.


Pour employer un langage imagé,

on peut dire que le péché est comme un arbre,

dont les péchés sont les fruits.


Watchman NEE - L’Évangile de Dieu

http://nee-lee.over-blog.com/articles.html


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27 janvier

Sur l'attache au péché.


1er Point.

En quoi consiste cette attache?

Elle consiste à commettre volontairement et habituellement, sans scrupule, sans remords, le péché qui nous paraît léger à le reconnaître, sans repentir et sans aucun désir de s’en corriger et à dire intérieurement: Ce n'est qu'un petit péché, je ne craindrai donc pas de le commettre.

C’est ainsi qu’on s'accoutume à:

- de la médisance dans les conversations,

- de la distraction dans ses prières,

- de la négligence dans le service de Dieu et dans la pratique de ses devoirs.


On ne veut pas manquer à ce que l’on croit essentiel;

mais on néglige, on compte pour rien tout le reste.


2e Point.

Cette attache est très coupable devant Dieu.

1. Est-ce aimer Dieu, est-ce avoir la moindre idée du respect et de l’obéissance qu'on lui doit, est-ce observer le premier commandement que de tomber habituellement et volontairement dans toutes les fautes dont l’occasion se présente sous prétexte qu’il n’en est pas gravement offensé?

Que penserait un Roi, d’un Sujet qui lui promettrait de le servir en s’abstenant seulement des crimes et des attentats qui méritent la mort?

2. Il est fort à craindre que ceux qui ont une pareille attache qui les lie en quelque sorte à toutes les fautes «légères» ne soient hors de l'état de grâce.

Si cela est ainsi, que ne doit-on pas faire pour corriger une pareille disposition?

Ne nous passons donc RIEN, ne nous pardonnons RIEN; SONDONS NOTRE COEUR, tout est grand dans le service de Dieu pour le salut de notre âme.


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28 janvier

Sur la pureté du coeur.


1er Point.

La pureté du coeur est moins une vertu particulière que l'assemblage complet de toutes les vertus.

C’est par cette raison qu’elle seule peut nous rendre dignes de la vue et de la possession de Dieu dans le Ciel.


Heureux ceux qui ont le coeur pur,

parce qu'ils verront Dieu.

(Matth. V. 8.)


Pourquoi cette vue de Dieu n’est-elle promise qu’à ceux qui ont le coeur pur?

Ne sera-t-elle pas accordée aux humbles, aux âmes charitables, aux âmes pénitentes et mortifiées?

Oui sans doute; mais Jésus-Christ ne parle ici QUE DE LA PURETÉ DU COEUR, parce qu’elle seule renferme toutes les autres vertus.

Si vous avez le coeur pur, il faut nécessairement que vous soyez humble, patient, charitable, pénitent et mortifié.


2e Point.

La pureté du coeur réunit toutes les vertus sans aucun mélange de vice.

C’est cette exemption de mélange et d’altération qui constitue proprement l’essence de la pureté.

- Les éléments sont purs quand ils n'ont reçu aucun changement qui les tire de leur simplicité naturelle.

- La lumière est pure quand elle n'est obscurcie par aucun nuage.

- La foi est pure quand elle est soumise à toutes les vérités révélées sans aucun mélange d’erreur.

- La charité est pure quand elle s’attache à Dieu sans aucun partage:

Ainsi la pureté du coeur n’admet aucune pensée ni aucun désir capable de blesser la délicatesse de la grâce.

La moindre attache coupable, le moindre vice établi dans une âme suffit pour la détruire.


* * *

29 janvier

Sur les moyens d'acquérir la pureté du coeur.



1er Point.

Ces moyens sont: une extrême attention sur soi-même.

Mon fils, gardez votre coeur avec tout le soin possible, car c'est de lui que procède la vie.

Garde ton coeur plus que toute autre chose, Car de lui viennent les sources de la vie. (Prov. IV. 23. V. S.)

Et quelle vie?

La vie de la grâce. Cette vie précieuse et surnaturelle qui ne se conserve que par la pureté du coeur:

une seule pensée, un seul désir, un seul regard, une seule parole contraire à la Loi de Dieu, suffit pour vous l’ôter.

Soyez donc toujours attentif au-dedans et au-dehors.

Fermez toutes les avenues de votre coeur et toutes les portes de vos sens à l'ennemi de votre salut, qui cherche à y pénétrer. Son souffle empoisonné se répand partout, et il est toujours prêt à vous infecter.

Mettez donc un frein à vos désirs et une garde à votre bouche afin que votre coeur ne puisse être profané ni par le dérèglement de vos pensées, ni par l’indécence ou la malignité de vos discours.


2e Point.

Un recours continuel à la grâce de Dieu.

Un homme faible et fragile ne conservera jamais la pureté du coeur au milieu des dangers du monde, s’il n’est continuellement aidé et soutenu par la grâce; il se perd, il s’égare à tout moment si elle ne vient à son secours.

Il doit donc la demander; RIEN NE L'EMPÊCHE D’ÉLEVER SON ÂME À DIEU pour lui dire:

Ne m’abandonne pas, Seigneur, à ma propre faiblesse, sois toujours avec moi pour m’aider à purifier un coeur que tu as créé pour toi et qui ne veut être qu’à toi.


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30 janvier

Sur la pureté du corps.


1er Point.

Un Chrétien doit avoir en horreur tous les péchés contraires à cette vertu.

Son corps est devenu le temple du Saint-Esprit!

Dans l’Écriture, la Création du monde est attribuée spécialement au Père, la Rédemption au Fils et la Sanctification au Saint-Esprit, qui est appelé par cette raison l'Esprit Sanctificateur; ainsi du moment qu’un homme a reçu le Baptême et le pardon de ses péchés, le Saint-Esprit a pris possession de son corps et de son âme.

Vous avez été lavés, sanctifiés, justifiés, disait Saint Paul, par la vertu du Saint-Esprit.

vous avez été lavés, mais vous avez été sanctifiés, mais vous avez été justifiés au nom du Seigneur Jésus-Christ, et par l’Esprit de notre Dieu. (1 Cor, VI. 11. V. S.)

Cette consécration, quoiqu’intérieure et cachée, est encore plus sainte et plus efficace que celle qui se fait tous les jours dans les temples terrestres.

Si l'on craindrait de profaner ces temples extérieurs,

comment ne craindrait-on pas de placer l'idole de la volupté dans un corps où le Saint-Esprit a établi sa demeure?

2e Point.

Ne savez-vous pas que vos corps sont des membres de Christ?

Prendrai-je donc les membres de Christ, pour en faire les membres d’une prostituée?

Loin de là! (1 Cor. VI. 15. V. S.)

Vous ne pouvez donc plus profaner votre chair sans prostituer en même temps la sienne; PENSEZ-Y!

L'union de notre chair avec celle de Jésus-Christ est si parfaite qu'il n'est pas possible d'en imaginer une plus étroite et plus intime.


Vous êtes le corps de Christ,

et vous êtes ses membres,

chacun pour sa part.

(1 Cor. XII. 27. V. S.)


* * *


31 janvier

Sur la sévérité des jugements de 
Dieu.


1er Point.

Jugez ces paroles de Jésus-Christ qui regardent les péchés de pensée:

Vous avez appris qu'il a été dit aux anciens: Vous ne commettrez point d'adultère;

ET MOI JE VOUS DIS, que quiconque regardera une femme avec un mauvais désir, a déjà commis l’adultère dans son coeur. (Matth. V. 27-28.)

Ainsi un regard, une pensée, un désir, suffi pour nous rendre coupables d’un grave péché aux yeux du souverain Juge.

- Que sera-ce donc de passer des années entières dans l’habitude fixe et persévérante de ces désordres affreux, de ces crimes abominables, qui font rougir la nature et qui portent le trouble, le déshonneur et la désolation dans les familles!

- Que sera-ce de les renouveler perpétuellement et de les multiplier au-delà du nombre des cheveux de sa tête!


2e Point.

Jugez par cette autre menace de Jésus-Christ, qui regarde les péchés de paroles:

Vous avez appris qu’il a été dis aux anciens: Vous ne tuerez point...

ET MOI JE VOUS DIS, que celui qui aura offensé son frère par une injure atroce, méritera d'être condamné au feu de l'enfer. (Matth. V. 21-22.)

C'est le souverain Juge qui parle et qui prononce lui-même ces arrêts.

Qui ne craindra, Seigneur, la sévérité de ta justice?

Tu ne punis pas seulement l'action barbare et cruelle de la main qui se plonge dans le sang d’un ennemi; tu punis jusqu'aux paroles injurieuses, aux paroles de colère et d’indignation qui auront affligé le prochain, selon le degré de leur malice.


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