Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LE MANUEL DU SOLDAT DE L’ARMÉE DU SALUT

CHAPITRE VIII

LE SOLDAT (ou le chrétien) DANS LE MONDE

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Les directives données dans cet ouvrage s’adressent aux Soldats del’Armée du Salut.

NÉANMOINS CHAQUE CHRÉTIEN QUI SE SOUCIE DE SON ÂME ET DU TÉMOIGNAGE ÀDONNER

DEVRAIT EN PRENDRE CONNAISSANCE


Section 1. — LA TACHE ET LE RÔLE DU SOLDAT


1. Bien que séparé du monde en esprit et poursuivant un but et des desseins entièrement différents de ceux du monde, le Soldat du Salut (ou le chrétien) est appelé néanmoins à vivre dans le monde, se mêler à lui, à participer à un grand nombre de ses travaux, à partager quantité de ses préoccupations et à supporter ses multiples épreuves.

2. Dans le monde, le Soldat (ou le chrétien) est souvent entouré d’ennemis qui ont en aversion sa piété, en prennent prétexte pour le persécuter, le sollicitent d’y renoncer et seraient au comble du bonheur s’il venait à déchoir. En tout cela, il doit s’efforcer de mettre en pratique les principes de sa religion, veiller sur chacun de ses pas et prier.

3. Tout ce que nous avons dit au sujet de l’exemple à donner et de la résistance au mal, trouve ici particulièrement son application. (Chapitre III, Section 2, D : La Résistance au mal.)

4. Si le Soldat (ou le chrétien) a été sauvé et enrôlé dans l’Armée et si Dieu lui accorde son secours, c’est à cette fin qu’il puisse Le glorifier et répandre le Salut dans le monde.


Section 2. — ARBORER SES COULEURS


1. Ce sera pour lui un grand avantage de se déclarer ouvertement comme serviteur de Dieu et Soldat de l’Armée du Salut (ou se déclarer comme chrétien).

2. Cela suffit à imposer le respect. On sentira qu’il est sincère. Il se peut qu’on le haïsse, mais on rendra hommage à sa force de caractère.

3. À l’usine, à l’atelier, au magasin, à la fabrique, à bord du bateau, dans la famille et en tous lieux, le Soldat (ou le chrétien) doit faire connaître qu’il appartient à Jésus-Christ et qu’il sert dans les rangs de l’Armée.

Il ne peut mieux faire dans ce but — s’il lui est parfois impossible d’être en uniforme — que de porter un écusson ou tout autre insigne de l’Armée sur ses habits civils ou ses vêtements de travail.


Section 3. — COMMERCE ILLICITE


1. Le Soldat du Salut (ou le chrétien) ne peut pas gagner sa vie ou ajouter à ses revenus en exerçant un métier ou en participant à une affaire que la loi interdit ou qui est susceptible de nuire au bien public ou à la moralité.

2. Une personne employée dans la brasserie ou dans la distillerie ne peut être enrôlée comme Soldat.

3. En choisissant un gagne-pain pour leurs enfants, les parents veilleront à ne pas leur donner un métier ou les engager dans un commerce dont on découvrirait dans la suite qu’il est contraire à la gloire de Dieu ou au bien de l’humanité et qu’ils devraient abandonner parce que telle occupation les empêche de sauver leur âme et de servir Jésus-Christ.

4. Le premier devoir des parents est de préparer leurs enfants à devenir Officiers de l’Armée du Salut. Dans cette vocation, ils pourront en effet dépenser toute leur énergie et utiliser tous leurs talents avec la certitude que leur subsistance sera assurée par leur Père céleste et qu’ils contribueront à l’avancement du règne de Dieu et au bien de l’humanité.


Section 4. — LE CONTENTEMENT


1. Rien ne joue probablement un plus grand rôle dans la vie humaine et ne contribue plus à son tourment, à son malheur, à la désertion du service de Dieu, comme à la ruine de l’âme, que LE DÉSIR IMMODÉRÉ DE S’ENRICHIR.

2. Assurément, la fortune a ses avantages, mais elle porte en elle-même de grandes tentations aux satisfactions égoïstes et au péché.

3. Dans l’état où Dieu l’a placé, le Soldat (ou le chrétien) s’efforcera de tirer le meilleur parti possible de ses possibilités en vue de l’avancement de son règne.

4. Cette règle s’applique aussi aux occasions qui se présentent de changer de travail ou de résidence. En de semblables circonstances, le Soldat (ou le chrétien) se laissera guider par l’utilité réelle que ces changements peuvent présenter en vue de son travail pour le Salut des âmes et l’extension du royaume de Dieu.


Section 5. — LES COMPAGNONS DE TRAVAIL


1. Le Soldat du Salut (ou le chrétien) sera l’ami de tout le monde. Tout en recherchant l’intérêt de son maître ou de son patron, et dans une juste mesure le sien propre, l’obligation lui incombe de contribuer aussi, toutes les fois qu’il le peut, au bien de ceux qui travaillent avec lui.

2. Le Soldat doit, selon ses moyens, leur venir en aide dans leur travail; s’ils sont moins capables que lui, il leur enseignera ce qui leur manque. Il doit défendre, par tous les moyens à sa portée, ceux auxquels on fait tort.

3. S’il est persécuté, il exercera la patience. L’opposition dont il est l’objet ne sert souvent qu’à montrer comment il la supportera et lorsque ses persécuteurs s’apercevront qu’il tient bon, ils auront pour lui du respect, écouteront ce qu’il peut avoir à leur dire; en cas de maladie ils le feront appeler et seront heureux de l’avoir à leur chevet à l’heure de la mort.

4. S’il survient un conflit du travail, il profitera de l’occasion pour donner de sages conseils, mais IL SE GARDERA DE SE LAISSER ENTRAÎNER DANS DES DISPUTES qui seraient de nature à entraver la Guerre du Salut.

5. Il doit prendre à cœur l’intérêt spirituel de ses compagnons de travail. Il priera pour eux, les invitera aux réunions, leur offrira les journaux de l’Armée, et, en toutes choses, agira en ami de leurs véritables intérêts et en bon conseiller.


Section 6. — LES DETTES


1. Les dettes sont une terrible calamité. Elles détruisent la paix d’un homme, lui donnent le sentiment qu’il est un esclave, et produisent une fâcheuse impression.

2. Le devoir du Soldat (ou du chrétien) est d’éviter ce fléau. Sous aucun prétexte, il ne devra contracter de dette sans avoir la certitude de pouvoir s’acquitter à l’échéance.

3. Ceux qui sont endettés au moment de leur conversion doivent prendre la résolution de régler leurs dettes au plus tôt. Qu’il s’agisse de dettes pour boissons ou autres, ils économiseront avec soin l’argent nécessaire au paiement.

4. Lorsqu’un Soldat est fortement endetté, l’Officier Divisionnaire a le droit de faire une enquête approfondie sur les causes de cette situation. S’il est prouvé que ce Soldat a les moyens de s’acquitter en tout ou en partie et qu’il ne le fait pas, il peut être rayé des registres de l’Armée.


Section 7. — QUERELLES ET PROCÈS


1. Les querelles et les malentendus entre Soldats du Salut (ou entre chrétiens) sont toujours nuisibles aux intérêts du Poste et détruisent la paix intérieure des Soldats eux-mêmes.

2. Les parties en cause doivent en tous cas s’efforcer d’arranger leurs différends à l’amiable. Dans ce but, elles se fixeront un rendez-vous. Après avoir prié ensemble, elles examineront l’affaire avec le désir d’arriver à des concessions mutuelles dans l’intérêt de la paix.

3. Si cette méthode ne donne pas les résultats espérés, il faut mettre l’Officier commandant le Poste au courant, ou tout autre Officier ou Camarade qui possède la confiance des intéressés, en vue d’obtenir sa médiation.

4. Si cela n’aboutit pas encore, il convient de porter le litige, par consentement mutuel, devant tels Officiers ou Soldats de l’Armée en qui les parties ont confiance et d’accepter leur arbitrage.

5. Dans ce cas, chaque partie désigne son représentant, Officier ou Soldat, et ceux-ci, avant d’évoquer l’affaire, s’adjoignent un autre camarade comme surarbitre pour trancher les questions qu’ils ne pourront pas résoudre. Tous les intéressés promettent à l’avance de considérer la décision arbitrale comme mettant un terme au différend.

6. En aucun cas, les Soldats (ou les chrétiens) ne doivent recourir à la Justice pour régler leurs différends. Pareille chose est formellement défendue par l’Écriture; elle ne doit jamais se produire (I Corinth.  VI, 1).


Section 8. — LES RICHESSES


1. Richesse et pauvreté sont sans caractère moral. Un homme n’est pas mauvais parce qu’il est riche, ni bon parce qu’il est pauvre. La fortune ne rend ni bon ni mauvais, mais bien l’usage que l’on en fait. Jésus a dit: «Il est difficile pour ceux qui se confient dans la richesse d’entrer dans le Royaume de Dieu.» (Marc X; 24.)

2. Tout Soldat qui possède plus qu’il n’est nécessaire pour son entretien et celui de sa famille a le solennel devoir de consacrer le surplus de ses revenus à l’avancement du règne de Dieu. C’est pour lui, en effet, un moyen rapide, pratique et sûr de contribuer au bien temporel et éternel de ses semblables.

3. La promesse contenue dans les «Articles de Guerre», de consacrer à la poursuite de la Guerre du Salut tout l’argent dont il pourra disposer ne signifie aucunement que le Soldat est délié de ses autres obligations; mais tout naturellement un Soldat est censé placer au premier rang de ses préoccupations celle de la Guerre du Salut et lui consacrer de préférence l’argent dont il pourra disposer en tenant compte de ses autres engagements légitimes.

4. Employer son argent pour le Salut du monde, aussi bien que ses dons de parole, ses facultés intellectuelles et tous les autres biens qu’il possède est le devoir de tout vrai Soldat (ou de tout vrai chrétien).

5. Un Soldat qui a de la fortune et qui dispose de revenus importants doit naturellement pourvoir en premier lieu aux besoins de sa famille, à la santé, à l’éducation des siens et à tout ce qui concerne leur bien-être, pour qu’ils soient à même de bien servir Jésus-Christ dans l’œuvre du Salut du monde. Cela fait, il consacrera le reste de ses revenus à l’avancement du règne de Dieu.

6. On ne demande pas de tout homme qui possède une fortune de s’en séparer en faveur de l’œuvre qui travaille au Salut de l’humanité; il doit toutefois la placer de telle manière qu’elle produise honnêtement le meilleur rendement possible; il consacrera tout les revenus dont il pourra légitimement disposer à l’avancement du règne de Dieu.


Section 9. — LA POLITIQUE


1. Les Soldats du Salut (ou les chrétiens) ne peuvent manquer d’entendre exprimer les opinions diverses et de connaître les sentiments de leur entourage sur ce qui touche aux affaires de ce monde, ainsi que sur le gouvernement de leur pays.

2. En certains cas, ces vues et ces opinions diverses s’inspirent de considérations égoïstes; il n’est pas moins vrai que beaucoup de gens engagés dans la vie publique de chaque pays croient agir pour le plus grand bien de la communauté. C’est à CE TITRE que le Soldat les respectera et tout en se rappelant qu’il lui faut avant toutes choses «rechercher le Royaume de Dieu», il s’intéressera à tout ce qui est susceptible de contribuer au bien général. Il se montrera surtout prêt à appuyer tout effort entrepris pour soulager la souffrance, pour favoriser le bien de ses semblables ou pour servir les intérêts de l’Armée.

3. Le Soldat (ou le chrétien) se regardera comme étranger et voyageur sur la terre, poursuivant des intérêts qui dépassent ceux des gouvernements de ce monde, sauf, bien entendu, en ce que ces derniers affectent l’avancement du royaume de Dieu dont il est citoyen.

4. Ce sera particulièrement le cas pour ce qui touche aux questions locales ou sociales. Les autorités locales ont des pouvoirs de plus en plus étendus pour réglementer la vente des boissons alcooliques; elles s’occupent de la moralité publique; elles surveillent les divertissements, les jeux, les courses; c’est d’elles aussi que dépend la liberté des réunions, dans les locaux et en plein air, etc. Il est donc très important que l’autorité soit entre les mains de gens entendus, qui encouragent le bien et s’opposent au mal. Aussi, tout Soldat devra-t-il, selon ses moyens, en ce qui concerne la vie civique:

a) Agir en conformité avec les principes bien connus de l’Armée;

b) Garder son indépendance, non seulement dans toute action publique, mais en esprit, et ne pas se mêler aux gens du monde, même lorsqu’ils partagent ses opinions sur certaines questions de la vie publique;

c) Tout faire dans un esprit d’amour pour Dieu et le prochain, d’accord toujours avec ce qui est désormais sa raison de vivre, c’est-à-dire l’avancement du règne de Dieu et le salut du monde.

5. Chaque Soldat (ou chaque chrétien) est libre d’exercer son droit de vote conformément aux directions de sa conscience, mais il évitera de soutenir des candidats connus comme favorables au trafic des boissons alcooliques ou qui sont partisans de principes contraires à ceux de l’Armée.

6. Le Soldat (ou le chrétien) doit éviter de manifester des opinions politiques susceptibles de nuire à autrui, de provoquer des troubles, ce qui peut porter ainsi préjudice au but de l’Armée, qui est d’apporter à tous le Salut.

7. Le Soldat (ou le chrétien) doit se souvenir, spécialement en temps de luttes politiques, de conflits intérieurs ou de guerre, que l’Armée du Salut est internationale et qu’elle est toujours du côté de l’autorité légitime.



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