Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !
Leçons données dans une école du Dimanche sur les prophètes Elie et Elisée

TRENTE-TROISIÈME LEÇON

2 ROIS, VI, 1-10.

6:1 Les fils des prophètes dirent à Élisée: Voici, le lieu où nous sommes assis devant toi est trop étroit pour nous.

2 Allons jusqu’au Jourdain; nous prendrons là chacun une poutre, et nous nous y ferons un lieu d’habitation. Élisée répondit: Allez.

3 Et l’un d’eux dit: Consens à venir avec tes serviteurs. Il répondit: J’irai.

4 Il partit donc avec eux. Arrivés au Jourdain, ils coupèrent du bois.

5 Et comme l’un d’eux abattait une poutre, le fer tomba dans l’eau. Il s’écria: Ah! mon seigneur, il était emprunté!

6 L’homme de Dieu dit: Où est-il tombé? Et il lui montra la place. Alors Élisée coupa un morceau de bois, le jeta à la même place, et fit surnager le fer.

7 Puis il dit: Enlève-le! Et il avança la main, et le prit.

8 Le roi de Syrie était en guerre avec Israël, et, dans un conseil qu’il tint avec ses serviteurs, il dit: Mon camp sera dans un tel lieu.

9 Mais l’homme de Dieu fit dire au roi d’Israël: Garde-toi de passer dans ce lieu, car les Syriens y descendent.

10 Et le roi d’Israël envoya des gens, pour s’y tenir en observation, vers le lieu que lui avait mentionné et signalé l’homme de Dieu. Cela arriva non pas une fois ni deux fois.


* * *

Voici, mes enfants, un touchant enseignement sur les tendres soins du Seigneur envers les plus pauvres de ses enfants, dans leurs plus humbles besoins, dans les circonstances les plus chétives de leur vie. Ils ne doivent jamais se croire trop petits, trop insignifiants pour les secours et les consolations de la puissante providence.

Souvent, vous disais-je dernièrement, il a semblé à des esprits légers que Dieu peut bien intervenir dans les affaires d’un royaume, d’un peuple ou de quelque grand personnage; dans une bataille, dans un siège, dans une tempête, dans un naufrage, mais qu’on n’oserait penser qu’il s’occupât des petits incidents de la journée d’un homme ordinaire, d’un ouvrier, d’une servante ou d’un petit enfant.

Chers amis, ce sont ceux «qui ne connaissent ni les Écritures ni la puissance de Dieu (Matth., XXII, 29.),» qui tombent dans cette erreur.

Dieu a fait le moucheron qui vole dans l’air, et qui, si vous le regardez au microscope, atteste autant la magnificence, la sagesse et la grandeur du Tout-Puissant dans toutes les parties de son corps et les palpitations de son petit être, que les astres dont nous contemplons les magnificences dans les cieux.

Rien n’est petit pour lui parce que rien n’est grand, et que tout ce qu’il y a de plus grand est encore tout petit. «Il mesure les mers dans le creux de sa main; il pèse les montagnes. Toutes les nations sont devant lui comme la poussière qui s’attache au bassin d’une balance (Ésaïe, XL. 12-15.)

Dieu veut, par exemple, qu’un pauvre paysan dans sa cabane, inquiet pour sa chèvre dont le lait le nourrit;

Dieu veut qu’un pauvre ouvrier voyageur, inquiet le soir sur son chemin qu’il ne reconnaît pas;

Dieu veut qu’un pauvre petit garçon qui marche dans la nuit, et qui a peur, comme il arrive souvent aux enfants dans les ténèbres;

Dieu veut que les plus chétifs SE CONFIENT EN LUI et «lui remettent tout ce qui peut les inquiéter (1 Pierre. V. 7.),» tout aussi bien que le grand roi Ezéchias, inquiet sur Jérusalem et sur son peuple que menaçaient Sennachérib et deux cent mille Assyriens (2 Chron., XXXII.).

En un mot, Dieu veut que nous ne disions jamais: Je suis trop petit pour que Dieu s’occupe de mes besoins, de mes craintes et de ma douleur; et afin de nous donner cette grande et précieuse instruction, il emploie dans l’Écriture deux sortes de leçons: des déclarations et des exemples.

Les déclarations, elles y abondent. Ne sauriez-vous pas m’en répéter quelques-unes? Lisez-moi Matth., X, 29-31. Luc, XII, 24. Ps. CXLVII, 9.

Les exemples, ils n’y abondent pas moins, et en particulier dans ce beau livre des Rois que nous étudions depuis quelque temps. Vous pourriez, sans doute, m’en citer plusieurs.

Les corbeaux d’Élie,

la veuve de Sarepta;

et, dans les temps anciens, Jacob pendant toute sa vie et surtout lorsqu’il était berger;

Joseph dans sa prison;

Saül cherchant les ânesses de son père, etc.

Mais nous en avons ici un bien frappant.

C’est un jeune homme si pauvre qu’il n’a pas de quoi acheter une hache. Il en emprunte une, elle tombe dans l’eau; le voilà désolé; elle vaut un sicle, trois francs peut-être, mais c’est pour lui ce que serait pour un négociant la perte d’un vaisseau qui sombrerait avec une cargaison de cinq ou six cent mille francs. Eh bien, Dieu vient à son aide, et opère en sa faveur un miracle par la main d’Élisée. Ce même Élisée, qui avait sauvé des rois et des armées, le voilà employé à rendre une hache à un pauvre bûcheron.

Reprenons les versets de notre leçon.

Nous voici de nouveau auprès d’une de ces écoles de prophètes dont nous avons déjà parlé si souvent. Ces collèges n’étaient pas bâtis en pierre comme cet oratoire et son école de théologie; vous voyez par ce récit que c’étaient de chétives cabanes, des hangars.

Celle de Guilgal se trouvant trop petite, les fils des prophètes demandèrent à Élisée la permission d’en bâtir une autre. Ils couchaient sur l’herbe sèche; ils se nourrissaient d’herbes fraîches qu’ils faisaient cuire dans leur grande chaudière, ces jeunes gens, ces missionnaires d’Israël, sans doute à cause de l’impiété et de la persécution; et vous savez que le grand Élisée, le libérateur du royaume, le bienfaiteur du général syrien, celui qui disait à la dame de Sunem: As-tu à parler au roi ou au chef de l’armée? Élisée lui-même, se joignait à eux, et partageait leur genre de vie, après avoir refusé les présents que Naaman lui avait apportés. Mais il y a dans notre premier verset un mot réjouissant sur lequel il ne faut pas passer à la légère. Ce lieu est trop étroit!

Pourquoi?

Il paraît que Dieu bénissait ces jeunes gens; il en incitait d’autres à vouloir se dévouer à son service au milieu de la persécution, en sorte que leur nombre allait croissant et qu’il leur fallait plus de place pour loger tous ceux qui désiraient recevoir les enseignements d’Élisée afin de pouvoir glorifier le vrai Dieu par la prédication de sa Parole au milieu de ce pauvre méchant peuple d’Israël.

Voilà, certes, une bénédiction. Oh! si l’on pouvait en dire bientôt de même de cet oratoire et de tous les lieux où se prêche la vérité de Dieu! Si votre nombre croissait en sorte qu’il fallût un second oratoire, et qu’on en eût beaucoup dans la ville et dans les campagnes, pour y instruire et y nourrir un grand peuple par la Parole de Dieu!

Lisez-moi les belles promesses contenues dans le chapitre XLIX du prophète Ésaïe, de 19 à 23.

Remarquez à quelle étroite existence s’étaient volontairement réduits ces prophètes, pour l’amour de Dieu et des âmes. Ils rebâtissaient une cabane au moyen de quelques poutres et de quelques planches; ils travaillaient de leurs mains comme Saint Paul.

Dieu est glorifié quand, pour l’amour de lui, ses serviteurs supportent des privations avec joie en bénissant son nom.

Saint Paul nous dit qu’«il souffrait la faim et la nudité,» c’est-à-dire qu’il était mal nourri et mal vêtu; pour subvenir à ses besoins et à ceux de ses compagnons vous vous rappelez qu’il travaillait de ses mains, nous donnant un exemple, et voulant réduire au silence les langues malveillantes et glorifier le nom de son Dieu (Actes, XVIII, 1-6. 1 Cor., IV, 11-13. 2 Cor., XI, 9-12. 2 Thes., III, 6-12.).

Ceci me rappelle notre cher et bienheureux frère Félix Neff, le missionnaire des Alpes, qui est mort très jeune, précisément parce qu’en allant chercher les âmes sur ces hautes montagnes, il s’était astreint à la plus chétive nourriture, ne mangeant qu’un pain qu’on cuisait une seule fois pour toute l’année et qui ressemblait à une pierre. — Ils cherchent mon bien, ils aiment mon âme, se disent les gens qui voient les serviteurs de Dieu se soumettre aux privations pour leur porter l’Évangile... Cela attire l’attention, cela fait réfléchir...

Remarquez aussi la soumission des fils des prophètes envers Élisée pour l’amour du Seigneur. Ils ne veulent pas suivre leur propre volonté; il leur faut sa permission avant d’entreprendre l’agrandissement de leur maison, et ils le prient de vouloir bien les accompagner, sans doute afin qu’il continue à les instruire et à les édifier.

Élisée se rendit donc avec eux sur les rives boisées du Jourdain où ils voulaient couper des ramées pour construire leur nouvelle et grande cabane. Ces pauvres gens, n’étant point charpentiers de leur métier, étaient inhabiles à la tâche; ils n’avaient pas d’instruments; il fallait en emprunter et ils les maniaient assez mal, en sorte que bientôt l’un d’eux, ne s’étant pas aperçu qu’à sa manière de frapper, le manche allait sortir de la douille de son fer, laissa celui-ci tomber dans le Jourdain.

Il n’était pas question de plonger; le fleuve est profond et rapide, tellement, que même dans les places, assez rares, où l’on peut trouver son fond, l’eau vous entraîne; il n’avait point d’argent pour acheter une autre hache, et encore celle-là n’était-elle pas à lui, un ami la lui avait prêtée; il faut avoir grand soin de ce qu’on nous prête.

Voilà, certes, un cas bien chétif et bien humble. Il s’agit d’une hache; c’est dans les broussailles d’une rivière, dans une solitude.

Cela vaut-il une intervention de Dieu?

Cela mérite-t-il un miracle?

Oui, mes enfants, le Seigneur en jugea ainsi.

Pour consoler ce pauvre jeune étudiant consacré à son service,

pour honorer Élisée au milieu de ses disciples,

pour mettre le sceau de son approbation sur cette école,

pour aider cette compagnie de prophètes en les rendant agréables à leurs voisins;

pour encourager leur foi..., LE MIRACLE SE FERA.

Ce même Élisée, qui avait sauvé des armées, qui venait de guérir un grand général, qui, plus tard, devait faire prisonnière une troupe de Damas, et qui allait confondre tous les projets de guerre du roi de Syrie, ce même Élisée va être employé de Dieu à faire un miracle en faveur de ce jeune homme, afin de nous enseigner que toujours, si ce n’est par des miracles visibles, au moins par les directions toutes-puissantes de sa providence,

Il viendra au secours de ses plus faibles serviteurs qui l’auront invoqué dans leurs détresses.

Élisée coupa un morceau de bois et le jeta dans l'eau.

Ce bois avait-il une puissance pour faire venir le fer à la surface de l’eau?

Était-il utile?

Était-il nécessaire au miracle?

Non assurément, pas plus que le sel dans la source de Jérico, pas plus que la farine dans la chaudière, pas plus que la boue sur les yeux de l’aveugle; mais il était justement destiné à nous montrer que toutes ces choses ne sont que des causes secondes dont Dieu se sert, mais dont il peut aussi se passer.

Comprenez-vous ce qu’on appelle des causes secondes?

Je tombe dans le Rhône; je crie; le lieu est isolé, désert. Dieu veut me délivrer. Il en aurait plusieurs moyens: il pourrait me revêtir d’une force extraordinaire pour atteindre le rivage. Mais voilà un voyageur qui vient de Lyon, et qui, pour varier sa route, a pris ce chemin inusité; il m’entend, il prend une branche d’arbre à laquelle je pourrai me cramponner et me la tend, ou une corde qu’il me jette du haut du rocher: c’est le bois d’Élisée. Dieu pourrait s’en passer, mais il lui a plu de l’employer.

Quelle est la cause première?

Dieu.

Et la seconde?

Le voyageur, le bâton.

Comment se fait-il que ce morceau de bois ait attiré le fer et que le fer se soit mis en bateau sur le morceau de bois?

Je ne sais, mais qu’importe que je le sache, pourvu que la chose se fasse!

J’ai de la fièvre, je tremble de tous mes membres, je maigris, je vais mourir; je prends deux petits grains de quina. Comment ce quina m’ôte-t-il la fièvre?

Je ne sais, qu’importe que je le sache, pourvu que je guérisse.

Rappelez-vous ces choses, quand vous serez dans quelque détresse;

il faut seulement chercher Dieu de tout votre cœur,

il a toute sorte de moyens de venir à votre secours.

Dieu donc n’avait pas besoin du bois, ni le fer non plus. Il n’a pas besoin de nous pour convertir les pécheurs, mais il lui plaît de nous employer, quoique par nous-mêmes nous soyons aussi incapables de sauver une âme que cette planche de soulever ce fer.

Lève-le, dit Élisée au jeune homme qui se pencha en se retenant à une branche et le prit. Quand on peut se rendre le témoignage qu’on veut honorer Dieu dans l’abandon des biens qu’il nous a donnés, oh! alors, il n’y a rien qu’on ne doive attendre de sa fidélité, de sa bonté toute-puissante en faveur de ses rachetés.

FIN.


 

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