Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !
Leçons données dans une école du Dimanche sur les prophètes Elie et Elisée

TRENTE-DEUXIÈME LEÇON

2 ROIS, V, 20-27.

20 Guéhazi, serviteur d’Élisée, homme de Dieu, se dit en lui-même: Voici, mon maître a ménagé Naaman, ce Syrien, en n’acceptant pas de sa main ce qu’il avait apporté; l’Éternel est vivant! je vais courir après lui, et j’en obtiendrai quelque chose.

21 Et Guéhazi courut après Naaman. Naaman, le voyant courir après lui, descendit de son char pour aller à sa rencontre, et dit: Tout va-t-il bien?

22 Il répondit: Tout va bien. Mon maître m’envoie te dire: Voici, il vient d’arriver chez moi deux jeunes gens de la montagne d’Ephraïm, d’entre les fils des prophètes; donne pour eux, je te prie, un talent d’argent et deux vêtements de rechange.

23 Naaman dit: Consens à prendre deux talents. Il le pressa, et il serra deux talents d’argent dans deux sacs, donna deux habits de rechange, et les fit porter devant Guéhazi par deux de ses serviteurs.

24 Arrivé à la colline, Guéhazi les prit de leurs mains et les déposa dans la maison, et il renvoya ces gens qui partirent.

25 Puis il alla se présenter à son maître. Élisée lui dit: D’où viens-tu, Guéhazi? Il répondit: Ton serviteur n’est allé ni d’un côté ni d’un autre.

26 Mais Élisée lui dit: Mon esprit n’était pas absent, lorsque cet homme a quitté son char pour venir à ta rencontre. Est-ce le temps de prendre de l’argent et de prendre des vêtements, puis des oliviers, des vignes, des brebis, des boeufs, des serviteurs et des servantes?

27 La lèpre de Naaman s’attachera à toi et à ta postérité pour toujours. Et Guéhazi sortit de la présence d’Élisée avec une lèpre comme la neige.


* * *

Dieu vous donne dans les versets de ce jour une leçon frappante, solennelle et singulièrement utile pour les jeunes gens, sur le honteux péché du mensonge, sur ses causes ordinaires, sur le grand mal qui s’y trouve et sur ses horribles conséquences.

Hélas! chers enfants, c’est le chemin qui mène d’abord à tous les désordres, puis à tous les crimes, puis enfin à l’enfer; et ce chemin, s’il mène à l’enfer, passe ici-bas à travers la honte, le trouble, l’infamie et toute espèce de douleurs.

C’est le chemin par où commencent tous les jeunes gens qui se perdent, les femmes qui se déshonorent, les criminels qui se font traduire devant les tribunaux, et ceux qui finissent leur vie sur l’échafaud.

La plupart des hommes qui, avant de mourir pour leurs crimes par la main du bourreau, ont écrit l’histoire de leur vie, ont déclaré que leurs égarements avaient commencé par le mensonge. Aussi est-il dit que «le diable est menteur et le père du mensonge (Jean VIII, 44.)

Quand il veut perdre un homme, c’est là qu’il le mène, non seulement comme je le disais, parce que le mensonge conduit à tous les crimes, mais surtout parce qu’il est un péché d’incrédulité.

MENTIR, C’EST NIER LA PRÉSENCE DE DIEU, C’EST NIER DIEU!

De même qu’on ment, comme Guéhazi, pour pouvoir pécher,

on ment ensuite comme lui, parce qu’on a péché;

puis on ment plus tard une seconde et une troisième fois pour cacher son premier mensonge.

Et l’on ment encore une quatrième et une vingtième fois pour cacher ceux qui ont précédé.

Et c’est ainsi qu’on s’enfonce de plus en plus dans la dépravation, dans le mépris de sa conscience, dans la révolte contre Dieu, et qu’on finit par devenir entièrement esclave du diable.

Mais aussi, par la même raison, quand un enfant se convertit, une des premières impressions que l’Esprit de Dieu lui donne de sa présence en son cœur, c’est la vérité, la droiture; c’est l’horreur du mensonge; c’est un cœur sans fraude, et Jésus-Christ alors dit de ce jeune homme, comme de Nathanaël: «Voilà un vrai Israélite en qui il n’y a point de fraude (Jean I, 47.).» «Ô mon Dieu! tu aimes la vérité dans l’intérieur!» s’écriait le Psalmiste (Ps., LI, 6.).

Reprenons maintenant la suite de nos versets.

Nous avons vu dimanche le touchant spectacle de ce vieux général syrien s’en allant en paix dans son pays; son cœur honnête et loyal plein de reconnaissance et d’admiration pour les voies du Seigneur désirait se donner entièrement à lui.

Il était dans son chariot, entouré de toute sa suite, de ses cavaliers, de ses officiers et de ses serviteurs, qui le vénéraient et l’aimaient, puisqu’ils lui parlaient avec un tendre respect, l’appelant: Mon père!

Il avait fait vœu de ne plus rendre culte qu’au vrai Dieu, et, en signe de cette décision, il voulait emporter un peu de la terre d’Israël. S’il accompagnait encore dans les cérémonies publiques, au temple de Rimmon, son roi en sa qualité de chambellan, oh! ce n’était pas qu’il reconnût d’autre Dieu que le véritable.

Toute la Syrie apprendrait qu’il ne voulait offrir d’holocaustes ni de sacrifices qu’au Dieu d’Israël, et pour qu’on vît bien qu’il y avait mis sa conscience et sa foi, il emmenait au milieu de sa suite deux forts mulets chargés de la terre qu’il avait prise au pays de Canaan.

C’est sur cette terre comme sur une terre sainte, qu’il ferait ses adorations, devant tout le monde, au Dieu vivant et vrai. C’était une fantaisie, mais une fantaisie touchante; c’est pourquoi, sans vouloir ni l’approuver ni le condamner, Élisée, le voyant décidé à servir Dieu d’un cœur honnête et bon, lui dit: Va en paix! Oui, va en paix, homme sincère, vrai Israélite, «circoncis de cœur,» dévoué à ton Dieu.

Va, prends-le pour ton guide; il t’éclairera lui-même; il te montrera de moment en moment ce que tu dois faire; il te guidera de son œil; il te fera voir, selon sa promesse, le chemin où tu dois marcher (Ps., XXXII, 8.).

Mais, chers enfants, quel contraste entre cet homme de guerre, ce vieux général païen qui emporte Dieu dans son cœur, et ce Guéhazi, cet homme privilégié, qui vivait depuis si longtemps dans l’intimité du plus grand des prophètes, qui voyait ses miracles magnifiques, qui entendait ses admirables prédications, et dont l’âme malhonnête et hypocrite est pleine de cupidité, de bassesse, de perfidie et de ruse.

Ah! prenez-y garde, mes amis, c’est dans une intention d’une sagesse profonde que Dieu a placé de pareils exemples dans ses Écritures, pour les proposer aux regards de notre âme;

un Guéhazi dans la cabane du prophète,

un Judas parmi les douze apôtres,

un Simon parmi les baptisés de Pierre à Samarie.

C’est afin que chacun «s’éprouve soi-même,» pour savoir s’il est sincère, s’il est converti; c’est afin qu’on se dise que les moyens de grâce ne donnent pas la grâce, et que plus on en a, si l’on n’en profite pas, plus le cœur devient mauvais; plus on a de secours, plus on s’éloigne de Dieu, si l’on ne se convertit pas.

«Ce ne sont pas ceux qui entendent la parole, mais seulement ceux qui la mettent en pratique qui ont leur maison sur le roc» (Matth., VII, 24.)

et rien n’est plus dangereux pour une âme que d’entendre les choses saintes sans en profiter; cela blase, cela endurcit le cœur, cela cautérise la conscience.

Ah! mes enfants, cet exemple est sérieux pour vous qui entendez beaucoup la Parole de Dieu et qui l’écoutez parfois avec légèreté; souvenez-vous de Guéhazi et de sa lèpre.

Il assistait aux leçons d’Élisée, mais son cœur était ailleurs,

il n’en profitait pas; sa pensée courait après la gloire des hommes;

il voulait s’enrichir comme Judas, il se livrait au diable.

Oh! prenez-y garde! Voudriez-vous que votre âme s’endurcît et que «Satan entrât en vous,» en sorte qu’il fût dit de vous comme de Simon: «Tu n’as point de part dans cette affaire, parce que ton cœur n’est pas droit devant Dieu;» ou comme d’Elymas: «Enfant du diable, ennemi de toute justice;» ou comme de Judas: «Il vaudrait mieux pour toi n’être pas né (Actes, VIII. 21; XIII, 10. Matth., XXVI, 24.)

«Il y en aura beaucoup,» dit notre Seigneur, «qui viendront d’Orient et d’Occident, et qui seront à table avec Abraham, Isaac et Jacob, tandis que les enfants du royaume seront jetés dehors (Matth., VIII, 11,12.)

L’honnête général, le cœur plein de paix et de joie, n’avait parcouru encore qu’un petit espace de chemin quand on lui dit: Voici venir Guéhazi, serviteur d’Élisée, homme de Dieu.

L’auteur sacré le nomme ainsi, sans doute pour faire ressortir l’endurcissement de ce malheureux Guéhazi, qui avait dit: Mon Maître a refusé de rien prendre du Syrien; l’Éternel est vivant que je courrai après lui et que je prendrai quelque chose de lui. Le malheureux!

IL PREND DIEU À TÉMOIN; les méchants sont jureurs...

Quel contraste, vous disais-je, avec le bon général, si simple de cœur, si poli, si généreux, si confiant! Dès qu’il aperçoit le serviteur du prophète, il saute de son char; il veut faire accueil à tout ce qui vient de cette sainte maison où il a trouvé la guérison de son corps et la paix de son âme. Tout va-t-il bien? s’écrie-t-il.

Et alors écoutez ce misérable: Mon maître m’a envoyé pour te dire: Voici, à cette heure deux jeunes hommes de la montagne d’Ephraïm sont venus vers moi qui sont des fils de prophètes; je te prie, donne-leur un talent d'argent et deux robes de rechange... comme si ces jeunes prophètes avaient l’habitude de la somptuosité, comme si Élisée était un homme inconséquent et vaniteux, qui avait feint le désintéressement!

Il montre là deux choses, mes enfants: la cause du mensonge et ses conséquences.

La cause, c’est une mauvaise convoitise, et c’est là ce qui y pousse le plus souvent les enfants, une tentation de gourmandise, une pensée de vanité, la crainte d’avouer une faute et d’en être repris, ou, comme Guéhazi, quelque mouvement de cupidité. On ment dans un achat, dans une vente, dans un jeu. Aussi lisez-moi ce que Saint Paul a dit de l’amour de l’argent: 1 Tim., VI, 6-11.

Les conséquences du mensonge, ah! vous les voyez ici.

D’abord le mépris de Dieu. Il en procède et il l’engendre. Écoutez ce misérable Guéhazi; IL OSE PRENDRE LE NOM DE DIEU EN VAIN, comme si Dieu ne le voyait pas; ce fut le péché d’Adam.

Secondement, le mensonge fait commettre toutes sortes de turpitudes: Guéhazi compromet le nom de son maître et par là la religion; il expose l’âme de ce pauvre païen et il déshonore Élisée en le représentant comme un homme qui se repentait de son désintéressement, qui avait parlé avec légèreté et vanité, qui disait le oui et le non, qui changeait de langage et de sentiments. D’ailleurs, quelle absurdité! Qui croira qu’Élisée demande dix-huit mille francs pour deux de ces pauvres jeunes gens?

Mais voici qui est pis encore: le mensonge enfonce dans le mal celui qui s’y livre. Comme un pauvre poisson pris à l’hameçon, à mesure qu’il veut se dégager, fait pénétrer le crochet dans ses chairs jusqu’à ce qu’il les traverse, ainsi Satan prend une âme par un premier mensonge; ce n’est d’abord qu’une petite pointe, mais le mal est fait, et vous allez voir Guéhazi aller de mensonge en mensonge.

Le bon Naaman ne croit pas qu’un serviteur du prophète puisse le tromper; aussi le presse-t-il de prendre une somme plus forte encore que celle qu’il demandait, et comme ces dix-huit mille francs formaient un poids trop lourd pour un homme (cent quatre- vingt livres), il lui donne deux soldats pour les porter devant lui, dans deux sacs bien attachés de cordes.

Que fait alors Guéhazi? Il faut qu’il mente encore. Il a trompé Naaman, maintenant il faut tromper Élisée.

Il arrive dans un lieu secret, vers une tour, disent d’autres versions; il prend les sacs, il les cache dans cette maison, il remercie les porteurs: Il n’est pas nécessaire, messieurs , que vous alliez plus loin. Rejoignez votre seigneur; je vous suis bien obligé pour votre peine.

Ils s’en retournent donc, et lui il pense venir plus tard reprendre cet argent; il rentre chez Élisée comme si de rien n'était.

Tout ce plan semblait admirablement bien conçu et exécuté. Comme Guéhazi avait menti deux fois, il allait mentir une troisième; il pensait n’avoir été aperçu de personne; tout avait réussi.

Les Syriens étaient en chemin pour Damas, on ne les reverrait plus.

Lui, il quitterait bientôt son maître; il achèterait des vêtements, des oliviers, des vignes, du gros et du menu bétail, des serviteurs et des servantes; il s’établirait, il se marierait, il prospérerait, il ferait une figure dans le monde.

Mais qu’avait-il oublié? — Dieu.

Le mensonge est une horrible incrédulité; car c’est dire: Dieu ne me voit pas! «Celui qui a fait l’œil ne verrait-il pas? Celui qui a planté l’oreille n’entendrait-il pas (Ps., XCIV, 9.)

Quoi! la présence d’un petit enfant vous arrêterait, et celle de Dieu ne vous effraie pas?

Le Seigneur n’a-t-il pas déclaré:

que «les lèvres menteuses lui sont en abomination (Prov., XII, 22.)

que «les menteurs n’hériteront point le royaume des cieux

que «leur part est dans l’étang de feu et de soufre (Apoc., XXI, 8.)

Au moment où il était devant le chariot du général qui en descendait, Guéhazi croyait qu’il n’était vu que des Syriens, et que, quand il retournerait vers son maître, il n’aurait qu’à lui dire: Ton serviteur n’a été nulle part.

Il ne se doutait pas que le cœur du prophète était miraculeusement avec lui, et que Dieu connaissait en tout temps, non seulement ses actes, mais ses intentions.

Le mensonge est donc, comme je l’ai dit, l’oubli de Dieu, la négation de Dieu.

Voilà Guéhazi devant le prophète avec un air simple et innocent.

Il faut mentir encore par trois ou quatre fois.

Le chemin des menteurs conduit d’un abîme dans un autre abîme. C’est pourquoi, chers enfants, il faut tout sacrifier pour demeurer vrai, et il faut demander à Dieu l’esprit de conversion qui est un esprit de vérité.

Si vous aviez jamais la tentation de mentir, dites-vous immédiatement: Eh bien, ce n’est pas aux hommes que je dirai la vérité, c’est à Dieu; et alors demandez la force de résister à la tentation, car c’est lui seul qui la donne. Sa Parole nous dit que tout homme étant sous l’esclavage du diable, il a dans son cœur une disposition au mensonge; mais, quand un enfant ou un homme s’est tourné vers Dieu, alors l’Esprit de Dieu, qui est l’esprit de vérité, entre en lui et il a horreur de ce qui n’est pas vrai.

Il faut quelquefois beaucoup de force pour être ferme dans la vérité; car elle nous expose à être blâmé, châtié peut-être; mais il vaut mieux tout subir que d’y manquer. Quand il vous viendrait la pensée de préparer ou de couvrir quelque faute par un mensonge, rappelez-vous que celui qui s’y livre présente à Dieu un aspect plus repoussant et plus hideux que ne le serait à nos yeux le visage d’un homme couvert de lèpre.

Rappelez-vous aussi que Guéhazi y avait été conduit par «la convoitise des yeux, par l’orgueil de la vie (1 Jean. II. 16.),» et par le désir de s’enrichir (1 Tim., VI. 9.).

D’où viens-tu? demande le prophète. Ton serviteur n’a été nulle part, dit-il avec un front qui ne rougit pas. Ah! Guéhazi; «comment Satan s’est-il emparé de toi pour te faire mentir au Saint-Esprit (Actes, V, 3.)

Alors, écoutez Élisée. Il lui dit:

1. Ce qu’il a fait;

2. Ce qu’il voulait faire;

3. Ce qui va lui arriver.

Ce qu’il a fait: Mon cœur n’est-il pas allé avec toi? Il ne dit pas seulement mon esprit, mais mon cœur, pour exprimer la douleur qu’il en a ressentie. Eh bien, chers enfants, dites-vous que ce n’est pas seulement un homme comme Élisée qui vous voit, mais les anges de Dieu, mais l’œil des hommes au jour du jugement, mais «l’œil de Dieu devant lequel toutes choses sont nues et entièrement découvertes (Héb., IV, 13.)

Ce qu’il voulait faire: Ah! Dieu connaît vos convoitises, vos folles pensées, vos mauvaises rêveries, tous vos projets...

Ce qui va lui arriver: Le châtiment de Dieu. Ce n’est pas Élisée qui le punit, pas plus que les quarante-deux enfants, pas plus que Pierre ne punit Ananias, Saphira ou Elymas...

Tu as voulu l’argent du Syrien, tu auras sa lèpre!

Le voilà lépreux! sa peau devient tendue et brûlante; ses yeux hagards sortent de leurs orbites; sa bouche est embarrassée, sa voix rauque, sa peau blanche comme la neige, ce qui indiquait la plus mauvaise espèce de lèpre...

Espérons qu’alors il se convertit réellement.

Espérons que beaucoup d’enfants en Israël, en voyant de génération en génération, des lépreux dans sa famille, pensèrent au grand péché du mensonge, qui nous rend plus laids devant Dieu qu’un lépreux.




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