Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !
Leçons données dans une école du Dimanche sur les prophètes Elie et Elisée

TRENTE ET UNIÈME LEÇON

2 ROIS, V, 10-19.

10 Élisée lui fit dire par un messager: Va, et lave-toi sept fois dans le Jourdain; ta chair redeviendra saine, et tu seras pur.

11 Naaman fut irrité, et il s’en alla, en disant: Voici, je me disais: Il sortira vers moi, il se présentera lui-même, il invoquera le nom de l’Éternel, son Dieu, il agitera sa main sur la place et guérira le lépreux.

12 Les fleuves de Damas, l’Abana et le Parpar, ne valent-ils pas mieux que toutes les eaux d’Israël? Ne pourrais-je pas m’y laver et devenir pur? Et il s’en retournait et partait avec fureur.

13 Mais ses serviteurs s’approchèrent pour lui parler, et ils dirent: Mon père, si le prophète t’eût demandé quelque chose de difficile, ne l’aurais-tu pas fait? Combien plus dois-tu faire ce qu’il t’a dit: Lave-toi, et tu seras pur!

14 Il descendit alors et se plongea sept fois dans le Jourdain, selon la parole de l’homme de Dieu; et sa chair redevint comme la chair d’un jeune enfant, et il fut pur.

15  Naaman retourna vers l’homme de Dieu, avec toute sa suite. Lorsqu’il fut arrivé, il se présenta devant lui, et dit: Voici, je reconnais qu’il n’y a point de Dieu sur toute la terre, si ce n’est en Israël. Et maintenant, accepte, je te prie, un présent de la part de ton serviteur.

16 Élisée répondit: L’Éternel, dont je suis le serviteur, est vivant! je n’accepterai pas. Naaman le pressa d’accepter, mais il refusa.

17 Alors Naaman dit: Puisque tu refuses, permets que l’on donne de la terre à ton serviteur, une charge de deux mulets; car ton serviteur ne veut plus offrir à d’autres dieux ni holocauste ni sacrifice, il n’en offrira qu’à l’Éternel.

18 Voici toutefois ce que je prie l’Éternel de pardonner à ton serviteur. Quand mon maître entre dans la maison de Rimmon pour s’y prosterner et qu’il s’appuie sur ma main, je me prosterne aussi dans la maison de Rimmon: veuille l’Éternel pardonner à ton serviteur, lorsque je me prosternerai dans la maison de Rimmon!

19 Élisée lui dit: Va en paix. Lorsque Naaman eut quitté Élisée et qu’il fut à une certaine distance...


* * *

J’oubliai dimanche d’attirer votre attention sur un mot remarquable dans le premier verset de votre leçon: Naaman était un homme puissant auprès de son seigneur, parce que l’Éternel avait délivré les Syriens par son moyen.

Quelle différence entre le langage de l’Écriture et celui des hommes du siècle et des journalistes! Même ici où il est question d’un royaume païen, les victoires sont attribuées par le Saint-Esprit à la providence de Dieu: Naaman était un grand général, mais il n’était que le moyen par lequel l’Éternel avait délivré les Syriens.

Nous l’avons donc vu, ce grand général, écouter le conseil de la petite fille du pays d’Israël, et partir avec l’approbation de son roi. Il emportait des présents considérables auxquels il croyait que le prophète serait sensible. N’aurait-il pas donné volontiers tous ses trésors pour être guéri?

Que de riches qui donneraient leurs millions pour avoir la santé du pauvre laboureur qui cultive leurs champs!

Vous rappelez-vous ce que je vous ai dit du talent grec?

Il valait six mines et la mine cent drachmes.

Dix talents faisaient donc six mille drachmes.

Le talent hébreu, kikar, valait trois mille sicles, le sicle pesait demi-once ou quatre deniers;

un talent faisait donc douze mille deniers et le denier impérial valait soixante-dix centimes; le talent valait donc huit à neuf mille francs (en 1870).

Naaman en emportait dix, donc quatre-vingts-dix mille francs; et six mille pièces d’or qui valaient soixante mille francs; plus, dix belles robes.

En même temps il emportait des lettres de son roi; ces lettres, en intéressant les deux royaumes au voyage du général, devaient servir à rendre plus éclatant le miracle d’Élisée. Elles étaient conçues en termes absolus et d’un ton de supériorité, parce que Ben-Hadad était alors exalté par ses victoires; il imaginait qu’il existait une grande intimité entre le prophète et le roi d’Israël.

Mais dès que le roi les eut lues il déchira ses vêtements en signe de douleur ou plutôt d’indignation, car cet acte était usité chez les Hébreux pour exprimer leur horreur de l'idolâtrie.

Les lettres supposant chez le roi et le prophète une puissance qui n’appartient qu’à Dieu, on a pensé que le roi voulait, dans son effroi, montrer un certain zèle pour l'honneur de Dieu. En effet, ces paroles expriment deux choses:

1. L’indignation au sujet du blasphème de Ben-Hadad: Suis-je Dieu pour faire mourir et pour rendre la vie?

2. Et la terreur: Sachez que c’est parce qu’il cherche une occasion contre moi.

Mais dès qu’Élisée eut appris que le roi avait déchiré ses vêtements, il lui envoya dire: Qu'il s’en vienne maintenant vers moi et qu’il sache qu’il y a un prophète en Israël...

Bien que négligé, il offre ses services; il le fait pour l’honneur de Dieu qu’on blasphème. Il faut qu’on sache à Damas qu’il y a un prophète en Israël; on l’apprendra mieux à Damas qu’en bien des maisons et des palais de Samarie!...

Naaman donc partit, et, pour honorer le prophète aussi bien que pour se faire mieux respecter dans ce voyage, il partit avec grand appareil; son état major, ses officiers, ses aides de camp, ses chevaux et son magnifique chariot de guerre...

Et tout cela se tint à la porte de la maison d’Élisée.

Pourquoi à la porte?

Élisée avait jugé convenable de ne point sortir, de ne point montrer d’empressement et de répondre de l’intérieur. D’ailleurs, étant lépreux, le général, tout général qu’il était et eût-il été le roi lui-même, n’aurait pu franchir le seuil.

Le roi Hozias, atteint de cette maladie, dut habiter dans un palais à part, dans une maison écartée, nous est-il dit (2 Chro., XXVI, 21.).

Si un lépreux venait sur vos bancs, vous éprouveriez un sentiment de crainte et de repoussement.

Eh bien, je vous le disais l’autre jour, LA LÈPRE EST L’IMAGE DU PÉCHÉ, et si vous entriez dans une assemblée d’anges ils auraient le même sentiment à votre égard.

Disons-nous donc bien que si le général n’osait pas entrer chez le prophète, nous ne sommes pas dignes, nous, d’entrer ni même de nous tenir à la porte de la grâce de Dieu.

Non seulement Naaman n’entra pas chez le prophète, mais celui-ci ne sortit pas de sa demeure; il envoya un messager pour lui dire: Va et te lave sept fois au Jourdain.

Le remède est simple et clair: Va et te lave.

La promesse est belle et péremptoire: Tu seras guéri de ta lèpre.

Et Dieu, mes enfants, ne nous a-t-il pas envoyé des messagers, à nous lépreux, et ne nous a-t-il pas prescrit un remède simple et clair, un remède par lequel nous sommes lavés de nos souillures, rendus capables de paraître devant lui (Actes, XVI, 27-31. 1 Cor., VI. 10, 11. Apoc., I, 6.)?

Et ses promesses ne sont-elles pas belles, précises et péremptoires (Ephés., II, 1-18. Ps. LI, 2, 3. Col., II, 13.)?

Mais comment Naaman reçut-il cette invitation et cette promesse?

Avec dépit et irritation, et dans sa colère, il s’en alla; il tourna le dos au prophète de l’Éternel.

Il s’était attendu à voir Élisée sortir au-devant de lui, mais l’homme de Dieu n’a pas même daigné paraître et n’a envoyé que son domestique. Il se rit de mon affliction, il se moque de moi, pensa Naaman.

Quel rapport y a-t-il entre la lèpre et le Jourdain?

Que peut l’eau sinon aggraver mon mal?

D’ailleurs celle d’Abana et de Parpar n’est-elle pas plus pure et plus abondante que celle du Jourdain?

Naaman était parti par la foi; maintenant il ne juge plus par la foi, mais par la raison, par sa faible sagesse humaine.

Il ne regarde plus à l'Éternel, ce Dieu d'Élisée qui était puissant pour bénir sa foi et délivrer le lépreux. L’eau du Jourdain ne pouvait, en effet, le guérir que parce que Dieu le voulait.

Quand notre Seigneur fît de la boue avec sa salive pour en ouvrir les yeux d’un aveugle, était-ce cette boue qui le guérit (Jean IX, 6,7.)?

Non, il employa ce moyen, comme d’autres fois il n’employait qu’une parole, afin de montrer qu’avec un moyen ou sans un moyen, C’EST TOUJOURS LUI QUI GUÉRIT.

Ici il y avait quelque chose de plus: Dieu voulait en même temps éprouver l’obéissance de Naaman.

Il voulait que cet homme se soumît à faire la chose qu’il ne comprenait pas, mais à la faire par obéissance.

Le résultat prouva que Naaman avait besoin d’être ainsi enseigné.

Oui, humainement parlant, Abana et Parpar pouvaient, il est vrai, être plus actifs que le Jourdain pour laver son corps, mais que pouvaient-ils pour sa lèpre?

C’est l’eau que Dieu bénit qui est puissante par sa vertu, pour guérir tous les maux.

Chers enfants, c’est ainsi que les hommes sont disposés à dire de l’Évangile, s’ils en jugent par la raison:

La foi suffit-elle pour abolir mon péché, pour changer mon cœur?

Les souffrances d’un autre peuvent-elles me sauver?

Alors on imagine que par ses efforts, par ses justices, par ses résolutions, par ses sacrifices, on pourrait enlever cette souillure, guérir cette lèpre, changer ce pauvre cœur. Ainsi pensaient les Juifs et les Grecs dont nous parle Saint-Paul, qui appelaient la foi en la croix de Jésus-Christ une folie et un scandale (1 Cor., I, 23.).

Ainsi, de notre temps, beaucoup de gens tournent le dos comme Naaman; ils rejettent l’Évangile, ils s’en vont vers la perdition... Mais écoutez le sage conseil des serviteurs du général; ils s’approchent, ils s’enhardissent pour lui dire: Mon père (on voit qu’ils l’aiment, qu’ils l’honorent), vous êtes lépreux, vous avez la passion de guérir, et vous avez reconnu que le Dieu d’Israël seul peut le faire; vous êtes venu de loin, remettez-vous donc à lui du remède qu’il emploie. Il n’importe pas que vous le compreniez, mais que vous l’employiez. S’il avait recommandé une chose difficile, vous l’auriez faite... Puisque c’est Dieu et non pas vous qui pouvez vous guérir, suivez donc le conseil de son prophète comme vous avez suivi celui de la jeune esclave. Lavez-vous et vous serez nettoyé.

Eh bien, chers enfants, c’est là ce que les missionnaires disent aux mahométans, aux Indiens, aux Polynésiens, aux catholiques romains.

Les mahométans ont leurs derviches et leurs santons, les catholiques romains leurs moines, leurs couvents, leurs cordes, leurs cilices; ils inventent toutes sortes de pénitences, ils se flagellent, ils font de lointains pèlerinages, ils vont pieds nus, ils tracent des croix sur le plancher avec leur langue.

Les Hindous se marquent avec un fer chaud, se suspendent par des crochets, se jettent dans la rivière du Gange ou sous les roues du char de leur dieu Jaggernaut.

Les Polynésiens font passer leurs enfants par le feu...

Mais l’Évangile dit:

Crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé!

Alors le général syrien, qui avait le cœur simple, qui était prêt à dire comme le lépreux de l’Évangile: «Seigneur, si tu veux, tu peux me nettoyer (Matth., VIII, 2-4.),» se ravise promptement; il revient, il prend la route du Jourdain avec tout son monde.

Recueillez ici une instruction, mes enfants:

C’est que le chemin le plus simple en même temps que le plus béni est TOUJOURS d’obéir à Dieu.

Si Naaman, au lieu de s’en aller, eût commencé par obéir, il aurait été guéri plus tôt; il se serait épargné toute cette agitation, cette irritation, cette colère, cette fatigue.

Il ne faut pas contester contre Dieu; il faut nous assurer de son enseignement, savoir exactement ce qu’il veut de nous; mais une fois que nous sommes au clair là-dessus, ce qui reste à faire c’est d’obéir promptement, d’une manière décidée, franche, avec ce que l’Écriture appelle un «cœur simple, non partagé...»

Naaman donc vient au Jourdain; il descend au bord du fleuve, il s’y plonge une fois, deux fois, trois fois, sept fois. Et tout d’un coup, ô miracle, ô bonheur, ô puissance de Dieu, bonté de Dieu, sagesse de Dieu! suivant la parole du prophète, le voilà guéri...

Plus de lèpre, plus de fièvre, plus de faiblesse, plus de souillure, plus de laideur!

Sa chair est fraîche et pure.

Oh! qui dira sa reconnaissance! Il avait de la foi, elle est doublée. Une première mesure de foi lui était venue par la parole, une seconde vient par la miraculeuse délivrance dont il est l’objet.

De même le chrétien qui a cru en Jésus-Christ sur le témoignage des serviteurs de Dieu, comme le geôlier de Philippes, par exemple; quand il a par cette foi trouvé la vie, il a un redoublement de foi, il a la joie, il se sent guéri et il s’écrie comme Naaman: Ah! je connais que l'Éternel est Dieu, je connais que la Bible est vraie, que les promesses de Dieu sont oui et amen en Lui (2 Cor., I, 20.).

Oui, Seigneur, nous avons cru et nous avons connu que tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant (Matth., XVI, 16.).

Naaman ne dit pas à Élisée: Je reconnais que tu es un bon médecin, mais: Je reconnais qu’il n’y a point sur la terre, d’autre Dieu que le Dieu d’Israël.

Il a compris que ce n’est pas Élisée, que ce n’est pas non plus l’eau du Jourdain qui l’a guéri, mais la volonté du Tout-Puissant.

Il veut témoigner sa reconnaissance envers Dieu et envers le prophète. Envers le prophète, en lui offrant un présent. Élisée le refuse, il résiste à toutes ses instances;

il ne fallait pas que la grâce de Dieu fût confondue avec ces guérisons prétendues qu’on accomplit pour de l'argent.

Il ne fallait pas qu’on pût dire: Élisée a guéri le général syrien et il s’est enrichi.

Non, Élisée a guéri Naaman et il a refusé tous ses présents, il est resté pauvre.

C’est la cause de Dieu, l’honneur de Dieu. Dieu ne veut pas qu’on fasse «de la piété un moyen de s’enrichir (1 Tim., VI, 5.).» Élisée avait reçu le pain du pauvre, il refuse l’or du riche. Ainsi faisait Saint Paul (1 Cor., IX, 4-19.).

Lisez-moi 2 Cor., XI, 9.

Naaman désire aussi témoigner sa reconnaissance envers Dieu: Ah! il veut vivre pour lui, il veut l’adorer. Il a «passé des idoles au Dieu vivant (1 Thes., I, 9.).» Mais, comme il arrive facilement aux nouveaux convertis, il a encore des faiblesses et quelques obscurités.

Il lui semble que la terre d’Israël est plus sainte; il veut en emporter comme signe public de son attachement à la religion du Dieu d’Israël.

Puis il désire garder sa place auprès de son roi et, pour cela, pouvoir l’accompagner dans le temple de son faux dieu aux jours de fête. Il s’appuie sur mon épaule, dit-il; je ferai bien connaître que je n’y vais pas en l’honneur de Rimmon, mais par respect pour le roi; j’espère que Dieu m’excusera.

Cet acte, tout bien considéré, pouvait être excusable en Naaman, parce qu’il y portait un cœur droit; mais il n’était pas justifiable en lui-même; c’était une obscurité et une faiblesse, non une infidélité ou une révolte de son cœur.

Il croyait ces choses conciliables...

Nous devons fuir le mal et les apparences du mal; nous ne devons faire aucune conciliation avec ce qui est contraire à la volonté de Dieu...

Nous demandons pardon pour des péchés passés, mais ce serait nous moquer de Dieu de demander une dispense pour des péchés futurs.

Remarquez la sagesse de la réponse du prophète: Va en paix. Il ne l’approuve pas, mais il voit sa droiture, et il est persuadé que Dieu l’éclairera.

Naaman sera sous l’enseignement de Dieu, il a pris la ferme résolution de le servir, il ne comprend pas encore toutes choses. Élisée le remet à la lumière de Dieu qui l’éclairera peu à peu. Ce n'est pas encore le moment de lui tout dire. «On ne met pas le vin nouveau dans de vieux vaisseaux (Matth., IX. 17.)...»


 

- Table des matières -