Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !
Leçons données dans une école du Dimanche sur les prophètes Elie et Elisée

TRENTIÈME LEÇON

2 ROIS, V, 1-9.

5:1 Naaman, chef de l’armée du roi de Syrie, jouissait de la faveur de son maître et d’une grande considération; car c’était par lui que l’Éternel avait délivré les Syriens. Mais cet homme fort et vaillant était lépreux.

2 Or les Syriens étaient sortis par troupes, et ils avaient emmené captive une petite fille du pays d’Israël, qui était au service de la femme de Naaman.

3 Et elle dit à sa maîtresse: Oh! si mon seigneur était auprès du prophète qui est à Samarie, le prophète le guérirait de sa lèpre!

4 Naaman alla dire à son maître: La jeune fille du pays d’Israël a parlé de telle et telle manière.

5 Et le roi de Syrie dit: Va, rends-toi à Samarie, et j’enverrai une lettre au roi d’Israël. Il partit, prenant avec lui dix talents d’argent, six mille sicles d’or, et dix vêtements de rechange.

6 Il porta au roi d’Israël la lettre, où il était dit: Maintenant, quand cette lettre te sera parvenue, tu sauras que je t’envoie Naaman, mon serviteur, afin que tu le guérisses de sa lèpre.

7 Après avoir lu la lettre, le roi d’Israël déchira ses vêtements, et dit: Suis-je un dieu, pour faire mourir et pour faire vivre, qu’il s’adresse à moi afin que je guérisse un homme de sa lèpre? Sachez donc et comprenez qu’il cherche une occasion de dispute avec moi.

8 Lorsqu’Elisée, homme de Dieu, apprit que le roi d’Israël avait déchiré ses vêtements, il envoya dire au roi: Pourquoi as-tu déchiré tes vêtements? Laisse-le venir à moi, et il saura qu’il y a un prophète en Israël.

9 Naaman vint avec ses chevaux et son char, et il s’arrêta à la porte de la maison d’Elisée.


* * *

Ce chapitre a ceci d’intéressant que notre Seigneur l’a cité, vous vous en souvenez, dans son discours à la synagogue de Nazareth. Il voulait montrer aux Juifs qu’ils ne méritaient, rien de la part de Dieu, et que tous les hommes étant dignes de condamnation devant lui, toutes ses bontés ne leur sont conférées que par une élection de grâce, par un choix purement gratuit. «Il y avait beaucoup de lépreux en Israël au temps d’Elisée,» leur dit-il, «et toutefois pas un. d’eux ne fut guéri, mais seulement Naaman qui était Syrien.»

En entendant cette doctrine, tous les Juifs de la synagogue de Nazareth furent remplis de colère, comme le seraient aujourd’hui les gens incrédules ou mondains. Lisez-moi tout ce passage: Luc, IV, 16-27.

C’est donc un fait bien remarquable que la guérison opérée avec tant d’éclat par Elisée sur le général païen. Je dis avec tant d’éclat, non que le prophète se fût donné beaucoup de mouvement, car il ne sortit pas même de sa maison, mais parce que tout l’Orient en put être informé, les deux rois de Syrie et d’Israël s’étant écrit à cette occasion, et ce guerrier étant le plus grand homme de la Syrie après Ben-Hadad.

Il avait sauvé sa patrie par sa vaillance et ses victoires, et il vint, avec un très grand train, au pays d’Israël pour chercher auprès du prophète une guérison miraculeuse. En outre, ce n’était pas seulement pour faire du bien à son pauvre corps défiguré et dévoré par une hideuse lèpre que Dieu l’avait choisi tout païen qu’il était.

Non! c’était pour bien plus que cela. C’était pour le sauver de la condamnation et de la mort éternelle, en lui faisant connaître le Dieu vivant et vrai.

Mais ce qui rend cette histoire particulièrement remarquable et intéressante ce sont deux faits que je recommande à votre plus sérieuse attention: je veux parler des deux moyens par lesquels Dieu fit arriver Naaman à cette bénédiction;

le premier c’est une affliction arrivée à lui-même;

le second c’est une affliction arrivée à une autre personne.

Je veux dire le malheur de sa lèpre, et le malheur de la pauvre petite fille israélite que les cruels soldats syriens avaient prise dans la guerre, qu’ils avaient emmenée et vendue en esclavage au pays des idoles.

Cela me rappelle un mot bien juste que disait dernièrement M. de Gasparin en parlant d’événements qui se sont passés dans certaines Églises:

C’est que souvent, par la sagesse admirable de Dieu, nos plus grandes bénédictions nous viennent des événements même qui nous ont paru d’abord les plus nuisibles et les plus désastreux, et que nous aurions repoussés de nos deux mains avec le plus de force.

Voyez ce général de Damas. Il avait tout ce qu’un homme du siècle peut désirer ici-bas: richesses, honneur, faveur des grands, talents distingués, puissance, succès éclatants; il avait remporté de brillantes victoires, il avait sauvé son pays, mais il ne jouissait plus de rien dans ce monde. Un mal affreux empoisonnait sa vie.

L’Écriture s’exprime de manière à nous faire saisir ce douloureux contraste: Et cet homme fort et vaillant était lépreux.

Je vous ai déjà expliqué ce qu’était la lèpre; elle régnait beaucoup dans les pays de l’Orient, où on l’y voit encore assez souvent; c’est une gale hideuse, une croûte dévorante qui couvre le visage, les mains et bientôt tout le corps; elle consume les chairs et soumet le malade à une fièvre constante qui le mine; la voix devient rauque, les yeux sortent de leurs orbites, et ce qu’il y a de plus affreux, c’est que ce mal est contagieux, en sorte que celui qui en est atteint devient un objet de terreur aussi bien que de dégoût.

Quand la lèpre prend un certain caractère, elle est inguérissable autrement que par une intervention miraculeuse.

Dieu a déclaré dans l’Écriture qu’elle est une image du péché; elle était regardée en Israël comme une souillure, et la loi ordonnait aux lépreux de se tenir hors des villes, le visage voilé, la tête découverte et de crier à l’approche des passants; «Je suis souillé! je suis souillé!» Jugez de ce qu’était la vie pour le misérable atteint d’un tel mal! À quoi bon la richesse, les honneurs, les succès du grand général? Le dernier mendiant de la Syrie était plus heureux que lui.

Eh bien, chers enfants, tel devrait nous apparaître le malheur d’un homme, quelque habile, brillant, fort, vaillant, puissant et honoré qu’il soit, tant qu’il a son âme couverte devant Dieu de la lèpre du péché, tant qu’il n’est pas lavé et purifié dans le sang de son Sauveur.

Mais j’en reviens à Naaman.

Certainement quand ce général fut visité de cette hideuse et cruelle maladie il dut croire que le plus grand des malheurs lui était survenu, que la plus douloureuse des afflictions était son partage.

Eh bien, c’était au contraire la plus grande des grâces, car c'était par ce moyen que Dieu voulait le sauver.

Païen, il n’aurait jamais servi le vrai Dieu?

Syrien, il ne connaissait les Israélites que pour les tuer; il n’aurait jamais ouï parler du prophète Elisée, et s’il l’avait entendu nommer, on lui aurait dit que le prophète était repoussé de presque tout Israël et vivait dans l’opprobre et la retraite.

Mais c’est par son malheur même qu’il va connaître le vrai Dieu et être amené à lui donner son cœur; et combien ne pourrait-on pas citer de chrétiens, de nos jours qui ont trouvé Jésus-Christ sous le crêpe du deuil, dans un lit de maladie, dans une prison, dans l’isolement et l'abandon, après de grandes misères et de grandes humiliations!

Si donc vous étiez visités par quelque affliction, si vous étiez malades, ou si vous aviez quelque infirmité qui vous privât des jouissances dont les jeunes gens de votre âge sont favorisés, demandez à Dieu que, comme pour Naaman, il fasse servir ces afflictions, ces maladies, ces contretemps, à unir votre âme à celui qui sauve pour l’éternité; demandez-lui qu’il en soit de vous comme de tant d’autres qui s’écrient:

«Ô Dieu, tu m’as élu dans le creuset de l’affliction (Ésaïe, XLVIII, 10.)!»

«Avant que je fusse affligé, j’allais à travers champs; mais maintenant j’observe ta parole (Ps. CXIX, 67.)

«C’est par beaucoup d’afflictions qu’il nous faut entrer dans le royaume de Dieu (Actes, XIV, 22.)

Mais je vous parlais d’un autre moyen, très admirable dans son humilité même, dont la bonté de Dieu s’était servie pour amener Naaman à trouver la guérison de son corps dans ce monde et le salut de son âme dans l’éternité: c’est cette petite fille, cette malheureuse esclave vendue au pays de Syrie.

Il faut penser quelquefois, mes amis, aux avantages des temps et des pays dans lesquels nous vivons. Les guerres même ne sont plus comparables à celles d’autrefois et à ce qu’elles sont dans les pays où la lumière de l’Évangile n’a pas pénétré, car cette lumière n’éclaire pas seulement les chrétiens, elle exerce une influence indirecte, même sur ceux qui ne la discernent pas encore.

Autrefois, dans les guerres, on enlevait les populations subjuguées pour les vendre; on comptait que les deux tiers des habitants d’un pays étaient esclaves de l’autre tiers, et esclaves traités avec rigueur, esclaves sur lesquels leurs maîtres avaient droit de vie et de mort.

Mettez-vous à la place de cette pauvre petite enlevée par des soldats à sa famille; elle appartenait probablement à des parents haut placés dans le monde ou qui, tout au moins, lui avaient donné une bonne éducation, puisqu’elle fut vendue à l’une des plus grandes dames de la cour de Damas.

Eh bien, elle va servir à glorifier Dieu!

Ainsi en a-t-il été souvent des persécutions contre le peuple de Dieu; l’ennemi des âmes a cru ravager et ruiner l’Église de Jésus-Christ, mais le Seigneur s’est servi de ce moyen pour porter son nom au loin.

Tel fut l’effet de la captivité des Juifs pendant soixante-dix années à Babylone, au centre du paganisme.

Tel fut celui de la dispersion des apôtres par la persécution au temps d’Étienne, et de celle des protestants de France et d’Italie au temps de la Réformation, alors qu’ils peuplèrent Genève et tant d’autres pays d’une génération nouvelle de chrétiens zélés et vivants.

Tel fut encore, dans l’Église d’Orient, le résultat de la persécution des Nestoriens, qui portèrent l’Évangile jusque dans les montagnes de l’Inde.

Qui aurait pu croire, en Israël, quand on voyait passer cette pauvre petite fille, qu’elle serait l’occasion de faire glorifier dans toute la Syrie le nom du Dieu vivant et vrai?

Les enfants peuvent faire du bien, non en prêchant, mais en disant leur espérance et en montrant qu’ils aiment Jésus-Christ et qu’ils le servent.

Un enfant, par exemple, apprend à le connaître dans son école du dimanche; il rentre chez ses parents; on le voit doux, obéissant, et, s’il a commis quelque faute, plus affligé encore d’avoir offensé Dieu que d’être puni; n’honore-t-il pas ainsi la parole de vie qui lui a été enseignée?

Le livre des Martyrs raconte qu’un petit garçon anglais, fils d’un capitaine de vaisseau, voyageant avec son père, arriva à Saint-Sébastjen, ville d’Espagne, où l’on persécutait les protestants. Le père vint à mourir; on prit le pauvre petit, et on voulait le forcer à se faire catholique romain. Il résista; on le mit dans une prison et ensuite dans un hôpital où il fut en bénédiction à plusieurs personnes, jusqu’à ce qu’il mourût des mauvais traitements qu’on lui avait fait subir.

On raconte aussi que lors des persécutions des Vaudois du Piémont, des enfants de ce peuple qui avaient appris le Nouveau Testament par cœur furent très utiles en le récitant à des gens qui ne le connaissaient point.

Nous ajoutons ici un fait raconté par l’auteur dans une autre occasion, au retour d'un voyage en France: «L'évangéliste M... m'a parlé d'une chère petite fille âgée de quatre ans et très-aimable: on m’a montré le petit tabouret sur lequel elle venait souvent s'asseoir auprès de Mme C... pour se faire conter quelques «histoires du bon Dieu.»

Elle les écoutait avec intelligence et sensibilité, et son petit cœur se gonflait au récit des traits de dévouement enfantin qu'elle désirait imiter. Cette chère petite priait beaucoup, et un jour qu'elle entendit parler avec inquiétude d’un pauvre homme du voisinage qui était fort malade, elle s’insinua dans sa maison, monta seule dans sa chambre, et arriva près du lit de cet homme en lui disant: «M. D..., vous êtes bien malade; peut-être que vous allez mourir, et je crois que vous n'êtes pas converti. Voulez-vous que je prie pour vous le Seigneur Jésus? — Je le veux bien, monenfant. »

Elle fit alors une prière si touchante que le pauvre malade fondit en larmes et qu'il contait à tous ceux qui venaient auprès de lui la visite qu'il avait reçue; il s'est rétabli, et maintenant c’est le fidèle le plus assidu aux assemblées chrétiennes, il ne peut se lasser de parler de cette chère petite fille, à laquelle il a communiqué sa maladie, qui était un typhus; après quarante-neuf jours de souffrances elle a été retirée de devant le mal pour aller auprès du Seigneur qu'elle avait beaucoup aimé.

La pauvre petite Israélite avait la foi au vrai Dieu et à son prophète, dans ce temps où l’incrédulité ravageait sa patrie. Elle dit à sa maîtresse: Je souhaiterais que mon seigneur se présentât devant le prophète qui est à Samarie; il l’aurait aussitôt délivré de sa lèpre.

Ce ne fut pas la générale qui le redit à son mari, ce fut une troisième personne qui n’est pas nommée, et Dieu mit au cœur de Naaman d’écouter cette parole et d’y mettre confiance.

Ah! plût à Dieu que tous les malades spirituels, les gens inconvertis auxquels on parle de l’Évangile et des guérisons qu’il a opérées, fussent aussi disposés à prêter l’oreille à ce que les chrétiens leur disent du grand Médecin, du bon Sauveur!

Le roi de Syrie, qui avait sans doute ouï parler de ce qu’Elisée avait fait dans la guerre de Moab, encouragea Naaman à se rendre auprès de lui: Va, dit-il, et j’enverrai des lettres au roi d’Israël. Il crut que le roi ordonnerait à son prophète de guérir Naaman; il parlait en païen...


 

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