Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !
Leçons données dans une école du Dimanche sur les prophètes Elie et Elisée

VINGT-HUITIÈME LEÇON

2 ROIS, IV, 28-37.

28 Alors elle dit: Ai-je demandé un fils à mon seigneur? N’ai-je pas dit: Ne me trompe pas?

29 Et Élisée dit à Guéhazi: Ceins tes reins, prends mon bâton dans ta main, et pars. Si tu rencontres quelqu’un, ne le salue pas; et si quelqu’un te salue, ne lui réponds pas. Tu mettras mon bâton sur le visage de l’enfant.

30 La mère de l’enfant dit: L’Éternel est vivant et ton âme est vivante! je ne te quitterai point. Et il se leva et la suivit.

31 Guéhazi les avait devancés, et il avait mis le bâton sur le visage de l’enfant; mais il n’y eut ni voix ni signe d’attention. Il s’en retourna à la rencontre d’Élisée, et lui rapporta la chose, en disant: L’enfant ne s’est pas réveillé.

32 Lorsque Élisée arriva dans la maison, voici, l’enfant était mort, couché sur son lit.

33 Élisée entra et ferma la porte sur eux deux, et il pria l’Éternel.

34 Il monta, et se coucha sur l’enfant; il mit sa bouche sur sa bouche, ses yeux sur ses yeux, ses mains sur ses mains, et il s’étendit sur lui. Et la chair de l’enfant se réchauffa.

35 Élisée s’éloigna, alla çà et là par la maison, puis remonta et s’étendit sur l’enfant. Et l’enfant éternua sept fois, et il ouvrit les yeux.

36 Élisée appela Guéhazi, et dit: Appelle cette Sunamite. Guéhazi l’appela, et elle vint vers Élisée, qui dit: Prends ton fils!

37 Elle alla se jeter à ses pieds, et se prosterna contre terre. Et elle prit son fils, et sortit.


* * *

Voici donc la résurrection d’un mort, et ce mort est un enfant de votre âge, peut-être même plus jeune que vous.

Le matin précédent, saisi subitement par la maladie, il avait éprouvé de violentes douleurs dans sa pauvre petite tête, et à midi, il expirait sur les genoux de sa mère. Il était froid, pâle, immobile; il n’avait plus de souffle, plus de battements de cœur; il était mort! et, selon les usages israélites, on devait le mettre le jour même dans une bière pour le porter en terre.

Mais dans la soirée, fort tard dans la nuit, ou peut-être même seulement le lendemain matin, sa mère arrive avec le prophète, et celui-ci, par l’ardeur de ses prières, va obtenir de Dieu que l’âme de cet enfant rentre dans son corps et qu’elle lui rende une nouvelle vie. C’est là ce qu’on nomme une résurrection. Ce mot latin signifie un relèvement, un réveil d’entre les morts.

L’enfant se relève donc d’entre les morts, et ce grand miracle nous est donné pour être un symbole et un gage de deux autres résurrections dans lesquelles Dieu nous appelle à mettre nous-mêmes toute notre espérance:

1. La résurrection de l’âme au jour de la conversion;

2. La résurrection du corps et de l’âme tout à la fois, au jour de Jésus-Christ.

Par la première, une âme qui était sans Dieu et sans espérance, qui était morte dans ses péchés, sort du tombeau de son indifférence et de son incapacité pour le bien; elle «passe de la mort à la vie, parce qu’elle passe de la puissance du diable à celle de Dieu (1 Jean, III 14; Actes, XXVI, 18.)

Par la seconde, les corps des fidèles, bien que rongés des vers et réduits en une vile poussière dans les horreurs du tombeau, se relèveront à la voix de Jésus-Christ comme les fleurs se relèvent au printemps, comme le blé sort de son grain dans nos champs, comme l’insecte ailé sort de sa chrysalide; «car,» dit Saint Paul, «nous attendons des cieux notre Seigneur Jésus-Christ, qui transformera le corps de notre humiliation pour le rendre semblable à son corps glorieux, selon cette efficace par laquelle il peut s’assujettir toutes choses (Philip., III, 21.).»

Allons donc ce matin à Sunem avec la mère, avec Élisée et Guéhazi; montons à la chambre haute du prophète; enfermons-nous là avec lui pour assister à ce grand miracle, avec la pensée continuelle de ces deux autres résurrections, dont celle de l’enfant de Sunem, est, avons-nous dit, le symbole et le gage, destiné, par la bonté de Dieu, à les faire comprendre aux plus petits.

Nous laissâmes dimanche la pauvre mère aux pieds du prophète dans sa cabane du Carmel. Elle était descendue de dessus son ânesse, elle s’était précipitée les genoux en terre aux pieds d’Élisée, et cette grande dame, comme l’appelle l’Écriture, cette femme jusque-là si forte, si ferme, si maîtresse d’elle-même, qui s’était si admirablement contenue et qui avait répondu par quatre fois avec calme: CELA VA BIEN, est là, serrant avec transport les pieds du prophète et laissant échapper ses plaintes et ses douleurs.

Elle veut obtenir qu’Élisée prie en sa faveur; elle croit déjà ce qu’a dit plus tard saint Jacques à l’occasion d’Élie: «que la prière du juste faite avec véhémence est d’une grande efficace.»

Écoutez la force, l’énergie victorieuse de ses arguments. Elle ne dit pas: Mon fils est mort. Ah! sa douleur, ses larmes, ses plaintes le disent assez! Elle en appelle au prophète par deux questions:

1. Avais-je demandé un fils? N’étais-je pas soumise à la volonté de Dieu, et n’est-ce pas toi qui, le premier, sans que je t’eusse rien demandé, me dit: Dans un an, tu embrasseras un fils?

2. Ne te rappelles-tu pas que je te dis aussitôt: Mon Seigneur, homme de Dieu, ne mens pas à ta servante?

C’est comme si elle disait à Élisée: Ne m’avais-tu donc fait obtenir cet enfant par tes prières que pour me réduire ensuite au désespoir?

Voulais-tu me rendre deux fois plus malheureuse que je ne l’étais avant de te connaître et de t’ouvrir les portes de ma maison?

Ces arguments étaient très naturels et très légitimes auprès d’un homme; mais pensez-vous qu’ils le fussent auprès de Dieu?

Je veux dire pensez-vous qu’une mère perdant son enfant, une femme perdant son mari, puisse faire à Dieu de telles plaintes et dire: Mon Dieu, je ne t’avais pas demandé ce bien; pourquoi donc me le reprends-tu après me l’avoir donné?

Non! et pourquoi?

Parce que Dieu n’est pas un homme; il sait quand nous avons besoin de joies ou d’afflictions, et s’il juge convenable d’envoyer des épreuves, personne n’a le droit de se plaindre. Nous devons dire au contraire: Nous méritons tous qu’il nous punisse à toujours; et pour moi, mes enfants, qui vous donne en ce moment cette instruction, je sais que s’il m’avait mis à sa gauche pour jamais, il m'aurait mis à la place que je devais avoir.

Ayant donc mérité la mort éternelle, comment nous étonnerions-nous, si, tout en nous pardonnant, Dieu nous envoie des peines?

D’ailleurs nous abusons si souvent de ses dons, nous en sommes si peu reconnaissants que nous méritons bien qu’il nous les retire.

Puis Dieu est SOUVERAIN, et la place de la créature est TOUJOURS DE SE SOUMETTRE ET D’ADORER.

Enfin, il tient l’avenir dans ses mains et il a promis d’essuyer un jour «toutes larmes de nos yeux (Apoc., VII, 17.)

Sauriez-vous me répéter des paroles bien différentes que prononça Job quand il apprit la perte de tous ses biens et celle de ses sept fils et de ses trois filles? Il ne dit pas: Avais-je demandé ces biens et ces enfants? Non! il s’écria: «L’Éternel l’avait donné, l’Éternel l’a ôté, que son nom soit béni (Job, 1, 21.)

Mais, je le répète, la plainte de la Sunamite, en tant qu’adressée à Élisée et non à Dieu, pouvait être innocente et légitime, Élisée est très ému; il faut qu’il cherche tout de suit devant Dieu la consolation de cette pauvre mère.

Ceins tes reins, dit-il à Guéhazi. Vous savez le sens de cette expression, qui est fréquente dans la Bible. Les Orientaux portaient des robes flottantes; pour agir, pour combattre, pour courir ils devaient les relever en serrant leurs reins d’une ceinture.

Prends mon bâton en ta main et t'en va. Si tu trouves quelque un en chemin ne le salue point... puis tu mettras mon bâton sur le visage de l'enfant.

Il a l’idée que cela suffira pour le ramener à la vie. Dieu l’avait si merveilleusement exaucé qu’il va jusqu’à croire que son bâton accomplira ce qu’a accompli le manteau d’Élie, et que l’enfant reprendra ainsi la vie peut-être avant le retour de sa mère.

On a pensé qu’il voulait éprouver la foi de Guéhazi et celle de la Sunamite, ou qu’il voulait qu’ils regardassent moins à lui et plus à Dieu. Pour moi, il me semble plutôt qu’il y avait dans cet acte quelque présomption de ses forces miraculeuses et de son crédit devant le trône de Dieu. C’était bien un miracle que Dieu voulait lui accorder, mais ce miracle ne devait être obtenu que par d’ardentes prières.

Vous vous rappelez ce que disait notre Seigneur Jésus-Christ à ses disciples qui n’avaient pu délivrer un démoniaque: «Cette sorte de démons ne peut sortir que par la prière et par le jeune (Matth., XXII, 19-21.).» Ainsi en était-il de cette résurrection.

Cependant la mère de l’enfant n’était pas venue de si loin appeler le prophète à son aide, pour le laisser sur sa montagne: L’Éternel est vivant et ton âme est vivante, que je ne te laisserai point, lui dit-elle (c’était la parole d’Élisée à Élie au moment de son départ). Il la comprit.

Guéhazi avait pris sa course, et ne devait point s’arrêter, mais Élisée partit avec la mère le même soir; elle remonta sur son ânesse et il la suivit avec le domestique.

Quel voyage encore pour la pauvre mère!

Guéhazi, qui était jeune et zélé pour son maître, avait marché beaucoup plus vite, et avait fait tout ce qu’on lui avait commandé, mais en vain; il n’avait pas assez de foi; Élisée n’y avait pas mis assez de prière. Il n’y avait eu ni voix ni signe d’ouïe, et Guéhazi était retourné au-devant d’Élisée en disant: L’enfant ne s’est point réveillé.

Avez-vous pris garde à cette douce expression, mes chers enfants?

La résurrection est un réveil; la mort est un sommeil; ce n’est point par accident que la Bible a employé ces termes et qu’elle appelle de ce nom la mort, comme elle appelle Dieu un père, comme elle appelle Jésus-Christ le soleil de justice.

Dieu a voulu faire le monde extérieur de manière qu’il nous aidât à comprendre les choses qui se rapportent à lui et au monde invisible. Ainsi il nous a donné un père et une mère ici-bas afin que nous puissions comprendre Dieu.

Il a mis le soleil dans le ciel pour que nous comprenions que Jésus-Christ réchauffe, éclaire et vivifie nos âmes.

De même, afin que nous puissions comprendre la mort et la résurrection, il a voulu que nous en eussions l’image sous les yeux chaque jour et que pour cela nous nous endormions tous les soirs et que nous nous réveillions tous les matins.

Aussi la Bible dit-elle presque toujours d’un mourant qu’il s’endort; elle le dit d’Étienne lapidé comme de la petite fille de Jaïrus dans son lit, des bons comme des méchants et des méchants comme des bons (Dan., XII, 2. Matth., IX, 24. Marc, V, 39. Actes, VII, 60. Jean, XI, 11. 1 Cor., XV, 18, 20, 51. 1 Thes., IV, 14, 15.1 Rois, XXII, 51. 2 Rois, VIII, 24; X, 35. 1 Rois, II, 10.).

Guéhazi n’avait donc rien pu accomplir avec le bâton du prophète; peut-être se trouvait-il en lui quelque disposition profane, comme il arrive que Dieu enlève quelquefois sa vertu au bâton de sa Parole dans la main d’un ministre incrédule ou mondain.

Dans les résurrections de l’âme les ministres par eux-mêmes ne peuvent rien de plus que Guéhazi; ils posent bien le bâton de la parole devant la face des pécheurs, mais il n’y a ni voix, ni ouïe jusqu’à ce que Jésus vienne lui-même opérer par son Esprit, ouvrir les yeux des aveugles et rendre sa parole vivifiante.

Élisée entre dans la maison, il monte, et voilà le pauvre petit toujours sur ce lit, froid, immobile, comme sa mère l’avait laissé. Élisée ressort avec la mère, puis il rentre seul et ferme la porte sur eux deux (Qui eux deux? — Le prophète et l’enfant mort).

Et Élisée fait sa prière à l'Éternel. Il veut être seul pour prier avec plus d’ardeur, comme avait fait Élie pour la veuve de Sarepta. Il crie sans doute: «Éternel! as-tu donc tellement affligé cette femme que tu lui aies fait mourir son fils?»

Voyez son ardeur, son angoisse, ses instances!

Peut-être comprend-il qu’il a tenté Dieu en envoyant Guéhazi et en croyant la tâche trop facile. Il se couche sur l’enfant, comme pour lui communiquer de sa vie, pour lui ouvrir les yeux, pour lui souffler une respiration, pour fortifier ses mains.

Vous comprenez bien que ces actes ne pouvaient rien faire pour l’enfant, mais ils étaient des aides pour la prière d’Élisée; comme nous nous mettons à genoux, nous levons les yeux, nous joignons les mains pour prier, et comme Jésus, en Gethsemané, se prosternait le visage en terre (Matth., XXVI, 39.).

Élisée est dans la plus ardente anxiété, tout son être y est engagé, il n'a point de repos; il va, il vient, il retourne, il s’étend sur l’enfant.

C’est une image de la manière dont les ministres fidèles doivent s’occuper des âmes: il faut qu’ils se pénètrent de leur triste condition, qu’ils s’abaissent jusqu’à elles, qu’ils s’accommodent à leur situation, qu’ils cherchent à les vivifier par les yeux, par les oreilles, par l’intelligence, par leur propre vie, et puis qu’ils accompagnent tous ces efforts de vives et instantes prières comme Élisée.

Enfin, ô bonheur et encouragement, l’enfant éternue; c’est peu mais c’est beaucoup; sa pauvre tête se dégageait, la crise commençait... il éternue par sept fois, puis il ouvre les yeux.

Ainsi dans les conversions, on prêche à un enfant qui a beaucoup de défauts, qui ne s’occupe des choses de Dieu que parce que ses parents l’exigent, puis au bout d’un certain temps on voit en lui quelque petit changement; il écoute, il est troublé dans sa conscience, il prend intérêt au culte, il a des scrupules qu’il n’avait pas auparavant, il se dégage de ses vieilles habitudes,... jusqu’à ce qu’enfin il ouvre les yeux, il voit la vérité, il la discerne, ô bonheur!

Alors Élisée, qui ne voulait pas quitter l’enfant, appela Guéhazi et lui dit: Appelle cette Sunamite. Elle priait sans doute dans son appartement; elle vint et il lui dit: Prends ton fils.

Elle vint donc et se jeta à ses pieds et se prosterna en terre, puis elle prit son fils et sortit.

Mes chers enfants, quand vous vous souviendrez de ce grand miracle, pensez aux deux résurrections dont je vous ai parlé: celle qui aura lieu au dernier jour et celle qui doit se faire pour que la mort ne soit plus «le roi des épouvantements,» pour que la mort soit un sommeil bienheureux, pour qu’il n’y ait plus de mort!

Demandez-vous: Est-ce que la première s’est accomplie en moi?

Est-ce que j’ai ouvert les yeux?

Est-ce que j’ai vu la vérité?

Est-ce que j’ai commencé à sentir la vie de l’âme?

Et ensuite dites-vous:

Quel bonheur, pour ceux qui auront été convertis ici-bas, que ce jour où «tous les morts qui sont dans leurs sépulcres entendront la voix du Fils de l’homme,» où ils verront «Jésus venir sur les nuées du ciel et recueillir ses élus pour être toujours avec lui! (Jean, V, 28. Matth., XXIV, 30, 31.)»

Quand, au printemps, tous les arbres semblent se réveiller et se revêtent de feuilles et de fleurs, quelques-uns restent secs parce qu’ils sont morts, De même, au jour de la résurrection, il y aura des arbres qui n’auront pas porté de bons fruits et qui seront coupés et jetés au feu (Matth., III, 10.)

Ô mes enfants, demandez à Dieu de vous rendre sérieusement attentifs à ces pensées!


 

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