Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !
Leçons données dans une école du Dimanche sur les prophètes Elie et Elisée

VINGT-SEPTIÈME LEÇON

2 ROIS, IV, 18-27.

18 L’enfant grandit. Et un jour qu’il était allé trouver son père vers les moissonneurs,

19 il dit à son père: Ma tête! ma tête! Le père dit à son serviteur: Porte-le à sa mère.

20 Le serviteur l’emporta et l’amena à sa mère. Et l’enfant resta sur les genoux de sa mère jusqu’à midi, puis il mourut.

21 Elle monta, le coucha sur le lit de l’homme de Dieu, ferma la porte sur lui, et sortit.

22 Elle appela son mari, et dit: Envoie-moi, je te prie, un des serviteurs et une des ânesses; je veux aller en hâte vers l’homme de Dieu, et je reviendrai.

23 Et il dit: Pourquoi veux-tu aller aujourd’hui vers lui? Ce n’est ni nouvelle lune ni sabbat. Elle répondit: Tout va bien.

24 Puis elle fit seller l’ânesse, et dit à son serviteur: Mène et pars; ne m’arrête pas en route sans que je te le dise.

25 Elle partit donc et se rendit vers l’homme de Dieu sur la montagne du Carmel. L’homme de Dieu, l’ayant aperçue de loin, dit à Guéhazi, son serviteur: Voici cette Sunamite!

26 Maintenant, cours donc à sa rencontre, et dis-lui: Te portes-tu bien? Ton mari et ton enfant se portent-ils bien? Elle répondit: Bien.

27 Et dès qu’elle fut arrivée auprès de l’homme de Dieu sur la montagne, elle embrassa ses pieds. Guéhazi s’approcha pour la repousser. Mais l’homme de Dieu dit: Laisse-la, car son âme est dans l’amertume, et l’Éternel me l’a caché et ne me l’a point fait connaître.


* * *

Il s’agit, dans nos versets, d’un enfant que nous vîmes naître dimanche et que nous voyons mourir aujourd’hui; et ce qu’il y a de particulièrement touchant et instructif dans ce récit, c’est ce mot de la pauvre mère: TOUT VA BIEN!

Ah! chers enfants, voilà ce qu’apprend l’Évangile, cette bonne nouvelle du salut qui n’était pas étrangère aux fidèles de l’Ancienne Alliance:

l’Évangile change la vie;

il change le deuil,

il change la mort,

il apprend aux chrétiens ce que le monde ne comprend pas;

il leur apprend à pouvoir dire, dans la vie et même dans la mort, comme cette mère: TOUT VA BIEN, parce qu’il leur apprend que «toutes choses contribuent au bien de ceux qui aiment Dieu,» et que «ni la vie ni la mort ne peuvent les séparer de Jésus-Christ (Rom., VIII. 27, 38.)

Cela me rappelle un trait récent qui doit nous servir de leçon et de modèle.

Il y a quelques semaines qu’un chrétien du canton de Vaud, un père de famille vénérable et vénéré, que j’avais vu en pleine santé trois ou quatre jours auparavant, fut tout d’un coup frappé de paralysie.

Il ne pouvait plus parler; il était couché sur son lit comme à demi mort. Sa famille désolée s’était rassemblée autour de lui; il fit signe que tous s’approchassent et qu’on lui apportât la Bible. Alors il les regarda sans pouvoir parler; et ouvrant le livre à la première page, il leur montra du doigt le verset 10: «Et Dieu vit que tout ce qu’il avait fait était bon.»

On le comprit; on se recueillit avec lui devant Dieu dans cette pensée. Il les regarda de nouveau et fit signe des yeux pour qu’on écoutât ce qu’il allait dire encore de son doigt. Il montra le dernier verset du chapitre: «Et Dieu vit tout ce qu’il avait fait, et voici, c’était très bon».

Et l’on vit sur le visage de cet homme pieux que l’esprit d’adoption et la paix de Dieu remplissaient son âme.

Puissions-nous tous, chers enfants, apprendre de lui et de la Sunamite à dire toujours: Tout est bien; ce qui n’empêche pas de désirer une délivrance et même de la demander, mais à condition d’ajouter, selon l’exemple de notre Sauveur: «Mon Père, non point ce que je veux, mais ce que tu veux (Matth., XXVI, 39. Marc, XIV, 36.)

Reprenons nos versets.

Dimanche dernier, nous laissâmes cette intéressante famille de Sunem dans une grande joie. Il y avait probablement beaucoup de domestiques, beaucoup de voisins et d’amis; on y faisait la fête pour la naissance d’un fils. Le père était âgé; la mère, après avoir longtemps désiré un enfant, avait dû renoncer à cet espoir; mais maintenant elle serrait, comme Élisée le lui avait promis, un fils entre ses bras. — Ô mon Dieu I s’écriait-elle sans doute, ainsi que son mari, ô mon Dieu! que cet enfant soit béni de toi, et que nous puissions l’élever pour te servir et t’aimer!

Il en était ainsi au verset 17; mais au 18, où commence notre leçon, ah! que tout est changé!

Le matin encore, tout était dans la joie. L’enfant avait trois ou quatre ans peut-être; la mère l’avait habillé; puis, en l’embrassant, elle lui avait permis d’aller aux champs auprès de son père pour le réjouir, dès le matin, par sa présence et son petit langage. Le père s’était levé avec le jour; on était dans cette même saison magnifique où nous nous trouvons aujourd’hui, au mois de mai ou de juin; on moissonnait avec des chants de joie.

Quelqu’un de vous se rappellerait-il ce que Booz disait à ses moissonneurs en arrivant au milieu d’eux dans les champs de Bethléem? «L’Éternel soit avec vous!» et les moissonneurs lui répondirent: «L’Éternel te bénisse!»

C’est ainsi, je pense, que le père de l’enfant était arrivé de grand matin au milieu des moissonneurs de Sunem; et sans doute aussi, quand il vit accourir vers lui, plein de joie et de santé, son cher petit garçon, il dit en son âme: «Oh! combien l’Éternel m’a béni! Béni soit à jamais le nom de l’Éternel!»

Mais, tout d’un coup, le pauvre enfant sent en sa petite tête une vive douleur et s’écrie: «Ma tête! ma tête!» Il court à son père. Ah! c’est le mouvement de tous les enfants dès qu’ils ont quelque mal: ils courent vers leur père, ils se jettent dans les bras de leur mère, ils savent qu’ils n’ont pas de meilleur asile; et il y a là une leçon pour tous les enfants de Dieu.

Dès que nous avons quelque douleur, quelque idée qui nous monte dans la tête ou dans le cœur, il faut courir à notre Père céleste; il faut crier: Abba! Abba! Mon Père! mon Père! et verser dans son sein toutes nos peines.

Le père dit à un serviteur: «Portez-le à sa mère.»

On se demande pourquoi il ne l’accompagna pas, au lieu de rester avec ses moissonneurs. Il crut sans doute que ce n’était rien, et que quelques soins de sa tendre mère l’auraient bientôt remis. Il pensa qu’elle l’endormirait, qu’elle le coucherait sur son petit lit, et qu’avant midi tout irait bien. Le serviteur prit donc l’enfant dans ses bras et le porta à sa mère; mais, hélas! il demeura couché sur ses genoux jusqu’à midi, et à midi il mourut.

Ah! chers enfants, voilà une grande leçon.

Voilà ce qui arrive tous les jours chez des pauvres comme la veuve de Sarepta, et chez des riches comme la dame de Sunem!

Un enfant se lève bien portant et joyeux, et à midi il est peut-être mort; il va vers Dieu pour être jugé.

Était-il prêt?

Était-il converti?

S’il est converti, tout est bien. S’il n’est pas converti, oh! quel malheur! Il faut vous dire souvent: Et si c’eût été moi?

Maintenant admirez quelle grâce de Dieu était sur cette dame. Nous avons précédemment reçu de grandes leçons dans la cabane d’une pauvre veuve de Sarepta; ici nous en recevons de non moins belles dans la riche demeure de la dame de Sunem.

Mais avant d’aller plus loin, remarquez quelles sont les habitudes du gouvernement de Dieu.

Certainement cette dame lui était chère; elle avait accueilli son prophète, elle était pieuse et noble de cœur, il avait fait pour elle un miracle.

Eh bien, parce qu’il l’aime, que fait-il?

Il l’éprouve, il la corrige, il la châtie; mais dans sa plus tendre charité.

Qui me récitera là-dessus quelque sentence de l’Écriture, soit de l’Ancien, soit du Nouveau Testament?

«Ô mon Dieu, je connais que tu m’as affligé suivant ta fidélité.» «Avant que je fusse affligé, je courais à travers champs; mais maintenant j’observe ta parole (Ps. CXIX. 71. 67.)

«Le Seigneur châtie celui qu’il aime, et il frappe de ses verges tout enfant qu’il avoue.»

«Si vous endurez le châtiment, Dieu se présente à vous comme à ses enfants, car quel est l’enfant que son père ne châtie pas? Si vous étiez exempts de châtiment, vous seriez des enfants supposés et non légitimes... Or, tout châtiment ne semble pas sur l’heure un sujet de joie, mais de tristesse; mais ensuite il produit un fruit paisible de justice à ceux qui sont exercés par ce moyen (Héb., XII, 6, 7, 8, 11.)

Maintenant considérez quel exemple admirable nous donne cette femme affligée. Mettez-vous à sa place.

À huit heures du matin elle était une heureuse mère; à midi elle n’a plus d’enfant; la dépouille froide et insensible de son cher petit garçon est sur ses genoux!

Que fait-elle alors?

Du bruit? des cris? des gémissements? S’agite-t-elle? se livre-t-elle au désespoir?

Non! elle se réfugie auprès de Dieu, elle se confie en ce Dieu qui lui a donné son enfant d’une manière miraculeuse, elle espère, elle croit.

Elle pense que «celui qui lui a fait les promesses est fidèle,» elle s’attend à «Celui qui ressuscite les morts,» elle se rappelle l’histoire de la veuve de Sarepta et elle va devenir comme elle une de ces femmes dont l’Écriture nous dit que «par la foi elles ont recouvré leurs morts (Héb., XI, 35.)

Son histoire restera dans la Bible comme un monument de la puissance de la foi.

Elle ne prépare pas la sépulture de son enfant, mais sa résurrection.

Elle monte à la petite chambre du prophète; elle écarte la chaise et la table, elle couche l’enfant sur le lit et ferme la porte.

«Ô femme,» lui aurait dit Jésus, comme à la Cananéenne des environs de Tyr et de Sidon, «ô femme, ta foi est grande; qu’il te soit fait selon ta foi (Matth., XV, 28; VIII, 13.)

Voyez avec quel calme, quelle douceur et quelle force d’âme elle va procéder. Elle ne dit point encore son malheur à son mari, et cela, sans doute, pour plusieurs raisons:

1. Pour ne pas lui donner cette douleur si elle peut la lui éviter;

2. Peut-être n’avait-il pas une foi aussi grande que la sienne;

3. Il l’affaiblirait par ses larmes; il troublerait par son affliction le recueillement, la possession d’elle-même dont elle avait besoin;

4. Il ne la laisserait peut-être pas aller au Carmel;

5. Il voudrait aller auprès du corps de son enfant...

Comme elle savait que le prophète n’habitait pas très loin, elle prit immédiatement la résolution de se rendre auprès de lui; ce n’était qu’une demi-journée de chemin; on était entre midi et une heure. Seulement voyez sa prudence et son respect pour son mari. Quoiqu’il ne s’agisse que d’une courte absence, quoiqu’elle veuille lui cacher pour le moment sa grande douleur, elle ne veut pas sortir sans son agrément. Elle lui demande de consentir à ce qu’elle aille chez «l’homme de Dieu,» et à ce qu’elle fasse pour cela seller une monture dans ses écuries: Envoie-moi, je te prie, un des domestiques et une ânesse, et je m’en irai et je reviendrai...

Son mari vint, très étonné de sa résolution, et lui dit, ne se doutant de rien, puisqu’il pensait que l’enfant dormait et que la mère était sans inquiétude: Mais pourquoi allez-vous là dans ce moment pour vos dévotions? Ce n’est ni la nouvelle lune, ni le sabbat. — Et elle répondit: TOUT VA BIEN.

Il est deux remarques importantes à faire ici.

Ces détails nous montrent que cette dame avait coutume d’aller aux saintes assemblées pour entendre la loi de Dieu et la parole des prophètes, pour prier et pour adorer, bien qu’elle fût une grande dame, bien qu’elle fût visitée dans sa maison par l’homme de Dieu, bien qu’il y eût beaucoup d’opprobre sur les prophètes dans le royaume d’Achab.

Voyez les égards qu’avaient l’un pour l’autre ces deux époux pieux. Elle ne va pas sans la permission de son mari; mais elle l’épargne en ne lui disant pas tout, peut-être en raison de son âge avancé.

Et lui, pensant qu’elle a quelque chose à dire à l’homme de Dieu, quelque motif spécial de se rendre auprès de lui, il la laisse partir sans lui faire de questions ultérieures.

Alors elle se hâte; elle recommande au serviteur de ne point la retarder; elle arrive à la montagne.

L’homme de Dieu, habitant la hauteur, la voit de loin; il reconnaît l’ânesse, le domestique la dame. Il est étonné, car Dieu ne lui avait rien révélé de ce qui s’était passé, et il dit à son serviteur: Voilà la Sunamite, cours au-devant d’elle. On voit son affection, son inquiétude. Les questions se pressent sur ses lèvres; il en fait trois de suite:

Te portes-tu bien?

Ton mari se porte-t-il bien?

L’enfant se porte-t-il bien?

Cette femme était en présence de Dieu; c’est là ce qui lui donnait cette possession d’elle-même. Elle répondit: Bien, voulant sans doute faire cesser les questions du serviteur; puis aussi, par un sentiment plus élevé qui lui permettait de dire en vérité que tout ce que Dieu faisait était bon, et comme le cher père de famille dont je vous parlais en commençant: «Dieu vit que tout ce qu’il avait fait était très bon

Que je finisse ma vie dans le deuil, ou que Dieu daigne me rendre mon enfant, tout est bien, semble-t-elle se dire; je m’en remets à sa volonté.

Cependant elle laisse bientôt cours aux sentiments qui remplissent son cœur.

Jusque-là elle avait été calme, maîtresse d’elle-même; elle avait déposé son cher petit garçon sur le lit du prophète et pris la clé de la chambrette sans rien dire à personne; mais dès qu’elle fut près de l’homme de Dieu, elle se jeta à ses pieds et les serra avec tant de véhémence, que Guéhazi, trouvant cela inconvenant, voulut la repousser; mais Élisée dit: Laisse-la; son âme est dans l'amertume et Dieu ne me l’a point déclaré!

Cela nous montre, chers enfants, qu’un prophète n’était infaillible que quand Dieu le rendait tel, et qu’il ne savait que ce que Dieu voulait lui révéler...

Vous vous rappelez Saint Paul appelant Ananias: «Paroi blanchie!» et expliquant ensuite qu’«il ignorait que ce fût le sacrificateur (Actes, XXIII, 3-5.)

Dieu ne révélait pas toutes choses à ses prophètes

de l’Ancien et du Nouveau Testament.





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