Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !
Leçons données dans une école du Dimanche sur les prophètes Elie et Elisée

VINGT-CINQUIÈME LEÇON

2 ROIS, IV, 1-7.

4:1 Une femme d’entre les femmes des fils des prophètes cria à Élisée, en disant: Ton serviteur mon mari est mort, et tu sais que ton serviteur craignait l’Éternel; or le créancier est venu pour prendre mes deux enfants et en faire ses esclaves.

2 Élisée lui dit: Que puis-je faire pour toi? Dis-moi, qu’as-tu à la maison? Elle répondit: Ta servante n’a rien du tout à la maison qu’un vase d’huile.

3 Et il dit: Va demander au dehors des vases chez tous tes voisins, des vases vides, et n’en demande pas un petit nombre.

4 Quand tu seras rentrée, tu fermeras la porte sur toi et sur tes enfants; tu verseras dans tous ces vases, et tu mettras de côté ceux qui seront pleins.

5 Alors elle le quitta. Elle ferma la porte sur elle et sur ses enfants; ils lui présentaient les vases, et elle versait.

6 Lorsque les vases furent pleins, elle dit à son fils: Présente-moi encore un vase. Mais il lui répondit: Il n’y a plus de vase. Et l’huile s’arrêta.

7 Elle alla le rapporter à l’homme de Dieu, et il dit: Va vendre l’huile, et paie ta dette; et tu vivras, toi et tes fils, de ce qui restera.


* * *

Chers enfants, on tombe souvent, au sujet de la providence de Dieu, dans deux erreurs très funestes.

1. D’un côté vous trouverez des gens qui imaginent que Dieu écoute bien les prières que lui adressent ses enfants pour ce qui concerne leur âme, mais que quant aux grands événements des empires, des royaumes et des républiques, il n’y intervient pas directement et que ces événements dépendent plutôt du jeu des volontés, des passions, des habiletés humaines, des batailles et des révolutions.

2. Et d’un autre côté il y a des gens qui vous diraient volontiers: J’admets bien que Dieu décide les grandes affaires du monde, les résultats des révolutions, l’issue des batailles, le sort des peuples; j’admets que les destinées du christianisme et les intérêts généraux de l’humanité sont trop engagés dans ces événements pour que Dieu ne les dirige pas; mais je ne pense point qu’il se mêle des petites circonstances de nos journées, des accidents d’un pauvre ménage, des crises d’une maladie, des soucis d’un ouvrier dans son galetas, ou d’une veuve et de ses deux petits garçons dans sa cabane, d’une pauvre marchande dans ses ventes et ses achats, dans ses embarras, ses emprunts et ses inquiétudes de la journée.

Ce sont là des objets trop minutieux et trop chétifs pour que le grand Dieu des cieux s’en occupe directement et continuellement.

Eh bien, mes chers enfants, ce sont là deux grandes erreurs pleines d’incrédulité et de mal; et c’est pour nous retirer de l’une et de l’autre que nous sont donnés les récits du livre des Rois.

Le chapitre III est destiné à nous détourner de la première, et celui que nous étudions ce matin doit nous détourner de la seconde.

Ce chapitre III, que vous ne m’avez pas récité, mais que vous avez, je l’espère, lu avec attention, nous présente un grand spectacle: les trois royaumes d’Israël, de Juda et d’Idumée, ligués contre celui de Moab, s’étaient mis en marche, leurs rois en tête, pour lui livrer bataille; et ils étaient sur le point de périr dans les plaines arides où ils s’étaient engagés, lorsque Dieu les délivra par le ministère d’Élisée le prophète.

Ce miracle devait montrer dans tous les temps, au peuple de Dieu, que la conservation des États vient de Dieu, et que par conséquent le premier intérêt d’un royaume ou d’une république, aux yeux d’un citoyen qui aime sa patrie et qui connaît Dieu, c’est la religion.

Voilà pour la première erreur:

Ce qui importe par-dessus tout, ce n’est pas que la forme de la constitution soit plus ou moins bonne, ce ne sont pas des alliés humains, des pièces de canon, des fortifications: C’EST LA PIÉTÉ, C’EST LA FAVEUR DE DIEU; et nos pères l’avaient bien compris, eux qui, l’année de l'escalade, firent graver sur le mur de la ville, vis-à-vis de l’endroit où les Savoyards avaient tenté l’assaut, ces mots en latin:

«C’EST L’ÉTERNEL QUI EST NOTRE REMPART.»

Quant à la seconde erreur:

Notre admirable chapitre de ce jour la réfute par ces faits touchants où Dieu nous montre sa providence spéciale:

envers les petits,

envers les pauvres tels que cette veuve du prophète et ses deux enfants;

envers les riches tels que cette dame de Sunem;

envers les indigents chargés de dettes, comme dans le miracle de la cruche d’huile;

envers les petits garçons malades, comme dans le cas de celui qui, sorti un jour pour aller trouver son père vers les moissonneurs, s’écria tout à coup: «Ma tête! ma tête!» et qui, porté à la maison et couché sur les genoux de sa pauvre mère, mourut à l’heure de midi, mais fut ensuite ramené à la vie par le ministère et les prières d’Élisée.

On apprend, par ces récits, ce que veulent dire des expressions comme celle-ci:

«MARCHER AVEC DIEU

C’est-à-dire vivre dans sa communion, être constamment avec lui, s’attendre à son intervention, à son secours, lui remettre toutes choses.

Si nous les méditons avec attention, il en résultera une grande bénédiction sur notre vie, une grande confiance en notre Dieu; mais pour cela, il faut que nous nous sentions pardonnés, en paix avec lui par Jésus-Christ, autrement la pensée de tout le mal qui a été et qui est encore en nous nous empêcherait de compter sur son secours.

C’est la connaissance de Jésus-Christ qui seule nous donne cette simple et enfantine confiance que Dieu viendra à notre aide à cause des mérites de notre Sauveur.

Étudions donc avec recueillement l’histoire de la pauvre veuve que vous venez de réciter.

Le prophète résidait d’ordinaire, sur la montagne de Carmel, et de là il visitait les écoles des prophètes et les villages d’Israël. Un jour il vit arriver auprès de lui, toute désolée, une femme accompagnée de deux petits garçons. Elle avait perdu le soutien humain, le consolateur de sa vie, son mari bien-aimé, qui était un homme pieux, mais qui néanmoins, par des accidents que nous ignorons, avait laissé des dettes.

Elle avait une grande peine à nourrir ses deux enfants, et jugez maintenant de sa douleur: le cruel créancier de son mari, ne trouvant point dans la maison de meubles à saisir pour se faire payer, allait amener la justice pour prendre les deux petits garçons et les faire vendre en esclavage. Quelle détresse!

Et croirez-vous, mes amis, que Dieu ne se mêle pas de tout cela, lui qui «soutient l’orphelin et la veuve (Ps. CXLVI, 9.);» lui qui a «compté les cheveux de nos têtes, et sans la permission duquel un passereau même ne tombe pas en terre (Matth., X, 29, 30.)

Reprenons les mots de notre premier verset: Or, une veuve d’un des fils des prophètes. Vous savez ce que signifie ce mot: Un fils des prophètes; un de leurs élèves, peut-être un de leurs élèves chéris, un de ces jeunes gens qu’ils protégeaient, qu’ils enseignaient, qu’ils conduisaient comme un père conduit son fils.

Une veuve... Ces fils des prophètes étaient donc mariés?

Oui, les prophètes, les sacrificateurs, les ministres de la religion, les docteurs en Israël se mariaient; Moïse le conducteur du peuple, Aaron le chef des sacrificateurs, étaient mariés.

Le Nouveau Testament nous déclare aussi «le mariage honorable;» et bien plus, il nous apprend que tous les apôtres étaient mariés, excepté Saint Paul, et celui-ci nous déclare lui-même qu’il aurait eu le droit de l’être comme tous les autres. Il nous apprend également qu’il devait venir dans le monde une grande apostasie qu’on reconnaîtrait à diverses hérésies, et entre autres à celle-ci: qu’elle interdirait le mariage (Héb., XIII, 4. 1 Cor., IX, 5. 1 Tim., IV, 3.).

Et cette veuve cria à Élisée. Vous pouvez vous figurer son désespoir; elle parlait avec des larmes, des sanglots, des cris.

Ah! Dieu ne condamne pas nos larmes. Il les sanctifie quand elles sont répandues devant lui. Jésus lui-même a pleuré sur le cimetière de Béthanie avec Marthe et Marie, quoiqu’il sût qu’il allait les consoler en leur rendant leur frère. Et il n’a pas seulement pleuré pour les autres; hélas! il a pleuré pour lui-même, et non seulement pleuré, mais poussé des cris dans le jardin de Gethsemané, et cela parce qu’il s’était mis à notre place.

Si vous voyez un homme de trente ou quarante ans verser des larmes, pousser des cris, vous en seriez très émus, et vous penseriez que sa douleur doit être très grande. Ah! si jamais vous étiez témoin d’un tel spectacle, dites-vous: On a pu voir, un soir, dans un jardin, mon Sauveur, âgé de trente-trois ans, «poussant des cris et versant des larmes (Héb., V, 7.);» et cela pour moi! Cette pensée vous sera en secours dans vos afflictions, et vous apprendra beaucoup de choses.

Et que disait la pauvre veuve?

Elle rapportait à Élisée:

1. Que son disciple était mort;

2. Que ce disciple était pieux, qu’il était un des ces «sept mille;»

3. Qu’il avait laissé des dettes;

4. Que son créancier était venu pour prendre les deux enfants et pour les vendre.

Vous le voyez, chers amis, ce fils des prophètes, cet homme pieux, en mourant avait laissé sa famille non seulement dans la pauvreté, mais dans de grands embarras.

Hélas! ceci nous montre que Dieu peut trouver bon que ses plus chers serviteurs aient des angoisses, qu’ils soient dans le besoin, ou même dans des situations très difficiles.

Nous ne les choisissons pas, nos détresses. Tel en aura dans son corps; il passera de longues journées, de longues nuits sans sommeil et sans repos, et il se dira: Je suis le plus malheureux des hommes; on croit toujours cela quand on est affligé. Un autre perdra son père ou sa mère, une femme perdra son mari, ou un mari sa femme. Dieu permet tout cela pour exercer ses serviteurs à la foi et à la patience; mais jamais il ne les abandonne s’ils mettent leur confiance en lui.

Les chrétiens, mes enfants, doivent éviter soigneusement de faire des dettes, et, en tous cas, il ne faut jamais qu’elles soient contractées par négligence, par prodigalité, par légèreté, ou pour n’avoir pas su se refuser quelque fantaisie.

C’est tenter Dieu que d’en faire; en outre, elles sont très nuisibles à l’âme.

1. Elles ôtent le repos; elles jettent dans des inquiétudes et des préoccupations qui empêchent d’écouter et d’étudier attentivement la Parole de Dieu et de prier en paix. Ce sont des épines qui étouffent le bon grain dans le champ.

2. Elles exposent à des indélicatesses: on emprunte sans savoir si l’on pourra rendre, ce qui est une injustice, une tromperie, un abus de confiance.

3. On amène par là du discrédit sur le peuple de Dieu et sur l’Évangile.

4. Outre les soucis qu’on se donne de son vivant, on risque d’en laisser à d’autres après sa mort. Dans quelle détresse les dettes ne laissent-elles pas une famille lorsque son chef vient à mourir!

Cependant c’est un mal quelquefois inévitable, même pour des chrétiens scrupuleux, à cause des accidents, des maladies ou des persécutions.

Un homme qui gagnait honorablement sa vie tombe malade; non seulement il ne peut plus travailler, mais encore il faut payer des médecins, des remèdes, et il faut que la famille vive pendant ce temps; peut-être fera-t-il alors quelques dettes; mais ce n’est pas sa faute, et Dieu y pourvoira.

Un autre éprouve des accidents: sa maison prend feu, ou quelqu’un qui lui doit ne paie pas, ou bien il vit en un temps de persécutions, comme autrefois les protestants en France.

Ah! quand il en est ainsi, il faut se rappeler que LE SEIGNEUR N’ABANDONNE PAS CEUX QUI LUI APPARTIENNENT!

Il faut lui remettre sa cause comme la pauvre veuve, et il enverra le secours en son temps et en son lieu.

Chers enfants, quand vous serez dans la détresse, soit pour vous-mêmes, soit pour votre père ou pour votre mère, et quand eux-mêmes y seront pour vous, ah! c’est au Seigneur qu’il faut aller, au Père des miséricordes, à la Parole de vie, comme la veuve alla auprès du prophète de l’Éternel.

Le créancier de cette pauvre femme se montrait dur. Peut-être était-il lui-même dans la gêne; d’ailleurs on ne doit pas juger sévèrement quelqu’un qui, après avoir rendu un service, exige ce qui lui est dû; peut-être était-il d’autant plus exigeant, que le défunt et sa famille étaient des gens pieux, des piétistes, des méthodistes... Et, comme il ne trouvait à prendre ni table, ni chaise, ni draps, ni provisions, il se décida, suivant l’usage, à faire vendre les enfants!

Vous ne pouvez plus aujourd’hui vous faire une idée de ce qu’était alors l’esclavage. Les maîtres avaient sur leurs esclaves droit de vie et de mort; ils les traitaient comme des bêtes de somme; ils les vendaient comme des chevaux ou des boeufs. C’est le christianisme, le christianisme protestant, qui a fait cesser ces horreurs, et encore pas partout.

La loi de Dieu avait adouci l’esclavage chez les Hébreux: elle l’avait réduit à n’être plus qu’un servage de quelques années, et la Palestine fut, pendant quinze siècles, le seul pays où l’esclavage perpétuel ne fut pas établi. On n’a pas assez admiré ces dispositions de la loi de Moïse, les seules de cette nature qui existassent alors sur la terre: «Si tu achètes un esclave hébreu, il te servira six années, et à la septième il sortira pour être libre sans rien payer (Exode. XXI, 2.).

Il reste à savoir si, dans ces temps d’impiété et de corruption, cette loi était encore observée, et si l’on n’en était pas plutôt venu à se conformer en Israël aux coutumes de toutes les autres nations, en sorte que les deux pauvres petits garçons courussent risque, non seulement d’être séparés de leur mère et vendus pour six ans, mais d’être asservis toute leur vie.

Maintenant, que va faire Élisée?

Il était probablement devenu pauvre en devenant prophète. Aussi le malheureux Voltaire, qui se moquait de la religion, disait: «C’était un vilain métier que celui de prophète en Israël.»

Oui, le plus vilain de tous si c’est un métier, le plus noble de tous s’il est exercé pour Dieu. Élisée ne peut pas payer, mais il reconnaît que la compassion, la justice et l’honneur de la religion, demandent qu’on vienne au secours de cette malheureuse veuve et que sa dette soit payée; il dit donc à la femme: Qu'est-ce que je ferai pour toi? Que te reste-t-il?

Hélas! tout était vendu; il ne lui restait qu’un pot d’huile, sans doute le présent de quelque bon voisin, ami du défunt et compatissant, qui, en recueillant ses olives, avait fait la part du nécessiteux. Mais qu’est-ce que cela, pour nourrir trois personnes et pour payer le créancier?

Alors il dit à la femme: Va, demande des vases vides dans la rue à tous tes voisins, et n’en demande pas en petit nombre.

Remarquez la sagesse déployée dans ce miracle; Dieu veut l’accomplir de manière à enseigner que, pour faire un vrai bien aux pauvres, il faut les aider à s’aider eux-mêmes et à tirer parti de ce qu’ils ont.

Mais écoutez donc ce que doit faire la veuve:

1. Rentrer;

2. Fermer la porte sur elle et sur ses deux garçons;

3. Verser l’huile et faire enlever les vases à mesure qu’ils sont remplis.

Pourquoi fermer? Pour être recueillie, grave, en adoration, pour n’être pas interrompue, pour qu’il n’y ait ni éclat, ni ostentation, ni louange de la part des hommes, ni tentation à l’orgueil.

Rentre et ferme la porte sur toi et sur tes deux petits garçons; plus tard vous vous entretiendrez souvent de cette heure, et vous en parlerez aussi dans vos prières.

La femme eut de la foi; elle emprunta les vases; mais si elle avait eu plus de foi elle aurait eu plus de vases. Jésus a souvent dit:

«Qu’il te soit fait selon ta foi (Matth., IX, 29.)

«Ouvre la bouche et je la remplirai,» dit le Seigneur dans un Psaume (Ps. LXXXl. 10.).

Espérez beaucoup et il vous sera beaucoup donné!

Représentez-vous ces trois êtres. Il me semble que je vois cette mère et ces deux enfants quand ils ont barré la porte: l’un des garçons apportant les vases vides, l’autre emportant les vases pleins, et la mère versant l’huile. Et aussitôt qu’elle eut rempli les vases, elle dit à l'un de ses fils: Apporte-moi encore un vase; et il répondit: Il n’y a plus de vases... et l’huile s’arrêta...

Dieu ne donne que ce qu’il faut,

mais il donne tout ce qu’il faut.

C’est ce que notre Société évangélique, par exemple, a compris et éprouvé. Nous la fondâmes, il y a seize ans, selon nos faibles moyens; nous n’avions qu’un pauvre petit pot d’huile, mais Dieu nous dit: Ouvrez une école de théologie, bâtissez un oratoire, envoyez en France des colporteurs, des maîtres d’école, des pasteurs. — Voilà beaucoup de vases vides, et ils se sont remplis par la grâce de Dieu...

Que va faire la femme avec ses fils?

Il lui fallait une permission: Va, vends l’huile et paie ta dette et vous vivrez, lui dit le prophète; paie, c’est ton premier devoir, c’est t’enrichir. Tu trouveras ton pain bon quand tu ne devras plus rien.

Nous verrons, dimanche, de nouveaux miracles accomplis, non en faveur d’un royaume, ni en faveur d’une veuve, mais en faveur d’un petit garçon.




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