Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !
Leçons données dans une école du Dimanche sur les prophètes Elie et Elisée

VINGT-DEUXIÈME LEÇON

2 ROIS, II, 1-8.

2:1 Lorsque l’Éternel fit monter Élie au ciel dans un tourbillon, Élie partait de Guilgal avec Élisée.

2 Élie dit à Élisée: Reste ici, je te prie, car l’Éternel m’envoie jusqu’à Béthel. Élisée répondit: L’Éternel est vivant et ton âme est vivante! je ne te quitterai point. Et ils descendirent à Béthel.

3 Les fils des prophètes qui étaient à Béthel sortirent vers Élisée, et lui dirent: Sais-tu que l’Éternel enlève aujourd’hui ton maître au-dessus de ta tête? Et il répondit: Je le sais aussi; taisez-vous.

4 Élie lui dit: Élisée, reste ici, je te prie, car l’Éternel m’envoie à Jéricho. Il répondit: L’Éternel est vivant et ton âme est vivante! je ne te quitterai point. Et ils arrivèrent à Jéricho.

5 Les fils des prophètes qui étaient à Jéricho s’approchèrent d’Élisée, et lui dirent: Sais-tu que l’Éternel enlève aujourd’hui ton maître au-dessus de ta tête? Et il répondit: Je le sais aussi; taisez-vous.

6 Élie lui dit: Reste ici, je te prie, car l’Éternel m’envoie au Jourdain. Il répondit: L’Éternel est vivant et ton âme est vivante! je ne te quitterai point. Et ils poursuivirent tous deux leur chemin.

7 Cinquante hommes d’entre les fils des prophètes arrivèrent et s’arrêtèrent à distance vis-à-vis, et eux deux s’arrêtèrent au bord du Jourdain.

8 Alors Élie prit son manteau, le roula, et en frappa les eaux, qui se partagèrent çà et là, et ils passèrent tous deux à sec.


* * *

Notre leçon d’aujourd’hui nous occupera, non plus des rois d’Israël et de leurs voies d’iniquité, mais des prophètes d’Israël et de leurs voies de piété; et là elle nous présentera deux objets bien graves et bien touchants:

d’un côté, le grand prophète Élie, averti de son délogement;

et de l’autre, le grand prophète Élisée, décidé devant Dieu à demeurer avec son maître jusqu’au moment douloureux, mais solennel et précieux, de ce départ.

Ces deux objets vont nous donner d’importantes leçons.

Chers enfants, le Seigneur, pour nous instruire, emploie sa Parole; mais il emploie aussi les effets produits par cette Parole dans le cœur de ses enfants, surtout à l’époque de leur affliction ou de leur mort; tout comme on peut éclairer une chambre en y faisant pénétrer un rayon de soleil au travers de quelque ouverture, ou bien seulement par un miroir qui, de dehors, réfléchit ce rayon: la chambre est éclairée plus vivement par le premier moyen, mais le second a aussi son utilité.

C’est un moment solennel que celui du départ d’un serviteur de Dieu; nous ne quittons pas ce monde tous à la fois, et ce serait un grand malheur qu’il en fût ainsi, car c’est un enseignement solennel que de voir mourir un vrai chrétien, que de contempler sa douceur, son espérance, sa foi, son amour pour Jésus-Christ, son humilité, sa céleste joie; que d’être témoins des secours abondants qu’il reçoit d’en haut au milieu de ses souffrances, de son attachement toujours croissant à la parole de vie, et des bienheureuses espérances dont Dieu remplit son âme.

Si donc vous aviez dans votre maison quelque parent vraiment chrétien, un père, une mère, qui dût vous quitter par la mort, ah! chers enfants, il ne faut pas fuir un tel spectacle; il faut vouloir, comme Élisée, en être témoin dans un esprit de prière et de piété; il faut vouloir, comme lui, profiter des leçons que Dieu vous donne par ce moyen.

Oui, au lieu de fuir ce spectacle, il faut le chercher, il faut l’apprécier, il faut demander à Dieu de vous le rendre profitable; il faut dire, autant que vous le pouvez, comme Élisée: Ô mon père! mon père! l'Éternel est vivant et ton âme est vivante, que je ne te laisserai point.

Reprenons donc notre leçon par son premier verset.

Voici le moment bienheureux pour Élie, triste mais précieux pour Élisée, où Dieu veut retirer de ce monde de combat et de souffrance son fidèle serviteur.

Ici remarquez, je vous prie, la manière extraordinaire de l’Écriture dans toute l’histoire de ce prophète: elle en amène toujours les événements d’une manière brusque, soudaine, sans avertissement ni préparation; elle ne nous donne aucune date, ni celle de sa naissance, ni celle de sa vocation, ni celle de sa fin.

Quand Élie paraît pour la première fois, vous vous le rappelez, au chapitre XVIIe, c’est tout d’un coup, comme un météore, comme une comète:

Alors Élie, Tisbite, dit à Achab: L’Éternel, en la présence duquel je me tiens, est vivant, qu'il n'y aura, pendant trois ans, ni pluie, ni rosée, sinon à ma parole.

Quand ensuite Achab et Jésabel sont occupés à se mettre en possession de la vigne de l’innocent Naboth, voilà encore Élie qui, soudain, apparaît au milieu de la cour: Ainsi a dit l’Éternel, n’as-tu pas tué, ne t’es-tu pas mis en possession?... Les chiens lécheront ton sang.

Et aujourd’hui encore, point de date; on ne sait quand, on ne sait à quel âge l'Éternel veut l'enlever par un tourbillon; on sait seulement qu’il est avec son fidèle Élisée, et qu’il part de Guilgal, près des rives du Jourdain.

Vous vous rappelez ce que c’était que ce Guilgal, d’où venait ce nom et ce qu’il signifiait (Josué IV, 20.). Mais quelle étrange nouvelle! Il arriva que l'Éternel voulut enlever Élie aux cieux par un tourbillon. Aux cieux!

Les fidèles qui sont morts en la foi sont-ils maintenant aux cieux?

Non, mes enfants; cela ne nous est dit nulle part: il nous est enseigné, tout au contraire, qu’ils n’y sont pas. Lisez-moi, par exemple, ce qui concerne David, «l’homme selon le cœur de Dieu» (Actes, II, 29, 34).

Mais il se passait alors, pour cet étonnant prophète, un événement admirable, unique, inouï, qu’on n’avait jamais vu depuis les jours du déluge, et qu’on n’avait vu qu’une seule fois auparavant.

Depuis trois mille années que les hommes habitaient la terre, jamais aucun d’eux, sauf un seul, n’avait été excepté de cette terrible sentence: «Tu es poudre et tu retourneras en poudre.» «Par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort, et la mort est venue sur tous les hommes (Rom., V, 12.)

Un seul, Hénoch, l’aïeul de Noé, 2122 ans avant Élie, avait été «enlevé pour ne point passer par la mort, et il n’avait plus été trouvé, parce que Dieu l’avait enlevé (Héb., XI, 5.)

Cette faveur sera-t-elle accordée à d’autres qu’à Hénoch et à Élie?

Oui, Saint Paul nous le dit expressément: «Au jour de Christ tous les fidèles qui sont dans les sépulcres ressusciteront; puis ceux qui seront vivants à cette époque seront enlevés avec eux au-devant du Seigneur.» «Aussi,» ajoute Saint Paul, «consolez-vous par cette parole (1 Thes., IV, 18.)

Il paraît, soit par le verset 1er de notre leçon, soit par les suivants, qu'on savait d’avance ce qui allait arriver.

Sans doute par une révélation qui avait fait du bruit parmi les écoles de prophètes, mais qui ne nous est point racontée, Dieu avait fait connaître à Élie qu’il ne mourrait pas à la manière des autres hommes; qu’il serait enlevé au ciel par un tourbillon et transformé à l’état nécessaire pour habiter le monde des esprits, et en outre que ce grand événement était proche.

En effet, vous voyez ici qu’Élie s’y attend; Élisée s’y attend, et dans leurs écoles, soit à Jéricho, soit à Béthel, soit au Jourdain, les fils des prophètes s’y attendent également.

Qu’est-ce que Dieu voulait enseigner par ce grand événement?

Bien des choses, sans doute.

1. Il voulait distinguer son grand serviteur et honorer ses services;

2. Donner du poids à ses prédications. Jugez de ce qu’en durent être les souvenirs pour ceux qui les avaient entendues, quand ils apprirent que ce grand homme était monté au ciel dans un char de feu, au milieu des manifestations de la gloire et de la puissance de Dieu;

3. Prêcher la vie à venir à ces esprits matériels, incrédules;

4. Préfigurer l’œuvre de Jésus-Christ et son Évangile, apprendre aux hommes qu’il est ouvert, ce ciel, «ce pays qu’attendait déjà Abraham (Héb., XI, 13-16.)

Quand Élisée, le digne jeune ami d’Élie, son disciple, son serviteur et son successeur, eut appris cette prochaine dispensation de Dieu, il en fut très ému, affligé tout à la fois et reconnaissant; reconnaissant pour Élie, affligé pour lui-même et pour Israël. Aussi s’écria-t-il dans sa tendre admiration et son ardeur patriotique: Mon père! mon père! chariot d’Israël et sa cavalerie! mais il prit devant Dieu, soit par affection, soit par piété, la ferme résolution de ne rien négliger pour obtenir la faveur d’être témoin de ce grand événement. Il espérait que Dieu lui accorderait ce privilège, et verserait peut-être sur lui quelques-uns des dons qu’il avait répandus sur son maître; c’est pourquoi il résolut de ne point se séparer de lui.

Mais Élie, vous le voyez, croyait devoir être seul dans ce moment solennel; c’est pourquoi, sans s’expliquer, sans vouloir affliger son cher Élisée, il tenta par quatre fois de l’éloigner, et chercha à le laisser, d’abord à Guilgal, puis à Béthel, puis à Jéricho, puis au Jourdain.

Vous êtes-vous fait montrer tous ces endroits sur la carte?

Guilgal était à une lieue de la rivière, non loin de Jéricho;

Béthel, à trois lieues de Jérusalem, en sorte que tout ce voyage s’accomplissait dans un circuit peu étendu.

Ces trois ou quatre lieux divers étaient de ceux où Élie, à l’exemple de Samuel, avait établi, vous le savez, des écoles de prophètes, c’est-à-dire de jeunes hommes préparés pour le service de Dieu.

Il venait donc les visiter avant son départ; il venait leur faire ses dernières exhortations, les sommer de donner tout leur cœur au Seigneur et de le servir fidèlement en Israël; il venait prendre congé d’eux jusqu’au «jour de Christ (Philip., I, 6-10; II, 16.)

Mais pourquoi voulait-il y aller seul et se séparer de ce pieux Élisée qu’il avait choisi lui-même, par lequel il avait été suivi avec tant de dévouement, qui lui était si attaché et qui devait devenir son successeur dans sa grande œuvre?

Ce pouvait être en premier lieu par humilité. Dieu l’avait honoré par de grandes faveurs. Il allait être enlevé au ciel comme personne ne l’avait été, sauf Hénoch, et il pensait peut-être qu’il faut être très discret, très sobre de paroles au sujet des choses qui se passent entre Dieu et notre âme.

Secondement, pour éprouver Élisée.

Troisièmement, Élie sentait le besoin de se recueillir, de n’être pas interrompu à ce moment si solennel. C’est un sentiment qu’éprouve souvent un chrétien à l’approche de son délogement.

Alors les fils des prophètes... c’est-à-dire leurs disciples; cette expression indique sans doute l’amour des prophètes pour ces jeunes gens, et la déférence des jeunes gens pour les prophètes qui étaient leurs pères dans la foi, comme Paul l’était de Timothée et de Tite, qu’il appelle ses fils (1 Tim., I, 2; 2 Tim., II, 1; Tite I, 4.), parce qu’il les avait amenés à Dieu.

Ces jeunes gens n’osèrent pas s’adresser directement à Élie, mais au jeune Élisée, presque leur collègue et leur contemporain: Ne sais-tu pas, lui dirent-ils, qu’aujourd’hui l’Éternel va enlever ton maître d’avec toi?

Et eux, comment le savaient-ils?

Cela ne nous est pas dit; mais il paraît évident que la révélation qui en avait été donnée était parvenue jusque dans leurs écoles.

Et Élisée répondit: Je le sais bien aussi; taisez-vous.

On doit voir dans cette parole, non du dépit et de l’impatience, mais une vive émotion et un grand respect pour Élie; son désir ardent de demeurer calme, et celui de son maître de n’être point troublé. Il ne veut parler qu’à Dieu de cette affaire; il va perdre son père; il veut que les hommes se taisent et que Dieu lui parle seul.

Oh! mes chers enfants, si Dieu vous appelait près du lit de mort d’un parent, parlez peu mais recueillez-vous beaucoup; et si vous dites à ceux qui vous entourent: Je le sais bien, taisez-vous, que ce soit pour parler à Dieu, pour que lui ne se taise point avec vous ni vous avec lui.

La même scène se répéta à Jéricho, où se trouvait une autre école de prophètes.

Élie ne savait peut-être pas quelle était la volonté de Dieu à l’égard de son cher Élisée; c’est pourquoi il le laissa faire; il n’usa point d’autorité; il se demandait sans doute: Dieu veut-il que je sois seul? et ils arrivèrent ainsi au Jourdain.

Soit qu’il y eût là aussi une école, soit que les jeunes gens fussent venus d’eux-mêmes au bord du fleuve dans le désir d’assister à l’événement qui se préparait, ils se tenaient vis-à-vis sur la hauteur, au nombre de cinquante, regardant, mais, par respect sans doute, demeurant à distance.

Voyez quelle fut la puissance merveilleuse que Dieu donna à la foi du prophète au moment où il allait le retirer de ce monde et mettre fin à ses longs combats. Élie détache sa ceinture de cuir de ses reins; il prend son grossier manteau de poil de chameau, qui l’assimilait aux plus pauvres habitants du pays; il le replie dans sa longueur, et, le tenant par une extrémité, il en frappe les eaux du Jourdain, si rapides en cet endroit et si profondes, qu’un homme ne peut s’y tenir debout et qu’il est presque impossible d’y nager.

Alors les eaux se divisèrent à la place frappée; celles d’en haut s’arrêtèrent en monceau, celles d’en bas continuèrent de couler vers la, mer de Sodome, et les deux prophètes passèrent ensemble à pied sec à la vue des cinquante jeunes hommes étonnés qui les contemplaient de loin.


 

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