Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !
Leçons données dans une école du Dimanche sur les prophètes Elie et Elisée

VINGT ET UNIÈME LEÇON

2 ROIS, I, I, 11-18.

11 Achazia envoya de nouveau vers lui un autre chef de cinquante avec ses cinquante hommes. Ce chef prit la parole et dit à Élie: Homme de Dieu, ainsi a dit le roi: Hâte-toi de descendre!

12 Élie leur répondit: Si je suis un homme de Dieu, que le feu descende du ciel et te consume, toi et tes cinquante hommes! Et le feu de Dieu descendit du ciel et le consuma, lui et ses cinquante hommes.

13 Achazia envoya de nouveau un troisième chef de cinquante avec ses cinquante hommes. Ce troisième chef de cinquante monta; et à son arrivée, il fléchit les genoux devant Élie, et lui dit en suppliant: Homme de Dieu, que ma vie, je te prie, et que la vie de ces cinquante hommes tes serviteurs soit précieuse à tes yeux!

14 Voici, le feu est descendu du ciel et a consumé les deux premiers chefs de cinquante et leurs cinquante hommes: mais maintenant, que ma vie soit précieuse à tes yeux!

15 L’ange de l’Éternel dit à Élie: Descends avec lui, n’aie aucune crainte de lui. Élie se leva et descendit avec lui vers le roi.

16 Il lui dit: Ainsi parle l’Éternel: Parce que tu as envoyé des messagers pour consulter Baal-Zebub, dieu d’Ekron, comme s’il n’y avait en Israël point de Dieu dont on puisse consulter la parole, tu ne descendras pas du lit sur lequel tu es monté, car tu mourras.

17 Achazia mourut, selon la parole de l’Éternel prononcée par Élie. Et Joram régna à sa place, la seconde année de Joram, fils de Josaphat, roi de Juda; car il n’avait point de fils.

18 Le reste des actions d’Achazia, et ce qu’il a fait, cela n’est-il pas écrit dans le livre des Chroniques des rois d’Israël?


* * *

La Bible, mes enfants, est le livre de Dieu ou elle n’est pas le livre de Dieu.

Si la Bible n’est pas le livre de Dieu, ah! il ne faut pas être ici, il ne faut pas nous dire chrétiens; il ne nous reste que le désespoir, et la pensée horrible que nous mourons comme les bêtes, ou bien que nous allons devant le Juge sans réconciliation, sans Sauveur. «Si Christ n’est pas ressuscité, nous sommes les plus malheureux des hommes,» disait Paul; «nous sommes encore dans nos péchés, sous la colère de Dieu, et si nous n’avons mis notre espérance dans le Christ que pour cette vie seulement, nous sommes les plus misérables de tous les hommes (1 Cor., XV, 17-19.)

Mais d’un autre côté, si la Bible est de Dieu, ah! prenons garde de ne pas être comme ces malheureux et coupables capitaines qui, tout en appelant Élie homme de Dieu, l’outragent et le persécutent et qui périssent par le feu du ciel!

Si la Bible est de Dieu, que deviendront ceux qui ne s’en embarrassent pas, qui ne la suivent pas, et qui se font les amis de ceux qui l’outragent et la persécutent?

C’est Jésus-Christ qui a dit que ceux qui n’écouteront pas les paroles de ses apôtres seront traités au jour du jugement plus rigoureusement que les méchants de Sodome et de Gomorrhe (Matth., X, 15.).

Chers enfants, il nous faut bien reconnaître ce que Dieu a voulu nous enseigner par le jugement terrible qu’il fit tomber dès cette terre sur ces coupables capitaines israélites, lesquels, sachant qu’Élie était un homme de Dieu, vinrent néanmoins, pour obéir à un roi de la terre, méchant, idolâtre et impie, saisir sur la montagne le prophète de l’Éternel.

Nous voyons, dans nos versets de ce jour, deux crimes:

celui d’Achazia

et celui de ses officiers,

et deux jugements:

Le feu du ciel sur les capitaines

et la mort annoncée au roi: Tu ne descendras pas du lit où tu es monté.

Il y a dans ces faits plusieurs leçons importantes qu’il nous faut reconnaître et recueillir; il s’y présente aussi quelques difficultés qu’il nous faut expliquer et résoudre.

Et d’abord, pourquoi ce jugement si sévère sur ces malheureux capitaines qui ne faisaient, après tout, qu’obéir à leur prince et accomplir leur devoir?

N’avaient-ils pas reçu une consigne: Allez prendre cet homme? Ils obéissent à leur consigne. — Où donc est leur crime?

Mais voici une seconde difficulté.

Le passage que nous étudions revint un jour à la mémoire des apôtres de notre Seigneur comme ils traversaient une petite ville des Samaritains où l’on avait refusé de les recevoir, et ils eurent le désir d’imiter Élie et de faire descendre le feu du ciel sur les méchants.

Jésus-Christ les reprit sévèrement, comme nous le verrons plus tard. Où était donc la différence?

Justement dans l’esprit dont ils étaient animés, ainsi que je vais vous le montrer.

Nous avons laissé l’homme de Dieu sur la montagne. Il ne se cachait point depuis sa rencontre avec les messagers qui se rendaient à Hékron; il se tenait au contraire au sommet du coteau, apparemment sur un rocher très escarpé. Homme de Dieu, descends, lui criait-on.

Et qui est-ce qui lui intimait cet ordre?

Un malheureux Israélite, un officier d’Achazia avec ses cinquante soldats également Israélites.

Examinons d’abord le crime d’Achazia.

Voyez quel est l’endurcissement du pécheur une fois qu’il a commencé à raidir son cœur contre la parole de Dieu.

Achazia est malade; il est brisé; il voit lui-même la mort de près; il reçoit un avis de l’homme de Dieu; et, au lieu de se soumettre et de demander grâce, comme avait fait son père Achab, quand il jeûnait couvert de sac et de cendres et se tenait prosterné, non, Achazia veut tuer le prophète; il le hait; il s’endurcit de plus en plus! Si c’eût été l’oracle du dieu infâme de Hékron qui lui eût fait dire: «Tu mourras,» il se serait soumis; mais c’est un homme de Dieu, et il hait tout ce qui est du vrai Dieu.

Voyez ensuite le crime des capitaines.

Ils savaient que le prophète était un «homme de Dieu.» Ils agissaient donc contre leur propre conscience; mais ils craignaient de perdre la faveur du monarque, leurs emplois, peut-être leur vie, et ainsi ils bravaient le Dieu d’Israël; ils se faisaient les serviteurs de ceux qui l’insultaient et qui persécutaient ses prophètes.

Que leur répond Élie, du haut de son rocher?

Toute la force de son reproche est dans ce petit mot: Si. Tu m’appelles homme de Dieu, et tu as raison. Je suis ici de la part de ton Créateur et de ton Juge, du Dieu d’Israël, du Dieu de tes pères, du Dieu qui est un feu consumant (Héb., XII, 29.).

Je suis ici pour protester contre les Israélites qui l’oublient et qui l’outragent. Et toi, que fais-tu? Tu viens pour livrer à ton roi idolâtre le serviteur de ton Dieu. Ah! il faut, puisque tu braves ainsi l’Éternel à la face de tout Israël, il faut qu’au lieu de moi, que tu prétends faire descendre de la montagne, ce soit le feu du ciel qui descende et qui te consume, toi et ta cinquantaine. Il faut que tout Israël reçoive cette leçon.

À peine cet homme, vêtu de poil et d’une ceinture de cuir, a-t-il proféré ces mots que le fier capitaine et ses cinquante hommes sont frappés du feu venu du ciel et meurent consumés au pied de la montagne.

Mais on demandera ce qu’auraient dû faire ces pauvres gens.

Des militaires ne sont-ils pas obligés d’obéir à leur chef?

Oui, avec zèle, promptitude, sincérité, courage, dévouement; mais seulement dans les choses honnêtes, jamais dans les autres. On les menaçait de mort. Oui, mais vous verrez au chapitre IV des Actes des Apôtres, aux versets 18 à 21, ce qu’ils auraient dû répondre, et, au verset 29, ce qu’ils auraient dû faire.

On les aurait peut-être mis à mort; on les aurait pendus, décapités. Oui, mais Jésus-Christ nous a enseigné ce qu’il y a à faire en pareil cas. Lisez-le-moi: Matth., X, 28.

Ce grand et terrible exemple ne servit ni à Achazia, ni au reste de ses officiers.

Attribuant probablement à la foudre la mort du premier capitaine, il en envoya immédiatement un autre. Mais remarquez son aveuglement et sa folie, car si Élie était un simple homme, un imposteur, trois hommes suffisaient pour le prendre; s’il était un serviteur de Dieu, que pouvaient contre lui un capitaine et cinquante soldats? «Quand toute une armée se camperait contre moi, je ne craindrais point,» disait David (Ps., XXVII, 3.).

Voyez aussi l’insolence et la folie de ce second capitaine, qui était probablement un des serviteurs de Jésabel, habitués à opprimer et à persécuter, car il est plus hautain et plus impie que le précédent.

Hâte-toi de descendre, crie-t-il. Alors Élie, non par colère, non pour se défendre, mais, comme nous le voyons, par l’inspiration de Dieu, qui voulait, par ce châtiment, donner une grande leçon dans l’histoire et avertir tout Israël, Élie répondit encore: Si je suis un homme de Dieu, que le feu descende des deux et te consume...

Ceci nous montre le malheur et le crime des hommes qui font ouvertement la guerre à Dieu.

Dieu est obligé, pour maintenir l’honneur de sa cause, de faire tomber visiblement sur eux les jugements de sa sévérité, surtout s’il s’agit de pays où sa parole est connue et prêchée, comme c’était le cas en Israël au temps d’Élie et d’Élisée.

C’est pour cela que Jésus s’est écrié: «Malheur à toi, Chorazin! Malheur à toi, Bethsaïda... car les gens de Tyr et de Sidon seront traités moins rigoureusement que vous au jour du jugement (Matth., XI, 21.22.)

Il faut trembler pour les gouvernements qui font la guerre à la parole ou aux serviteurs, de Dieu.

Maintenant, chers enfants, est-il permis à des chrétiens, quand on refuserait de les écouter, quand on rejetterait leur témoignage, quand on les insulterait et les persécuterait, leur est-il permis de désirer et de demander que le feu du ciel et les jugements de Dieu tombent sur les impies?

Non! non! et ils ne pourraient nullement s’appuyer, pour le faire, sur l’exemple d’Élie, car le prophète ne demande pas ce châtiment: il l’annonce seulement, il révèle le jugement déjà décidé de Dieu, il le déclare comme Pierre le fit à Ananias et à Saphira (Actes V.).

Certes, ce n’était pas lui qui les mettait à mort, pas plus que Paul quand il dénonçait le châtiment à Elymas l’enchanteur, qui cherchait à détourner la foi, et que, fixant les yeux sur lui, il lui dit: «Ô homme plein de toute fraude, fils du diable, ennemi de toute justice, voici, la main du Seigneur va être sur toi et tu seras aveugle; et à l’instant une obscurité tomba sur lui, et il cherchait quelqu’un qui le conduisît par la main (Actes XIII, 10, 11.)

Nous devons demander à Dieu de donner gloire à sa parole,

mais nous ne lui demanderons jamais d’accomplir ses jugements sur ceux qui l’offensent.

Je vais vous donner là-dessus des éclaircissements bien simples et bien sûrs, puisqu’ils nous viennent de notre Seigneur lui-même et qu’ils nous enseignent avec quels sentiments nous devons considérer ces choses.

Au temps de Jésus-Christ, dans un village de ce même pays de Samarie, deux hommes vinrent prêcher l’Évangile. On les reçut fort mal, on les outragea, on les chassa. C’étaient l’apôtre et Évangéliste Jean et son frère Jacques. Ils demandèrent alors à Jésus la permission de dire, comme fit Élie, que le feu descendît du ciel sur ce village; mais le Seigneur leur répondit: «Vous ne savez de quel esprit vous êtes animés (Luc IX, 51-56.)

Ce n’est pas l’esprit d’Élie: lui n’était occupé que de la gloire de Dieu; vous vous l’êtes de la vôtre, comme Jonas quand il s’affligeait que la ville de Ninive n’eût pas été détruite.

Revenons à nos versets.

La lutte continuait entre le Dieu d’Israël et le jeune roi couché sur son lit. — Que je meure, s’il le faut, se disait-il dans sa rage, animé probablement par sa méchante mère qui vivait près de lui, mais qu’avant de mourir j’aie la tête de cet odieux Tisbite.

Il envoie donc un troisième capitaine, et voyez quelles sont les compassions de Dieu envers les hommes qui s’humilient.

Ce capitaine-ci craignait Dieu; il reçoit cette affreuse commission. Que fera-t-il?

Désobéir au roi?

Non; il va remettre avec humilité son cas au prophète même de l’Éternel. Il arrive au bas du rocher avec sa troupe, mais il se garde bien de rien ordonner à l’homme de Dieu.

Qui est-il, lui, devant un officier de Jéhovah, eût-il cinquante mille soldats au lieu de cinquante!

Il monte lui-même, il se courbe sur ses genoux, il craint le serviteur de Dieu plus encore que son roi; il le supplie: «Homme de Dieu, je reconnais la puissance de l’Éternel; je te remets mon sort et celui de ces cinquante hommes.»

Alors l’ange de l’Éternel dit à Élie: Descends avec lui. Et Élie se leva et descendit.

Vous voyez par ce trait qu’Élie n’agissait pas de son chef dans cette sévère tragédie et Dieu exauça la prière du capitaine.

Voici donc l’homme qu’on voulait faire mourir. Il arrive à Samarie, il traverse la ville comme un chef de brigands, mené entre cinquante gendarmes, le brave et humble capitaine en tête.

Il monte au palais, il s’approche du lit; peut-être Jésabel était-elle là au chevet de son fils; mais c’est lui, le prophète, qui les fait trembler: il leur dénonce le jugement de Dieu, il ne craint pas la colère de l’homme.

Cet Élie, amené comme un criminel, parle avec une telle autorité que le roi n’ose rien répondre. Il dit, puis il disparaît; on est si effrayé, qu’on le laisse partir, mais la consternation demeure dans le palais.

Achazia mourut donc.

Son père avait régné vingt-deux ans et demi; lui il mourut après dix mois de règne, il mourut jeune, sans enfants, comme les coupables fils de la coupable Catherine de Médicis.



 

- Table des matières -