Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !
Leçons données dans une école du Dimanche sur les prophètes Elie et Elisée

DIX-SEPTIÈME LEÇON

1 ROIS, XXII, 18-30.

18 Le roi d’Israël dit à Josaphat: Ne te l’ai-je pas dit? Il ne prophétise sur moi rien de bon, il ne prophétise que du mal.

19 Et Michée dit: Écoute donc la parole de l’Éternel! J’ai vu l’Éternel assis sur son trône, et toute l’armée des cieux se tenant auprès de lui, à sa droite et à sa gauche.

20 Et l’Éternel dit: Qui séduira Achab, pour qu’il monte à Ramoth en Galaad et qu’il y périsse? Ils répondirent l’un d’une manière, l’autre d’une autre.

21 Et un esprit vint se présenter devant l’Éternel, et dit: Moi, je le séduirai.

22 (22-21) L’Éternel lui dit: Comment? (22-22) Je sortirai, répondit-il, et je serai un esprit de mensonge dans la bouche de tous ses prophètes. L’Éternel dit: Tu le séduiras, et tu en viendras à bout; sors, et fais ainsi!

23 Et maintenant, voici, l’Éternel a mis un esprit de mensonge dans la bouche de tous tes prophètes qui sont là. Et l’Éternel a prononcé du mal contre toi.

24 Alors Sédécias, fils de Kenaana, s’étant approché, frappa Michée sur la joue, et dit: Par où l’esprit de l’Éternel est-il sorti de moi pour te parler?

25 Michée répondit: Tu le verras au jour où tu iras de chambre en chambre pour te cacher.

26 Le roi d’Israël dit: Prends Michée, et emmène-le vers Amon, chef de la ville, et vers Joas, fils du roi.

27 Tu diras: Ainsi parle le roi: Mettez cet homme en prison, et nourrissez-le du pain et de l’eau d’affliction, jusqu’à ce que je revienne en paix.

28 Et Michée dit: Si tu reviens en paix, l’Éternel n’a point parlé par moi. Il dit encore: Vous tous, peuples, entendez!

29 Le roi d’Israël et Josaphat, roi de Juda, montèrent à Ramoth en Galaad.

30 Le roi d’Israël dit à Josaphat: Je veux me déguiser pour aller au combat; mais toi, revêts-toi de tes habits. Et le roi d’Israël se déguisa, et alla au combat.


* * *

Il y a de saintes, grandes et précieuses leçons dans nos versets de ce jour, chers enfants; mais il a pu s’y présenter aussi à vous deux difficultés très différentes l’une de l’autre, et que je crois utile de résoudre.

Voici la première:

Comment se fait-il que Josaphat, dont il est dit «qu’il rechercha le Dieu de son père et marcha dans ses commandements, qu’il appliqua de plus en plus son cœur aux voies de l’Éternel, qu’il envoya dans toutes les villes de Juda des lévites (comme nous dirions des colporteurs et des évangélistes) ayant avec eux le livre de la loi de l’Éternel, et enseignant le peuple, et qu’ainsi Josaphat s’éleva jusqu’au plus haut degré de gloire (2 Chron., XVII.)

Comment est-il possible que Josaphat, qui avait alors cinquante-deux ans, ait pu se laisser égarer par les quatre cents prophètes de Samarie jusqu’à ne point écouter la parole de Michée, prophète de l’Éternel, et s’en aller ainsi, malgré les avertissements de Dieu, à la guerre de Ramoth? Cela paraît inconcevable.

Et ensuite que veut dire cette scène étonnante et mystérieuse de la vision de Michée?

Qu’est-ce que cet esprit menteur de Satan induisant en erreur, par le moyen de faux prophètes, le méchant Achab et le pieux Josaphat?

Comment se peut-il que Dieu demande:

Qui induira Achab? et qu’il permette à un esprit impur de dire: Je l’induirai.

Comment?

Je serai un esprit de mensonge dans la bouche de tous les prophètes.

Et l’Éternel dit: Oui, sors et fais-le ainsi.

Quoi! Dieu permet-il le mensonge?

Le mettrait-il lui-même dans l’âme des menteurs?

Induirait-il au mal quelqu’une de ces créatures?

Voilà nos deux difficultés, chers enfants; nous allons, avec l’aide de Dieu, les résoudre, et j’espère que les plus petits d’entre vous me comprendront, s’ils veulent être très attentifs.

Je poserai d’abord quelques principes:

Premier principe.

DIEU NE TENTE PERSONNE. Dieu ne met jamais le mal dans le cœur de ses créatures. Lisez-moi là-dessus Jacq., I, 13, 14, 15.

Second principe.

Bien que Dieu ne tente personne, il juge cependant convenable de nous placer devant la tentation pour nous éprouver.

Ainsi il est dit que «l’Esprit emmena Jésus au désert pour y être tenté par le diable (Matth., IV, 1.)

Ainsi Dieu, nous a enseigné à le prier dans l’Oraison dominicale, de ne pas nous «induire en tentation, mais de nous délivrer du Malin (Matth., VI, 13.)

Dieu, par exemple, pourra conduire un enfant pour l’éprouver dans un jardin plein de beaux fruits. Le voilà devant la tentation; cela vient de Dieu. Mais si cet enfant se dit en son cœur: Personne ne me voit, je vais prendre ces fruits, ah! cela ne vient pas de Dieu; cela vient de la corruption de son cœur et du diable.

Troisième principe.

De même qu’il y a des méchants et des tentateurs parmi les hommes, il y a des méchants et des tentateurs parmi les anges.

Pourquoi Dieu l’a-t-il permis, lui qui aurait pu faire qu’il n’y eût jamais eu un seul méchant ni un seul péché parmi les hommes, parmi les anges et dans l’univers entier?

Il a eu des raisons de sagesse que nous ignorons, pour laisser à sa créature la liberté de s’abandonner au mal; là n’est pas pour nous la question; il nous suffit de savoir qu’il en est ainsi.

Il y a des méchants et des tentateurs parmi les hommes et il y en a parmi les anges.

Quatrième principe.

Quand un méchant homme ou un méchant ange veut nous entraîner au mal et que nous y cédons, nous sommes coupables.

Ceci est sans doute évident aux yeux de votre conscience. Quand vous seriez dans un jardin dont on vous aurait défendu de toucher les fruits, si quelque homme déshonnête vous disait: «Prends ce fruit; on ne le voit pas, on ne le saura pas;» pourriez-vous plus tard vous excuser comme Adam, en disant: — Ce n’est pas ma faute: cet homme déshonnête m’a dit de le faire. — Non, car il vous répondrait: Il fallait résister.

DIEU N’ACCEPTA PAS L’EXCUSE D’ADAM;

IL LE CHASSA DU PARADIS.

Et quand, au lieu de cet homme méchant qui vous dit à l’oreille: Prends ce fruit, ce sera Satan qui vous le dira au cœur, pourrez-vous mieux vous excuser en disant: Ce n’est pas ma faute, c’est Satan qui me l’a dit?.. — Non! non ! car on vous répondrait: «Il fallait résister.

Il est écrit: «Résistez au diable et il s’enfuira de vous. Résistez-lui étant fermes dans la foi (Jacq., IV, 7; 1 Pierre, V, 9.)

De même, quand le diable conseille aux quatre cents prophètes de tromper Achab , cela les excuse-t-il?

Et quand Achab et Josaphat écoutent les quatre cents prophètes, au lieu de Michée que Dieu leur avait envoyé, sont-ils excusables?

Ainsi donc, partant de ces principes, vous comprendrez:

1. Que ce n’est pas Dieu qui tente les quatre cents prophètes, ou qui tente Achab et Josaphat;

2. Que c’est bien lui qui les met devant l’épreuve en permettant que Satan s’approche d’eux;

3. Que cela n’excuse ni l’esprit impur, ni les prophètes, ni les deux rois.

Écoutez ensuite un dernier principe.

Cinquième principe.

Quand un homme ou un enfant, qu’il soit roi ou esclave, ont longtemps

refusé d’écouter leur conscience,

négligé les avertissements de Dieu,

résisté à ses appels,

violé ses commandements,

méprisé sa parole,

alors Dieu, pour les punir, les abandonne à la méchanceté de leur cœur et aux séductions de Satan. Il ne les garde plus et ne les relève plus.

C’est ce qu’il fit à l’égard d’Achab. Il l’abandonna à l’esprit de mensonge, comme vous le voyez aux versets 21, 22 et 23.

Ce roi avait été bien averti; il avait entendu le plus grand des prophètes; il avait été témoin du châtiment de la sécheresse et de la délivrance de la pluie, du feu descendu sur le Carmel et des deux victoires sur Ben-Hadad, et malgré tout cela il avait continué à écouter sa méchante Jésabel. Il avait laissé échapper Ben-Hadad et mis à mort l’innocent Naboth.

De quelle patience Dieu avait usé à son égard! Et maintenant il le fait avertir encore une fois par un de ses prophètes. Enfin il le livre à l’erreur!

Je vous ferai chercher quelques passages qui éclairciront cette doctrine et ces cinq principes. Lisez-moi 1 Pierre, V, 8: Il y a des tentateurs. Jacq., I, 13, 14: Cela ne nous excuse pas. Ephés., IV, 27: Ce que nous devons faire. 2 Thess., II, 9-12: Dieu punit par l’erreur la négligence de sa vérité. L’apôtre Paul parle évidemment ici des erreurs de l’Église romaine et en explique la cause.

On s’étonne de voir des millions d’âmes suivre un évêque italien qui ose:

proscrire la lecture des livres saints,

ordonner le culte des créatures,

proclamer de faux miracles,

donner des démentis à la Parole de Dieu.

Paul nous en déclare la raison; ces âmes, comme Achab et les gens de Samarie, n’ont pas «aimé la vérité pour être sauvées

Que faut-il faire à leur égard?

Tâcher de les y ramener, la leur montrer avec beaucoup de douceur et d’amour, afin qu’ils se «dégagent des pièges de Satan, par lequel ils ont été pris pour faire sa volonté (2Tim., Il, 26.)

Voilà j’espère la première difficulté résolue, et vous comprenez comment Dieu, pour punir Achab et pour éprouver Josaphat, permet pour un temps à un ange de Satan de livrer à l’erreur les deux rois coupables et d’entraîner au mensonge leurs quatre cents prophètes.

Abordons maintenant l’autre difficulté dont nous avons parlé en commençant.

Comment Josaphat, ce roi éclairé et pieux, a-t-il pu se laisser si grossièrement tromper par les prophètes de Samarie?

Pour comprendre ce fait et pour comprendre aussi toute l’histoire d’Achab et de son royaume, il faut se rappeler qu’il y avait trois religions dans ce malheureux pays: deux fausses et une vraie.

1° La religion païenne venue avec Jésabel de Tyr et de Sidon, dont les dieux étaient Bahal et Astaroth, et dont le culte était accompagné de toutes sortes d’impuretés et de cruautés.

Elle avait ses temples, ses autels, ses sacrificateurs et ses prophètes, entre autres les quatre cent cinquante tués au Carmel par l’ordre d’Élie; beaucoup d’Israélites s’étaient adonnés à ce culte infâme.

2° Il y avait la religion samaritaine, qui, comme de nos jours la religion romaine, était un mélange de vrai et de faux.

On s’y rappelait la loi de Dieu, bien qu’on ne la lût plus, et l’on y associait la tradition des anciens.

On y enseignait beaucoup d’erreurs; on avait des peintures et des images taillées; on avait établi des autels à Dan et à Béthel, et sur ces autels des taureaux d’or comme images de la puissance de Dieu, et l’on disait comme aujourd’hui: Nous n’adorons pas l’image, mais l’image nous aide à adorer Dieu.

On avait des prêtres de bocages outre les prêtres de Baal; mais ces prêtres de bocages n’avaient pas honte de manger à la table de Jésabel, c’est-à-dire de recevoir d’elle leur subsistance. Ils ne reniaient pas ouvertement la loi de Dieu, mais ils ne la lisaient pas au peuple. Il ne faut donc pas confondre ces prophètes de bocages avec les prophètes de Bahal; il y avait des uns et des autres dans ce malheureux royaume d’Israël; les premiers appartenaient à la religion samaritaine, les autres à la religion païenne.

Quelqu’un de vous pourrait-il me dire où nous avons pu voir cette distinction?

Au chapitre XVIIIe. Les quatre cent cinquante prophètes de Baal avaient été mis à mort, mais les quatre cents des bocages n’étaient pas venus au Carmel.

3° Enfin il y avait une troisième religion en Israël. C’était la vraie: celle de la Bible, rien que la Bible, toute la Bible (dans l’étendue où elle existait alors); celle où l’on adorait le seul vrai Dieu, où l’on espérait le Messie promis; celle des Élie, des Élisée, des Abdias, des sept mille, de tous ceux qui attendaient le Christ comme Abraham leur père.

Les quatre cents prophètes qui mentirent devant les deux rois étaient donc des prophètes non de Baal, mais des bocages, de ceux qui adoraient, disaient-ils, l’Éternel, devant le veau d’or; c’est pour cela que le pieux mais faible Josaphat se laissa entraîner par eux plus aisément que par le roi.

La faute qu’il avait commise en venant faire alliance avec l’impie Achab l’avait disposé à croire trop facilement que parmi eux il pouvait y avoir cependant quelque serviteur de l’Éternel.

Il y a dans cette religion, qui n’est pas la mienne, un mélange de bien et de mal; qui sait si Dieu ne parle point par leur bouche? se dit-il. Et ainsi Josaphat cède à Achab, lequel s’attache à lui persuader et à se persuader à lui-même que l’avertissement donné par Michée ne procède que de la haine de ce prophète, toujours prêt à lui prédire du mal; qu’en conséquence, on ne saurait opposer son témoignage, isolé et passionné, à celui des quatre cents autres.

Vous comprenez maintenant comment fut entraîné Josaphat, oublieux de sa gloire et de sa fidélité passée, et placé, par son imprudence, dans une position fausse qui «donne lieu au diable (Ephés., IV, 27.)

Élie a été envoyé trois fois à Achab pour le délivrer: qui me dit que ces prophètes-ci mentent tous, et que Michée seul prononce des paroles de Dieu? pense-t-il.

Quand on fait accord avec les méchants:

on s’expose à les imiter;

les notions du bien et du mal s’obscurcissent;

on est tenté, on est renversé, quand on ne se garde pas.

Quiconque cherche le danger périra dans le danger. Rappelons-nous Pierre se confiant en lui-même et allant se chauffer avec les ennemis de son Maître (Matth., XXVI, 58-72.)...

Je ne vous dirai plus qu’un mot sur le malheureux Sédécias, qui avait dit: Avec ces cornes tu heurteras les Syriens. Quand il se voit traité de prophète de Satan, il s’écrie: Comment! nous, des ministres de mensonge! Il s’approche de Michée et lui donne un soufflet devant toute l’assemblée, et nous ne voyons pas que les deux rois l’aient repris pour cette lâcheté. Par quel chemin l’Esprit de Dieu s’est-il retiré de moi pour te parler? Et Michée, avec calme et solennité, comme un homme qui a l’Esprit de Dieu, lui répond: Tu le verras quand tu iras de chambre en chambre pour te cacher; c’est-à-dire après la déroute des rois que tu mènes à leur perte et lorsque l’épée des Syriens te poursuivra jusqu’en ce lieu.



 

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