Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !
Leçons données dans une école du Dimanche sur les prophètes Elie et Elisée

SEIZIÈME LEÇON

1 ROIS, XXII, 8-17.

8 Le roi d’Israël répondit à Josaphat: Il y a encore un homme par qui l’on pourrait consulter l’Éternel; mais je le hais, car il ne me prophétise rien de bon, il ne prophétise que du mal: c’est Michée, fils de Jimla. Et Josaphat dit: Que le roi ne parle pas ainsi!

9 Alors le roi d’Israël appela un eunuque, et dit: Fais venir de suite Michée, fils de Jimla.

10 Le roi d’Israël et Josaphat, roi de Juda, étaient assis chacun sur son trône, revêtus de leurs habits royaux, dans la place à l’entrée de la porte de Samarie. Et tous les prophètes prophétisaient devant eux.

11 Sédécias, fils de Kenaana, s’était fait des cornes de fer, et il dit: Ainsi parle l’Éternel: Avec ces cornes tu frapperas les Syriens jusqu’à les détruire.

12 Et tous les prophètes prophétisaient de même, en disant: Monte à Ramoth en Galaad! tu auras du succès, et l’Éternel la livrera entre les mains du roi.

13 Le messager qui était allé appeler Michée lui parla ainsi: Voici, les prophètes, d’un commun accord, prophétisent du bien au roi; que ta parole soit donc comme la parole de chacun d’eux! annonce du bien!

14 Michée répondit: L’Éternel est vivant! j’annoncerai ce que l’Éternel me dira.

15 Lorsqu’il fut arrivé auprès du roi, le roi lui dit: Michée, irons-nous attaquer Ramoth en Galaad, ou devons-nous y renoncer? Il lui répondit: Monte! tu auras du succès, et l’Éternel la livrera entre les mains du roi.

16 Et le roi lui dit: Combien de fois me faudra-t-il te faire jurer de ne me dire que la vérité au nom de l’Éternel?

17 Michée répondit: Je vois tout Israël dispersé sur les montagnes, comme des brebis qui n’ont point de berger; et l’Éternel dit: Ces gens n’ont point de maître, que chacun retourne en paix dans sa maison!


* * *

Les deux rois sont donc à la porte de Samarie, entourés de leur cour et de leur état-major. Que font-ils? Ils consultent, ils écoutent leurs prédicateurs, ils se demandent s’ils iront à la guerre contre Ramoth.

Ils ont devant eux deux classes de conseillers:

D’un côté, c’est quatre cents prophètes qui les louent, qui les flattent, qui leur promettent bonheur, victoire, paix et félicité!

De l’autre, c’est un seul prophète qu’on est allé chercher dans sa retraite; mais celui-là leur dit au nom de Dieu: «N’allez pas! n’allez pas, ou vous périrez!»

De ces prédicateurs qui sont là debout devant Achab et Josaphat, quels sont ceux qui aiment véritablement leurs rois, qui cherchent leur bonheur, qui veulent réellement leur bien?

N’est-ce pas le prophète chétif, haï, méprisé?

Et quels sont leurs plus funestes ennemis?

Ah! ce sont les quatre cents flatteurs qui leur crient: «Paix, paix!» quand il n’y a point de paix; qui disent: «Paix et sûreté,» quand il n’y a que ruine, mort et perdition (Jér., VI, 14; VIII, 11; Ézéch., XIII, 10; 1 Thes., V, 3.).

Et qui aime-t-on dans Samarie?

Les quatre cents prophètes.

Qui hait-on dans Samarie?

Le pauvre Michée.

Et dans trois ou quatre semaines, quel sera ce char qui reviendra de Ramoth et entrera lentement dans Samarie?

Un char funèbre.

Et qui y sera étendu?

Un cadavre tellement meurtri, que le sang découlera du fond de la voiture, et ce cadavre sera celui d’Achab.

Achab ne sera plus sur son trône, à la porte de sa capitale, dans ses habits magnifiques. Non; il sera là couché; c’est un roi mort, son jugement commence, son épreuve sur la terre est finie.

Et quel sera cet autre char qui s’enfuira au galop des chevaux vers le midi, à travers la campagne?

C’est Josaphat qui retourne à Jérusalem effrayé, vaincu, humilié!

Ah! s’ils eussent écouté Michée! Et cependant, je le répète, qui haïssait-on dans Samarie, qui Achab surtout haïssait-il? — Michée. — Et qui aimait-on dans Samarie, qui surtout Achab aimait-il? — Les quatre cents prophètes des bocages.

Eh bien, mes enfants, il en est très souvent ainsi des prédicateurs de l’Évangile.

Les troupeaux et les populations sont devant eux pour les écouter comme les deux rois à la porte de Samarie; et beaucoup de gens leur disent comme le messager d’Achab à Michée: Tu entends que les autres prophétisent du bonheur au roi; je te prie, que ta parole soit semblable à la leur; prophétise-lui aussi du bonheur.

Mais que doit répondre un prédicateur fidèle, et que doit-il se dire à lui-même?

L’Éternel est vivant, que je ne dirai que ce que l'Éternel me dira dans sa parole.

Et qui sont les vrais amis de ces populations et de ces troupeaux?

Serait-ce ceux qui leur disent: «Tout va bien, vous êtes nés bons; continuez et vous irez au ciel; vous prospérerez. Le royaume de Dieu vous est ouvert; vous y entrerez par vos bonnes œuvres.»

Ou bien serait-ce ceux qui leur disent, avec la sainte Écriture: «Vous êtes morts dans vos fautes et dans vos péchés. Apprenez à fuir la colère à venir. Si vous ne vous convertissez, vous périrez (Eph., II, 1; Luc, III, 7, XIII, 3.)

Et qui sont les plus nombreux?

Hélas! presque toujours les prophètes de mensonge. Quelquefois quatre cents contre un.

Et qui sont ceux que préfère la multitude?

Hélas! le plus souvent ceux qui la trompent et la perdent.

Et qui sont ceux qu’on hait?

Hélas! le plus souvent ceux auxquels Jésus lui-même a dit: «Vous serez haïs de tous à cause de mon nom (Matth., X, 22.)

Vous le voyez, chers enfants, le Saint-Esprit a voulu nous présenter, dans l’histoire de ce jour, une grande leçon, une image frappante de ce qui se passe souvent dans la prédication de son Évangile.

Reprenons la suite de nos versets; nous commençons au 18e.

Vous vous rappelez la grande imprudence ou plutôt le péché qu’avait commis le bon roi Josaphat.

Remarquez aujourd’hui les coupables faiblesses où l’entraîne la fausse position dans laquelle il s’est placé. Il avait bien su dire à Achab, avant de partir pour la guerre de Ramoth: Je te prie, qu’aujourd’hui tu t’enquières de la parole de l’Éternel; mais il y avait déjà dans cette parole de la faiblesse. Elle laissait supposer qu’il avait la même religion qu’Achab, ou du moins que les différences étaient de peu d’importance.

Aussi, qu’avait fait Achab?

Il avait appelé les quatre cents prophètes qui prétendaient imiter ceux de Jéhovah. Cependant Josaphat, qui voyait bien en ces malheureux des prophètes de mensonge, et qui savait que Dieu avait suscité en Israël des Élie et des Élisée, vrais prophètes «puissants en œuvres et en paroles,», mais haïs et persécutés, Josaphat avait demandé au roi: Mais n’y a-t-il point encore ici quelque prophète de l’Éternel?

Il y a bien Michée, fils de Jimla, avait répondu Achab; mais je le hais, car il ne prophétise rien de bon, mais du mal, quand il est question de moi.

Vous voyez là, chers enfants, la cause de la haine que les gens du monde ont eue de tout temps et ont souvent manifestée par des persécutions, contre les prédicateurs du vrai Évangile, ainsi que Jésus-Christ l’annonçait à ses apôtres.

Je pourrais vous citer beaucoup de ces déclarations. Je me bornerai à quelques-unes, prises dans l’évangile de Jean. Lisez-moi, par exemple, Jean , XV, 18, 19; XVII, 14.

Oh! que le roi ne parle point ainsi! s’était hâté de répondre l’honnête mais faible Josaphat. Oh! ne le haïssez pas! Respectons les prophètes de Dieu; ne craignons pas la vérité. — Il reprend Achab avec douceur et politesse, car il était aimable et pieux; mais vous voyez à quoi il est entraîné. «Oh! ne parlez pas mal de la parole de Dieu!» c’est tout ce qu’il sait dire, et il part pour Ramoth malgré la parole de Michée, ainsi que vous le verrez bientôt.

Il semble accorder que les deux religions sont bonnes, que les quatre cents prophètes sont aussi à consulter; il use de trop d’égards, il n’ose pas dire toute sa pensée, tandis qu’il aurait dû, ou s’en aller, ou protester contre les menteurs, avertir Achab de son danger, le supplier de renoncer aux paroles trompeuses des hommes, réveiller sa conscience, lui rappeler les jugements de Dieu; faire tout cela avec politesse et douceur, sans doute, mais avec fidélité, avec chaleur, avec conviction, avec amour.

Le roi appela donc un officier de sa cour auquel il dit: Fais venir promptement Michée, fils de Jimla. Il paraît qu’il savait où le trouver, bien que les vrais prophètes se tinssent alors cachés, parce que Jésabel cherchait à les faire mourir. Peut-être était-il en prison. — Et où se tenait cette assemblée solennelle? — À la porte de Samarie.

Chez les anciens, les magistrats siégeaient toujours en plein air; chez les Romains, ce lieu s’appelait le Forum, et on retrouve encore, dans les villes d’Italie découvertes sous terre il y a cent ans, ces larges espaces à ciel ouvert, entourés de colonnades, au fond desquels était la basilique où se tenaient les magistrats, environnés de tout le peuple.

Cet usage existait aussi à Genève, et quand j’étais tout petit j’ai encore entendu prononcer, par le conseil général assemblé devant l’hôtel de ville, une sentence contre un criminel qui était à genoux dans la rue. Or, en Orient, cette place publique, ce lieu de rassemblement du conseil des anciens, était à la porte des villes, ainsi qu’on le voit dans beaucoup de passages de la Bible (Ruth IV, 1, 11; Prov. XXXI, 23.).

Ces portes sont d’ordinaire formées par une longue voûte sous laquelle on se trouve à l’abri du soleil ou de la pluie. Et plus la ville est riche, plus on bâtit la porte haute; même dans les maisons particulières, la hauteur de la porte est en proportion du rang de son possesseur; c’est ce qui explique des passages tels que celui-ci: «Celui qui élève sa porte cherche sa ruine (Prov., XVII, 19.),» c’est-à-dire: celui qui veut trop s’élever sera perdu.

Le mot de porte est ainsi devenu synonyme de puissance, et c’est pour cela, que le gouvernement turc se fait encore aujourd’hui appeler la Sublime Porte. C’est ce qui explique aussi cette parole «Les portes de l’enfer ne prévaudront point contre l’Église (Matth., XVI, 18.),» c’est-à-dire la puissance du diable ne pourra jamais la détruire.

Comme donc les deux rois et le peuple étaient solennellement assemblés pour savoir si l’on monterait à la guerre contre le roi de Syrie, et que les quatre cents prophètes parlaient en leur présence, l’un d’eux, Tsidkija, plus hardi que les autres dans son imposture, veut imiter les vrais prophètes, lesquels employaient souvent des signes pour frapper l’imagination du peuple; Tsidkija met sur sa tête des cornes de fer: les cornes sont, dans le langage de l’Orient, un emblème de puissance, et de là est venu en hébreu, en grec, en latin et en français lenom de couronne.

Cet imposteur ose employer cette expression: Ainsi a dit l'Éternel, et, par son mensonge, il va causer la mort de son roi, celle de plusieurs milliers d’hommes, et la ruine du royaume. Tous les prophètes après lui disent à l’envi: Monte à Ramoth et tu réussiras, et l'Éternel la livrera entre les mains du roi.

Or, l’officier envoyé à Michée lui parla en disant: Je te prie, prophétise du bonheur au roi comme ont fait tous les autres.

D’où pensez-vous que procédait ce langage de l’officier?

De deux sources contraires: l’une bonne, l’autre très funeste et très mauvaise.

La bonne était de la bienveillance pour le prophète, de la pitié à la pensée que ce malheureux et honnête Michée allait attirer encore sur lui la colère de l’armée, du roi, des quatre cents prophètes, de la nation tout entière. — Il va se compromettre, pensait-il, il est trop scrupuleux. Ne vous singularisez pas. Voulez-vous avoir raison seul contre tous? N’y aurait-il pas aussi de l’orgueil chez vous, mon cher Michée? Êtes-vous seul dans la vérité, et toute la nation dans l’erreur? Voulez-vous nous damner tous?

Mais le langage de l’officier avait aussi une source mauvaise, Ah! c’est que dans cette bienveillance il y a de l’incrédulité, du MÉPRIS DE LA PAROLE DE DIEU ET DE SA VÉRITÉ; une idée absurde et abaissée du ministère et de la religion: comme si l’on pouvait la changer, la modifier au gré du peuple ou des gouvernements et accommoder la parole de Dieu aux dispositions et aux circonstances du moment!

Hélas! chers enfants, c’est là un langage qu’on entend très souvent dans tous les pays où l’Évangile est prêché.

Mais écoutez la belle réponse de Michée. Il déclare avec serment qu’il parlera devant Dieu et par Dieu, quelles que soient la pensée du roi, la parole des autres prophètes, la haine du peuple et ses conséquences pour lui.

«À la garde de Dieu! Que l’on pense ce qu’on voudra; je ne veux pas perdre mon roi; je veux le sauver par la vérité! Qu’on s’irrite, qu’on me persécute, qu’on me mette à mort, je ne puis faire autrement!» Ainsi faisait, Paul en annonçant tout le conseil de Dieu (Actes, XX, 24-27.); ainsi voulait-il que fit son disciple Timothée.

Lisez-moi 2 Tim., IV, 1-3.

Michée vint donc vers le roi, et le roi lui dit: Michée, irons-nous à la guerre ou non?

Et Michée répondit d’un ton qui, sans doute, suffisait à exprimer quelle était sa pensée: Monte! Comme s’il eût dit: Puisque tu veux qu’on te dise des choses agréables, eh bien, il n’y a rien de si facile que de te flatter comme les autres. Monte!

Le roi comprit bien le vrai sens de cette réponse et dit au prophète: Je t'adjure de ne me dire que la vérité au nom de l'Éternel; je te somme devant Dieu; je te mets en sa présence.

Michée alors fait comme Jésus-Christ devant Caïphe et devant Pilate: il garde longtemps le silence; il voit qu’on ne veut pas la vérité; à quoi bon la dire et se défendre?

Mais quand Caïphe avait adjuré le Seigneur de lui dire s’il est le Christ, alors Jésus, bien qu’il sût que le sacrificateur le condamnerait et que le peuple le conduirait au supplice, avait répondu: «Oui, et désormais vous verrez le Fils de l’homme assis à la droite de Dieu et venant sur les nuées du ciel;» et à Pilate: «Oui, je suis roi (Matth., XXVI, 64; Jean XVIII, 37.)

Michée aussi parle avec solennité; il reçoit une nouvelle effusion de l’Esprit de Dieu; il a comme une vision de l’avenir; il voit tout le peuple errant sur les montagnes en fuite, en désordre; il n’y a plus de général, plus de roi. Ben-Hadad, tant sera grande leur ruine, ne les poursuivra plus; il n’y aura plus d’armée; chacun rentrera chez soi comme une troupe de milices quand le gouvernement a abdiqué.

Et quelle est la cause de la ruine de ces deux rois?

Ils n’ont pas cru à la parole de l'Éternel.

Et pourquoi ne l’ont-ils pas crue?

Parce qu’Achab a dit: «Je la hais. Il haïssait la lumière parce que ses oeuvres étaient mauvaises (Jean, III, 19.)





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