Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !
Leçons données dans une école du Dimanche sur les prophètes Elie et Elisée

QUINZIÈME LEÇON

1 ROIS, XXI, 27-29; XXII, 1-7.

27 Après avoir entendu les paroles d’Élie, Achab déchira ses vêtements, il mit un sac sur son corps, et il jeûna; il couchait avec ce sac, et il marchait lentement.

28 Et la parole de l’Éternel fut adressée à Élie, le Thischbite, en ces mots:

29 As-tu vu comment Achab s’est humilié devant moi? Parce qu’il s’est humilié devant moi, je ne ferai pas venir le malheur pendant sa vie; ce sera pendant la vie de son fils que je ferai venir le malheur sur sa maison.


22:1 On resta trois ans sans qu’il y eût guerre entre la Syrie et Israël.

2 La troisième année, Josaphat, roi de Juda, descendit auprès du roi d’Israël.

3 Le roi d’Israël dit à ses serviteurs: Savez-vous que Ramoth en Galaad est à nous? Et nous ne nous inquiétons pas de la reprendre des mains du roi de Syrie!

4 Et il dit à Josaphat: Veux-tu venir avec moi attaquer Ramoth en Galaad? Josaphat répondit au roi d’Israël: Nous irons, moi comme toi, mon peuple comme ton peuple, mes chevaux comme tes chevaux.

5 Puis Josaphat dit au roi d’Israël: Consulte maintenant, je te prie, la parole de l’Éternel.

6 Le roi d’Israël assembla les prophètes, au nombre d’environ quatre cents, et leur dit: Irai-je attaquer Ramoth en Galaad, ou dois-je y renoncer? Et ils répondirent: Monte, et le Seigneur la livrera entre les mains du roi.

7 Mais Josaphat dit: N’y a-t-il plus ici aucun prophète de l’Éternel, par qui nous puissions le consulter?


* * *

Avant de traiter notre sujet de ce jour, l’imprudente visite du bon roi Josaphat au méchant roi Achab et à sa méchante femme, je veux revenir sur celui de dimanche dernier parce que nous l’avons étudié trop rapidement et qu’il a pu vous présenter des difficultés que nous n’avons pas suffisamment éclaircies.

Il s’agit de la repentance d’Achab.

Était-elle sincère?

Et si elle ne l’était pas, comment Dieu, qui sonde les cœurs, semble-t-il l’avoir eue pour agréable, et comment put-elle attirer la faveur divine?

Vous vous rappelez que dès qu’il avait entendu le prophète lui dénoncer le terrible jugement de Dieu, si sévère et si mérité, Achab avait témoigné avec véhémence sa douleur, son repentir, sa terreur, son humiliation.

Il avait mis un sac de crins sur sa chair pour se rappeler constamment son iniquité;

il avait déchiré ses vêtements pour exprimer qu’il ne méritait pas de les porter;

il avait jeûné pour témoigner qu’il était indigne de manger et de boire;

il s’était couché comme pour indiquer qu’il était également indigne de se tenir debout;

il s’était enveloppé d’un autre sac pour que tout le peuple vît son humiliation, et quand il allait d’un lieu à l’autre il se traînait en marchant comme pour dire avec David: «Je suis un ver et non point un homme.»

C’était un touchant spectacle, et le peuple dut en recevoir une grande leçon. Il apprit que les rois ont une conscience, qu’ils ont un maître dans le ciel, qu’ils doivent trembler au jugement de Dieu.

Ces actes d’humiliation étaient aussi une réparation envers le malheureux Naboth. Ils proclamaient son innocence; ils témoignaient que Dieu est le vengeur du mal.

Mais voici toujours la grande question:

Cette repentance était-elle sincère?

Oui, car elle exprimait la terreur, les regrets, le désir d’apaiser Dieu et de détourner ses jugements.

Non, car elle n’était pas accompagnée de foi, de conversion, de changement de vie; elle ne ressemblait pas à celle de Pierre mais à celle de Judas, qui, tout effrayé, s’écriait: «J’ai trahi le sang innocent!» et qui pourtant ne se convertit pas (Matth., XXVI. 75; XXVII, 3-10.).

La repentance d’Achab ressemblait à celle de tant de pécheurs qui, dans une maladie devant une scène de mort, s’écrient: — Ah! si la santé m’est rendue, si je ne meurs pas à vingt ans, je me tournerai vers Dieu, je vivrai d’une vie nouvelle.

Quand il survient une tempête, on voit souvent sur un vaisseau les gens jusque-là les plus légers, les plus jureurs, trembler, se jeter à genoux implorer la miséricorde de Dieu. Cela est bien, et dans un sens cela est sincère; mais pourtant si, dès que la tempête est passée et qu’ils sont rentrés au port, ils retournent au mal et oublient toutes leurs résolutions, alors leur repentance n’avait pas été vraie.

Je pourrais vous citer bien des professions de repentir sur des lits de maladie dont j’ai été témoin comme pasteur; puis quand le danger disparaissait, quand la santé revenait, tout semblait oublié, et le péché reprenait son empire.

Un vieux médecin de Genève, qui avait connu le docteur Tronchin, médecin de Voltaire, me racontait (j’étais encore un petit garçon, mais je ne l’ai jamais oublié) ce qui s’était passé dans les derniers moments de ce grand homme. Il tremblait au point que le tremblement se communiquait à la chambre voisine, et il était dans des angoisses inexprimables.

Ainsi donc la repentance d’Achab était sincère en un sens et pas dans l’autre; sincère comme la terreur des impies et celle des démons qui ont la foi mais qui tremblent (Jacq., II, 19.); non sincère en tant qu’elle était SANS FOI, SANS AMOUR, SANS SAINTETÉ.

Mais alors comment Dieu paraît-il l’avoir pour agréable?

Parce qu’Achab s’est humilié devant moi, dit l'Éternel, je n'amènerai point ce mal en son temps: ce sera seulement aux jours de son fils que j’amènerai ce mal sur sa maison.

Chers enfants, pour bien comprendre ce fait et beaucoup d’autres semblables, il faut vous rappeler un principe que tout l’Ancien Testament nous manifeste, et qui jette aussi une grande lumière sur les voies de la Providence envers les nations. Je vous l’ai déjà exposé plus d’une fois, mais je veux y revenir un moment.

Ce principe c’est que Dieu, dans le gouvernement de sa providence envers les peuples:

SI UN PEUPLE HONORE SON CULTE, répand son Évangile, encourage par de bonnes lois la moralité, la crainte de Dieu et le respect de sa Parole; si, dans les calamités, les dangers et les guerres, ce peuple met sa confiance en Lui; si dans les temps d’épreuve il jeûne, il s’humilie, alors Dieu vient au secours de ce peuple, Dieu le délivre, Dieu lui envoie des prospérités auxquelles tous ont part, les injustes et les justes, les méchants et les bons.

ET DE L’AUTRE CÔTÉ, SI UN GOUVERNEMENT PERSÉCUTE LA RELIGION, rend des lois impies, favorise l’immoralité, manifeste du mépris pour Dieu et sa Parole, alors Dieu châtie cette nation; elle est vaincue par ses ennemis, elle est appauvrie, elle est humiliée; et ces châtiments tombent sur tous, les bons et les mauvais, les justes et les injustes.

C’est ainsi que quand David eut péché, Dieu lui dit de choisir entre trois fléaux, la guerre, la mortalité ou la famine, et chacun de ces fléaux devait tomber sur tout son peuple aussi bien que sur lui-même.

Voilà le principe, et en voici l’explication: elle est bien simple et les plus petits peuvent la comprendre.

Les nations ne vivent que sur la terre; leur existence finit ici-bas; il n’y aura plus de république de Genève dans l’éternité ni de royaume de France ou d’Angleterre.

Il faut donc, si Dieu veut montrer son amour du bien, sa haine du mal, sa justice, sa providence, sa fidélité:

il faut qu’il récompense les bonnes actions de ces nations, dès cette terre, par des bénédictions nationales;

il faut qu’il punisse les péchés de ces nations par des châtiments nationaux.

Et s’il y a des innocents qui souffrent dans ces châtiments nationaux, et des méchants qui profitent de ces bénédictions nationales, croyez-vous qu’il y ait là une objection contre la justice de Dieu?

Oh! non, car pour les individus tout ne finit pas ici-bas comme pour les nations. S’il ne doit pas y avoir de peuple de Genève dans l’éternité, il y aura tous les Genevois, hommes, femmes et enfants; et c’est alors que «Dieu rendra à chacun selon ses œuvres.»

Si un homme méchant a eu des prospérités sur la terre, cela ne l’empêchera pas d’être condamné; et si un homme pieux a eu des calamités sur la terre, ses souffrances ne sont rien en comparaison des joies qu’il goûtera, «là où toute larme sera essuyée,» là où «une joie éternelle sera» sur la tête des rachetés,» là où il y aura «des plaisirs pour jamais, car les souffrances du temps présent ne sont point à comparer année la gloire à venir ( Apoc., VII. 17. Ésaïe, XXXV, 10. Ps. XVI, 11. Rom., VIII, 18.).

Dieu, dans le gouvernement extérieur des peuples, veut nous donner une image et un gage de son gouvernement intérieur des âmes et de son divin caractère.

Il veut nous montrer, par ses voies envers la piété extérieure dans le temps, ce qu’il fera pour la piété intérieure dans l'éternité.

Il montre aux nations, par des actes généraux de sa providence,

qu’il aime la justice, qu'il hait l’iniquité,

qu’il favorise les humbles.,

qu’il se laisse toucher par les prières,

qu’il accomplit ses promesses,

qu’il protège ceux qui s’appuient sur Lui.

Vous voyez, chers, enfants, par cet exemple d’Achab, combien, ne fût-ce que par amour de leur patrie,tous les bons Genevois doivent tenir à ce que la religion soit honorée dans notre patrie, à ce que Dieu soit servi et glorifié, à ce que ses jugements soient détournés par l’humilité et la justice, à ce que la gloire soit rendue nationalement à Jésus- Christ, à sa Parole et à sa vérité.

Je passe au chapitre XXIIe.

Il y avait trois ans que le traité de paix entre Achab et la Syrie tenait encore, mais Ben-Hadad ne pouvait oublier qu’il avait été deux fois battu, et il employait ce temps à reformer une armée pour tirer vengeance de ses humiliations précédentes. Il semblait y avoir une entente cordiale, comme, on le dit quelquefois entre potentats; mais le royaume vaincu ne cessait de désirer prendre sa revanche, et laver sa honte.

Or en, la troisième année de cette paix apparente, le pieux roi Josaphat vint faire au roi Achab une visite d’amitié. II descendit à Samarie, est-il, dit; car, bien que cette ville soit bâtie sur une hauteur, Jérusalem est plus, élevée que toute la contrée environnante et il faut toujours descendre quand: on quitte la ville sainte.

C’était de sa part une folle et coupable imprudence; il ne consulta point l’Éternel sur cette démarche qui partait, non d’impiété, car Josaphat honorait et craignait l’éternel et sa Parole, mais de trop de facilité de caractère et peut-être de trop de confiance en lui-même. Il aurait dû vivre en paix avec Achab, mais non en relation de familiarité et d’amitié.

Je vous le répète souvent, chers enfants, vous ne devez pas faire vos amis particuliers de ceux qui ne craignent pas Dieu; ils pourraient vous entraîner au péché, et vous auriez part à leurs égarements et à leurs châtiments.

Il semble, au premier moment, que rien n’est plus innocent que cette visite de bon voisinage de Josaphat, qui, d’ailleurs, pense peut-être faire par là du bien à Achab.

Je lui parlerai du vrai Dieu, se dit-il probablement.

Mes enfants, on ne fait du bien que de la part de Dieu et en accomplissant sa volonté.

Ce fut au contraire Achab qui fit du mal à Josaphat, car nous sommes plus exposés à imiter les méchants que capables de les conduire au bien.

Que va-t-il donc arriver à Josaphat?

Il va être entraîné dans une guerre; il sera près d’y périr; il formera une alliance funeste à lui et à toute sa famille.

Son fils deviendra gendre de l’infâme Jésabel et mari d’Athalie,

le culte de Bahal sera introduit dans le pays de Juda et tous les jugements de Dieu tomberont sur la race démoralisée de ses rois.

Athalie, cette fille qu’il va demander à Achab, introduira les faux dieux dans son royaume et fera massacrer toute sa famille, à l’exception d’un enfant qui échappera seul au poignard.

En vérité, on peut dire que toutes les calamités imaginables tombèrent sur Josaphat à la suite de cette visite.

Mais voyez, d’abord, la différence entre les deux rois.

L’un n’a fait que s’endurcir après vingt-deux années de délivrances;

l’autre ne fait rien d’important sans consulter son Dieu excepté cet imprudent voyage.

Lorsqu’on lui demande s’il veut aller à la guerre contre Ramoth, il répond trop promptement que oui, en homme de cœur entraîné par un sentiment chevaleresque et généreux: mais pourtant il ne tarde pas à être inquiet; il revient en arrière; il demande que l’Éternel soit consulté: Nous allons faire une guerre dangereuse: c’est une chose grave; n’avez-vous point de prophète? —

Oui, des prophètes des bocages; c’est-à-dire, non pas des prophètes de Baal, mais des hommes qui mélangeaient la vraie religion avec la fausse, prétendaient servir l’Éternel tout en le faisant à l’imitation des nations païennes du voisinage, selon des usages expressément défendus par l’Éternel (Deut., XVI, 21; XII, 2-3, 13-14.).

Josaphat aurait dû protester contre cette désobéissance, contre ce relâchement de la religion; mais non: il se tait, il laisse faire; il demande bien un autre prophète, mais il semble dire: «Nous avons chacun notre religion; elles sont toutes bonnes, il y a peu de différence...»

Peut-être craint-il de paraître sévère, de manquer de courtoisie en repoussant les chapelains du roi... Ah! ce n’est pas ainsi qu’on glorifie Dieu et qu’on se met à l’abri du mal et du péché!

Qui est-ce qui eut la victoire: Dieu ou Satan, Bahal ou Jéhovah?

Hélas! ce fut Satan.

Josaphat ne convertit pas Achab et, lui, il perdit son fils!



 

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