Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !
Leçons données dans une école du Dimanche sur les prophètes Elie et Elisée

TREIZIÈME LEÇON

I ROIS, XXI, 1-10.

21:1 Après ces choses, voici ce qui arriva. Naboth, de Jizreel, avait une vigne à Jizreel, à côté du palais d’Achab, roi de Samarie.

2 Et Achab parla ainsi à Naboth: Cède-moi ta vigne, pour que j’en fasse un jardin potager, car elle est tout près de ma maison. Je te donnerai à la place une vigne meilleure; ou, si cela te convient, je te paierai la valeur en argent.

3 Mais Naboth répondit à Achab: Que l’Éternel me garde de te donner l’héritage de mes pères!

4 Achab rentra dans sa maison, triste et irrité, à cause de cette parole que lui avait dite Naboth de Jizreel: Je ne te donnerai pas l’héritage de mes pères! Et il se coucha sur son lit, détourna le visage, et ne mangea rien.

5 Jézabel, sa femme, vint auprès de lui, et lui dit: Pourquoi as-tu l’esprit triste et ne manges-tu point?

6 Il lui répondit: J’ai parlé à Naboth de Jizreel, et je lui ai dit: Cède-moi ta vigne pour de l’argent; ou, si tu veux, je te donnerai une autre vigne à la place. Mais il a dit: Je ne te donnerai pas ma vigne!

7 Alors Jézabel, sa femme, lui dit: Est-ce bien toi maintenant qui exerces la souveraineté sur Israël? Lève-toi, prends de la nourriture, et que ton coeur se réjouisse; moi, je te donnerai la vigne de Naboth de Jizreel.

8 Et elle écrivit au nom d’Achab des lettres qu’elle scella du sceau d’Achab, et qu’elle envoya aux anciens et aux magistrats qui habitaient avec Naboth dans sa ville.

9 Voici ce qu’elle écrivit dans ces lettres: Publiez un jeûne; placez Naboth à la tête du peuple,

10 et mettez en face de lui deux méchants hommes qui déposeront ainsi contre lui: Tu as maudit Dieu et le roi! Puis menez-le dehors, lapidez-le, et qu’il meure.


* * *

Il y a des jours où l’on ne voit autour de soi, dans le monde, que les méchancetés des hommes, puis il en vient d’autres où la justice de Dieu apparaît avec éclat. De même dans la Bible, certaines histoires ne nous montrent que l’iniquité humaine; mais d’autres viennent bientôt nous manifester les jugements de l’Éternel.

Aujourd’hui c’est l’iniquité qui nous est présentée.

Ce roi, plein de convoitise et d’irritation,

cette méchante reine,

ces faux témoins,

ces magistrats homicides,

ce pauvre Naboth accusé de crimes horribles,

ce peuple qui jeûne et qu’on trompe, en sorte qu’il porte un jugement sage, mais erroné qui condamne l’innocent,

enfin cette scène de sang,

Naboth mis au rang des malfaiteurs, accablé de mépris, traîné hors de la ville, assommé de pierres, expirant de la main de ses concitoyens en un jour de jeûne: quel spectacle!

Mais attendez; dimanche vous entendrez la justice de Dieu. Tout d’un coup vous verrez arriver Élie, dont on ne parlait plus et qu’on croyait mort, car d’autres prophètes avaient paru pendant les guerres de Syrie; vous le verrez se présenter à Achab de la part de l’Éternel, proclamer devant tout le peuple l’innocence de Naboth et manifester au grand jour le crime secret d’Achab, de Jésabel et des juges abominables.

DIEU NOUS INSTRUIT AINSI PAR LE MAL ET PAR LE BIEN, mes chers enfants; c’est ce que nous allons apprendre dans notre leçon de ce matin.

Remarquez d’abord le malheur affreux d’un homme qui s’abandonne à un désir passionné des choses de la terre: il devient un enfant, un insensé, un furieux...

Non loin du beau mont Tabor, au milieu d’une grande et riche plaine, s’élevait la ville de Jizréel. Avant que Samarie eût été bâtie les rois d’Israël y habitaient, et Achab y avait construit un palais où il venait de temps à autre faire quelque séjour.

Que manquait-il à cet Achab, sinon le contentement d’esprit que donne la crainte de Dieu?

Il jouissait d’une belle santé;

il avait une nombreuse famille;

il commandait à dix tribus;

il venait de remporter par deux fois la victoire sur un puissant monarque;

il avait vu s’accroître par là sa grandeur et ses richesses;

il avait donc devant lui le règne le plus heureux, s’il eût voulu suivre le chemin du Seigneur.

Au contraire, vous allez le voir si mécontent de son sort qu’il ne voudra plus même manger; il sera couché de tristesse sur son lit comme un malade.

Et pourquoi?

Parce que, près de son palais, entouré sans doute de cours, d’écuries, de pavillons, de jardins, de terrasses, il avait mis dans sa tête de faire d’un certain côté un jardin de verdure, un bosquet, et que le propriétaire de ce morceau de terrain s’était refusé à le lui céder.

Cet homme était un humble et honnête citoyen de Jizréel, et sa possession consistait en une petite vigne qui, pour son malheur, était proche du palais royal. Achab eut donc envie d’agrandir son domaine, et il n’y a rien à redire à ses premières démarches.

Il fait venir Naboth et lui parle en personne: J’ai besoin de votre vigne pour arrondir le parc autour de mon château, lui dit-il; je vous offre de la payer en argent ou de vous en donner une meilleure.

À Dieu ne plaise que je vende l’héritage de mes pères! répond Naboth.

Ce n’était pas un caprice de sa part, c’était un acte d’obéissance envers Dieu qui, pour que les familles ne s’éteignissent pas, pour que les Hébreux se rappelassent toujours que la terre était au Seigneur, et qu’ils se regardassent comme étant chez lui et non chez eux, Dieu, dis-je, leur avait défendu de vendre leurs possessions:

«La terre ne sera point vendue absolument, car la terre est à moi, et vous êtes étrangers et forains chez moi,» est-il écrit au chapitre XXVe du Lévitique.

La passion s’allume dans le cœur d’Achab à l’ouïe de la réponse de Naboth.

La passion, mes enfants, est comme un serpent dans l’âme de ceux qui s’y livrent, et ils deviennent, sous son empire, semblables à des enfants capricieux, déraisonnables et boudeurs.

Achab est renfrogné et indigné, nous est-il dit; renfrogné, c’est-à-dire mécontent quant à son jardin, et indigné qu’on ose lui opposer un refus.

Cette vigne cependant appartenait à Naboth du même droit, ou plutôt d'un droit beaucoup plus légitime et plus sacré que le royaume n’appartenait à Achab. Il l’avait reçue de ses pères et ses pères de Dieu.

Achab devait le royaume à ses pères, mais ceux-ci l’avaient acquis par l’usurpation.

Le roi devient comme un sot enfant: il se couche sur son lit, il tourne son visage, il ne mange rien.

Voilà mes enfants, où mène la convoitise du bien d’autrui, et ceci vous montre le prix et l’importance du dixième commandement.

Voilà aussi, vous disais-je, où mène la passion des choses de ce monde; combien j’ai connu d’enfants gâtés tout semblables à ce grand enfant! Il ne leur manque rien; ils sont bien soignés; ils ont leurs quatre repas par jour, de bons habits. Mais si on leur refuse un jour une robe, un jouet, une course, un chien, un oiseau..., les voilà boudeurs, pleurant, se plaignant, disant qu’on leur préfère un frère, une sœur, qu’on ne les a jamais aimés...

Ô ingratitude, injustice, folie du cœur de l’homme quand c’est la passion et non l’amour du Seigneur qui le gouverne!

Mais voyez quelque chose de plus grave encore; voyez où mène cette passion.

La femme d’Achab avait plus de force de caractère que lui et moins de conscience; elle était née païenne, tandis que lui, au moins par moments, croyait aux prophètes et «craignait Dieu,» comme Hérode repris par Jean-Baptiste, comme Pilate devant Jésus-Christ, comme Félix devant Saint Paul.

Jamais le plan d’une iniquité aussi noire que celle qui va s’accomplir ne serait entré dans son esprit;

mais une fois livré à la passion, on est accessible aux plus horribles tentations; on pourra devenir menteur, violent, injuste, outrageux; on pourra frapper son frère, et peut-être devenir meurtrier, comme Caïn (1 Jean, III, 12-15.).

Voici donc que la belle Jésabel (belle de corps, affreuse d’âme) entre dans la chambre de son mari:

Qu’avez-vous, seigneur ? êtes-vous malade? lui dit-elle.

Non, reine, mais Naboth m’a dit: Je ne te céderai point ma vigne.

On attend plus de douceur, plus de bonté, plus de délicatesse de la part des femmes; mais quand elles ont abandonné ces vertus, caractères distinctifs de leur sexe, alors elles deviennent même pires que les hommes.

Écoutez comment celle-ci va remuer tout ce qu’il y a de plus dangereux, tout ce qui a perdu Adam; elle va faire pénétrer par l’orgueil toutes les plus méchantes pensées dans le cœur de son mari:

N’es-tu pas roi? C’est-à-dire: tout t’est permis; il n’y a pas de différence pour un roi entre le bien et le mal; ses caprices sont des lois. Est-ce à toi de prier un de tes sujets de te vendre sa propriété et de recevoir de lui un refus ? Rien n’est injuste de la part d’un roi et sa conscience ne le lie point.

Ce langage de Jésabel est celui que les flatteurs tiennent aux monarques dans tous les temps d’absolutisme, et aux peuples dans les temps de révolutions:

N’es-tu pas roi? Voix de peuple voix de Dieu.

C’est avec de telles paroles qu’on donne un démenti à Dieu et qu’on ouvre les cœurs à toutes les séductions du diable.

Alors Jésabel dit à son mari: Lève-toi, mange; que ton cœur se réjouisse! Je te ferai avoir la vigne de Naboth. Ah! quelle mauvaise joie! quel mauvais festin! Il s’en fait souvent de tels parmi les hommes.

Voyez encore l’effet de la passion et de la faiblesse sur qui n’a pas la crainte de Dieu.

On ne voudrait pas faire le mal, mais on est bien aise que d’autres le fassent pourvu qu’on en profite.

C’est là une tromperie de Satan; car ceux qui laissent faire le mal aux autres et qui en profitent en porteront la responsabilité devant Dieu tout autant que ceux qui l’ont commis. Qu’aurait dû faire Achab?

D’abord renoncer à l’objet de son désir passionné, comme le roi de Prusse au moulin de Sans-Souci (Un différend aurait opposé Frédéric Le Grand et son meunier à qui il ordonna de quitter les lieux et intenta un procès qu’il perdit. Constat conforme à l’Esprit des Lumières: dans les tribunaux, les lois doivent parler et le roi doit se taire. - https://www.fykmag.com/potsdam-palais-sans-souci-cher-a-frederic-ii/); puis dire comme Joseph: Comment ferais-je un si grand mal? (Gen., XXIX, 9.)

La reine entre dans le cabinet de son mari, elle y prend le cachet du roi, elle écrit une lettre en son nom, elle y appose ce cachet, et elle l’envoie aux anciens de Jizréel, c'est-à-dire aux magistrats de la ville de Naboth.

Cette femme, qui était païenne, fait usage de la religion de l’État, de cette religion juive qu’elle méprisait; elle commande un jeûne pour tromper le peuple, en annonçant qu’un crime a été commis et qu’il faut rechercher le coupable.

Publiez le jeûne, faites tenir Naboth au haut bout du peuple, et faites venir deux méchants hommes qui témoignent contre lui en disant qu’il a blasphémé et mal parlé du roi (Vous savez que pour qu’une accusation fût valable en Israël, il fallait la déposition de deux témoins) (Deut., XVII, 6.).

Le plus grand mal du gouvernement des impies, ce n’est pas celui qu’ils font eux-mêmes, c’est encore plus celui qu’ils font faire.

Ils excitent, ils mettent au grand jour des hommes méchants;

ils créent l’iniquité,

ils corrompent le peuple.

Combien il nous faut prier pour les gouvernements de notre chère patrie, afin qu’ils soient dirigés eux-mêmes par les saintes lois de Dieu!

Ces anciens de Jizréel présentent un triste spectacle; mais nous devons pourtant admirer la supériorité d’Israël sur les autres peuples, même en ce temps d’iniquité. Les lois y régnaient encore; il fallait des juges, il fallait des témoins; il fallait que ce fût le peuple qui prononçât la sentence.

Les institutions humaines des nations sont un bienfait même pour l’Église, sans cela elle serait souvent écrasée. Malgré les formes légales il peut encore se commettre bien des iniquités, mais c’est un grand malheur pour les peuples d’en venir à mépriser ces formes.

Voyez aussi comme on peut aisément égarer la multitude; car ici elle n’était pas coupable, elle était trompée, excitée; elle croyait Naboth criminel. C’est ainsi que dans les premiers temps du christianisme et de la Réformation, le peuple qui persécutait les chrétiens «croyait souvent rendre service à Dieu,» comme l’avait annoncé notre Seigneur lui-même (Jean XV, 2.).

Le peuple romain croyait que les chrétiens étaient des gens abominables; on les couvrait de peaux d’animaux et on les faisait poursuivre et dévorer par des bêtes féroces dans les places publiques, comme les plus coupables des hommes.

Au temps de la Réformation on mettait souvent à mort les protestants, et dans certains pays on plaçait dans la bouche de ceux qu’on conduisait au supplice un instrument de fer qui la leur tenait ouverte et leur donnait une figure repoussante, pour augmenter l’horreur des spectateurs.

Plus qu’un mot, mes enfants.

La douleur de Naboth dut être grande, il fut accusé injustement, il mourut d’une mort cruelle; mais il faut nous rappeler que Dieu allait venger son innocence sur la terre, et qu’il lui préparait dans le ciel d’abondantes et éternelles consolations.

Pour instruire les hommes et pour les éprouver, Dieu permet souvent que l’iniquité ait pour un temps un libre cours, mais il prend soin des Naboth qui succombent sous la méchanceté des Jésabel. Il les recueille dans son royaume pour une félicité éternelle.


 

- Table des matières -