Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !
Leçons données dans une école du Dimanche sur les prophètes Elie et Elisée

DOUZIÈME LEÇON

I ROIS, XX, 35-43.

35 L’un des fils des prophètes dit à son compagnon, d’après l’ordre de l’éternel: Frappe-moi, je te prie! Mais cet homme refusa de le frapper.

36 Alors il lui dit: Parce que tu n’as pas obéi à la voix de l’Éternel, voici, quand tu m’auras quitté, le lion te frappera. Et quand il l’eut quitté, le lion le rencontra et le frappa.

37 Il trouva un autre homme, et il dit: Frappe-moi, je te prie! Cet homme le frappa et le blessa.

38 Le prophète alla se placer sur le chemin du roi, et il se déguisa avec un bandeau sur les yeux.

39 Lorsque le roi passa, il cria vers lui, et dit: Ton serviteur était au milieu du combat; et voici, un homme s’approche et m’amène un homme, en disant: Garde cet homme; s’il vient à manquer, ta vie répondra de sa vie, ou tu paieras un talent d’argent!

40 Et pendant que ton serviteur agissait çà et là, l’homme a disparu. Le roi d’Israël lui dit: C’est là ton jugement; tu l’as prononcé toi-même.

41 Aussitôt le prophète ôta le bandeau de dessus ses yeux, et le roi d’Israël le reconnut pour l’un des prophètes.

42 Il dit alors au roi: Ainsi parle l’Éternel: Parce que tu as laissé échapper de tes mains l’homme que j’avais dévoué par interdit, ta vie répondra de sa vie, et ton peuple de son peuple.

43 Le roi d’Israël s’en alla chez lui, triste et irrité, et il arriva à Samarie.


* * *

Nos versets de ce jour présentent deux jugements de Dieu qui pourraient nous causer quelque étonnement, si nous ne les considérions pas avec assez d’attention;

l’un concerne ce pauvre fils des prophètes qui est dévoré par un lion;

l’autre ce roi d’Israël qui reçoit une sentence de mort.

Pourquoi le prophète est-il frappé d’une manière si soudaine et si cruelle?

Quel grand mal a-t-il donc fait?

A-t-il commis quelque méchanceté contre son compagnon?

Au contraire, il s’est refusé par bonté de cœur, comme on dit, à frapper jusqu’au sang son ami qui lui disait, comme pourrait le faire un fou: Transperce-moi, je te prie.

Pourquoi aussi cette terrible sentence contre le roi?

Ce roi était un très méchant homme, sans doute, mais c’est cette méchanceté même qui

rend le jugement plus extraordinaire.

S’il était puni pour avoir persécuté les fidèles, tué les prophètes, propagé l’idolâtrie et l’impureté, on le comprendrait; mais non! c’est justement pour avoir fait la première bonne action, semble-t-il, qu’on l’ait jamais vu accomplir.

Il agit avec noblesse, en vrai chevalier généreux et clément envers son ennemi;

il l’a entre les mains, et au lieu de le châtier, il lui pardonne, il le console, il le traite en roi, en ami;

il le fait monter dans sa voiture;

il l’amène dans son palais.

Nous allons reprendre ces faits, chers enfants; mais ce qui en ressort clairement avant toute explication, c’est que DIEU VEUT L’OBÉISSANCE, c’est que c’est à lui et non pas à nous de régler notre Vie, que:

C’est à lui et à sa parole

et non pas à nous de déclarer ce qui est bien et ce qui est mal,

à lui et non pas à nous de tracer notre chemin.

Ben-Hadad venait de repartir pour Damas et s’en était allé rejoindre les tristes débris de son armée dont cent vingt-sept mille hommes avaient déjà péri dans la bataille. Achab jouissait de sa victoire inespérée, de sa générosité envers le vaincu et de son magnifique traité d’alliance avec le roi de Syrie qui lui rendait même les villes prises à son père Homri, vingt-deux ans auparavant.

Les hommes irréfléchis ou sans crainte de Dieu pouvaient joindre leurs éloges et leur admiration à la haute-satisfaction qu’il éprouvait lui-même de sa conduite, mais Dieu et son peuple en jugeaient tout autrement.

Nous avons déjà caractérisé sa faute dans notre leçon dernière; je n’y reviens pas.

Reprenons la suite de nos versets au 35e.

Alors quelqu’un des fils des prophètes dit à son compagnon: Frappe-moi, je te prie. On a des raisons de croire que c’était Michée, que nous retrouverons au chapitre XXII.

Savez-vous ce que voulait dire cette expression: Un des fils des prophètes?

Sous l’influence d’Élie et d’Élisée, on avait établi des écoles où l’on exerçait de jeunes hommes pieux à la connaissance des Écritures et à la prière, et où Dieu se plaisait à susciter de vrais prophètes en leur envoyant par intervalles son divin Esprit.

Un jour, un de ces jeunes gens, s’approchant d’un autre, lui dit: Frappe-moi, je te prie!

Mais comment le lui dit-il?

D’APRÈS LA PAROLE DE L’ÉTERNEL.

Voilà le mot important qui répond à toutes nos difficultés. Le jeune homme devait savoir que cet ordre étrange venait de l’Éternel, c’est-à-dire que son ami avait reçu une révélation, une inspiration, comme il en descendait de temps en temps sur eux, en sorte que REFUSER D’ACCOMPLIR CET ORDRE C’ÉTAIT DÉSOBÉIR À DIEU.

Il était prophète; il savait donc qu’un prophète parlait souvent de la part de l’Éternel, et que lui désobéir alors c’était, je le répète, désobéir à Dieu.

Voilà où fut son péché;

il suivit SA PROPRE SAGESSE, et parce qu’il ne comprenait pas encore les desseins de l’Éternel, IL REFUSA DE CROIRE ET D’OBÉIR.

Mes enfants, voilà la source des incrédulités comme des révoltes du cœur de l’homme:

«JE NE COMPRENDS PAS cette parole de Dieu,» et là-dessus on agit comme n’y croyant pas.

«JE NE COMPRENDS PAS qu’un Dieu d’amour fasse souffrir un innocent pour des coupables; donc je ne croirai pas que Jésus soit mort pour expier nos péchés; je ne croirai pas à la rédemption par son sang.»

«JE NE COMPRENDS PAS que Dieu ait un fils; donc je ne croirai point à la divinité de Jésus-Christ.»

«JE NE COMPRENDS PAS que ce soit Dieu qui nous fasse faire le bien.

JE NE COMPRENDS PAS que Dieu change les cœurs, parce que je crois que l’homme est libre; donc je ne ferai pas de prières pour demander à Dieu de convertir les incrédules et de garder les croyants...»

Et c’est justement ainsi, mes enfants, que notre premier père s’est perdu. «Comment!» lui dit Satan, «serait-il possible que Dieu eût défendu de manger du fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin!»

Je le répète, le péché du fils des prophètes est le même qui se trouve à la source de toutes nos incrédulités et de presque toutes nos désobéissances.

Il consiste à ne vouloir recevoir une parole de Dieu qu’après l’avoir comprise et approuvée par notre pauvre petite sagesse, qui, dans les choses de Dieu, n’est que folie et ignorance.

Ah! quand nous sommes sûrs qu’une parole est bien de Dieu, qu’elle est réellement écrite dans son livre, nous devons courber la tête, comme fit Abraham, le père des croyants, qui «crut et qui espéra contre espérance;» et si nous y voyons des choses que nous ne comprenons pas, par exemple cette parole qui lui fut adressée: «Prends ton fils, ton unique, celui que tu aimes, Isaac, et l’offre en holocauste,» nous devons nous dire que la faute en est à nous et non pas à Dieu.

Un petit enfant croit les réponses que son père fait à ses questions, quoique souvent il ne les comprenne pas; il se dit: Mon père comprend, et quand je serai plus grand je comprendrai aussi.

Quand, par exemple, vous feriez un voyage et que, vous promenant avec votre père au bord de la mer, vous l’entendriez vous dire que c’est la lune qui soulève deux fois par jour l’immense Océan, vous vous diriez: Puisque mon père me le dit et qu’il le sait, je le crois, bien que je ne le comprenne pas encore. Quand je serai plus grand je comprendrai comme lui.

Eh bien, quant aux choses de Dieu, le chrétien dit: «Bientôt je comprendrai; dans le ciel je connaîtrai comme j’ai été connu (1 Cor., XIII, 12.)

Mais voyez quelle leçon nous donne le terrible châtiment du pauvre et coupable jeune homme. Les écoles des prophètes, sans doute à cause des persécutions et aussi pour l’avantage de la retraite, étaient placées dans les solitudes de la montagne et du désert. C’est là qu’errent les lions. Le jeune homme marchait dans la campagne lorsque, selon la prédiction de son compagnon, un lion le trouva: c’est-à-dire qu’un lion, en quête de sa proie, l’aperçoit, le poursuit, se précipite sur lui, le renverse, le déchire, lui brise les os et le dévore.

Lisez-moi le récit d’un châtiment semblable infligé aussi à un prophète POUR LE FAIT D’AVOIR CRU LES HOMMES PLUTÔT QUE DIEU: 1 Rois, XIII, 24.

Ce terrible événement, dont Achab eut plus tard connaissance, était destiné à lui servir aussi d’exemple et de leçon. Puisque ce pauvre prophète est puni pour avoir désobéi en refusant de frapper un ami, combien plus un roi d’Israël le sera-t-il pour avoir laissé échapper l’ennemi que Dieu avait condamné et pour la destruction duquel il avait fait un grand miracle!

Michée (si du moins c’était lui) s’adressa alors à un autre homme et lui répéta sa demande. Celui-ci n’hésita pas, et, l’ayant frappé de quelque instrument tranchant, le blessa et le mit tout en sang, comme un soldat revenant de la bataille.

Dieu voulait convaincre Achab de péché par une frappante parabole, et lui faire prononcer lui-même devant tout le peuple sa propre sentence, c’est-à-dire lui faire déclarer qu’en épargnant l’ennemi de Dieu et de sa nation par des motifs d’incrédulité, d’idolâtrie et de vanité, il avait mérité la mort.

Le prophète blessé va donc s’asseoir sur le bord du chemin où le roi doit faire sa promenade, et se présente à lui déguisé en soldat; il est couvert de son propre sang, non seulement pour se mieux cacher, mais pour se rendre plus intéressant, puisqu’il doit faire supposer qu’il a versé ce sang pour son roi et pour son pays, ce qui rendra plus éclatante la sentence qui sera prononcée contre lui.

Le bandeau sur ses yeux devait servir aussi à le cacher, à couvrir sa blessure et à être un signe de deuil et de douleur, comme un homme réduit au désespoir par une condamnation à mort.

Voyant approcher le roi, il lui crie: «Ton serviteur était allé au milieu de la bataille; un de nos généraux m’amène un officier de haut rang prisonnier, et me dit: Garde-le; s’il échappe, ta vie en répondra, ou tu payeras un talent d’argent.»

Le talent chez les Grecs valait environ cinq ou six mille francs, et chez les Hébreux le double; la valeur de l’argent en ce temps-là était beaucoup plus grande que maintenant: cette somme représentait peut-être vingt mille francs de notre monnaie. Un pauvre soldat obligé de donner vingt mille francs ou sa vie est un homme mort. Je faisais quelque affaire ici et là, ajoute le prophète, et mon homme ne s’est plus trouvé. Telle est ta condamnation; tu en as décidé, répond le roi, et les officiers de sa cour et les aides de camp déclarent aussi qu’il a mérité la mort.

Jugez de l’émotion et de la consternation du roi, lorsque tout à coup ce prétendu soldat, qu’on va mener à la mort, ôte son bandeau: c’est un prophète!

Le prisonnier, c’est Ben-Hadad!

Le soldat qui devait le garder, c’est toi, ô roi!

Le général, c’est Dieu même qui avait, par sa toute-puissance, remis ton ennemi entre tes mains. Il l’avait condamné à l’interdit.

Tu ne devais pas le renvoyer en Syrie pour verser encore le sang de ton peuple et pour blasphémer Dieu.

Tu ne devais pas t’allier avec l’ennemi de ton Dieu, de ta nation et de toi-même.

Tu t’es joué des ordres de l’Éternel et de sa délivrance.

Ta vie répondra pour sa vie, et ton peuple pour son peuple.

Il y aura un jugement sur toi et tes sujets; Ben-Hadad et ce peuple syrien, si bien traités par toi, en seront les exécuteurs: Ben-Hadad sera le lion qui te rencontrera!

Voyez, en effet, comme les hommes jugent bien leurs propres actions quand la passion ne les aveugle pas. C’est Achab lui-même qui s’est déclaré plus coupable que le soldat, car c’était Dieu qui l’avait chargé de garder le prisonnier, et qui le lui avait remis par un miracle de bonté. Mais Achab s’en alla, est-il dit, tout renfrogné et indigné, du côté de Samarie; il était exalté par la victoire et par la pensée de sa générosité, et maintenant le voilà irrité contre le prophète, contre Dieu même.

Je ne puis qu’indiquer les deux leçons principales à tirer de ce récit:

1. Que quand il s'agit des fautes des autres, nous jugeons avec intelligence; mais quand il s’agit de nous-mêmes, nous ne voyons souvent pas «une poutre dans notre œil (Matth., VII, 3.).»

2. Que l’incrédulité est la source de tous nos péchés, la cause de toutes nos désobéissances et de toutes nos révoltes, et la foi notre seul remède.


 

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