Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !
Leçons données dans une école du Dimanche sur les prophètes Elie et Elisée

DIXIÈME LEÇON

I ROIS, XX, 15-16.

15 Alors Achab passa en revue les serviteurs des chefs des provinces, et il s’en trouva deux cent trente-deux; et après eux, il passa en revue tout le peuple, tous les enfants d’Israël, et ils étaient sept mille.

16 Ils firent une sortie à midi. Ben-Hadad buvait et s’enivrait sous les tentes avec les trente-deux rois, ses auxiliaires.


* * *

Nous disions dimanche que quand Dieu veut délivrer ou punir, il se plaît à faire usage des moyens les plus chétifs, afin que les hommes soient obligés de n’attribuer qu’à lui et cette délivrance et cette punition.

De quoi, par exemple, a-t-il fait le monde?

De rien.

De quoi a-t-il fait l’homme?

De poussière.

De quoi fait-il chaque année sortir le blé qui nous nourrit, ou les lis et les roses de nos jardins?

D’une petite graine et de la boue de la terre.

De quoi fera-t-il sortir au dernier jour notre pauvre corps, réduit à quelques poignées de poudre, pour le rendre «semblable au corps de la gloire (Phil., III, 21.)

De cette poudre même et de la corruption.

Et de quoi a-t-il fait la plus belle de ses œuvres, l’établissement du christianisme sur la terre, le renversement de l’idolâtrie, la conversion des peuples, la transformation des sociétés humaines, transformation telle qu’à la mort des apôtres il y avait peut-être plus de chrétiens qu’il n’y en a maintenant?

Il y avait alors dans le monde beaucoup de savants, de philosophes, de grands génies. Les a-t-il employés pour convertir les peuples?

Il y avait des rois, des princes, des prêtres dans Jérusalem. Les a-t-il choisis pour accomplir cette mission?

Non! Il en a chargé douze villageois qui ne savaient que le patois de la Galilée, pays méprisé par les Juifs, lesquels étaient eux-mêmes méprisés des Romains et des Grecs. Lisez-moi ce que dit là-dessus Saint Paul dans la première épître aux Corinthiens, chap. I, 18-31.

Oui, c’est par de petits moyens que Dieu aime à faire ses plus belles œuvres, et particulièrement celles de son Évangile.

C’est ainsi qu’il l’a établi la première fois; et quand cet Évangile est revenu dans les pays où il avait été oublié, abandonné, étouffé par l’idolâtrie et par les iniquités des hommes, on a vu le même phénomène.

Qui est-ce qui, il y a trois cents ans, a réformé l’Allemagne et changé par là toute la face de l’Europe?

Un pauvre moine mendiant qui allait, un sac sur l’épaule, demander son pain de porte en porte.

Et qui est-ce qui a réformé Genève, remplie de prêtres immoraux, Genève gouvernée par un évêque-prince entouré de chanoines sortis des plus puissantes familles de toute la contrée, Genève dont on disait qu’il n’y avait pas dans tout le corps helvétique de ville plus impossible à réformer?

Un pauvre voyageur dauphinois qui, s’y trouvant en passage et logeant à l’auberge de l’Ours, se mit à parler de l’Évangile à quelques bourgeois.

Les prêtres excitèrent une émeute contre lui; on le conduisit à la rue des Chanoines, auprès du vicaire général de l’évêque; il fut insulté en montant la cité; on lui tira un coup d’arquebuse sur une galerie où on l’avait fait monter; les gens disaient en le voyant: «Qui est ce prédicant chétif et mal vêtu?»

C’était Guillaume Farel, si bien nommé «le père des Genevois.» Il dut partir alors dans un petit bateau que ses amis réussirent à faire passer.entre les chaînes du port; mais il revint plus tard et fut le bienheureux auteur du commencement de la Réformation.

Eh bien, chers enfants, telle est la leçon que le Saint-Esprit a voulu nous donner dans les versets que vous m’avez récités aujourd’hui. Vous vous rappelez dans quelle détresse était Samarie et à quelles bassesses son roi était descendu pour échapper à la mort et pour satisfaire l’implacable roi de Syrie et sa puissante armée. Vous avez entendu cette affreuse menace de Ben-Hadad: Ainsi me fassent les dieux et ainsi ils y ajoutent, si la poudre de Samarie suffit pour remplir le creux de la main de tous ceux du peuple qui me suivent.

Cette ville semblait destinée à la plus horrible destruction; il n’y resterait pas, pensait-on, pierre sur pierre; que dis-je, poudre sur poudre!

Eh bien, par qui va-t-elle être délivrée, et par qui l’insolent Ben-Hadad sera-t-il humilié et abattu? Il serait déjà bien merveilleux que Samarie fût sauvée par cette petite troupe qui tremble derrière ses murailles; mais c’est encore trop de sept mille soldats contre les deux ou trois cent mille de Syrie.

Ce sera par deux cent trente-deux hommes, que dis-je des hommes! des enfants, de jeunes valets qui accompagnent les gouverneurs des provinces, et cela afin que tout l’honneur soit rendu à Dieu, selon que le prophète l’avait déclaré à Achab.

Les valets des gouverneurs sortirent les premiers; ils allaient à l’avant-garde, et le reste des Israélites suivaient à distance.

Ah! il fallait de la foi pour oser s’avancer ainsi. Mais quand on est dans la dernière détresse on se tourne avec énergie vers les ressources, même les plus chétives, comme un naufragé, nageant au milieu des vagues et au-dessus des abîmes, se jette avec effort sur une faible planche qui flotte devant lui.

Il était midi: c’est l’heure où, dans les pays chauds, on se renferme pour se reposer. Ben-Hadad était à boire avec les trente-deux rois, obligés de le suivre partout et de se faire ses complaisants et ses flatteurs. On lui dit qu’on aperçoit quelque mouvement sous les murs de la cité: ce sont probablement des ambassadeurs, des suppliants: «Allez voir!» Quelques cavaliers s’approchent de la ville et reconnaissent la petite troupe qui s’avance; ils en font rapport au roi: Il est sorti des gens de Samarie. À ce propos, Ben-Hadad répond comme nous lisons dans l’histoire que fit plus tard le roi Tigrane à la vue de la petite armée romaine de Lucullus qui marchait contre lui: «S’ils viennent comme ambassadeurs ils sont beaucoup; s’ils viennent comme combattants ils sont bien peu.»

Quelle arrogance et quelle cruauté dans son langage: Qu’ils soient sortis pour la paix ou pour la guerre, saisissez-les tout vifs. Il a juré la ruine de Samarie; il n’y laissera pas un chien vivant, et la poudre même en sera balayée; il veut donc que ces hommes, ambassadeurs ou soldats, n’importe! ne meurent pas à la manière des autres guerriers: on les prendra tout vifs, afin de leur faire savourer la mort.

Cet ordre impuissant et ce profond dédain pour ses ennemis firent la ruine de Ben-Hadad. Les rois restèrent à leur banquet et le désir des Syriens de prendre vifs les premiers Israélites qui s’avancèrent leur fit négliger les précautions nécessaires. Aussi chaque jeune valet tua-t-il son homme, comme il arriva lors de la prise de Mexico par Cortès. Les Mexicains mettaient leur gloire à prendre leurs ennemis vivants, parce qu’ils avaient l’abominable coutume d’égorger les prisonniers sur les autels de leurs divinités, en sorte que les Espagnols eurent une grande facilité à les tuer par centaines.

Les chefs de la grande armée de Ben-Hadad étaient ivres; personne ne donnait des ordres raisonnables, personne n’était prêt pour le combat; aussi la confusion la plus complète régna-t-elle bientôt dans tous les rangs; leur nombre même augmentait le désordre; enfin la terreur les saisit; ce fut un sauve-qui-peut général.

Les Syriens s’enfuirent sans plus songer au combat; les Israélites les poursuivirent et Ben-Hadad lui-même, entraîné par les fuyards, comme Bonaparte à Waterloo, se sauva sur un cheval et sa cavalerie après lui.

Quelle amertume devait remplir son cœur de demi-dieu! C’est ainsi que l’Éternel confond les orgueilleux, déjà sur la terre; mais que sera-ce au dernier jour quand ils comparaîtront devant le siège judicial de Christ!

Et le roi d’Israël sortit et frappa les chevaux et les chariots, en sorte qu’il fit un grand carnage des Syriens.

J’avais dit l’autre jour qu’Achab était à la tête de ses deux cent trente-deux jeunes pages, parce que le prophète, quand le roi avait demandé: Qui est-ce qui les conduira? avait répondu: Toi. Je m’étonnais du courage et de la foi de ce méchant; mais je n’avais pas remarqué le verset 21, où nous apprenons qu’il avait laissé les jeunes hommes sortir sans lui, et qu’il ne se jeta hors de la ville, à la poursuite des Syriens, que lorsqu’il eut vu la parole du prophète accomplie et la déroute de l’armée de Ben-Hadad réalisée.

Achab ne paraît pas avoir su rien dire ni rien faire d’honorable après cette étonnante délivrance.

Dieu a voulu nous montrer dans sa personne que les plus grands miracles ne convertissent pas un coeur qui a pu résister à sa parole.

Ben-Hadad non plus ne devient pas plus sage. Il part malgré son ivresse, et ne doit son salut qu’à la vitesse de son cheval.

Insensé et méchant! Où est l’or et l’argent de Samarie? Où sont les femmes et les beaux enfants d’Israël? Où sont ces poignées de poussière dont tu aurais peine à remplir la main de tes soldats?

Quand on ne connaît pas encore la dureté du cœur de l’homme, on s’attend à ce qu’Achab se jette à genoux humilié, transformé, après cette magnifique délivrance qui était déjà la troisième ou la quatrième qu’il recevait de Dieu.

Mais non! Comme il revenait de la bataille et rentrait dans sa capitale, il voit venir à lui le même homme de Dieu qui la lui avait prédite. Certes, il semble qu’il l’écoutera, cette fois! Ce prophète vient lui dire: Va et te fortifie, car dans un an le roi de Syrie remontera contre toi. Prépare donc des moyens de défense.

Il en est de même pour nous, mes enfants, après une victoire sur nous-mêmes ou sur une tentation du dehors, après des témoignages de la bonté de Dieu: il faut nous tenir doublement sur nos gardes, car notre ennemi nous attaque de nouveau et plus fortement encore que la première fois, SI NOUS NOUS CONFIONS EN NOS PROPRES FORCES.

Quel mystère enveloppe souvent ici-bas les voies du Seigneur!

Ce roi si méchant, ce mari de Jésabel, Dieu le laisse prospérer pour un temps; Dieu lui donne des succès et des victoires!

On est étonné par des faits semblables dans l’histoire.

Ainsi, Louis XIV, qui avait fait couler le sang des saints, qui persécutait les meilleurs de ses sujets et les faisait mourir s’ils persévéraient à vouloir lire la Bible et chanter leurs psaumes, Louis XIV a eu un règne glorieux de cinquante années; le châtiment est bien venu enfin sur lui et sur sa race, mais après une longue patience de Dieu.

Quand Ben-Hadad fut rentré à Damas, ses flatteurs cherchèrent à le consoler, et pour lui persuader que ce n’était pas une déroute qu’il avait subie, ils assignèrent deux causes à sa défaite:

l’une les dieux; celui d’Israël avait évidemment mis sa main dans l’affaire;

l’autre les trente-deux rois qui avaient embarrassé l’armée, comme le firent pour Bonaparte les princes dépossédés dont il se faisait suivre dans sa campagne de Russie, généraux de parade qui sont des ornements et non des secours.

On reformera donc une plus belle armée; on la placera sous de meilleurs officiers, et dans un an on reprendra la guerre contre Israël.


 

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