Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !
Leçons données dans une école du Dimanche sur les prophètes Elie et Elisée

NEUVIÈME LEÇON

I ROIS, XX, 1-15.

20:1 Ben-Hadad, roi de Syrie, rassembla toute son armée; il avait avec lui trente-deux rois, des chevaux et des chars. Il monta, mit le siège devant Samarie et l’attaqua.

2 Il envoya dans la ville des messagers à Achab, roi d’Israël, (20-3) et lui fit dire: Ainsi parle Ben-Hadad:

3 Ton argent et ton or sont à moi, tes femmes et tes plus beaux enfants sont à moi.

4 Le roi d’Israël répondit: Roi, mon seigneur, comme tu le dis, je suis à toi avec tout ce que j’ai.

5 Les messagers retournèrent, et dirent: Ainsi parle Ben-Hadad: Je t’ai fait dire: Tu me livreras ton argent et ton or, tes femmes et tes enfants.

6 J’enverrai donc demain, à cette heure, mes serviteurs chez toi; ils fouilleront ta maison et les maisons de tes serviteurs, ils mettront la main sur tout ce que tu as de précieux, et ils l’emporteront.

7 Le roi d’Israël appela tous les anciens du pays, et il dit: Sentez bien et comprenez que cet homme nous veut du mal; car il m’a envoyé demander mes femmes et mes enfants, mon argent et mon or, et je ne lui avais pas refusé!

8 Tous les anciens et tout le peuple dirent à Achab: Ne l’écoute pas et ne consens pas.

9 Et il dit aux messagers de Ben-Hadad: Dites à mon seigneur le roi: Je ferai tout ce que tu as envoyé demander à ton serviteur la première fois; mais pour cette chose, je ne puis pas la faire. Les messagers s’en allèrent, et lui portèrent la réponse.

10 Ben-Hadad envoya dire à Achab: Que les dieux me traitent dans toute leur rigueur, si la poussière de Samarie suffit pour remplir le creux de la main de tout le peuple qui me suit!

11 Et le roi d’Israël répondit: Que celui qui revêt une armure ne se glorifie pas comme celui qui la dépose!

12 Lorsque Ben-Hadad reçut cette réponse, il était à boire avec les rois sous les tentes, et il dit à ses serviteurs: Faites vos préparatifs! Et ils firent leurs préparatifs contre la ville.

13 Mais voici, un prophète s’approcha d’Achab, roi d’Israël, et il dit: Ainsi parle l’Éternel: Vois-tu toute cette grande multitude? Je vais la livrer aujourd’hui entre tes mains, et tu sauras que je suis l’Éternel.

14 Achab dit: Par qui? Et il répondit: Ainsi parle l’Éternel: Par les serviteurs des chefs des provinces. Achab dit: Qui engagera le combat? Et il répondit: Toi.

15 Alors Achab passa en revue les serviteurs des chefs des provinces, et il s’en trouva deux cent trente-deux; et après eux, il passa en revue tout le peuple, tous les enfants d’Israël, et ils étaient sept mille.


* * *

Chers enfants, la Bible ne nous enseigne pas seulement comment Dieu sauve les hommes et les prépare à l’éternité, elle nous apprend aussi les voies de sa providence envers les peuples. «La justice élève une nation,» y est-il écrit (Prov. XIV, 34.).

Et où peut-on mieux le savoir que dans notre petite république, en faveur de laquelle cette providence opéra tant de merveilles lorsque Genève honorait Jésus-Christ et voulait avant tout lui obéir?

Mais quand un peuple qui a connu sa volonté vient à l’oublier et à la mépriser, alors ce Dieu saint et juste, dans ses voies toujours adorables, réduit bientôt ce peuple à toutes sortes de misères et d’humiliations. «J’honorerai ceux qui m’honorent,» a dit l’Éternel, «mais ceux qui me méprisent tomberont dans le dernier mépris  (1 Sam., II, 30.)»

Cette vérité n’est pas toujours visible sur la terre à l’égard des individus, mais oui bien à l’égard des peuples, parce qu’ils n’ont pas d’existence dans l’éternité, ainsi que je vous l’ai déjà expliqué.

Nous en voyons la réalisation dans tout l’Ancien Testament, et très particulièrement dans notre leçon de ce jour, au milieu de cette malheureuse nation pour laquelle avaient été faits tant de miracles.

Elle s’est adonnée au culte des idoles,

elle a persécuté les serviteurs de l’Éternel,

elle a méconnu les prophètes.

Comment Dieu la punit-il?

D’abord en l’abandonnant à des rois impies, à des gouvernements immoraux, à un Achab, à une Jésabel;

puis ces gouvernements impies attirent eux-mêmes sur la nation toutes sortes d’humiliations nouvelles et de douleurs; des émeutes, des révolutions, des massacres, des invasions étrangères, des sièges, des pillages.

Jugez-en par cette expédition de Ben-Hadad contre Samarie.

À quel état d’épuisement et de misère il fallait que le pays fût réduit pour que le roi de Syrie pût arriver jusqu’à la capitale, avec ces trente-deux rois qu’il s’était soumis et qu’il obligeait à figurer dans son armée, et avec ces terribles chariots de guerre armés de fer, hérissés de hallebardes et de lances tranchantes, que les anciens avaient coutume de lancer au galop pour enfoncer les rangs et mettre en pièces leurs ennemis!

Comme il fallait que Dieu se fût retiré de cette pauvre nation d’Israël pour qu’une armée dévastatrice pût parvenir sans résistance jusque sur les hauteurs de Samarie et mettre le siège devant cette ville tout récemment bâtie!

Le pays était tellement épuisé par la famine, par les maladies, par les émigrations, qu’au lieu des quatre cent mille guerriers d’autrefois il n’avait pu en fournir que sept mille (verset 15).

Sans doute aussi les gens de bien étaient désaffectionnés d’un gouvernement impie et persécuteur; la confiance des citoyens les uns dans les autres avait péri, en sorte qu’au jour du danger le roi se trouva presque seul.

Qui est-ce qui irait exposer sa vie pour continuer le règne de cet Achab qui s’était «vendu à toute iniquité (2 Rois XVII, 17.)

Dans quel mépris il fallait que le peuple et son roi fussent aussi tombés aux yeux de leurs ennemis pour que Ben-Hadad osât parler comme il le fit!

À peine eut-il campé son armée sous les hauteurs de Samarie, qu’il envoya des messagers à Achab. On les fit entrer dans la ville.

Que venaient-ils dire? Ainsi a dit Ben-Hadad: Ton argent et ton or sont à moi... C’était déjà bien rude, mais ils ajoutent: Tes femmes aussi et tes beaux enfants sont à moi, c’est-à-dire: Tu es mon esclave, mon vassal, mon valet.

Mais ce n’est encore rien que tout cela en comparaison du reste, car de tout temps les conquérants ont été insolents et outrageux aux jours de la prospérité. Qu’on se rappelle seulement Bonaparte disant à son entrée en Prusse: «Je réduirai toute la noblesse de ce pays à mendier son pain

Mais ce qui montre plus que tout le reste l’abjection de cette pauvre nation, c’est la lâche réponse de son misérable roi. Croyant se borner à reconnaître la suzeraineté du monarque syrien, c’est-à-dire à se rendre son tributaire en se remettant à sa clémence, Achab, pour sauver au moins sa vie, lui envoie cette parole abjecte: Mon seigneur, je suis à toi comme tu le dis et tout ce que j’ai.

Il s’avilit, il rampe, ce roi qui aurait pu vivre dans le bonheur et dans la gloire s’il fût demeuré fidèle au Dieu de ses pères.

Voilà, chers enfants, les effets du péché sur un peuple. Dieu s’en retire, et alors ce peuple devient l’esclave des hommes pour n’avoir pas voulu être celui de Dieu.

À cette réponse si basse, Ben-Hadad devient plus insolent: il envoie de nouveaux messagers avec un nouvel ordre qu’il cherche à rendre aussi flétrissant et aussi cruel que possible.

Achab avait tout mis à ses pieds, croyant qu’il se contenterait d’enlever ses trésors, de lui demander des otages et de faire de lui un de ses vasseaux, un trente-troisième roi obligé de le suivre dans ses guerres.

Mais non! Ben-Hadad veut l’immédiate possession de tout, sans réserve. Et ce ne sont plus seulement les trésors du roi, ce sont aussi ceux de tout le peuple qui doivent être mis à sa disposition et à celle de ses officiers.

Et encore il n’ira pas en personne les chercher: ce serait trop d’honneur pour Achab; il enverra ses esclaves qui fouilleront le roi et sa maison, et s’ils savent une chose dans laquelle il prenne un plaisir spécial, ils l’emporteront; et ils en agiront ainsi non seulement chez lui, mais chez ses sujets!

Vous savez que David, lorsque Dieu lui laissa le choix entre divers châtiments de sa justice, s’écria: «Que je tombe entre les mains du Seigneur et non dans celles des hommes!»

Ah! mes enfants, que Dieu nous garde de la main des hommes!

Qu’il garde en particulier notre Genève des armées étrangères!

Et s’il l’en a préservée depuis longtemps, ce n’est pas à cause de nos mérites, de nos services, de notre zèle pour lui, mais seulement à cause de sa miséricorde et de sa longue patience!

Mais cette fois c’en était trop, même pour le lâche Achab. Il assembla les anciens de son royaume et ceux-ci eurent des sentiments plus nobles que lui: Ne l'écoute point et ne lui complais point, lui dirent-ils.

Et Achab alors, de la manière la plus douce et la plus prudente, envoya dire à Ben-Hadad: «Sire, je ne retire rien de ce que je vous ai promis; je suis à votre service, mais ne m’en demandez pas davantage.» Cette simple réponse, tout humble qu’elle était encore, remplit de courroux le cœur altier du roi de Syrie enivré de ses premiers succès; il s’emporte, il jure, il menace, il prend ses dieux à témoin, il se maudit s’il ne réduit pas Samarie en un monceau de poussière, et cette poussière même sera tellement menue, et les hommes qui détruiront la ville seront en si grand nombre, qu’il n’y en aura pas de quoi remplir le creux de leurs mains.

Quand Bonaparte apprit que l’Espagne lui! résistait, au milieu de ses triomphes, à son retour de Prusse, il dit: «Le monde va bientôt entendre un coup de tonnerre.» Ce fut! ce coup de tonnerre qui le perdit.

Que celui qui endosse le harnais ne se glorifie pas comme celui qui le pose, (1 Rois, XX, 11.) répond Achab, et on a dit que c’est la première parole de sagesse qu’il ait su prononcer; elle revient à dire: «Que celui qui part pour la bataille ne parle pas comme s’il en revenait déjà victorieux;», car le harnais ici signifie tout l’équipage d’un homme de guerre.

C’est une faiblesse orgueilleuse de se vanter de ce qu’on a fait, mais c’est encore pire, c’est une folie de se vanter de ce qu’on fera. Lisez-moi Proverbes, XXVII, 1, et Jacques, IV, 13-16.

Il y a beaucoup de gens qui disent bien: «S’il plaît à Dieu,», mais sans penser réellement que nous n’avons pas un battement de cœur qui ne nous soit donné de Lui. Tout ce que nous possédons ici, notre vie même n’est qu’un prêt; aussi notre Seigneur disait: «Si vous n’êtes pas fidèles dans ce qui est à autrui, on ne vous confiera pas ce qui est à vous (Luc XVI, 12.);» c’est-à-dire que tout ce dont nous jouissons ici-bas ne nous est que prêté, appartient à autrui; mais que dans le royaume éternel tout ce dont nous jouirons sera à nous, nous appartiendra en propre.

À la réponse inattendue et presque insultante d’Achab, si différente de son premier langage, Ben-Hadad ne se contint plus de rage. Il était à boire avec ses officiers, et si sûr de la victoire qu’il méprisait son ennemi et ne prenait aucune précaution. Dieu permettait cet aveuglement pour sa ruine. Il se lève de table avec ses officiers; le voilà devant Samarie, l’arc tendu, l’épée à la main, les machines de guerre toutes prêtes. À l’ouvrage! à l’assaut!

Mais à ce moment même arrive un prophète, un de ces prophètes qu’Achab cherchait en tous lieux pour les faire mourir, un de ceux qui avaient échappé à la méchante Jésabel. Voyez l’admirable miséricorde de Dieu pour ce peuple ingrat.

Il a des élus dans cette ville;

il veut les sauver;

il veut leur donner encore cette fois des témoignages de sa puissance et de sa bonté.

Je pense que Dieu envoie ce prophète:

1. Pour les encourager et les consoler, pour qu’ils voient que Dieu n’a pas totalement abandonné son peuple;

2. Pour convaincre encore une fois Achab, et pour manifester ainsi la dureté du cœur de l’homme qui ne se convertit pas malgré toutes les compassions de Dieu envers lui;

3. Pour venger l’honneur du nom de l’Éternel;

4. pour punir l’insolence de Ben-Hadad;

5. Pour encourager Élie et Élisée, qui travaillaient ailleurs et qui apprendraient qu’un de leurs frères, inconnu peut-être, était allé auprès du roi de la part du Seigneur.

Quelle admirable promesse apporte ce prophète!

N'as-tu pas vu cette immense multitude? — Que trop!

Eh bien, je vais la livrer entre tes mains et tu sauras que je suis l’Éternel. Achab croit à ce miracle; il en avait vu d’autres; il demande seulement par qui il s'accomplira. Et Dieu, pour exalter sa puissance, qui aime à s’exercer par les plus faibles moyens, répond: «Non par les forts et par les habiles guerriers, mais par les pages de ton service (1 Rois XX, 14.).»

Ainsi fait l’Éternel. Vous vous rappelez Jonathan et son serviteur (1 Sam., XIV, 1-15.), Gédéon et son armée réduite par l’ordre de Dieu à trois cents hommes (Juges VII.)...

Et qui sera le général? — Toi!

L’armée est de sept mille hommes; c’est bien peu, mais c’est encore trop et Dieu ne les emploiera pas. Il délivrera Samarie par des jeunes gens qui ne sont pas exercés au combat, pas prêts, pas d’âge, pas nombreux: ils ne sont que deux cent trente-deux (1 Rois XX, 15.)!

Il y eut à cette heure quelque peu de foi chez Achab et chez son peuple. Il crut que Dieu le délivrerait, et par ces faibles moyens. Les plus méchants ont des moments de conviction. Les jeunes gens sortent donc à l’heure de la sieste, alors que tout dort et se repose. Ben-Hadad est plongé dans ses orgies royales; il s’enivre dans sa tente avec ses trente-deux rois. Que pouvait-il craindre d’une armée de sept mille hommes?


 

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