Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !
Leçons données dans une école du Dimanche sur les prophètes Elie et Elisée

HUITIÈME LEÇON

I ROIS, XIX, 16-21.

16 Tu oindras aussi Jéhu, fils de Nimschi, pour roi d’Israël; et tu oindras Élisée, fils de Schaphath, d’Abel-Mehola, pour prophète à ta place.

17 Et il arrivera que celui qui échappera à l’épée de Hazaël, Jéhu le fera mourir; et celui qui échappera à l’épée de Jéhu, Élisée le fera mourir.

18 Mais je laisserai en Israël sept mille hommes, tous ceux qui n’ont point fléchi les genoux devant Baal, et dont la bouche ne l’a point baisé.

19 Élie partit de là, et il trouva Élisée, fils de Schaphath, qui labourait. Il y avait devant lui douze paires de boeufs, et il était avec la douzième. Élie s’approcha de lui, et il jeta sur lui son manteau.

20 Élisée, quittant ses boeufs, courut après Élie, et dit: Laisse-moi embrasser mon père et ma mère, et je te suivrai. Élie lui répondit: Va, et reviens; car pense à ce que je t’ai fait.

21 Après s’être éloigné d’Élie, il revint prendre une paire de boeufs, qu’il offrit en sacrifice; avec l’attelage des boeufs, il fit cuire leur chair, et la donna à manger au peuple. Puis il se leva, suivit Élie, et fut à son service.

20:1 Ben-Hadad, roi de Syrie, rassembla toute son armée; il avait avec lui trente-deux rois, des chevaux et des chars. Il monta, mit le siège devant Samarie et l’attaqua.


* * *

Élie était à l’heure la plus émouvante de sa vie, à la porte de la caverne sur la montagne d’Horeb, seul avec son Dieu qui venait de se manifester à lui dans son étonnante miséricorde.

D’abord un vent impétueux avait brisé les rochers, mais l’Éternel n’était pas dans ce vent;

puis la montagne avait tremblé sous les pieds du prophète, mais l’Éternel n’était pas dans ce tremblement;

ensuite un feu avait paru venant de la terre ou du ciel, mais l’Éternel n’était pas dans ce feu;

enfin un son doux et subtil s’était fait entendre, et à ce son Élie avait senti toute son âme émue de l’approche de son Dieu.

Il avait enveloppé son visage de son manteau et s’était tenu à l’entrée de la caverne où il avait entendu une voix lui disant: Quelle affaire as-tu ici, Élie?

Il s’était plaint d’être tout seul pour l’Éternel en Israël, et d’être poursuivi par les impies qui cherchaient à le tuer. Dieu, pour le relever, lui donne un ordre et lui apprend un fait.

L’ordre était d’oindre trois hommes pour trois ministères bien différents, comme si Dieu lui disait:

Tu t’es plaint d’être seul; eh bien, je vais te donner un aide qui sera ton ami, ton serviteur, ton successeur; tu t’es plaint des impies: crois-tu que je ne les voie pas? J’ai déjà mis à part les hommes qui doivent les punir; ce sont deux inconnus: l’un, nommé Hazaël, qui sera un jour roi de Syrie à la place de Ben-Hadad, et que je chargerai de punir mon peuple d’Israël; l’autre, nommé Jéhu, qui sera roi d’Israël à la place d’Achab et que je chargerai de punir Achab, Jésabel et tous les prophètes de mensonge.

Le fait était celui-ci: Je me suis réservé sept mille hommes qui n’ont pas fléchi le genou devant Baal. Tu t’es plaint d’être seul et de n’avoir rien obtenu par tes travaux; tu te trompes! Il y a encore dans le pays sept mille personnes qui craignent l’Éternel.

Ces paroles doivent être expliquées et elles renferment plusieurs instructions que je vous indiquai à la hâte dimanche dernier:

1) Il ne faut pas juger trop promptement de l’état des autres devant Dieu. Élie, un homme bien spirituel, le plus grand des prophètes peut-être, excepté Jean-Baptiste, Élie s’est trompé; il se croyait seul, tandis qu’il aurait dû se rappeler l’excellent Abdias et les prophètes cachés par lui, et la bonne veuve de Sarepta, etc., etc.

Dieu lui apprend qu’il y a un grand nombre d’âmes qui lui appartiennent encore.

2) Ces sept mille nous font comprendre deux déclarations opposées concernant le nombre des élus: La Parole de Dieu nous enseigne qu’il est petit, et Jésus lui-même répond à ses disciples, qui le questionnaient à ce sujet: «Faites effort pour entrer par la porte étroite, car étroit est le chemin et étroite est la porte qui mènent à la vie, et il y en a peu qui le trouvent (Luc, XIII, 24; Matth., VII, 14.);» et dans une autre occasion il dit encore: «Il y a beaucoup d’appelés mais peu d’élus (Matth., XXII, 14; XX, 16.)

Elle nous enseigne aussi qu’il est grand, car quand l’apôtre Jean voit les élus dans le ciel, ils forment «une multitude que nul ne peut nombrer, de tout peuple, de toute langue et de toute nation; ils viennent de la grande tribulation et ils ont blanchi leurs robes dans le sang de l’Agneau (Apoc., VII, 9-14.)

Les mots de l’Éternel à Élie nous expliquent ces deux déclarations, en apparence contradictoires. Quand nous verrions passer une troupe de sept mille personnes montant au ciel, vêtues de longues robes blanches, portant à la main des palmes et des harpes d’or, versant des larmes de joie, ayant des cœurs brûlant de bonheur et de reconnaissance, et qu’on nous dirait: Voilà les élus du royaume d’Israël au temps d’Élie, nous nous écrierions: Que c’est beau! Quel grand nombre!

Et pourtant, d’un autre côté, c’est bien peu.

Sans qu’on puisse dire exactement le nombre des habitants du royaume d’Israël à cette époque, cela ne faisait probablement pas plus d’une âme sur mille qui obéissait au Seigneur; comme si dans tout Genève il n’y en avait qu’une trentaine!

Dieu dans sa bonté en a appelé chez nous un bien plus grand nombre à la joie de l’Évangile, mais hélas! il y en a beaucoup plus encore qui lui ferment leur cœur.

Nous voyons donc par ce passage que dans chaque lieu le nombre des élus est petit en proportion de celui des appelés, ainsi que l’a dit Notre-Seigneur, mais que, d’un autre côté, lorsqu’ils seront réunis, ils formeront une grande armée, une multitude immense.

3) L’élection vient de Dieu et elle est une œuvre toute d’amour.

Vous savez, mes enfants, ce que c’est qu’une élection; s’il y a une place, une faveur à accorder à deux ou trois personnes dans une grande multitude, les élus seront ceux à qui sera donnée cette place, cette faveur. Eh bien, il faut comprendre que nous sommes tous condamnés par la loi de Dieu que nous avons violée du premier commandement au dernier; et non seulement nous le sommes par la loi que nous ayons violée, mais nous le sommes par notre refus d’écouter et de recevoir le pardon que Dieu nous offre par le sang de son Fils.

L’Écriture nous enseigne que nous sommes tellement mauvais que si Dieu n’y met la main, nous ne recevons pas même la bonne nouvelle d’un Sauveur.

Les uns s’en moquent, les autres la négligent ou la renvoient à un autre temps; en sorte que non seulement la loi, mais aussi l’Évangile nous condamne!

Alors quel amour, quelle bonté de Dieu de vouloir encore sauver des milliers de ces misérables pécheurs!

Saint Paul nous dit que si le Seigneur ne nous cherchait pas, nous deviendrions tous «semblables à Sodome et à Gomorrhe (Rom., IX, 14-29.);», mais ce Dieu de miséricorde daigne élire, choisir un pauvre pécheur. Il lui fait prêcher de revenir à lui; il lui fait annoncer qu’il lui pardonne à cause de Jésus-Christ, et en outre il lui ouvre le cœur, en sorte que ce pécheur est attendri et qu’il s’écrie: «Oh! si cette bonne nouvelle pouvait me concerner!»

Et non seulement cela, mais encore Dieu «garde ceux qu’il a ainsi élus,» afin qu’ils ne retournent plus au péché.

Il les a sauvés par grâce, par le moyen de la foi qui est un don de Lui, non à cause de bonnes œuvres qu’ils eussent faites, mais afin qu’ils en fassent (Eph., II, 8-10; I, 3-4; 2 Tim., I, 9.): tout comme lorsque j’ente un arbre dans mon jardin, c’est pour qu’il me donne de bons et beaux fruits.

Si Dieu nous laissait à notre méchanceté, vous disais-je, nous serions tous perdus; librement, volontairement nous repousserions sa miséricorde comme les habitants de Sodome.

Mais Dieu ne veut pas qu’il en soit ainsi; et quand il a choisi un pauvre pécheur, il l’appelle comme Élisée, comme Matthieu, et il lui dit:

«Suis-moi (Marc II, 14.).

Ne veux-tu pas venir à moi pour avoir la vie (Jean V, 40.)

Puis il lui «donne la foi» pour venir à Lui,

et enfin «il le sanctifie et le garde (1 Pierre I, 2-5.)

Remarquez bien cette expression: Je me suis réservé... Je (moi, Dieu), me (pour moi, pour ma gloire) suis réservé (c’est une œuvre que j’ai faite).

Quel encouragement, quelle pensée délicieuse pour Élie! «Va, retourne à ton œuvre. Va, prêche avec courage: tu vois qu’il en vaut la peine; Dieu a des élus; Dieu pourvoira à leur conversion: il enverra des instruments.»

Combien elle est précieuse aussi pour des ministres, pour des missionnaires, et pour moi en vous donnant cette leçon! C’est comme si Dieu disait, après une bataille où dix mille morts seraient restés à terre: Par un effet de ma volonté et de ma miséricorde, je veux réveiller cinq cents de ces corps; je t’ordonne d’aller leur crier qu’ils se lèvent.

Est-ce que je sais ressusciter les morts?

Est-ce que j’y puis quelque chose?

Non! mais avec cette parole de Dieu j’irai et je crierai à ces morts: «Levez-vous!» Et je sais qu’il y en aura cinq cents qui se lèveront parce que Dieu l’a dit et que sa Parole devient efficace dans les coeurs qu’il a préparés et rendus «honnêtes et bons (Luc VIII, 15.)» pour la recevoir.

Mais je passe au second objet de notre leçon: à l’admirable vocation d’Élisée.

Élie, selon l’ordre de l’Éternel, quitta le désert de Sinaï et fit le grand voyage de Damas pour aller oindre les deux inconnus.

Soit en allant, soit en revenant, il rencontra sur son chemin le jeune homme, peut-être inconnu aussi, que Dieu lui avait désigné comme son successeur. C’était un Israélite pieux, dont le père, riche cultivateur d’Abel-Méhola, possédait de vastes champs et de nombreux attelages.

On était au temps des semailles et le fils de la maison labourait avec douze charrues et douze paires de bœufs; selon l’usage il marchait avec la douzième, conduisant et surveillant tout son monde, quand il vit venir à lui un homme vêtu d’une blouse de poil de chameau, d’une ceinture de cuir autour de ses reins et d’un manteau de poil de chameau sur ses épaules.

Quel est donc cet homme! Que veut-il? Son regard est solennel, sa figure vénérable. Ah! c’est certainement un serviteur de Dieu!

Le jeune homme était pieux, un des sept mille, sans doute; et Dieu l’avait, en outre, probablement préparé intérieurement pour cette heure décisive.

Le prophète s’approche.

Aussitôt, plein d’émotion et de respect, le jeune Élisée, le cœur en haut, prêt à faire la volonté de Dieu, court au-devant de lui, nous est-il dit. Il l’avait sans doute reconnu d’après les descriptions qu’on lui en avait faites.

Et voilà Élie qui lui jette son manteau!

Élisée comprend ce signe solennel; il sent dans son âme la vocation que Dieu lui adresse (après l’y avoir, vous ai-je dit, probablement préparé intérieurement), et il ne dit que ces mots: Je te prie, que je baise mon père et ma mère, et puis Je te suivrai.

On voit là trois choses:

1. Son amour et son respect pour ses parents;

2. Sa résolution de servir Dieu;

3. Sa joie de ce service.

Chers enfants, nous ne sommes pas tous appelés à quitter tout ce que nous avons de plus cher, mais QUAND DIEU NOUS Y APPELLE IL FAUT OBÉIR, car Jésus a dit: «Celui qui aime son père ou sa mère, ou son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi,» et même «celui qui ne les hait pas aussi bien que sa propre vie,» c’est-à-dire qui n’agit pas, quand Dieu l’exige, comme s’il les haïssait, «celui-là ne peut être mon disciple (Matth X. 37; Luc, XIV, 26.)

Oui, il y a des moments dans la vie où il faut se résoudre à tout quitter.

Quand c’est pour Dieu, il ne faut pas hésiter.

Si une fille quitte ses parents pour son époux, que ne devra-t-on pas quitter pour Dieu?

Ainsi avaient fait Matthieu, Luc, Pierre, Tite.

Ainsi firent nos pères quand ils vinrent à Genève.

Je lisais hier, dans le recueil des lettres de Calvin, celle qu’il adressait à un monsieur qui compte parmi les ancêtres de plusieurs d’entre nous, M. de Normandie, lieutenant du roi de France, maire de Noyon, qui avait tout quitté pour sa foi.

Son père, qui n’avait pas voulu le suivre, venait de mourir, et il s’écriait: «Oh! si Dieu m’avait accordé d’emmener mon père, comme Abraham!» Peu après il perdit sa fille, puis sa femme; et ses anciens amis lui reprochèrent, ces afflictions comme si son exil volontaire en était la cause; mais sa femme s’était écriée en mourant: «Que je suis heureuse d’avoir quitté le pays de l’idolâtrie et de mourir dans la foi à l’Évangile!»

Mes enfants, il pourrait revenir des temps où vous seriez obligés de tout quitter pour suivre Jésus-Christ; ou bien le Seigneur pourrait appeler quelqu’un de vous à aller porter son Évangile dans les pays lointains.

Ah! que vous soyez prêts alors à tout laisser, après avoir cherché la bénédiction de vos parents! Cet ordre n’est pas donné à tous, mais quand Dieu nous l’adresse par quelque voie claire de sa providence, il faut obéir avec joie.

Élisée était ainsi appelé; il ne demande que de baiser ses parents. Élie le laisse entièrement libre; il ne voulait d’ailleurs nullement le forcer; il lui rappelle seulement la vocation de Dieu: Que t'ai-je fait?

Ah! chers enfants, n’oubliez pas qu’à vous aussi Dieu dit: «Que t’ai-je fait, par le baptême, par tes parents pieux, par des afflictions peut-être, par des instructions chrétiennes, par la préparation à la communion?»

Élisée invita ses amis et ses voisins à une fête comme fait un homme qui se marie. Il se mariait à l’Église de Dieu. Il savait que c’était choisir la persécution. N’importe, il se réjouissait que Dieu l’appelât à son bienheureux service.

Cela me rappelle en ce moment mon bien-aimé et toujours vénéré frère Charles Rieu: il était aussi heureux à Genève qu’un homme peut l’être; mais dès le jour où il eut achevé ses études il dit: «J’aurais voulu servir mon Sauveur dans mon pays; mais je neveux pas perdre un jour; je partirai donc pour le premier poste qu’on m’offrira, fût-ce à l’extrémité de l’Europe ou au bout du monde.»

Il apprit qu’une paroisse de réfugiés français, au nord de l’Allemagne, demandait un pasteur. «J’irai,» dit-il aussitôt.

Plusieurs de ses amis et parents en étaient peinés, et j’avoue que moi aussi j’essayai de le retenir en le pressant de se consacrer au service de Dieu dans notre chère patrie; mais il fut ferme comme un roc. Nous allâmes ensemble, la semaine de son départ, chez notre paternel ami le vénérable pasteur Cellerier, dont il voulait prendre congé.

En redescendant la colline du village de Peissy, qui domine toute la contrée, et d’où il voyait une habitation de sa famille, pleine pour lui des plus doux souvenirs, il s’arrêta les yeux mouillés de larmes et s’écria: «Mon cher ami, j’éprouve un sentiment de bonheur à la pensée que je quitte pour Jésus-Christ ce beau pays et tout ce que j’aime.»

Il partit, et il est mort au bout de trois ans et demi; mais dans ce court ministère il a plus travaillé pour son Maître que beaucoup des hommes les plus zélés ne l’ont fait pendant une longue vie.

En signe de sa consécration et de sa résolution, Élisée immola une paire de bœufs et fit un feu de l’une de ses charrues, comme un homme qui, abordant sur une île, brûle ses vaisseaux afin de ne pouvoir pas retourner en arrière, et comme Pierre, Jacques et Jean quittèrent leurs filets à l’appel, de Jésus.

Le voilà serviteur d’Élie!

Quelle consolation pour celui-ci, et quelle bénédiction pour le jeune homme! Voilà l'efficace de la grâce de Dieu: elle rend libre, elle fait qu’on veut.

«Dieu donne le vouloir et le faire (Philip., Il, 13.)

Nous sommes libres quand Jésus nous affranchit (Jean, VIII, 36.).



 

- Table des matières -