Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !
Leçons données dans une école du Dimanche sur les prophètes Elie et Elisée

SEPTIÈME LEÇON

I ROIS, XIX, 11-15.

11 L’Éternel dit: Sors, et tiens-toi dans la montagne devant l’Éternel! Et voici, l’Éternel passa. Et devant l’Éternel, il y eut un vent fort et violent qui déchirait les montagnes et brisait les rochers: l’Éternel n’était pas dans le vent. Et après le vent, ce fut un tremblement de terre: l’Éternel n’était pas dans le tremblement de terre.

12 Et après le tremblement de terre, un feu: l’Éternel n’était pas dans le feu. Et après le feu, un murmure doux et léger.

13 Quand Élie l’entendit, il s’enveloppa le visage de son manteau, il sortit et se tint à l’entrée de la caverne. Et voici, une voix lui fit entendre ces paroles: Que fais-tu ici, Élie?

14 Il répondit: J’ai déployé mon zèle pour l’Éternel, le Dieu des armées; car les enfants d’Israël ont abandonné ton alliance, ils ont renversé tes autels, et ils ont tué par l’épée tes prophètes; je suis resté, moi seul, et ils cherchent à m’ôter la vie.

15 L’Éternel lui dit: Va, reprends ton chemin par le désert jusqu’à Damas; et quand tu seras arrivé, tu oindras Hazaël pour roi de Syrie.


* * *

Nous laissâmes, dimanche, Élie sur cette montagne en la contrée de Sinaï, où, six cents ans auparavant, Moïse avait reçu la loi de Dieu. Il avait passé la nuit dans une caverne; tout à coup un son s’était fait entendre, et il avait reconnu la voix de l’Éternel:

Quelle affaire as-tu ici, Élie?

Et cette question de reproche lui fut adressée par deux fois; nous l’avons vue au verset 9e et nous la retrouvons au 15e. Elle semblait lui dire: Est-ce bien ici ta place, quand je t’avais envoyé à Jizréel pour être le réformateur de la nation d’Israël, et pour y rendre, devant les idolâtres, témoignage à l’Éternel ton Dieu?

Mais Élie avait pensé plutôt à se justifier et à se recommander lui-même qu’à reconnaître sa faute et à s’humilier; il avait accusé la coupable nation d’Israël plutôt qu’il ne s’était accusé lui-même de ses terreurs et de sa fuite.

C’est là que nous en étions restés dimanche.

Voyez maintenant la tendre condescendance et la bonté de Dieu envers son pauvre serviteur, qui, s’il avait été faible, était cependant dévoué de toute son âme à son service et gémissait réellement de l’abandon qu’on avait fait de son alliance: Sors et tiens-toi sur la montagne, lui dit l’Éternel. Et pour le dire en passant, ne voyez-vous pas de grands rapports entre Moïse et Élie?

1. Élie était le chef de la prophétie, l’homme de la prophétie, comme Moïse le chef de la loi, l’homme de la loi;

2. Élie était puissant par la prière comme l’avait été Moïse;

3. Élie jeûne quarante jours et quarante nuits, comme Moïse sur le Sinaï;

4. Élie et Moïse furent les deux seuls hommes de Dieu de l’antiquité auxquels fut accordée la faveur de revivre et de revenir quelques heures sur la terre avant le grand jour de la résurrection.

Et quand? — Pendant la vie de Christ.

Et où? — Sur le Tabor, que Pierre appelle «la sainte montagne.»

Et comment? — Environnés de gloire.

Et qu’y firent-ils? — Ils y conversèrent avec Jésus.

Et de quoi? — «De la mort qu’il allaitsouffrir. » Et on entendit une voix du ciel qui dit: «Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le (Luc, IX, 28-36; 2 Pierre I, 16-18)

5. Élie et Moïse eurent sur la montagne de Sinaï une manifestation des terreurs et des miséricordes de Dieu qui se révèlent dans la rédemption.

Vous vous rappelez celle des terreurs à Moïse, au chapitre XIXe de l’Exode; sur la montagne fumante au milieu des éclairs et des tonnerres, et du son du cor, alors que le peuple effrayé s’écria: «Que Dieu ne parle point avec nous de peur que nous ne mourions!»

Celle des miséricordes est rapportée aux chapitres XXXIIIe et XXXIVe de l’Exode que nous n’avons pas étudiés ensemble.

Moïse avait dit à Dieu: «Je te prie, laisse-moi voir ta gloire.» Et Dieu avait répondu: «Je ferai passer devant toi ma bonté,» et il lui avait ordonné de se placer dans le creux d’un rocher où il le couvrirait de sa main.

Comme donc l'Éternel passait il cria: «L’Éternel, l’Éternel, le Dieu fort, pitoyable, miséricordieux, tardif à la colère et abondant en gratuité et en vérité!» Et Moïse, en entendant ces paroles, se baissa, la tête contre terre, et il adora...

Une scène toute semblable se passa pour Élie et c’est pour cette manifestation solennelle que Dieu lui dit: Sors et tiens-toi sur la montagne devant l’Éternel.

Et voici un grand vent impétueux qui fendra les montagnes...

Qu’y a-t-il de plus majestueux et de plus terrible que le mugissement de la tempête, quand elle semble aller d’un horizon jusqu’à l’autre, qu’elle chasse les nuages, qu’elle fait trembler la terre et que toute la nature en est ébranlée.

L’homme alors se cache et sent son néant.

Mais cette tempête-ci était plus terrible qu’il n’en fut jamais, car elle fendait les montagnes et brisait les rochers. Cependant l'Éternel n’était pas là, ce n’était qu’un signe de son approche.

Alors vint quelque chose de plus redoutable encore, s’il est possible: un tremblement de terre.

Que devient l’homme, quand la terre même et les rochers sur lesquels reposent ses pieds s’ébranlent et menacent de l’engloutir dans l’abîme, comme autrefois Dathan et Abiram (Nomb., XVI, 26-33)? Cependant l'Éternel n’était pas encore là.

Il vint quelque chose de plus affreux: un feu qui sortait de terre ou qui descendait du ciel. Cependant l'Éternel n’était pas dans ce feu; il voulait préparer son serviteur par ces trois spectacles de sa puissance et de sa grandeur.

Ah! il faut, pour aller convenablement à Dieu, que l’homme sache ce qu’il est et ce qu’est Dieu. Il faut qu’il tremble, il faut qu’il invoque l’Éternel du fond d’un abîme (Ps., CXXX, 1.), il faut qu’il sente son néant, sa petitesse, son indignité. «Le commencement de la sagesse, c’est la crainte de l’Éternel,» nous est-il dit dans les Psaumes et dans les Proverbes (Ps., CXI, 10; Prov., IX, 10).

Mais écoutez maintenant. Après le feu, Élie entendit «un son doux et subtil;» le Dieu d’amour le Père de miséricorde, le Dieu charitable parlait à son serviteur!

Élie est pénétré d’une sainte révérence et d’un sentiment plus profond de la redoutable sainteté et de la puissante présence de Dieu qu’il ne l’avait été jusque-là. Il enveloppe son visage de son manteau; ah! il n’ose regarder vers Dieu: «Personne ne peut voir ma face et vivre,» avait dit l’Éternel à Moïse.

Et il nous est dit des anges même, qu’ils cachent leur face en sa présence. C’est une expression figurée pour marquer leur révérence, extrême.

Ésaïe rapporte que quand il vit le Seigneur (c’était le Fils de Dieu), les anges qui l'entouraient criaient: «Saint! saint! saint! est l’Éternel des armées,» et que de deux de leurs ailes ils cachaient leur visage, comme indignes, tout purs qu’ils sont, de voir sa majesté divine; de deux ils cachaient leurs pieds comme indignes de lui présenter même les services de leur obéissance, et de deux ils volaient pour accomplir ses volontés (Ésaïe VI, 1-3.).

Ce contraste entre les tempêtes et le son doux et subtil qui annonce la présence du Seigneur est, je pense, destiné à nous enseigner que ce qui convertit l’homme et l’unit à Dieu, ce ne sont pas les grands miracles, les grands jugements, les grands déploiements de la puissance divine, mais plutôt la connaissance de l’amour de Dieu.

C’était une leçon pour Élie qui avait cru convertir Israël par la famine, le feu, la pluie. Non! il faut l’instruire avec douceur, il faut lui prêcher le pardon, l’amour, la grâce de Dieu c’est là le son doux et subtil qui convertit les âmes,

c’est là ce qui rend un homme plus puissant que les Achab et les Jésabel;

c’est là ce qui a rendu nos pères plus forts que les papes, les empereurs et tous les persécuteurs.

Lisez-moi ce que Paul dit aux Corinthiens sur les armes de sa guerre: 2 Cor., X, 4.

De même lors de la première prédication de l’Évangile, les miracles rendirent bien les hommes attentifs; mais ce qui les convertit ce fut la bonne nouvelle annoncée par Jésus-Christ lui-même et par ses apôtres.....


Élie sort; il se tient à l’entrée de la caverne; il se prosterne; il entend la même question qu’avant la tempête, ce qui semble indiquer qu’il n’y avait pas bien répondu, ou que l’Éternel avait encore quelque chose à lui apprendre; comme lorsque Jésus dit à Pierre par trois fois après son péché: «M’aimes-tu? m’aimes-tu beaucoup? m’aimes-tu plus que les autres (Jean XXI, 15-17.)?» afin que cette triple question lui rappelle qu’avant sa chute il avait dit: «Quand tous les autres t’abandonneraient, moi je ne t’abandonnerai point

Élie fit la même réponse que la première fois. Je vous ai expliqué dimanche que Dieu a le droit d’être jaloux, et que ses serviteurs ont le droit de l’être pour Lui, c’est-à-dire de s’affliger lorsqu’ils voient donner à d’autres ce qui n’appartient qu’à Lui seul.

Et l’Éternel lui dit: Va, retourne-t’en par ton chemin vers le désert de Damas.

Cette ville, alors capitale du royaume de Syrie, et réputée la plus ancienne ville du monde, est située à cent lieues de Sinaï et à quarante-cinq de Jérusalem; elle existait déjà du temps d’Abraham, et elle subsiste aujourd’hui. Ses rues sont étroites et l’on y trouve encore celle, qui est appelée «la Droite,» et où habita Saint Paul; vous vous rappelez ce qui nous en est raconté dans les Actes des apôtres.

Dieu ordonna à Élie de se rendre dans cette ville pour établir Hazael comme roi de Syrie, et pour préparer deux autres hommes à l’œuvre qu’il allait préparer Lui-même afin de manifester sa gloire et venger sa cause.

Élie devait bientôt quitter ce monde, et Dieu le chargeait d'oindre le jeune Élisée, qui continuerait son travail. Cette cérémonie consistait à verser de l’huile sur la tête, et on l’accomplissait en Israël sur celui qui était appelé à être prophète, sacrificateur ou roi.

On comprend que Dieu fît oindre Élisée, qui était un jeune homme pieux; mais on est étonné qu’il en fît de même pour le cruel Jéhu, et surtout pour le païen Hazael, deux méchants qu’il destinait à exécuter ses jugements sur Achab, Jésabel et les autres idolâtres du peuple d’Israël.

En faisant oindre ces deux simples particuliers qui n’avaient aucun rapport avec les trônes de Damas et de Samarie, Dieu voulait sans doute montrer que c’est lui qui y place même les méchants. «Il fait régner les rois, il détache leur ceinture,» nous est-il dit, ou il, «lie leurs mains de chaînes d’airain (Dan., II, 21; Prov., VIII, 15; Ps. CXLIX, 8.)

C’est sous le règne du plus cruel des princes que Saint Paul nous a enseigné cette doctrine. Lisez-moi Rom., XIII, 1, 2.

Dieu révèle ensuite à son prophète les vues sévères de sa providence en suscitant ces trois personnages si différents les uns des autres: Tu es jaloux pour moi. Eh bien, sois tranquille, j’y pourvois. Voici des gens préparés pour venger ma cause.

Hazael devait, pendant tout son règne, être la verge de Dieu pour punir Israël; quand un peuple a besoin de verge, Dieu la lui envoie et dit: «Écoutez la verge et celui qui l’a assignée (Michée, VI, 9.)

Ainsi, il y a un demi-siècle, Bonaparte a été la verge de tous les rois et de toutes les nations de l’Europe; et quand son rôle a été fini, Dieu a jeté cette verge sur un rocher de l’Océan, selon ce qu’il disait dans Ésaïe (X, 5): «Malheur à Assur, la verge de ma colère! je la jetterai loin de moi.»

Cette pensée donne consolation et tranquillité d’esprit aux chrétiens. Ils savent que c’est Dieu qui est le Maître, et que quand ils ont besoin d’afflictions et de châtiments il les leur dispense; ils savent que même les méchants ne peuvent agir sans sa permission; en sorte que le mal qu’ils leur font est dirigé pour le plus grand bien de son Église.

Voilà ce qu’il est précieux de savoir et utile de se répéter en tout temps, et voilà pourquoi Paul pouvait dire, même sous le méchant empereur Néron, que «les puissances qui subsistent sont établies de Dieu (Rom., XIII, 1.)

Quand son Église a besoin d’être humiliée ou affligée, il lui envoie des fléaux, mais il les dirige comme un homme mènerait un tigre ou une autre bête féroce, avec «une chaîne passée dans ses narines,» ainsi que le dit Ésaïe (Ésaïe XXXVII, 29.). Ils ne vont pas plus loin que ne le permet la longueur de la chaîne, et c’est Dieu qui tient |cette chaîne en sa main.

Jéhu, en devenant, par la violence, usurpateur du trône d’Israël, devait exercer une effroyable vengeance sur toute la maison d’Achab, sur Jésabel et sur tous les prophètes de Baal et ses adorateurs.

Élisée, le prophète, devait être d’une tout autre manière l’instrument des rigueurs de l’Éternel sur les impénitents d’Israël.

C’était donc dire à Élie qu’il n’aurait pas dû s’inquiéter et s’effrayer, puisqu’il y a un Dieu qui dispose des vents, des tremblements de terre et du feu; un Dieu qui suscite les rois et qui exerce les vengeances.

Mais écoutez maintenant ce qu’ajoute l’Éternel au verset 18; c’est un passage digne d’une grande attention et qui a été cité par Saint Paul dans un enseignement important (Rom., XI, 4). Je me suis réservé sept mille hommes qui n’ont pas fléchi le genou devant Baal; c’est-à-dire: «Je veux recueillir un peuple au milieu de l’affreuse idolâtrie et de l’apostasie de cette grande nation

Je reviendrai dimanche sur ces versets, mais je veux vous faire aujourd’hui une ou deux réflexions seulement.

1. Sept mille personnes pieuses, est-ce beaucoup ou peu?

Sur une grande population de sept cent mille habitants, c’est peu. C’est comme si dans une paroisse de mille âmes il ne se trouvait qu’un chrétien; mais quand ils sont réunis, c’est beaucoup.

2. Nous ne devons pas juger légèrement de l’état religieux d’un pays, ou au moins du nombre réel des gens pieux qui peuvent s’y trouver.

3. C’est Dieu qui les connaît et c’est Dieu qui les fait.

Voilà l’encouragement du prédicateur, de l’évangéliste, du chrétien qui cherche à avancer le règne de son Maître sur la terre. Mais nous reprendrons toutes ces pensées, s’il plaît à Dieu.



 

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