Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !
Leçons données dans une école du Dimanche sur les prophètes Elie et Elisée

CINQUIÈME LEÇON

I ROIS, XVIII, 21-46


21 Alors Élie s’approcha de tout le peuple, et dit: Jusqu’à quand clocherez-vous des deux côtés? Si l’Éternel est Dieu, allez après lui; si c’est Baal, allez après lui! Le peuple ne lui répondit rien.

22 Et Élie dit au peuple: Je suis resté seul des prophètes de l’Éternel, et il y a quatre cent cinquante prophètes de Baal.

23 Que l’on nous donne deux taureaux; qu’ils choisissent pour eux l’un des taureaux, qu’ils le coupent par morceaux, et qu’ils le placent sur le bois, sans y mettre le feu; et moi, je préparerai l’autre taureau, et je le placerai sur le bois, sans y mettre le feu.

24 Puis invoquez le nom de votre dieu; et moi, j’invoquerai le nom de l’Éternel. Le dieu qui répondra par le feu, c’est celui-là qui sera Dieu. Et tout le peuple répondit, en disant: C’est bien!

25 Élie dit aux prophètes de Baal: Choisissez pour vous l’un des taureaux, préparez-le les premiers, car vous êtes les plus nombreux, et invoquez le nom de votre dieu; mais ne mettez pas le feu.

26 Ils prirent le taureau qu’on leur donna, et le préparèrent; et ils invoquèrent le nom de Baal, depuis le matin jusqu’à midi, en disant: Baal réponds nous! Mais il n’y eut ni voix ni réponse. Et ils sautaient devant l’autel qu’ils avaient fait.

27 À midi, Élie se moqua d’eux, et dit: Criez à haute voix, puisqu’il est dieu; il pense à quelque chose, ou il est occupé, ou il est en voyage; peut-être qu’il dort, et il se réveillera.

28 Et ils crièrent à haute voix, et ils se firent, selon leur coutume, des incisions avec des épées et avec des lances, jusqu’à ce que le sang coulât sur eux.

29 Lorsque midi fut passé, ils prophétisèrent jusqu’au moment de la présentation de l’offrande. Mais il n’y eut ni voix, ni réponse, ni signe d’attention.

30 Élie dit alors à tout le peuple: Approchez-vous de moi! Tout le peuple s’approcha de lui. Et Élie rétablit l’autel de l’Éternel, qui avait été renversé.

31 Il prit douze pierres d’après le nombre des tribus des fils de Jacob, auquel l’Éternel avait dit: Israël sera ton nom;

32 et il bâtit avec ces pierres un autel au nom de l’Éternel. Il fit autour de l’autel un fossé de la capacité de deux mesures de semence.

33 Il arrangea le bois, coupa le taureau par morceaux, et le plaça sur le bois. (18-34) Puis il dit: Remplissez d’eau quatre cruches, et versez-les sur l’holocauste et sur le bois.

34 Il dit: Faites-le une seconde fois. Et ils le firent une seconde fois. Il dit: Faites-le une troisième fois. Et ils le firent une troisième fois.

35 L’eau coula autour de l’autel, et l’on remplit aussi d’eau le fossé.

36 Au moment de la présentation de l’offrande, Élie, le prophète, s’avança et dit: Éternel, Dieu d’Abraham, d’Isaac et d’Israël! que l’on sache aujourd’hui que tu es Dieu en Israël, que je suis ton serviteur, et que j’ai fait toutes ces choses par ta parole!

37 Réponds-moi, Éternel, réponds-moi, afin que ce peuple reconnaisse que c’est toi, Éternel, qui es Dieu, et que c’est toi qui ramènes leur coeur!

38 Et le feu de l’Éternel tomba, et il consuma l’holocauste, le bois, les pierres et la terre, et il absorba l’eau qui était dans le fossé.

39 Quand tout le peuple vit cela, ils tombèrent sur leur visage et dirent: C’est l’Éternel qui est Dieu! C’est l’Éternel qui est Dieu!

40 Saisissez les prophètes de Baal, leur dit Élie; qu’aucun d’eux n’échappe! Et ils les saisirent. Élie les fit descendre au torrent de Kison, où il les égorgea.

41 Et Élie dit à Achab: Monte, mange et bois; car il se fait un bruit qui annonce la pluie.

42 Achab monta pour manger et pour boire. Mais Élie monta au sommet du Carmel; et, se penchant contre terre, il mit son visage entre ses genoux,

43 et dit à son serviteur: Monte, regarde du côté de la mer. Le serviteur monta, il regarda, et dit: Il n’y a rien. Élie dit sept fois: Retourne.

44 À la septième fois, il dit: Voici un petit nuage qui s’élève de la mer, et qui est comme la paume de la main d’un homme. Élie dit: Monte, et dis à Achab: Attelle et descends, afin que la pluie ne t’arrête pas.

45 En peu d’instants, le ciel s’obscurcit par les nuages, le vent s’établit, et il y eut une forte pluie. Achab monta sur son char, et partit pour Jizreel.

46 Et la main de l’Éternel fut sur Élie, qui se ceignit les reins et courut devant Achab jusqu’à l’entrée de Jizreel.


* * *

Il serait difficile de trouver sur toute la terre un plus beau théâtre pour une grande scène nationale que ce mont Carmel.

Sa forme est celle d’un cône dont la pointe serait aplatie; au sud est la riche plaine de Saron, couverte de ses célèbres roses; au nord la belle rade de Saint-Jean-d’Acre; à l’occident la Méditerranée, dans laquelle il s’avance pour former le promontoire le plus admiré qu’il y ait sur les vastes côtes de cette mer; il n’est point trop élevé pour que les scènes qui s’y passaient en cette grande, journée ne fussent vues de tout le peuple, car sa hauteur ne dépasse pas celle de notre petit Salève. Ses flancs sont escarpés et rocheux, mais des fleurs nombreuses croissent dans les fentes de ces rocs; la rosée du ciel l’arrose avec abondance, et même dans les jours les plus chauds il y souffle une brise rafraîchissante et délicieuse. Le torrent de Kison, qui descend du Tabor, coule à son pied vers le septentrion.

Une foule immense le couvrait; tout le peuple d’Israël y était en quelque sorte assemblé avec son roi et ses officiers, toute l’armée, toute la cour. C’était un grand jour, un moment décisif pour la cause de Dieu en Israël, pour Élie et pour les fidèles tremblants qui demeuraient encore cachés au sein de ce grand peuple, criant sans doute aussi de leur côté, mais dans le secret de leur cœur; «Ô Éternel, vrai Dieu, Dieu d’Israël, aide Élie, aide ton prophète, soutiens ta cause; viens à notre secours!»

Élie, en présence de cette multitude, est animé d’une sainte hardiesse; il s’avance pour leur parler, le cœur en haut, fort en son Dieu (non en lui-même comme nous l’avons déjà vu):

Jusques à quand clocherez-vous des deux côtés? leur dit-il, si l'Éternel est Dieu, servez-le; mais si c’est Baal, servez-le.

Il faut de la décision, mes enfants; il ne faut pas suivre tantôt Dieu, tantôt le monde.

Le Seigneur n’aime pas les tièdes, les indécis; il a déclaré que leur «part sera mauvaise,» qu’il les «repoussera loin de lui,» qu’il aura «honte de ceux qui auront eu honte de lui (Apoc., XXI, 8; III, 16. Luc, XI, 26.)

Si la Bible n’est pas vraie, abandonnez-la; mais si elle l’est, oh! alors n’hésitez pas; soyez fermes; ne «clochez pas des deux côtés;» ne soyez pas de ceux auxquels Jésus-Christ dira: «Je ne vous connais point (Matth., XXV, 12.)

Hélas! ce pauvre peuple ne répondit rien; plus tard il dit: c’est bien dit (verset 24), et en un autre temps: «Nous ferons tout ce que l’Éternel a dit;», mais ici il n’ose ni s’opposer à Élie, ni se défendre, ni offenser le roi.

Je suis le seul prophète de l’Éternel, dit Élie (il se croyait seul, car les cent se tenaient cachés).

Eh bien, choisissez un veau, et préparez-le les premiers, car vous êtes en plus grand nombre...

Remarquez qu’il donne aux autres prophètes le pas sur lui dans toutes les choses extérieures; ils forment l’Église de la majorité, l’Église nationale, l’Église du roi et de la reine: qu’ils marchent les premiers.

Qu’on prenne deux veaux, qu’on les prépare, qu'on les mette sur le bois, mais qu’on n’y mette point le feu; puis vous invoquerez vos dieux, et moi j’invoquerai l'Éternel, et que le Dieu qui répondra par feu soit reconnu pour Dieu.

La proposition était si raisonnable que ni le peuple, ni les prophètes de Baal ne purent s’y opposer. Ils se placèrent autour de leur autel et se mirent à crier à leur dieu; dans leur ardeur fanatique pour s’exciter eux-mêmes, ils allaient jusqu’à sauter par-dessus l’autel.

Élie resta là, tranquille spectateur, depuis le lever du jour, attendant la manifestation de son Dieu avec une sainte confiance.

Enfin, sur le midi, il s’avance. Est-ce pour commencer ses propres opérations?

Non, pas encore. Plein du zèle de Dieu, plein de mépris pour l’impuissance des idoles, plein d’une sérieuse et sainte indignation à la vue de ces séducteurs qui égarent depuis si longtemps cette coupable nation, Élie, pour mettre au grand jour, devant tout le peuple, la folie, le mensonge et la honte de l’idolâtrie, Élie, malgré tout le sérieux de son âme et la solennité de son ministère, se prit à leur parler avec une sainte ironie: Criez fort, car certainement votre Baal est Dieu: il faut qu’il vous entende; mais c’est un Dieu débonnaire, qui a besoin qu’on lui parle assez haut, autrement il n’entendrait pas. Sûrement il est occupé, car il ne peut pas faire deux choses à la fois; ou bien il est en voyage; peut-être aussi qu’il dort; mais vous le réveillerez, car vous êtes ici pour sa cause, et s’il vous savait en une aussi triste position, il vous assisterait.

Le culte des images peintes ou taillées est un acte si hautement absurde (autant qu’il est profondément odieux), qu’il est parfois utile d’en exposer au grand jour la honte et la folie; mais cette manière de parler est très rare dans l’Écriture; et elle ne serait permise qu’à quiconque sentirait son âme profondément pénétrée de la gloire due à Dieu et de la misère d’un peuple qui l’abandonne.

Élie était un homme grave devant les hommes et sévère pour lui-même, nullement porté à la légèreté et à la plaisanterie. Tel était aussi le prophète Ésaïe quand il exposait, dans son chapitre XLIV, la folie du culte des idoles.

Lisez-le-moi du verset 9e au 20e. — Mais il y peu d’Élie et peu d’Ésaïe dans le monde, mes enfants, et si l’on n’est pas animé de leur esprit, il faut se garder de l’ironie.

Voyez quelle puissance d’erreur il y a dans le pauvre cœur de l’homme.

Bien qu’Ésaïe ait écrit ces paroles sept cents ans avant Jésus-Christ, bien que les peuples chrétiens possèdent depuis tant de siècles l’Ancien et le Nouveau Testament, que ne font pas encore maintenant les disciples du pape!

J’ai vu moi-même à Rome cette idolâtrie;

dans tous les temples ce sont des images taillées qu’on adore à deux genoux et le front en terre;

on leur brûle des chandelles,

on leur allume de l’encens,

on leur baise les pieds,

on fait cent lieues pour aller adorer une image plutôt qu’une autre.

J’ai vu en Suisse, à Einsiedlein, des milliers de pauvres pèlerins arriver à pied de contrées lointaines, et se prosterner avec larmes devant une horrible petite figure noire de la Vierge, qu’on dit être descendue du ciel.

Il en est de même en Italie, à Notre-Dame-de-Lorette.

«Ils se repaissent de cendres et leur cœur abusé les fait égarer; ils ne disent point: Ce qui est dans ma main droite ne serait-il pas un mensonge? Nul ne rentre en soi-même et ne dit: Adorerais-je une branche de bois (Ésaïe, XLIV, 19.)

Mais voici, mes enfants, ce qu’à cette vue chacun de vous doit se dire: Hélas! je serais semblable à ceux-ci, si j’étais né en Espagne ou en Italie. Ces enfants ne sont pas autres que moi.

Mais surtout: Ô mon âme, Satan ne t’a pas séduite par cet endroit; mais prends garde qu’il ne t’attaque et ne t’égare par un autre: peut-être en te faisant croire que tu as prié quand tu t’es mis à genoux le matin et le soir, et que, tout en pensant à autre chose, tu as récité des paroles de prière, agissant ainsi tout aussi follement que si tu te plaçais devant une image de bois ou de pierre.

Peut-être en te portant, âme immortelle, à passer des jours, des mois, des années sans te convertir, à ne t’occuper qu’à boire ou à manger, qu’à gagner, acheter, vendre, sans penser à ton créateur et à ton Dieu!

Oui, le diable te fera croire que tu as prié quand tu n’as fait que prononcer des paroles.

Il t’aveuglera sur tes défauts.

Il te fera voir une paille clans l’œil de ton frère.

Il te fera différer de te convertir;

il te fera passer tes dimanches comme un païen.

Il te fera vivre dans de mauvaises convoitises et de mauvaises pensées qui attirent la ruine.

Il te fera arriver, sans te laisser concevoir de terreur, jusqu’à l’heure de la mort sans conversion, renvoyant toujours de t’occuper de ton salut.

Ce sont là, mes enfants, des erreurs tout aussi absurdes, tout aussi graves, tout aussi odieuses, tout aussi étonnantes que d’adorer le bois ou la pierre, ou un morceau de pâte.

Voyez ces pauvres adorateurs de Baal; ils prennent pour bon ce que leur dit Élie, sans en apercevoir l’ironie, et sans être ramenés au sentiment de la vérité; ils crient à grande voix, ils se font des incisions.

Le diable ne se contente pas, pour outrager Dieu et pour se moquer de l’humanité, d’engager les âmes dans un culte absurde et ridicule, mais encore dans un culte cruel.

Si vous alliez dans l’Inde, vous verriez de pauvres gens qui font deux ou trois cents lieues pour venir se jeter dans le fleuve du Gange ou sous les roues du char de l’idole Jagernaut; d’autres qui se font suspendre au-dessus d’un feu ardent, au moyen d’un croc enfoncé dans leur chair.

Et dans l’Église romaine, il y a des moines qui se donnent des coups de corde jusqu’à ce que leur sang coule.

J’ai lu tout récemment le voyage d’une dame anglaise à Mexico (ville qu’on pourrait appeler très civilisée). Elle raconte avoir obtenu des autorités la permission d’entrer, un soir, dans un des principaux temples où plusieurs centaines de moines se donnaient, dans l’obscurité, des coups de lanières jusqu’à inonder de sang les dalles du temple, et l’on entendait le claquement des courroies sur des chairs déchirées.

Dans les îles de l’Océanie, de pauvres idolâtres se tailladent au moyen de pierres aiguës, et vont même jusqu’à sacrifier leurs petits enfants à leurs divinités.

Les prophètes de Baal continuèrent donc à crier, à se mutiler, et même à sauter par-dessus leur autel. Élie les laissa faire encore depuis midi jusqu’au temps de l’oblation du soir, c’est-à-dire, en tout, pendant neuf heures.

Que veut dire ce mot: l’oblation du soir? Lisez-moi Exode, XXIX, 38-42.

Le matin et entre les deux vêpres (ou soirs), c’est-à-dire entre trois et six heures, on immolait dans le temple de Jérusalem deux agneaux.

Vous savez pourquoi?

Ils représentaient notre Seigneur Jésus-Christ. Aussi quand Jean Baptiste le vit apparaître, il s’écria: «Le voilà! le voilà! l’agneau de Dieu, qui ôte le péché du monde (Jean, 1,29.),» et Pierre le désigna parle même nom (1 Pierre. 1. 17-19.).

Eh bien, Élie, quoiqu’il appartînt au royaume d’Israël et qu’il ne pût pas alors se rendre à Jérusalem, voulait marquer qu’il s’associait de cœur et autant qu’il était en lui au saint culte du temple, comme le faisait Daniel quand il priait à Babylone.

Élie donc, à l’heure du sacrifice, cria enfin à tout le peuple: Approchez-vous de moi! Et ils s’approchèrent et Élie se mit devant eux à réparer en toute hâte un ancien autel qui, sans doute, avait été jadis établi pour le culte du vrai Dieu sur le mont Carmel. C’était une de ces maisons de prières ou oratoires qu’on appela ensuite proseuques, et qui existaient dans tous les lieux de la terre où se trouvaient des Juifs. Plus tard, on les nomma synagogues et on donna plus de soins à leur construction et à l’organisation du culte qu’on y célébrait.

Il aurait été plus conforme à la loi de Dieu qu’on se réunît à la maison de Juda et que tout le peuple se rendît au temple de Jérusalem pour adorer; mais c’était impossible, et l’exemple d’Élie nous montre que si nous ne pouvons pas porter la réforme des abus aussi loin que nous le désirerions, nous ne devons pas pour cela tout abandonner et nous tenir à l’écart, mais plutôt faire tout ce qui est encore possible pour la gloire de Dieu.

Élie, pour réparer cet autel, prit sur la montagne douze grosses pierres, afin de rappeler que, malgré la scission politique et l’apostasie, les douze tribus ne formaient au fond qu’une seule nation sous un seul Jéhovah, qui avait fait avec eux une seule alliance sous le nom d’Israël. Vous vous rappelez que ce nom veut dire: «Celui qui a été le plus fort en combattant avec Dieu;» il devait rappeler au peuple sa relation avec l’Éternel et encourager Élie à lutter pour lui par ses ardentes prières.

Pour que l’action de Dieu fût plus manifeste et le prodige plus éclatant, Élie fit autour de son autel un conduit qu’il remplit d’eau, probablement prise dans la mer; il répéta cet acte deux et trois fois, sans doute pour exciter l’attention et exercer la confiance des assistants. Il voulait aussi montrer que Dieu laisse souvent le mal couler à pleins flots avant d’envoyer le feu de son esprit.

Enfin, au temps de l’oblation, c’est-à-dire entre trois et six heures, le prophète s’approcha de l’autel dont il s’était tenu éloigné pendant qu’on y versait de l’eau, et fit sa prière, non comme ces pauvres gens dont Jésus a dit «qu’ils s’imaginent être exaucés en parlant beaucoup (Matth, VI, 7.),», mais en ce peu de mots: Jéhovah, Dieu des pères de tout ce peuple, vrai Dieu oublié maintenant de cette nation, qui cependant t’appartient, fais qu’on connaisse aujourd’hui (non pour ma gloire, mais pour la tienne):

1. Que tu es Dieu en Israël;

2. Que je suis ton serviteur dans le ministère ingrat, difficile et périlleux que je remplis au milieu de ce pauvre peuple;

3. Que tout ce que j’ai fait et vais faire, prédication, sécheresse, famine, autel, jugement des faux prophètes, je l’ai fait par ta parole, afin que ce peuple connaisse que c’est toi qui es l'Éternel et qui auras fait retourner leurs cœurs en arrière!

Ah! voilà tout son vœu, voilà sa charité! qu’ils se convertissent des idoles à Dieu pour servir le Dieu vivant et vrai; qu’ils rentrent dans les voies de la vérité, du bonheur, de la vraie liberté et de la vraie prospérité, et surtout dans le chemin de la vie éternelle!

Alors tout le peuple vit un grand et magnifique prodige.

Le soir approchait; le soleil allait se coucher; tout à coup le feu de l'Éternel descendit, ardent, irrésistible, consumant tout, holocauste, autel, terre et eau! Il est appelé le feu de l’Éternel parce qu’il vient du ciel, miraculeusement, à la voix de la prière, parce qu’il est puissant, irrésistible.

Jugez des émotions de ce peuple I

II tombe sur sa face comme un seul homme sous le sentiment de la puissance du Très-Haut!

Jugez de la sainte joie, des ardentes espérances d’Élie!

Ce peuple va se convertir; il va revenir au vrai Dieu! Le schisme des dix tribus cessera; nous verrons une magnifique réformation!

Mais voici d’abord un acte de jugement en apparence bien horrible, bien révoltant: Saisissez les prophètes de Baal, dit Élie au peuple, et qu'il n’en échappe aucun, et dans leur premier mouvement d’enthousiasme pour le culte du vrai Dieu et d’indignation contre ces prophètes menteurs qui les avaient si longtemps égarés, ils les saisirent tous, et Élie les fit descendre au bas de la montagne, vers le nord, au bord du golfe de Saint-Jean-d’Acre, près du torrent de Kison, et il les fit égorger là.

Cet acte sévère a quelque chose d’extraordinaire qui choque nos sentiments, et qui demande quelques explications.

Voici d’abord deux caractères de ce fait qu’il faut se rappeler pour en juger sainement:

1. La mort de ces imposteurs était conforme aux lois du pays données de Dieu. Lisez-moi Deutéronome, XIII, 1-7.

2. Élie avait une mission extraordinaire, et il agissait comme envoyé de Dieu.

Maintenant je veux vous faire une question.

Les papes ont fait égorger les protestants; ils en ont fait mourir des milliers et des centaines de milliers. Et ce n’est pas là seulement un fait dans leur histoire; c’est un dogme de leur religion.

Eh bien, quand on leur reproche ces cruautés, ils allèguent l’exemple d’Élie. — Que faut-il leur répondre?

1. Qu’il y avait un ordre de Dieu dans l’Ancien Testament pour la nation d’Israël qui était une nation à part dans le monde. Or, non seulement il n’y a pas d’ordre semblable dans le Nouveau Testament, pour l’Église chrétienne, mais il y en a de tout contraires;

2. Qu’Élie était prophète et que les papes ne le sont pas;

3. Que les hommes qu’ils ont fait mourir étaient le contraire des adorateurs de Baal, en sorte qu’ils font le rôle de Jésabel et non celui d’Élie; Jésabel aussi faisait mourir des prophètes, mais ceux de l’Éternel.

Il nous reste à voir encore les deux derniers faits de cette grande journée: la pluie et la course du prophète.

Élie espérait beaucoup du roi. Il lui annonce la fin du fléau; il va la demander à Dieu.

Le fléau était une punition de l’idolâtrie; maintenant que celle-ci est châtiée, la pluie va descendre. Que le roi se réjouisse comme s’il la voyait déjà! Et Achab eut une lueur de foi. Ce pauvre Élie se croyait à la veille d’une grande et bienheureuse réformation. Le roi allait travailler avec lui...

Hélas! il fut cruellement trompé.

Mais voyez cette lutte admirable d’Élie avec Dieu, dont saint Jacques nous a parlé (v. 16).

Il monte jusqu’à un endroit d’où il puisse voir la Méditerranée à l’horizon le plus lointain.

Il se jette en terre dans la posture de l'humilité et de la révérence.

Il lutte avec Dieu, sans même prendre de nourriture, jusqu’à ce qu’il soit exaucé.

Il dit à son serviteur de regarder... (il n’avait point de serviteur chez la veuve; celui-ci était peut-être le petit garçon ressuscité); le serviteur ne voit rien.

Il le fait monter plus haut pour embrasser un plus grand horizon, et cela par sept fois!

Et Élie s’écriait sans doute comme Jacob: «Je ne te laisserai point aller que tu ne m’aies béni

Enfin il aperçoit un nuage comme la paume de la main, et il dit à son serviteur: Va et dis à Achab: Attelle ton chariot, de peur que la pluie ne te surprenne.

Quelle foi! Alors Dieu fortifie tellement son serviteur affaibli par le jeûne et la fatigue, qu’il court devant Achab jusqu’à Samarie. Il voulait sans doute lui montrer son respect dans les choses honnêtes et civiles, et aussi la puissance de Dieu qui était avec lui.




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