Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Leçons données dans une école du Dimanche sur les prophètes Elie et Elisée

DEUXÈME LEÇON

I ROIS XVII, 11-20.


11 Et elle alla en chercher. Il l’appela de nouveau, et dit: Apporte-moi, je te prie, un morceau de pain dans ta main.

12 Et elle répondit: L’Éternel, ton Dieu, est vivant! je n’ai rien de cuit, je n’ai qu’une poignée de farine dans un pot et un peu d’huile dans une cruche. Et voici, je ramasse deux morceaux de bois, puis je rentrerai et je préparerai cela pour moi et pour mon fils; nous mangerons, après quoi nous mourrons.

13 Élie lui dit: Ne crains point, rentre, fais comme tu as dit. Seulement, prépare-moi d’abord avec cela un petit gâteau, et tu me l’apporteras; tu en feras ensuite pour toi et pour ton fils.

14 Car ainsi parle l’Éternel, le Dieu d’Israël: La farine qui est dans le pot ne manquera point et l’huile qui est dans la cruche ne diminuera point, jusqu’au jour où l’Éternel fera tomber de la pluie sur la face du sol.

15 Elle alla, et elle fit selon la parole d’Élie. Et pendant longtemps elle eut de quoi manger, elle et sa famille, aussi bien qu’Élie.

16 La farine qui était dans le pot ne manqua point, et l’huile qui était dans la cruche ne diminua point, selon la parole que l’Éternel avait prononcée par Élie.

17 Après ces choses, le fils de la femme, maîtresse de la maison, devint malade, et sa maladie fut si violente qu’il ne resta plus en lui de respiration.

18 Cette femme dit alors à Élie: Qu’y a-t-il entre moi et toi, homme de Dieu? Es-tu venu chez moi pour rappeler le souvenir de mon iniquité, et pour faire mourir mon fils?

19 Il lui répondit: Donne-moi ton fils. Et il le prit du sein de la femme, le monta dans la chambre haute où il demeurait, et le coucha sur son lit.

20 Puis il invoqua l’Éternel, et dit: Éternel, mon Dieu, est-ce que tu affligerais, au point de faire mourir son fils, même cette veuve chez qui j’ai été reçu comme un hôte?


* * *

Obéissant à l’ordre de Dieu, Élie avait quitté le torrent desséché de Kérith et traversé tout le pays d’Israël; puis il était arrivé au pied du mont Liban, devant la petite ville de Sarepta.

Ce voyage avait dû être fort dangereux, puisque nous apprenons plus loin, par Abdias, qu’il n’y avait ni nation, ni royaume où Achab ne l’eût envoyé chercher pour le faire mourir (1 Rois, XVIII, 10.).

En effet, l’horrible sécheresse désolait toutes les riches contrées de la Syrie; le ciel était de fer et la terre d'airain; il n’est donc pas étonnant qu’on en voulût au prophète, qui semblait être la cause de cette longue calamité.

Achab, qui n’avait fait que le mépriser, lorsqu’il s’était présenté à lui à Samarie dans son costume de cuir et de poil de chameau, pour lui dénoncer le fléau, le méchant Achab, qui était par ses péchés la vraie cause de tout le mal, au lieu de s’humilier devant Dieu, ne songeait qu’à mettre à mort le prophète.

Celui-ci était parti pour Sarepta, bien persuadé que le Dieu qui avait su commander aux oiseaux de l’air de le nourrir saurait le soutenir encore au pays de Sidon.

Dès qu’il vit, à la porte de la ville, cette femme qui cherchait du bois, soit qu’il la reconnût pour celle que Dieu avait chargée de le recevoir, soit qu’il fût seulement pressé par une soif ardente, il lui dit: Va, je te prie, me chercher un peu d'eau dans un vase, afin que je boive.

C’est là une première épreuve à laquelle Dieu soumet la femme qu’il avait choisie pour en faire l’objet de ses miséricordes; elle n’a plus qu'une poignée de farine et un peu d’huile (l’huile est chez les Orientaux ce qu’est le beurre chez nous); elle a un petit enfant pour qui elle a tout réservé; elle est occupée à chercher un peu de bois pour cuire ce dernier repas, lorsqu’arrive près d’elle un homme qui lui demande à boire. — L’eau se paye au poids de l’or; je ne vous connais pas; je ne puis m’occuper de vous, aurait-elle pu dire.

Mais non!

Elle voit la détresse de l’étranger et, oubliant les siennes propres, elle ne pense qu’à le soulager. C’était évidemment une femme énergique; elle ne Se plaint ni de la Providence, ni des hommes; elle a du courage, elle veut aller jusqu’au bout. Il ne lui reste qu’un repas; elle va chercher du bois pour le cuire.

Elle reconnut probablement au costume d’Élie un Israélite, un membre de ce peuple chez lequel il se passait des prodiges; peut-être même, à son air vénérable, un homme, pieux, car elle lui dit: l'Éternel TON Dieu.

Elle ne peut pas dire encore: l'Eternel MON Dieu; mais elle habitait dans le voisinage du peuple d’Israël et ce qu’elle avait entendu des merveilles de son histoire lui avait donné une haute idée de son Dieu.

Elle quitte donc ses bûchettes et court chercher de l’eau, peut-être très loin, ou au moins dans la provision sans doute très-petite qu’elle en avait fait dans sa cabane.

Ceci est une leçon pour nous tous, et en particulier pour les enfants qui souvent n’ont rien à donner; elle leur montre qu’ils peuvent toujours faire du bien, en s’employant pour les malheureux et en leur rendant quelque service: «Un verre d’eau froide ne perdra pas sa récompense,» a dit notre Seigneur lui-même (Matth., X, 42.).

Mais au moment où la veuve part, le prophète la met à une nouvelle épreuve en lui disant: Je te prie, prends en ta main une bouchée de pain pour moi.

Mourait-il de faim comme de soif après son long voyage, ou bien voulait-il s’assurer si elle ne serait point celle dont son Dieu avait dit: J’ai commandé à une femme de te nourrir?

Nous ne le savons; mais voyez quelle mélancolie attendrissante dans le désespoir calme et résigné dé la pauvre femme:

L’Éternel ton Dieu est vivant que je n’ai aucun gâteau; je n’ai que plein ma main de farine dans une cruche et un peu d’huile d'ans une fiole; et voici, j’amasse deux bûches, puis je m’en irai et je l’apprêterai pour moi et mon fils, et après cela nous mourrons.

Ah! chers enfants, combien vous devez remercier Dieu à chacun de vos repas, même si vous n’avez qu’un morceau de pain; car il y a beaucoup de veuves et d’orphelins qui seraient dans la joie et l’action de grâce, s’ils en avaient autant.

Ô mon Dieu, devrions-nous dire toujours, je ne mérite pas le pain que je mange et l’eau que je bois!

Élie reconnaît alors, paraît-il, que cette femme est celle dont l’Éternel lui a parlé, et il lui répond:

Ne crains point, va, fais comme tu dis, mais apprête-moi d'abord un petit gâteau et apporte-le-moi: et puis tu en feras pour toi et pour ton fils; car ainsi a dit l'Éternel, le Dieu d'Israël: la farine qui est dans la cruche et l’huile qui est dans la fiole ne manquera point jusqu’à ce que l'Éternel donne de la pluie sur la terre.

Quelle étrange parole, dut se dire la pauvre veuve: D'abord pour moi et ensuite pour toi et ton fils!

Ne dois-je pas, au contraire, commencer par nourrir mon enfant au lieu d’un étranger?

Cet homme prétend avoir une mission de Dieu; mais en ai-je l’assurance?

N’est-il point un aventurier?

Il m’annonce un miracle; mais comment en aurai-je la certitude?

Eh bien, non, mes enfants: au lieu de raisonner ainsi, elle croit la parole du prophète; elle croit au Dieu d’Israël; elle «devient héritière de la justice qu'on obtient par la foi (Héb., XI, 7.);» et le Seigneur put sans doute dire d’elle ce qu’il dit neuf cents ans plus tard d’une autre Cananéenne: «O femme, ta foi est grande (Matth., XV, 28.),» et d’un capitaine romain: «Je n’ai pas trouvé, même en Israël, une si grande foi (Matth., VIII, 10.)

Elle reconnaît peut-être dans Élie le prophète qui a dénoncé le fléau à la nation d’Israël; elle croit qu’il est l’envoyé d’un Dieu tout-puissant; ELLE CROIT À SA PAROLE; elle croit au miracle qu’il lui annonce. Elle laisse donc son enfant et va préparer le gâteau.

Mettre une telle foi dans ce cœur, c’était faire un miracle aussi étonnant que d’envoyer chaque jour la farine dans la cruche et l’huile dans la fiole; et celui-ci est destiné à nous faire comprendre l’autre, et à nous enseigner d’où vient la foi.

Dieu place souvent deux ordres de miracles près les uns des autres pour nous faire voir qu’ils ont la même source, le même auteur.

Ainsi quand le charpentier de Nazareth, passant sur les bords de la mer de Galilée devant la barque de Jacques et de Jean, fils de Zébédée, ou devant le bureau de Matthieu le péager, leur disait: «Suis-moi!» et qu’aussitôt quittant tout ils le suivaient (Matth., IV, 21; IX, 9.); et quand, d’un autre côté, il guérissait d’une parole un paralytique, et lui disait: «Lève-toi et marche (Marc. II, 11.),» il voulait nous enseigner que les miracles du dedans et ceux du dehors, les guérisons du corps et le changement du cœur viennent également de lui. — Lisez-moi Ephés., II, 8.

Comment sommes-nous sauvés?

Par grâce.

Par quel moyen?

Par la foi.

Et cette foi vient-elle de nous?

Non; elle est le don de Dieu.

Maintenant contemplez la bonté, la puissance et la fidélité de Dieu.

La veuve a reçu un prophète; elle reçoit une récompense de prophète (Matth., X, 41.).

Ayant fait selon la parole d’Élie, elle mangea, et lui et sa famille, durant plusieurs jours; la farine de la cruche et l'huile de la fiole ne manquèrent point selon la parole que l’Éternel avait proférée.

Plusieurs jours, dans la Bible, signifient souvent plusieurs années.

Dieu nous montre, par l’histoire d’Élie, que lorsque ses enfants regardent à lui dans leurs détresses, la délivrance leur vient parfois d’une manière inexplicable, de jour en jour, d’année en année, sans qu’on sache comment.

De tous temps le miracle de la cruche et de la fiole s’est renouvelé en faveur des croyants, et il faut remercier Dieu de ce que ces exemples de sa bonté qu’il nous a donnés dans la Bible sont si simples qu'on ne les oublie jamais et que les plus petits peuvent les comprendre.

Il y a beaucoup de sociétés religieuses, beaucoup d’asiles de charité où le miracle s’accomplit sans cesse, selon que Paul le disait des Églises de Macédoine, dans sa deuxième épître aux Corinthiens. Lisez-moi chapitre VIII, 1-5, et IX, 6-10.

«Celui qui a pitié du pauvre prête à l’Éternel, et il lui rendra son bienfait,» disait déjà le Seigneur par la bouche de Salomon (Prov., XIX, 17.).

Quel bonheur fut celui de la veuve de Sarepta!

1. Elle fut tirée de sa détresse;

2. Elle vit un miracle continu s’opérer pour elle et son enfant;

3. Elle jouit de la présence d’un prophète, d’un Élie!

Quel privilège! quel moyen de croître dans la connaissance de Dieu!

Pendant deux ans et demi elle ne manqua de rien et dut se trouver bien heureuse; mais ce fut justement alors que Dieu lui envoya une nouvelle et plus rude épreuve; il voulut LUI MONTRER QUE LE PAIN N’EST PAS LA VIE.

Tout à coup, son fils tomba malade, et il mourut si promptement, qu’elle n’eût, paraît-il, pas même le temps de faire chercher le prophète.

Ah! mes chers amis, j’ai vu des enfants disparaître aussi rapidement. Un jour je m’apercevais de leur absence sur ces bancs où vous êtes aujourd’hui; dans la semaine, on m’appelait pour les visiter, et Dieu les avait retirés avant un nouveau dimanche!

La présence d’un prophète, la piété dans une famille n’empêchent pas la maladie et le deuil d’y pénétrer. Rappelez-vous Lazare et ses sœurs, tous si aimés de Jésus, et qu’il laissa pourtant pendant quatre jours dans l’angoisse et les larmes (Jean, XI.). Ne vous en étonnez pas. La Bible nous apprend que LE SEIGNEUR CHÂTIE CEUX QU’IL AIME.

«Je reconnais,» disait David, «que tu m’as affligé dans ta fidélité (Ps., CXIX, 75.).» Lisez-moi encore Héb., XII, 1-11.

C’est donc parce que Dieu aimait la veuve de Sarepta qu’il la frappe.

Elle n’était probablement plus dans les dispositions de douceur et de résignation où le prophète l’avait trouvée en arrivant chez elle.

Peut-être avait-elle commencé à se croire quelque chose par elle-même, à s’élever dans son cœur (2 Cor., XII, 7.). En effet, son langage à la mort de son enfant est tout différent de celui que nous avions admiré dimanche (au verset 12).

Il est vrai qu’elle est surprise par la douleur au sein de la prospérité; il est vrai que son cœur de mère est déchiré; mais il exhale une plainte amère: Qu’y a-t-il entre moi et toi, homme de Dieu? dit-elle à Élie.

Elle semble tenir pour rien ces deux années de miracles et de la société du prophète, et désirer ne l’avoir jamais vu: Es-tu venu pour rappeler en mémoire mon iniquité? lui dit-elle.

L’effet naturel de l’affliction, mes enfants, est de nous rappeler nos péchés; ce premier cri de la pauvre mère n’est donc pas étonnant; sachant en outre que c’était à la prière d’Élie que le châtiment était descendu sur Israël, elle supposa peut-être qu’il en était de même de celui-ci. «C’est pour me punir de mes fautes que cet homme de Dieu est venu chez moi,» se disait-elle.

Et il est vrai que c’est souvent à cause de certains péchés que certains malheurs nous atteignent: «Nos péchés sont la mort de nos enfants,» disait un pasteur dans son sermon; «Dieu nous les ôte lorsque nous en faisons des idoles qui nous éloignent de lui, et nous pouvons dire à Jésus comme Marthe: Seigneur, si tu eusses été ici, mon frère ne serait pas mort!» Je ne crois pas qu’il soit permis de détourner ainsi le sens d’un passage, mais cette idée est pourtant belle.

Maintenant, voyez l’affliction d’Élie. Bien qu’appelé à un ministère sévère en déclarant la colère de Dieu aux pécheurs, il avait évidemment un cœur tendre; ce n’est pas seulement de la sympathie qu’il éprouve, mais une douleur personnelle; il s’était sans doute attaché à cet enfant. D’ailleurs ce coup est si inattendu qu’il en est confondu; sa foi en est troublée; mais que fait-il? Ah! il court à son Dieu.


Ce n’est pas le moment de faire des reproches à la pauvre mère; il ne lui répond rien. Il prend l’enfant mort qu’elle tenait étendu sur ses genoux; il l’emporte sur son lit dans sa chambre haute, probablement pour que sa prière en devienne plus ardente; la vue d’une affliction nous émeut plus profondément, elle pénètre notre âme; et il est très-différent de voir de nos yeux la douleur de nos amis ou d’en entendre seulement parler.

Probablement aussi le prophète voulait être plus recueilli pour offrir sa supplication. Elle fut en effet si ardente, qu’elle est appelée un cri, comme le sont souvent celles du Psalmiste (Ps. V, 3; LXXXVIII, 3; CII, 2; CXIX, 169; CXLII, 7; CXLV, 19.); aussi fut-elle exaucée (Jacq., V. 16).

Remarquez, en outre, que malgré sa douleur, Élie ne perd pas sa confiance en Dieu; il lui parle comme un enfant à son père; il s’étonne; il se plaint que sa bienfaitrice ait été ainsi frappée; mais IL NE MURMURE PAS, et malgré sa douleur, il n’oublie ni l’amour, ni le respect dû à son Dieu; il prie avec des sentiments pareils à ceux que nous venons de voir dans le chapitre XII de l’épître aux Hébreux.

Mes enfants, nous lisions dimanche cette parole du Sauveur: «Qu’il y avait beaucoup de veuves en Israël.» Hélas! il y en a beaucoup en tous temps et en tous pays, et il y en a aussi qui pleurent leurs enfants et qui «refusent d’être consolées parce qu’ils ne sont plus (Matth., Il, 18.)

J’en connais une qui, hier à neuf heures du soir, a vu expirer son fils! non à l’âge de cinq ou six ans comme celui de Sarepta, mais à vingt-six ans, un fils unique et bien-aimé. Je la recommande aux personnes ici présentes afin qu’elles implorent pour elle les consolations éternelles; ce sont les seules.




- Table des matières -