Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Leçons données dans une école du Dimanche sur les prophètes Elie et Elisée

PREMIÈRE LEÇON

I ROIS XVII, 1-10.


17:1 Élie, le Thischbite, l’un des habitants de Galaad, dit à Achab: L’Éternel est vivant, le Dieu d’Israël, dont je suis le serviteur! il n’y aura ces années-ci ni rosée ni pluie, sinon à ma parole.

2 Et la parole de l’Éternel fut adressée à Élie, en ces mots:

3 Pars d’ici, dirige-toi vers l’orient, et cache-toi près du torrent de Kerith, qui est en face du Jourdain.

4 Tu boiras de l’eau du torrent, et j’ai ordonné aux corbeaux de te nourrir là.

5 Il partit et fit selon la parole de l’Éternel, et il alla s’établir près du torrent de Kerith, qui est en face du Jourdain.

6 Les corbeaux lui apportaient du pain et de la viande le matin, et du pain et de la viande le soir, et il buvait de l’eau du torrent.

7 Mais au bout d’un certain temps le torrent fut à sec, car il n’était point tombé de pluie dans le pays.

8  Alors la parole de l’Éternel lui fut adressée en ces mots:

9 Lève-toi, va à Sarepta, qui appartient à Sidon, et demeure là. Voici, j’y ai ordonné à une femme veuve de te nourrir.

10 Il se leva, et il alla à Sarepta. Comme il arrivait à l’entrée de la ville, voici, il y avait là une femme veuve qui ramassait du bois. Il l’appela, et dit: Va me chercher, je te prie, un peu d’eau dans un vase, afin que je boive.


* * *

Mes chers enfants, j’ai désiré étudier maintenant avec vous l’histoire du grand Élie, le plus étonnant des prophètes de l’Ancien Testament, étonnant par sa piété, par la puissance de ses prières, par les événements de sa vie et de sa mort. Que dis-je, de sa mort! Dieu lui accorda, à lui seul et à Hénoch, le privilège de ne point sortir de ce monde comme tous les autres hommes; et neuf cents ans après son départ de la terre Dieu lui fit, ainsi qu’à Moïse, la faveur étrange d’y revenir un moment avant le grand jour de la résurrection, pour contempler de ses yeux sur une montagne, le Roi-Messie, le Fils de l’homme dans son humiliation, pour l’adorer, pour s’entretenir avec lui; et de quoi?

«De la mort qu’il devait accomplir à Jérusalem (Luc, IX. 28-36.)

Chers enfants, ce sont là de grandes choses. C’est un beau privilège que d’avoir dans la Bible de tels récits. Que Dieu nous donne donc à tous d’entrer dans cette étude avec le recueillement de la foi, avec la bénédiction de son Esprit!

Ce qui doit d’abord nous frapper, c’est la bonté et la gratuité de Dieu dans l’envoi d’un tel homme à un tel peuple, et en un tel temps d’impiété, d’idolâtrie, d’endurcissement et de révolte.

Tout dans la nation appelait les jugements de Dieu; le roi, la reine, les grands, le peuple, les scribes, les prêtres, les anciens, tous l’avaient abandonné;

on se moquait de la religion,

on ne lisait plus la loi de l’Éternel,

on blasphémait le saint nom de Jéhovah;

on adorait à sa place les dieux impurs de la Syrie;

on persécutait le très petit noyau de croyants qui restaient dans le pays;

on faisait mourir les adorateurs du vrai Dieu;

on se livrait à toutes les abominations de l’immoralité,

on péchait à «main levée.»

Eh bien! c’est alors, oui c’est alors que «Dieu, qui a le mal en horreur,» leur envoie le plus grand de ses prophètes; ils le haïront, ils le persécuteront, ils voudront le faire mourir: n’importe!

DIEU A QUELQUES ÉLUS CHEZ CE PAUVRE PEUPLE, ET IL VEUT LES SAUVER.

Plus tard il a fait bien plus encore. Israël avait tué ses prophètes, et il a fini par y envoyer son Fils! Vous vous rappelez une parabole où Jésus décrit cette longue miséricorde, mais aussi le terrible jugement qui atteindra enfin ceux qui l’auront repoussée. Lisez-moi: Matth., XXI, 33-41.

Oui, tout finira par un terrible jugement; mais, en attendant, quelle patience dans les voies de notre Dieu! et combien il est admirable que ce soit toujours lui qui vienne le premier au-devant des pécheurs et qui envoie sa parole de réconciliation à des nations plongées dans une affreuse corruption!

Cette bonté ne s’est montrée peut-être nulle part plus merveilleuse que dans Genève au temps de la Réformation.

Quand Dieu envoya de France, il y a trois cents ans, le grand Farel et l’immortel Calvin, pour prêcher dans nos rues, notre peuple était le plus méchant et le plus corrompu de tout le corps helvétique, en sorte que de toutes les villes de la Suisse il n’y en avait pas une qu’on pût croire plus éloignée de se réformer que celle de Genève, dit l’historien Ruchat.

Ah! mes chers enfants, adorons les voies de Dieu, il cherche «le premier» ses élus; «il fait miséricorde à qui il veut;» «ses compassions sont par-dessus toutes ses œuvres (1 Jean, IV, 19. Rom., IX, 14-18. Ps. CXLV, 9.)

Prions-le donc d’avoir encore pitié de notre nation, qui a commis de grands péchés; prions-le qu’il avance son œuvre au milieu de nous, et qu’il nous donne, à nous en particulier, d'être édifiés, nourris, touchés et rapprochés de Lui par la méditation de cette admirable carrière de son serviteur Élie.

Il nous faut commencer par bien comprendre en quel temps et dans quel lieu se passent les événements que nous allons étudier.

Vous savez que la nation d’Israël avait été gouvernée, depuis son établissement en Canaan sous Josué, d’abord par des juges et ensuite par des rois, — puis elle s’était partagée en deux royaumes, dont l’un avait pris le nom de Juda et l’autre gardé celui d’Israël.

Les rois de Juda régnaient à Jérusalem; ceux d’Israël avaient habité d’abord à Tirtsa, puis à Samarie (1 Rois. XVI, 23, 24.).

Asa régnait depuis trente-huit ans à Jérusalem sur Juda, quand commença à Samarie le règne d’Achab sur Israël, ainsi que nous le voyons dans le chapitre qui précède notre leçon. Lisez-moi ce qui nous y est récité de son méchant caractère et de sa méchante femme: 1 Rois, XVI, 30-34.

Quant au temps, nous sommes donc sous le règne d’Achab, pendant celui d’Asa, cent vingt ans après David, cent vingt avant les prophètes Ésaïe, Amos, Osée et Michée, neuf cents avant Jésus-Christ.

Quant au, lieu, vous le chercherez, dans vos maisons, sur la carte de la Palestine.

Élie est appelé Thisbite, sans doute du nom de sa ville natale, comme «Simon le Cananite ou de Cana,» «Marie de Magdala,» «Saul de Tarse,» «Jésus le Nazaréen.»

Il paraît qu’il avait vécu jusque-là à l’orient du Jourdain, dans ces montagnes de Galaad qui séparaient les tribus de Ruben et de Gad de l’Arabie Déserte, et que des voyageurs modernes décrivent comme pittoresques, couvertes de prairies verdoyantes, de chênes magnifiques et de riches troupeaux.

Tout à coup, cet Élie, qu’on ne connaissait point et que Dieu avait sans doute préparé dans le silence, quitte ses belles vallées où il avait mené jusque-là une vie obscure et paisible, pour commencer l’œuvre difficile et douloureuse à laquelle il était désormais appelé. Il descend de sa retraite, vêtu, comme un pauvre montagnard, d’un grossier habit de poil de chameau et d’une ceinture de cuir; il passe le Jourdain, il traverse la Galilée, il arrive dans Samarie, il entre au palais; il se présente devant le méchant Achab et ose lui faire entendre ces paroles étranges: L’Éternel, le Dieu d’Israël, en la présence duquel je me tiens, est vivant qu’il n’y aura ces années-ci ni rosée ni pluie sinon à ma parole.

Probablement le roi, étonné, le prit pour un fou et le laissa partir sans lui faire de mal; d’ailleurs Élie, aussitôt qu’il eut délivré ce terrible message, reçut de Dieu l’ordre de s’enfuir et fut ainsi mis à l’abri du danger.

Remarquez la sainte hardiesse et la beauté des paroles du prophète:

Achab avait rejeté l’Éternel, il avait aboli son culte en Israël et y avait substitué celui de Baal, et Élie lui parle au nom de l'Éternel le Dieu d’Israël!

Cette forme de langage, l’Éternel est vivant, revient souvent, dans l’Écriture, pour exprimer une affirmation solennelle: «Aussi vrai que Jéhovah est vivant, aussi vraie est telle ou telle chose.»

Élie d’ailleurs l’employait sans doute aussi pour rappeler à l’idolâtre Achab et pour déclarer devant sa cour impie que Baal n’était rien et que «le seul dominateur des cieux et de la terre» est Jéhovah, le Dieu d’Israël (Exode, XXXIV, 23. Jude, 4.).

Remarquez avec quelle confiance le prophète parle de ses rapports avec Dieu l'Éternel, en la présence duquel je me tiens.

Chers enfants, voilà la piété, voilà la foi, voilà la prière, voilà la vie de l'âme.

Dieu disait à Abraham:

«Marche devant ma face (Gen., XVII. 1.)

«Henoch marchait avec Dieu (Gen., V. 22.)

«Élie se tenait devant Dieu.»

C’est aussi ce que font les anges selon que Gabriel le dit à Zacharie (Zach., VI, 5.); c’est aussi ce que faisait Saint-Paul lorsqu’il appelait le Seigneur: «Le Dieu à qui je suis et que je sers (Actes. XXVII, 23.)

Voilà la prière: c’est de se tenir devant Dieu, devant un Dieu réel, vivant, de lui parler, de l’écouter, d’être en sa présence comme un serviteur devant son maître.

Voilà la vie; se tenir en la présence de l'Éternel comme le bienheureux Élie, c’est vivre; ne pas s’y tenir c’est être mort, et en proportion qu’on s’y tient on a la vie.

Et ne pensez pas que cet exemple soit trop élevé pour nous être proposé. Élie était un pauvre fils d’Adam, exposé au péché, plein de misères. Lisez-moi ce que nous dit de lui l’apôtre Jacques (Jacq., V, 16-17).

Il paraîtrait, par ces versets du Nouveau Testament, que si Dieu le chargea du message que nous étudions aujourd’hui, ce fut à la suite d’ardentes prières dans lesquelles le prophète lui avait demandé de manifester sa gloire et d’éprouver ce pauvre peuple égaré, par un châtiment qui lui montrât sa puissance et pût le ramener à l'obéissance de sa parole.

Mais vous faites-vous une idée de cet affreux fléau?

Figurez-vous que la Suisse fût toute une année sans pluie et sans rosée!

Les fontaines tariraient, les jardins seraient brûlés, les prairies seraient sans herbe, les bestiaux mourraient en foule, les arbres sécheraient jusqu’à la racine, les oiseaux de l’air ne trouveraient plus ni abri ni pâture; la disette, la famine, les maladies multiplieraient les deuils sur tout le pays; et si le Rhône et l’Arve continuaient pour un temps leur cours à cause des glaciers qui les entretiennent, ces glaciers disparaîtraient aussi et le Mont Blanc lui-même, au lieu de sa belle tête blanche, finirait par ne plus présenter qu’un aride et immense rocher, en sorte que les fleuves cesseraient de couler.

Et si une année de sécheresse, non seulement sans pluie, mais sans rosée, produisait de tels ravages, jugez de ce que seraient deux années, trois années, trois années et demie!

Jugez de ce que deviendrait la terre, mais jugez surtout de ce que deviendrait le peuple. Il serait réduit à un petit nombre sans doute!

Mais n’est-il pas permis de croire aussi que plusieurs penseraient à leur âme, parleraient de leurs péchés, se prépareraient à l’éternité, reviendraient à la Bible, invoqueraient Jésus-Christ?

Eh bien, chers enfants, vous pouvez mesurer à ceci la profondeur d’iniquité du cœur de l’homme. Les bienfaits de Dieu, la prospérité, le bonheur, l’endurcissent; il lui faut des châtiments.

Celui que nous étudions ne suffît pas à convertir la nation d’Israël, ni son roi, ni ses prêtres; il était nécessaire, cependant, pour que l’Église ne pérît pas entièrement, que Dieu ramenât à lui quelques âmes, une Église cachée, selon ce qu’il dit plus tard à Élie des sept mille hommes qui n’avaient pas fléchi le genou devant Baal; et cette affreuse calamité de la sécheresse devait, sans doute, servir à les rendre attentifs, à leur montrer la puissance de Jéhovah, à les porter à la prière, à les maintenir dans la foi au Sauveur promis.

Dieu envoya ce fléau à Israël pour qu’il ne mourût pas entièrement; comme un chirurgien coupe une jambe, quelquefois les deux jambes à un malheureux atteint de la gangrène, afin qu’il ne meure pas.

Cela vous explique qu’Élie ait pu demander dans la charité, dans un grand amour pour son peuple, cette affreuse calamité qui devait le sauver d’une entière ruine. Il fut instruit de Dieu à comprendre que cette visitation était nécessaire.

Je me rappelle un ami qui fut saisi chez moi d’un horrible spasme au cœur. Il nous dit d’une voix entrecoupée: «Je meurs, si vous ne m’appliquez pas un fer rouge sur la poitrine.» Nous mîmes la pelle au feu et ce fut avec empressement, je dirais presque avec soulagement que nous l’appliquâmes sur sa chair, et que nous vîmes fumer celle-ci sous l’action de cette pelle rougie à blanc, comme fait chez un maréchal la corne d’un cheval auquel on applique ses fers. Nous étions consolés, nous avions sauvé la vie de notre ami! Eh bien, je me figure que tel était Élie lorsqu’il «priait son Dieu qu’il ne plût point.»

Pourquoi pensez-vous que l’Éternel lui ordonna ensuite d’aller se cacher au bord d’un torrent de l’autre côté du Jourdain?

Probablement pour le dérober à la colère du roi, qui avait pu le prendre d’abord pour un insensé, mais qui, excité par Jésabel, l’aurait sans nul doute, poursuivi et châtié lorsque la prophétie s’accomplit.

En second lieu pour lui épargner la douleur d’être supplié par des milliers de malheureux et de devoir résister à leurs larmes, ou pour lui éviter la tentation d’y céder.

Le voilà donc au bord de ce torrent.

Il prie sans doute, non pour la pluie, mais pour la conversion du peuple.

Mais de quoi vivra-t-il?

Pour boire il aura l’eau du ruisseau, qui est apparemment profond, sortant des entrailles de la terre et tarissant plus tard que les autres; mais pour manger, que fera-t-il?

Il n’y a plus d’arbres, plus de blé, il n’y a pas de chasse, pas d’animaux, pas même d’hommes près de lui pour l’aider.

Non! mais Dieu lui dit: J’ai commandé aux corbeaux de te nourrir.

Dieu emploie à son service les oiseaux de l’air; ceux-ci, tout voraces qu’ils sont, apporteront au prophète sa nourriture comme ils l’apportent à leurs petits dans leurs nids. J’ai commandé aux corbeaux, c’est-à-dire: Je ferai que les corbeaux...

Élie demeura, paraît-il, un an dans cette retraite, et Dieu ne l’abandonna pas, car il était à son service.

Cette histoire, mes enfants, a été précieuse à plus d’un serviteur du Seigneur qui, pour faire sa volonté, avait dû se placer dans une position où il ne savait comment il vivrait et ferait vivre sa famille. Il se dit alors: Un maître nourrit ses serviteurs; le mien enverra donc plutôt des corbeaux me chercher ma nourriture que de m’abandonner; si je suis à son service.

Ils apportaient à Élie du pain et de la chair le matin, et du pain et de la chair le soir. Un déjeuner et un souper!

Ils arrivaient dans ce lieu isolé, lointain, de l’autre côté du Jourdain, où les ennemis du prophète ne pouvaient aller le chercher; ils s’y abattaient et déposaient leur fardeau!

Mais enfin le torrent de Kérith tarit aussi. Dieu ne laissera pas Élie; c’est donc un signe qu’il va l’envoyer ailleurs. Lisez-moi Hébr., XIII, 6.

En effet, il lui dit: Va-t'en à Sarepta qui est près de Sidon et y demeure.

Et comment, Seigneur, vivrai-je là, au bord de la mer?

Il y a bien peut-être encore quelque puits, quelque petit filet d’eau coulant des profondeurs du mont Liban; mais ma nourriture, d’où viendra-t-elle?

Ce ne seront plus des oiseaux qui te l’apporteront: ce sera une femme, une païenne, oui, même une pauvre femme, et une femme veuve, sans soutien, qui a un fils, tout jeune enfant, incapable encore de rien faire pour elle. J’ai commandé à une femme veuve de te nourrir.

Comment?

Nous ne savons. Peut-être sans une révélation spéciale, mais, comme pour les corbeaux, en inclinant son cœur et sa volonté par sa puissante providence. La famine régnait à Sidon; cette femme avait probablement dû quitter la ville; au moins demeurait-elle à la porte avec son petit garçon.

Pourquoi Élie fut-il envoyé à Sarepta plutôt qu’en Israël?

À une veuve païenne plutôt qu’à la femme d’un sacrificateur ou au moins d’un Israélite? Sans doute pour nous montrer la souveraineté de Dieu et l’indignité de l’homme.

Notre Seigneur lui-même nous l’a expliqué ainsi. Lisez-moi Luc, IV, 23-30.

Il voulait enseigner déjà alors qu’il appellerait les Gentils à sa connaissance. Demandons-lui, en finissant:

que cette souveraineté et cette bonté s’exercent envers notre patrie;

qu’il y fasse prêcher et abonder son Évangile;

qu’il y cherche des âmes par sa vertu puissante

et en amène beaucoup à sa bienheureuse connaissance.


 

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