Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LES SIGNES DU TEMPS

***

(extraits)


LES SIGNES DU TEMPS! (Matth.16, 3)

À quoi vas-tu toucher, ô homme fragile et pécheur! Qu'es-tu pour tenter de déchiffrer cette écriture de la main de Dieu même! Oublies-tu ta faiblesse et ta souillure? Où est l'excuse de ton audace?


ELLE EST EN CHRIST!

Pour l'âme rachetée et réconciliée avec Dieu, Dieu n'est plus seulement Dieu, il est un père! Le croyant n'est plus un serviteur qui ne sache ce que fait son maître, c’est un ami instruit de sa volonté (Jean 15, 15). Voilà ce qui légitime notre recherche; elle est permise.

Et qu’elle est grande, qu'elle est solennelle, et réjouissante!

Pénétrer dans le sanctuaire des dispensations futures de Dieu, et au milieu du tourbillon des événements visibles démêler les traces demi-voilées d'un Dieu qui nous entoure: bien plus:

- épier en quelque sorte les approches des plus grandes catastrophes que l’avenir prépare au monde, et entrevoir peut-être même comme à la dérobée, derrière cette foule d'évènements précurseurs, le Rédempteur en personne venant à nous pour combler tous nos voeux:

ô Chrétiens! voilà, en effet, ce que nous tentons de faire.

Vous entendez ce langage, vous, tandis qu'un monde égaré et impie s'oublie et se perd dans les vains intérêts d'une vie qui s'envole chargée de péchés. Vous l'entendez, et non contents d'admirer la grandeur de ces choses à venir, vous tressaillez, à leur pensée, d’une sainte et juste joie. C'est le commandement du Seigneur:

- «Quand vous verrez des signes dans le soleil, dans la lune et dans les étoiles,

- et que sur la terre il y aura consternation et perplexité;

- quand les flots de la mer feront grand bruit, et que les hommes seront comme rendant l’âme de frayeur à cause de l’attente des maux à venir;

- quand les forces des cieux seront ébranlées;

- quand on verra le Fils de l’homme venir sur une nuée avec une grande puissance et une grande gloire;

- quand ces choses commenceront à arriver,

- ALORS REGARDEZ EN HAUT ET LEVEZ LA TÊTE PARCE QUE VOTRE DÉLIVRANCE APPROCHE (Luc 21, 25-28).»


ÉLUS ET RACHETÉS DE DIEU!

Nation sainte au milieu de cette génération tortue et perverse!

Oui, REGARDEZ EN HAUT! Si vous devez être sobres dans une pareille matière, sachez l’être de telle sorte que vous ne négligiez pas LE DEVOIR IMPORTANT DE LA VIGILANCE, de cette vigilance que le Sauveur, parlant à ses disciples des mêmes objets, ne pouvait assez leur recommander, «Heureux le serviteur que son maître, quand il arrivera, trouvera veillant (Matth. 24, 46)!

- Un jour, ô Jésus! tu reviendras de la même manière dont les tiens t’ont vu allant au ciel (Actes 1, 11).

- Nous t’aimons, quoique nous ne t'ayons pas vu; nous croyons en toi, quoique nous ne te voyons pas maintenant; et nous nous réjouissons dans l’attente de ton retour d'une joie ineffable et glorieuse (1 Pier, 1, 8).

- C’est sur toi tout particulièrement que nous voulons maintenant tourner les yeux; sur toi, et sur les approches du «grand et terrible jour» auquel tu apparaîtras de nouveau pour changer notre foi en vue, et nous délivrer d’une délivrance éternelle.

- Toutes les créatures soupirent ensemble jusqu'à présent, et sont dans le travail de l’enfantement en attendant que les enfants de Dieu soient manifestés; et non seulement elles, mais nous aussi qui avons reçu les prémices de l’Esprit, nous soupirons en nous-mêmes en attendant l’adoption, c’est-à-dire la délivrance de notre corps; car nous ne sommes encore sauvés qu’en espérance (Rom. 8,19-24).

Quand viendra l’heure désirable

Qui nous amène ce grand jour!

Quand sera-ce, ô Maître adorable,

Qu’on annoncera ton retour!

Ah! quand de contempler ta face,

Jésus! aurai-je le bonheur!

Quand viendra le jour où j’embrasse

Celui qui m’a ravi coeur.


* * *

L’esprit et l’épouse disent: VIENS!

Que celui qui l'entend, dise aussi: VIENS!

Jésus qui rend témoignage de ces choses, dit:

OUI, JE VIENS BIENTÔT. Amen,

Seigneur Jésus, viens (Apoc. 22, 17-20)!


* * *

Les Signes du temps sont, d’après l’Écriture, des événements qui annoncent la présence ou l’approche de quelqu’une des grandes dispensations de Dieu envers le genre humain ou envers son Église.

- Dans le sujet actuel, ce mot est employé plus particulièrement pour désigner les symptômes qui doivent précéder le retour de notre Sauveur.

Non seulement la plus scrupuleuse vigilance et les recherches les plus attentives à ce sujet sont légitimes, comme nous venons de le dire, mais elles sont même un devoir important des élus, pourvu qu’elles ne dégénèrent pas en simples recherches de curiosité.

Jésus fit de graves reproches aux Pharisiens de ce qu’ils ne savaient, pas discerner les signes du temps (Matth. 16, 3); et l’Écriture contient plusieurs déclarations qui expriment le bonheur de ceux qui savent le faire.

Autant qu’on peut en juger au travers de l’obscurité des prophéties relatives aux derniers temps, il paraîtrait, d'après une prédiction positive de l’apôtre Jean, (que rien ne nous autorise à interpréter d'une manière figurée), qu’avant la dissolution définitive de ce monde qui doit avoir lieu un jour par le feu (2 Pier. 3, 7), notre Seigneur Jésus-Christ doit régner sur cette terre pendant mille ans avec les siens, qui, pour cet effet seront rappelés d’entre les morts, (c’est la première résurrection), tandis que les autres morts ne ressusciteront que plus tard pour le jugement final (Apoc. 20, 1-6).

Pendant ce temps Satan sera lié (v. 3), afin qu’il ne séduise plus les nations: après cela il sera de nouveau délié, mais pour peu de temps. Il se déchaînera alors avec une nouvelle fureur; mais Dieu le précipitera presque aussitôt dans le feu éternel (v. 10).

Cette prophétie semblerait donc annoncer qu'outre la première apparition de notre Sauveur qui eut lieu en chair il y a 1800 ans (sermon prêché en 1821), Jésus doit venir une seconde fois pour régner avec les siens pendant une certaine période de temps; puis, après le court intervalle de liberté qui sera donné à Satan à la suite de ce règne de Christ, une troisième et dernière fois pour terminer définitivement toute l’économie actuelle, et juger l’univers entier; après quoi la terre serait détruite.

Qu’il me soit permis, avant de quitter ce premier coup d’oeil jeté sur ce sujet, de citer à côté de cette prophétie une ancienne tradition à laquelle, il est vrai, on ne doit accorder AUCUNE AUTORITÉ POSITIVE, puisqu'elle n’est pas tirée de l’Écriture, mais qui, pour plus d’une raison, est cependant bien loin de devoir être entièrement méprisée, puisque éminemment favorable au christianisme, elle vient cependant de ses ennemis les plus acharnés, les Juifs; qu’elle est regardée par ces mêmes Juifs comme une de leurs traditions les plus authentiques et les plus anciennes, et que sur trois prédictions qu’elle renferme, deux ont déjà reçu un accomplissement parfait.

Elle porte que ce monde doit subsister 2000 ans avant la loi (mosaïque), 2000 ans sous la loi, et 2000 ans sous le Messie.

On sait que l’événement a pleinement répondu aux deux premières parties de la tradition, Moïse ayant paru en l’an 2000, et Jésus-Christ l'an 4000.

La fin du règne de Christ sous la forme actuelle tomberait donc, d’après cette même tradition, en l’an 2000 de notre ère

(On pourrait encore ajouter à ceci le rapport pareillement assez intéressant que quelques-uns ont cru trouver entre la création du monde en sept jours, et sa durée présumée de 7000 ans, (chaque jour préfigurant 1000 ans, selon cette parole des Écritures souvent citée que devant Dieu mille ans sont comme un jour, etc.)

De même que le soleil fut créé pour la terre au quatrième jour, ainsi le soleil spirituel, Christ, apparut en l’an 4000; et le septième millier d’années, (Ie règne de notre Sauveur sur la terre, annoncé dans l’Apocalypse] aurait, comme la grande époque du repos de ce monde, une parfaite correspondance avec le septième jouir qui fut consacre par le Seigneur à cet usage.).

Mais laissant là, pour n’y plus revenir, ces choses incertaines, dont je n’ai guère fait mention que pour marquer dans l’avenir une espèce de point fixe aux environs duquel on puisse rattacher ses idées, passons aux instructions précises et décisives que nous donne l’Écriture sur les derniers temps.

Et comme elle ne nous parle jamais que d’un seul avènement futur de notre Sauveur, soumettons-nous à ce degré d’obscurité qu’emportent toujours avec elles les prophéties; et sans résoudre toutes les questions qui peuvent s’élever à ce sujet, sans même nous occuper davantage de la prophétie que nous venons de citer, voyons en général quels sont les signes qui annonceront cet avènement quelconque de notre Sauveur auquel nous devons nous attendre, et qui nous est clairement promis.

Ici, nous avons un double travail à faire: d'abord, de présenter ces signes eux-mêmes, puis ensuite, de vérifier pour chacun d’eux s'il existe de nos jours (en 1821), et à quel point de son développement il est parvenu.


* * *

Deux des symptômes les plus précis que nous donne l'Écriture sainte de l'approche des derniers temps, et qui se trouvent réunis dans une prophétie de notre Sauveur à ce sujet, sont:

1. des bouleversements extraordinaires parmi les nations,

2. et la prédication de l'Évangile par toute la terre. (Note en bas de page)

La prophétie qui les renferme est d'autant plus remarquable, qu’on y observe une suite et une gradation peut-être uniques dans ce genre.

D’abord, notre Sauveur nous présente, si on peut ainsi s'exprimer, le crépuscule de tous ces grands événements.

- «Prenez garde que personne ne tous séduise; car plusieurs viendront en mon nom, disant: Je suis le Christ, et ils en séduiront un grand nombre. Vous entendrez parler de guerres et de bruits de guerre. Prenez garde de ne pas vous troubler; car il faut que cela arrive; mais ce ne sera pas encore la fin

Ensuite, les grands bouleversement de la terre:

- «Une nation s'élèvera contre une nation, un royaume contre un autre royaume, et il y aura en divers endroits des famines, des pestes, et des tremblements de terre; tout cela ne sera que le commencement des douleurs.»

Puis enfin, l'immense mouvement religieux accompagné de persécutions, qui aura lieu à la suite, et immédiatement avant la fin.

- «Alors on vous livrera pour être tourmentés, et l'on vous fera mourir. Vous serez hais de tous les peuples à cause de mon nom; plusieurs succomberont; on se trahira; il s'élèvera de faux prophètes; et parce que l'iniquité sera venue à ton comble, la charité de plusieurs se refroidira: mais celui qui persévérera jusqu'à la fin sera sauvé.

Et l'Évangile du royaume de Dieu sera publié par toute la terre pour servir de témoignage à toutes les nations: alors ce sera la fin

Il est clair qu’on ne doit pas, dans le désir déraisonnable de voir les événements plus prochains qu’ils ne le sont en effet, chercher à forcer l’application des prophéties, et regarder comme présage tout ce qui n'est qu’extraordinaire; d’un autre côté, si plusieurs regardent les événements actuels comme des préambules de l’avènement du Seigneur, ce n’est pas à dire encore qu’ils placent cet avènement à une époque si rapprochée:

- les préparatifs peuvent en être longs:

- les signes qui l’annoncent peuvent passer par de grands développements, peuvent se renouveler encore, et même avec un degré de force toujours croissant.

- Mais, cela étant accordé, qui pourrait disconvenir que les événements qui se sont passés depuis un quart de siècle, n'aient une ressemblance frappante avec le contenu de cette prophétie?

Après une suite de ces guerres ordinaires comme il y en a eu de tout temps, nous en avons vu de ces guerres de nations où, comme les vagues de la mer, les peuples se soulevaient contre les peuples, et les royaumes contre les royaumes.

Les peuples, encore plus que les souverains, se sont fait la guerre en nos jours, et se sont précipités, par une fluctuation énorme d'un bout du continent jusqu’à l'autre, se refoulant tour à tour par masses immenses de contrée en contrée.

L’homme de lettre, le prêtre, et la femme finissaient par prendre part à ces mouvements dont l’histoire du monde ne fournit que peu d’exemples. Ce n'est, certes, point forcer le sens de la prophétie que de penser que tout cela pourrait bien être le commencement des douleurs!

Et combien n’est pas remarquable l’état actuel du monde, quant à cette autre partie de la prophétie qui concerne la propagation de l'Évangile parmi toutes les nations?

A-t-on jamais vu, depuis les temps du Sauveur jusqu'à nos jours, l’Évangile se répandre parmi les païens comme il le fait maintenant?

L’histoire est là pour répondre à cette question. Jamais le Chinois, le Groenlandais, l'Arabe, le Noir, l’Hindou, ont-ils tenu nos saints livres entre les mains comme ils le font en nos jours?

Y a-t-il jamais eu de Sociétés pareilles à celles qui se sont formées depuis quelques années et qui se multiplient tous les jours, pour envoyer sous toutes les zones des prédicateurs de la bonne nouvelle? La moitié de l’Europe travaille à cette oeuvre.

Certes; je conviens qu'il y a encore immensément à faire; aussi ne dis-je pas que la fin est là mais qu'elle s'approche: «l’Évangile du règne de Dieu commence à être publié par toute la terre:» le symptôme paraît; mais il faut avouer que le début est grand. Or, quand a chose aura eu son entière exécution, alors ce sera la fin.

La prophétie est claire, et il est facile de suivre de jour et jour les développements de son accomplissement.

°°°°°°°°°°

* * *

Un autre signe qui précédera le retour du Sauveur, c'est une grande révolte qui doit éclater contre l’Évangile; et l'apparition de l'homme de péché.

- «Le jour du Seigneur ne viendra point, dit l'apôtre Paul, qu'auparavant la révolte ne soit arrivée, et qu'on n'ait vu» paraître l'homme de péché, le fils de perdition, cet adversaire qui s'élève au-dessus de tout ce qu’on appelle Dieu, ou qu'on adore, jusqu’à s’asseoir comme Dieu dans le temple de Dieu, se comportant confine s'il était Dieu...

Et vous savez ce qui le retient actuellement. Car le mystère de l'iniquité se met déjà en train; il faut seulement que celui qui lui fait obstacle présentement ne subsiste plus; et alors paraîtra cet impie que le Seigneur doit détruire parie souffle de sa bouche et par l’éclat de son avènement.

Il viendra (cet impie) avec l'efficace de Satan, avec des signes et des miracles de mensonge, et avec toutes les séductions de l’iniquité pour ceux qui périssent,... Dieu leur enverra une efficace d’erreur pour croire au mensonge, afin que tous ceux qui ont pris plaisir à l’iniquité soient jugés etc. (2 Thes. 2, 1-8)

Cette prédiction contient deux parties:

1. l’annonce d’une grande révolte,

2. et celle d’une future apparition de ce qui est appelé ici l'homme de péché.

Nous n’avons pas, quant à cette dernière circonstance, de clarté suffisante pour pouvoir avancer ici quelque chose de décidé. Je dirai seulement que les prophéties de l'Écriture étant, comme nous l’avons déjà remarqué, très souvent susceptibles de plus d’une application.

Il est probable que ce qui est dit ici de l’homme de péché «qui veut s’asseoir comme Dieu dans le temple de Dieu» se rapporte en plus d’un point au personnage du pape qui s’élève, en effet, à ces prétentions impies;

- lui qui s’arroge le droit de pardonner les péchés, qui n’appartient qu’à Dieu seul (Marc 2, 7);

- qui ordonne que ses commandements d’homme soient gardés comme des commandements du ciel (Voy. Conc. de Trente);

- qui, tandis que Christ appelle son père, Père saint, se fait appeler, lui, trèsSaint-Père;

- qui prend le titre ridicule de vicaire ou remplaçant de Jésus-Christ, qui ne conviendrait s’il fallait un tel vicaire, qu’au St.-Esprit, et non à des hommes souvent infâmes, mais qui d’ailleurs est un vain titre, PUISQUE JÉSUS-CHRIST EST AVEC SON ÉGLISE JUSQU’À LA FIN DU MONDE (Matth. 28, 20);

- qui, prétendu chef de l’Église enfin, dort comme enivré d’un excès de pâture, quand il s’agirait de remédier aux maux de l’Église et de travailler à sa véritable prospérité, mais qui se réveille comme un vieux lion, lorsqu’il est question d’empêcher la propagation de la vérité et l’abolition des abus.

Cependant, il est probable que nous n’avons pas encore tout vu à cet égard (nous sommes en 1821), et que nous devons attendre, pour l'accomplissement de cette prophétie, des choses encore plus extraordinaires et plus criantes que celles que nous avons déjà vues. Il est possible aussi qu’elles ne soient qu’un développement de celles qui subsistent.

Quant à la révolte contre l’Évangile, on ne peut, il me semble, raisonnablement mettre en doute qu’elle ne soit là.

Elle peut se prononcer encore davantage; elle peut gagner en étendue et en intensité; mais elle est là: je ne sais comment on pourrait le nier.

Ou bien, que voudrait-on de plus que ce que nous voyons?

Dans tous les temps, il est vrai, le grand nombre de ceux qui se disaient Chrétiens, ont rejeté Christ:

- par leur conduite,

- par leur amour du monde,

- par une incrédulité cachée,

- ou par la profession de fausses religions sous le nom de celle de Christ:

- mais jamais, depuis que Christ a paru, jamais on n’avait prononcé et proclamé par grandes masses une incrédulité déclarée comme cela s’est fait en nos jours (Je ne puis renoncer à rappeler ici un fait, déjà relevé dans le temps. Il existe en Europe une ville dans les rues de laquelle s’est fait entendre le cri étonnant: À bas Jésus-Christ! et celui à mort! contre des Chrétiens en tant que Chrétiens. Et cette ville n’est pas Constantinople: c’est une des principales villes de la chrétienté.... Genève!)

Trois grandes divisions du règne des ténèbres composant cette défection de la chrétienté.

- Le Philosophisme, ou l’impiété prononcée des esprits forts du dernier siècle; licencieuse, moqueuse et athée;

- Le Protestantisme dépravé, ou Néologisme, à la mine fourbe, et au langage équivoque;

- Le Catholicisme corrompu, ou Papisme, portant son encensoir dans ses mains dégoûtantes de sang, et recélant sous des pompes saintes ses mystères d’iniquité.

Les ravages de la première classe d’apostats sont assez connus pour qu’il ne soit pas nécessaire d’y insister longtemps. On sait le déluge d’impiétés qui a paru à l’époque de la révolution, et qui continue d’entraîner des millions de membres de la chrétienté son cours.

Cherchez une foi SÉRIEUSE, SINCÈRE et ÉCLAIRÉE en Jésus-Christ en tant que Sauveur des hommes et accompagnée, comme elle doit l’être, des fruits de l’Esprit et surtout de l’amour de Christ; vous pourrez parcourir des villes, des provinces entières sans y trouver autre chose que quelques individus rares et dispersés qui la possèdent comme un trésor caché si même vous avez le bonheur d’en rencontrer de tels.

Le christianisme, la religion des régénérés, des saints, comme les appelle l’Écriture, la foi en Christ et son amour ne se trouvent absolument plus dans la chrétienté que comme exception.

Ou les hommes n’ont qu’une RELIGION EXTÉRIEURE, ou ils n’eu ont point, ou ils s’en moquent ouvertement.

Parcourez les armées, les bureaux, les corps civils, le commerce, les campagnes qu les villes; observez les grands ou les petits; regardez aux lectures, aux conversations, aux usages; en un mot, considérez la société sous quelque point de vue que ce soit, et dites si elle offre autre chose dans tous ses aspects, que le spectacle d’un oubli ou même d’un mépris absolu de l’Évangile, d’une insouciance totale quant à la vie à venir et d’un amour du monde qu’on n’a pas même la pensée de cacher?

Mangeons et buvons, car demain nous mourrons: voilà le langage universel! Il faudrait faire partie soi-même de cette défection pour en méconnaître l’existence et l’étendue.

En d’autres endroits l’apostasie a pris, les vêtements du néologisme (le protestantisme dépravé) et se cache sous ses voiles de gaze.

Le caractère distinctif de ce système d’incrédulité, est de rester attaché en apparence à l’Écriture Sainte, mais de la tordre de manière à en bannir tout ce qui n’est pas la religion naturelle.

C’EST LE SYSTÈME DES INCRÉDULES QUI ONT ENCORE UN INTÉRÊT À NE PAS S’AVOUER TELS; par cela même il est susceptible d’être présente dans la chaire de l'évangéliste ou du docteur.

C'est aussi ce qui s’est fait depuis plusieurs années, surtout en Allemagne. Là, on enseignait et on enseigne encore aux étudiants dans les universités, et même au peuple dans les temples,

- qu’une grande partie de la Bible a été ajoutée après coup, et une autre partie falsifiée;

- que presque tout ce qu'on y trouve ne concerne que les anciens temps;

- que plusieurs préceptes y sont exagérés;

- que les auteurs sacrés ont laissé subsister et même établi beaucoup d’erreurs;

- qu’en particulier tous les miracles qui y sont rapportés ne sont que des faits, - que la superstition a regardés comme tels; (que, par exemple; Jésus-Christ, détaché évanoui de dessus la croix, reprit ses sens par la fraîcheur de la grotte dans laquelle on le plaça, etc. etc. etc.);

- que toute vérité spéculative, morale ou religieuse se trouve en nous;

que l’homme est un être pur qui doit travailler à se purifier toujours davantage....

Enfin, que dirai-je encore?

Ces hommes, ces aveugles conducteurs du peuple, rongés au dedans d'eux-mêmes par la corruption dont ils ne cherchent pas le remède en Christ, établissent, APRÈS AVOIR RENIÉ L’ÉVANGILE, une morale aussi dépravée que leur religion, légitiment tous les vices, (approuvent, par exemple, ouvertement la polygamie), embrassent le péché avec ardeur, et se précipitent vers, tous les scandales du paganisme, dans lequel ils sont depuis longtemps plongés.

Qu’on se dise bien que partout où cette impiété est établie, c’est le clergé et les docteurs du peuple qui en sont les propagateurs déclarés: qu’elle est accompagnée chez la généralité de ceux qui l’annoncent d’une vie immorale; et que l’incrédulité et l’immoralité n’y sont pas une chose accidentelle, mais la suite de principes reçus et avoués; enfin, que la classe de toutes la plus dépravée à fond et par principes, c’est celle des jeunes gens qui se préparent à instruire le peuple; et on aura quelque idée du degré où en est venue de ce côté là LA RÉVOLTE CONTRE L'ÉVANGILE.

Il y a des degrés dans cette apostasie; et tel qui frémit encore aujourd’hui de cet excès d’impiété, professe déjà des principes qui finiront par l'y conduire.

O homme! dès que l'amour de Jésus ne te presse pas,

dès que ce Sauveur t’est indifférent, ou que pour l’aimer il faut que tu exaltes ta sensibilité par quelque artifice;

dès que tu ne cherches pas avant toutes choses le royaume des cieux et sa justice, et que loin d’aimer ceux qui aiment ce Rédempteur,

tu te joins aux sages et aux heureux de ce monde pour mépriser ou pour haïr les Chrétiens,

saches que tu fais partie, même sans t’en douter, de cette grande Apostasie, et qu’après avoir combattu contre le Christ, tu seras rejeté à ton tour.

Le catholicisme, enfin, vient compléter cette grande conjuration des hommes contre le Sauveur qui les a rachetés.

Nous n'entrerons pas dans toutes les disputes et les subtilités derrière lesquelles il se retranche; et l’échafaudage sacré dont il s’entoure ne nous empêche pas de voir ce qui frappe tous les yeux.

Distinguez sans fin entre le droit et les abus, citez tout ce que l’Église romaine a conservé de chrétien dans ses conciles, dans ses écrits, et chez tant d’âmes fidèles dont elle s’honore: nous le reconnaissons aussi; mais nous n’en voyons pas moins d’un autre côté, dans toutes les contrées soumises à Rome, LE PEUPLE PLONGÉ DANS UNE IGNORANCE ABSOLUE DU SEUL VRAI MOYEN DE SALUT:

- on lui donne pour Sauveur une femme et mille intercesseurs, au lieu du Médiateur unique qui nous est offert:

- on lui apprend à se prosterner devant le bois et la pierre, à réciter des prières et des salutations auxquelles il n’attache aucun sens:

- on le maintient de propos délibéré dans les ténèbres où on l’a conduit; sous les plus misérables prétextes,

- on l'empêche de recevoir la sainte Parole de Dieu, ou on la lui arrache; et pourvu qu’il entretienne du produit de ses sueurs l’ambition, l’orgueil, et souvent les débauches d’un clergé cent fois plus coupable que lui, il reçoit l’assurance de son absolution.

NON, CE N’EST PAS LÀ L’ÉGLISE QUE JÉSUS EST VENU FONDER SUR LA TERRE!

Et si jamais il y a eu une révolte contre son Évangile, c’est bien dans l’Église qui défend de lire sa Parole, qui met ses propres ordonnances au-dessus de celles de Dieu, qui pardonne les péchés pour de l’argent, et qui brûle le pécheur égaré.

Voilà les trois grandes masses qui composent l’apostasie prédite.

Toutes trois, quoique divisées entre elles, s’accordent cependant à persécuter le Christianisme en lui-même et dans les Chrétiens, et finiront certainement par manifester d'une manière cruelle la haine qu’elles leurs portent.

Pourquoi ne dirais-je pas ici toute ma pensée?

Je ne puis contenir un sentiment de terreur et de pitié toutes les fois que j’entends répéter que le temps des persécutions est passé.

Passé?

Et depuis quand?

L’ennemi de Dieu a-t-il donc changé de nature?

Est-il devenu plus doux?

Et les siens?

Quelles preuves ont-ils donc donnés d’une humanité si distinguée?

Outre que la Parole de Dieu nous prédit distinctement que dans les derniers temps les saints seront livrés aux tourments et à la mort, et haïs de tous les peuples à cause du nom de Christ (Matth. 24, 1-14) je demande dans laquelle des trois classes d’incrédules que nous venons d’indiquer, vous croyez donc trouver pour les Chrétiens de la justice et de l’amour, ou même du support?

Sera-ce parmi ces philanthropes, ces philosophes si bons qui ne voulaient rien de la religion intolérante de Jésus?

Vous ne vous rappelez donc pas avec quelle tendresse ils se sont égorgés les uns les autres au plus fort de leur règne d’humanité! ou si ce sont des Chrétiens qui ont inventé les mitraillades et les noyades? Hélas! hélas! ceux qui furent si féroces contre des hommes qui pourtant étaient impies, comment auraient-ils peur de verser le sang des Chrétiens?

Ils vous feront ces choses, dit le Sauveur, parce qu'ils ne connaissent ni moi ni mon Père (Jean 16, 3).

Le connaissent-ils mieux qu’alors le Père, et son Fils Jésus-Christ? Comment donc pouvez-vous vous laisser tromper par cet adage si répété de nos jours, mais si destitué de fondement?

Et ne croyons pas le néologisme (le protestantisme dépravé) à aucun égard mieux disposé envers les croyants. DÈS QUE L’HOMME EST HORS DE CHRIST, SOUS QUELQUE FORME QUE CE SOIT, IL HAIT CHRIST ET SES MEMBRES par la raison que nous venons de citer tout à l’heure.

Il est très possible que ceux qui professent cette doctrine, continuant d’affecter leur charité et leur amour ordinaire (qui n’est qu’un amour du péché), cherchent encore pendant quelque temps à se couvrir d’un voile; c'est leur habitude; mais ils n’en seront pas moins ennemis actifs de Christ et des siens.

Les Juifs qui avaient décidé de faire mourir Jésus, ne voulurent pas cependant souiller leurs mains en l’immolant eux-mêmes. Il ne nous est pas permis de faire mourir personne, disaient-ils à Pilate (Jean 18, 31).

Mais dès que celui-ci faisait mine de le leur relâcher: Crucifie-le, crucifie-le, lui criaient-ils avec une nouvelle fureur.

Il faut lire les écrits des néologues et voir leur conduite envers les Chrétiens, les calomnies et les injures qu’ils prodiguent à ceux qui confessent encore le Sauveur, le mépris et même la rage qu’ils déploient déjà maintenant contre eux, pour se faire une idée de ce dont ils seraient capables s’ils n’étaient contenus.

Leurs liaisons, leur harmonie intime avec les impies, même déclarés, les font du reste assez connaître; et enfin, leurs principes tout seuls suffisent amplement pour nous assurer combien ils sont disposés, comme tout autre homme irrégénéré, à accomplir cette parole du Sauveur: Le frère livrera son frère à la mort, et le père ses enfants; et vous serez haïs de tous à cause de mon nom (Matth. 10, 21-22).

Est-ce qu’on ne voit donc pas que tout système de religion ou de morale qui n’est pas fondé sur Jésus-Christ, la seule base céleste, n’est qu’une antre dont le portail est orné des apparences les plus insidieuses, mais dans le fond duquel brillent les yeux d’un tigre.....?

Si on a dit que les «Helvetius» ont fait des «Robespierre», on peut ajouter avec la même vérité que les néologues font des Sand (Sand, étudiant en théologie, exalté par les principes d’une fausse liberté qui se répandent en Allemagne, et que les universités excitent chez les étudiants, conçut le dessein d'assassiner un écrivain célèbre, selon lui trop favorable au despotisme.

Il a, en effet, exécuté ce meurtre, et a voulu ensuite attenter à sa propre vie: mais on s'est emparé de sa personne, et on en a fait justice il y a un an. Beaucoup de personnes portent de ses cheveux dans des bagues et sous d’autres formes: et on a recueilli de son sang sur des mouchoirs, comme le sang d’un martyr.

Dieu châtiera un jour les tyrans; mais ce n’est pas aux opprimés de se faire justice: la vengeance est au Seigneur.).

Quant au catholicisme, sa réputation est faite à cet égard; il ne s’en cache pas. Ses mains n’ont cessé de répandre le sang que pendant ce peu d’années où il était lié lui-même. Maintenant qu’il semble avoir reçu le pouvoir de se relever pour quelque temps, il secoue déjà sa crinière, et il ne manquera sûrement pas de reprendre ses allures ordinaires aussitôt qu’il lui sera possible.

O Chrétiens! sortez du rêve où le monde vous avait plongés!

Veillez et priez: car vous n’arriverez pas au port sans orage, ni à la fin des temps sans de grandes tribulations.


* * *

Nous n’avons pas encore tout dit sur la grande révolte.

«Aux fruits tous reconnaîtrez l'arbre:» L'état moral du monde doit nous tenir le même langage que ses principes.

En effet, la perversité croissante est un nouveau signe de plus de la proximité d'une catastrophe finale, en même temps qu'un trait important à ajouter au précédent tableau.

Pris à lui seul, il est vrai, ce symptôme, toujours assez prononcé encore pour nous attester de grandes révolutions à venir, ne pourrait cependant, à cause de son défaut de précision, se ranger au nombre des signes qui annoncent nécessairement la fin des temps, si la liaison avec les précédents ne le rendait pas entièrement décisif.

Comme la décadence de la foi, CETTE DÉCADENCE DES MŒURS ET SON ÉTENDUE ne peuvent non plus être mises en doute que par ceux qui y participent.

Pour le Chrétien, elle forme un tableau effrayant qu'il voudrait pouvoir repousser de devant ses yeux et effacer de ses larmes, mais qui le suit partout et dont les couleurs sont indélébiles.

- «Sachez, nous dit l'Écriture, que dans les derniers temps il y aura des conjonctures fâcheuses; car les hommes seront amateurs d'eux-mêmes, avares, vains, superbes, désobéissants à leurs pères et à leurs mères, ingrats, profanes, sans affection naturelle, sans fidélité,.... haïssant les gens de bien, enflés d’orgueil, amateurs des voluptés plutôt que de Dieu (2 Tim. 3, 1-5)».

Il est vrai que ces péchés ont régné de tout temps parmi les hommes: mais on n'ignore pas non plus que le monde a ses degrés, et que LA MARCHE DU GENRE HUMAIN VA EN EMPIRANT.

L'époque actuelle se distingue malheureusement par bien plus d'un trait d'une dépravation extrême. Sans rappeler ici de nouveau ces péchés d'impiété dont nous avons déjà fait mention,

- l'oubli général de Dieu,

- les blasphèmes qu'on entend sortir de tant de bouches,

- la profanation des temples soit par l'abandon, soit par l’usage qu’on en fait,

combien d’autres péchés criants caractérisent le monde moral de nos jours!

Quel endurcissement désespéré!

Dieu a beau punir, frapper, écraser en quelque sorte: tout semble, pour la généralité des hommes, être devenu inutile, ou même les pousser encore plus avant dans leurs péchés.

«Ha, nation pécheresse!» s’écriait sous l’ancienne alliance un des serviteurs de Dieu, «peuple chargé d’iniquités;... enfants qui ne savent que se corrompre! Ils ont abandonné l’Éternel! Pourquoi seriez-vous encore battus? Vous ajoutez révolte à révolte!

Toute tête est souffrante, tous les coeurs sont abattus. Depuis la plante du pied jusqu’à la tête il n’y a rien d’entier en eux; il n’y à que blessures, meurtrissures, plaies qui n’ont pas été pansées...

Votre pays n’est que désolation;.... les étrangers dévorent en votre présence votre terre; ils ravagent comme des barbares (Es. 1, 4-7)

Voilà un trop fidèle tableau des châtiments qui ont pesé sur l’Europe depuis bien des années.

°°°°°°°°°°


De pair avec cet endurcissement, une légèreté incompréhensible étourdit les hommes sur les objets les plus sérieux qui les entourent. À côté d’une moitié du genre humain qui pleure, on voit l’autre se livrer, plus que dans les temps les plus heureux, à toutes les sortes de dissipations et de folies.

Un luxe et un amour effréné du plaisir contrastent avec un cri universel de misère, de stagnation des affaires, et avec le désespoir de la pauvreté.

Presque partout on rencontre réunis ces deux extrêmes en apparence contradictoires. Un orgueil général qui porte toutes les classes de la société, et tous les membres de chaque classe à vouloir empiéter sur leurs égaux, et égaler leurs supérieurs, produit une tension qui ne peut guère finir que d’une manière violente. Et cette rage des plaisirs qu’on remarque dans la génération actuelle, ne s’est jamais trouvée que CHEZ UN PEUPLE QUI A ENTIÈREMENT RENONCÉ À TROUVER SON BONHEUR EN DIEU.

On ne sera point surpris de trouver dans le catalogue des péchés de nos temps ce vice de l'impureté qui semble tout particulièrement destiné à indiquer le degré de dépravation d’un peuple ou d’une époque donnée.

Mais que pourrais-je dire à ce sujet?

Une dépravation ne se décrit que par des faits: et cela est-il nécessaire ici?

Pourrais-je convaincre celui qui a encore besoin d’être convaincu?

Je ne dirai donc qu’un mot à cet égard.

On peut aller encore plus loin qu’on n’est allé jusqu’à ce jour, l’histoire nous le prouve; mais nous approchons cependant à grands pas de CE COMBLE DU PÉCHÉ qui, comme l'histoire aussi l’atteste, POURRAIT BIEN AMENER UNE CATASTROPHE.

Qu’on se rappelle quels furent les crimes qui firent tomber les jugements de Dieu sur les villes de la plaine (Gen. 19).

- On ne peut bientôt plus porter les yeux autour de soi, ouvrir un livre ou entrer dans une compagnie, qu'on n’y trouve, d’une manière ou de l’autre, l’impureté presque autorisée; et l’on compte plusieurs oeuvres de ténèbres parmi les usages admis.

De tout temps, il est vrai, le monde a été plongé dans le péché: mais le mal n’a pas été appelé bien de tout temps comme en nos jours:

- quand les hommes, après avoir enfreint la loi, vont plus loin encore, et ne veulent plus même la reconnaître, alors LEUR MESURE EST SÛREMENT PRÈS D’ÊTRE COMBLÉE.

À ce péché se lie intimement une sensualité repoussante, et, chose frappante! une dureté de coeur et une cruauté extrêmes.

De tout temps aussi ces péchés se sont tendus la main. C’est au sortir des plaisirs de la table, chargé de vins et de mets délicats, le coeur brûlant pour une courtisane, subjugué par la danse, et sûrement entouré d’hymnes d’amour qu’un Hérode accorde aux voeux d’une Hérodias, la tête sanglante et pâle d’un homme de Dieu!

Et le monde ne rend-il pas témoignage ici contre lui-même?

Quels sont les grands leviers de toutes ses passions, les deux puissants ressorts de ses émotions favorites, les objets qu’il chante et qu’il embellit de tous ses moyens, l’âme de tous ses beaux-arts?...

La guerre et l’amour, n’est-ce pas là tout ce qui a animé et occupé le plus généralement les hommes de tous les temps, et tout particulièrement ceux de la génération actuelle?

Or qu’est-ce autre chose, sous des noms éclatants, que les deux péchés dont nous parlons ici?

Il est impossible de ne pas remarquer encore parmi les traits les plus caractéristiques de nos jours CET ESPRIT D’ORGUEIL, DE RÉVOLTE ET DE LICENCE qui se manifeste d’une manière si prononcée.

Les apôtres nous représentent généralement cet esprit comme toujours attaché aux péchés précédents.

«Pleins d’impureté, ils suivent les mouvements de la chair, méprisent les puissances, sont audacieux et attachés à leurs sens; ne craignent pas de mal parler des dignités; au lieu que les anges, bien plus grands qu’eux en force et en puissance, ne prononcent point contre elles de jugement injurieux.... Ils promettent, ces hommes, ils promettent aux autres la liberté, quoiqu’ils soient eux-mêmes esclaves de la corruption (2 Pier. 2, 10, 11, 19)

On conviendra qu’il serait difficile de faire un tableau plus frappant de l'état moral du monde actuel. Mais je m'arrête: on sent qu’il y aurait encore bien des réflexions à faire sur ce sujet: chacun pourra les faire de lui-même; je veux passer à une autre classe de signes de nos temps, et auparavant encore en ajouter ici quelques-uns qui, par leur degré de clarté et d’évidence en tant qu’événements prophétiques, tiennent un milieu entre les précédents et ceux que nous examinerons plus bas.


* * *

L’Écriture parle, quoique assez confusément, de «l’heure d’une grande tentation qui doit venir sur le monde entier pour éprouver ceux qui demeurent sur la terre (Apoc. 3, 10)

Sans savoir du tout précisément ce que ces paroles annoncent, je crois assez probable que cette grande tentation coïncidera avec la révolte dont nous avons parlé plus haut, et se composera, d’un côté, de puissants attraits à l’apostasie, et de l’autre, de grandes persécutions contre ceux qui resteraient fidèles.

Nous avons donc traité en partie cette matière, lorsque nous avons parlé de la révolte: ce qui resterait encore à dire sur ce sujet serait susceptible de beaucoup de développements.

Les temps actuels présentent déjà à un haut degré les deux traits qui paraissent devoir caractériser cette époque.

Les lumières de la sagesse humaine, (qui sont une folie devant Dieu, et pour qui les choses de Dieu en sont aussi une), sont si fort répandues, l’esprit du temps en est tellement imbu, que mille fois l’esprit de l’homme, nourri et élevé dans cet élément, vient se heurter contre la sagesse si philosophique de ce livre de Dieu.

En effet, il semble réellement que Dieu s'y plaise, si l'on peut ainsi parler, à agacer la sagesse humaine par tout ce qui peut le plus la contredire; et plus celle-ci s’accroît, plus ce trait doit devenir sensible, les choses les plus propres à choquer nos systèmes de raison se trouvant répandues en foule dans ce livre unique, à côté des traits innombrables qui nous assurent sa divinité.

D’un autre côté les voluptés du monde entourent maintenant les hommes plus que jamais de leurs pièges trompeurs mais attrayants; et celui qui ne succombe pas à ce double assaut se voit en butte au mépris et même à la détestation du monde.

Le petit nombre de ceux qui adorent Christ en esprit et en vérité, attestent la grandeur du danger de nos temps: les peuples se jettent dans l’impiété: c’est donc dans tous les cas, plus qu’à aucune autre époque précédente, déjà maintenant l'heure dune grande tentation.

Elle atteindra probablement son plus haut degré de force, lorsque le Seigneur aura lâché la bride à la haine du monde contre son Église.


* * *

Une autre circonstance remarquable de l’époque actuelle, c’est l'état précaire et chancelant où semble réduit le catholicisme. Car si on retranche du nombre de ses adhérents les Chrétiens de cette confession qui ouvrent les yeux sur ses abus, et la foule d’incrédules qui se moquent de la forme et du fond, on verra qu’il est dans le cas de ces corps qui offrent l’apparence trompeuse de l’embonpoint, mais qui sont minés au-dedans par une maladie sans remède.

On rencontre dans nos saints Livres deux passages qui semblent se rapporter à la chute future de ce système de superstition.

Le premier, dont nous avons déjà fait mention, se trouve dans la prophétie qui annonce la grande révolte et l’apparition de l’homme de péché (2. Thess. 2, 1-8).

J'ai dit par quelles raisons il est probable que la partie de cette prophétie relative à l’homme de péché, est applicable à la religion de Rome. Or cette prophétie, présentant la chute de l'Anti-Christ comme opérée par l'avènement du Sauveur, les signes précurseurs de la chute du catholicisme seront donc aussi, si notre application est fondée, des signes précurseurs de l’avènement de Christ.

L’autre prophétie relative au même sujet est tirée du livre de l’Apocalypse. Du haut des airs un ange s’écrie: «Elle est tombée, elle est tombée, Babylone la grande, parce qu’elle a fait boire à toutes les nations du vin de la fureur de son impudicité (Apoc. 14, 8)

Ce qui a fait croire depuis longtemps à un grand nombre d’interprètes, que Babylone représente ici le catholicisme, c’est la réunion de différents traits qui semblent désigner Rome d’une manière presque évidente.


Observons d’abord que l’Écriture applique ce nom de Babylone alternativement à une ville et à la grande prostituée (Apoc. 17, 5), et remarquons ensuite les trois traits principaux par lesquels cette reine impie est désignée:

1. son habitation sur sept collines (Apoc. 17, 9),

2. son vêtement et sa parure, l'écarlate et l’or (Apoc. 17, 4),

3. et sa domination sur le reste de la terre (Apoc. 17, 18):

autant de traits qui s’appliquent rigoureusement à Rome.

Or l’ange proclamant sa chute au moment que l’heure du jugement est venue (Apoc. 14, 6), il semblerait qu’on est autorisé à regarder la proximité de la chute du catholicisme, comme un signe de la proximité du jugement dernier.

Reste maintenant à chacun à évaluer le plus ou moins de solidité que lui paraît avoir l’édifice de la religion romaine. Naturellement les avis diffèrent beaucoup là-dessus: mais ceux qui pensent que sa chute n’est plus bien éloignée, semblent par là même devoir en conclure en même temps la proximité de l’avènement du Sauveur.


* * *

Remarquons enfin que les temps actuels offrent, quant à la propagation de la foi, et quant à celle de l'impiété, le même mélange en apparence contradictoire que présentent sur le même sujet les prophéties relatives aux derniers temps. D’un côté, Jésus dit:

- «Croyez-vous que le Fils de l’homme, quand il viendra, trouve de la foi sur la terre?»

Paroles qui semblent indiquer positivement que la foi y sera extrêmement rare, et qu’elle en sera même comme bannie.

De l’autre, les prophéties abondent en descriptions pompeuses des progrès immenses que doit faire l’Évangile dans les derniers temps,

- La plénitude des Gentils doit entrer (Rom. 11, 25),

- Dans les derniers temps la montagne où est la maison de l’Éternel sera élevée par-dessus toutes les autres montagnes; tous les peuples y afflueront (Es. 2, 2);

- la terre sera couverte du nom de l’Éternel comme le fond de la mer est couvert des eaux qui la remplissent, etc. (Es. 11, 9).

Il semble, dis-je, qu’on voie, par une direction singulière de la Providence, ces deux prédictions contradictoires s’accomplir à la fois en nos jours.

L’Évangile est prêché à tous les peuples, et des peuples entiers le rejettent; les presses enfantent à l’envi des nuées d’écrits pour célébrer et pour blasphémer l’oint du Seigneur.

En un mot, c’est le fidèle accomplissement d’une autre parole des saints livres qui exprime encore le même état des choses, et qui se rapporte aussi aux derniers temps:

«Celui qui est» saint se sanctifie davantage,

et celui qui est souillé se souille» encore davantage.»

Voilà les signes tirés de l’Écriture sainte qui semblent prouver non seulement qu’il se prépare en général et dans un sens vague, de grands événements, mais même que nous sommes dans la série des événements qui servent d’avant-coureurs immédiats au retour de notre Sauveur (nous sommes en 1821).

Qu’on se rappelle que de pareils pressentiments sont bien loin d’être à mépriser.

Chacun sait qu’avant la première venue de Jésus-Christ il régnait, parmi tous les peuples, une attente générale de quelque événement pareil; et on peut se rappeler les témoignages si souvent cités qu’en donnent les auteurs païens; et en particulier celui de Suétone:

«Qu’il s’était répandu dans tout l’Orient, une ancienne et constante opinion que d’après les destinées on verrait à cette époque sortir de la Judée ceux qui obtiendraient l’Empire du monde.»

Cette tradition pouvait être mal comprise du plus grand nombre: mais elle reçut un accomplissement parfait dans l'apparition de notre Sauveur sur la terre.

Les caractères que nous venons de voir me semblent offrir plus d’une fois les qualités d’une démonstration raisonnée et très solide. Prenons garde d’être trouvés semblables à ces insensés qui, du temps de Noé, tournaient en ridicule sa sage, prévoyance et sa foi.

°°°°°°°°°°

LE MONDE SE PRÉCIPITE AU-DEVANT DE QUELQUE GRAND DÉNOUEMENT.

Or les déclarations positives de l'Écriture sainte, et les signes que nous avons examinés précédemment nous apprennent quelle est l'espèce de dénouement que nous avons à attendre!

- Veillons donc et prions, Chrétiens! que ce soit là notre dernière parole comme ce fut une des dernières de notre Sauveur.

- Aimons-nous les uns les autres, et n’aimons pas ce monde:

- Aimons par-dessus tout celui qui nous a rachetés:

- Ne nous divisons plus jamais: au contraire, serrons-nous étroitement autour du chef et du consommateur de notre foi; et ne nous laissons plus appesantir par les vapeurs mortelles d’un monde qui s’en va périr.

OH, CHERCHONS LES CHOSES QUI SONT EN HAUT!

«Comme il en était aux jours de Noé, il en sera pareillement de l’avènement du Fils de l’homme. Car comme aux jours avant le déluge ils mangeaient et buvaient, ils vendaient et ils achetaient, ils bâtissaient, ils se mariaient et donnaient en mariage jusqu'au jour auquel Noé entra dans l’arche; et ils n’aperçurent point le déluge jusqu’à ce qu’il fut venu et qu’il les emporta tous, il en sera de même du Fils de l’homme à sa venue. Veillez donc (Matth. 24, 36-42)

Vierges sages ne sommeillez plus!

Tenez vos lampes prêtes;

Veillez, préparez-vous

Pour l’heure où les trompettes

Annonceront l’époux.


Oh! veillez jusqu’au grand jour où les airs retentiront de ce cri: Voici, l’époux vient, sortez au-devant de lui (Matth. 25, 6)!

Heureux alors ceux qui seront appelés aux noces de l’Agneau (Matth. 25, 6);

heureux ceux qui auront cru en Jésus: car après l’entrée des vierges bienheureuses LES PORTES SE FERMERONT.

FIN.



 

Note:

Matth. 24, 1-14. Ce n'est pas ici le lieu de parler du mélange qu’on remarque dans cette prophétie, des choses qui regardent la fin de Jérusalem et de celles qui concernent la fin du monde. Il suffira pour le moment de dire qu'une foule d'exemples tirés du Nouveau-Testament nous autorise à penser que la plupart des prophéties de l'Écriture sainte, si ce n’est même toutes, sont susceptibles de PLUSIEURS ACCOMPLISSEMENT SUCCESSIFS, dont les premiers ne sont qu’une figure en petit de ceux qui les suivent, le peuple juif et tout ce qui le concerne était une représentation continuelle du peuple chrétien et de ses destinées; et que dans le cas actuel, notre Sauveur peut d'autant mieux mêler dans sa prophétie les deux événements dont il s'agit, que les disciples commencent eux-mêmes par les confondre dans leurs questions:

1. Dis-nous quand cela arrivera (la destruction du temple de Jérusalem),

2. et quel sera le signe de ton avènement, et de la consommation du siècle (v. 3).

- Table des matières -