Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LES LEÇONS DE LA PAROLE DE DIEU

SUR L’ÉTAT DE L’HOMME DANS L’ÉTERNITÉ


***


LES PEINES DES MÉCHANTS

1° LE FEU ET 2° LA COLÈRE


Le précurseur de J. C. ouvre son ministère en annonçant le jugement de Dieu pour faire sentir avec plus de force la nécessité de s’unir à l'Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde, (Jean I, 29) il révèle les châtiments réservés à l’impénitence.

Écoutons-le et réfléchissons.


Le feu.


Tout arbre qui ne porte pas de bons fruits sera coupé et jeté au feu. (Matt. III, 10)

Soit qu’on abuse des grâces de Dieu par une profanation positive en faisant le mal ou qu'on néglige de faire le bien, l’abus amène la cessation de ces grâces, et précipite par cela même les coupables dans les misères et la ruine.

Que fera le Juge qui est ici comparé au maître d’un champ?

Il nettoiera son aire, il amassera le blé dans un grenier, et il brûlera la paille dans un feu qui ne s'éteint point (Matt. III, 1-12).

RIEN D’INUTILE NE PEUT ENTRER DANS LE ROYAUME DES CIEUX où règne la plus parfaite sagesse. Ce qui est inutile en gênant les mouvements de l’Ordre introduit le désordre et cause le malheur.

Où doit donc aboutir une vie VOLONTAIREMENT inutile?

Sera-ce seulement à la privation d’un bonheur considérable?

NON! Car le fruit du temps perdu sera un feu qui ne s'éteint point. Et si tel est le sort de l’arbre inutile..., que sera-ce de celui qui porte du poison?

L’idée du feu est la première qui se présente dans l’Évangile pour exprimer les peines à venir; J. C. et les Apôtres en font un fréquent emploi.


Le Sauveur dit que celui qui traite son frère de fou mérite d'être puni par la géhenne de feu.

Le mot géhenne, consacré par les juifs pour désigner l'enfer, doit son origine à une vallée de Hinnom dans laquelle on entretenait un feu destiné à consumer les cadavres jetés à la voirie.

Le Sauveur dit encore que l'ivraie sera brûlée;

que ceux qui font le mal seront jetés dans la fournaise ardente;

qu’il vaut mieux se retrancher un membre qui fait tomber dans le péché que d'être jeté dans le feu éternel;

que le mauvais riche souffre cruellement dans les flammes;

que les méchants seront envoyés dans le feu éternel qui a été préparé pour le Diable et pour ses anges (Matt, V, 22; XIII, 42, 49-50; XVIII, 8-9; XXV, 41, 46; Marc IX, 43-48. Luc XVI, 24).

St Paul dit:

que Dieu exercera sa vengeance avec des flammes de feu; que la terre qui ne produit que des épines et des chardons est abandonnée, près d'être maudite et brûlée;

que lorsque tous les secours de la grâce sont devenus inutiles, il n'y a plus rien à attendre qu'un jugement terrible et un feu ardent qui doit dévorer les rebelles;

que Dieu est un feu dévorant (2 Th, I, 8-9; Héb. VI, 4-8; X, 26-27; XII, 29).

St Pierre nous apprend:

que le monde doit, périr par le feu au jour de la destruction des hommes impies (2 Pier. III, 7).

St Jude dit:

que Sodome et Gomorrhe souffrent la peine d'un feu éternel (v. 7);

et St Jean dans ses révélations parle plusieurs fois de l'étang ardent de feu et de soufre (Ap. XIV, 10; XX, 15; XXI, 8).


Les peines de l’éternité avaient déjà été peintes par les Prophètes sous l'image d’un feu.

Qui est-ce d'entre nous qui pourra séjourner avec le feu dévorant?

Qui est-ce d'entre nous qui pourra séjourner avec tes flammes éternelles?

La terre deviendra de la poix brûlante; elle ne sera point éteinte ni nuit ni jour; sa fumée montera, à jamais.

Voilà, vous tous qui avez allumé le feu et qui vous êtes environnés d'étincelles, vous marcherez dans le feu et dans les étincelles que vous avez allumées (Es, XXXIII, 14; XXXIV, 9-10; L, 11).

On verra les corps morts des hommes qui auront prévariqué (se seront rebellés) contre moi; car leur ver ne mourra point, leur feu ne s'éteindra point, et ils seront en abomination à toute personne (LXVI, 24).

David a dit de même: Dieu fera pleuvoir sur les méchants des pièges, du feu et du soufre (Ps. XI, 6).


Ce feu peut s’entendre au figuré et au littéral; considérons-le sous ces deux faces.

I. Le feu dévore et fait souffrir; les organes qu’il attaque éprouvent d’affreuses douleurs: c’est l’image du genre de peine qui fera souffrir les réprouvés dans leurs facultés, qui désorganisera leur être, le jettera tout entier dans le trouble et la douleur, quoique sans pouvoir l’anéantir, ne détruisant que ce qu’il y avait de beau, d’agréable, d’avantageux pour réduire ces infortunés au plus déplorable état.

ET CE FEU NE S’ÉTEINT POINT; différent de ces feux matériels qui cessent avec l’aliment qui les entretenait, celui de la Justice divine est inextinguible par lui-même, PARCE QU’IL A POUR ALIMENT CE QUE L’HOMME A D’IMMORTEL, ce qui peut souffrir toujours et ne jamais mourir.

Tant que le feu qui fait la vie du monde matériel est en harmonie avec les autres éléments, les êtres animés croissent, jouissent, produisent les œuvres ou portent les fruits qui leur sont propres: mais que ce feu augmente au-delà de ce qu’il doit être, la souffrance est aussitôt là, et la destruction l’accompagne.

Or, il y a un feu qui fait l’essence et la vie des esprits, et qui se manifeste par le mouvement de leur pensée, par la vivacité de leurs sentiments par l'ardeur de leurs désirs.

Vous brûlez d’avoir une certaine jouissance; CE DÉSIR VOUS DÉVORE: est-il satisfait, vous voilà content; la jouissance est une eau rafraîchissante qui répand le calme et la paix dans votre âme, et dont votre corps même éprouve les doux effets.

VOTRE DÉSIR EST-IL, TROMPÉ, vous souffrez d’autant plus que vous y avez attaché plus d'importance, et que le besoin, réel ou factice, que vous avez de l’objet désiré, se fait sentir plus impérieusement à vous.

Bientôt ce feu redouble, et devient colère, fureur, désespoir; il peut vous rendre capable de tous les emportements, de toutes les folies, de tous les crimes pour le satisfaire; ce qui, en troublant toujours plus l'Ordre, multiplie les douloureux frottements, les résistances inévitables, et accroît le feu en vous éloignant de plus en plus de l'objet passionnément désiré; le sentiment et l'action contribuent tour à tour à nourrir votre peine, comme la systole et la diastole (phase de contraction du cœur) d’un coeur malade changent son battement en palpitations douloureuses.

Comprenons bien: le feu du désir, inséparable du sentiment, est inextinguible puisqu'il tient nécessairement à l'essence de l'esprit, qu'il en occupe la racine.

Il ne procure le bonheur QU’AUTANT QU’IL EST SATISFAIT; le contraire le change en une AFFREUSE ANGOISSE.

Par cela même il est inextinguible, et il peut causer un bonheur ou un malheur sans fin, selon qu’il se nourrit de son véritable aliment ou qu'il en reste privé.

Ce feu ayant été donné aux esprits pour qu'ils puissent jouir de Dieu même dont il procède et de ses biens, Dieu dans sa sagesse et sa bonté a coordonné avec l'existence des êtres spirituels, qui sont ses enfants les moyens de les rendre heureux, en procurant à chaque faculté l'aliment qui lui est propre.

A-t-elle cet aliment, elle jouit et fait jouir l'être!

En est-elle privée, elle souffre et fait souffrir l'être.

Ainsi donc le sens divin vous fait-il jouir de la présence de Dieu!

Le besoin d’être en société est-il satisfait par des personnes dont le commerce ne vous procure que des biens,

votre intelligence avide d'accroître ses lumières obtient-elle l’objet de son désir,

votre corps reçoit-il une nourriture salubre qui entretienne la santé et la force.

Avez-vous tout cela, VOUS ÊTES HEUREUX?

Venez-vous à en être privé sans pouvoir cesser de le désirer, VOUS VOILÀ MALHEUREUX.

Par conséquent, si dans l’éternité l’homme est UNI à Dieu, il jouira par la présence de Dieu même, et par celle des objets analogues à chacune de ses facultés selon l’Ordre divin, et alors le feu qui fait sa vie sera UN FEU D’AMOUR, un feu doux et paisible qui fera son bonheur.

MAIS si l’homme est SÉPARÉ de Dieu, le feu du désir fera son malheur, parce qu’il sera privé de ce qui le satisfait et l’apaise, et qu’en vertu de l'activité inhérente à l’esprit il le cherchera sans relâche et avec désespoir là où il ne pourra le trouver.

C'est cette grande et terrible vérité, qui repose sur la nature des choses, sur l'essence même de l'homme, que les Sages de l’antiquité avaient rendue sensible par l'allégorie de Tantale, de Sisyphe, d’Ixion et des Danaïdes tourmentés par un désir sans cesse renaissant, et sans cesse infructueux dans les efforts pour le satisfaire.


Qui sont ceux qui, au-delà du tombeau, se trouveront ainsi séparés de Dieu et de ses biens?

Ce sont ceux qui ne se seront pas unis à lui pendant leur vie mortelle, pendant cette vie de préparation nécessaire à l’autre.

Au lieu de tourner leur principal désir vers Dieu et de le fixer en lui avant tout, ils l’avaient tourné vers d'autres objets, et par là ils avaient donné une direction fausse au mouvement de la pensée et de la volonté; qu’en est-il résulté?

Une habitude que rien ne pourra déraciner, parce qu’ils n’auront pas travaillé à la déraciner à temps.

Les voilà donc condamnés par la nature même des choses à poursuivre des objets qu’ils ne pourront atteindre, et dont les images fantastiques les poursuivront sans relâche, comme sur la terre l’ambitieux tend sans cesse à monter et à commander, l’avare à amasser de l’or, le voluptueux à jouir.

L’HABITUDE A COMMENCÉ PAR LES SENS; puis s’imprimant dans l’âme qui s’en préoccupait, elle a maîtrisé ses affections, chargé l’imagination de tableaux trompeurs, corrompu la volonté, et endurci l’orgueil qui s’obstine à chercher sa jouissance.

Dans cette incurable obstination, comment les malheureux ne poursuivraient-ils pas l’objet de leur principal désir, leur idole, malgré qu’elle les fuie et les trompe?

Comment ne chercheraient-ils pas à se consoler d’une illusion par une autre, toujours désirant et espérant, et toujours déçus et désespérés?


TEL EST LE REDOUTABLE RÉSULTAT DE L’EMPIRE DES HABITUDES: elles poursuivent le pécheur au-delà du tombeau, et nourrissent le feu qui le dévore.

Là où n’est pas Dieu avec sa douce onction qui facilite les mouvements de l’âme, et avec l’eau de la vie éternelle, cette eau qui rafraîchit et qui modère les feux,

Là où il n’y a que des passions dévorantes, que des rencontres malheureuses, que des rapports d’où résulte la discorde, et que la recherche de soi-même à tout prix:

QU’ATTENDRE, SINON LES MAUX DE L’ENFER?


II. Mais ce feu n’est-il que spirituel? Pour le savoir revenons à l'Évangile.

J. C. nous déclare que celui qui traite son frère de fou, mérite d’être puni par le feu de la géhenne.

Mais quel feu?

IL VAUT MIEUX, dit J. C., que vous perdiez une des parties de votre corps, en faisant de vous-mêmes le sacrifice de celle qui vous fait tomber dans le péché, que si tout votre corps était jeté dans la géhenne, dans le feu qui ne s'éteint point, où le ver ne meurt point.

Craignez celui qui peut faire périr dans la géhenne et l'âme ET le corps.

Ainsi J. C. spécifie bien ce que c’est que la géhenne; c'est un feu PHYSIQUE aussi bien que SPIRITUEL, un feu INEXTINGUIBLE, et dans ce feu est un ver immortel (Matt V, 22, 29-30. X, 28; Marc IX, 41-47).

Pour saisir cette vérité rappelons-nous ce que nous avons dit sur la certitude de l’existence corporelle après la mort, et sur la résurrection en condamnation aussi bien que sur la résurrection en gloire.

Le principe étant posé que l'homme a un corps au-delà du tombeau, (Dan. XII, 22; Jean V, 28-29) il est clair que ce corps est en rapport avec des éléments qui lui sont analogues, qu’il peut y avoir un feu pour les corps spirituels comme il y en a un pour les corps grossiers et terrestres, et que ces corps, ce feu et les autres éléments d’une nature d’un ordre supérieur peuvent être dans un état d’harmonie ou de désordre, et par cela même faire jouir ou faire souffrir.

Jugeons de cela par ce qui se passe dans la vie présente, et comprenons comment il est possible que le foyer et l’aliment du feu infernal se trouvent dans la constitution même des corps animés.

Ne voit-on pas tous les jours des malades, qu'à la lettre, LE FEU DE LA FIÈVRE DÉVORE, ou qu'un BRÛLANT ULCÈRE mine, décompose, consume, et qui tourmentés par une ardente chaleur, se plaignent d'être dans une fournaise?

Ne voit-on pas des indigents qui ont UNE FAIM RONGEANTE COMME UN VER, et qu’ils ne peuvent assouvir?

Un Antiochus et un Hérode n'ont-ils pas été rongés des vers?

Le malheureux piqué par un serpent dans un seul point de son corps,

l’impur qui n'a souillé qu’une partie du sien,

l’ivrogne et le gourmand qui n'ont flatté que le palais,

le méchant qui par ses provocations s'est attiré quelque coup dangereux,

tous ceux-là et tant d’autres ne se trouvent-ils pas exposés à souffrir même dans tout leur corps des douleurs qui sont pour eux comme le feu de la géhenne?


Si donc les morts ont ou doivent avoir un jour un corps indestructible et néanmoins attaquable dans sa sensibilité, si de plus les expiations correspondent aux fautes, tellement que l’abus des sens doive être expié par des peines dans les sens, afin que chacun reçoive selon le bien ou le mal qu'il aura fait étant dans son corps, qu'on se représente les réprouvés exposés à tous les chocs du désordre,

soit du désordre de l’âme qui fait nécessairement partager au corps ses agitations, ses angoisses et ses fureurs,

soit du désordre physique résultant pour ce corps de l'action dévorante d’éléments éminemment actifs, telle que celle de l’air qui irrite une plaie découverte!

Qu’on se représente, dis-je, CE CORPS IMMORTEL SOUFFRANT DE PARTOUT À LA FOIS par l’effet de ces deux causes réunies, et l’on aura quelque idée des peines corporelles qu’on peut souffrir dans l’enfer (2 Cor. V, 10).

C’est ce qui fait comprendre comment le mauvais riche étant dans l'enfer et les tourments, souffrait physiquement des douleurs cuisantes en expiation de sa sensualité. Il recherchait ce qu’il ne pouvait plus avoir. Les faux et impérieux besoins de la sensualité tourmentaient son corps spirituel par d’insatiables désirs que provoquaient les tableaux de son imagination souillée, et qui ne pouvaient être satisfaits.

Il éprouvait nécessairement de vives douleurs, en même temps que son âme était dans le feu du désespoir, À CAUSE DE L’IMPOSSIBILITÉ OÙ IL SE TROUVAIT DE FLÉCHIR L'INEXORABLE JUSTICE DE DIEU et de sortir de cet abîme de misères (Luc XVI, 19-30)....

On se fera quelque idée de la possibilité de souffrir corporellement sans avoir un corps terrestre, par les souffrances que l’imagination fait endurer à un fou qui se croit dans les flammes et qui appelle à grands cris du secours: mais qu'est-ce que cela en comparaison de la réalité?

Ainsi donc il peut y avoir dans la géhenne, dans le séjour des réprouvés, où qu’il soit:


1.° un feu et un ver divin.

Comme l'amour de I’Être infini pour ses enfants est un amour éternellement et universellement expansif, qui ne cesse pas plus de les attirer que le soleil ne cesse de lancer ses feux pour attirer à lui les planètes qui se meuvent dans sa sphère d'activité, il est évident que LE SENS DIVIN DE L’HOMME, ce sens qui est en rapport immédiat avec la RECHERCHE, la POSSESSION et la JOUISSANCE DE DIEU, ne peut cesser d'aspirer après ce Dieu qui est son Principe et sa Fin.

Que cet amour est d’autant plus vif qu’il a pour objet le premier des êtres, l’Être NÉCESSAIRE à tous les autres; par cela même l'absence de cet amour (qui a été refusé) doit faire souffrir l’homme avec les plus affreuses angoisses lorsque des obstacles insurmontables s'opposent à sa libre communication avec le Bien Infini qui lui est analogue et dont le besoin impérieux le tourmente. C’est un feu qui le brûle, un ver qui le dévore!

2.° Un feu et un ver spirituels.

L'esprit de l’homme réprouvé ne cesse pas de désirer ardemment le bonheur qui se trouve dans la société des créatures intelligentes; mais ce désir, si naturel en lui-même, ne peut être satisfait:

UN TEL HOMME EST IRRÉVOCABLEMENT SÉPARÉ DES ÊTRES QUI SONT DANS LA GLOIRE! De plus, il est condamné à vivre avec ceux qui partagent sa malédiction, ses privations, son désespoir, ses passions dévorantes, et l'affreux besoin qu'il a de décharger sa fureur sur ce qui l’entoure, comme l’animal enragé tend à se soulager en dévorant des victimes.

3.° Un feu et un ver corporels.

Bien plus capable de résister au feu que le diamant, le vrai corps de l’homme étant indestructible (puisqu'il ressusciteront tous, soit pour la voie, soit pour le jugement, l'opprobre, la honte éternelleDan. XII, 2; Jean V, 29), que ne doit-il pas souffrir lorsqu'il n'est plus environné et pénétré que par les éléments du désordre physique!

Que de douleurs! Quels intolérables tourments!

Comme il y aura pour les ÉLUS une nature glorieuse, une demeure d’ordre et de paix, il y aura pour les RÉPROUVÉS une nature maudite, une demeure qui sera le réceptacle de toutes les misères introduites par le péché, une demeure soumise à la pleine influence de Satan qui communiquera tout autour de lui, avec bien plus d’activité que le bois ne communique au bois les feux dévorants d’un incendie, le terrible feu qui fera son éternel supplice.

De ces maux réunis résulte d'abord LE VER RONGEUR DU REMORDS, et ensuite LE FEU INFERNAL DE LA HAINE CONTRE DIEU ET LES SAINTS GLORIFIÉS.

Quand les ténèbres de l’âme s’épaississant de plus en plus, les malheureux arrivent à ne plus se croire coupables, et à blasphémer contre le Saint des saints, dont la main toute-puissante opposé à leur fureur et à leurs efforts pour se soustraire à son empire une insurmontable résistance.

Telle est cette fournaise ardente, tel est cet étang de feu et de soufre dans lequel sont jetés les arbres stériles et les arbres vénéneux, arbres animés qui sentent là les ardeurs dont ils sont dévorés, et qui expient ainsi le mépris qu’ils avaient fait de la douce sève et des eaux du ciel de la Miséricorde.

Ceci nous appelle à prêter attention à ce que nous dit la parole de Dieu sur la colère à venir.


* * *


La colère.


L’Écriture Sainte emploie ce mot comme désignant les jugements de Dieu:

1.° D’une manière générale.

Qui vous a appris à fuir la colère à venir, disait Jean-Baptiste aux Pharisiens qui venaient à son baptême (Matt. III, 7).

2.° Comme attribuée à Dieu.

Celui qui désobéit au Fils ne verra point la vie; mais la colère de Dieu demeure sur lui (Jean III, 36).

3.° Comme exprimant l’état des méchants.

Nous sommes tous par nature enfants de colère. (Eph. II, 3).

Le mot colère appliqué à Dieu a un sens noble, et désigne une sainte indignation, une redoutable, mais une nécessaire sévérité...... Appliqué aux pécheurs, il peint la fureur et le désespoir qui les tourmentent.


PAR LUI-MÊME DIEU EST INVARIABLEMENT AMOUR, et il ne peut procéder de lui que les biens de cet amour; mais sa manière d’influer dépend de l'état moral des êtres sur lesquels il exerce sa constante action.

Le soleil est toujours le même sur la terre, mais son influence est modifiée par la position diverse des êtres organisés qu'il est destiné à vivifier.

Allez-vous au midi, il vous brûle; approchez-vous des pôles, il vous refuse sa chaleur. L'hémisphère que vous habitez va-t-il, en vertu de rotation de la terre à la rencontre de la lumière, le soleil se lève pour vous et vous éclaire de ses rayons, vous réchauffe de ses feux! Ce même hémisphère se détourne-t-il de la présence de l’astre, voici les ténèbres: des vapeurs s’élèvent-elles entre vous et lui, il pâlit, ou ses rayons deviennent brûlants, et les orages se préparent.

AINSI EN EST-IL DU SOLEIL DIVIN et de son influence morale, mais avec cette différence qu’ici les êtres sont libres, et dès lors plus ou moins responsables des modifications qu’ils apportent à l’influence du Seigneur sur eux.

Partant de ce principe, nous pouvons déjà dire que la colère de Dieu n’est que la manifestation du mal de souffrance qui résulte des oppositions à ses influences bienfaisantes, mal qui paraît venir de lui, et qui dans le fond NE VIENT QUE DE LA CRÉATURE.


Posons un autre principe.

EN DIEU TOUT EST PAR SOI-MÊME INFINIMENT ACTIF. Supposons sa bonté agissant seule et ne répandant que des biens, les êtres sont inondés de bonheur; c’est un torrent, un fleuve de délices qui coule à pleins bords, et précipite ses ondes pour faire succéder plus rapidement ses bienfaits.

Mais représentons-nous aussi, comme nous devons le faire, la sainteté de Dieu agissant pour comparer avec elle-même les œuvres de l’homme, nous verrons cette sainteté découvrir la moindre souillure et rejeter toute œuvre indigne d’elle.

Méditons-nous sur la sagesse de Dieu qui après avoir créé un Ordre parfait pour le plus grand bien des créatures, surveille l’observation de cet Ordre, et repousse irrémissiblement tout ce qui le troublerait.

Nous verrons cette sagesse armée d’une inexorable sévérité envers les perturbateurs, parce qu’ils sont de fait, alors même qu’ils n’en auraient pas l’intention, les ennemis de Dieu, de leur prochain et d’eux-mêmes.

Maintenant considérons les pécheurs, qui en donnant prise au mal ont intercepté l’action du bien, considérons-les, dis-je, comme étant, les uns capables d’être ramenés au devoir, et les autres incorrigibles.

Pour les premiers, l’expérience douloureuse des peines qu’ils se sont attirées étant propre à les convertir, la Justice divine les livre en tout ou en partie et pour un temps aux suites funestes de leur action irrégulière; effrayante sévérité qui menace de tout détruire, mais qui est le moyen même de la Miséricorde pour corriger.

C’est dans ce sens que la colère de Dieu s'est souvent embrasée contre Israël, telle que l’action vive et dévorante d’un feu qui consume les souillures et purifie l’or; et c’est dans ce but qu’ici-bas les sociétés et les individus éprouvent des malheurs; c’est pour les purifier.

C’est en faisant attention à ce principe, qu'on peut expliquer une multitude de passages de l’Ancien Testament dont les incrédules ont abusé de la manière la plus scandaleuse pour calomnier nos Saints Livres en représentant le Dieu des Chrétiens comme un tyran, qui n’a d'autre existence que celle que lui prête la superstition ou l’imposture. Et pourtant, pour peu que les incrédules rentrent sérieusement en eux-mêmes, ils y trouveront le témoignage des redoutables vérités dont nous parlons.

À l'égard des pécheurs incorrigibles, comme ils ont résisté aux premiers feux de la colère divine qui les avaient atteints pendant leur vie mortelle, ils sont exclus de la sphère de l’Ordre parfait, et abandonnés à toutes les suites du désordre dont ils se sont rendus coupables. Alors le feu agit sans adoucissement parce que les sources de l’eau rafraîchissante sont fermées; c’est dans toute son ardeur la colère du Dieu qui est un feu dévorant (Héb. XII, 29).

Il est donc évident qu’il ne s’agit pas ici de cette passion impétueuse qui est le fruit de l’amour de soi exalté et irrité par les oppositions, et qui procède de la crainte de perdre quelque avantage ou de souffrir quelque mal.

Quelque graves que soient les atteintes portées aux droits et à la majesté de Dieu, comme il est l’Être Suprême, LUI, il n’a rien à en souffrir dans sa personne!

Soit donc qu’elle tende à corriger les coupables pour les sauver, soit quelle abandonne les incorrigibles à la rigueur de la malédiction CE NE PEUT ÊTRE UNE COLÈRE SEMBLABLE À CELLE DES HOMMES:

C'est la Justice qui venge les lois divines, et fait expier – quand la Suprême Sagesse le juge convenable – la violation de l’Ordre.

Si après cela nous considérons la colère à venir du côté des réprouvés, nous verrons qu’elle consiste dans l'épouvantable désespoir auquel ils seront livrés ensuite au triple feu qui les tourmentera.

Rappelons ici ce que nous avons dit plus haut sur LE FEU DU DÉSIR qui tient aux besoins de tout genre à satisfaire, et qui est inextinguible, et nous comprendrons ce que nous avons déjà dit avec St Paul que par nature nous sommes tous enfants de colère (Eph. Il, 3), parce que chez tous le sentiment du moi est exalté.

Se recherchant toujours et rapportant tout à lui-même, l'homme s’enflamme en proportion de l’importance qu’il attache aux choses:

il les poursuit avec une ardeur sans mesure,

il sacrifie tout à leur possession,

il s’irrite et se nourrit des obstacles,

il excite à la haine contre les personnes qui les causent, et rend ainsi l’homme capable de tous les crimes et de toutes les fureurs.

Dès l’enfance, même chez les gens qu’on appelle gens de bien, ce sentiment, ennemi de l’Ordre, se montre à la surface de l’être comme les premières étincelles d’un feu qui menace de faire bien des ravages.

S’il n’en fait pas pendant cette vie autant qu’on aurait lieu de le craindre, c’est qu’il est en très grande partie comprimé par la miséricorde de Dieu qui veut nous donner le temps et les moyens de l’éteindre.


Mais lorsque la conversion est devenue impossible

en raison des résistances opiniâtres du pécheur:

L’incendie éclate et fait tous ses ravages.


DANS LE CIEL le feu du désir est pleinement réglé quant à son objet; c’est UN FEU D’AMOUR sans mélange, aussi produit-il une douce lumière et une profonde paix.

Sur la terre LE FEU DU DÉSIR est tantôt bien réglé et tantôt mal, tantôt satisfait et tantôt excité par les contrariétés et les oppositions; aussi produit-il également l'amour et la haine, la lumière et les ténèbres, la paix et le trouble, parce que CETTE VIE EST CELLE DU MÉLANGE, de l'alliage, du combat, de la sanctification, de l’épreuve et des rétributions commencées.

DANS L'ENFER LE FEU DU DÉSIR N'EST ÉCLAIRÉ, RÉGLÉ PAR RIEN; il est plutôt nourri par les privations, aigri par les souffrances accrues par le désespoir, il ne respecte rien, et la charité méconnue dans un tel lieu ne lui apporte aucun soulagement.

Le rugissement du lion affamé qui, retentissant au loin dans les déserts, fait trembler les animaux et les hommes, n'est rien en comparaison de celui des malheureuses victimes de l'enfer.

À l'aide des principes que nous venons de poser, et qui ont pour base l'Ordre divin, les perfections du Dieu qui l’a établi, les facultés impérissables de l’homme, et les germes de mal qui souillent sa nature, on peut comprendre le sens des divers passages de l'Écriture Sainte où il est parlé de LA COLÈRE DE DIEU et de LA COLÈRE À VENIR.

On comprend ce que dit Jean-Baptiste: celui qui désobéit au Fils ne verra point la vie, mais ta colère de Dieu DEMEURE sur lui (Jean III, 36).


La condamnation PÈSE sur lui parce qu'il est pécheur

Elle y DEMEURE, parce qu’en refusant d’obéir à J. C., il DEMEURE dans le péché.


On comprend comment la colère de Dieu se déclare du ciel contre toute l'impiété et l'injustice des hommes. (Rom. I, 18) C’est la menace de ses jugements rigoureux par lesquels il les livrera aux convoitises de leur cœur, dont le résultat INÉVITABLE sera un abîme de misères.

LE JUGEMENT DE DIEU EST SELON LA VÉRITÉ, conforme à la nature des choses, contre ceux qui font le mal; ici le mot jugement explique celui de colère  (Rom. I, 18, 24-32; II, 2) .

On comprend comment on peut s'amasser un trésor de colère pour le jour de la colère, auquel se manifestera le juste jugement de Dieu... qui fera sentir son indignation et sa colère, en sorte que l'affliction et l'angoisse tomberont sur tout homme qui fait le mal (Rom. Il, 5, 8-9).

On comprend comment St Paul, pour détourner les Chrétiens de tout sentiment de vengeance contre leurs ennemis, leur dit:

Laissez agir la colère (selon le grec, donnez lieu à la colère) car il est écrit c’est à moi que la vengeance appartient, et je punirai, dit le Seigneur. Si donc votre ennemi a faim, donnez-lui à manger; s’il a soif, donnez-lui à boire; car en agissant de la sorte, vous lui amasserez des charbons de feu sur la tête (Rom. XII, 19-20).

Votre ennemi est-il capable de repentir, votre générosité sera un feu qui, en lui faisant sentir douloureusement son injustice, le convertira; sa colère, son indignation se tournera salutairement contre lui-même.

Est-il incapable de ce sentiment, le Seigneur se charge de vous venger, puisque toute offense qui n'est pas réparée doit être expiée, et alors ce sera le feu même du Seigneur qui agira sur lui de la manière la plus convenable.


On comprend pourquoi le même Apôtre dit qu'il ne faut pas donner accès au Diable par la colère (Eph, IV, 26-27).

Tandis que par la douceur nous donnons ACCÈS À L’ESPRIT DE DIEU qui est charité et paix, et nous augmentons nos rapports avec lui et son influence sur nous; par la colère nous donnons ACCÈS À L’ESPRIT DE RÉVOLTE:

AU DIABLE en qui se trouve le principe, le feu de la colère dans toute la force de son mouvement désordonné,

AU DIABLE qui a le plus de causes de désespoir et le plus de disposition à s’en décharger sur d’autres êtres,

AU DIABLE qui ne cesse d’allumer ou de nourrir dans les hommes le feu de la colère pour se les rendre toujours plus conformes, et pour multiplier ses victimes en éloignant les âmes de Dieu.

On comprend pourquoi St Jacques dit que la langue est un feu, un monde d'iniquité, qu’elle est placée entre nos membres d’une toile manière qu’elle souille tout le corps, et qu’elle enflamme le cours de la vie, étant elle-même enflammée par le feu de la géhenne (III, 6).


Le feu des diverses passions qui souillent et dévorent le cœur, s'exhale par la langue, et fait du besoin naturel de parler une habitude opiniâtre de dire du mal et par cela même d*en faire au prochain.

St Jean dans ses révélations a vu le ciel et l’enfer; ce qu’il dit des peines des méchants sous les images de feu et de colère, est terrible: bornons-nous à quelques citations:

Le jugement des méchants sera si affreux qu’ils diront aux montagnes et aux rochers: tombez sur nous, cachez-nous de devant la face de Celui qui est sur le trône et de la colère de l'Agneau, car le grand jour de sa colère est venu. Qui est-ce qui pourra subsister (Ap. VI, 16-17)?

La seule vue de Dieu et du monde de la gloire suffirait déjà pour causer aux réprouvés un supplice intolérable, parce que tout ce qui porte le caractère de la nature glorieuse et pure, peut et doit, en tant que supérieur à la condition des Démons, leur faire horreur et les faire fuir, comme un seul rayon de lumière fait fermer un œil enflammé, et comme un parfum suave peut donner des convulsions à une personne délicate.

L’Apôtre entend le cantique des bienheureux, dans lequel ils disent: ta colère est venue, le temps est arrivé de juger les morts, de récompenser tes Saints ET d'exterminer ceux qui souillent la terre (XI, 18).

Celui qui se livre a ses passions criminelles, celui qui adore la bête et son image, celui qui se laisse séduire et entraîner par le serpent des enfers, boira du vin de la colère de Dieu, qui sera versé tout pur dans la coupe de sa colère, et il sera tourmenté dans le feu et dans le soufre en présence des saints Anges et de l'Agneau; et la fumée de leurs tourments s'élèvera dans tous les siècles, sans qu'il y ait aucun repos ni le jour ni la nuit (XIV, 10-11).

À la seconde résurrection tous les morts seront jugés selon leurs œuvres; la mort et le sépulcre, c’est-à-dire, les êtres morts à la vie divine et ensevelis dans leur épouvantable corruption, seront jetés dans l'étang de feu; c'est la seconde mort; et quiconque ne sera pas trouvé écrit dans le livre de vie y sera précipité dans l'étang de feu.

Peu après, l’Apôtre répète:

Les timides, ceux qui n'auront pas eu le courage de rendre témoignage à la vérité ou de combattre contre le péché, les incrédules, les exécrables, les meurtriers, les fornicateurs, les empoisonneurs, les idolâtres et tous les menteurs auront leur part dans l'étang ardent de feu et de soufre; et c'est là la seconde mort, c'est-à-dire la rechute dans LA MORT À L'AMOUR DE DIEU et dans la condamnation dont il avait cherché à délivrer les pécheurs; affreux état devenu sans ressource, parce que le plus efficace de tous les moyens ayant été mis en œuvre pour leur salut, ils n'en avaient pas profité. De telles gens sont ceux dont St Jude dit qu'ils sont deux fois morts et déracinés (v. 12).


Mais il est temps de conclure.

Sous le rapport du dogme, nous dirons:

1.° aspirer nécessairement après un bonheur infini sans pouvoir l'atteindre, parce qu'il ne se trouve que dans l'union immédiate avec Dieu qu'on a rendue impossible;

2.° être esclave et victime de ses habitudes vicieuses, en savourer toute l'épouvantable amertume dans son âme, sans pouvoir s'en délivrer;

3.° souffrir dans son corps dont l'exquise sensibilité et l'indestructible essence le rendent capable d’éprouver tous les chocs de la nature dégradée et des éléments en désordre,

TELS SONT EN PARTIE LES TOURMENTS DE L'ENFER, LES FEUX DE LA COLÈRE À VENIR.

Il résulte de la nature des choses; et le degré connaissance que nous pouvons en avoir, justifie les jugements de Dieu, explique l’Écriture Sainte, et apprend à l’homme ce qu’il se prépare à lui-même en péchant.

Sous le rapport de la morale, nous dirons:

méfiez-vous des couleurs trompeuses sous lesquelles les flammes des passions vous montrent les objets;

veiller sur vos désirs, vos goûts, vos habitudes et vos sens;

ne laissez pas s’allumer en vous les feux des convoitises: que s’ils s’y allument, hâtez-vous de les éteindre avec les eaux de la grâce, avec les larmes du repentir, avec les feux de l’amour divin.

Aux ruses et à la colère du serpent opposez l’innocence et la paix de l'Agneau.


* * *


Et comme il est réservé aux hommes de mourir une seule fois,

APRÈS QUOI VIENT LE JUGEMENT,

de même CHRIST, qui s’est offert une seule fois pour porter les péchés de plusieurs,

apparaîtra sans péché une seconde fois

À CEUX QUI L’ATTENDENT POUR LEUR SALUT.

(Héb. IX, 27-28)




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