Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LES LEÇONS DE LA PAROLE DE DIEU

SUR L’ÉTAT DE L’HOMME DANS L’ÉTERNITÉ


***

LES PEINES DES MÉCHANTS – LA PRISON ET LES TÉNÈBRES.


Si un voyageur, qui se dirige vers la cime d’une montagne où il espère jouir du spectacle d’une riante nature répandant ses bienfaits sur un vaste horizon, vient à découvrir un abîme qui descende beaucoup plus bas que le point d’où il était parti, un abîme dont la pente et les bords soient couverts de ruines, et dont le fond soit voilé par sa profondeur même, un sentiment de terreur s'empare de lui, augmente sa vigilance, et le dispose à trouver ensuite plus vif le plaisir dont il jouira lorsqu’il aura atteint la cime désirée. Ainsi doit-il en être de la contemplation de l’enfer avant celle du paradis.

Une telle méditation est sans doute pénible, elle effraie la pensée, elle serre le cœur, mais nous ne devons pas moins nous y livrer, parce qu’elle est nécessaire:

pour dissiper nos illusions,

pour prévenir la fausse paix,

pour nous inspirer la prudence chrétienne,

pour nous faire juger du prix de notre salut, non seulement par la grandeur des biens qui en seront la suite, mais aussi par celle des maux épouvantables dont Dieu veut nous préserver.

Alors on sent la nécessité, non de greffer les vertus sur quelques penchants originels, mais de régénérer jusqu’à la racine de l’être moral, et de bénir le Seigneur des épreuves par lesquelles il presse ici-bas les cœurs pour en faire sortir toute la corruption.


Livrons-nous donc d’abord à la contemplation de l’enfer, et ensuite à celle du paradis.

Il y a sans doute dans l’un et dans l’autre des choses que nous ne devons pas connaître aussi longtemps que nous serons sur la terre parce que nous risquerions trop d'abuser des grâces du ciel et de braver ses rigueurs, tant est la tentation du mal, et glissante la pente au péché: mais ce qui nous a été révélé par la Sagesse Suprême, l’a-t-il été inutilement?

Sommes-nous à cet égard les maîtres de rester dans UN VAGUE QUI FAVORISE LA TIÉDEUR?

Quand Dieu nous présente son flambeau, pouvons-nous, sans crime, fermer les yeux et préférer marcher à tâtons?

Combien d’âmes qui ne sont accessibles qu’à la crainte?

Et qu'elles sont celles qui n’ont pas commencé par là leur conversion?

Quelles sont celles qui dans le travail soutenu de leur sanctification peuvent constamment avancer par le seul sentiment de l'espérance et de l’amour divin, sans jamais avoir besoin d'être aiguillonnées ou relevées... par la crainte des jugements de Dieu?

Si aux yeux de certaines personnes il paraît peu important de savoir d'où vient le péché, IL NE DOIT PAS EN ÊTRE DE MÊME QUANT À SON ISSUE.

MALHEUR donc aux prétendus Chrétiens qui veulent marcher dans les ténèbres.

MALHEUR aux pasteurs incrédules ou infidèles qui auront endormi leurs brebis dans la fausse paix; UNE TERRIBLE RESPONSABILITÉ PÈSE SUR LES UNS ET SUR LES AUTRES.

Que ne pouvons-nous contribuer à la leur épargner!

Si nous n'étions pas en danger de nous perdre, si nous ne pouvions pas être artisans de nos misères, le Seigneur aurait-il contrebalancé, avec tant de soin l’abus que nous risquons de faire de ses grâces, en opposant à cet abus les déclarations les plus expresses sur le redoutable jugement qui s'avance! Méditons sur ces déclarations.

En traitant du jugement dernier, nous avons dit qu’il sera juste, impartial et résultant des œuvres mêmes de l’homme:


Cela s’applique donc aux peines aussi bien qu’aux récompenses.


De la part du Souverain Juge ces peines ne peuvent être arbitraires, comme elles le sont le plus souvent chez les hommes: mais elles seront la suite naturelle des choses, de l'enchaînement du temps avec l’éternité, les conséquences inévitables du genre de violation dont on se sera rendu coupable envers l’Ordre établi par la Sagesse Suprême.

C’est pourquoi celui qui aura vaincu (écrasé) le bien, sera vaincu par le mal.

À cela se rapporte la parabole du serviteur impitoyable, qui fut traité par son maître comme il avait traité son compagnon de service (Matt. XVIII, 28-35).

DIEU DÉCLARE QU’IL PARDONNERA COMME ON AURA PARDONNÉ, parce que le bonheur ne pouvant être parfait sans l’étroite union des membres de la société, ceux qui seraient admis dans le ciel avec des sentiments haineux y porteraient le trouble et la discorde (Matt. VI, 12-15). Là tout doit être consommé dans l'unité.

J. C. dit que la ville de Capernaüm qui avait été élevée jusqu'au ciel par l'avantage inestimable de posséder le Sauveur dans ses murs, et d’être le témoin et l'objet journalier de ses instructions, de ses miracles et de ses fatigues, SERAIT ABAISSÉE jusqu'aux enfers.

Chorazin aussi et Bethsaïde qui avaient joui des mêmes bienfaits, doivent être traitées avec PLUS DE RIGUEUR que Tyr et Sidon, comme Capernaüm doit l'être plus que Sodome (Matt. XI, 21-24).

Apprenons par là:

1.° que les peines seront proportionnées aux secours reçus, mais négligés ou profanés;

2.° que les peines temporelles, telles qu’ont été les désastres et la ruine de ces villes, n'exemptent pas de celles de l’éternité, quand elles n’ont pas suffi pour ouvrir le cœur au repentir.

Celui qui s'élève sera abaissé: l’orgueil sera donc, expié par l’humiliation (Matt. XXIII, 12).

Les hypocrites, à la faveur de leurs longues prières, dévorent les maisons des veuves: ils seront punis plus sévèrement pour cela (Matt. XXIII, 14).

Le serviteur infidèle sera châtié en proportion de la connaissance qu’il avait eue de son devoir (Luc XII, 47-48).

Un mauvais riche avait vécu dans la sensualité et la magnificence; après sa mort il souffre dans son corps même, et se voit obligé de demander du secours au pauvre Lazare qui avait été tous les jours, gisant à sa porte, et peu ou point consolé par lui (Luc XVI, 19-30).


Celui qui sème la chair moissonnera de la chair la corruption.

(Gal. VI, 8)

AINSI LE FRUIT SERA ANALOGUE À LA SEMENCE.


Quand donc il est dit que Dieu tirera vengeance de l’impureté et de l’avarice, il faut l’entendre pour l’une, des souffrances corporelles, et pour l’autre, d’affreux dépouillements (Gal. VI, 7-8; 1 Th. IV, 6).

J. C. dit qu’il faudra EXPIER LES SCANDALES; et la manière dont il s’exprime à cet égard prouve combien cette responsabilité sera terrible:

Si quelqu’un scandalisait un de ces petits qui croient en moi, il vaudrait mieux pour lui qu’on suspendît à son cou une meule de moulin, et qu’on le jetât au fond de la mer.

Malheur au monde à cause des scandales! Car il est nécessaire qu’il arrive des scandales; mais malheur à l’homme par qui le scandale arrive! (Matt. XVIII, 6-7)

Les Juifs ont prononcé une malédiction contre eux-mêmes et contre leurs enfants: elle est exaucée dès cette vie en signe des peines de l'autre (Matt. XXVII, 25).

Ailleurs il est dit: celui qui mène en captivité ira en captivité; celui qui tue par l'épée périra par l'épée (Ap. XIII, 10).

Qu’un homme ait eu à souffrir injustement de son prochain pour la cause de l’Évangile ou pour d’autres, le coupable, l'oppresseur sera soumis à une expiation, qui consistera tout à la fois dans l'humiliation en présence de sa victime et dans un supplice rigoureux: c’est ce que déclare St Paul:

Les afflictions que vous endurez, qui servent à vous rendre dignes du royaume de Dieu pour lequel vous souffrez, sont une preuve évidente du juste jugement qu’il rendra.

Car il est de sa justice qu'il fasse souffrir à leur tour ceux qui vous oppriment lorsque le Seigneur Jésus exercera sa vengeance avec des flammes de feu sur ceux qui ne connaissent point Dieu, et qui n'obéissent pas à l'Évangile de notre Seigneur J. C.; lesquels seront punis d'un supplice éternel en la présence du Seigneur et par sa puissance glorieuse, lorsqu'il viendra pour être glorifié dans ses Saints, qui places aux côtés de son trône et composant sa cour céleste, seront témoins de ses jugements (2 Th: I, 5-10).

Oppresseurs des nations, juges iniques, pasteurs qui aurez dominé impérieusement sur les âmes, époux tyrans, amis perfides, perturbateurs de la société, vous tous qui aurez abusé de votre pouvoir, de vos forces, de votre crédit, de votre fortune, de vos talents, de vos armes pour vous immoler des victimes et SATISFAIRE VOS CONVOITISES ET VOTRE ORGUEIL, que deviendrez-vous au jour du règne de la redoutable Justice?

Ceux qui, dans ce monde, auront troublé le repos du prochain et l’Ordre établi de Dieu comment seraient-ils dignes de repos?

Ainsi se perdent ceux qui se retirent. L'Éternel fera retomber sur eux leur outrage et les détruira par leur malice. Les Pharaons seront engloutis en poursuivant Israël, et les Judas se puniront eux-mêmes. (Héb. X, 38; Ps. XCIV, 23; Ex. XIV, 28; Matt. XXVII, 3-5.).


Entrons maintenant dans les détails, et méditons sur les diverses images par lesquelles le Seigneur veut nous rendre sensibles les peines des réprouvés.

I. Et d’abord, livrés aux exécuteurs de la Justice (terrestre) et liés par eux, ils seront dans une prison d'où ils ne sortiront point, jusqu’à ce qu'ils aient payé le dernier sou, tout ce qu'ils doivent à leur Maître (Matt. V, 25-26; XVIII, 30-35; XXII, 13).

Pour eux le règne prédominant, mais temporaire de la Miséricorde a cessé; ils sont sous celui de la Justice rétributive.

Le Juge prononce, et les Anges (serviteurs) exécutent; la sentence est sans appel, et l’expiation doit être entière.

Leur demeure est une prison.

Là les droits dont l'homme avait abusé sont suspendus ou perdus;

La liberté qui était devenue criminelle est enchaînée;

Les jouissances procurées aux dépens de l’Ordre et du devoir sont changées en douloureuses privations;

On se nourrit du pain d’amertume et l’on s'abreuve de larmes.

Là aussi les jours se passent, comme dans de noirs cachots, dans des chaînes ténébreuses, loin de toute autre société que soi-même et sa conscience ou dans des travaux forcés nécessaires pour acquitter la dette, pour comprimer (réprimer) le désordre de la volonté, pour faire expier la violation de l’Ordre et concourir à un bien dont on ne peut soi-même profiter.

C’en est donc aussi fait pour les réprouvés effacés du livre de vie, du livre des citoyens des cieux, écroués dans celui de la condamnation.

Doués de la pensée et de la volonté dont le mouvement ne peut ni s’arrêter, ni se ralentir, ni cesser de faire effort pour déployer son énergie, ils sentent une opposition non moins constante que ce mouvement qui tourne contre eux leur action déréglée pour en tirer un accroissement de supplice, peut-être même par le bien de leurs victimes, s’ils sont condamnés à les savoir être dédommagées de ce qu'ils leur ont fait souffrir.

Quand les coupables frères de Joseph, pressés par la faim, humiliés en Égypte et agités par les remords, virent que tout ce que leur jalousie leur avait suggéré de cruel contre lui avait tourné à sa gloire, et les avait mis à ses pieds, quel ne dut pas être l'accroissement de leur confusion?


Mais c'était sur la terre:

il y avait possibilité au repentir et espoir de délivrance:

il n’en est pas de même dans les prisons de l’éternelle Justice.


Que le malheur atteigne un homme occupé de son devoir; que des infirmités l'isolent de la société de ses amis; que l'injustice des méchants le jette dans une étroite prison, sa bonne conscience fait prison commune avec lui:

L'espérance le soutient,

la foi l'anime, le réjouit,

l’immortalité brille à ses yeux,

le sentiment de la présence de son Dieu le remplit de paix,

il prie avec amour, il chante des cantiques avec allégresse:


MAIS PEUT-IL EN ÊTRE AINSI DU RÉPROUVÉ?

Sa dette lui est présentée en entier, et il se voit obligé de la payer jusqu’au dernier sou, parce que la grande Caution lui a retiré SA BIENVEILLANCE DONT LE TERME EST EXPIRÉ; il se voit obligé d’expier éternellement ses fautes...; COMMENT POURRA-T-IL SE NOURRIR D’AUTRE CHOSE QUE DE DÉSESPOIR?

Toujours penser, et toujours fixer les mêmes tableaux, ou n'en voir d’autres que pour voir de nouvelles horreurs, toujours agir et toujours contre soi, toujours errer dans les labyrinthes où l'on s'est engagé et sans y trouver d’issue, et en éprouvant à chaque pas de nouveaux mécomptes et de nouvelles douleurs, ne pouvoir plus s’occuper que de ses misères ni agir que comme des forçats condamnés à la plus affreuse servitude, être emprisonné dans soi-même et dans la sphère du malheur, quel déplorable état!

Les vastes profondeurs des sombres demeures où sont enfermés les coupables, retentissent de leurs gémissements, et en répétant leurs cris multiplient les coups dont leur conscience les frappe.

Au sein de tant de misères, nul ange de consolation ne se présente pour les adoucir; nulle voix d’amour ne se fait entendre; L’ÉVANGILE EST FERMÉ; et de plus, nul espoir de fuir, de sortir de cette prison, tant est vigilante et forte la garde qui surveille ces malheureux!

Mais, dès cette vie même le pécheur obstiné ne voit-il jamais commencer son expiation?

Ne passe-t-il jamais dans la première enceinte des prisons de la Justice divine?

Quand il traîne les chaînes de ses habitudes rivées sur lui, et que devenu captif IL FAIT LE MAL SANS POUVOIR S'EN ABSTENIR, et sachant tout ce qu’il lui en résultera de douleurs;

Quand les maux qu’il s’est attirés changent sa force en faiblesse, son action en une désespérante inertie, sa richesse en misère;

Quand sur le lit de la souffrance il se repaît d’espérances trompeuses qui le tourmentent au moment où elles s’évanouissent, ou que des fautes devenues irréparables par la mort de diverses personnes et par le cours du temps le remplissent de regrets;

Quand au milieu de tant de peines, PRIVÉ DU SENTIMENT DE LA GRÂCE DE DIEU il ne peut ni soulever le poids qui pèse sur son âme ni regarder au ciel, ne savoure-t-il pas les prémices des peines de l’enfer?

N’EN A-T-IL PAS DÉJÀ LES ARRHES ET LES GAGES?

Point de liberté, sinon qu'en J. C.; mais le malheureux s'était séparé de lui!


Pauvre captif, hâte-toi de sentir ta misère!


Aussi longtemps que tu es en deçà du tombeau, TA DÉLIVRANCE EST POSSIBLE!

Ton Sauveur est encore auprès de toi: dans sa miséricorde il te dit encore par les divers maux que tu souffres et par les combats qui t’agitent, viens humblement à moi, et quels que soient les sacrifices que je pourrai exiger de ton orgueil et les châtiments que je voudrais t’infliger pour le bien de ton âme, SOUMETS-TOI À MON JOUG, CONSACRE-MOI EN ENTIER CE QUI TE RESTE DE VIE, et:


JE ME CHARGERAI DE TA DETTE, DE TON IMMENSE DETTE,

ET JE BRISERAI TES FERS.


II. Autre cause de misères affreuses, autre forme sous laquelle J. C. nous montre fréquemment la triste condition des réprouvés: LES TÉNÈBRES.

Les méchants, dit-il, seront jetés dehors dans les ténèbres; c’est là qu’il y a des pleurs et des grincements de dents. (Matt. VIII, 12; XIII, 42; XIII, 50; XXII, 13; XXIV, 51; XXV, 29-30; Luc XIII, 28).

Celui qui pendant sa vie mortelle marche dans les ténèbres du péché, ne sait où il va; il se jette dans de fausses voies, il se méprend sur les moyens d’arriver au bonheur, il aboutit à des ténèbres plus épaisses encore que celles d’ici-bas (Jean XII, 35).

Par ces ténèbres, il ne faut pas entendre la privation de l’intelligence inhérente à l’esprit, à moins qu’en expiation de l’abus de l’intelligence et de la lumière, le Juge Suprême ne condamne les réprouvés à la stupidité de l’esprit et à la cécité du corps ressuscité: il s’agit surtout des ténèbres divines, en opposition à la lumière divine qui brille aux yeux des Saints.

Qu’un ministre d’État devenu infidèle à son souverain soit disgracié, exilé, il ne perd pas nécessairement pour cela ses facultés intellectuelles, ses forces physiques et l’usage de ses yeux; mais la confiance du prince lui est retirée; les mesures les plus efficaces sont prises pour qu’il ne puisse jamais pénétrer les desseins et les plans du gouvernement, et pour rendre inutiles ou tourner contre lui toutes ses conjectures et ses ruses, tous ses plus spécieux raisonnements, et tout ce qu’il fera en vue de se soustraire à la peine qu’il a méritée.

Tel est l'état du Prince des ténèbres!

Prince des ténèbres: Ce titre donné à Satan est en opposition à celui de Père des lumières donné à Dieu, et à celui de lumière du monde donné à J. C. Quelque vaste que puisse être à certains égards la lumière de Satan comme esprit et comme tenant un rang distingué dans la hiérarchie des Intelligences, rang en vertu duquel il devait jouir de la lumière divine à un haut degré, et porter le nom d'Étoile du matin, et celui de Lucifer (porte-lumière), que lui ont conservé quelques traditions, il n’est pas moins dans les plus profondes ténèbres sur les desseins de Dieu depuis que sa révolte l’a fait exiler du ciel.

Ce prince des ténèbres est lié dans des chaînes d'obscurité, IL NE PEUT PLUS ENFANTER QUE L’ILLUSION ET LE MENSONGE!

Et si quelques-unes des voies de la Providence lui sont découvertes, soit par l’effet de la sentence même qui lui fut prononcée après sa révolte et qui fut ensuite aggravée pour avoir entraîné Adam et Ève dans le mal, soit parce qu’en qualité d’esprit il peut pénétrer jusqu’à un certain point dans les esprits des hommes, ainsi que le font les hommes même, et savoir ce qui se passe dans l’Église, apercevoir les mouvements du ciel pour arracher à l’enfer ses victimes, c’est pour lui un nouveau sujet de tourments, puisqu’il sait aussi, et de science certaine, qu’un redoutable Vainqueur doit un jour lui écraser la tête, lui ôter tout pouvoir sur les rachetés, l’enserrer dans les liens de la captivité la plus affreuse.....

Or, tel qu’est en misères le Prince des ténèbres, TELS SERONT LES INSENSÉS MORTELS QUI LUI DONNENT TANT DE PRISE, et lui accordent tant de confiance au détriment de leur salut.

Il les éblouit par sa fausse lumière qui fait d’eux des enfants de rébellion; il les aveugle et les précipite dans ses ténèbres (Eph. II, 2).


Oui, ténèbres; ils ne pourront voir Dieu, contempler sa beauté, jouir de sa présence et de sa gloire, sonder ses perfections admirables, comprendre les voies de sa sagesse, recevoir des rayons d’une lumière qui les console en leur découvrant le chemin du salut.

S’ils voient Dieu, ce ne sera que comme des criminels voient leur Juge entouré de l’appareil de sa redoutable majesté.

Ils verront J. C. assis à la droite du Dieu tout-puissant, et venant sur les nuées du ciel, environné de ses Saints et des Anges ministres de ses jugements (Matt.XXVI, 64).

Ils le verront comme les esprits immondes le voyaient pendant sa vie terrestre pour trembler en sa présence et tomber à ses pieds pour lui abandonner leurs victimes, et pour l’entendre leur faire les plus terribles menaces, s’ils osaient prononcer son nom.


Être forcés de reconnaître J. C. pour leur Juge, de s’humilier devant lui comme étant les objets de sa sévérité et non de son amour;

ne pouvoir le fléchir en le glorifiant,

ne le connaître que dans ses rigueurs,

n’entrevoir le ciel que pour sentir douloureusement ce dont ils se sont privés,

se trouver ou dans les ténèbres les plus épaisses ou exposés à une lumière irrésistible et crucifiante, comme serait celle qui tourmenterait un malheureux auquel on aurait enlevé les paupières quel supplice! (Marc III, 11-12).


TÉNÈBRES; l’esprit des réprouvés est abandonné à lui-même à sa dévorante activité sans guide, à son mouvement impétueux sans régulateur, à ses passions sans frein, à ses illusions sans mélange de vérité, à ses projets de délivrance où de soulagement sans succès.

Si leur intelligence naturelle peut se déployer, ce n’est que dans le mal, comme sur la terre les méchants sont industrieux à inventer le crime et les moyens de tromper et de nuire; mais cela même est ténèbres, et tourne contre eux.

Leur pensée, privée de son véritable flambeau, erre dans un cercle éternel d'erreurs qui s’engendrent, s’entretiennent et se multiplient mutuellement pour tromper cruellement les malheureux qui s'y livrent.

Ainsi, lorsqu'un imprudent se voile les yeux par ses désordres, il se condamne lui-même pour le reste de ses jours aux ténèbres, aux privations et aux tâtonnements trompeurs d'une incurable cécité.

Si tout votre corps est dans les ténèbres par la perte de la vue, que sera-ce des ténèbres même par la privation de la lumière divine dans l'éternité (Matt. VI, 23).

Tout est graduel dans le développement de l’homme; une certaine disposition est nécessaire pour préparer à la suivante, un certain rayon de lumière et d’intelligence pour donner la force de recevoir le suivant; néglige-t-on ce premier moyen d’avancement, on se prive des autres; c’est là le cours ordinaire de la vie.


Cette vie est une préparation à l’éternité.

Néglige-t-on les lumières de la foi, les ténèbres de l’incrédulité s’épaississent; et de là que de crimes et de maux!

Néglige-t-on les instructions de la sagesse dans l’acquit de ses devoirs, le bandeau des passions aveugle l’esprit, et leur fougue agite, trouble, entraîne et corrompt le cœur; et de là encore que de crimes et de maux!

Voilà pourquoi Jésus disait: si vous ne me reconnaissez pas pour ce que je suis, pour le Sauveur qui peut seul vous conduire au salut, vous mourrez dans vos péchés, vous ne pourrez être délivrés du mal qui travaille vos âmes et qui les perd (Jean VIII, 24).

Voyez les Juifs qui ont rejeté le Messie: que sont-ils devenus?

Voyez tous les jours dans la société les suites de l'ignorance en Religion: que de larmes n'ont-elles pas fait verser?

Que chacun voie ce qu'il est lui-même, lorsqu'avec le désir d’être heureux, avec le désir brûlant de tel ou tel avantage, ou avec l’impatience d’être délivré de quelque mal, il ne peut en trouver les moyens, et que dans l’angoisse qui résulte des ténèbres; il se tourmente par les efforts mêmes qu’il fait inutilement pour arriver à la lumière, et c'est encore ce qui aggrave sa peine.

Ah! ce n’est pas sans raison que LE SEIGNEUR NOUS EXHORTE À TRAVAILLER PENDANT QU'IL EST JOUR; ce n’est pas sans raison qu'il nous offre ici-bas une lumière qui est à notre portée, qui accoutume nos yeux à supporter la vue du ciel, et qui doit aller en croissant comme celle d'un astre qui a son aube, son aurore, son lever, et son ascension jusqu'au plus haut point de sa course.

IL SAIT CE QUI NOUS ATTEND AU-DELÀ DU TOMBEAU, la tâche que nous aurons à y remplir, les biens que nous aurons à y recevoir, le besoin que nous aurons alors de sa lumière pour remplir cette tâche et pour saisir ces biens, et CE QUE NOUS DEVONS FAIRE POUR NOUS PRÉPARER À NOTRE SUBLIME DESTINÉE.


** *

Luis (mets ta lumière) dans notre pensée, Seigneur Jésus, et dissipe nos ténèbres; d’un de tes salutaires rayons découvre-nous les profondeurs et les horreurs de l'abîme que TU VEUX NOUS FAIRE ÉVITER; découvre-nous les misères qui sont cachées dans les ténèbres de l'éternité, et les sentiers tortueux que nous devons éviter, et CELUI QUE NOUS DEVONS SUIVRE POUR ARRIVER AU SÉJOUR DE LA PAIX; et au don de ta lumière daigne joindre la grâce d’en profiter.

Quand je pense qu'il peut venir un temps où il ne me soit plus possible de te trouver, où un sombre nuage qui s’épaissira de plus en plus me dérobe ta présence sans espoir de retour, où je n’aie plus d’autre lumière que celle de l’enfer, plus d’autre vue que celle de ses supplices, de ses malheureux habitants, et de ses images hideuses, et que CE TEMPS SERA L’ÉTERNITÉ MÊME:

Quand j'y pense, mon âme est glacée d’effroi, mon coeur se serre d’amertume, le sentiment de ma misère m’effraie, la pensée de tous les rayons de ta sagesse que j’ai repoussée me trouble, je me jette â tes pieds, je te supplie au nom de TES mérites de ne pas me condamner aux ténèbres, de ne pas me priver de ta ravissante présence, de ne pas permettre que j’abuse encore de la lumière du jour qui luit sur moi, et de celle qui doit me préparer à la vue des cieux.



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