Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LES LEÇONS DE LA PAROLE DE DIEU

SUR L’ÉTAT DE L’HOMME DANS L’ÉTERNITÉ


***


LE TEMPS DU JUGEMENT.


Qui est-ce qui jugera les hommes, et quelle sera la nature de ce jugement?

Telles sont les deux questions qui nous ont déjà occupés; la troisième qui se présente est celle-ci: QUAND EST-CE QUE DOIT AVOIR LIEU LE JUGEMENT?

Hâtons-nous d’entrer en matière: APRÈS LA MORT SUIT LE JUGEMENT, nous dit St Paul, en tant que le résultat des œuvres commence aussitôt (Héb. IX, 27).

Lazare est porté dans le sein d’Abraham qui dit de lui: maintenant il est consolé, et il a lui-même la joie à le recevoir et de lui faire du bien; ils sont heureux l’un par l’autre, et dans le même temps le mauvais riche est en enfer.

Le brigand converti passe de la croix en paradis AVEC son Sauveur, et cela même fait comprendre par opposition ce que devient l’autre brigand qui meurt dans l’impénitence et en outrageant Jésus.

Moïse et Élie ont été vus glorifiés aux côtés de J. C., et les saints qui avaient souffert le martyre ont aussi été vus réunis dans le ciel, célébrant le bienfait de leur salut, et formant une nuée de témoins attentifs aux combats de ceux des enfants de Dieu qui sont encore sur la terre.

S'ils n'avaient pas tous été jugés, et s’ils étaient plongés dans l’insensibilité du sommeil, ils n’éprouveraient ni peines ni jouissances, et ne seraient pas en action; les uns n’imploreraient pas du fond de l’abîme les secours du ciel, et les autres ne loueraient pas Dieu, ne s’entretiendraient pas avec le Sauveur, et ne seraient pas témoins de ce qui se passe sur la terre (Luc XVI, 22, 25; IX, 30-31; XXIII, 43; Ap. V, 9-10; Héb. XII, 1).

Le sommeil des morts ne peut pas consister dans une insensibilité absolue.

Nous avons vu que l'âme est dans un état continuel de mouvement par la pensée, et que par conséquent ses pensées de détail font son bonheur ou son malheur.

POUR ÊTRE VIVANTE DEVANT DIEU, pour s’approcher de lui ou pour s’en éloigner, pour éprouver le sentiment de son amour et de sa présence, et pour recevoir de lui des influences qui la rendent heureuse ou malheureuse, L’ÂME N’A PAS BESOIN DU CORPS.

Le sens divin, par le moyen duquel tout esprit est en rapport immédiat avec le Père des esprits, n'a rien de corporel: il est tellement indépendant de la matière, que nous voyons dans la parole de Dieu les Saints élevés au-dessus de leur corps et ravis en esprit, quand le Seigneur veut leur montrer sa gloire et leur faire savourer quelque chose des joies du ciel. (2 Cor. XII, 2)


Le sommeil des morts ne peut donc être que celui de leur corps mortel devenu insensible aux choses extérieures.

C’est dans ce sens qu'ils n'ont point de part à ce qui se passe sous le soleil (Eccl. lX, 6).

Ils ne partagent plus les biens, et les maux de ce bas monde, ses sciences, ses travaux, sa manière de jouir, sa sagesse ni sa folie.

Mais résulte-t-il de là qu’ils soient privés de tout sentiment?

La comparaison même tirée du sommeil prouve le contraire puisqu0ne dans cet état  se meut, on s’agite, on a des songes qui décèlent le mouvement de la pensée et dans lesquels on éprouve des sensations corporelles, dont les unes dépendent de l’état du corps, et les autres de celui de l'âme qui pendant la veille avait été fortement préoccupée de tel ou tel objets.

Ainsi donc tout ce qu’on peut dire, en suivant l’analogie, c’est que pendant le sommeil de la mort les rapports avec le monde extérieur paraissent suspendus, et que la vie du corps spirituel ne devant se développer que par degrés, l'homme ne connaîtra et ne sentira la plénitude de cette vie-là, que lorsque ce corps sera parvenu à sa stature parfaite par la résurrection. Ce n’est qu’alors qu’il sera entièrement réveillé, et dans le plein exercice de ses facultés.

Disons donc, non seulement que le sort de l’homme est décidé d’abord après sa mort, mais aussi que sans délai le jugement est suivi de son effet en plaisir ou en peine.

J. C. parlant du serviteur que le Maître à son arrivée trouvera faisant son devoir, dit qu’il l’établira sur tous ses biens, et que séparant le méchant serviteur il donnera à ce dernier, son partage là où il y a des pleurs et des grincements de dents.

Le Maître, à son arrivée, les juge, et AUSSITÔT l’un d'eux est dans la joie, ne fût-ce que par l'approbation et les promesses de son Maître; l’autre au contraire est séparé, rejeté, et aussitôt les regrets commencent.


Mais quel est pour chaque homme le moment de l’arrivée du Maître si ce n’est celui de la mort? (Matt. XXIV, 45-51)

St Jacques dit que le Juge est à la porte, ce qui signifie que le jugement ne tardera pas (Jaq. V, 9).

St Pierre parle de même: la fin de toutes choses est proche (1 Pier. IV, 7).

À mesure que la fragilité des choses terrestres en amène la cessation, il est inévitable que d’autres commencent: il n'y a point de suspension dans les mouvements de l’Ordre éternel et divin!

L’HOMME CONSERVANT SES PRINCIPALES FACULTÉS APRÈS LA MORT qui ne peut atteindre que son enveloppe terrestre, éprouve nécessairement les influences en bien ou en mal de la nouvelle sphère dans laquelle il entre.


Mais la pleine exécution du jugement universel

n’aura lieu qu'à l’époque de l'accomplissement des temps

(Eph. I, 10).


LE FROMENT ET L'IVRAIE CROISSENT JUSQU'À LA MOISSON; leur végétation n'est pas suspendue.

Il y a un terme final connu de Dieu seul, où se fera le complément du jugement, où le bien et le mal éclateront dans leur plénitude, où les bons seront aussi heureux qu’ils peuvent le devenir quant au nombre et à la nature de leurs facultés et des moyens de bonheur et où les méchants seront aussi malheureux qu'ils peuvent le devenir aux mêmes égards.

Alors, ces facultés se développant à l'infini, il y aura accroissement de bonheur pour les Saints et aggravation de peine pour les réprouvés (Matt. XI, 21-24).

Ainsi nous pouvons dire que le jugement des individus se prononce d’abord après leur mort, et qu’il commence aussitôt à s’exécuter pour tendre, par une gradation croissante, à la plénitude de ses résultats.

Quant au jugement de l’espèce humaine ou de l'homme collectif, il est facile de distinguer les degrés de cette œuvre.

Après avoir considéré la vie présente en général comme étant une économie préparatoire au rétablissement de l’humanité, nous pouvons considérer l’état des hommes immédiatement après la mort comme étant l'économie de l'esprit parce que c’est dans la région de l’esprit dégagé d'un corps mortel que les hommes éprouvent les premiers effets de la Justice, rétributive.

La dernière économie sera celle de l’éternité; elle aura lieu avec le complément des temps et des choses. On peut la considérer comme divisée en deux époques, dont la première commencera avec la première résurrection, et la seconde avec la résurrection universelle.

C’est à cette dernière époque qu’aura lieu le jugement FINAL et solennel, afin que tous les morts, grands et petits, comparaissent devant le trône de J. C. , et soient jugés selon leurs œuvres (Ap. XX, 11-15).

Alors aussi aura lieu la fin du monde annoncée par J. C. et par les Apôtres, et qui fut figurée par la ruine de Jérusalem. Depuis l’introduction du péché, la terre n'étant plus ce qu’elle avait été à son origine, la sagesse de Dieu a arrêté un terme où le mélange du bien et du mal quant au physique, doit cesser avec celui qui a eu lieu au moral.


Mais quel peut être ce terme?

Ce sera celui où les progrès des hommes seront tels, chez les uns dans la sainteté, et chez les autres dans le vice, qu’il devra se faire UNE SÉPARATION COMPLÈTE, parce que la terre ne sera plus en rapport, ni avec la sainteté des uns à cause des maux physiques qu’ils ne devront plus être exposés à souffrir, ni avec la corruption des autres à cause des biens dont ils seront devenus complètement indignes.

À ce terme par conséquent la terre devra subir une révolution qui change l’ordre et les combinaisons de ses éléments et de ses lois, et le système planétaire entier qui est en rapport avec elle.

À ce terme se fera l'entière séparation du froment et de l’ivraie; et ce sera, dit J, C., la fin du monde (Matt. XIII, 30-39; XXV, 32; Luc III, 17).

La fin viendra, dit St Paul; les cieux et la terre périront; ils vieilliront comme un vêtement, et seront roulés comme un manteau. Le Seigneur ébranlera encore une fois, non seulement la terre qui avait été ébranlée par des fléaux depuis l’entrée du péché, et qui le sera encore d’une manière terrible vers la fin des temps, mais aussi le ciel, non pour opérer un changement passager d’état, mais pour faire cesser les choses muables qui ont été faites, afin que celles qui sont immuables subsistent (1 Cor. XV, 24; Héb. I, 10-12; XII, 26-27)

Alors, par une catastrophe subite et inattendue comme au jour du déluge, mais bien plus terrible, les cieux et la terre d’à présent seront consumés par le feu au jour du jugement et de la ruine des impies: les cieux passeront avec le bruit d'une effroyable tempête, les éléments embrasés se dissoudront, et la terre sera brûlée avec tout ce quelle contient (Matt. XXIV, 37-39; 2 Pier. III, 7-12).

Au moyen de ce feu l’or sera séparé de l’alliage, les vrais métaux le seront de leurs scories, la lumière le sera de la matière opaque qui l’arrête ou l’absorbe, un monde glorieux sortira de cette fournaise, et aussi un monde de malédictions et de ruines.

Ce vaste plan de la Providence sur le sort de notre monde avait été annoncé de bonne heure aux hommes puisqu’Enoch le prédit AVANT le déluge et que Job en parle lorsqu'il dit: les hommes ne se réveilleront point de ce sommeil, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de cieux (Jude 14-15; Job XIV, 12). Les prophètes eurent de nouveaux traits de lumière comme on le voit par les prophéties d'Ésaïe et de Daniel, mais il n'appartenait qu'à l'Évangile de faire connaître, avec une satisfaisante lumière, les desseins de Dieu.

Les fléaux précurseurs que J. C. annonce comme devant PRÉCÉDER la fin des temps, sont consignés dans Matt. XXIV, Marc XIII, Luc XXI, Act. II, 2 Thes. II.

L’Apocalypse parle en détail de ces fléaux et des persécutions que les enfants de Dieu pourraient avoir à souffrir; ce qui donne lieu de croire que les fidèles seront soutenus par des dons miraculeux.

Ceux qui ont beaucoup médité sur ce livre mystérieux, ont pu remarquer, que les temps qui doivent s’écouler entre la première venue de J. C. et la seconde, sont distribués en sept périodes, et qu’à mesure qu'on approche de la dernière les fléaux se multiplient.

Quand on embrasse tout l'ensemble des temps, des choses et des personnes dont il est parlé dans ce livre, quand on observe en particulier qu’il distribue tous les hommes entre Babylone et la Jérusalem céleste, on ne peut s’empêcher de voir qu’il s’agit là de choses bien plus grandes et plus vastes que les divers Systèmes des Docteurs ne nous les représentent.


Ne demandons pas à quelle distance nous sommes de la fin du monde: la Sagesse suprême a jeté là-dessus le voile le plus épais: cherchons plutôt ici à résoudre une difficulté qui se présente.

La manière dont J. C. parle de cette redoutable époque, en disant: que personne ne la sait, non pas même les Anges ni le Fils, a fait croire que J. C. l’ignorait; ce qui donna lieu dans le sixième siècle à la secte des Agnoètes, dont l'erreur a ensuite été renouvelée par ceux qui niaient la divinité de J. C.

AGNOÈTES. Ce nom signifie ignorant; on l'a donné:

1° aux disciples de Théophrone, qui, vers la fin du quatrième siècle, prétendit que Dieu ne connaissait pas tout, qu'il acquérait des connaissances. Cette erreur est absurde, il est évident que l'Être a une connaissance infinie; la seule difficulté contre la toute science de Dieu se tire de la liberté: les Sociniens ont renouvelé cette erreur...

2° On donne le nom d'Agnoètes à ceux qui ont prétendu que Jésus-Christ ne savait pas tout; qu'il avait ignoré le jour du jugement et le lieu où Lazare était enseveli.... (Dictionnaire des hérésies)

Ce qui est plus important de faire ici, pour résoudre la difficulté dont nous parlons, c’est d'examiner, quel est le sens qu’il faut donner à certaines expressions des Apôtres qui dès, leur temps, ont fait regarder par bien des gens la fin du monde comme très prochaine, et qui de nos jours ont induits quelques Docteurs à croire que les Apôtres s’étaient trompés, et qu'ainsi leur inspiration, n'avait pas été aussi pleine qu'on le pense ordinairement; erreur dangereuse qui conduit à faire rejeter la pleine inspiration de l'Écriture Sainte.

Pour s’assurer que les Apôtres ne se sont pas mépris sur ce sujet, il ne faut que faire attention à la réponse de St Pierre aux gens de son temps.

Il viendra des moqueurs qui diront, où est la promesse de son avènement! Car depuis que nos pères sont morts, toutes choses demeurent dans le même état où elles étaient au commencement du monde.

Mes frères, il y a une chose que vous ne devez pas ignorer, c'est qu'à l’égard du Seigneur un jour est comme mille ans, et mille ans sont comme un jour.

Le Seigneur ne diffère point l'exécution de sa promesse comme quelques-uns le croient; mais IL USE DE PATIENCE ENVERS NOUS, ne voulant pas qu'aucun périsse, mais que tous se convertissent (2 Pier. III, 3-13)

Il y a une promesse! On en a cru l’accomplissement prochain, et il est retardé: est-ce que Dieu ne tient pas sa promesse?

Nul n’osera le dire.

Il est donc vraisemblable que les hommes ne la comprennent pas; peut-être même en retardent-ils l’exécution.

Mais pourquoi ne comprennent-ils pas cette promesse, et pourquoi se méprennent-ils sur l’époque?

1.° Parce qu’ils veulent calculer et connaître les temps que Dieu s'est réservés;

2.° parce qu’ils confondent l'accomplissement journalier et partiel de cette promesse qui a lieu dans les individus à l’heure de leur mort, avec la catastrophe universelle qui doit mettre fin à l'ordre actuel du monde;

3.° parce qu’ils s’imaginent que tout doit se passer d’une manière visible pour l’homme qui est encore mortel.


Sans doute, la fin doit venir.

Prochaine aux yeux de Dieu, pour qui tout est comme dans le présent, ELLE EST RETARDÉE PAR SA MISÉRICORDE qui veut donner au plus grand nombre possible de pécheurs le temps de se convertir, afin qu’ils soient préservés des maux affreux qui suivront le jugement, et qu’ils puissent jouir des biens promis aux vainqueurs du péché.

Nous verrons, dans la suite qu’il faut distinguer

1.° l'époque de la venue de J. C. en gloire pour opérer la première résurrection et pour ouvrir le règne de mille ans;

2.° les temps de combats qui suivront ce règne, et qui seront glorieux pour les enfants du Seigneur;

3.° la fin du monde où aura lieu le jugement universel, et en particulier le châtiment des ennemis de la vérité.....

On peut dire d’ailleurs que le terme final de l’ordre temporel actuel des choses dépend des hommes.

Ceux qui ont voulu calculer combien de siècles ce monde peut encore durer, avant que ses eaux se dessèchent, et que le feu se soit assez nourri pour éclater et pour embraser tout, auraient dû penser au peu de temps qu’il fallut au Créateur pour rassembler les eaux du déluge universel et les feux de Sodome, et à ce qu’il lui en faut tous les jours pour précipiter subitement dans la mort des hommes auxquels leur vigueur promettait encore de longues années. Ce qu'il faudrait surtout pouvoir calculer, c'est l’influence des causes morales sur l’état des choses matérielles qui n’existent qu’en vertu de certaines fins morales déterminées par la Sagesse de Dieu.

Ce que St Pierre ajoute à son raisonnement est remarquable.

Puisque vous savez que toutes choses doivent se dissoudre, quels ne devez-vous pas être par la sainteté de votre conduite et par votre piété, attendant et hâtant la venue du jour de Dieu, où les cieux enflammés seront dissous, et où les éléments embrasés se fondront.

Après quoi, nous attendons SELON SA PROMESSE de nouveaux cieux et une nouvelle terre où la justice habite. (2 Pierre III, 11-13)


Ce n’est pas tout que d'attendre le jour de Dieu, IL FAUT LE HÂTER.

Si un individu peut par sa conduite hâter son bonheur, pourquoi une famille ne pourrait-elle pas hâter le sien?

Pourquoi ne pourrait-elle pas hâter, par l’ardeur de son travail, le moment où elle abattra sa chaumière et s’élèvera un riche palais?

Pourquoi l’homme collectif ne pourrait-il pas faire de même?

Dieu est un Père qui dit à ses enfants:

«voilà des biens dont je veux vous donner la jouissance, ils sont prêts. Fussiez-vous aujourd’hui en état de les faire valoir comme je le veux, aujourd’hui même je vous les donnerais. Vous pouvez donc les attendre puisque je vous les promets, et vous pouvez en hâter la jouissance, puisque vous pouvez vous hâter d’acquérir les dispositions convenables.»

Il en est de même de nous: il nous est possible de hâter le jour du Seigneur, en travaillant sans relâche à acquérir les dispositions nécessaires pour entrer dans les nouveaux cieux, pour habiter la nouvelle terre, où la justice habite, où l’Ordre est observé dans sa perfection, où l'on rend à Dieu tout ce qui est à Dieu et au prochain tout ce qui est au prochain, où la charité étant parfaite procure tous les heureux fruits dont elle est l'intarissable source.

L’Apôtre ne dit pas que la justice y HABITERA, mais qu’elle y HABITE (V. Darby, Martin, Ostervald). Ces cieux et cette terre existent donc déjà, et sont peuplés de Saints qui y pratiquent la justice. Mais leur nombre n’est pas encore complet; l’état actuel du monde est encore nécessaire à la sanctification des pécheurs.

Il n’est pas temps d'ôter de dessus les peuples la double enveloppe qui les couvre, de détruire le monde qu’ils habitent, et d'engloutir la mort pour jamais (Es. XXV, 7-8).


Tout pécheur qui se convertit grossit le nombre des Saints,

et contribue par là à hâter le jour du Seigneur.


Ainsi l’œuvre individuelle se poursuit: pour chaque homme la fin de toutes choses est proche; elle arrive INFAILLIBLEMENT, elle fait tomber en dissolution son vase d’argile, et expose son être vrai au feu de l’enfer, OU L’INTRODUIT dans le séjour de la sainteté et de la paix.

Or qui niera que chaque Chrétien, selon qu’il est animé d’un saint zèle ou livré au monde, hâte ou retarde son salut, et très souvent celui de beaucoup d’autres personnes?

Ce qui vient d’être dit servira à expliquer ces paroles de St Paul aux Thessaloniciens, sur lesquelles on s’est aussi mépris.

Nous vous déclarons ceci que nous tenons du Seigneur; c’est que nous qui vivrons et qui seront restés pour l’avènement du Seigneur, ne devancerons point ceux qui seront morts; car le Seigneur, donnant le signal par la voix d’un Archange et par la trompette de Dieu, descendra lui-même du ciel.

Alors ceux qui sont morts en J. C. ressusciteront les premiers: ensuite nous qui vivrons et qui serons restés, nous serons enlevés avec eux dans les nues à la rencontre du Seigneur en l'air, et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur.

Joignons à cela ce que le même Apôtre dit aux Corinthiens.

Voici un mystère que je vais vous apprendre, c’est que nous ne mourrons pas tous, mais que nous serons tous changés en un moment, en un clin d'œil, au son de la dernière trompette; car la trompette sonnera, et les morts ressusciteront incorruptibles; et nous, nous serons changés (1 Th. IV, 15-17; 1 Cor. XV, 51-52).

St Paul a dit «NOUS», et cependant la chose n’est pas arrivée de son temps: était-il donc dans l’erreur?

Non, puisqu’il ne parlait pas par conjecture, qu’il ne raisonnait pas à la manière des hommes qui concluent d’une chose à une autre, mais qu’il avait eu une révélation relative à ce mystère: nous vous déclarons ceci QUE NOUS TENONS DU SEIGNEUR.

Il s’agit donc de bien saisir le sens de cette révélation spéciale.

Or, nous voyons que par son moyen l’Apôtre embrasse l’ensemble des périodes de la résurrection et de l’œuvre du Seigneur pour amener son règne, ce règne sous lequel il sera enfin tout en tous.

St Paul montre cette résurrection commençant pour chacun après sa mort, ce qu’il fait comprendre par la comparaison du grain de blé.

Puis il annonce une époque où cette résurrection individuelle doit se compléter par une action subite du Seigneur, comme au jour de la première Pentecôte les Apôtres reçurent subitement une plus ample mesure des dons miraculeux dont ils avaient eu auparavant les prémices.


Mais cette résurrection en gloire n’aura lieu que POUR CEUX qui sont morts en J. C., c’est-à-dire, en état d’union avec lui.

Alors les fidèles qui se trouveront vivants sur la terre, éprouveront un changement qui leur tiendra lieu de mort et de résurrection, comme il était arrivé à Élie...

Ainsi donc s’accomplira la première résurrection après laquelle les Saints, (tant ceux qui ressusciteront alors que ceux qui auront été glorifiés antérieurement, et qui se trouveront vivants dans un état intermédiaire entre la terre et le ciel divin,) seront élevés TOUS ENSEMBLE, par une espèce d'ascension semblable à celle de leur divin Maître, à un état de gloire plus grand et plus parfait pour être associés à son règne.

J. C. opérera cette œuvre en descendant lui-même du ciel, du séjour de la gloire divine, d'une gloire supérieure à celle dont ils se trouveront déjà jouir.

C'est ce qu’il avait promis à ses disciples la veille de sa mort; promesse qui leur fut confirmée par deux Anges après son ascension; promesse qui tient à la loi du développement graduel de ceux qui doivent être transformés à son image de gloire en gloire; promesse qui ne peut pas manquer de s’accomplir (Jean XIV, 2-3; Act. I, 11; 2 Cor. III, 18).

Cette gradation devient sensible si on l’observe dans J. C. même, qui après sa résurrection se trouvait sur la terre sans être vu si ce n’est de ses disciples, jouissait de la gloire dans son humanité, et pourtant n’en avait pas encore la plénitude, puisqu’il ne l’obtint que par son ascension.

C’est de ce séjour intermédiaire de bonheur, de cette terre paradisiaque, de ce rendez-vous que les Saints doivent s’élever tous ensemble vers un séjour plus glorieux encore.

Tout cela peut se passer sans que les mortels en aperçoivent rien, comme J. C. ressuscité resta invisible. JE ME FERAI CONNAÎTRE À VOUS ET NON PAS AU MONDE (Jean XIV, 22).

Peu importe donc de savoir qui est-ce qui à cette époque sera vivant sur la terre, et quand est-ce quelle aura lieu: mais l’Apôtre qui a eu les arrhes de cet héritage jusqu’à être momentanément ravi dans les cieux, sait qu’il aura part à cette résurrection, comme faisant partie de l'assemblée des premiers-nés, de ceux qui seront véritablement vivants au jour de l’avènement glorieux de leur Maître.


Mais en voilà bien assez sur le temps où doit avoir lieu le jugement, ou plutôt sur ses degrés et ses époques, sur ce qui doit précéder et acheminer la catastrophe qui mettra fin à l’ordre actuel du monde que nous habitons.

Combien la pensée de cette épouvantable catastrophe que la Révélation seule pouvait nous apprendre, n’est-elle pas propre à nous faire sentir la fragilité des créatures, et que tout ce qui est matériel n’est que pour un temps?

Nous admirons cet univers et les lois qui le gouvernent; il nous semble qu’il ne doit jamais finir, et pourtant il y aura un terme pour lui et pour tous ceux de ses habitants qui sont corporisés comme lui.

Non, ce monde visible n’est pas autre chose que le vestibule du temple de l’éternité ou l’écorce du vrai univers: TOUT CELA DOIT FAIRE PLACE À DE NOUVEAUX CIEUX ET À UNE NOUVELLE TERRE.

Monuments des sciences, des arts et des grands exploits, monuments déposés dans les palais construits par l'intelligence humaine ou conservés dans ses archives, vous périrez.

Un incendie bien autrement affreux que ceux qui ont dévoré les plus riches collections de la sagesse des mortels, dévorera tout; vous périrez.

Forteresses redoutables destinées à garantir les nations contre d’autres nations, vous serez calcinées par le feu.

Foudres de guerre, vous serez éteints par les foudres de la justice de Dieu.

Inventions ingénieuses de la sensualité et de l'orgueil, trésors amassés par l’avarice, vous disparaîtrez.

De tous les maîtres du monde il ne restera que le Seigneur des seigneurs;

De tous les conquérants, que le Vainqueur de la mort et des enfers;

De tous tes livres, que l’Évangile;

De tous les édifices, que celui des vertus;

De tous les plaisirs, que celui d'être avec Dieu.

Mais pour chaque homme qui meurt tout cesse déjà d’être, EXCEPTÉ SES ŒUVRES QUI SUIVENT SON ÂME DANS UN AUTRE MONDE, tandis que son corps, réduit pour tout vêtement à un linceul funèbre, va bientôt se confondre avec la terre d’où il avait été tiré?


Et j’entendis du ciel une voix qui disait:

Écris: Heureux dès à présent les morts qui meurent dans le Seigneur!

Oui, dit l’Esprit, afin qu’ils se reposent de leurs travaux, car leurs oeuvres les suivent.

(Ap. XIV, 13)



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