Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LES LEÇONS DE LA PAROLE DE DIEU

SUR L’ÉTAT DE L’HOMME DANS L’ÉTERNITÉ


***


LA NATURE DU JUGEMENT DE L'HOMME DANS UNE AUTRE VIE.


C’est Jésus-Christ qui nous jugera: nous avons cru devoir insister sur cette vérité, parce qu’on n’y attache pas toute l’importance qu’elle mérite.

À ce jour redoutable où les livres seront ouverts, on ne nous demandera pas seulement compte de la manière dont nous aurons rempli les devoirs généraux de la Morale; on nous demandera à quel point nous aurons AIMÉ, IMITÉ, SERVI et GLORIFIÉ notre Sauveur.

Nous ne nous arrêterons pas à exposer les preuves d’un jugement final qui nous sont fournies par la raison, et qui ont plus ou moins frappé tous les hommes pensants, même dans le sein du paganisme étant donné qu'elles se trouveront plus d’une fois sur notre chemin, C’EST LA RÉVÉLATION BIBLIQUE QUI EST NOTRE GUIDE ET NOTRE AUTORITÉ.


* * *


NOUS SERONS JUGÉS, VOILÀ QUI EST CERTAIN:

MAIS QUELS SONT LES CARACTÈRES DE CE JUGEMENT?


I. Disons d’abord qu'il sera universel quant aux personnes et quant aux choses.

1 – Quant aux personnes:

il nous faut TOUS comparaître devant le tribunal de J. C. Nul ne peut penser à éviter le jugement de Dieu. J'ai ma récompense avec moi pour rendre à chacun selon ses œuvres (2 Cor. V, 10; Rom. II, 3; Ap. XXII, 12).

Pourrait-il en être autrement?

- Personne qui n’ait reçu des lois, des bienfaits, des secours pour arriver au ciel;

- Personne qui n’ait fait librement et volontairement le bien et le mal dans une multitude de circonstances,

- Personne qui en sa qualité d’être moral ne soit responsable des résultats de sa conduite; et de plus,

- Personne qui ne fasse partie de la famille d’Adam à sanctifier et à sauver.


AINSI DONC POINT D’EXCEPTION:

IL NOUS FAUT TOUS COMPARAÎTRE.


2 – Quant aux choses, nous rendrons compte des talents que nous aurons reçus pour la gloire de Dieu (Matt. XXV, 14-30), des paroles que nous aurons proférées (Matt. XII, 36-37), et des choses les plus secrètes que la lumière de Dieu rendra publiques (Marc IV, 22; Luc XII, 2-3; Jean III, 20. Rom. Il, 16; 1 Cor. IV, 5).

Ici-bas même ne voit-on pas fréquemment ce qu'on croyait avoir fait en secret éclater contre toute attente et par les moyens les moins faciles à prévoir?

Des malades dans le délire de la fièvre; des pécheurs dans le désespoir du remords, n’ont-ils jamais publié eux-mêmes et malgré eux ce qu’ils avaient toujours espéré ensevelir dans les plus épaisses ténèbres?

- Par nos pensées, par ces mouvements qui se passent dans le fond de notre âme, nous obéissons ou nous désobéissons à Dieu;

- Par nos sentiments nous augmentons ou nous affaiblissons notre union avec lui;

- Par nos paroles et par nos actions proprement dites, nous communiquons le bien et le mal tout autour de nous.

Ainsi devant Dieu nous pensons tout haut et nous agissons à découvert:


QU’EST-CE QUI POURRAIT ÉCHAPPER À SON JUGEMENT?


On ne donne quelquefois le nom d'œuvres qu'aux actions opérées par l’entremise du corps; ERREUR FUNESTE EN MORALE, puisqu’elle tend à nous persuader que nous n’aurons pas à rendre compte de tous ces mouvements de la pensée et du sentiment qui sont les principes de nos actions extérieures, et les manifestations de nos dispositions envers Dieu.

Il y a aussi des gens qui n'entendent, par les bonnes œuvres, QUE les actes de la bienfaisance; AUTRE ERREUR FÂCHEUSE qui conduit à croire que, parce qu'on a fait beaucoup de bien à son prochain, on doit nécessairement recevoir en récompense la vie éternelle, quoiqu'à d'autres égards on ait des vices qui sont en opposition avec la sainteté sans laquelle nul ne verra le Seigneur. (Héb. XII, 14)

On s'imagine pouvoir racheter ses péchés par l'aumône ce qui a jeté bien des gens dans un relâchement funeste touchant à leurs vertus.


NON, l’homme ne peut racheter ses péchés sinon par le sang de J. C.!

Encore faut-il que, pour avoir part aux mérites de ce sang précieux,  QU'IL SE REPENTE du mal qu'il a fait, et QU'IL Y RENONCE.

Alors seulement peuvent en être effacées par la main de Dieu les traces naturellement ineffaçables.

Et comme il ne faut pas se méprendre à l’égard des bonnes œuvres, il ne faut pas non plus se méprendre à l’égard des mauvaises, et s’imaginer qu’on n’a fait mal seulement lorsqu’on a fait du mal à son prochain.


TOUTE PENSÉE, TOUT DÉSIR, TOUTE AFFECTION CONTRAIRE À LA LOI DE DIEU

EST MAL ET OBJET DE CONDAMNATION AU TRIBUNAL DIVIN.


II. Le jugement se fera avec justice et impartialité, et aura pour but la manifestation du résultat naturel des œuvres.

Ce sera la manifestation du juste jugement de Dieu qui rendra à chacun selon ses œuvres, jugeant le monde selon la justice, et selon les œuvres de chacun sans acception de personne (Rom. II, 5-6; 11-12; Act. XVII, 31; 1 Pier. I,17).

- Si donc celui qui a déjà reçu des grâces doit en recevoir encore plus, c’est parce que le bon usage qu’il a fait de ce qu’il avait reçu l’aura mis en état de recevoir plus.

- Si celui qui a peu doit être privé du peu qu’il a, c’est parce que l’ayant négligé ou en ayant fait un mauvais usage, il se sera rendu incapable de recevoir plus et de faire mieux (Marc IV, 25).

- Si le Juge use envers les hommes de LA MÊME MESURE dont ils se seront servis envers leurs semblables, c'est parce que chacun sera jugé selon la loi de la liberté, c’est-à-dire, selon les principes qui auront librement dirigé sa conduite à l’égard d’autrui (Matt. VII, 2; Jaq. II, 12-13).

Vous pardonnez à celui qui vous a offensé, vous posez donc pour loi qu’il faut pardonner alors même qu’on pourrait punir:


DIEU VOUS PARDONNERA EN VOUS APPLIQUANT VOTRE PROPRE LOI.


Si vous ne pardonnez pas, vous posez pour principe qu’il ne faut pas pardonner; Dieu vous appliquera votre propre loi en vous refusant son pardon. Et ce qui est vrai du plein pardon l’est aussi de tous ses degrés.

J. C. conclut dans la parabole de l’économe infidèle, que celui qui est fidèle dans les petites choses le sera aussi dans les grandes, qui par cela même lui seront confiées, tandis qu’elles seront refusées à celui qui étant injuste dans les petites choses, le serait aussi dans les grandes. (Luc XVI, 10)

C’est pourquoi J. C. ajoute: si vous n'avez pas été fidèles dans l’emploi des richesses passagères et trompeuses de ce monde, qui voudra vous confier les véritables? Et si vous n'avez pas été fidèles à l'égard d'un bien étranger, qui vous donnera le vôtre propre, celui que le Ciel vous destinait, mais que vous êtes devenus incapables d’administrer (Luc XVI, 11-12).

Ainsi chacun moissonnera ce qu'il aura semé. Celui qui a semé la chair moissonnera de la chair la corruption, et celui qui sème l'esprit moissonnera de l'esprit la vie éternelle (Gal. VI, 7-8).

CHACUN SERA MIS À SA PLACE!

L’Ordre sera rétabli, et ceux qui par un faux éclat avaient paru les premiers, ou qui l’avaient été en effet par les dons qu’ils avaient reçus, mais qui n’en avaient pas fait l’usage voulu par le Seigneur, seront les derniers, tandis que par la raison contraire les derniers seront les premiers (Marc X, 31).

C’est encore une suite de la justice de Dieu que les hommes soient jugés d’après les lois et les forces, qu’ils auront reçues, et que les uns le soient d’après la loi naturelle et la conscience, et les autres d’après la Révélation qui les aura éclairés.

Aussi J, C, dit-il que ce n’est pas lui qui condamnera les méchants, MAIS LA LOI MÊME QU’ILS AURONT CONNUE ET VIOLÉE, tandis qu’il ne voulait que les sauver (Rom. II, 12-16; 26-27, Jean XII, 48).

CHACUN SERA JUGÉ SUR SA FOI ET D’APRÈS SA FOI.

Il sera jugé sur sa foi, en tant que Dieu exigera de lui le degré de foi correspondant à la lumière qui lui avait été présentée.

Il sera jugé d’après sa foi, en tant que Dieu exigera de lui toute la mesure de bonnes œuvres et de fidélité qui correspond, soit au degré de foi qu’il a eu, soit à celui qu'il aurait eu de plus s’il n’en avait pas repoussé les moyens.

On voit par là combien est perfide et funeste l’erreur (que nous ne saurions trop signaler) de ceux qui, dans le sein du Christianisme, prétendent se contenter des lumières de la philosophie, de ses dogmes et de sa morale, et se sortent ainsi de la ligne sur laquelle la Sagesse Suprême les avait placés, comme étant celle sur laquelle ils devaient trouver le salut.

L'œuvre de la sanctification ayant ses degrés, il faut bien se garder de rester sur le degré inférieur à celui où Dieu veut qu’on s’élève, puisqu’alors on manquerait le but.

L’adulte ne se contente ni du lait ni des futiles actions du bas âge: n’est-ce donc qu’à l’égard des choses divines que l’homme se croira libre de rester enfant?

Est-ce ainsi qu’il parviendra à l'état d'homme fait qui n’est pas moins que la mesure de la stature parfaite de J. C.! (Eph. IV, 13.)

Et pourtant, c’est cette mesure qui lui sera appliquée; et s’il ne l’a pas atteinte, il sera jugé incapable de concourir à l’Ordre parfait qui règne seul dans les cieux, et auquel il devait concourir dans une certaine proportion.

Disons donc que la foi, considérée comme un acte de l'esprit qui accepte à un certain degré les vérités religieuses, peut être mise au rang des œuvres, et qu’il est vrai tout à la fois que l'homme sera jugé sur sa foi et sur ses œuvres:


SUR SA FOI PRINCIPE DE SES OEUVRES,

ET SUR SES ŒUVRES FRUITS DE SA FOI.


Dans la société les rétributions ne sont pas toujours en rapport direct avec les actions: quel rapport y a-t-il, par exemple, entre une insulte et une amende, entre un service rendu au péril de sa vie et un riche présent? IL N'EN EST PAS AINSI AU TRIBUNAL DE DIEU.

Celui qui aura tout donné aux pauvres aura un trésor dans le ciel;

Celui qui aura tout quitté pour J. C. recevra le centuple en terres, en maisons, en parents, et la vie éternelle;

Celui qui s'abaisse sera élevé, et celui qui s'élève sera abaissé (Matt. XIX, 21, 29; XXIII, 12; Luc XII, 8, 33; XVIII, 7-8, 22, 29-30; XXI, 18).

Alors s'accomplira entièrement la promesse du Sauveur, d'enrichir les pauvres, de guérir ceux qui ont le cœur brisé, de donner la liberté aux captifs et aux blessés, et de rendre la vue aux aveugles (Luc IV, 18-19).


Aussi St Paul regarde-t-il les afflictions de ceux qui souffrent pour J. C. comme une preuve évidente du juste jugement de Dieu; car il est juste devant Dieu qu'il rende l'affliction à ceux qui les affligent, et qu'il donne du repos à ceux qui sont affligés, lorsque le Seigneur Jésus viendra du ciel.

Ceux qui auront été tourmentés auront du repos, et ceux qui auront tourmenté les autres seront privés de ce repos (2 Thes. I, 5-7).

Celui qui croit au Fils a la vie éternelle, parce qu'il en accepte le moyen; mais celui qui ne croît pas ne verra pas la vie, parce qu'il en repousse le moyen (Jean III, 16-36).

J. C. nous apprend que les rétributions seront en rapport avec l'emploi des talents qu'on aura reçus (Luc XIX, 12-27).

St Paul dit que chacun recevra sa récompense SELON son travail, que Dieu donnera à chacun la louange qui lui est due, que le travail qu'on aura fait pour s’unir à lui ne restera pas sans récompense auprès de lui.

C'est dans le même sens que J. C. dit de ceux qui auront souffert pour sa cause, qu'ils se reposent de leurs travaux, et que leurs œuvres les suivent (1 Cor. III, 8; IV, 5; XV, 58; 2 Cor. IX, 6, 9; Ap, XIV, 13).

Les rétributions seront en rapport avec les œuvres, il en résulte donc quelles seront infiniment diverses en nature et en degrés. Aussi celui qui aura violé un des plus petits commandements et qui aura enseigné aux hommes à faire de même, sera regardé comme le dernier dans le royaume des cieux, il y sera méprisé, et par conséquent il n'y sera pas admis; mais celui qui les aura pratiqués et enseignés sera estimé grand dans le royaume du ciel, parce qu’il les aura estimés grands comme venant de Dieu: il sera reçu dans le ciel et honoré (Matt. V, 19).

Aussi le verre d'eau froide donné en vue de J. C. ne perdra pas sa récompense (Matt. X, 42), et le serviteur coupable sera battu, de plus ou moins de coups, selon qu'il aura plus ou moins connu la volonté de son Maître. (Luc XII, 47-48).

On voit par la parabole des dix marcs (ou dix mines) qu’il y aura trois sortes de sentences:

1° pour récompenser en proportion des œuvres;

2° pour punir par des privations à cause du talent négligé;

3° pour condamner à mort, c’est-à-dire à la pleine réprobation les ennemis de J. C. (Luc XIX, 12-27).

Nous verrons dans la suite ce qui résultera de ces trois sortes de jugements, autant du moins que la parole de Dieu nous en donnera la connaissance, car il y a dans les jugements du Seigneur des profondeurs impénétrables aux mortels.

Il ne nous est pas donné ici-bas d’ouvrir les livres sur lesquels nous serons jugés (1 Cor. II, 9; Ps. CXXXIX, 16; Dan. XII, 9; Ap. XX, 12).

Ce que nous pouvons dire, c’est que les rétributions résultant des œuvres seront infiniment plus grandes quelles ne le sont sur la terre, parce que l’époque du jugement sera celle du plein développement des conséquences de ces œuvres, celle où chaque grain, soit de froment soit d’ivraie, donnera la plante entière avec tous ses fruits où l’étincelle du feu infernal fera éclater l’incendie qui doit dévorer la maison du méchant, et où l’étincelle du feu divin fera éclater la gloire qui doit environner et «béatifier» l’enfant de Dieu.

Dans la région de l’esprit dégagé de la chair et du sang, tout est infiniment grave parce que le contact ou avec Dieu - source de tout bien - ou avec Satan - source de tout mal - y est immédiat: DE LÀ QUELLES CONSÉQUENCES!

L’homme est placé sur une ligne de progression croissante dans ses développements, et par conséquent dans ses moyens de bonheur ou de malheur: c’est pourquoi dans l’éternité les actes de vice et de vertu auront des résultats d’une toute autre importance que ceux de la vie présente, qui n’est que notre berceau, le commencement de notre carrière morale et notre première école.

L’enfant en bas âge ne voit pas tous les rapports de l’éducation qu’on lui donne avec les suites que doivent avoir dans l’âge mûr les dispositions bonnes ou mauvaises dont il montre les germes; il ne se doute pas des forces qu’il aura dans la suite, de ce qu’il sera et de ce qu’il fera quand les passions allumeront en lui des feux dévorants.

C’est précisément à cause de son ignorance à cet égard qu’il faut le préparer à la sagesse, à la pureté, à l’empire sur lui-même, de peur que les penchants de la nature ne l’entraînent bientôt dans le désordre.

Tout être soumis à une succession d'états qui développent ses facultés, est destiné par cela même à monter jusqu’à ce qu’il ait atteint le point qui lui est propre.

Ainsi la chenille rampante, aveugle et stérile, finit par être un papillon qui a des ailes et des yeux, et qui contribue à perpétuer son espèce; tandis que la semence d’un arbre devient d’abord un brin d’herbe, puis une tige flexible, et enfin un tronc ferme sur ses racines et riche en branches et en fruits.

Il est donc possible que dans une autre vie le bonheur et le malheur se nourrissent de l’éternel développement des pensées, des sentiments, des volontés et des œuvres qui auront composé le cours de la vie présente, et concourus à unir le cœur l’homme à son Dieu ou à le séparer de lui.

Et alors même qu’on supposerait que les actes de l’esprit, d’où sont procédées les œuvres proprement dites, n’auront pas d’autres résultats directs que ceux qu’ils auront eus pendant cette vie, et qui auront cessé avec elle comme les traces d’un vaisseau que le mouvement des ondes efface bientôt, il ne resterait pas moins pour résultat essentiel et inévitable la tendance soutenue de LA VOLONTÉ VERS LE BIEN OU VERS LE MAL, comme:

soit l’arrivée du vaisseau dans le port,

ou son naufrage en conséquence de la direction qu’il aurait prise et dans laquelle il se serait maintenu.

Une autre comparaison pourra faire comprendre la même vérité.

Sous un même toit et à portée des mêmes secours sont réunis des aveugles-nés susceptibles de guérison: on les élève en commun; on leur enseigne les diverses branches d’industrie qui doivent être un jour leur moyen de subsistance et même de fortune.

Privés de la vue, ils ne peuvent rien apprendre qu’à force d’attention et de docilité aux exercices qu’on leur fait faire; ils n’ont aucune idée distincte sur l'effet de leur travail, tellement que s’ils entendent dire: cela est laid, cela est beau, ils ne comprennent pas nettement ce que cela signifie.

Mais enfin ils travaillent, les uns plus, les autres moins; et comme ils n’ont aucune des perceptions ni des sensations qui procèdent du sens de la vue, ils n’ont aussi aucune des jouissances ni des peines qui sont attachées à l’exercice de ce sens.

Le moment arrive où doit se faire l’opération qui leur ouvrira les yeux, et leur permettra de voir la société dans laquelle ils vivent, leurs compagnons d’infortune, les maîtres qui les ont formés, le monde qu’ils habitent, les astres qui l'éclairent, les mouvements de l’Ordre social et les avantages attachés à la part qu’ils y auront.

Ont-ils été dociles, appliqués, soumis?

Ont-ils tenu compte de la promesse qu’on leur avait faite de leur donner le produit de leur travail?

Les voilà possesseurs de ces beaux produits, et de plus, capables de travaux plus difficiles, plus délicats, plus nobles, mais aussi plus lucratifs, et ils jouissent de toutes les douceurs de la société.

Quelle proportion y a-t-il entre leur premier état et le nouveau pour la multitude, la diversité et la vivacité des perceptions et des sensations; eux, ils ont pu passer assez rapidement du premier état au second! VOILÀ LEUR RÉCOMPENSE.

On ne leur devait pas ce qu’on a fait pour eux; ce sont des bienfaiteurs généreux et désintéressés qui leur ont fait ce bien, sans se lasser de leur incapacité, de leur lenteur, de leurs fautes, de leurs vices même et de leur ingratitude: une noble patience, a surmonté les obstacles et rendu ces malheureux au bonheur.

Le sentiment de la reconnaissance s’est développé; ils sont heureux de tout ce qu’on a fait pour eux et de ce qu’on l’a fait gratuitement; L’HUMILITÉ NOURRIT CETTE RECONNAISSANCE, et les rend sages dans l’emploi du trésor qui est maintenant à leur disposition.

Mais quel est le sort de ceux qui ont été indolents, indociles et incorrigibles?

Ils voient avec douleur le vice de leurs ouvrages, l’impossibilité où ils sont de vivre honorablement et heureusement dans la société. Et la lumière, en leur révélant les beautés et les richesses de la nature et de cette intéressante société, leur révèle aussi leur misère, et par là, leur cause une multitude innombrable de sensations douloureuses et de regrets; et ils ont aussi pu passer rapidement de l'état de cécité à celui qui leur découvre cette désolante lumière! VOILÀ LEUR CHÂTIMENT!

N’avaient-ils pas eu la même part que les autres à la compassion généreuse, aux soins soutenus, à la patience inaltérable des bienfaiteurs qui les préparaient pour le jour où ils devraient enfin vivre des fruits de leurs facultés rendues à leur libre exercice?

Il n’est pas nécessaire, je pense, de développer l'application de ce tableau pour ce qui concerne le présent et l'éternité.


III. La miséricorde de Dieu ne sera pas absolument étrangère au jugement.

Si la Justice agissait seule, qui pourrait subsister devant le tribunal du Juge?

Mais Dieu ne peut se dépouiller de sa charité qui constitue son essence. Voyons donc ce qu'il est possible qu’elle fasse pour nous après la mort.

Un homme passe de ce monde dans l'autre en état de grâce; c'est-à-dire que SA foi est vivante, que son cœur est à Dieu, qu’il est uni à son Sauveur par le recours à son sacrifice et par l’humilité, par la sincère et ferme résolution de lui appartenir, c’est-à-dire en un mot: CHRIST VIT EN LUI.

Est-il pleinement dans cet heureux état, qui est celui de la Sainteté, alors il n'y a plus en lui d’obstacle à la jouissance des biens divins: DIEU DANS SA MISÉRICORDE, après lui avoir pardonné toutes ses transgressions au nom de J. C. et fourni tous les moyens de se sanctifier, lui dispense les biens que sa Justice accorde à la sainteté, et que sa fidélité a promis à ceux qui se convertiraient.

Lui reste-t-il des souillures, des défauts, le Seigneur les pardonne, les efface, les fait disparaître par la puissance de son Esprit et par des Opérations de grâce inconnues aux mortels, lui révèle des choses auxquelles il adhère de cœur, et qui changent le cours de ses pensées et de ses affections.

Pour lui désormais le péché n’est plus; il est englouti et oublié dans les abîmes de l'amour de Dieu; le bien seul va se déployer selon sa mesure et en toute liberté pour porter ses fruits.

Sur la ligne de l’Ordre sur laquelle il était revenu en saisissant la main du Conducteur céleste occupé à redresser ses pas, il rencontre des grâces immenses et nullement méritées, des grâces qui sanctifient tout son être, et accomplissent tous les desseins de Dieu pour son bonheur: VOILÀ LA MISÉRICORDE.

Un autre homme meurt en état de réprobation, parce qu’il y a dans son âme quelque vice incorrigible qui oppose à la vie céleste une résistance insurmontable, et qui le rend inhabile aux fonctions des Saints et des Anges; il est exclu du ciel: VOILÀ LA JUSTICE DE DIEU.

Une justice qui est inséparable de sa sainteté et de sa sagesse!


* * *


Loin donc de nous la pensée que nous pouvons acquérir par nous-mêmes le droit à la vie éternelle, et tenir nos livres de compte avec Dieu en partie double, balançant le bien et le mal, évaluant nos bonnes actions, et demandant pour solde la vie éternelle.

Nos comptes seraient trouvés faux et nos dettes insolvables, sans que nous pussions avoir recours à J. C. parce que nous aurions compté, non sur son cautionnement, mais sur nous-mêmes: J. C. et que cela NE NOUS SERVIRAIT DE RIEN (Gal. V, 2).

Nous ne nous arrêterons pas ici à examiner cette question: y a-t-il après la mort un état de purification préparatoire à l'entrée dans le ciel, pour consommer l'œuvre de sanctification commencée ici-bas!

Nous ne nous occupons que du RÉSULTAT FINAL de la vie présente, lequel est nécessairement:


LE PARADIS ou L’ENFER.....


N'attendons pas, pour adorer avec une sainte frayeur les redoutables dispensations de la justice de Dieu et que nous ayons été transportés au pied de son tribunal.

Gardons-nous de trop nous reposer sur sa miséricorde:


LA CRAINTE DE DIEU EST LE COMMENCEMENT DE LA SAGESSE

(Ps. CXI, 10).


Au lieu de tant raisonner sur ce que Dieu fera, et de substituer nos conjectures à sa parole, écoutons ce qu’il nous dit, et pensons à ce que nous avons à faire.


Le solide fondement de Dieu subsiste toujours:

le Seigneur connaît ceux qui lui appartiennent;

et quiconque invoque le nom de J. C.,

qu'il s'éloigne de l'iniquité

(2 Tim. II, 19).


 
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