Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LE MÉCHANT

fait une oeuvre qui le trompe

PROVERBES. XI, XVIII.

***

Exorde.

Il ne faut pas avoir une connaissance bien approfondie de nos saints livres, pour se convaincre que le grand but de la révélation est de nous sauver en nous sanctifiant.

La sanctification, voilà l’esprit de la Bible, non pas l'esprit d'un chapitre, ni d’un livre en particulier, mais l’esprit de la Sainte Écriture DANS TOUT SON ENSEMBLE.

Nous pourrions la parcourir depuis la Genèse jusqu’à l’Apocalypse partout, oui partout, nous trouverions la même doctrine, partout nous lirions en termes différents sans doute cette grande maxime d’un apôtre sans la Sanctification, personne ne verra la face du Seigneur.

Pour nous amener à cette sanctification, cette parole divine emploie deux moyens extrêmement efficaces,

tantôt elle nous présente les grandes vérités de la foi, elle nous rappelle les grands bienfaits de Dieu: surtout le bienfait par excellence de notre réconciliation par le sang de J. C. afin qu’embrasant par là nos cœurs d’amour et de reconnaissance, elle nous porte à l’accomplissement de la volonté de celui qui en nous sauvant gratuitement devient notre maître et notre Roi;

tantôt aussi cette même parole nous traitant comme des êtres raisonnables, nous présente les considérations morales qui doivent nous faire haïr le vice et, aimer la vertu, nous faire sortir, du chemin; du péché pour nous faire, entrer dans celui de la piété et de la sainteté.

Aujourd’hui, mes frères, voulant attaquer le vice jusques dans ses derniers retranchements, nous venons vous le montrer dans toute sa laideur, faire passer sous vos yeux le triste tableau des maux nombreux qu’il traîne à sa suite, espérant que par là nous en engagerons plusieurs à rebrousser vers les témoignages du Dieu Fort.

C’est dans cette intention du moins que nous venons vous développer cette maxime du sage: LE MÉCHANT FAIT UNE ŒUVRE QUI LE TROMPE.

Mais pour que notre discours ne soit pas inutile et ne revienne pas à nous sans effet, il est absolument nécessaire de fixer le sens que nous devons attacher au mot méchant, parce que personne ne veut l’être.

Si par méchant nous entendions ces hommes profondément scélérats qui boivent l’iniquité comme l'eau, qui semblent mettre leur plaisir à tourmenter leurs semblables, à leur faire du mal, et qui foulent sans gène les lois de l’équité de la justice et de la charité; en est-il un seul dans cette assemblée qui ne s’écriât aussitôt en lui-même, ces choses ne sont pas pour moi, ce discours ne me regarde pas.

Et, serait-il nécessaire de vous prouver que de pareils hommes se trompent de la manière la plus grossière, que tôt ou, tard Dieu permettra qu’ils soient pris dans, leurs propres filets et que s’ils échappent dans, ce monde, et parviennent à force de ruses à cacher leurs forfaits, Dieu ne les laissera point impunis, mais qu’un jour à moins qu’ils ne se repentent et ne se convertissent à Dieu qui rendra à chacun selon son oeuvre, les fera boire à la coupe de sa colère et de juste, vengeance.

Ce n’est donc pas dans ce sens que, nous prendrons le mot méchant, nous lui donnerons une signification plus étendue.

Par le méchant, nous entendrons tout homme qui est dominé par une passion quelconque, et qui garde un mauvais penchant sans chercher à le détruire et à le déraciner.

Il est des passions qui tiennent au cœur comme l'orgueil, la vanité, la haine, les désirs de vengeance, l’indifférence pour ce qui tient à la religion et au salut.

Il est des passions qui tiennent aux biens et aux choses de ce monde, comme l'ambition, l'avarice, l’injustice, rattachement excessif aux créatures;

enfin il en est qui tiennent aux corps, comme l'impureté, la mollesse, le luxe, l'ivrognerie, la gourmandise, la sensualité.

Or, nous disons que tout homme qui se laisse dominer par ces passions-là, ne fusse que par une seule de celles que je viens de nommer il est un méchant, et selon la parole du sage, il fait une œuvre qui le trompe.

Il croit agir par amour pour soi-même, et il se haït,

il cherche le contentement, il trouve les mécomptes et la douleur;

il cherche le repos, la guerre et le trouble deviennent son partage;

il prétend être libre, et il est retenu dans le plus honteux esclavage,

il prétend jouir de la vie, et il est mort.

Reprenons ces différentes idées elles serviront d'autant de preuves à la vérité de notre texte.

Mes frères, le sujet que nous devons vous développer aujourd'hui, est de la plus haute importance, il commande par lui-même l’attention, cependant nous croyons devoir vous prier d'écarter de vous toute espèce de distractions; et de nous écouter avec le plus profond recueillement, afin que vous puissiez nous suivre dans les raisonnements que nous allons vous présenter.

Et toi grand Dieu, tu connais la faiblesse de ton jeune Serviteur, daigne donc venir à son aide, ah! daigne source de toute grâce excellente, et de tout don parfait, daigne donner de la force, et surtout de l'efficace à mes paroles, afin que montrant à ton peuple les suites funestes du vice, je le porte à s’en préserver, et à se consacrer à toi, amen!


I.


J’ai dit d’abord que le méchant fait une œuvre qui le trompe, en qu’en obéissant à ses passions il croit agir par amour pour soi-même, mais il se haït.

Mes frères, nous ne sommes pas composés uniquement d’un corps mais aussi d’une âme qui est la partie la plus excellente de notre être, d’une ÂME IMMORTELLE QUI DOIT VIVRE AU-DELÀ DU TOMBEAU.

Or, un homme qui s’aime véritablement, ne pense pas seulement à son bien-être pour cette terre, il travaille encore, à s’assurer une félicité éternelle; sachant qu’il doit un jour passer de cette vallée d’épreuves et de misère, dans une économie nouvelle où la justice et la paix divine habitent, il se met en devoir de chercher la voie qui conduit à la vie, et de la suivre après l’avoir trouvée.

Mais qu’est-ce que le méchant fait pour son âme; rien du tout, que dis-je, il se prépare la tribulation et l'angoisse que Dieu a déclaré devoir être le partage de celui qui fait le mal.

Celui qui s’adonne à ses passions ignore-t-il que notre vie s’écoule et passe comme une ombre qui ne s’arrête pas, que la mort s’avance et qu'après la mort suit le jugement; non, il le sait, et MALGRÉ CELA on le voit s’avancer avec une insouciance qui fait peur, au-devant de cette éternité, sans rien faire pour mettre son âme à l’abri de la colère de Dieu.

IL SAIT que cet être adorable, veut que nous nous purifions du péché, que renonçant à nos convoitises, nous vivions dans ce présent siècle, sobrement, justement et religieusement.

IL SAIT que ce grand Dieu éloignera à jamais de sa face, l’homme qui ne se sera pas appliqué à garder ses commandements; IL LE SAIT, IL LE SAIT! et malgré cela, il se laisse emporter par la fougue de ses passions, il suit en aveugle le chemin tortueux qu'elles lui tracent, sans prendre garde aux conséquences terribles d’une pareille conduite.

Est-ce là aimer son âme?

N’est-il pas vrai de dire que le méchant qui croit agir par amour pour soi-même se hait au contraire, et que par conséquent il fait une œuvre qui le trompe.

Ce n’est pas tout....: l’homme conserve toujours la lumière de la raison et de la conscience en sorte que malgré sa corruption, il a toujours un certain sentiment de sa dignité primitive.

Or portant en lui-même un pareil principe, qu’elle ne doit pas être la position du méchant, quand il vient à faire des réflexions pieuses sur lui-même, sur sa conduite; n’est-il pas vrai qu’il a honte de lui-même?

N’est-il pas vrai qu’il s’adresse les reproches les plus cuisants?

N’est-il pas vrai qu’à la vue de sa faiblesse et de sa turpitude, pour ne pas dire de sa lâcheté, le méchant est, en quelque sorte, conduit à se détester soi-même.

Est-ce là les tristes fruits qu’il croyait trouver dans le péché, s’imaginait-il être obligé d’en venir à cette triste extrémité lorsqu’il a commencé à se laisser gouverner par ses passions, nous ne le croyons pas, nous pouvons donc dire ici avec le sage; LE MÉCHANT FAIT UNE ŒUVRE QUI LE TROMPE.


II.

J’ai dit en second lieu que le méchant en se livrant à ses passions cherche le contentement, mais il trouve les mécomptes et la douleur.

Le contentement est l’état d’une âme qui est dans l’ordre des choses et qui reste dans les bornes que le Seigneur nous a prescrites dans sa divine parole.

Dieu par exemple, nous a assujettis à des besoins que nous devons satisfaire, mais en nous arrêtant à certaines limites.

Ainsi qu’un homme qui a faim et soif, mange et boive, il éprouve du contentement, mais qu’il aille au-delà de la MODÉRATION et de la TEMPÉRANCE, qu’il se livre aux dégoutants excès de la GOURMANDISE et de L’IVROGNERIE, son âme cesse bientôt d’être satisfaite, elle est troublée et inquiète; soit les maux physiques qu'elle éprouve, et soit le remords de s’être laissé gagner par son penchant vicieux, suffisent pour empoisonner les jouissances qu’il aurait goûtées, s’il eut satisfait ses besoins en respectant les règles de la décence et de la modération.

Dieu veut, pour vous citer, un second exemple, que nous ayons ici bas quelques propriétés qui puissent nous fournir les moyens de subvenir à notre subsistance, et à celle de ceux que le Seigneur a confiés à nos soins.

Tant que pour conserver nos possessions, ou les augmenter nous suivrons les règles de la MODÉRATION, de la JUSTICE et de L’ÉQUITÉ, notre âme sera contente, mais que, dominés par L’AMBITION et L’AVARICE, nous employions des MOYENS INJUSTES, ou bien que donnant notre cœur aux biens périssables de ce monde, nous nous tourmentions pour les acquérir, nous outrepassons les bornes que le Seigneur a posées à cet égard, et notre âme est tourmentée par le trouble et l’agitation.

C’est une remarque que l’on a souvent faite et qui est parfaitement juste,

c’est que le vice a en lui-même quelque chose de vague et d’infini, en sorte que celui qui s’y livre n’est jamais satisfait.

C’est sur cette vérité que repose ce proverbe à vous tous si connu, que dans le chemin du mal il n’y a que le premier pas qui coûte, et qu'une fois ce premier pas franchi on ne sait trop où l’on s’arrêtera.

J’en appellerai ici à votre expérience! ô vous qui vous laissez subjuguer par vos passions, et qui leur obéissez:

Avez-vous jamais trouvé le vrai contentement en marchant selon la chair, et en transgressant les lois de votre conscience et de la parole de Dieu?

Avez-vous jamais éprouvé un sentiment de paix à la pensée que vous étiez rebelles à la voix de l’Éternel pour écouter celle du péché?

Si vous êtes pères, ou mères de famille, oseriez-vous, la main sur la conscience, conseiller à vos enfants d’imiter ici votre exemple, ah! dites-le nous:

Oseriez-vous les exhorter de suivre la route du péché et de donner un libre cours à leurs penchants vicieux?

Est-il un seul homme sur la terre qui après avoir mené une vie déréglée, puisse dire à la fin de sa carrière, eh bien je suis content d’avoir suivi le chemin de la corruption et du désordre, mon âme est satisfaite de s’être vautrée dans la fange du vice?

Non, non il n’en est pas un seul.

Tous au contraire, à moins qu’ils ne soient plongés dans un tel abrutissement qu’il ne leur soit plus permis, ni de raisonner, ni de connaître leur état, tous, lorsque l’éternité est à la porte, et qu’il s’agit de déloger de ce monde, déplorent leur folie, et gémissent de leur égarement.

Tous voudraient avoir une vie à recommencer pour la consacrer à la vertu, et s’ils ouvrent à cet égard leur cœur à quelque ami, ce sera pour lui exprimer leurs regrets, pour lui parler des misères du péché, pour lui recommander au nom de leur triste expérience de surmonter ses passions, de leur résister dès leur naissance et de marcher avec fidélité dans la route de la foi et de la sanctification.

Or puisque l’homme qui cherche le contentement dans le péché n’y trouve que mécomptes, que regrets et que douleur, il est donc vrai de dire encore avec le sage Salomon que LE MÉCHANT FAIT UNE OEUVRE QUI LE TROMPE.


III.

Nous avons dit en troisième lieu que le méchant cherche le repos dans le péché, mais qu'il y trouve la guerre et le trouble, ce que nous prouverons d’abord par les combats que l’homme, à moins qu'il ne soit endurci, est obligé de soutenir AVANT de s’abandonner au mal, et par les remords qu’il éprouve APRÈS.

Nous en appellerons ici à votre expérience, ô malheureux jeunes gens qui à peine entrés dans la carrière de ce monde, vous êtes laissés conduire au gré de vos penchants et désirs de votre cœur.

Lorsque pour la première fois vous avez fait le tour de cette Table sacrée, touchés des instructions que vous avez reçues de vos conducteurs spirituels, vous étiez animés absolument de dispositions toutes chrétiennes, VOTRE GRAND DÉSIR ALORS ÉTAIT DE GARDER LA FOI et de demeurer fidèles à votre Rédempteur.

Mais hélas, ébranlés bientôt par les séductions qui se sont présentées de toutes parts, éblouis par les malheureux attraits du vice, oubliant insensiblement que les mauvaises compagnies corrompent les bonnes mœurs, oubliant qu’entourés de périls, vous deviez prier, vous deviez vous tenir sur vos gardes, vous êtes tombés, vous vous êtes égarés.

Mais je vous le demande, ô jeunes gens:

AVANT d’en venir à l’oubli de la prière que l'on vous avait cependant si fort recommandée,

AVANT d'en venir à la négligence que vous apportez à vous enquérir des saintes Écritures, à vous rendre dans la maison du Seigneur,

AVANT d’en venir à la tiédeur où vous êtes maintenant envers celui qui vous avait comblés de tant de grâces et de tant d'amour, et à vous laisser perdre par les mauvais exemples et les plaisirs de ce monde, hélas!

Je vous le demande, ô jeunes gens n’avez-vous pas eu à soutenir de rudes combats, n'avez-vous pas eu à lutter cent fois contre votre propre coeur, contre vos propres lumières, contre le souvenir des exhortations touchantes que votre respectable Pasteur vous avait adressées avec tant d'instance et d'intérêt, n’y a-t-il pas eu bien des fois au dedans de vous, en présence du mal comme un train de guerre, pour parler avec le saint homme Job.

Quels combats n’y a-t-il pas chez un homme de raison, qui malgré sa raison va s’abandonner au mal?

Que de combats même chez le vieillard, qui prêt à descendre au sépulcre et sur le point de s’en aller rendre compte se sent encore subjugué par ses passions et poussé au péché au moment cependant ou il devrait être tout entier à celui qui va le rappeler.

Mais ce n’est pas seulement avant de commettre le péché qu’il y a du trouble chez l’homme, une fois que le péché est commis n’y a-t-il pas de nouvelles angoisses?

N’y a-t-il pas un nouveau train de guerre, l’aiguillon du péché ne fait-il pas alors sentir ce qu’il a de cuisant et de cruel?

La conscience que le méchant voudrait en vain étouffer, ne se réveille-t-elle pas comme en sursaut pour faire entendre sa voix puissante et redoutable, or puisqu’on ne peut se livrer au vice sans avoir DES COMBATS À SOUTENIR AVANT, et DES REPROCHES À SE FAIRE APRÈS n’est il pas vrai de dire avec le Sage que LE MÉCHANT, c’est-à-dire tout homme qui s’abandonne à ses passions croyant trouver par là le repos, s’abuse et FAIT UNE ŒUVRE QUI LE TROMPE.


IV.

Le méchant en écoutant la voix de sa nature corrompue et en la satisfaisant, s’imagine secouer le joug de la parole de Dieu, il croit être libre, mais encore ici, ô pécheur tu t’abuses, et fais une oeuvre qui te trompe car tu es asservi, au plus triste comme au plus honteux esclavage.

Hélas, Chrétiens nous sommes tous des êtres d’habitude; il nous suffit de faire deux ou trois jours de suite la même action, pour qu’elle devienne bientôt pour nous une habitude, une seconde nature, si je puis parler ainsi.

Le mal se change encore beaucoup plus vite en habitude que le bien; pourquoi!

Parce qu’il flatte davantage notre corruption naturelle, et qu’il est plus en harmonie avec ce vieil homme de péché qui habite au dedans de nous.

Or c’est une vérité d’une expérience généralement reconnue que

l’homme qui se livre au mal, et qui en prend la malheureuse habitude

s’abandonne à un maître ou plutôt à un tyran que l’on ne peut assouvir, qui demande toujours, et ne dit jamais c'est assez.

Je ne me lasserai pas d’en appeler ici à votre expérience, ô hommes vicieux je suis persuadé que malgré toutes les illusions dont vous vous repaissez et les faux raisonnements que vous pouvez vous tenir, je suis persuadé que bien des fois vous avez formé le dessein de résister au mal et de vous en corriger, et qu’à la vue de toutes les misères, de toutes les peines et de tous les chagrins dont le péché vous abreuve, vous avez pris cependant souvent la résolution de combattre vos mauvais penchants, et de leur résister.

Eh bien, y êtes-vous parvenus?

Avez-vous atteint votre but?

Si vous avez eu ce bonheur, ah! combien ne vous a-t-il pas fallu de travail et d’efforts!

Et avant d’en venir à une victoire complète, combien de fois ne vous êtes-vous pas vu terrassés par l’ennemi que vous vouliez vaincre?

Combien de fois même ne vous êtes-vous surpris commettant le mal, en quelque sorte sans vous en apercevoir? Tant il est vrai que vous étiez les esclaves de l’habitude, tant il est vrai que les liens du vice sont une chaîne si forte que nous avons une peine infinie à nous en débarrasser.

Il n’est donc pas vrai que le méchant ait secoué le joug, et qu’il vive en pleine liberté, puisqu’en satisfaisant ses penchants vicieux, il les transforme en autant de maîtres qui le dominent et qui le tyrannisent.

Ainsi donc, encore ici nous pouvons répéter sage Salomon , et le dire en toute vérité: LE MÉCHANT FAIT UNE ŒUVRE QUI LE TROMPE.


V.

Mais au moins dira celui qui vit dans le péché, je jouis de la vie, au lieu de passer mes jours dans les privations et la tristesse, je les consacre au plaisir, j’en profite pour m’égarer et pour vivre selon ma fantaisie, et les devoirs de mon cœur!

Mais quel étrange aveuglement, mes frères, en quoi consiste réellement notre vie, est-ce seulement aller et venir, et se promener parmi ce qui n’a que l'apparence?

Non, car ce n’est là qu’une vie qui nous est commune avec les animaux!

Mais pour un être doué de tant de belles facultés, pour un être qui a été créé à l’image de Dieu; la vie, mes frères, consiste

à marcher devant la face de ce Dieu suprême, en toute intégrité,

à faire sa divine volonté,

et à travailler à lui plaire.

La vie pour l’homme consiste à croître en connaissance et en grâce, à marcher de foi en foi, de vertus en vertus.

C’est par là du moins que l’homme se rapproche de celui qui est la source de la vie, qu’il entre en communion avec lui, et qu’il se prépare à être un jour du nombre de ceux dont il est dit: bienheureux sont ceux qui font ses commandements, afin qu'ils aient droit à l'arbre de vie et qu ils entrent par les portes, de la sainte Cité.

Mais le méchant au contraire s’éloigne de Dieu et par conséquent de la vie, il tient le chemin d’un lieu, où il n’y a que ténèbres et on peut lui appliquer ces paroles que l’Ange disait autrefois à l'Église de Laodicée.

Je connais tes œuvres tu as le bruit de vie, mais tu es mort.


* * *

CONCLUSION

Pour terminer ce discours nous nous adressons maintenant à ceux d’entre vous mes chers frères qui se reconnaissant aux divers traits du tableau que nous venons de faire passer sous vos yeux, sentent la vérité des considérations dont nous avons appuyé la vérité de notre texte, et veulent en conséquence se mettre en devoir désormais de combattre contre leurs passions, afin de s’affranchir de plus en plus de la servitude du péché.

Ah! ce n’est pas sans doute la première fois, mes frères, que vous avez un pareil dessein; fatigués de suivre une carrière qui après tout n’offre que peines et que remords,

bien des fois dans la détresse de votre âme vous avez pris le Ciel à témoin que vous alliez rompre avec le péché et devenir des hommes nouveaux.

Mais d’ou vient que vos résolutions ont été des paroles de néant, et que vous avez laissé prendre le dessus à l’ennemi que vous vouliez terrasser.

Je ne veux point ici douter de la sincérité de votre dessein, mais ne vous serait-il point arrivé de compter sur vos propres forces, et de vous reposer ici sur le bras de la chair, mais ne savez-vous pas que PAR NOUS-MÊMES NOUS SOMMES INCAPABLES D’AUCUN BIEN, que toute notre force vient de Dieu.

Tournez-vous donc dorénavant vers ce bon Père céleste, qui certainement viendra à votre secours,

implorez de toutes les puissances de votre âme son Esprit de vie et de sanctification,

et alors; étant ouvriers avec lui, vous vous sentirez insensiblement changés et régénérés, vous pourrez sans doute retomber encore plusieurs fois en faute, mais ne vous laissez pas abattre ni décourager,

invoquez de nouveau celui par lequel nous pouvons toutes choses quand il nous fortifie,

recourez de nouveau avec une pleine confiance à sa main forte et à son bras étendu, et bientôt vous aurez la satisfaction de pouvoir vous écrier avec un Apôtre: grâces, grâces à Dieu qui nous donne la victoire par Jésus-Christ notre Seigneur.

Quant à vous fidèles, qui avez résisté à vos penchants, et qui avez travaillé à soumettre votre cœur à votre divin maître, vous êtes bienheureux, car votre récompense est grande dans le Ciel; oui, vous n'avez point fait en ceci une œuvre qui puisse vous tromper, mais soyez-en persuadés, celui pour l'amour duquel vous avez combattu le bon combat n’oubliera jamais vos efforts.

Seulement, ô mes bien-aimés frères NE VOUS RELÂCHEZ POINT, mais marchez toujours en avant dans la carrière de la vertu et de la piété; car autrement vous perdriez le prix de votre course, puisqu’il n’y aura que celui qui aura persévéré jusqu’à la fin qui pourra être sauvé.

Continuez donc, continuez à faire des progrès dans le bien,

continuez à veiller sur vous-mêmes et à prier:

Continuez surtout à vous tenir fermement attachés par la foi à ce Jésus qui est le rocher des siècles et le seul chemin qui puisse vous conduire au trône de la Grâce, afin que purifiés de vos péchés par son sang, scellés et régénérés par son esprit, vous soyez à lui dans la vie comme dans la mort, dans le temps comme dans l'éternité Amen! Amen!



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