Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

RÉFLEXIONS SUR CES PAROLES:

Celui qui sait faire le bien et qui ne le fait pas.

(Jacq. IV. 17.)

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Celui qui sait faire le bien et qui ne le fait pas. (Jacq. IV, 17.)

Je ne fais aucun mal, je ne fais tort à personne, dites-vous aussitôt, si on cherche à vous convaincre de péché.

Il est fort douteux que vous ne fassiez aucun mal même dans le sens où vous l’entendez; mais quand vous pourriez le dire avec vérité, seriez-vous pour cela justifiés devant Dieu et même devant les hommes?

Voilà vraiment un bon et fidèle serviteur qui se glorifie de ce qu’il n'a pas dévasté l’héritage de son maître, ni maltraité ses compagnons, et de ce qu’il a représenté tel quel le talent qui lui fut confié!

Est-ce donc simplement à ne pas faire de mal que nous sommes appelés?

Est-ce pour occuper inutilement la terre que l’Éternel nous a plantés dans sa vigne?

Est-ce nécessaire qu'un arbre porte de mauvais fruits pour qu’il soit coupé et jeté au feu; NE SUFFIT-IL PAS QU'IL SOIT STÉRILE?

Si lors même que nous aurions fait tout ce qui nous a été commandé, nous serions des serviteurs inutiles, que serons-nous si nous l’avons négligé?

La loi prononce malédiction non seulement contre celui qui fait ce qu’elle interdit, mais encore contre celui qui n’a pas persévéré à faire tout ce qu’elle ordonne, (Gal. III, 10.)

Entrez maintenant en compte avec Dieu, vous qui prétendez vous, justifier en ne faisant pas de mal.

Débattez vos droits avec l’Éternel, et voyez si sur mille articles vous pouvez lui répondre à un seul.

Quoiqu’il y ait entre les hommes des degrés de responsabilité bien divers, on peut néanmoins dire hardiment qu’il n’est personne sur la terre à qui les paroles de notre texte ne soient applicables.

Il n’est pas un païen, pas un sauvage qui ne sache faire quelque bien s’il en a la volonté.

II n’en est pas un qui ne puisse sentir la vérité et la justice de ce principe: ce que tu veux que les autres fassent pour toi, fais-le de même pour eux.

Car les gentils, dit Saint-Paul, qui n’ont point de loi se tiennent lieu de loi à eux-mêmes, et leur conscience qui les approuve ou les condamne suivant ce qu’ils font fait voir que la loi est écrite dans leur coeur. (Rom. II, 14-15.)

Aussi, au jour du jugement, seront-ils sans excuse et reconnus coupables devant Dieu? (Rom. I, 20, 32; II, 1,16; III, 9-19.) 

Mais si le païen, malgré son ignorance, a la bouche fermée, où paraîtrons-nous, nous qui avons tant de lumière?

Il est cependant des gens parmi nous qui pensent justifier leur indifférence et LEUR PARESSE POUR LE BIEN en alléguant qu’il sera peu redemandé à celui qui a peu reçu.... Sans doute, mais quelle excuse ces paroles peuvent-elles vous fournir?

Vous avez lu l’Évangile, ou vous l’avez entendu lire, puisque vous en citez des paroles. Vous savez que c’est Dieu qui donne, et que nous avons un compte à lui rendre.

N’est-ce pas avoir déjà beaucoup reçu?

Et si ce n’est pas assez, pourquoi ne demandez-vous pas davantage?

Pourquoi ne cherchez-vous pas à connaître plus exactement la volonté de votre Père céleste?


Vous ne savez pas lire, direz-vous! (publié en 1828)

Ah! si vous pensiez que la Sainte Bible dût vous enseigne le secret d’acquérir des richesses, de conserver votre santé ou de prolonger vos jours sur la terre, vous auriez bientôt appris à lire, ou du moins vous chercheriez bien vite quelqu’un qui voulut vous lire ce saint livré.

Vous êtes placé désavantageusement; vous n’avez près de vous personne qui puisse vous aider à comprendre les Saintes Écritures, et vous entretenir des choses qui concernent votre salut?

Mais craignez-vous de faire quelques lieues pour vos intérêts temporels ou pour vos plaisirs?

Vous avez peu d’intelligence; vous êtes, dites-vous, trop idiot, trop simple?

Vous ne l’êtes peut-être pas tant pour le mal! D'ailleurs Dieu n’a-t-il pas révélé aux petits enfants ces choses qu'il a cachées aux intelligents. Et Saint-Jacques ne dit-il pas: Si quelqu'un manque de sagesse, qu'il la demande à Dieu qui ne la refuse point. (Jacques I, 5.)

Dites plutôt que VOUS VOUS SOUCIEZ PEU DE CONNAÎTRE LA VOLONTÉ DE DIEU, et que vous préférez votre ignorance dans la pensée qu’elle doit vous exempter de l’obéissance et du châtiment.

Votre conduite ressemble assez à celle d’un soldat lâche et paresseux qui fuit ou se cache quand il entend battre l’appel, de peur d’être commandé de service; mais si celte ruse réussit rarement au soldat, qui n’a pourtant à faire qu’à des hommes, comment pourrez-vous échapper à celui qui sonde les coeurs?

Votre ignorance, loin d’être une excuse, s’élève en condamnation contre vous; car elle vient, comme dit un apôtre, de l'endurcissement de votre cœur. (Eph. IV, 18.)


Et vous qui ne manquez ni d’instruction ni d'intelligence, et qui avez tant de moyens de vous rendre utile, direz-vous aussi que vous ne savez pas faire le bien, ou que vous faites tout le bien que vous pourriez faire?

Les forces de votre corps, les facultés de votre esprit, les connaissances que vous ayez acquises, sont-elles fidèlement employées à la gloire de Dieu et au bien de vos semblables; et croyez-vous pouvoir rendre au dernier jour un compte satisfaisant des nombreux talents que vous avez reçus?

Mais c’est à vous surtout qui êtes entés (greffés) sur le vrai cep, que s’adressent les paroles de notre texte; c’est, de vous que le Père a droit d’attendre des fruits, abondants. (Jean XV, 1, 8)

Vous êtes comme un arbre planté près des eaux, qui étend ses racines le long d’une eau courante; le vent brûlant du désert ne saurait flétrir son feuillage, et dans l'année de la sécheresse il ne doit point cesser de porter du fruit. (Ps. I, 3; Jér. XVII, Ez. XLVII, 12.)

Vous ne chercherez point comme le mondain à vous excuser sur votre ignorance ou votre faiblesse, car l'onction de l'Esprit doit vous enseigner toutes choses. (1 Jean II, 27; Jean XIV, 26; Hébr. VIII, 11.)

Dieu produit en vous le vouloir et l’exécution, (Philip. II, 13.) et vous pouvez tout en Jésus-Christ qui vous fortifie.

Examinez-vous vous-mêmes, et voyez si vous êtes fidèles dans l’emploi de ces grâces, dont le Seigneur vous a comblés. Vous êtes le sel de la terre; (Matth. V, 13.) vous êtes la lumière du monde; vous êtes la lampe allumée et placée sur le chandelier; et votre lumière doit luire devant les hommes à la gloire de Dieu.

C’est lui qui vous a créés en Jésus-Christ pour les bonnes oeuvres, et qui les a préparées afin que vous marchiez en elle. (Eph. II, 10.)


La mesure de vos obligations est donc celle de vos facultés;

SI vous avez le désir d’accomplir le bien qui vous est proposé,

les occasions ne vous manqueront point.


Ce n’est pas seulement en donnant du pain ou de l'argent que vous devez faire le bien; c’est peu de chose que cela, il ne suffit pas de faire au nécessiteux une chétive aumône qui le rendra peut-être encore plus misérable.

IL FAUT AGIR AVEC DISCERNEMENT; il faut entrer dans sa demeure, connaître par soi-même son véritable état, et tâcher de le rendre à l'amour du travail; de l’ordre et de l’économie,

S’il est malade, il faut, en lui donnant les secours nécessaires, veiller à ce qu’ils soient administrés convenablement.

Ces choses-là sont plus difficiles, plus fatigantes, plus désagréables à la chair, que de répandre au hasard des aumônes plus ou moins abondantes; mais ce n’en est pas moins à cela que vous êtes appelés si vous voulez être vraiment bienfaisants.

Vous contribuez aux frais du culte et de l'enseignement, vous envoyez aux Gentils des messagers de paix, vous aidez, par vos dons la distribution de la Bible et des ouvrages religieux; c’est très bien, mais ne pourriez-vous rien faire de plus?

Et si vous n’avez pas les moyens de contribuer cette manière à ces bonnes oeuvres, y demeurerez-vous étranger?

Ne pourriez-vous pas, riche ou pauvre, faire part de vos connaissances utiles à ceux qui sont moins instruits que vous?

Combien de gens peut-être croupissent autour de vous dans l’ignorance, auxquels vous pourriez enseigner à lire (le français); et pouvez-vous calculer le prix de ce bienfait?

Combien d’exemplaires de la Parole de Dieu, combien de bons livres vous pourriez placer utilement en vous donnant un peu de peine?

Combien d’âmes immortelles vous pourriez, avec l'aide de Dieu, tirer de leurs ténèbres, de leur indifférence, de leur misère spirituelle, avec un peu de zèle et d’activité?

Et sans être pasteur ni docteur, sans en prendre le ton ni les formes, combien de services vous pourriez rendre à la cause de l’Évangile et à l'Église de Jésus-Christ?

Aquilas et Priscille sa femme, et la bien-aimée Perside, qui avaient les uns et les autres beaucoup travaillé pour le Seigneur, étaient-ils ministres? (Rom. XVI, 3, 12.)

Est-ce seulement aux ecclésiastiques qu'il est dit: Que chacun emploie le don qu’il a reçu au service des autres, comme étant de bons dispensateurs des diverses grâces de Dieu, (1 Pierre IV, 10.) car quoique nous soyons plusieurs, nous ne sommes qu’un seul corps en Christ, et chacun en soin particulier les membres les uns des autres. (Rom. XII, 4-5; 1 Corinth. XII, 12, 27; Eph. IV, 4, 7, 16; Col. III, 15-16.)

L'esprit qui se manifeste dans chacun, lui est donné pour l'édification commune, afin qu’il n’y ait point de division dans le corps, mais que les membres aient un soin mutuel les uns des autres. (1 Corinth. XII, 7, 25.)

Vous ne pouvez donc, concitoyens des saints et domestiques de Dieu, demeurer oisifs et stériles dans la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, sans pécher gravement, contre lui et contre tous les membres de son corps.

Vous ne pouvez donc, je vous le répète, (1 Corinth. XII, 15-21.) rester en arrière et vous refuser à contribuer, selon les dons que vous avez reçus, à l'édification, à l’avancement spirituel de vos frères, pas plus qu’à leur bien-être temporel.

Demandez à Dieu qu’il vous fasse sentir vivement combien cette obligation est pressante. Hâtez-vous de faire du bien à tous, pendant que vous en avez l’occasion. (Gal. VI, 10.)

Rachetez le temps; (Eph. V, 16.) NE LE PERDEZ PAS, CE TEMPS PRÉCIEUX, DANS L’INACTION, LA MOLLESSE OU LA FRIVOLITÉ.

Rappelez-vous cette, maxime si souvent répétée dans l’Évangile;

Ne cherchez point, votre intérêt particulier, mais celui des autres. (1 Corinth. X, 24, 33; Philip. II, 4; Rom. XV, 2.)

Ne soyez point paresseux à vous employer pour autrui. (Rom. XII, 11.)

Ne vous lassez pas en faisant le bien; car, nous moissonnerons en son temps, si nous ne nous relâchons pas. (Gal. VI, 9.)

Rappelez-vous que celui qui sème peu, moissonnera peu. (2 Corinth. IX, 6.)


Rappelez-vous que vous n’êtes plus à vous-mêmes,

MAIS à Celui qui vous a rachetés,

et que vous ne devez plus vivre pour vous-mêmes,

MAIS pour Celui qui est mort et ressuscité pour vous.

* *

Rappelez-vous, enfin que celui-là pèche

qui sait faire le bien et qui ne le fait pas.


Or le Seigneur vous fasse croître et abonder de plus en plus en charité les uns envers les autres, et envers tous; et Dieu, est puissant pour faire abonder toute grâce en vous, afin qu’ayant toujours tout ce qui suffit en toute chose, vous soyez abondants en toute bonne œuvre. (1 Thess. III, 12; 2 Corinth. IX, 8.)

Amen.

Feuille religieuse du Canton de Vaud 1828




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