Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Jugements de Dieu contre ceux qui ne croient pas en Jésus-Christ

ou

la condamnation de ceux qui n’ont point de Sauveur

1824

A. SOULIER

***

JUGEMENTS DE DIEU

SUR LE PEUPLE JUIF.


Dans le dessein de vous montrer, selon les paroles de notre texte, dans les jugements de DIEU sur la nation Juive, un exemple éclatant et salutaire des terribles effets que nous pouvons avoir à craindre comme elle, de la colère divine, nous devons commencer par vous dire un mot de la grandeur de ces jugements, et par vous en faire considérer ensuite les causes.

La grandeur des jugements de DIEU sur le peuple juif éclate, M. F., dans la ruine du Temple de ce peuple, annoncée prophétiquement par le SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST dans notre texte et dans la désolation, dans la destruction de ce peuple lui-même, liée avec l’abolition de son Temple, ou dans l'esclavage, et la dispersion du résidu qui n'a point péri.

Le saint édifice des Juifs était d’une grandeur et d’une magnificence sans pareilles.

Inférieur d’abord à celui qui avait été bâti par Salomon et que l’on avait regarda comme une des merveilles du monde, il l'avait ensuite égalé en somptuosité, et surpassé en étendue, par les travaux prodigieux qu’y fit faire le Roi Hérode et les dépenses ou les libéralités incroyables de ce Roi et de tout son peuple.

(Sans compter les trésors sacrés provenant des dons que la dévotion des peuples venait offrir à Dieu, dans ce lieu saint, de tous les endroits du monde et que, pendant des siècles, l'on avait employés à des fondations extraordinaires pour l'élévation d'une partie basse du Temple et à l'agrandissement du sommet de la montagne sur laquelle reposait l'édifice, dont on rendit ainsi le circuit deux fois plus grand, et auquel on joignit, dans ce nouvel espace, une double galerie soutenue par des colonnes de marbre blanc d'une seule pièce, de vingt-cinq coudées de hauteur, galeries dont les lambris de bois de cèdre étaient «si parfaitement beaux, si bien joints et si bien polis qu'ils n'avaient point besoin pour ravir les yeux de l'aide de la sculpture ni de la peinture.»)


Il semble que dans les voies de la Providence et de la justice divine ce Temple dut être rendu plus majestueux, plus riche, plus magnifique, pour que la ruine en fût plus éclatante et plus lamentable.

Il était composé de plusieurs édifices, dont les trois principaux étaient comme trois Temples.

Des dix portes du second, «neuf étaient toutes couvertes, et même leurs gonds de lames d’or et d’argent; et la dixième l’était de cuivre de Corinthe, plus précieux que l’argent et que l’or.»

Leur hauteur était de trente coudées, c’est-à-dire selon la manière de mesurer des Hébreux, de trente fois la longueur ordinaire de l’avant-bras et de la main de l’homme.

Celle d’un portail de l’ordre Corinthien, placé du côté de l'Orient, par lequel les femmes entraient, était de cinquante; ses portes en avaient quarante, et les lames d’or et d’argent dont elles étaient revêtues étaient encore plus épaisses que celles des neuf autres.

Du premier Temple on montait au second par plusieurs degrés et l'on arrivait au-devant de ses portes après avoir parcouru un espace de trois cents coudées et monté quelques autres degrés.

Il fallait monter encore deux fois un nombre plus considérable de marches pour arriver du second Temple et au troisième, qui était proprement le Temple, le lieu saint consacré à DIEU.

«La largeur et la hauteur du frontispice de ce dernier était de cent coudées et seulement de soixante dans son enfoncement et sur le derrière, parce que sur le devant et à son entrée étaient deux élargissements formant comme deux bras qui s’étendaient pour embrasser et pour recevoir ceux qui y entraient.»

Son premier portique, qui était très élevé, n’avait point de portes, parce qu’il représentait le ciel qui est visible et ouvert à tout le monde. Tout le devant de ce portique était doré; et tout ce que l’on voyait à travers dans le Temple l’étant aussi, les yeux en pouvaient à peine soutenir l’éclat.»


Il serait trop long d’entrer dans le détail de tout ce qui faisait la richesse et la magnificence de l’intérieur de ce Temple, dont les portes, à l’une des séparations, car il était divisé en plusieurs parties, «étaient d’or et avaient cinquante coudées de haut sur seize de large.»

Si le dedans de ce saint édifice était extrêmement riche et renfermait des choses très précieuses, «des choses si admirables, dit l'historien Joseph, que l’on ne pouvait se lasser de les regarder;» le dehors en était aussi bien somptueux et bien éclatant.

«Il n’y avait rien,» dit encore le même auteur, qui nous a laissé la description de ce Temple, de laquelle nous avons emprunté les traits que nous venons de vous en présenter, «il n’y avait rien dans toute sa face extérieure qui ne ravit les yeux en admiration et ne frappât l’esprit d'étonnement, car elle était toute couverte de lames d’or si épaisses que, dès que le jour commençait à paraître, on n’en était pas moins ébloui qu’on ne l’aurait été par les rayons même du soleil. Quant aux autres côtés où il n’y avait point d’or, les pierres en étaient si blanches, que cette superbe masse paraissait être de loin, aux étrangers qui ne l’avaient point encore vue, une montagne couverte de neige. (Voy. Guerre des Juifs contre les Rom. Liv. V. Ch. XIV. His. des Juifs. Liv. XV. ch. XIV.)»

Tel était le Temple dont les Disciples de JÉSUS le priaient de considérer les bâtiments; dont quelques-uns disaient qui il était orné de belles pierres (Luc. XXI. 5.).

Une partie des pierres dont il était bâti étaient très belles en effet, étant d’une grandeur extraordinaire. (Elles avaient 45 coudées de long, 5 de haut et 6 de large.).

Mais tel était aussi le Temple auquel JÉSUS faisait comme ses derniers adieux, lorsqu’il en sortait et qu'il s’en allait, ainsi qu’il est remarqué dans notre texte

Tel était le Temple duquel il venait de dire aux Scribes et aux Pharisiens, la dernière fois qu’il y enseigna, voici, votre maison va devenir déserte. (Matth. XXIII. 38.); parole qui peut-être avait excité dans ses Disciples un intérêt particulier, mêlé d’une sorte de commisération sur le sort de cet édifice; ce qui les aurait engagés à s’approcher de lui pour lui en faire remarquer les bâtiments, comme pour lui dire: Il n’est pas possible que des ouvrages si beaux, si magnifiques ou si solides soient délaissés ou détruits.

Mais JÉSUS qui connaît tout l’avenir, parce que le SAINT-ESPRIT est en LUI sans mesure et que toute la plénitude de la DIVINITÉ habite corporellement en LUI (Col. II. 9.), JÉSUS qui voit les jugements de Dieu prêts à fondre sur le peuple à qui ce Temple appartenait et pour qui la possession, l’existence d’un tel édifice était un si grand sujet de gloire et de bonheur:

JÉSUS renouvelle sa déclaration prophétique, en disant à ses Disciples: Vous voyez bien toutes ces choses? En vérité, je vous dis, qu'il ne sera laissé ici pierre sur pierre qui ne soit démolie. (Matth. XXIV, 2.)


II doit donc être détruit ce Temple, ce magnifique Temple! Il doit disparaître de dessus la face de la terre où il n'avait pas son égal; il doit disparaître du sein de la ville dont il fut le plus riche et le plus bel ornement, du milieu de la nation de laquelle il était l'objet le plus précieux. IL DOIT ÊTRE RUINÉ DE FOND EN COMBLE; une pierre n’y sera pas laissée sur l’autre sans avoir été démolie.

Ce n’était pas sa magnificence seule et sa renommée qui le rendaient cher au peuple qui le possédait, mais c’était aussi et surtout ce qu’il avait de religieux et de saint: il renfermait tout ce que ce peuple avait de plus sacré.

Il était où il eût dû être pour ce peuple un saint asile, un lieu de recueillement, d’instruction salutaire, de sanctification, de prière, de communion avec le SEIGNEUR, l’ÉTERNEL, le DIEU d’ABRAHAM, d’Isaac et de Jacob, qui l’avait appelé à son alliance.


Ce temple était pour le peuple, une image sensible de la protection, de la clémence, de la bénédiction et même de la présence adorable de DIEU.

Là, en effet, c’était la maison de DIEU! DIEU voulait habiter avec son peuple; il voulait se communiquer à ses enfants, leur donner ses grâces, se donner LUI-MÊME à eux; et il voulait:

qu’ils entrassent aussi de leur côté, et en même temps, en communication avec LUI,

qu’ils se donnassent à LUI,

qu’ils LUI fussent consacrés,

qu’ils LUI apportassent les tributs, les oblations de leur piété, de leur reconnaissance; en venant recevoir les dons de son amour,

qu’ils LUI offrissent pour leurs péchés, en venant solliciter le pardon de leurs péchés des sacrifices multipliés, des sacrifices continuels.

(images et types toujours renouvelés du seul sacrifice véritable et propitiatoire qui devait être, comme il le fut au temps déterminé, offert par JÉSUS-CHRIST, unique RÉDEMPTEUR des élus de l’ancienne et de la nouvelle Alliance.

JÉSUS seul sacrificateur sans péché et seule victime sans tache, d’une nature semblable à celle des pécheurs qu’elle remplaçait, et d’une nature à la fois ineffable par l’ineffable union en elle de la DIVINITÉ avec l’humanité.)


Mais ce Temple cesse d’être un lieu saint!

Il devient l’asile du crime et de l’impiété.

Il n'est plus la Maison de DIEU; DIEU LE REGARDE AVEC HORREUR et va faire fondre sur lui les effets de sa colère...

Ses jugements contre lui et contre le peuple à qui il l’avait donné comme le gage le plus sacré de son amour et le symbole le plus frappant de sa présence, SES JUGEMENTS COMMENCENT À S’EXÉCUTER.

Déjà, le peuple qui devait venir détruire la ville et le sanctuaire (Dan. IX. 26), s’avance!

Déjà les signes avant-coureurs prédits par le souverain PROPHÈTE, l’HOMME-DIEU, se sont manifestés ou achèvent d'apparaître, et la génération sur laquelle doivent tomber les vengeances dont ces signes sont les précurseurs, dure encore, mais elle passerait rapidement, si les vengeances n'étaient retardées.

Déjà les ailes abominables prédites par le Prophète Daniel comme devant causer la désolation s'approchent; déjà elles causent la désolation dans les villes de la Galilée et de la Judée....


Ces choses leur sont arrivées pour servir d’exemples, et elles ont été écrites pour notre instruction, à nous qui sommes parvenus à la fin des siècles.

Ainsi donc, que celui qui croit être debout prenne garde de tomber! (1 Corinth. X, 11-12.)


Le peuple que DIEU veut punir d'une manière éclatante, le peuple dont JÉSUS a annoncé les calamités et la ruine en lui annonçant la ruine de son Temple; ce peuple, délaissé, abandonné, maudit est frappé d’aveuglement, rempli de frénésie, autant qu’accablé de misères devient LUI-MÊME le premier et le principal instrument de ses douleurs, de ses déchirements, de ses désolations et de sa destruction.

Son Temple, c’est lui, (le peuple de Dieu) LUI LE PREMIER, QUI LE PROFANE, QUI LE SOUILLE, qui y entre avec des armes et des mains déjà teintes de sang, et d’un sang qu’il aurait dû conserver pour le défendre et pour se défendre lui-même!

Son temple! il n’en a plus, il l’a transformé en une citadelle...

Que dis-je, malgré cette profanation et en même temps qu’il a maintenant l’aspect d’une forteresse, il a conservé, ce saint édifice, quelque chose de son caractère sacré: on y vient encore offrir des sacrifices...

Mais, ô forfaits inouïs! ô horribles et exécrables impiétés !...

Ce n’est pas le sang seul des victimes qui est répandu sur son autel:

celui des sacrificateurs s’y mêle;

celui des personnes pieuses, qui sont venues, même des extrémités du monde alors connu, pour chercher à y apaiser la colère du ciel, en inonde l’enceinte sacrée!

Ce sont les enfants, les propres enfants, ô malheureuse et coupable nation, autrefois choisie et bien-aimée de DIEU, ce sont TES PROPRES ENFANTS QUI IMMOLENT AINSI LES ENFANTS, qui souillent ainsi ton saint Temple, qui le souillent, non par un petit nombre de meurtres, mais, en diverses occasions, par des ruisseaux de sang!


Oui, maintenant DIEU t’a abandonnée,

DIEU t’a rejetée, et il ne veut plus de ton culte...


Ah! hâte-toi, exécute TOI-MÊME l’arrêt prononcé contre ton sanctuaire; renverse-le; appelle, attire sur ta ville et sur lui les machines de guerre et les fureurs de tes ennemis.

Livre-Ie TOI-MÊME aux flammes pour le purifier, en quelque sorte, des abominations dont tu l’as souillé, et cesse ainsi d’y commettre de nouveaux et de si incroyables sacrilèges, de si exécrables forfaits cesse ainsi d'en faire, comme l’histoire l'a remarqué, le sépulcre de tes citoyens!

C’est ce peuple, en effet, lui-même, M. F., ce peuple livré par la juste et terrible colère de DlEU à un esprit dépourvu de tout jugement, C'EST CE PEUPLE LUI-MÊME QUI PROVOQUE ET QUI AMÈNE LA RUINE DE SON TEMPLE.

Lui, le premier, met le feu à une partie des magnifiques bâtiments qui le composaient; «le premier, il travaille à la destruction de ces superbes ouvrages.»


Il est vrai que, par ce moyen, les impies qui en ont fait une citadelle, s’imaginent pouvoir mettre le reste ou eux-mêmes à l’abri des atteintes de l’ennemi.

Mais l’ennemi, tout idolâtre qu’il était, pénétré de vénération pour ce saint édifice qu’ils ne respectaient pas eux-mêmes, voulait le leur conserver et aussi les conjura-t-il plusieurs fois de ne point l’obliger, par une plus longue et toujours plus inutile résistance, à le détruire ni a détruire leur ville des murailles, de la plupart des triples murailles, des tours et des forteresses de laquelle il était déjà maître.

Vaines prières, vaines sollicitations; jamais on ne vit un aveuglement et un délire pareils, comme jamais on ne vit de semblables catastrophes, de semblables malheurs, de tels jugements et de si grandes vengeances du TOUT-PUISSANT. Il devient la proie des flammes ce superbe, cet admirable Temple, ce Temple si magnifique et si célèbre; il devient la proie des flammes...


«Les Juifs jettent des cris effroyables. De quelques côtés qu’on tourne les yeux, on ne voit que fuite et que carnage. Le tour de l’autel est plein de monceaux des corps morts de ceux que l’on y jette après les avoir égorgés sur ce lieu saint; des ruisseaux de sang coulent tout le long de ses degrés...

Ardents au pillage et enflammés de fureur, les soldats romains ne pardonnent ni à l’âge ni à la qualité: les vieillards aussi bien que les enfants, et les prêtres comme les laïques passent par le tranchant de l’épée.

Les gémissements des mourants se mêlent au bruit du pétillement du feu, qui gagne toujours plus avant; et l’embrasement devient si grand, si violent qu’il semble que la montagne même sur laquelle le Temple était assis, brûle jusque dans ses fondements et que toute la ville est en feu.

Le sang coule en telle abondance qu’il paraît disputer avec les flammes à qui s’étendra d’avantage. Le nombre de ceux qui sont tués surpasse celui de ceux qui les sacrifient à leur colère et à leur vengeance; toute la terre est couverte de corps morts, et les soldats marchent dessus pour poursuivre par un chemin si effroyable ceux qui s’enfuient.»

Pensant ensuite que, «puisque le Temple était brûlé, il était inutile d’épargner aucun des bâtiments qui en avaient été dépendants, comme il avait jugé inutile d’épargner aucun des sacrificateurs, l’ennemi mit le feu à tous les édifices qui étaient à l’entour, et ainsi ils furent brûlés avec tout ce qui restait des portiques et des portes, excepté les deux qui étaient vers l’orient et vers le midi, qu’ils ruinèrent jusque dans leurs fondements.» (Guerre des Juifs contre les Rom. Liv. VI chap. XXVI. XXVIII. XXIX.)

Ainsi s’accomplirent donc les paroles des Prophètes sur la destruction de ce Temple (Dan. IX. 26. Mich. III. 12); ainsi s’accomplit à la lettre et dans toute sa rigueur la prophétique affirmation de JÉSUS à ses disciples:


EN VÉRITÉ, JE VOUS DIS QU’IL NE SERA LAISSÉ ICI PIERRE SUR PIERRE QUI NE SOIT DÉMOLIE.


Ce qui est digne de remarques, ce qui est singulièrement admirable et nous montre avec quelle précision s’exécutent les décrets et les jugements de DIEU, c’est que ce second Temple fut brûlé le même mois et le même jour qu’un peu plus de sept siècles auparavant l’avait été le premier.

Mais est-ce dans le seul embrasement, la seule destruction de ce saint et superbe édifice et dans la seule mort, ou le seul massacre de ceux des juifs qui furent ensevelis dans ses cendres que devaient consister tous les malheurs de ce peuple, toutes les vengeances dont Dieu avait arrêté de le frapper?


Non, M. F., avec la ruine de son Temple devait être et fut mêlée la ruine de sa ville, sa grande, sa magnifique et sainte ville, la ruine de tout son pays, sa ruine à lui-même; son entière ruine, à l’exception d’un petit nombre qui, pour avoir été préservé de la mort, ne le fut point des justes, des désolants effets de la colère divine, qui devaient s’étendre sur tous.

C’est dans cette ruine universelle, dans toutes ces calamités réunies que nous devons considérer et que NOUS VOYONS ÉCLATER LA GRANDEUR DES JUGEMENTS DE DIEU contre cette nation.

Ces épouvantables et suprêmes jugements que le SEIGNEUR dénonce ou indique et suppose dans notre texte et qu’il explique mieux, qu’il révèlera plus expressément à ses Disciples dans la suite des instructions et des avertissements qu’il leur donne ou des réponses qu’il leur fait à ce sujet.


Mais nous n’aurions pas assez de temps, M. F., pour vous retracer, même en abrégé, l’histoire de tant de douleurs, de tant de calamités. Il faut que nous nous bornions à vous en présenter seulement quelques traits.

Il était si visiblement et si entièrement abandonné de DIEU, ce malheureux peuple, comme déjà nous l'avons posé en fait et comme ce que déjà nous vous avons raconté de ses infortunes n’a pu que vous le rendre sensible et vous en convaincre, qu’il fit l’expérience de l’aveuglement, du délire, de la fureur, de la perversité de l’homme LIVRÉ à lui-même, LIVRÉ à la corruption, à la dépravation de la misérable nature humaine, LIVRÉE à l’affreux empire du Diable, du Prince des ténèbres, du Prince de la puissance de l'air, l'esprit qui agit avec efficace DANS LES ENFANTS DE RÉBELLION. (Eph. II. 2.)

Ce peuple se souilla par des crimes horribles et toujours multipliés, «de tant de crimes exécrables que Jérusalem, cette grande ville qui devait être la ville sainte, semblait n’être plus qu’un lieu de prostitution, d’infamie,» d’impiété, de sacrilèges, d’abominations de toutes sortes.

Au fléau, à l’horrible et désolant fléau de la guerre étrangère, ce misérable peuple ajouta le fléau plus désolant et plus horrible encore de la guerre intestine, de la guerre domestique.

Tournant ses armes contre ses propres citoyens et n’en faisant usage que pour les égorger, à tel point qu’il en fit périr lui-même un plus grand nombre que le fer de ses ennemis dont les armées formidables, étant campées non loin de sa capitale, demeurèrent longtemps dans l’inaction sans s’exposer à des périls superflus pour le combattre, en les voyant s'entretuer avec tant de fureur et de persévérance.


Quel esprit de vertige! Lorsque, impatient cependant de vaincre, d’achever sa conquête, l’ennemi vînt assiéger Jérusalem, de laquelle JÉSUS avait dit qu’elle serait environnée d’armées, les factions qui s’y entredétruisaient se réunissent pour repousser l’ennemi commun.

Mais dès que le combat a cessé, chaque fois qu’il a cessé et que les assaillants sont rentrés dans leurs camps, elles se divisent de nouveau, se font de nouveau la guerre avec acharnement et diminuent..., autant qu’elles le peuvent, le nombre des défenseurs de la patrie dans leurs propres rangs, mais aussi dans la masse de tous les habitants et de tous les étrangers qu’elles ont pris à tâche et à qui mieux mieux, il semble, de mettre horriblement à mort.

Quel délire! quelle fureur! La famine menace ce malheureux peuple; elle commence à se faire sentir au milieu de lui.

Les troupes de l’un de ses chefs de brigands fut suivi, outre les gens qu’il avait de gens armés, de quarante mille autres personnes; «ces troupes inhumaines saccagent tout, lorsqu’encore l’ennemi se tient dans l’éloignement et dans le repos, elles ravagent les villes, les villages, les campagnes, mettent le feu partout et prennent plaisir à marcher à travers les terres ensemencées, pour les rendre ainsi plus dures que si elles n’eussent jamais été cultivées.» (Guerre des Juifs. Liv. IV; Ch. XXXII.)

Quel délire! quel esprit d’étourdissement! quelle frénésie! quelle rage! ils auraient pu l'éviter la famine qui devait bientôt les désoler; qui devait bientôt désoler tout Jérusalem!

Ils auraient bien pu l’empêcher les partis qui se disputaient la domination et la tyrannie, mais après avoir apporté dans les campagnes et les villes environnantes, la dévastation, l’incendie et le carnage dans la capitale, ils mettent le feu dans les maisons même pleines de blé et de beaucoup d’autres provisions.

Qui le croirait, et qui ne verrait pas, appesantie sur ce peuple, la main vengeresse de DIEU, qui ne reconnaîtrait pas l’abandon dans lequel DIEU le laissait et L’ESPRIT D’ÉGAREMENT auquel il l’avait livré?

Une incroyable quantité de blé avait été rassemblée dans Jérusalem, une si grande quantité qu’elle aurait suffi pour soutenir le siège durant plusieurs années et pour les mettre à l’abri de la famine qui contribua à la prise de la ville:

«Eh! bien, ces furieux, ces monstres d’inhumanité autant que d’impiété, qui ne voient pas ou qui ne se soucient pas de voir que la domination à laquelle ils aspirent si cruellement, si barbarement ne pourra bientôt plus s’exercer que sur les cadavres de leurs concitoyens et les ruines de leur villes, ces forcenés, ces hommes du Démon, réduisent tout ce blé en cendres, à la réserve d’une très petite quantité, avec les maisons qui le renfermaient. (Ibid. Liv. V Ch. III.).


Il fallait donc qu’il arrivât cet autre fléau, la famine, la dévorante et horrible famine! Ce fléau plus cruel, peut-être plus douloureux, plus déchirant que tous les autres!

Il fallait donc que ce fléau entrât dans les moyens de vengeance dont DIEU voulait se servir pour exécuter SES TERRIBLES JUGEMENTS SUR CE PEUPLE RÉPROUVÉ!

Il fallait que tous les fléaux se réunissent, car la peste lui fit aussi éprouver ses ravages, que tous les fléaux se réunissent pour le désoler et le détruire.


Combien ne fut-elle pas affreuse, cette famine que LES JUIFS EUX-MÊMES, exécuteurs de tant de manières des grands jugements de DIEU contre eux, amenèrent sur eux! Cette famine, qui «réduisit les malheureux habitants de Jérusalem à une telle extrémité qu’ils allaient jusque dans les égouts chercher de la fiente de bœuf pour s’en nourrir et d’autres ordures dont la seule vue donnait de l’horreur...»

Cette famine si pressante «quelle en contraignait un grand nombre à sortir de la ville assiégée pour tâcher de trouver des vivres, des herbes pour eux, pour leurs femmes et leurs enfants au risque de tomber entre les mains de l’ennemi et d’être crucifiés à la vue de leurs concitoyens.

C'était-là le traitement infligé pour obliger la ville à se rendre. L’ennemi le faisait subir à ceux qui étaient pris, et il ne se passait pas de jour que l’on n’en prit jusqu'à cinq cents, même d’avantage, de telle sorte qu'on ne pouvait suffire à faire des croix et à trouver de la place pour les planter»

Cette famine qui, lorsque l'ennemi compatissant épargnait la vie à ceux qui se réfugiaient dans son camp, exposait ceux qu’elle portait à tenter de profiter de cette grâce à une mort plus prompte de la part des factieux (des révoltés), qui les poursuivaient pour les tuer ou qui fermaient et gardaient les portes pour les tuer sur place, sans les poursuivre ou pour les empêcher d’essayer de sortir et d'échapper aux déchirements de la faim.

Cette famine «allait toujours croissant;» elle remplit en peu de temps et infecta la ville de corps morts, «la quantité n’en étant pas moindre que si quelque grande bataille eût été donnée en dedans des murailles»; elle «consuma une grande partie du peuple» et réduisit le reste à un tel état de détresse et de dépérissement que ni les hommes, ni les femmes, ni les enfants qu'elle n’avait pas encore achevés de dévorer, n’avaient presque plus des figures humaines!...

Cette famine qui, sur le moindre soupçon qu’il restait quelque chose à manger dans une maison portait à lui déclarer la guerre;

Elle faisait devenir ennemis les meilleurs amis en les poussant à se voler ce qu’ils pouvaient les uns aux autres pour soutenir leur vie;

Elle faisait perdre tout respect en étouffant tout amour,

Elle portait «les femmes à arracher le pain des mains de leurs maris, les enfants des mains de leurs pères, et, ce qui surpasse tout ce que l'on peut croire, les mères des mains de leurs enfants

Cette famine enfin, cette effroyable et horrible famine qui jeta dans un si barbare et si inconcevable désespoir que cette dame, cette malheureuse mère qui, dans les affreux aiguillons de la faim qui la dévorait et dans la fureur dont elle fut transportée, arracha elle-même son fils de son sein, lui donna la mort, ô horreur! ô abomination des abominations! «le fit cuire et en mangea une partie, cachant le reste» pour une autre fois....


Je voulais, M. F., épargner votre sensibilité, votre humanité, en m’abstenant de vous rapporter un crime si exécrable, une action qui fait si grandement horreur à la nature, l’action la plus détestable, comme la plus révoltante du monde...

Mais pourquoi passer sous silence, me suis-je dit ensuite, ce qui est le plus propre, par l’excès même du crime et de l’abomination, à nous montrer l’incompréhensible et inexprimable extrémité à laquelle fut réduit LE PEUPLE RÉPROUVÉ, LE PEUPLE MAUDIT au milieu duquel se passaient de telles choses.

C'est ce qui est le plus propre à nous montrer LE COMBLE DE LA MESURE DES MAUX, des calamités que LES TRÉSORS DE LA COLÈRE DIVINE versaient sur lui! La grandeur, l’inimaginable grandeur des jugements dont le TRÈS-HAUT l’accablait!

C'est ce qui est le plus propre à nous instruire, en nous faisant comprendre combien sont REDOUTABLES, combien sont TERRIBLES les fureurs du TOUT-PUISSANT; jusqu’à quel point elles peuvent nous poursuivre, à quelles effroyables extrémités elles peuvent nous réduire ou nous pousser et dans quelles angoisses, quelles désolations, quelles horreurs elles peuvent nous jeter! (Guerre des Juifs. Liv. V. Ch. XXVII. XXXVII. Liv. – VI. Ch. I. XX. XXI.)


Mais finissons, hâtons-nous de finir le récit, quelque incomplet qu’il soit et qu’il doive être, le sombre, le lugubre et épouvantable récit de tant de calamités, de tant et de si extrêmes effets DES VENGEANCES DU TOUT-PUISSANT.

Elle tombe enfin au pouvoir de l’armée ennemie, cette grande, cette magnifique et malheureuse ville, de laquelle, le Général Romain, en y entrant, ne peut assez admirer les fortifications et ne peut voir, sans étonnement, la force et la beauté des principales tours qui la défendaient, leur hauteur, leur largeur et la grandeur toute extraordinaire de leurs pierres, aussi bien que l'art avec lequel elles avaient été jointes ensemble, ce qui le porte à s’écrier: «il paraît bien que DIEU a combattu pour nous et a chassé les Juifs de ces tours, puisqu’il n’y avait point de forces humaines, ni de machines qui fussent capables de les y forcer»

Elle tombe enfin au pouvoir de l’armée ennemie, cette immense et si populeuse ville où était alors rassemblé presque tout le peuple Juif qui s’y était rendu à l’occasion de l’une de ses fêtes solennelles et s’y était trouvé enfermé et assiégé, lorsque DIEU avait voulu faire fondre sur lui les feux de sa colère.

DIEU achève, en effet, alors, de lancer sur lui les traits de son courroux, les foudres de ses vengeances: les soldats répandus dans toute la ville tuent sans distinction ceux qui se présentent à leur vue et brûlent toutes les maisons avec les personnes qui s’y étaient retirées.

Ceux qui entrent, pour piller, dans quelques-unes des maisons, les trouvent pleines de corps des familles tout entières que la faim y avait fait périr, et l’horreur d’un tel spectacle les fait sortir les mains vides.

Mais ce qui semble les toucher de quelque compassion pour les morts, ne les rends pas plus humains envers les vivants; ils tuent tous ceux qu'ils rencontrent: le nombre des corps entassés les uns sur les autres est si grand qu'ils bouchent les avenues des rues, et le sang dans lequel la ville nage éteint le feu en plusieurs endroits. Le meurtre cessait le soir et l'embrasement augmentait la nuit.


Ainsi finit Jérusalem (Ub. Supr. Ch. XLII.), ainsi cette superbe et célèbre ville subit le sort que venait de subir son célèbre et superbe Temple; elle fut saccagée, renversée, brûlée et ruinée jusque dans ses fondements.

Tout fut effacé, tout disparut.

Des monceaux de ruines, de cendres, et une affreuse sollitude, voilà tout ce qui resta de cette cité magnifique, naguère si peuplée et si florissante, et dont «le siège, dont le seul siège et la ruine coûtèrent la vie à onze cent mille Juifs

Ceux qui échappèrent aux flammes, à leurs propres déchirements, à la famine, à la peste, à la mort qui se présentaient aux vainqueurs sous tant de faces plus horribles les unes que les autres, furent emmenés captifs, épargnés à cette fin par le fer de l'ennemi et disséminés en diverses provinces romaines:

Les uns, pour être livrés aux bêtes féroces, pour combattre les uns contre les autres et se déchirer, se tuer mutuellement, donnés en spectacle aux peuples vainqueurs, où être dévorés par les bêtes auxquelles ils devaient quelques instants disputer leur vie pour divertir, par un autre genre de spectacle barbare, les barbares spectateurs dont l'âme endurcie, et devenue cruelle, était accoutumée à voir couler, sans émotion, peut-être, et sans humanité, mais avec une horrible joie, le sang de leurs semblables.

Les autres, pour éprouver l'humiliation et avoir la douleur de survivre à la ruine de leur pays et de leur nation, pour la faire renaître en quelque sorte, pour la faire revivre, mais disséminée et opprimée en laissant des enfants esclaves et malheureux, qui devaient se répandre sur tous les points du globe pour être en tous lieux:


Des monuments vivants, de génération en génération, des terribles jugements de DIEU et du fidèle accomplissement des prophéties écrites dans leurs propres livres sacrés. (Deut. XXVIII, 28, 49-50, 52-54, 62-64. Dan. IX. 26. 27. Mich. III. 12.), aussi bien que dans l’évangile (Matth. XXIV. Marc. XIII. Luc. XIX. 43-44, XXI.).

Des monuments vivants annonçant leurs célèbres malheurs et leur dispersion elle-même, cette dispersion si fameuse et si longue dont ils sont encore affligés (document publié en 1824) et dans laquelle, comme dans l’oppression et les mépris qui en sont ordinairement les effets, ils doivent gémir jusqu’à ce que toutes les nations idolâtres aient été appelées à l’Alliance de miséricorde, et qu’eux-mêmes alors ils renoncent à ce nom si malheureux que la colère de DIEU n’a cessé de poursuivre depuis l’arrêt de condamnation prononcé contre leur criminelle nation, pour prendre celui des nouveaux enfants de DIEU, des nouveaux enfants d’Abrabam, du nouveau peuple élu, de la famille universelle, qui s’accroît tous les jours et qui tire son nom de celui qui l’a engendrée par sa grâce et l’a rachetée par son sang.


* * *


Mais d’où vient que ce premier peuple fut ainsi répudié de DIEU, qu’il fut abandonné, condamné, maudit, que son Temple et sa principale ville furent renversés, réduits en cendre que tout son pays fut désolé, que tant et de si grands malheurs, de si extrêmes calamités fondirent sur lui?...

M. F., de cela même et de cela seul que CE PEUPLE CRIMINEL et qui avait besoin d’être racheté de ses crimes, de ses iniquités, déjà en très grand nombre, ce peuple méconnut rejeta le CHRIST, le FILS UNIQUE et ÉTERNEL de DIEU, le SAUVEUR des hommes pécheurs et perdus.

Oui, M. F., les péchés, les crimes de ce peuple:

SON ÉTAT NATUREL DE CONDAMNATION,

SON INCRÉDULITÉ et SON MÉPRIS de l'unique moyen de grâce, voilà les causes, les deux causes qui se réduisent même à une seule de sa réprobation et de ses désolations, de sa ruine.


Premièrement, M.F., ce peuple était comme tous les autres peuples, dans un état de péché.

Il était même dans une profonde corruption, excessivement transgresseur des commandements de DIEU par l'effet du péché, des abondants fruits de ce péché naturel à tous les hommes.

Il était souillé des vices les plus odieux, coupables des crimes les plus criants, les plus révoltants, coupable de toute sorte de violations de la loi sainte du SEIGNEUR.

Lisez ce qu'en dit l’Apôtre Saint Paul dans les second et troisième chapitres de son épître aux Romains, où après avoir décrit la dépravation et les infamies, les abominations des Païens, il commence par affirmer que les Juifs commettaient les mêmes choses. (Rom. II, III)

Voyez aussi, dans les Évangiles, les censures, les qualifications par lesquelles le SEIGNEUR, le divin Prophète, le parfait scrutateur des coeurs et des reins et le souverain Maître des hommes, les caractérisait et les couvrait de honte ou les notait d’infamie.

Ils étaient donc sous la condamnation DANS LAQUELLE SONT NATURELLEMENT TOUS LES HOMMES, tous les peuples pécheurs; et ils avaient rendu leur condamnation plus grande par tous les fruits du péché qui, semblables à des arbres mauvais et maudits, en avaient portés avec abondance.

Cette sentence, tout arbre qui ne porte point de bons fruits, sera coupé et jeté au feu, (Matth. III, 10.) devait donc s’exécuter contre eux qui n’en produisaient que de mauvais.

Nous savons que le jugement de Dieu est selon la vérité sur ceux qui commettent de telles choses, dit Saint-Paul (Rom. II, 2.), qui commettent les crimes, les péchés, les affreux désordres dont se rendaient coupables les Juifs, comme les Païens.

Il y aura tribulation et angoisse SUR TOUTE ÂME D'HOMME QUI FAIT LE MAL (Rom. II. 9.).

Les païens eux-mêmes, encore qu’ils ne se fussent point souciés de connaître DIEU, connaissaient le droit de DIEU, savoir que ceux qui commettent de telles choses sont dignes de mort (Rom. I, 28-32.).

Les Juifs ne pouvaient donc pas l’ignorer, les Juifs à qui DIEU avait révélé ses Perfections adorables et donné sa Loi sainte.


S’il était écrit dans cette divine Loi: I'homme qui aura fait ces choses, c’est-à-dire, qui aura gardé les statuts et les ordonnances de L’ÉTERNEL, qui n’en aura point transgressé, mais qui les aura parfaitement observés, c’est-à-dire encore, celui qui n’aura point fait de péché, mais qui aura toujours obéi à DIEU, s’il était écrit dans leur divine Loi; l'homme qui aura fait ces choses, vivra par elles (Lev. XVIII, 5. Ezéch. XX, 11.)

Il y était aussi écrit, de même que dans leur conscience: maudit est quiconque ne persévère point dans toutes les choses qui sont écrites au Livre de la Loi, pour les faire (Deut. XXVII, 26.), c’est-à-dire, maudit est quiconque transgresse la Loi, quiconque l’observerait dans un temps, pendant un temps et la violerait dans un autre: MAUDIT EST QUICONQUE COMMET LE PÉCHÉ!

Ils méritaient donc la malédiction; ils méritaient donc tous les maux, quelle qu’en fût la grandeur, que la Colère de DIEU fit fondre sur eux, car qui pourrait comprendre et déterminer la grandeur et le nombre des calamités qui doivent tomber sur un peuple maudit? (Voy. Deut. XXVIII. 15-68.).


Secondement, quelque criminel que fût ce peuple, quelque condamnation qu’il méritât, de quelques malédictions qu’il dût être frappé, accablé, désolé, selon la justice parfaite et éternelle de DIEU:


IL Y AVAIT POUR LUI UN MOYEN D’ÊTRE PRÉSERVÉ DE TOUS CES MAUX.


IL Y AVAIT POUR LUI UN MOYEN DE GRÂCE, DE PARDON, un moyen de voir remplacées même par la bénédiction, par une bénédiction infinie, inépuisable et éternelle toutes les affreuses malédictions qui vinrent sur lui et toutes celles plus affreuses encore qui lui étaient réservées dans l’éternité.

Ce moyen, c’était celui qui est maintenant et depuis la notable époque de la condamnation et de la réjection de ce premier peuple, proposé à tous les autres peuples, dignes aussi de condamnation, que DIEU a appelés ou appelle encore par grâce à son Alliance de miséricorde, qu'il a appelés ou du sein desquels il a appelé et appelle encore ses élus, pour qu’ils lui composent, tous ensemble, un nouveau peuple, un peuple universel, qui lui appartienne en propre et qui soit zélé pour les bonnes œuvres (Tite II. 14), à qui il donne sa paix et à qui il destine l’héritage de son Royaume...


ce moyen, c’était celui de la Rédemption

que nous avons en JÉSUS-CHRIST

(Eph. I. 7. Col. I, 14.)!


Ce moyen du salut, du grand et éternel salut, que JÉSUS-CHRIST, navré pour nos forfaits, froissé pour nos iniquités (Ésaïe LIII, 5), FAIT MALÉDICTION POUR NOUS (Gal. III, 13); ce salut destiné aux pécheurs, aux plus insignes, comme aux moindres des pécheurs, des méchants, des criminels; mais SEULEMENT À CEUX D’ENTRE EUX QUI CROIENT EN LUI, qui le regardent comme le SAUVEUR et comme leur SAUVEUR...


... ceux qui reconnaissent, que

SANS LUI, SANS SES MÉRITES, SANS SA GRÂCE,

ils étaient entièrement et éternellement perdus, rejetés, maudits de DIEU.


C'est ainsi qu'ils le reçoivent dès lors avec amour et avec joie comme leur libérateur, leur céleste ami, leur divin RÉDEMPTEUR.

Ils le reçoivent dans leur esprit, dans leur cœur, car IL veut y venir spirituellement, IL veut y descendre, y habiter et y apporter, y déposer, y accroître à jamais les ineffables grâces dont IL est la source éternelle....

.... ce salut cet inappréciable salut qui se trouve en LUI, qui s’obtient par LUI, parce qu’il est la vie éternelle, qui était au commencement avec le PÈRE (I. Jean I. 2.), et l'agneau de DIEU, qui ôte le péché du monde (Jean. I, 29).

DIEU l'a établi DE TOUT TEMPS pour être la victime de propitiation par la foi en son sang, afin de montrer sa justice, par la rémission des péchés précédents; afin d'être trouvé juste et justifiant celui qui est de la foi de JÉSUS (Rom. III, 24. 25.).

Or ce moyen, cet unique moyen de grâce:

les Juifs, à l’exception d’un très petit nombre qui devinrent disciples de JÉSUS, qui crurent en JÉSUS et se réfugièrent dans son sein,

les Juifs, cette nation si criminelle, coupable, de tant de rebellions contre DIEU, de tant de péchés, qui aurait dû si fortement sentir le besoin qu'elle avait de la miséricorde et de la paix de DIEU:

les Juifs ne l’acceptèrent point;

ils ne le reçurent point,

ils ne l’embrassèrent point, ce salut, cet indispensable salut, sans lequel tout peuple, tout homme périt,

ils n’y recoururent point;

ils n’en tinrent aucun compte;

ils n’en firent aucun cas;

ils le dédaignèrent;

ils le méprisèrent;

ils le rejetèrent:

ils rejetèrent celui qui le leur apportait, qui venait le leur acquérir au prix de son sang!


Ils rejetèrent le Fils de l'homme qui venait pour chercher et sauver ce qui était perdu (Luc. XIX, 10.), qui venait pour les chercher et les sauver, eux, les premiers, le premier peuple choisi, le peuple privilégié, le peuple bien-aimé, béni, comblé de bienfaits à qui DIEU avait accordé tant de faveurs, pour l’affranchissement, la conservation, la prospérité, la régénération et le salut duquel il avait fait tant de prodiges, tant de miracles, et déployé avec tant de tendresse, tant de sollicitude et de persévérance la vertu de sa grâce, de son Esprit de lumière et de sanctification, comme la vertu de son bras tout puissant;

Ils rejetèrent le FILS de DIEU, le FILS UNIQUE et ÉTERNEL de DIEU; l’ADMIRABLE, le CONSEILLER, le DIEU FORT et PUISSANT, LE PÈRE d’ÉTERNITÉ, le PRINCE de PAIX (Ésaïe IX. 5.), le SAUVEUR du monde.


VOILÀ DONC LA VÉRITABLE CAUSE DE LEUR RÉPROBATION,

de leur condamnation si terrible déjà sur la terre, de leur malédiction si épouvantable.


C’est ici le sujet de la condamnation que la Lumière est venue au monde, et que les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la Lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises (Jean. III, 19.).

Elle était au monde, et le monde a été fait par elle, mais le monde ne l’a point connue. Il est venu chez soi; et les siens ne l’on point reçu (Jean I, 10-11.).

Tout dépendait de cette seconde cause.

Si elle n’eût point existé, la première était anéantie, c’est-à-dire, que s’ils n’eussent point rejeté le SAUVEUR, s’ils eussent cru en lui, leurs péchés, TOUS leurs péchés, TOUS leurs crimes LEUR EUSSENT ÉTÉ PARDONNÉS, et ils n’eussent point péri.

Mais cette seconde et décisive cause de condamnation, leur incrédulité, leur refus de recevoir le SAUVEUR, de croire en lui et de chercher en lui leur salut, laissa à la première toute son action, tous ses droits; elle leur laissa tous leurs péchés, toutes leurs rébellions, tous leurs crimes, EN Y AJOUTANT UN CRIME NOUVEAU, le plus grand de tous les crimes:


celui du mépris du FILS de DIEU,

de l’outrage envers le DIEU-SAUVEUR


Il les avait pourtant visités avec ses compassions, étant venu pour les sauver de l’outrage le plus odieux!

Les sauver de l’ingratitude la plus monstrueuse envers le PÈRE CÉLESTE et ÉTERNEL qui leur avait envoyé et donné son FILS UNIQUE et BIEN-AIMÉ pour faire l’expiation de leurs péchés et les délivrer de la perdition.


AINSI LA CONDAMNATION DEMEURE SUR EUX, ainsi ils la retiennent sur leur tête, sur leur tête criminelle, qu’ils rendent plus criminelle, plus horriblement criminelle encore; et non seulement ils la rendent telle, en rejetant, en faisant mourir le SAINT et le JUSTE par les mains des méchants, mais aussi en laissant ouverte au dedans d’eux, par l’effet de cette même réjection du SAUVEUR, rendant même plus active et plus abondante la source des vices, des crimes, des péchés sans nombre dont ils se souillèrent de plus en plus, dont ils souillèrent leur Temple et leur ville de la manière la plus exécrable, privés, comme ils l’étaient, de la grâce du SEIGNEUR, abandonnés de DIEU et livrés à la puissance du Diable.

Ainsi par leur incrédulité et leur impénitence, car l’impénitence et l’incrédulité sont deux horribles et funestes monstres qui habitent ensemble dans les âmes et ne vivent jamais l’un sans l’autre, se prêtant un mutuel secours, soit pour mieux s'emparer du cœur de leurs victimes, soit pour mieux les dévorer ou les mieux perdre...

... Par leur incrédulité et leur impénitence ils s'amassent la colère pour le jour de la colère et de la manifestation du juste jugement de DIEU (Rom. II 5.), tandis qu’ils auraient pu voir cette colère et ce jugement, ce terrible jugement s’éloigner d’eux s’ils avaient reçu avec amour ce JÉSUS, ce SAUVEUR tout puissant et tout miséricordieux, qui avait LUI-MÊME tant d’amour pour eux.

Ce SAUVEUR qui les avaient aimés le premier qui les avait appelés à LUI avant tout les autres peuples, appelés au salut qui était et qui est éternellement en LUI!


SI, après avoir résisté à sa voix, à ses douces et touchantes exhortations, à ses invitations si tendres, si miséricordieuses et tant de fois renouvelées, à tous les soins assidus de son amour, de ses vives et compatissantes sollicitudes, à ses terribles avertissements,

SI, après l’avoir inutilement suivi dans tant d’occasions dépourvus, presque tous du moins, dépourvus d’amour et de foi ou n’avant qu’une foi temporaire, et avoir fini par le méconnaître, par s’élever contre Lui,

SI, après l’avoir rejeté, crucifié... ils étaient revenus à lui, s'ils s'étaient spirituellement abattus au pied de la Croix, au pied du trône de sa Grâce, humiliés, repentants, pleurant sur leur précédent aveuglement, sur leur malheureuse impiété, sur leurs péchés, sur leurs crimes, en entendant ses messagers de paix, ses Apôtres, leur prêcher son amour et sa miséricorde; les appeler, les convier encore en son NOM et de sa part à la repentance et à la vie; LEUR DÉCLARER QU'ILS AVAIENT ENCORE ACCÈS POUR EUX PAR SES MÉRITES AU TRÔNE DES COMPASSIONS ÉTERNELLES... mais ils sont obstinés, endurci, incrédules sans remède et sans retour; ils continuent d’être impies et méchants, rebelles et meurtriers.


Les envoyés du SEIGNEUR, les Prédicateurs de son Évangile, ses messagers de paix, ils les persécutent, ils les mettent à mort, comme leurs pères avaient mis à mort les Prophètes, comme eux-mêmes ils avaient fait mourir le PROPHÈTE des Prophètes, le ROI de gloire, le FILS du MAÎTRE de la vigne (Marc. XII 6. 8.) le FILS du ROI qui les avait conviés aux noces de ce divin ÉPOUX (Matth. XXII, 2.).

Ainsi ils achèvent de remplir la mesure de leurs pères (Matth. XXIII, 32.); et ils réalisent tout ce que JÉSUS, par son Esprit de science et de prophétie, lorsqu'il était encore au milieu d’eux, voyait d’avance toutes ces choses, voyait tout leur endurcissement et tous les égarements, toutes les fureurs de leur incrédulité, de leur inimitié contre Lui, contre DIEU, parce qu’ils ne connaissaient ni Lui ni Son Père (Jean XVI, 3.).

Ils accomplissent tout ce que JÉSUS leur avait prédit par cette apostrophe et cette déclaration: Serpents, races de vipères.

Ainsi leur parlait-il quelques instants avant d'adresser à ses Disciples les paroles de notre texte, EXPLIQUANT LUI-MÊME la cause, la grande cause des malheurs, de la ruine, des désolations qui allaient fondre sur eux et que ses prophétiques paroles annonçaient:

Races de vipères! Comment éviterez-vous le supplice de la géhenne?

Car voici, je vous envoie des Prophètes, et des sages, et des scribes, vous en tuerez, vous en crucifierez, vous en fouetterez dans vos synagogues, et vous les persécuterez de ville en ville, afin que vienne sur vous tout le sang juste qui a été répandu sur la terre, depuis le sang d'Abel le juste, jussqu'au sang de Zacharie, que vous avez tué entre le Temple et l'autel. En vérité je vous dis, que toutes ces choses viendront sur cette génération (Matth. XXIII. 33-36).


Oh! quel besoin ils avaient d'être lavés de leurs péchés, de leurs crimes par le sang de ce même JÉSUS qu’ils devaient eux-mêmes immoler et qui ENCORE APRÈS CE CRIME, après cette horrible impiété; VOULAIT LEUR PARDONNER, LEUR PARDONNER CE CRIME ET TOUS LES AUTRES, S’ILS SE FUSSENT REPENTIS!

Oh! quelle grâce ils rejetèrent!

Quel SAUVEUR ils méconnurent!

Quel amour! Quelle tendresse il avait pour eux, malgré toute l'ingratitude, tous les mépris, tous les outrages qu’il avait déjà éprouvés de leur part, et tous ceux, plus insignes (remarquables) encore, qu’il savait qu’ils lui réservaient!

Comme il était ému sur leur sort!

Comme il aurait encore voulu les sauver!

O ingrats! ô malheureux! ô insensés et ennemis de vous-mêmes, comment ne fûtes-vous pas vous-mêmes touchés de compassion comme Lui sur vous mêmes?

Comment ne vous convertîtes-vous pas à Lui?

Comment ne tombâtes-vous pas à ses pieds, en les Lui arrosant de vos larmes, comme cette femme pécheresse à laquelle il avait rendu la paix, de laquelle il avait pardonné tous les péchés qui étaient en grand nombre (Luc VII, 47.) vous ayant montré par cet exemple, comme par tant d’autres, QU’IL SAVAIT PARDONNER LES PÉCHÉS, qu’IL en avait la puissance, comme la bonne volonté?

Comment ne Lui demandâtes-vous pas grâce et miséricorde, puisqu’IL était prêt à conjurer tous les orages, à retenir toutes les foudres qui allaient fondre sur vous?

Comment ne poussâtes-vous pas vers Lui un soupir, un seul soupir, un seul gémissement, et ne versâtes-vous pas une seule larme en sa sainte présence, une seule larme sur son sein miséricordieux, car c’est là qu’elle serait tombée, comme c'est là que tombent toutes les larmes des pécheurs, et c’est là qu’elle aurait été recueillie, c’est là qu’elle vous aurait ouvert les trésors de grâce et de miséricorde qui sont inépuisables dans le DIEU de miséricorde!

Comment, oui, comment ne fûtes-vous nullement émus de compassion sur vous, et nullement portés à vous repentir, à vous prosterner à ses pieds, ou à vous jeter dans ses bras, en le voyant pleurer LUI-MÊME sur vous, sur votre ville, et vous avertir encore ainsi, vous conjurer encore si tendrement et si miséricordieusement de vous convertir a Lui, de vous réconcilier par Lui avec le Père, de recevoir la médiation qu’Il vous offrait, le baiser de paix et le pardon qu’iL était prêt a vous donner!

Et quand il fut proche, voyant la ville, il pleura sur elle, disant: O si toi aussi eusses connu, au moins en cette tienne journée, les choses qui appartiennent à ta paix! mais MAINTENANT ELLES SONT CACHÉES DEVANT TES YEUX.

Car les jours viendront sur toi que tes ennemis t'environneront de tranchées, ils t'enfermeront, et t'enserreront de tous côtés: et te raseront, toi et tes enfants qui sont au dedans de toi, et ils ne laisseront en toi pierre sur pierre, PARCE QUE TU N'AS POINT CONNU LE TEMPS DE TA VISITATION  (Luc XIX, 41, 44.) 

Jérusalem, Jérusalem! qui tues les Prophètes, et qui lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants, comme la poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous ne l'avez point voulu!

Voici, votre maison va devenir déserte. Car je vous dis, que désormais VOUS NE ME VERREZ PLUS, JUSQU'À CE QUE VOUS DISIEZ: BÉNI SOIT CELUI QUI VIENT AU NOM DU SEIGNEUR! (Matth. XXIII, 37-39.).


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Quoi! nous sommes étonnés de tant d’aveuglement, d’un si grand endurcissement, d’une si obstinée incrédulité ou d’une telle inimitié contre CHRIST, contre DIEU; nous sommes étonnés d’une si profonde insensibilité ou d’une sécurité si funeste à l’égard des maux, des maux si affreux, si accablants qui devaient bientôt venir sur eux et nous-mêmes!

M. F., nous-mêmes, nous sommes peut-être dans une semblable sécurité, dans un péril aussi imminent, sans nous en douter ou sans vouloir le croire, si l’Évangile nous en avertit, SI LE SEIGNEUR NOUS LE DÉCLARE LUI-MÊME PAR SON ÉVANGILE, ou s’il veut nous l’assurer par notre conscience.

Nous sommes peut-être frappés ou un grand nombre d’entre nous et de ceux que nous appelons ou que nous devrions mieux appeler nos frères, frappés d’un aveuglement aussi étrange; coupables d’une incrédulité aussi fatale...

Ah! rentrons, rentrons sans plus tarder en nous-mêmes, si déjà nous n’avons commencé à faire sur nous-mêmes un retour salutaire, si déjà notre cœur, notre conscience ne nous a avertis que LES JUIFS NE FURENT PAS SEULS COUPABLES DEVANT DIEU; seuls coupables contre soin OINT, et seuls dignes de ses épouvantables Jugements...

Se pourrait-il que nous les eussions aussi encourus ses jugements si redoutables, si consumants, ET QU’ILS FUSSENT AUSSI PRÊTS À S’EXERCER SUR NOUS, sur plusieurs, sur un grand nombre d’entre nous et d’entre les autres membres de nos Églises?

C’est ce qu’il nous importe bien grandement d’examiner M. F., de rechercher et de reconnaître très scrupuleusement, très sérieusement; ce sera l'objet d'une seconde partie de notre discours. (non disponible sur ce site)


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Gardez-vous de refuser d’entendre celui qui parle; car SI CEUX-LÀ N’ONT PAS ÉCHAPPÉ QUI REFUSÈRENT D’ENTENDRE CELUI QUI PUBLIAIT LES ORACLES SUR LA TERRE,

combien moins échapperons-nous, si nous nous détournons de celui qui parle du haut des cieux, lui, dont la voix alors ébranla la terre, et qui maintenant a fait cette promesse:

UNE FOIS ENCORE J’ÉBRANLERAI NON SEULEMENT LA TERRE, MAIS AUSSI LE CIEL.

Ces mots: UNE FOIS ENCORE, indiquent le changement des choses ébranlées, comme étant faites pour un temps, afin que les choses inébranlables subsistent. (Hébr XII, 25-27)


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