Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHANSON HUGUENOTE CHANTÉE À METZ

ET BRÛLÉE PAR LE BOURREAU.

1657

Un comportement bien loin de l'oecuménisme du 21e siècle!

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M. le pasteur O. Cuvier vient de donner une réimpression textuelle de la Persécution de l'Église de Metz, par Jean OLRY, publiée à Hanau en 1690, ouvrage de la plus grande rareté, que nous avions fait connaître par une analyse (VI, 345).

M. Cuvier a joint à cet ancien récit des notes, des appendices, ainsi qu’une notice sur son auteur et sur l'histoire des réformés de Metz. Il y retrace, en une cinquantaine de pages substantielles et fort instructives, leurs annales à partir de 1521, les suivant dans le Refuge et au Désert, jusqu’à la réorganisation d'un culte régulier en 1802, suivant l’ordre des dates, et indiquant soigneusement ses sources.

On doit remercier M. Cuvier d'avoir rendu ce bon service à l'Église des Guillaume Farel, des Paul Ferry, des Ancillon.

Toutes les pièces justificatives n’ont point trouvé place dans le travail de M. Cuvier, et il en est une, se rapportant à l’année 1657, qu’il n’a pu que mentionner, mais que nous publierons, profitant de la communication qu’il avait bien voulu nous en faire antérieurement.

C’est une chanson qu’il a trouvée aux Archives du département de la Moselle (fonds 61, n° 207), chanson, faite et chantée, est-il dit, par les hérétiques de Metz, au mois de juillet 1657, et brûlée en la place publique par l’exécuteur de la haute justice, y assistant quelques-uns de ceux qui l’avaient chantée.

Voici cette chanson si criminelle:


Chanson huguenote.


Retirez-vous, papistes,

Venez à Jésus-Christ;

Soyez évangélistes,

Et laissez l'Antéchrist.

Ne croyez point aux fables

Que vos prestres (prêtres) menteurs

Disent être véritables:

Ce sont des abuseurs.


Ne croyez point qu'à Rome

Se donnent des pardons:

Ce n'est point à un homme

De donner de tels dons.

C'est la bonté divine,

Par Jésus, seul Sauveur,

Qui est la médecine

De l'âme du pécheur.


Les romains font risée (se moquent)

De notre profession,

Parce qu'elle n'est (pas) fondée

Sur la tradition,

Mais dessus l'Écriture,

Qui contient vérité.

Rejette toute ordure

Et toute vanité.


Si vous voulez, fidèle,

Être à Dieu tout-puissant,

Servez-le avec zèle,

Comme il va commandant,

Et non selon les hommes,

À bonne intention,

Car à Dieu plus qu'aux hommes

Devons sujétion (soumission).


Le service agréable

Qu'on doit au Tout-Puissant

Est écrit aux deux tables

De ses commandements.

Le Sauveur, Dieu et homme,

Nous dit, en saint Matthieu,

Que tout le monde en somme

Peut prier un seul Dieu.


Vous faites des services

Qui ne sont (pas) commandés,

Faisant le sacrifice

À vos saints trépassés.

Votre foi n'est pas bonne,

N'étant point assurée

Que Jésus Dieu et homme

Vous aie racheté.


Les prêtres vous font croire,

Pauvres gens abusés,

Qu'il est un purgatoire

Pour purger les péchés,

Et qu'il donne liesse

Aux âmes des pauvres gens

En chantant plusieurs messes

MAIS IL FAUT DE L'ARGENT.


Abusés que vous êtes,

Laissez donc cet abus.

Venez, venez au prêche,

Pour bien prier Jésus;

Sortez de Babylone,

Ainsi qu'il est écrit;

On prie, et on raisonne

Avec Jésus-Christ.



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