Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

L’EXAMEN DES CHRÉTIENS

sermon sur Apocalypse III: v. 3

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(note de la bibliothèque «Regard»: nous avons modifié certaines constructions de phrase afin de rendre le texte plus facile à comprendre; le texte original fut publié en 1718 en français ancien.)


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Écris aussi à l'Ange de l'Église de Sardes; Celui qui a les sept Esprits de Dieu et les sept étoiles; dit ces choses; Je connais tes œuvres c'est que tu as le bruit de vivre, mais tu es mort.

Sois vigilant et confirme le reste qui s'en va mourir: car je n’ai pas trouvé tes oeuvres parfaites devant Dieu.

Souviens-toi donc de ce que tu as reçu et appris, garde-le, et te repends. Que si tu ne veilles, je viendrai contre toi, comme le larron, et tu ne sauras à quelle heure je viendrai contre toi.

Écrits à l’ange de l’Église de Sardes: Voici ce que dit celui qui a les sept esprits de Dieu et les sept étoiles: Je connais tes oeuvres. Je sais que tu passes pour être vivant, et tu es mort.

Sois vigilant, et affermis le reste qui est près de mourir; car je n’ai pas trouvé tes oeuvres parfaites devant mon Dieu.

Rappelle-toi donc comment tu as reçu et entendu, et garde, et repens-toi. Si tu ne veilles pas, je viendrai comme un voleur, et tu ne sauras pas à quelle heure je viendrai sur toi (version Segond)


Ce fut un grand sujet d'effroi pour le Roi Belschatsar lorsqu’étant dans un festin avec ceux de sa cour, il vit une main qui traçait sur le mur certains caractères. Il en fut si effrayé, que son visage en fut tout changé, et que ses genoux se heurtaient l’un contre l’autre.

L'effroi fut encore plus grand, lorsque tout d’un coup la main disparut, et que l'Écriture demeura; une Écriture, qu’aucun des Magiciens de Babylone ne pouvait déchiffrer. Daniel, étant appelé, lui en donna l’explication, et lui dit qu'il avait été pesé à la balance: et qu'il avait été trouvé léger!


M.  F. Tous les hommes n’ont pas une semblable vision; cependant ces trois vérités sont incontestables.

La 1ère, c’est que Dieu voit tout ce qui se passe sur la terre, et qu’il connaît toutes nos actions.

L’Éternel, dit David, est au palais de sa Sainteté, il a son Trône dans les cieux, ses yeux contemplent, et ses paupières sondent les fils des hommes. (Ps. XI. 4.)

La 2e, c’est que Dieu a une balance dans sa main et qu'il pèse les esprits, les cœurs et les voies des mortels.

Chacune des voies de l'homme lui semble pure, mais l'Éternel pèse les esprits:

chacune des voies de l’homme lui semble droite, mais l’Éternel pèse les coeurs.

Les voies de l'homme sont devant les yeux de l'Éternel et l'Éternel balance toutes ces voies. (Prov. XVI. 2; Prov. XXI. 2; Prov. V. 21.)

La 3e, c’est qu’il n'y a personne à qui Dieu ne puisse pas dire tu as été pesé, mais tu as été trouvé léger.

Seigneur, si tu prends garde à nos iniquités, qui est-ce qui subsistera? (Ps. CXXX. 3.)

Il y en a même un grand nombre à qui il reproche ou il reprochera un jour leur légèreté, leurs imperfections, leurs péchés.

C’est ce que Jésus-Christ fait à l'Ange de l’Église de Sardes, dans le texte que je vous ai lu; ce divin Sauveur ne veut pas que ce Pasteur ignore QU’IL A VU TOUTES SES OEUVRES, ET QU'AUCUNE NE LUI EST CACHÉE.

Il les a pesées et ne les a point trouvées, telles qu’elles devaient être devant Dieu...


M. F. C'est ce que le Souverain Pasteur de nos âmes ordonna à St. Jean d’écrire à l’Ange, c’est-à-dire au Pasteur de l'Église de Sardes, l’une des plus considérables de l’Asie Mineure, qui tenait ses Assemblées dans la Capitale de la Lydie, là où était le siège d’un des plus riches Monarques qu’il y ait jamais eu.

C'est donc ce qu’il nous ordonne de vous annoncer de sa part, ou plutôt il vient lui-même nous faire entendre sa voix, nous reprocher les désordres de notre conduite, et nous apprendre ce que nous devons faire pour les réparer et aussi ce que nous devons craindre si nous ne le faisons pas.

Venez, donc, chrétiens, contempler dans cette Ancienne Église, un tableau, hélas trop ressemblant au nôtre!

Venez entendre le Roi des Rois qui nous déclare qu’il sait tout ce que nous avons fait, qu’il a trouvé bien des imperfections, des défauts et des vices dans nos actions.

Si nous faisons quelque bruit dans le monde, nous ne sommes pourtant pas ce que nous devrions et même ce que nous paraissons être.

Faisons un examen de notre vie et une revue de nos démarches à mesure que Jésus-Christ nous parlera ou que nous vous parlerons de sa part puisque ce jour nous appelle à cet examen.

- Comprenons bien que nous sommes sous les yeux de celui qui sonde les cœurs et les reins;

- qui ne se trompe JAMAIS dans ses jugements, et qui n’ignore aucun des mouvements de nos âmes et de nos corps.

Fouillons dans tous les plis et replis de nos consciences; examinons attentivement nos voies et nous serons effrayés de nous voir tels que nous sommes.

Dieu veuille, qu’une sainte frayeur nous conduise à une vive repentance afin d’éviter les malheurs dont Jésus-Christ menaça l'Ange de l’Église de Sardes, et dont il accabla ensuite, les Chrétiens de cette Église qui n'avaient, pas profité de la censure afin de bénéficier de lui la continuation de ses grâces.

Jésus-Christ se présente ici comme celui qui a les 7 Esprits de Dieu, c’est-à-dire qui a la plénitude et l’abondance du St. Esprit et de ses dons, nécessaires, non seulement aux sept Églises, auxquelles le Sauveur adresse les lettres, mais À TOUTES LES ÉGLISES DU MONDE, lui qui est la source et le dispensateur de toutes les grâces de Dieu.

En effet c'est de lui que le St. Esprit procède aussi bien que du Père et il en a été oint comme Médiateur, au-dessus de ses compagnons afin que de sa plénitude nous puisions tous grâce sur grâce.

C’est lui qui nous l’a mérité par son sang; C’est lui qui en a baptisé les Apôtres après son ascension et qui en a fait part à son Église.

Cette onction divine découle de notre Aaron Mystique, et descend sur tous ses membres en abondance.

Ensuite Jésus-Christ se présente comme ayant sept étoiles, pour marquer qu'il a UNE ABSOLUE AUTORITÉ SUR LES PASTEURS qui sont ici comparés à des Astres.

- C’est lui qui les envoie,

- qui les appelle,

- qui les établit,

- qui leur communique les lumières qu’ils ont,

- qui les enseigne ce qu’ils doivent enseigner aux autres, car sans lui ils ne seraient que ténèbres;

- c’est lui qui les protège,

- qui rend efficace leur parole;

- qu'il les aime, et qu’il les chérit,

- c’est lui qui les a toujours devant les yeux et qu’il veille sur eux,

- c’est lui qui les bénit lorsqu'ils font ce qu’il leur ordonne, mais qui les rejette lors qu’ils ne font pas leur devoir.

Représentons-nous donc ici Jésus-Christ tel qu’il parût à St. Jean , revêtu d’une longue robe, faisant sortir de sa bouche une épée à deux tranchants, ayant les yeux étincelants comme le feu, et le visage brillant comme le Soleil tenant en ses mains sept étoiles.

Qui est-ce qui ne serait pas toute oreille pour entendre celui qui paraît avec tant d’éclat à son Apôtre, et qui en a infiniment plus qu’il ne lui en fait voir.


PARLE SEIGNEUR;

MAIS OUVRE NOS OREILLES ET NOS COEURS.


* * *


Je connais tes œuvres.

C’est ce que Jésus-Christ dit à toutes les Églises, et il nous le dit à tous autant que nous sommes;

Toutes les Églises sauront que c’est moi qui sonde les cœurs et les reins, dit-il à l'Église de Thyatire.

En effet Jésus-Christ connaît le passé, le présent et l’avenir, ce que nous avons fait, ce que nous faisons, et ce que nous ferons; il connaît nos pensées, nos discours, nos actions: SEIGNEUR, TU CONNAIS TOUTES CHOSES.

Les hommes s’imaginent, que Dieu ne voit point ce qu’ils font, et que nos actions sont de trop petit objet pour l’occuper, comme s’il se tenait enfermé dans le Ciel sans penser à la terre.


Vous vous trompez mortels,

Dieu vous voit, où que vous soyez.

Je connais vos œuvres!


Les hommes peuvent se tromper en nous voyant, parce qu’ils ne jugent que selon les apparences. Un petit éclat, quelque action brillante les frappe, de beaux dehors les ravissent alors qu'ils ne savent que la moindre partie de ce que nous faisons!


MAIS JÉSUS NE SEPT TROMPE POINT,

il sait jusqu'aux plus petites choses que nous avons faites; aucune ne lui échappe.


D’ailleurs il connaît même le motif qui nous fait agir; sachons donc que ce qui plaît aux hommes, lui est souvent en abomination.

Il nous connaît beaucoup mieux que nous nous connaissons nous-mêmes, simplement parce que nous prenons peu soin de nous connaître, de sonder notre coeur.

L'amour propre masque nos yeux et c’est ce qui fait que nous applaudissons quelquefois certaines actions dont nous devrions avoir honte! Nous appelons vertu ce qui est un vice, et le bien ce qui est mal; MAIS DIEU NOUS CONNAÎT PARFAITEMENT!

On a beau se cacher, il voit tout:

- Il voit les Juges qui se laissent corrompre par des présents, quoiqu’ils le fassent fort secrètement.

- Il voit les Pasteurs qui se prêchent seulement eux-mêmes et qui ne pensent qu’à leur réputation et à mettre en avant leur éloquence.

- Il voit les commerces criminels de plusieurs qui s’imaginent, que leurs infamies sont secrètes, et qui se prévalent de l’obscurité de la nuit pour les commettre.

- Il vous voit, médisants et calomniateurs lorsque vous essayez de ternir la réputation de vos frères.

- Il vous voit, avares qui avez le désir ou plutôt la fureur qui vous pousse afin de devenir riches à n'importe prix que ce soit.

- Il vous voit, ambitieux; il voit votre orgueil, qui vous fait rechercher avec trop d’empressement des honneurs dont vous n'êtes pas dignes et des emplois dont vous ne sauriez vous acquitter.

- Il voit la dureté de ceux qui n'ont aucune charité.

- Il voit les fourberies, les usures, les fraudes, les tours d’adresse, dont on se sert pour attraper le bien d’autrui.

- Il est aussi dans vos conseils, Magistrats; dans vos assemblées, Pasteurs; dans vos comptoirs, Commerçants; dans vos boutiques, Artisans; dans vos cabinets, Hommes d'étude; dans vos sociétés, Hommes et Femmes.

- Il vit Acan lorsqu'il prenait le lingot au Siège de Jéricho, Ananias et Saphira lorsqu’ils cachaient une partie de leur argent.

- Il voyait Nathanaël sous le figuier, et David, lorsqu’il commit les deux péchés qui ont été le sujet de ses larmes. IL CONNAÎT TOUTES VOS OEUVRES.


Ô hommes qui avez assez de détours et d'habileté pour éviter les yeux des Juges de la terre, sachez que vous êtes sous l'oeil du Souverain Juge du monde qui mettra un jour en lumière ce que vous êtes et ce que vous avez fait à votre grande confusion,

Combien de crimes qu’on a cru tout à fait ensevelis et qui, finalement, ont été découverts et punis même dans cette vie?

Combien nombreux seront dénoncés au dernier jour, au jour du Jugement!

Oui, ô Dieu, tu connais nos oeuvres:

Tu nous connais quand nous nous couchons ou que nous nous levons, tu nous environnes, sois que nous marchions, soi que nous nous arrêtions.

Tu nous tiens serrés de tous côtés: où irions-nous loin de ton Esprit et où serions-nous loin de ta face? Si nous montons aux Cieux tu y es, si nous nous couchons dans le sépulcre, t'y voilà, si nous prenons les ailes de l’aube du jour, et que nous nous logions au bout de la mer, ta main nous y conduira, et ta droite nous saisira. Les ténèbres ne nous cachent point à Toi. Tu connais nos œuvres. (Ps. CXXXIX.)

Que de péchés, ô Dieu, ne découvres-tu pas dans notre conduite, que d’orgueil, que de malice dans notre cœur! N’entre point en compte avec nous.


Pensons-y M. F. et dans toutes nos actions, proposons-nous l'Éternel devant nous, comme David.

Pensons que celui qui a les yeux étincelants comme le feu nous connaît et NOUS CONNAÎT PARFAITEMENT.

L’Écriture dit que Dieu connaît les œuvres, quelquefois pour marquer qu’il les approuve, mais là, il semble qu'il n’approuvait pas celles de l’Ange de l’Église de Sardes, car, dit-il, Tu as le bruit de vivre, mais tu es mort.

Ce que dit le Rédempteur du monde, nous apprend que l’Ange de l’Église de Sardes avait une grande réputation:

- Il vivait extérieurement selon la discipline du Seigneur,

- Il prêchait avec un zélé apparent, sa conversation était honnête, ses oeuvres avaient de l’éclat pour ceux qui ne le connaissaient pas bien.

- Il semblait que c’était un Ange sur la terre, on le prenait peut-être comme un modèle de piété et de vertu, chacun faisait son éloge, il avait donc le bruit de vivre, mais il était mort.

Chose étrange!

On a bien vu des vivants contrefaire des morts, mais voici un mort, qui contrefait si bien le vivant, qu'il passe en effet pour vivant entre les hommes; c’était un hypocrite, qui avait de beaux dehors, mais dont le dedans était très corrompu.

Il portait UNE ÂME MORTE DANS UN CORPS VIVANT.

Il n’avait que les apparences de la vie spirituelle et de la piété; mais comme le dit St. Paul de quelques autres, IL EN AVAIT RENIÉ LA FORCE, c’était un sépulcre blanchi, un vautour sous les apparences d’une colombe, un loup qui paraissait un agneau.

- Il criait contre le vice, et il l’aimait;

- Il tonnait peut-être fortement contre la luxure, et il s’y abandonnait en secret;

- Il s’empotait contre les vindicatifs, et peut être que lui-même ne sait pas ce que c’était que de pardonner;

- Il brûlait des mêmes flammes, qu’il voulait éteindre,

- Il était esclave des passions qu’il condamnait dans les autres!

IL ÉTAIT DONC MORT, ou il s’en allait mourir, comme on le peut remarquer dans les paroles qui suivent: Je vous prie donc de prêter attention ces trois réflexions.


La 1ère est que le jugement des hommes est bien différent de celui de Dieu.

- Tels passent devant les hommes pour être Saints, mais qui aux yeux de Dieu sont très corrompus;

- Tels sont estimés pour leur prétendue vertu alors qu'ils n'en possèdent point.

- Tel passe pour intègre et qui se laisse corrompre;

- Tel passe pour charitable alors qu'il est avare:

LES MORTS PASSENT POUR ÊTRE VIVANT!

L'homme a égard à ce qui est devant les jeux, mais Dieu a égard au coeur.

Vous vous justifiez devant les hommes, mais Dieu connaît vos coeurs disait Jésus-Christ aux Pharisiens.


La 2e est que tous ceux qui font profession d'être Chrétiens ne sont pas tous de vrais Chrétiens:

- ils ne sont pas animés de la vie et de l'Esprit de Jésus-Christ tout comme celui qui n'est Juif seulement qu'au dehors, qu'en apparence!

Ce n’est pas seulement la profession de foi qui fait le Chrétien C’EST LA FOI ACCOMPAGNÉE DE BONNES OEUVRES!


La 3e est que ceux qui tiennent les premières places dans l'Église n’en sont pas toujours de vrais membres.

- Combien y en aura-t-il, dans la grande journée de Jésus-Christ, qui diront: Seigneur nous avons prophétisé en ton Nom, nous avons fait des miracles en ton Nom, nous avons prêché ton Évangile, nous avons administré tes Sacrements, à qui Jésus dira:


Je ne vous connais point!

Retirez-vous de moi ouvriers d'iniquité.


|e me suis servi de votre ministère pour conduire les hommes au Ciel, mais vous n'y entrez point vous-mêmes.

Vous avez bien prescrit, en mon Nom, les devoirs auxquels chacun est engagé, mais vous ne les avez point pratiqués;

Vous avez exhorté les autres à s’abstenir des vices auxquels vous vous êtes abandonné vous-mêmes, comme s'il y avait un autre Évangile pour vous.

Vous avez dénoncé aux pécheurs les peines qui leur sont destinées, C’EST-À-DIRE QUE VOUS AVEZ PRONONCÉ CONTRE VOUS-MÊMES LA SENTENCE DE CONDAMNATION.

Mais quittons ces réflexions générales, pour en faire de plus particulières qui nous regardent.

Il n’y a peut-être point d’Église au monde, dont on ait tant parlé et dont on parle tant que de cette Église; on la noircit de calomnies dans plusieurs endroits, mais ailleurs on la regarde comme la Mère des autres Églises, sa foi est célébrée par toute la terre, comme celle des Romains du temps de St. Paul.

Et ceux qui viennent sont ravis de voir, comme la parole de Dieu y est prêchée et avec quelle abondance comme dans nos nombreuses assemblées, mais soutenons-nous bien notre réputation?

Jésus-Christ n’a-t-il point raison de nous dire:


TU AS LE BRUIT DE VIVRE, MAIS TU ES MORT!


C’est ce qu’il faut examiner.

Prenons donc en considération:

1. Ce que c’est qu’un homme mort et reconnu pour mort dans l'Église.

2. Ce que c’est qu’un homme qui s’en va mourir, mais qui n’est pas encore mort.

3. Ce que c’est qu’un homme, qui a le bruit de vivre, mais qui est mort.

4. Enfin ce que c’est qu’un homme vivant.


I). On appelle un homme mort dans l'Église:

1. Un homme, qui ne connaît point Dieu..., qui croit que son âme est mortelle, et que tout finira avec le corps; car où il n’y a point de connaissance, il n’y a point de vie spirituelle.

2. Un homme qui se moque de toute Religion, qui parle du Paradis comme d’un songe, de l’Enfer comme d’une chimère, des vertus comme des faiblesses.

3. Un homme qui se plonge dans le vice, qui s’abandonne à ses convoitises et qui ne pense qu’à contenter ses passions, quelque honteuses qu’elles soient.

4. Un homme qui n’a d’amour que pour la terre, qui ne songe qu’à amasser les richesses de la terre, qu’à se procurer les honneurs et les dignités de la terre ou qu’à jouir des plaisirs de la chair.

5. Un homme qui ne se fait aucun scrupule de faire un faux serment, de renier Jésus-Christ, de ruiner la veuve et l’orphelin, de calomnier son frère, de médire, de dérober le bien d’autrui, ou de lui faire tort, de tuer ceux qu’il hait s’il pouvait le faire assez secrètement et qui se glorifie même de ses malheureuses dispositions et de ses vices.

6. Un homme qui n'a ni piété, ni justice, ni charité, ni tempérance, ni amour de Dieu, ni amour du prochain, ni zèle pour la gloire de Dieu, ni aucune sensibilité pour les maux de ses frères.

7. Un homme, sur qui les exhortations les bienfaits de Dieu et ses châtiments ne font aucune impression,

8. À toutes ces gens-là je ne saurais m’empêcher de joindre ceux qui vivent dans une honteuse fainéantise, qui ne s’occupent à aucune lecture utile, ni à aucun travail, qui passent leur vie à battre le pavé, ou à se parer, ou à jouer, ou dans des conversations vaines.

CES GENS-LÀ SONT MORTS DANS L’ÉGLISE.


II). Un homme qui s'en va mourir, mais qui n’est pas encore tout à fait mort, c’est:

- Un homme qui a quelque connaissance, mais qui laisse peu à peu éteindre les lumières de l'Évangile, et qui n'en acquiert point de nouvelles.

- Un homme qui est à peu près persuadé, que la Religion Chrétienne est la meilleure, comme Agrippa, mais qui se laisserait pourtant aisément ébranler si on l’attaquait.

- Un homme, qui au lieu de travailler à dissiper les doutes qu’il pourrait avoir sur la Religion, tâche de les augmenter, soit par de mauvaises lectures, soit par de mauvaises fréquentations.

- Un homme qui fait profession de la vraie religion, mais qui le fait avec une si grande froideur, qu’il démontre que la Religion ne lui tient point à cœur.

- Un homme qui va à l'Église, plutôt entraîné par la coutume que par dévotion.

- Un homme qui participe au Sacrement de la Ste. Cène, mais sans attention, sans respect, sans aucun vrai désir de s’unir avec Jésus-Christ.

Un homme qui ne fait pas tout le mal qu’il pourrait, mais qui en fait assez, qui a quelques remords de conscience, mais qui les écoute rarement, et qui les étouffe souvent.

- Un homme qui fait quelque action bonne en elle-même, mais qui n’en fait aucune pour plaire à Dieu.

- Enfin un homme en qui l'amour du monde domine, et qui ne travaille que pour la vie présente.

CES GENS-LÀ, S’ILS NE SONT PAS MORTS, SONT BIEN PRÈS DE L'ÊTRE.


III). Un homme qui a le bruit de vivre, mais qui est mort, c’est:

- Un homme qui se contenta d’observer l’extérieur du Christianisme et qui comme les Pharisiens observaient l’extérieur du Judaïsme;

- qui fréquente avec soin les saintes assemblées,

- qui chante les louanges de Dieu avec un grand zèle apparent;

- qui participe dans toutes les occasions au Sacrement de la Sainte Cène:

- qui jeûne, non seulement quand l’Église jeûne, mais quelquefois dans d’autres jours;

- qui exerce la justice avec beaucoup de sévérité, sans épargner personne,

- qui, s’il est Pasteur, ou Magistrat, remplit les devoirs avec exactitude, et qui n’en néglige aucun;

- qui parle des Mystères de la Religion, avec beaucoup d’éloquence;

- qui soutient la vérité avec chaleur;

- qui fait paraître un zèle extraordinaire pour la cause de Dieu,

- qui baisse la tête comme le jonc dans le temps d'humiliation... ;

- qui recherche même les actions d’éclat; mais qui en demeure là;

- qui est plein d’orgueil, d’envie; en qui l’avarice, ou l’ambition domine,

- qui n'a aucune véritable vertu;

- qui ne cherche qu’à éblouir les yeux, et qui se fait illusion à lui-même,

- qui ne pratique les devoirs que lorsque la Religion l'exige, que lorsque sa réputation est intéressée;

- qui dit, Seigneur, Seigneur, mais qui ne fait pas la volonté du Père céleste,

- qui s’appelle Chrétien, mais qui n’est point nouvelle créature;

- qui ne fait aucun bien proprement pour Dieu,

- qui lui rend ses hommages, plutôt pour sauver les apparences, que par dévotion;

- qui craint plus d’offenser les hommes que son Créateur, et qui souvent, pour un petit plaisir, fait ce que Dieu lui a défendu,

- qui rapporte tout à lui-même,

- qui aide son prochain, uniquement pour en tirer de l’avantage,

- qui fait des charités, mais qui n'en ferait point, si les autres ne s'en apercevaient pas,

- qui fait tout pour soutenir sa réputation, ou pour l'augmenter, mais qui ne fait rien pour corriger ses passions,

- qui ne recherche proprement que l’éclat, quoiqu’il affecte quelquefois d’être humble.

CES GENS ONT LE BRUIT DE VIVRE, MAIS ILS SONT MORTS.

Il y en a certains qui savent bien qu’ils ne sont que des hypocrites, et qu’ils trompent les autres, mais il en a plusieurs qui se trompent eux-mêmes, QUI S’ABUSENT CRUELLEMENT en s’imaginant être dans un très bon état, et que si la mort les surprenait, ils ne manqueraient point d’être éternellement heureux et que le Ciel leur est destiné.

Il y en a un très grand nombre de cet ordre qui sont fort surpris, quand on leur fait voir qu’ils ne sont que D’HONNÊTES PAÏENS, ou qu’ils ne sont CHRÉTIENS QUE DE NOM, qu'ils n’ont que les apparences de la vie spirituelle, mais qu’ils sont en effectivement morts. Hélas! Combien de gens qui vont dans la tombe et qui étaient déjà morts de cette manière!


* * *


Qui sont donc ceux qui sont vivants?

Voici leur portrait:

- C'est un homme qui travaille à connaître Dieu et sa volonté, autant qu’il lui est possible, sachant que la vie éternelle consiste à connaître le vrai Dieu, et celui qui l'a envoyé,

- C'est un homme qui prend plaisir à méditer la loi de Dieu et à sonder les Écritures, qui cherche Dieu partout dans ses œuvres et dans sa parole; qui tâche de marcher tous les jours dans la connaissance des vérités de l’Évangile, et qui n’oublie rien pour affermir sa foi et dissiper ses doutes.

- C’est un homme qui aime Dieu de tout son cœur, qui fait ses efforts pour observer tous ses commandements, qui s’étudie à imiter les vertus de notre Rédempteur, et qui a toujours les yeux sur ce parfait modèle, pour s'y conformer.

- C’est un homme, qui croit tout ce que Dieu lui a révélé, quoiqu’il y ait bien des choses qu’il ne saurait comprendre; qui observe ses commandements, quelque difficiles qu’ils soient, qui ne pratique pas seulement ceux qui lui plaisent, mais aussi ceux-là même qui combattent le plus ses passions.

- C’est un homme qui a une vive reconnaissance pour tout ce que Dieu a fait pour lui, et une vive douleur des péchés qu’il commet encore contre lui malgré tous ses efforts à bien vivre.

- C’est un homme qui se soumet à tout ce qu'il plaît à Dieu de lui demander et qui suit Jésus-Christ partout, ne se faisant point de peine d’abandonner tout pour sa gloire,

- C’est un homme qui brûle d’un saint zèle pour Dieu, et qui est affligé mortellement quand on l’outrage et dont la piété est sincère, la foi pure, l’espérance vive, la charité agissante.

- C’est un homme qui honore Dieu, et de son corps, et de son cœur; qui lui consacre toutes les facultés de son âme et tous les membres de son corps; et qui lui rapporte toutes ses actions.

- C’est un homme qui fait du bien, soit qu’on le voie, soit qu’on ne le voie pas, qui évite autant qu'il lui est possible le péché et les occasions qui y portent.

- C’est un homme qui fait des progrès tous les jours dans la sainteté, qui ajoute à la foi la science, à la science la tempérance; à la tempérance la patience, à la patience l’amour fraternel, à l’amour fraternel la charité; qui fait comme St. Paul, laissant les choses qui sont en arrière, et avançant vers celles qui sont en avant vers le but de la céleste vocation.

- C’est un homme qui est plein de charité pour ses frères, qui les aime tendrement; qui non seulement ne leur fait aucun mal et qui leur fait du bien en toutes occasions; qui les console quand ils sont affligés, qui les défend, s’il peut, quand ils sont opprimés; qui cherche à les soulager dans leurs nécessités s’il est en état de le faire, qui leur pardonne s’ils l'ont offensé bien loin de vouloir se venger des injures qu’on lui fait, et qui est sensible aux malheurs de l’Église.

- Enfin c’est un homme qui méprise les vanités du monde, et qui élève ses pensées vers le Ciel, comme étant ressuscité avec Jésus-Christ...; qui pense aux choses qui sont en haut, où son Sauveur est assis à la droite du Père.

C’EST LÀ UN HOMME VIVANT.


Je ne veux pas dire que tous ceux qui ne sont pas parvenus à ce degré de perfection soient morts, car il y a des degrés dans la vie spirituelle, comme dans la vie temporelle; et tous ceux qui sont fidèles ne sont pas tous au même rang dans le chemin du salut.

Mais chacun doit travailler à être aussi parfait qu’il peut l’être avec autant de soin qu’on travaille à acquérir une bonne santé et à se défaire de tous les maux auxquels est sujet notre corps.

Je fais cette remarque:

- d’un côté pour consoler les fidèles qui ne croient pas être de vrais enfants de Dieu sous prétexte qu’ils trouvent en eux beaucoup d’imperfections et de défauts, et qu’ils tombent souvent dans divers péchés;

- de l’autre pour faire voir à ceux qui s’applaudissent trop de leur état, qu’ils sont encore bien éloignez de la perfection, à laquelle ils doivent tendre.


Considérons à présent l'état dans lequel nous sommes.

Sommes-nous vivants, ou morts, ou prêts de mourir?

Ou sommes-nous du nombre de ceux qui ont le bruit de vivre, mais qui sont morts?

On ne saurait nier qu’il n'y ait parmi nous des gens vivants qui, comme dans L’Église de Sardes, n'avaient point souillé leurs vêtements.

Il n'y a point d’Église si corrompue où Dieu n’a quelques élus, pourvu que sa parole y soit purement prêchée, parce que LA PAROLE DE DIEU NE RETOURNE JAMAIS À DIEU SANS EFFET.

- S’il y avait des Lots dans Sodome, comment n'y en aurait-il pas dans une Église, où l’Évangile est annoncé dans toute la pureté?

- S’il y a de l'ivraie et de la paille il y a aussi du bon grain;

- s’il y a des boucs, il y a des brebis qui suivent la voix de Jésus-Christ;

- s’il y a des hypocrites, des profanes et des méchants, il y a de bonnes âmes, qui sont persuadées des vérités de l'Évangile;

- qui sont de la vraie Religion par connaissance,

- qui aiment Dieu véritablement,

- qui cherchent à lui plaire,

- qui gémissent de leurs imperfections, mais qui cherchent à les corriger;

- qui combattent continuellement leurs passions,

- qui n'ont de plus grand plaisir que de parler de Dieu et de penser à Dieu.

- Enfin, qui sont charitables en sorte que j’ose dire, qu’il n'y a peut-être aucune Église, où l’on fasse plus de charité.


Hélas! Que ne puis-je dire que le nombre des vivants parmi nous est plus grand que celui des autres?

1) Mais appellerions-nous vivants, ces gens qui ne prennent aucun soin de s’instruire, de ce qu’il faut savoir pour être sauvé, qui ne savent ni qui est leur Sauveur, ni ce qu’il a fait pour nous acquérir le salut, ni ce que doivent devenir leurs âmes, après leur mort, qui font dans une grande ignorance et qui ne sauraient prétexter pourtant qu’ils ont manqué de moyens pour apprendre ce qu’ils ignorent.

NON SANS DOUTE, ces gens ne sont point vivants. LA VIE DU CHRÉTIEN COMMENCE PAR LA CONNAISSANCE.


2) Appellerions-nous vivants, ceux qui font leurs efforts pour étouffer leurs lumières, pour se prouver qu’il n’y a point de Dieu, ou que s’il y en a un, il ne se mêle pas de ce que font les hommes....; qui ne lisent la parole de Dieu que pour la railler ou pour y trouver de quoi favoriser leur libertinage, qui n’ont pas honte de faire connaître leur humeur profane, qui cherchent de corrompre les autres, et d’ébranler leur foi?

NON SANS DOUTE, s’il y avait en eux quelque vie, ils seraient fortement persuadés des vérités qu’ils osent nier, puisque les Païens même ont reconnu plusieurs de ces vérités.


3) Appellerions-nous vivants, des gens à qui toute religion est indifférente et qui demeureront dans la nôtre simplement parce qu'ils y sont nés...?

NON; s'ils étaient vivants ils entendraient la voix de St. Paul qui veut qu'on anathémise ceux qui nous prêchent un autre Évangile. Ils entendraient la voix de Dieu qui commande à ceux qui sont à Babylone d'en sortir de peur d'avoir part à ses plaies. Ils entendraient la voix de Jésus-Christ qui veut qu'on le confesse hautement et qui déclare qu'il reniera de son Père ceux qui le renieront devant les hommes.


4) Appellerions-nous vivants, ces gens qui passent leur vie dans des plaisirs coupables, et dans la débauche; qui sont esclaves de leurs convoitises?

NON; la veuve qui vit dans les délices est morte selon le jugement de S. Paul; s'il y avait des Philosophes qui appelaient morts ceux qui ne vivaient pas selon les lois de leurs maîtres, comment appellerions-nous vivants ceux qui ne vivent pas selon les lois du Prince de la vie, ceux qui se séparent du Dieu vivant par leurs péchés continuels?


5) Appellerions-nous vivants, ces gens qui ne vivent que pour le monde, ou pour eux-mêmes; qui n’aiment qu’eux-mêmes; qui sont idolâtres d’eux-mêmes; qui ne songent qu’à parer ou nourrir leur corps?

NON; on ne doit appeler vivant, que CEUX QUI SONT ANIMÉS DE L’ESPRIT DE DIEU, et non ceux qui ne sont animés que de l’esprit du monde, et qui vivent comme des animaux.


6) Appellerions-nous vivants, ceux qui ont tout leur cœur attaché aux choses de la terre, qui ne songent qu’à amasser trésor sur trésor; qu’a joindre champ à champ, vigne à vigne, qui ne s’occupent soir et matin, qu’à rechercher comment ils pourraient augmenter leurs revenus, mais qui se mettent peu en peine des choses qui regardent le salut de leur âme?

NON; s’ils avaient quelque vie, ils élèveraient leur cœur aux biens célestes et leur cœur ne convoiterait pas toujours les biens de la terre.


7) Appellerions-nous vivants, ceux qui n’ont point de charité; qui ne savent pas ce que c’est que donner ou de pardonner; qui n’ont aucune sensibilité pour les malheurs des autres; qui entendent parler des malheurs de l’Église sans le moindre attendrissement, mais qui sont implacables quand ils croient qu'on leur a fait quelque injure?

NON; il n'y a point de vie là où il n’y a point de sentiment de charité. La vie spirituelle c’est la charité.


8) Appellerions-nous vivants, ceux qui ne se font point de peine de tromper, de parjurer, de commettre des crimes infâmes; qui ne savent ce que c’est que de restituer le bien d’autrui, ou de rendre justice à ceux à qui ils ont fait tort?

NON; s’ils étaient vivants ils auraient quelque crainte de Dieu; et quelque appréhension de l’offenser.


9) Appellerions-nous vivants, ceux que rien ne touche, ni les châtiments des hommes, ni ceux de Dieu? Les pasteurs ont beau les exhorter, les censurer, les exclure de la Ste. Communion; les Magistrats ont beau les reprendre, les emprisonner, les punir; que Dieu les comble de biens; qu'il leur envoie de cruelles afflictions: tout cela ne fait aucune impression, comme si leur cœur était de marbre ou de bronze?

NON; ils sont morts, puisque rien ne les réveille de leur profonde sécurité.

Examinez Chrétiens, s’il n'y en a point parmi nous s'il n'y a pas un de ces portraits qui lui conviennent?

Plut à Dieu, qu’il n'y eut point d’original de ces copies.


* * *


Recherchons à présent s’il n'y en a point qui n’étant pas encore mort, sont près de mourir; peut-être y en a-t-il beaucoup aussi?

- Combien y en a-t-il qui ne tiennent à la Religion qu’à un fil, et qui n’auraient pas besoin qu’on les persécutât beaucoup pour les faire changer de Religion?

- Combien qui, à la vérité, vont au culte et participent au Sacrement, mais qui n'y iraient point s’ils suivaient leurs inclinations dominantes?

- Combien qui lisent plus de mauvais livres que de bons (ou regardent de mauvaises choses) et qui cherchent bien plus à se perdre qu’à se sauver quand on considère leur comportement?

- Combien qui ne sont pas tout à fait Athées, ou Déistes, mais qui croient peu les vérités de l’Évangile, qui ne cherchent point les moyens pour dissiper leurs doutes et qui finissent par vieillirent dans leur incrédulité, eux qui n’ont pas de plus grand plaisir qu'à rencontrer ceux qui leur ressemblent?

- Combien qui ne se laissent pas aller aux crimes que les lois humaines condamnent et punissent, mais qui ne se font aucun souci des autres péchés?

- Combien qui ne lisent plus l’Écriture, qui ne nourrissent plus leur âme de cette nourriture Céleste la laissant tomber insensiblement en défaillance?

- Combien qui prient Dieu, sans attention, sans respect et avec froideur?

CES GENS S’ILS NE SONT MORTS, SONT BIEN PRÊTS DE MOURIR! Ils n’ont aucun filet de vie, aucune étincelle de piété: il les faut comparer à des malades qui mènent une vie languissante, qui sont consumés peu à peu par une fièvre lente, ou qui ont un cancer qui les ronge, ou quelque gangrène.

Voyez Chrétiens; quelqu'un se reconnaît-il dans un de ces tableaux?

N'y en a-t-il point qui, ayant le bruit de vivre, mais qui sont morts; quand on leur demande raison de leur conduite, sont surpris qu’on ne leur donne pas une entière approbation:

- Nous allons, disent-ils, fréquemment au culte, aux prières publiques.

- Nous ne manquons point de participer au Saint Sacrement de la Ste. Cène;

- Quand l’Église jeûne, nous jeûnons avec elle;

- Quand on fait des collectes, nous contribuons comme les autres,

- Nous sommes exacts à tenir notre parole;

- Nous nous acquittons exactement de nos emplois. Que faut-il plus encore!

Hélas! Si vous en demeurez là, VOUS N’AVEZ QUE LE BRUIT DE VIVRE!

Écoutez S. Paul:

Quand je parlerais le langage des hommes ou des Anges, si je n’ai point la charité, je suis comme l’airain qui résonne, ou comme la cymbale qui tinte;

quand j’aurai le don de prophétie, ou que je saurais tous les mystères et toute la science, et assez de foi pour transporter les montagnes, si je n’ai point la charité, je ne suis rien.

Quand je distribuerais tout mon bien en aumônes, ou quand je livrerais mon corps pour être brûlé, si je n'ai pas la charité, cela ne me sert de rien (1 Cor. XIII. 1 et suiv.)

Réfléchissez donc sur vous-mêmes et VOYEZ SI VOTRE COEUR EST DROIT DEVANT DIEU, si votre piété est aussi sincère qu’elle est apparente; si vous ne vous faites pas illusion à vous-mêmes, aussi bien qu'aux autres.

Je ne cherche pas à vous mortifier, mais je veux vous empêcher de vous tromper. Cependant il faut avouer qu’il y a beaucoup plus de gens qui ont le bruit de vivre qu'on ne le croit.

Il n'y en a pas un grand nombre dont la vie soit édifiante et dont les paroles et les actons soient dignes de louanges.

Dans cette Église, ô douleur! Le luxe et la vanité règnent de plus en plus; jamais on ne fit tant de dépenses superflues!

- La luxure n'y règne que trop; ON REGARDE LE PÉCHÉ DE L‘IMPURETÉ, COMME UNE BAGATELLE.

- Quoiqu’on punisse et censure fortement ceux qui le commettent; on ne s’en cache même pas et Dieu sait combien il y a de commerces criminels, de relations coupables;

- on n’évite même pas les occasions qui conduisent à ces péchés et on ne prend pas les sages précautions que prenaient autrefois nos Pères et nos Mères, dans les familles.

- LE JEU qui était presque inconnu de nos ancêtres, est aujourd'hui l’unique occupation de certaines gens de tout sexe; même les Pères et les Mères y entraînent leurs enfants;

- LE NOM DE DIEU EST PROFANÉ par un grand nombre de personnes les jurons sont l'ornements des discours; ce sont les fleurs de la Rhétorique de plusieurs.

- L'AMOUR DU MONDE PARAÎT DANS LA PLUPART DES MAISONS; et dans le Temple même, nous en voyons trop qui ne viennent ici que pour être regardé ou pour regarder les autres.

- L’amour et le désir démesuré des richesses se fait trop voir au milieu de nous. Dieu en a châtié plusieurs à cause de leur trop grande avidité qui les a perdus; malheureusement, il y en a peu qui en ont profité de ses avertissements.

- On lit peu la parole de Dieu dans les familles, on ne trouve chez la plupart des gens, que des livres de bagatelles ou de pernicieux livres qui corrompent le coeur (au 21e siècle, on parlerait plutôt de films et de jeux vidéo qui sont, violents, immoraux et qui mettent en avant diables, démons et monstres sortis de l'enfer).


Est-ce cela la vie des vrais Chrétiens?

Il n’est donc que trop vrai, que CETTE ÉGLISE A LE BRUIT DE VIVRE et qu'il y en a peu de vivants et qu'il y en a un grand nombre à qui Jésus dit:


JE N'AI POINT TROUVÉ TES ŒUVRES PARFAITES DEVANT DIEU.


On peut juger par ces paroles à l'Ange de l'Église de Sardes: ces personnes n’étaient pas encore entièrement mortes, quoiqu’elles n’en fussent pas très éloignées.

Mais quoi!

Y a-t-il quelque homme au monde dont les œuvres soient parfaites, et parfaites devant Dieu? Dieu qui trouve même de l’imperfection et de l’impureté dans les Anges, comment n'en trouverait-il pas dans les hommes?


M. F. Je ne dirai point ici que Dieu a toujours raison de se plaindre, que nous ne faisons pas ce que nous devons, mais je vous ferai remarque qu’il y a une double perfection:

- l'une, nous ne l'aurons que dans le Ciel;

- l'autre, nous pouvons l'acquérir dans cette vie....

D’ailleurs il faut considérer Dieu sur ces deux égards, ou comme un Législateur sévère et rigoureux, ou comme un Père tendre et infiniment bon.

Il est certain que si Dieu examine nos œuvres comme un Législateur sévère, il ne trouvera jamais d’œuvre parfaite; mais quand il considère les œuvres des VRAIS FIDÈLES avec des yeux de Père et qu’il en couvre les défauts par la justice de son Fils, alors il les trouve parfaites; mais faut-il encore que ces œuvres soient faites avec les conditions qu’il a indiquées lui-même;

- qu’il les ait prescrites;

- qu'elles partent d'un principe d'amour pour lui;

- qu’elles soient faites avec foi, et pour sa gloire.

Les œuvres de l'Ange de Sardes n’étaient point de cette nature; aussi Jésus-Christ lui reproche qu’il n'a point trouvé ses œuvres parfaites; au contraire, il les estime très défectueuses, et que, quelques éclatantes qu'elles fussent, c’étaient plutôt des vices que de bonnes actons.


Examinons, Chrétiens, si Dieu n'a point sujet de nous faire le même reproche:

1. Jésus-Christ n’a-t-il pas raison de nous dire que nos œuvres sont mauvaises?

Combien de péchés ne commettons-nous pas tous les jours malgré nos lumières, et contre les mouvements de notre conscience; sans parler des péchés que nous commettons par inadvertance, et de ceux qui nous sont cachés.

Combien de péchés qui attirent les censures de nos Consistoires, ou qui sont punis par les Tribunaux civils?


2. Dans les meilleures œuvres que nous faisons, si nous les examinons, combien d’imperfections n'y trouverons-nous pas?

Combien de fois ne nous est-il pas arrivé de nous être applaudis d'avoir fait certaines actions et ensuite remarqué que la gloire de Dieu n’avait pas été l'unique but de nos œuvres?


3. Il est certain qu’il ne suffit pas de faire de bonnes œuvres, mais qu’il les faut faire dans la vue de plaire à Dieu, et avec cette forte persuasion qu’elles lui feront agréables, car TOUT CE QUI EST FAIT SANS FOI EST PÉCHÉ!

Mais combien d'actions ne faisons-nous pas uniquement par ostentation..., ou par des considérations humaines?

Et celles que nous faisons, quoique nous ayons quelques raisons de douter qu’elles plaisent à Dieu ou que nous ne soyons pas certains qu’il les approuvera, nous les faisons quand même!


4. Il est encore certain qu’il ne suffit pas de faire quelques bonnes œuvres, IL FAUT FAIRE TOUTES CELLES QUE DIEU NOUS COMMANDE.

Ce n’est pas assez de faire ce que la charité exige, il faut encore faire ce que la tempérance demande....; ce n’est pas assez de ne pas être superstitieux, il faut ne pas être profane. Manquer à un point! c'est se rendre coupable de tous, dit S. Jacques.

Avons-nous fait toutes les œuvres que Dieu nous a prescrites dans sa parole et que notre conscience approuve, avons-nous pour autant raison d'être contents de notre conduite sur ce sujet?


5. Nos œuvres doivent avoir quelque proportion avec les grâces que Dieu nous a faites; or qui ne sait que ces grâces sont infinies!

Peut-on estimer cette douce paix, cette précieuse liberté dont nous jouissons?

Peut-on suffisamment admirer cette bonté infinie de Dieu, qui nous a conservés miraculeusement et qui a dissipé tant de complots et écarté tant de foudres qui devaient nous écraser?

NOS ŒUVRES RÉPONDENT-ELLES À TOUTES CES GRÂCES?

Ces grâces exigent de nous une reconnaissance infinie, un amour infini, un zélé ardent pour sa gloire, un attachement inviolable pour son service, l’observation de tous ses commandements; mais


QU’AVONS-NOUS FAIT POUR DIEU,

ou

QUE N’AVONS-NOUS PAS FAIT CONTRE DIEU?


Tu le sais ô Éternel!

Tu as fait abonder ta grâce où nos péchés abondaient; mais nous avons fait abonder nos péchés, où tes grâces ont abondé,

Il semble que nous ayons voulu éprouver jusqu'où pouvait aller ta patience.

Nos œuvres ont-elles répondu à notre connaissance, et à nos lumières?

N’en avons-nous pas fait certaines dont les sages Païens auraient eu honte?

Et ne faisons-nous pas devant les yeux de Dieu des choses que nous n'oserions pas faire devant les hommes?


6. Les divers états où Dieu nous fait passer exigent des actions particulières qui conviennent à ces états, mais comment nous sommes-nous conduits dans l'adversité, dans la prospérité, dans la santé et dans la maladie?

- Dans l'adversité et dans nos maladies, nous avons murmuré contre Dieu et contre les hommes?

- La prospérité nous a enflés et nous avons abusé de nos biens, et de notre santé.


7. Personne n’ignore que chaque emploi demande certains devoirs.

L’emploi des Conducteurs des États exige:

a) Qu’ils soient observateurs des Lois qu’ils font observer aux autres.

b) Qu’ils soient des exemples de piété, de justice, et de charité.

c) Qu’ils fassent observer avec le plus de soin possible les lois de Dieu plus que les leurs et qu’ils soient plus jaloux de sa gloire que de leur autorité.

d) Qu’ils rendent justice à chacun sans aucune acception de personne, sans se laisser corrompre par des présents, attirer par des promesses, intimider par des menaces.

e) Qu’ils répriment le vice sans épargner les grands et les riches.

f) Qu’ils prennent autant soin de la cause des pauvres que de celle des plus opulents.

g) Que dans toutes leurs délibérations ils considèrent que Dieu préside dans leur assemblée et qu’il leur fera rendre compte de leur administration?

Où sont ceux qui ont rempli parfaitement leurs devoirs?


Les Pasteurs sont obligés:

a) De travailler continuellement à se rendre dignes de l'emploi qui leur a été confié.

b) De ne pas avoir d’autre but que la gloire de leur divin Maître; de ne pas se prêcher eux-mêmes, mais de prêcher Christ; de ne pas chercher à briller par leur éloquence, mais de chercher à amener les âmes à l'obéissance de notre Sauveur.

c) De ne point s’épargner dans l’Exercice de leur ministère et de penser moins à leur santé qu’à édifier leur troupeau.

d) D’avoir un grand soin de toutes leurs brebis, sans en négliger aucune.

e) De dire à Jacob, son forfait, et de ne pas ménager les pécheurs de peur de les perdre par une indulgence trop grande, quoiqu’il faille faire tout avec prudence.

f) De visiter exactement les malades et les affligés, afin de les secourir dans leurs besoins, d’aider les uns à bien mourir et les autres à supporter les épreuves par lesquelles Dieu les fait passer, sans pour autant mépriser les pauvres.

g) D’être des modèles de douceur, de charité, de patience, et de toutes les vertus auxquelles ils exhortent leur troupeau.

Où sont les Pasteurs qui n'ont rien à se reprocher dans leur conduite; n'y en a-t-il point, qui ont le bruit de vivre, mais qui sont morts? Ô Dieu, aie pitié de nous!


Il n'y a personne qui ne sache pas à quoi sont obligés les Pères et les Mères de famille...

Combien de Pères et de Mères qui n'inspirent à leurs enfants que la vanité, que l’orgueil, que l’amour des richesses, que le désir de vengeance, et qui leur montrent de mauvais exemples; qui négligent absolument leur éducation, qui acceptent tout d'eux, qui favorisent même leurs passions, leur paresse, leur débauche?

Faut-il s’étonner si les vices croissant avec l'âge on voit ensuite de si grands désordres?

Il est vrai qu’il y a des Pères, qui sont malheureux, et dont Dieu ne semble pas bénir les soins, des Pères dont les enfants ont un mauvais cœur et un penchant pour toutes sortes de mauvaises actions, des Pères qui ne peuvent les ramener dans le bon chemin, eux qui veulent vivre dans une honteuse oisiveté, sans s’attacher à aucune occupation louable?

Mais il n’y a aussi des Pères et des Mères, qui ont sujet de se reprocher bien des choses, et il y en a de nombreux qui sont très coupables.


Les devoirs des Commerçants sont de prendre garde dans leurs ventes, dans leurs achats, afin de ne jamais tromper personne ni de faire aux autres que ce qu’ils ne voudraient pas qu’on leur fit; de n’avoir pas ce désir insatiable de gagner toujours plus à n'importe quel prix que ce soit; de ne pas avoir un œil d’envie envers ceux qui travaillent dans les mêmes affaires, de ne pas se donner pas trop d’occupation pour avoir le temps de penser à Dieu et au salut de leur âme.

Mais combien y en a-t-il, qui ne songent qu'à leur gain, qui ont de l'ardeur pour amasser du bien, qui ne s'inquiètent pas des moyens utilisés pour tromper...?

Combien qui ne travaille que pour la viande qui périt? (Travaillez, non pour la nourriture qui périt, mais pour celle qui subsiste pour la vie éternelle. Jean 6: 27)


Les devoirs des Artisans sont d'être fidèles dans leurs ouvrages, de n’être ni parresseux, ni débauchés; mais de s’attacher à leur vocation, sans pourtant négliger ce qui doit être toujours la principale occupation des Chrétiens.

Cependant combien d’artisans infidèles; combien de fainéants; combien de débauchés?


Comment doivent se conduire les jeunes gens de l’un et de l’autre sexe; et quelles doivent être leurs oeuvres.

C’est de consacrer leurs beaux jours à Dieu en le cherchant.

De se souvenir de leur Créateur, AVANT que les jours mauvais viennent;

de faire une bonne provision de saintes pensées;

de s'avancer tous les jours dans la science du salut et dans la sanctification.

Mais combien peu de jeunes gens se conduisent de cette manière?

Il y en a, je le sais, qui agisse ainsi et qui nous édifient par leur piété et par leur Vertu, mais le nombre est bien petit.

- Les uns vivent dans l'oisiveté, sans rien faire, ne considérant pas que les arbres qui ne font aucun bon fruit seront retranchés.

- Les autres sont des débauchés, ou des libertins.

La plupart se donnent tout au monde et renvoient Dieu à un autrefois; au lieu de lire la parole de Dieu et des livres de piété, on se nourrit de poison, on ne songe qu’à paraître, qu’à jouer, qu’à se divertir; on ne pense point à la mort comme si elle épargnait les jeunes plus que les vieux alors qu’elle en fauche beaucoup plus qui sont dans l’enfance, ou qui sont dans la fleur de l'âge.


LA MORT NE FAIT GRÂCE À PERSONNE elle ne respecte même pas les Têtes couronnées: Elle fait tomber les Diadèmes et les couronnes.

Les Vieillards et ceux qui sont déjà avancés en âge doivent travailler à faire des oeuvres qui soient parfaites devant Dieu; des oeuvres qu'il a préparées d'avance. Sachant qu'ils sont de plus plus près de leur fin; ils doivent détacher leur coeur de la terre et faire tous leurs efforts pour le mettre en état de paraître devant Dieu.

Il y en a parmi nous qui le font; mais combien d'autres sont attachés au monde plus que jamais; plus ardents pour le gain; combien qui vieillissent dans l'incrédulité et qui ont toujours les mêmes passions, quoiqu’ils ne puissent plus les satisfaire.

Après cela Jésus-Christ n’a-t-il pas raison de nous dire: Je n’ai pas trouvé vos œuvres parfaites devant Dieu!

Dans cet état, croyons-nous que Dieu puisse continuer à répandre sur nous ses faveurs?

Croyons-nous que Dieu ne se lassera jamais de nous supporter?

N’appréhendons-nous point QU'UN JOUR IL NOUS DISE QU’IL NE VEUT PLUS NOUS PARDONNER?

Quoi! donnerait-il sa vie, sa félicité et la gloire à des gens qui ne pensent qu'à l'offenser?

Conserverait-il la liberté, à ceux qui la changent en licence?

Non! ne nous flattons plus, et PENSONS À CHANGER DE CONDUITE.


Que faut-il faire direz-vous?

Écoutez ce que dit Jésus-Christ à l’Ange de l’Église de Sardes:


SOIS VIGILANT.


Il lui avait dit qu’il était mort; La mort et le sommeil sont ordinairement joints ensemble. Réveille-toi, toi qui dors, et te relève d'entre les morts!

Jésus veut qu’il se réveille de la sécurité où il était, qu’il ouvre les yeux pour voir le danger où il est, les ennemis qui l’environnent; pour considérer l’importance de la charge qui lui a été confiée, les devoirs qu’il exige de lui, les malheurs qui le menacent; qu’il veille sur lui-même, et sur son troupeau.

Il l'exhorte ensuite à affermir le reste qui s’en va mourir, c'est-à-dire:

- à reprendre du zèle,

- à faire un meilleur usage des talents qu’il avait reçus,

- à réchauffer la piété,

- à travailler à son salut avec ardeur,

- à réparer les brèches que le péché avait fait chez lui,

- à dompter les passions, et à tâcher de vivre comme un Ange dont il portait le nom;

- à ramener les brebis, qui se perdaient ou qui s’égaraient,

à soutenir les faibles,

- à ranimer les languissantes et celles qui étaient prêtes de mourir,

- à confirmer celles qui étaient dans la bonne route et à les amener toutes, par sa voix et par son exemple à Dieu.

Ce divin Sauveur n’en reste pas là; il lui ordonne de se souvenir de ce qu’il avait appris et reçu de la doctrine céleste qui lui avait été enseignée, des commandements qui lui avaient été faits, de la Loi de Dieu qui devait être la règle de ses actions, des grâces dont il avait été favorisé, des récompenses, qu’il pouvait attendre, S’IL FAISAIT CE QUI LUI ÉTAIT PRESCRIT, et des peines, qu’il avait à craindre, s’il ne le faisait pas.

Il ne veut pas qu'il se souvienne seulement de ce qu’il a entendu, mais qu’il LE GARDE; qu’il mette en pratique la parole qu’il a entendue, et qu’il a lui-même annoncée; qu'il conforme sa vie à cette Loi parfaite; qu’il garde le précieux dépôt qui lui a été confié, le trésor de l’Évangile, la perle de grand prix; qu’il rumine sans celle ce qu'il a appris, et qu’il le garde comme la manne qui était conservée dans une urne d’or ou, à l’exemple de Marie qui gardait dans son esprit tout ce qu’elle entendait dire de l'enfant Jésus.

Enfin qu’il se repente et que sa repentance ne consiste pas seulement en paroles, mais qu'elle saisisse toutes les puissances de son âme; qu'elle les pénètre toutes; qu’elle déchire son cœur et qu'elle soit un parfait retour à la justice et à la sainteté.

Après quoi Jésus-Christ le menace, et que, s'il ne fait pas ce qui lui ordonne, il viendra contre lui comme un ennemi pour l'accabler et que sa venue sera prompte comme celle d'un larron. Ainsi il doit se préparer parce qu'il ne saura point l'heure de sa venue.

C'est ce que Jésus-Christ DIT À L'ANGE, mais c'est aussi ce qu’il nous DIT À TOUS:

Soyez vigilants, réveillez-vous, fortifiez le reste qui s'en va mourir, souvenez-vous des choses que vous avez entendues, et reçues, gardez-les et repentez-vous.


Magistrats fidèles, écoutez aujourd'hui la voix de Dieu; vous êtes sans doute convaincus, que vos œuvres ne sont pas parfaites devant Dieu, et qu’il y a encore dans votre conduite beaucoup d'imperfections et de défauts.

Soit que vous vous considérez comme Chrétiens, ou comme des Chefs de famille, ou comme les Chefs de l’État; réveillez-vous et soyez vigilants pour travailler avec ardeur à votre vocation, pour punir sévèrement ceux qui violent les Lois divines avec insolences, ces parjures, ces perturbateurs du repos public, ceux qui enlèvent le bien d’autrui, et qui s’enrichirent par des fourberies; ces jureurs de profession, ces débauchés et ces infâmes, qui souillent notre Ville!

Ces profanes et ces libertins, qui raillent la Religion; pour enfermer dans la maison de correction ces fainéants qui ruinent par leur fainéantise et par leurs débauches leurs familles et qui réduisent à la misère leurs femmes et leurs enfants; pour réprimer ces dépenses folles et inutiles qui ont de si dangereuses conséquences et qui sont suivies quelquefois de la ruine de ceux qui les font.


Réveillez-vous pour faire régner Dieu au milieu de nous

et pour l’engager à jamais nous abandonner.


Vous savez que ce qui nous a fait subsister jusque à présent, c'est la protection de Dieu, c'est sa Providence et non point nos fortifications et nos armées. Il a veillé pour nous; il a été notre Soleil et notre bouclier.


PROTÉGÉS TOUJOURS PAR CET ÊTRE TOUT-PUISSANT ET TOUT BON,

NOUS N’AURONS RIEN À CRAINDRE.


Ce qui rend les Villes imprenables ce n’est pas là hauteur des murailles ou un grand nombre de soldats, C’EST D’AVOIR DIEU POUR SOI!

N’oubliez donc rien pour faire observer les lois de ce Maître du monde, soyez vous-mêmes les observateurs de ses commandements, et qu’il constate, que vous êtes ses véritables Lieutenants sur la terre, les imitateurs de sa justice et de sa sainteté afin que vous ayez part à sa gloire et que vous soyez assis sur son trône.


Pasteurs mes très chers Frères, Réveillons-nous.

Réveillons notre zélé, et notre piété. Qu’on ne dise pas de nous que nous avons le bruit de vivre, mais que nous sommes morts.

- Les erreurs se multiplient tous les jours.

- Prêchons fortement la vérité et combattons l’erreur.

- Les vices augmentent;

- Tonnons contre les pécheurs, et n’épargnons pas ceux qui violent les lois de Dieu.

- Veillons sur tout notre troupeau; sur les ennemis qui l’environnent; sur les loups, qui voudraient ravir nos brebis et qu’on ne dise point que nous sommes des guettes aveugles (des sentinelles, des gardiens aveugles), et des chiens muets;

- Confirmons (affermissons) ceux qui s’en vont mourir,

- Instruisons les ignorants;

- Tâchons de relever ceux qui sont tombés, de ramener ceux qui se vont précipiter;

- Avertissons nos brebis des pièges qu’on leur tend, MAIS:


VEILLONS AUSSI SUR NOUS-MÊMES; prêchons par notre conduite; ne détruisons point par notre vie ce que nous édifions par notre doctrine; qu’on voie en nous les vertus que nous recommandons, qu'on n'y voie point les vices que nous condamnons.

Alors nous ferons voir que nous sommes les Vrais Ministres du Seigneur Jésus, et ses fidèles Serviteurs, et un jour il nous rendra éternellement heureux avec lui.


RÉVEILLONS-NOUS TOUS!


NOUS AVONS TOUS ÉTÉ ENDORMIS, les vierges sages et les folles; la parole de Dieu a résonné à nos oreilles;

- Mais les uns ne se sont point réveillés,

- Les autres se sont réveillés pour un moment, ils ont levé la tête, et l’ont baissée incontinent:

- Les autres ne sont encore réveillés qu’à demi; et II y en a bien peu qui veillent.


Réveillons-nous donc ouvrons les yeux pour voir dans quel état où nous sommes!

Pensons que Dieu connaît nos oeuvres et que nos ennemis ne s’endorment point, qu’ils rôdent toujours autour de nous, ne cherchant qu'à nous dévorer.

Confirmons (affermissons) le reste qui s’en va mourir au milieu de nous.

- S’il y a en nous quelque étincelle de vie, tâchons de la rallumer;

- S’il y a en nous quelque foi, tâchons de l’augmenter par la lecture fréquente de l’Écriture sainte, par la méditation fréquente des vérités célestes, par l'assiduité aux exercices de piété, par des prières continuelles tout en nous éloignant des occasions d’offenser Dieu, en recherchant toutes celles qui présentent pour lui plaire.

- S’il y a encore en nous quelque amour pour Dieu, quelque amour pour notre patrie, quelque amour pour nos frères, quelque désir de voit l'Église de Dieu rétablie; enfin, si nous désirons véritablement être sauvés:

Réveillons-nous, confirmons (affermissons) le reste qui s'en va mourir!

Souvenons-nous des choses que nous avons entendues et que nous entendons, tous les jours.

Souvenons-nous des faveurs dont Dieu nous a comblées et des jugements que Dieu a déployés sur des Églises qui n'étaient pas pires que nous.

Pénétrez d’une vive douleur convertissons-nous, revenons à Dieu; que notre repentance soit sincère et faisons des œuvres convenables à la repentance; que notre repentance soit prompte.

Pensons à ce que dit Jésus-Christ: Je viendrai contre toi, comme le larron dans la nuit:

Ô Dieu! que ces paroles sont terribles!

- JE VIENDRAI CONTRE TOI,

- Moi qui ai abîmé le premier monde dans un déluge universel;

- Moi qui ai consumé Sodome et Gomorrhe, par le feu;

- Moi qui ai détruit Jérusalem, où mon Nom était invoqué, et où j’avais établi mon Sanctuaire;

- Moi qui ai ôté mon chandelier aux Églises que mes Apôtres avaient fondées;

- Moi qui a réduit en poudre tant de temples, dispersé tant de troupeaux;


Que ferons-nous Seigneur, si tu viens contre nous, si tu nous ôtes la lumière qui nous éclaire, le pain céleste qui nous nourrit?

Prévenons cette terrible venue par notre conversion, notre retour sincère à Dieu, en pensant que notre mort approche et que Jésus viendra au moment où l’on ne l'attendra pas.


PRÉPARONS-NOUS TOUJOURS À CETTE VENUE.


Qu’il nous trouve, comme de bons serviteurs occupez à son oeuvre, veillant et priant.

Seigneur, prépare-nous toi même à te recevoir!

Viens dans nos cœurs!

Viens, établir ton Empire;

Viens triompher de nos passions,

Viens nous remplir de ton Esprit et viens nous donner les prémices de ta gloire.

Viens Seigneur Jésus, Viens bientôt.

AMEN.


- Table des matières -